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"Contre le mantra de l’amalgame", par Guillaume Bidot (Le Monde)

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En réponse au massacre à Charlie Hebdo, politiques, experts et journalistes ont appelé à éviter « tout amalgame ». Ce mantra entend protéger les musulmans en France que pourtant nul ne menace. Qui s’en prend à l’islam dans notre pays ? Combien de manifestations appelant au meurtre des musulmans dénombre-t-on sur notre sol ? Cette attitude qui consiste à dédouaner une religion que personne n’accuse est aberrante.

Si un fanatique juif ou catholique avait vidé son chargeur à la sortie d’une mosquée, aurait-on entendu la même litanie visant à ne pas jeter l’opprobre sur les juifs ou sur les chrétiens ? Non. Si une telle horreur s’était produite, tout ce que la France compte de voix catholiques ou juives aurait alors exprimé sa compassion vis-à-vis des victimes et son dégoût vis-à-vis des brebis galeuses.

En dehors de Dalil Boubakeur, issu d’un courant minoritaire, et des fortes paroles de l’iman de Drancy, combien d’autorités religieuses musulmanes en France fustigent ces « satans » ? Espérons qu’elles soient innombrables. Plutôt que d’appeler les détracteurs de Mahomet désormais menacés de mort à ne pas faire d’amalgame, il eût été plus judicieux d’appeler les imams de France à prier pour les morts et à « excommunier » les djihadistes. C’est à la deuxième religion de France de rejeter tout amalgame avec des fous assoiffés de sang. Et non à la France de parler à la place de l’islam français ?

Ceux qui veulent à tout prix mettre l’islam hors du coup cherchent à exorciser un mal qu’ils connaissent : car s’ils sont une infime minorité, les islamistes criminels existent et bénéficient de la sympathie d’une frange minoritaire, mais réelle des musulmans de France. Sommes-nous certains que les islamistes les plus radicaux sur notre territoire soient si peinés d’apprendre que des mécréants ayant caricaturé Mahomet l’aient payé de leur vie ?

Réalité complexe

Cachez ce hijab (voile) que je ne saurais voir, voilà ce qu’exprime ce rejet pavlovien de l’amalgame. Cet acharnement à prévenir l’amalgame dissimule une réalité complexe, mais cette complexité ne revêt pas le sens que l’on voudrait lui donner : il n’y a aucune paroi étanche entre l’islam dit « modéré » et l’islamisme djihadiste, mais un immense dégradé. Et s’il est fort exact qu’une écrasante majorité des musulmans vomissent les criminels de Charlie Hebdo, une minorité radicale, sans être pour autant prête à prendre les armes, voire qui en condamne l’usage, se dit que les blasphémateurs ne l’ont pas volé.

C’est pour tenter de recouvrir cette effarante réalité que nos médiacrates appellent au rejet de l’amalgame. Or, ils le font pour éviter de jeter de l’huile sur le feu. C’est bien mal connaître l’islam dans ce qu’il peut avoir de plus intransigeant : le Coran recommande au croyant, confronté à une loi plus forte que la charia, de composer avec elle et de faire profil bas. Les pro-djihad doivent sentir qu’ils n’ont rien à attendre du peuple français qu’un ostracisme implacable.

Un Français musulman qui n’est pas prêt à stigmatiser les tueurs de Charlie Hebdo n’est plus un compatriote. Voilà la vérité qu’il faut avoir le courage de proclamer.

Guillaume Bigot est l’auteur du Jour où la France tremblera, terrorisme islamiste, les vrais risques pour l’Hexagone, Ramsay, 2005.

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2015/01/09/contre-le-mantra-de-l-amalgame_4552843_3232.html

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