Le Figaro (04/05/07): plus impartial que le Nouvel Obs
LES INTÉGRISTES DE LA CAUSE ANIMALE PASSENT À L'ACTION
Cyrille Louis
Tandis que des collectifs organisent depuis des années des actions non violentes (en haut) de sensibilisation à la « libération des animaux », des clandestins commettent depuis peu des attaques illégales.
COMPLÉMENT : Des cellules militantes venues de Grande-Bretagne
Fourreurs, boucheries ou élevages sont pris pour cible. Des actes de vandalisme revendiqués par l'Animal Liberation Front.
Enseignes taguées, vitrines brisées, serrures engluées ou pneus crevés : depuis l'automne 2006, de mystérieux activistes de la cause animale défient les forces de l'ordre, multipliant les actes de vandalisme contre des commerces de fourrure, des élevages, des boucheries.
Au total, une cinquantaine d'opérations nocturnes, perpétrées principalement en région parisienne et dans le Sud-Ouest, ont ainsi été revendiquées sur le site Internet d'une organisation jusqu'à présent peu connue en France : l'Animal Liberation Front.
Pour l'heure, aucun de ces militants n'a pu être identifié, mais au ministère de l'Intérieur, on assure « suivre avec attention l'évolution de cette nouvelle forme d'activisme ».
Début octobre dernier, la série a débuté à Paris lorsque plusieurs boucheries, triperies, fast-food et magasins de fourrure ont été tagués tandis qu'une enseigne Body Shop voyait ses vitrines brisées et qu'en Seine-Saint-Denis, le moteur d'un camion frigorifique de boucherie était mis à feu.
Au cours des mois suivants, de nombreuses enseignes ont été vandalisées et, en Seine-et-Marne, des militants se sont introduits de nuit dans divers élevages animaliers pour libérer plusieurs dizaines de ragondins ainsi que des canards et des faisans.
Chaque fois, l'action a été signée du sigle « ALF », accompagné d'apostrophes récurrentes : « viande = meurtre », « assassin » ou, sur un ton plus inquiétant, « fermez votre magasin, ALF vous surveille ».
Brusque radicalisation
À Toulouse, une petite animalerie s'est ainsi trouvée contrainte de baisser le rideau pendant plusieurs semaines, victime d'une quinzaine d'actes de vandalisme en quelques mois. À Bordeaux, c'est à son domicile privé que Michel Grama a été visé par les militants de l'ALF.
« Le matin du 27 décembre 2006, en sortant de chez moi, j'ai trouvé mes pneus crevés et mon pare-brise maculé de peinture tandis que sur le mur de ma maison, on avait écrit les mots »assassin* et »tueur*, raconte ce marchand de fourrures. Depuis, j'ai porté plainte, mais je me sens menacé, d'autant que mes coordonnées personnelles sont diffusées sur Internet par l'ALF, sans que je puisse réagir. »
Cette brusque radicalisation intervient alors que, depuis une dizaine d'années environ, plusieurs collectifs, souvent issus de milieux libertaires, militent pour la « libération animale » sans recourir à la violence, tant à Paris qu'à Lyon et Bordeaux.
« Cette mouvance antispéciste porte un discours plus radical que les associations classiques, comme la SPA, car elle refuse toute utilisation des animaux par l'homme, décrypte Guillaume Veillet, auteur d'un mémoire de sciences politiques sur cette mouvance.
Contrairement à ce qu'on observe en Grande-Bretagne, où des groupes nombreux et structurés sont très portés sur l'action radicale, leurs homologues français s'en tiennent jusqu'à présent à un répertoire militant classique, dont la forme la plus virulente consiste à s'enchaîner chaque année aux grilles du Salon de l'agriculture. »
Membre fondateur de l'association bordelaise Agir contre la torture des animaux, qui s'oppose au spécisme (*) et à « l'exploitation des animaux par les humains », Virginie complète :
« Outre-Manche, les activistes peuvent compter sur le soutien d'une importante population végétarienne et végétalienne. Ici, en revanche, notre mouvement, qui compte au plus quelques dizaines de militants, risquerait de se mettre le public à dos en passant à l'action violente. »
Pour l'heure, les « antispécistes » affirment donc se cantonner à des actions d'information sur les marchés ou à l'organisation de pique-niques végétaliens. Ils apportent aussi leur soutien aux « prisonniers politiques » incarcérés en Grande-Bretagne et aux États-Unis, suite aux actions « musclées » de l'ALF.
En revanche, ils disent n'entretenir aucun lien avec cette organisation clandestine et réfutent toute implication dans les récentes attaques perpétrées en France.
* Pour les militants de la « libération animale », le spécisme est « l'idéologie raciste qui justifie l'exploitation de l'animal par l'homme ».
Commentaires
Je viens de connaître One Voice et avec eux je vais protester pour les droits des animaux. Je n'ai pas la force physique que vous avez, mais je trouve que vos actions sont fondées sur une grande richesse de coeur et sur une réelle intelligence.
Le nazisme, je crois que l'on a connu déjà. Il est temps d'évoluer.
Merci à vous, à votre encouragement et à vos justes pensées qui me vont droit au coeur. Nous ne serons jamais assez nombreux pour lutter contre la barbarie qui a établi son règne sur la terre, au détriment de la beauté et de l'innocence.