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Affaire Polanski : les propos abjects d'Alain Finkielkraut

Alain Finkielkraut et Yves Michaud - France Inter
envoyé par franceinter. - L'info internationale vidéo.

Pour la première fois, Alain Finkielkraut, qui était un homme et un philosophe que j'estimais, me surprend et me déçoit infiniment.

Les propos qu'il a tenus ce matin sur France Inter, face à Yves Michaud, à propos de l'affaire Polanski sont tout simplement incompréhensibles, écoeurants, abjects, et nient la réalité du viol d'une enfant de 13 ans.

Alain Finkielkraut, ce n'est pas parce qu'une femme (mineure de sucroît) n'est plus vierge qu'elle ne peut pas être victime d'un viol.

Nier la réalité d'un viol au prétexte que la victime avait déjà une vie sexuelle et/ou "pardonne" à son  violeur, comme c'est le cas de Samantha Geimer, est aberrant. MP

***

En revenant (ce matin sur France-Inter) sur l'affaire Polanski et en banalisant ce qui s'est passé un certain jour d'il y a 32 ans avec une jeune-fille de13 ans, Alain Finkielkraut est encore et toujours dans la confusion.

Ses arguments semblent, à première vue, inscrits à l'aune du bon sens.

Ce bons sens dont nous sommes tous pourvus et qui nous guide dans nos évaluations du monde.

La jeune fille était consentante. Elle avait un corps de femme et avait des échanges sexuels avec son petit ami. Elle posait nue pour le magazine Vogue. De plus, elle ne voulait pas porter plainte. Elle a accordé son pardon à Polanski.

Tout est donc très banal dans cette affaire.

Finkielkraut oublie plusieurs choses.

L'enfant (à 13 ans, on est encore un enfant quel que soit l'état de développement de votre corps) n'est pas dans l'état de liberté face à  l'adulte.

La "maturité corporelle" ne signe pas la maturité psychique.

J'ai, avec d'autres, ICI ,bien expliqué l'état de "dépendance" psychique dans lequel se trouve l'enfant par rapport à l'adulte en citant un grand psychanalyste Ferenczi:

"Les enfants se sentent physiquement et moralement sans défenses, leur personnalité encore trop faible pour pouvoir protester.

Même en pensée, la force et l'autorité écrasante des adultes les rendent muets, et peuvent même leur faire perdre conscience.

Mais cette peur, quand elle atteint son point culminant, les oblige à se soumettre automatiquement à la volonté de l'agresseur, à deviner le moindre de ses désirs, à obéir en s'oubliant complètement, et à s'identifier totalement à l'agresseur."

C'est clair, un enfant n'a pas la même attente affective et même physique dans sa relation à l'adulte.

C'est la confusion des pédophiles que de se laisser parfois prendre à ce piège.

C'est aussi cette confusion qui explique l'absence éventuelle de protestation.

Dans cette relation, adulte et enfant ne jouent pas dans la même catégorie!

C'est bien pour pointer la gravité que constitue l'abus sexuel sur mineur que la Loi présente des caractères particuliers sévères : longs délais avant prescription, aggravation des peines.

Si la Loi précise que le consentement ou pas n'exclut en rien le viol c'est bien pour mettre en exergue cette dépendance, cette sidération de l'enfant.

La réalité reste la réalité : avoir des relations sexuelles avec un mineur de moins de 15 ans (garçon ou fille) est une atteinte grave à la Loi car c'est une atteinte grave à la personne de l'enfant.

Une atteinte qui laisse souvent des traces pendant le reste de la vie de celui ou de celle qui l'a vécu.

Monsieur Finkielkraut est un philosophe, semble bien ne rien connaître au fonctionnement des enfants et reproduit, une fois de plus, la confusion que nous sommes un certain nombre à dénoncer ici.

C'est grave et ça le reste.

M. Philips

http://www.mediapart.fr/club/blog/m-philips/091009/alain-finkielkraut-et-les-abus-sexuels-la-confusion-encore-et-toujours

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