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Supplique au Pape Benoît

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L’Association catholique pour le respect de la Création animale « Notre-Dame de Toute Pitié » (site Internet : www.nd-toute-pitie.fr, courriel : depre.elisabeth@wanadoo.fr) vient de publier le texte d’une supplique en faveur des animaux qu’elle a adressée au Pape Benoît XVI le 30 juillet dernier. Nous reproduisons ce texte avec l’aimable autorisation de M. Jean Gaillard, président de NDTP et directeur de son bulletin trimestriel « Bêtes et Gens devant Dieu » :

 « Très Saint Père,

Permettez-nous d’être auprès de vous les avocats d’une très humble cause, si humble que nombre de nos frères et sœurs catholiques la considèrent souvent comme dérisoire : le respect dû, par ceux qui se reclament du Christ, aux êtres vivants : « les poissons de la mer qui glissent dans les eaux... toute la gent ailée... bestiaux, bestioles, bêtes sauvages », tous ceux dont le texte de la Genèse dit : « et Dieu vit que cela était bon ».

Dans ce monde où la Révélation du Dieu-Amour rencontre tant d’obstacles matériels et spirituels, dans ce monde où la guerre, l’égoïsme, le besoin de dominer l’autre écrasent tant de nos semblables, il peut apparaître secondaire, voire inutile, de consacrer du temps et de l’énergie à défendre les animaux. En milieu chrétien, aborder cette question semble revenir parfois à mettre en cause la prééminence absolue de l’homme créé à l’image de Dieu. Le catéchisme de l’Eglise catholique évoque pourtant la « bienveillance » avec laquelle l’homme doit traiter les animaux en tant que « créatures de Dieu », même s’il est trop réservé lorsqu’il dénonce et reprouve un « usage aveugle » de ces mêmes animaux.

Nous ressentons souvent combien des chrétiens, des personnes en recherche authentique de Dieu, des personnes qui n’ont parfois pour briser leur solitude "qu’un" « compagnon à quatre pattes », sont blessés dans leur sensibilité profonde devant la cruauté humaine envers les animaux et sont comme « transis » par une sorte de « froid spirituel » devant l’indifférence de l’Eglise à la souffrance animale. Ceci peut aller jusqu’au scandale lorsque cette indifférence paraît être de la complicité avec les actes cruels (bénédictions de meutes lors des chasses à courre, liens entre signes religieux et corridas, etc.). C’est un constat que les membres de notre association ont souvent l’occasion de faire.

Très Saint Père, il y a là une perte pour l’Eglise et une souffrance spirituelle que vous pourriez apaiser de quelques paroles ou de quelques lignes dans une future encyclique. Nous savons d’ailleurs que vous êtes sensible à cette question. Dans le livre Voici quel est notre Dieu (qui reprend des entretiens avec Peter Seewald), celui-ci vous parle des animaux, nos plus proches compagnons, et demande si nous avons le droit d’utiliser les animaux et même de les manger. Votre réponse est belle et claire : « C’est une question sérieuse. On voit qu’ils sont confiés à notre garde et que nous ne pouvons pas les traiter n’importe comment. Car eux aussi ont été créés par Dieu, même si ce n’est pas aussi directement que l’homme. Mais ce sont des êtres voulus par Lui et que nous devons respecter en tant que compagnons et éléments de la Création ».

Concernant la question de savoir s’il est permis de tuer et de manger des animaux, on trouve dans l’Ecriture une prescription remarquable. Nous y lisons qu’il est d’abord question des plantes comme nourriture des hommes. Ce n’est qu’après le Déluge, donc après une nouvelle rupture entre l’homme et Dieu, qu’il est suggéré à l’homme de manger de la viande. Cela signifie que nous sommes en présence d’une disposition secondaire... Une exploitation industrielle – par exemple élever des oies uniquement dans le but qu’elles aient un gros foie, ou encaserner des poules au point d’en faire des caricatures d’animaux – abaisse le vivant au niveau d’une marchandise, ce qui est en contradiction avec ce que la Bible dit de la cohabitation entre l’homme et l’animal.

