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L'Islande songe à interdire la pornographie diffusée sur Internet

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L'Islande pourrait devenir le premier pays occidental à bloquer cette pollution par crainte de ses effets sur les enfants.

Tanith Carey, Daily Mail (R.-U.), 13 février 2013

L'Islande pourrait devenir la première démocratie occidentale à bloquer toute diffusion de pornographie sur Internet en vertu de nouvelles propositions radicales.

Des craintes concernant les effets néfastes de la pornographie sur les jeunes ont conduit le gouvernement à préparer des mesures juridiques pour tenter d'arrêter le flot de contenus à caractère sexuel qui atteignent les côtes de l’Islande.

Le ministre de l'Intérieur Ögmundur Jónasson a créé des groupes de travail pour trouver les meilleurs moyens d'endiguer le flot d'images et de vidéos pornographiques en ligne auxquels les jeunes accèdent au moyen d’ordinateurs, de consoles de jeux et de téléphones «intelligents».

L’étude consacrée au problème par le gouvernement islandais a indiqué que les enfants exposé-es à de la pornographie violente à un âge précoce présentaient des signes de traumatismes similaires à ceux des enfants ayant été physiquement molesté-es.

Les méthodes à l'étude comprennent le blocage des adresses IP porno et le fait de rendre illégale d'utilisation des cartes de crédit islandaises pour accéder à des sites pornographiques.

Une loi interdisant la production et la distribution de pornographie est en place depuis longtemps dans ce pays nordique, mais il reste à la mettre à jour afin de couvrir l'Internet.

Madame Johanna Sigurðardottir, Première ministre de l'Islande

Il y a deux ans, le Parlement islandais, dirigé depuis février 2009 par une Première ministre, Madame Johanna Sigurðardottir, a réussi à faire fermer tous les clubs de danse nue au motif que ces endroits violaient les droits civils des femmes qui y travaillaient et étaient nuisibles à la société.

Cet argument – que la porno viole les droits des femmes qui y figurent ainsi que ceux des enfants qui y sont exposé-es – est la pierre angulaire des nouvelles propositions présentement discutées.

C’est en 2010 qu’on a sonné l’alarme au sujet des effets nocifs du sexe véhiculé par I’Internet, lorsque le gouvernement a lancé un vaste processus de consultation sur le traitement des affaires de viol par le système de justice.

Cette enquête a donné lieu à une nouvelle consultation à propos de la pornographie, où l’on a entendu des enseignant-es, des agents de police et des organisations qui interviennent auprès d’enfants victimes de violence.

Conclusion de ce processus : la nature extrêmement violente du matériel aujourd’hui disponible gratuitement sur le web accroissait l'intensité des agressions sexuelles commises en Islande.

L’étude a également constaté que les enfants exposé-es à la pornographie violente dès leur  jeune âge montraient des signes similaires à ceux de traumatismes subis par des jeunes réellement molesté-es.

Ces signes comprenaient notamment un isolement croissant et la répétition sur de plus jeunes membres de leur famille ou d'autres enfants des actes visionnés en ligne.

Pour M. Jónasson, du parti des Verts (gauche), la sécurité des enfants doit être «une priorité».

Il assure que le filtrage de la porno n'est pas une question de censure, ajoutant : 

« Nous devons être en mesure de discuter d’un bannissement de la pornographie violente, dont nous reconnaissons toutes et tous qu’elle a des effets très néfastes sur les jeunes et qu’elle peut avoir un lien évident avec l'incidence de crimes violents. »

Madame Halla Gunnarsdóttir

Halla Gunnarsdóttir, conseillère politique du ministre de l'Intérieur, a déclaré que le consensus auquel sont arrivés les experts du monde de l'éducation, les services chargés de l’application des lois et d'autres organismes quant à l’adoption de mesures efficaces la rendait optimiste que ces propositions prendraient force de loi, même si une élection générale aura lieu en avril.

« Il existe un fort consensus en Islande », a-t-elle dit.

« Comme cette initiative est soutenue par une foule de spécialistes, allant de spécialistes de l’éducation aux autorités policières et à des intervenants pédagogiques, elle a pris beaucoup plus d’ampleur qu’une simple politique d’affrontement de partis.

« En ce moment, nous cherchons les meilleurs moyens techniques pour y parvenir. Mais il est clair que si nous pouvons envoyer un homme sur la Lune, nous devons être en mesure de maîtriser la pornographie sur Internet. »

  • Le blocage de la porno en ligne est «compromis», alors que des documents divulgués montrent un «recul» du gouvernement sur cette initiative (http://bit.ly/W8Es22)
  • Les banques pourraient bloquer les paiements de sites pornos: On réclame des sanctions contre les entreprises qui refusent de protéger les enfants. (http://bit.ly/Y82Le0) 

« Cette décision n'est pas anti-sexe. Elle est anti-violence, parce que de jeunes enfants voient de la pornographie et l’agissent. C'est à ce point que nous traçons la limite.

« Ce matériau brouille pour les jeunes les distinctions entre ce qui est bien et mal.

