Carol J. Adams (1951)
" On accuse les droits des animaux d'être anti-humains. (Ceci rappelle l'accusation d'être « anti-hommes » portée contre les féministes.)
Il est facile de séparer la question des droits des animaux des questions des droits des humains, pour se plaindre que nous nous préoccupons des animaux alors que des humains meurent de faim. Mais cette division est perpétuée par l'ignorance ; car l'agriculture animale contribue grandement à la dévastation de l'environnement et à l'iniquité de la distribution de nourriture. [...] De fait, c'est l'exploitation des animaux qui est anti-humaine. En posant la souffrance animale comme essentielle au progrès humain et en conceptualisant la moralité de façon à ce que cette souffrance soit déclarée non pertinente, on fait prévaloir une définition déformée de l'humanité. [...]
Les accusations portées contre les droits des animaux d'être anti-humains signifient en réalité : « Le mouvement des droits des animaux est contre ce que je suis en train de faire et par conséquent est contre moi. » Si les arguments pour les droits des animaux sont persuasifs, alors le changement personnel devient nécessaire. De même que pour le féminisme, si vous acceptez les arguments, les conséquences sont immédiates. Vous ne pouvez pas continuer à vivre comme vous avez vécu, car tout à coup vous comprenez votre complicité avec une quantité immense d'exploitation. Ceci peut mettre très mal à l'aise si vous aimez manger ou porter les animaux morts, ou si vous acceptez les prémisses de l'expérimentation animale.
Je le sais : cette description s'applique à moi. Pendant la première moitié de ma vie j'ai mangé les animaux et joui par d'autres manières de leur exploitation. Mais le féminisme m'a prédisposée à me demander si ceci était juste ou nécessaire. Il m'a donné les moyens de remettre en cause le langage qui fait disparaître l'agent et qui masque la violence : « Quelqu'un tue des animaux pour que je puisse manger leur cadavre en tant que viande » devient « Les animaux sont tués pour être mangés comme viande », puis « Les animaux sont de la viande », et enfin « Animaux à viande », c'est-à-dire simplement « Viande ». Quelque chose que nous faisons aux animaux devient quelque chose qui fait partie de leur nature, et nous perdons entièrement de vue notre rôle. "