Karl Barth (1886-1968)
" Dieu a prescrit aux hommes et aux animaux de se nourrir des plantes, et non pas des animaux. Le silence à ce sujet est significatif. La nourriture attribuée à l’homme et à l’animal de la part de Dieu est végétarienne — que cette mesure nous paraisse applicable et réjouissante, ou non. Par là nous voyons que la domination accordée à l’homme sur l’animal n’implique pas le droit de vie et de mort ; elle n’a rien à voir avec le pouvoir d’un juge ou d’un bourreau. Et même les animaux n’ont pas reçu le droit d’user de violence entre eux. Là où la violence est utilisée par l’homme et l’animal, elle l’est de manière illégitime, si l’on se réfère à leur création.
[...]
La création est la paix : la paix entre le Créateur et la créature, et la paix des créatures entre elles. Cette paix est non pas brisée mais au contraire confirmée par le fait que, conformément aux prescriptions transmises par la tradition, l’homme se nourrit des semences des plantes et des fruits des arbres, tandis que les animaux se nourrissent de « toute herbe verte ». Par là en effet ils ne détruisent pas la végétation, mais ils ne font que bénéficier de sa surabondance, qui leur est attribuée à tous. Quant à la nourriture carnée, elle présuppose l’abattage des animaux, qui entraîne une rupture de la paix de la création puisqu’elle implique la destruction sans appel d’un être vivant, lequel, à la différence du végétal, a un caractère unique et individualisé. "
Dogmatique, III/1, éd Labor et Fides, Genève, 1965, p. 222.