« Il n'est plus acceptable de continuer à blâmer les parents pour le fait que les enfants voient en ligne des scènes de sexualité explicite, a ajouté Mme Gunnarsdóttir.

« Les parents ne sont pas les seuls responsables de la protection de nos jeunes. Ils et elles ne peuvent pas rester constamment auprès de leurs enfants tout le temps et l'industrie de la porno multiplie les efforts pour approcher les enfants.

« Le temps est fini où les enfants n’utilisaient les ordinateurs qu’à la maison. Ils et elles ont accès à l'Internet dans de nombreux endroits, de bien des façons, y compris par des téléphones intelligents. Nous disons que la protection de nos enfants est une tâche pour l’ensemble de la société. »

L'Islande, qui se dit la plus ancienne démocratie parlementaire au monde, affiche une population de 319 000 personnes, soit un peu moins que celle de Laval.

Il s'agit de la deuxième plus grande île d'Europe après la Grande-Bretagne, et sa position relativement isolée à la périphérie occidentale de l'Europe, juste en dessous du cercle polaire arctique, pourrait faciliter la mise en œuvre des mesures envisagées.

Ces mesures intéresseront sans doute le Premier ministre britannique David Cameron, qui a déclaré trouver « tout à fait déplorable » que tant d'enfants au Royaume-Uni aient déjà été exposés aux « plus sombres recoins » de l'Internet, un sentiment partagé par Diane Abbott, du Labour Party.

Le Daily Mail a également fait campagne pour un blocage automatique de la pornographie en ligne, qui signifierait que les clients devraient opter explicitement pour l'accès à ces images.

Tout comme en Islande, des commentaires récents des principaux députés du Labour Party, comme Diane Abbott, suggèrent l’émergence d’un consensus politique sur la nécessité de solutions radicale pour faire face à l’emprise croissante de la pornographie sur l’enfance.

Alors que des pays comme la Chine ont également essayé d'éradiquer la pornographie véhiculée par Internet sur leur territoire, le cas de l’Islande reflète la première tentative en ce sens d’un pays démocratique occidental.

Un des livres de référence du mouvement "Stop Porn Culture", avec "Pornography: Men Possessing Women" d'Andrea Dworkin, dont le début figure dans "Pouvoir et violence sexiste" (Éd. Sisyphe, Montréal, 2007)

La professeure Gail Dines, auteure de Pornland et autorité mondiale en matière de pornographie, est venue récemment donner une conférence sur la question à l'Université de Reykjavik.

Selon elle, « l'Islande a adopté une approche très progressive que n’a tentée aucun autre pays démocratique.

« Elle examine la pornographie à partir d'une nouvelle perspective : celle du tort qu'elle fait aux femmes qui y figurent et d’une violation de leurs droits civiques.

« Elle étudie également la porno du point de vue des enfants qui voient leur sexualité détournée à un très jeune âge par une imagerie sexuelle brutale. »

Source : http://www.dailymail.co.uk/news/article-2277769/Icelands-bid-ban-web-porn.html # ixzz2KkdilYQT

Commentaires

  • Bonjour,

    En tant qu'internaute sensible aux libertés numériques, je suis inquiet de l'absence totale d'intérêt porté à la question de la neutralité du net dans ce dossier.

    Mon propos ne portera pas sur la nécessité ou pas de filtrer la pornographie, et reste valable dans le cas de contenus qui font l'unanimité contre eux (incitation à la haine raciale, pédopornographie..).

    La neutralité du Net, qu'est-ce que cela ? C'est la garantie qu'Internet reste un outil neutre par rapport au contenu qui y circule. Autrement dit, c'est la certitude que le réseau de communication se comporte de façon identique quel que soit ce qu'on lui demande de transporter.
    Cette neutralité nous paraît tout à fait naturelle et souhaitable quand il s'agit d'autres systèmes de communication : les opérateurs téléphoniques ne censurent pas les insultes pendant une conversation. La Poste n'inspecte pas le contenu des lettres et colis qu'on lui fait délivrer (la douane peut le faire, mais il s'agit de son rôle de police).

    Cette confiance vis à vis du média de transport est nécessaire dans une démocratie : elle garantit que l'échange d'idées, nécessaire au débat démocratique, se déroule de façon transparente. J'ai (pour l'instant) la certitude que le commentaire que vous lisez est exactement celui que j'ai écrit, quand bien même il déplairait à mon fournisseur d'accès, à l'hébergeur de votre blog, ou à l'état français.

    Si on porte atteinte à cette neutralité, on détruit totalement la confiance en le média : imaginez un monde où, lorsque vous parlez à quelqu'un, vous n'êtes pas certain-e que la personne à qui vous parlez entende ce que vous dites, parce qu'il est possible que l'air autour de vous filtre certains mots. Ce monde effrayant, c'est celui que l'on construit en filtrant Internet. Lorsqu'un site ne répond plus, vous ne savez plus si c'est parce qu'il est en panne, ou si c'est parce qu'on tente de vous cacher son existence.

