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Une enseignante colombienne au secours des animaux sauvages maltraités
AP | 16.03.2007 | 12:00
À travers les barreaux de sa cage, Jupiter, un lion de 110 kilos, met ses pattes autour du cou d'Ana Julia Torres et dépose un énorme baiser sur ses lèvres. Ce pourrait bien être un geste de gratitude, celle-ci lui ayant apporté une vie pleine d'amour dans son refuge pour animaux maltraités et blessés.
"Ici, nous avons des animaux qui boitent, qui ont perdu des membres, qui sont aveugles, (...) handicapés ou qui ont même été violés", explique Ana, 47 ans, au sujet de son refuge, la Villa Lorena. Le lion est arrivé il y a six ans après avoir vécu dans des conditions déplorables. Elle l'a nourri et soigné.
Son centre dépend de dons et de son modeste salaire d'enseignante dans un quartier pauvre de Cali, une ville de deux millions d'habitants dans le sud de la Colombie. Elle s'est lancée dans la protection des animaux il y a une dizaine d'années, lorsqu'un de ses amis lui a confié un hibou domestiqué. Elle a ensuite demandé à ses élèves d'apporter leurs animaux domestiques et s'est alors rendue compte que de nombreuses familles conservaient chez elles et en toute illégalité des animaux sauvages.
Aujourd'hui, Jupiter est l'une des 800 bêtes recueillies à la Villa Lorena, de paons brûlés à des singes aveugles, en passant par des éléphants mutilés. Ana Julia Torres explique que la plupart ont été abandonnés bébés par leurs parents ou retrouvés dans les rues de Cali. D'autres ont été secourus des traitements cruels que leur faisaient subir leurs propriétaires. Ainsi, un puma a eu ses deux pattes de devant amputées par son propriétaire après qu'il eut griffé le visage d'un membre de la famille.
De tous les animaux dont elle s'est occupée, Ana Torres est surtout fière d'avoir sauvé Yeyo. Ce singe-araignée aujourd'hui décédé était battu par son maître alcoolique. Il "criait à chaque fois qu'on le battait, jusqu'à ce que la police vienne un jour et découvre un mur recouvert de sang", raconte-t-elle. "Nous avons hurlé de colère quand nous avons appris comment il était traité".
Deux vétérinaires ont oeuvré 24 heures sur 24 pour sauver Yeyo. Un oeil et ses dents n'ont pu être sauvés. Mais le singe restait terrifié à l'approche des autres humains, se recroquevillant dans sa cage dès qu'il entendait des pas, explique Mme Torres.
L'enseignante a par ailleurs décidé de ne pas ouvrir son refuge au public. "Nous voulons que ces animaux vivent en paix. Ils ont passé toute leur vie à être exhibés dans des cirques ou des spectacles. Ceci est un paradis où ils peuvent enfin se reposer", explique-t-elle. AP
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