Affaire Polanski
Depuis quand devrait et pourrait-on échapper à la justice sous prétexte qu'on est un artiste mondialement connu ?...
Lorsqu'on vous dit que le show-biz est devenu la nouvelle noblesse, devant qui tout le monde (ou presque) plie et se prosterne...
Honte à Kouchner et Mitterrand qui prennent le parti d'un violeur, fût-il "génial".
Fort heureusement, les Américains, eux, font preuve d'un esprit de justice et d'une objectivité qui les honore (voir ci-dessous, article AFP). (MP)
***
Retour sur les faits
Samantha Geimer est une adolescente de 13 ans.
Lors de son témoignage au tribunal en 1977, l'adolescente raconte qu'en mars 1977, Roman Polanski demande à sa mère s'il peut organiser une séance photos avec Samantha dans la villa de l'acteur Jack Nicholson, située dans le quartier de Hollywood Hills.
Lorsque l'adolescente arrive chez Jack Nicholson, Roman Polanski l'abreuve de champagne et de drogues, affirme-t-elle au grand jury.
Il prend des photos d'elle nue dans un bain, puis, malgré la résistance qu'elle lui oppose, Roman Polanski réussit à la forcer à avoir une relation sexuelle, toujours selon son témoignage devant la justice.
***
LOS ANGELES — La presse américaine, qu'elle soit libérale ou conservatrice, reste incrédule face au soutien apporté en Europe à Roman Polanski après son arrestation en Suisse pour une affaire de moeurs, et espère que le cinéaste sera extradé aux Etats-Unis pour répondre de ses actes.
"A entendre les protestations des Français, des Polonais et d'autres Européens on pourrait penser que le cinéaste a été arrêté par quelque régime totalitaire", s'étonne le New York Times dans son éditorial.
"Mais quelle injustice y a-t-il à présenter devant la justice quelqu'un qui a plaidé coupable dans une affaire de viol avant de s'enfuir, indépendamment du talent qu'il pourrait avoir ?", demande le quotidien.
Le cinéaste franco-polonais s'était enfui des Etats-Unis en 1978, après avoir été condamné pour "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans en 1977.
Il n'a jamais remis les pieds aux Etats-Unis depuis.
Le quotidien affirme être "heureux de voir d'autres personnalités européennes de premier plan commencer à faire remarquer que cette affaire n'a rien à voir avec l'oeuvre ou l'âge de M. Polanski. Il s'agit ici d'un adulte qui s'est attaqué à un enfant. M. Polanski a plaidé coupable pour ce crime et doit en répondre", conclut le quotidien.
En Europe, une pétition pour demander la libération de Roman Polanski a déjà réuni plus de cent signataires du Septième Art, parmi lesquels les plus grands noms du cinéma européen, et même quelques cinéastes américains - Woody Allen, Martin Scorsese ou David Lynch.
Si le monde du cinéma, à quelques exceptions près, fait bloc derrière Roman Polanski, le monde politique se montre plus divisé, notamment en France, où le soutien officiel du gouvernement n'a pas suscité l'adhésion des partis, partagés entre hostilité et embarras.
Aux Etats-unis, le monde politique est resté silencieux sur le sujet, à commencer par le département d'Etat, qui doit transmettre à la Suisse la demande d'extradition de Roman Polanski, et qui se refuse à tout commentaire.
Sur la côte ouest, le Los Angeles Times, connu pour ses positions libérales, n'est pas tendre non plus avec le cinéaste et ses soutiens.
L'un de ses éditorialistes, Steve Lopez, affirme sans ambages : "Les défenseurs de Polanski ont perdu de vue la vraie victime".
"J'aimerais leur demander, si la victime était leur fille, s'ils seraient toujours aussi arrogants" à propos d'une affaire dans laquelle le cinéaste était poursuivi à l'origine "pour sodomie et viol", écrit-il.
"Il a pu y avoir des irrégularités judiciaires", reconnaît l'éditorialiste, évoquant le profil contesté du juge en charge de l'affaire à l'époque.
"Mais aucune irrégularité n'est plus grande que celle de n'avoir retenu contre Polanski (à l'époque) que l'accusation la moins grave", estime-t-il.
"Il a été favorisé. Et il est incroyable, vraiment, que ses stupides défenseurs réclament qu'il le soit une nouvelle fois".
A l'autre bout du spectre politique, le tabloïd New York Daily News estime que "le tollé" provoqué par les soutiens de Roman Polanski est "pervers".
"Et leurs tentatives d'excuser Polanski - sa mère est morte en déportation ! Sa femme a été assassinée par la famille Manson ! La fille (de 13 ans) n'était pas vierge ! - sont à vous retourner l'estomac", ajoute l'éditorial.
Pour le quotidien, il n'y pas d'autre solution pour Polanski que de "passer en jugement et affronter le poids de la justice".
Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5ibKJIj-ACOqolr8Ll7gBLrnM20Vg