    Vous citez le cas de la Chine comme exemple de pays filtrant la pornographie.. savez-vous que la Chine a mis en place une censure d'Internet avant tout pour des raisons politiques ? "porno" est filtré par le réseau chinois, ok. "Tibet libre" l'est aussi. Et ce sont les mêmes outils permettant l'un, qui permettent l'autre. Autrement dit, tout mécanisme de filtrage, même légitimé par de bonnes intentions, peut se transformer très rapidement en censure politique.

    C'est exactement ce qui s'est produit en Australie :
    https://rww.zergy.net/2009/06/03/analyse/sites-web-censures-australie-sans-rapport-avec-pedophilie/index.html

    Plus précisément, le filtrage pose les problèmes suivants :
    - absence de transparence. Comme je le disais, vous ne savez pas si le site est "interdit" ou "en panne". Cela rend très difficile la contestation d'un filtrage que l'on pourrait juger illégitime.

    - risque élevé de surblocage : lorsque vous bloquez l'adresse IP d'un serveur hébergeant un site pédopornographique, vous courez le risque de bloquer d'autres sites. Si vous bloquez par adresse IP un site hébergé sur blogspot.com, alors vous bloquez tout blogspot.com.

    - déni de justice. Les mécanismes de blocage ne sont jamais le résultat d'une décision de justice avec un débat contradictoire. Dans une démocratie respectant le principe de séparation des pouvoirs, lorsqu'on veut faire supprimer un contenu, les parties intéressées sont invitées à s'expliquer devant la justice. L'auteur d'un propos litigieux peut faire valoir son point de vue et légitimer devant le/la juge son expression, et peut se voir acquitté. Ce mécanisme disparaît lorsque vous censurez par des moyens techniques de filtrage. Il n'y a plus de séparation des pouvoirs, c'est directement un organisme gouvernementale qui édite, sans aucune transparence, la liste des contenus qu'il souhaite voir disparaître. Et les auteurs des contenus en question, ainsi que les personnes auxquelles on empêche l'accès, ne disposent d'aucune voie de recours (et ne savent même pas, en fait, qu'un blocage a été mis en place).

    Je vous invite à consulter les liens suivants, expliquant le danger que représentent les atteintes à la neutralité du réseau :

    http://www.lepetitjuriste.fr/droit-penal/droit-penal-general/la-neutralite-du-net-en-debat
    http://youtu.be/xOkRbJrFu_M
    http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/02/11/les-pedophiles-n%E2%80%99ont-rien-a-craindre-de-la-loppsi-les-internautes-si/

    S'il vous plaît, incluez cette question importante de la liberté d'expression dans votre réflexion au sujet des contenus à censurer. Il ne faudrait pas que les luttes féministes, antiracistes, anti-homophobie, se fassent les allié-e-s objectif-ve-s de la censure d'état, en acceptant des mesures totalement anti-démocratiques pour parvenir à leurs fins. Il ne faut pas perdre de vue que ce types de mesures se retourne toujours contre les populations et deviennent un outil d'oppression et de contrôle politique.

    Quand à la question "Mais alors, que faire", il faut accepter que la justice fonctionne de façon imparfaite. Actuellement, en France, il est interdit de consulter des contenus pédopornographiques. Pourtant, rien n'empêche un internaute français de le faire. Certains le font. Parfois, ils se font prendre, parfois non. Le risque (années de prison) reste dissuasif.
    Après tout, la loi interdit de marcher nu-e dans la rue. Ce n'est pas pour autant qu'on met en place un système bloquant chaque porte d'immeuble, avec une caméra qui vérifie la décence de votre accoutrement. C'est aux citoyen-ne-s de décider s'ils enfreignent ou pas la loi et d'assumer les conséquences quand la justice les rattrape.

    Concernant la question spécifique de l'accès des mineur-e-s à des contenus qui leur sont nocifs :
    Premièrement, il ne s'agit pas d'une raison légitime pour interdire aux adultes d'y accéder (sauf, évidemment, volonté politique d'interdire le porno aux adultes, choix sociétal que je ne discuterai pas ici).
    Deuxièmement, ce contrôle peut et doit s'exercer par des moyens restant à la portée des principaux concernés, à savoir les parents de ces mineurs. Il est possible de se doter d'outils de blocage, y compris sur les smartphones, destinés à contrôler l'usage qui en est fait. Il est possible d'imposer l'existence de tels moyens de contrôle parental sur tout équipement numérique. Je tiens à rappeler que, d'une part, les parents jouent un rôle essentiel dans l'éducation au numérique de leurs enfants (il est indécent de laisser des enfants insuffisamment matures, seuls avec Internet). D'autre part, il est nécessaire d'être majeur pour obtenir un moyen de communication en ligne (qu'il s'agisse d'un accès à Internet ou d'une ligne téléphonique). Le contrôle et l'éducation par les parents restent les clefs maîtresses d'une lutte contre l'agression des jeunes esprits par la pornographie violente.

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