Très Saint Père, il faudrait que beaucoup de catholiques et d’hommes et de femmes sensibles à la souffrance animale connaissent vos paroles qui font écho à la déclaration du Pape Jean-Paul II proclamant Saint Francois d’Assise, patron céleste des écologistes et bénissant les protecteurs des animaux.

Mais elles font aussi écho à ce que des saints ont exprimé qui portaient sur les animaux le regard de la foi et de la miséricorde divine.

Saint François d’Assise, bien sûr, osant devant les hommes prêcher aux oiseaux.

Saint Martin de Porrès soignant les animaux malades.

Sainte Gertrude d’Helfta est touchée « d’un vif sentiment de pitié envers toute créature » et s’émeut « dès qu’elle voit l’une d’elles, oiseau ou bête souffrir de quelque incommodité, faim, soif ou froid ». Imitant littéralement Isaac le Syrien, elle prie pour les animaux, « offrant pieusement à Dieu pour sa louange éternelle cette souffrance d’un être sans raison, car elle s’attachait à la dignité que toute créature possède souverainement avec perfection et noblesse dans le Créateur et elle désirait que le Seigneur prenant en pitié sa créature, daignât la relever de sa misère » (citée par Jean Bastaire, écrivain chrétien contemporain, dans son livre Le chant des créatures). Dans le même ouvrage il relève la méditation hardie d’Origène : « Peut-être Dieu qui a fait l’homme à son image et à sa ressemblance a-t-il aussi donné aux autres créatures une ressemblance avec certaines réalités célestes... ».

Très Saint Père, dans votre livre L’esprit de la liturgie, vous écrivez : « La Création est le lieu de l’Alliance, elle a pour raison d’être l’histoire d’amour entre Dieu et l’homme... La Création attend l’Alliance et l’Alliance accomplit la Création tout en l’accompagnant et si le culte bien compris est l’âme de l’Alliance, cela implique qu’il ne sauve pas l’homme seulement mais entraîne toute la réalité dans la communion avec Dieu... le culte et la Création ont en commun la déification, l’édification d’un univers de liberté et d’amour ».

Vos paroles rappellent les bénédictions bibliques « Bénissez le Seigneur, fauves et tous les bestiaux » (Daniel III, 8) et Paul entendant la Création gémir dans les douleurs de l’enfantement et attendre la venue des fils de Dieu ». Les choses bougent, il est vrai : autour du mouvement Pax Christi se met en place un réseau chrétien intitulé « Paix, environnement et modes de vie ». Des églises, des associations chrétiennes s’investissent dans une réflexion et des actions sur le respect de la Création.

Mais en notre temps violent et troublé, les animaux attendent encore une parole prophétique que vous seul pouvez dire !

Très Saint Père, au nom de Celui dont le prophète Isaïe a écrit, en ses chants du Serviteur souffrant : « comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n’ouvrait pas la bouche », nous vous supplions de dire cette parole :

- pour les animaux des élevages industriels assimilés dans l’indifférence générale à une simple marchandise,

- pour les animaux de laboratoire sacrifiés au nom d’une science dont les résultats restent encore à démontrer,

- pour tous les animaux sacrifiés au nom d’un luxe inutile (fourrure, ivoire, parfum, etc.),

- pour les millions d’animaux de toute race abattus au nom du principe de précaution, en un mystérieux sacrifice,

- pour les animaux dont la mort est donnée en spectacle (combats de taureaux, de chiens, de coqs, etc.),

- pour les animaux dont la mort constitue un divertissement pour l’homme : chasse, pêche, etc.

- pour les animaux dont les performances sont obtenues au prix d’un très cruel dressage (cirque, delphinarium, courses, etc.),

eux tous qui sont des « âmes vivantes ». Oui , ces êtres et ceux qui les aiment, ont besoin de votre parole.

Très Saint Père, soyez béni d’entendre ce cri dont notre lettre n’est que l’écho. Implorant votre bénédiction apostolique pour nous et toutes les créatures vivantes, nous avons l’honneur d’être, Très Saint Père, avec le plus profond respect, vos humbles obéissants fils et serviteurs. »

Pour l’Association Notre Dame de Toute Pitié

Le président Jean Gaillard

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