Les 27 s'accordent timidement sur le bien-être des poulets
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Une timide directive sur les conditions de vie des poulets d'élevage.
Traitements odieux, inacceptables, affligeants. Depuis longtemps, les organisations de défense des animaux s'émeuvent des conditions de vie des poulets élevés en batteries. Sous la pression de la Commission, les ministres de l'Agriculture se sont mis d'accord sur un projet de directive censé assurer un minimum de bien-être à ces animaux. Et ils ont bataillé bec et ongle pour aboutir à un texte sur lequel ces mêmes organisations tirent déjà à boulets rouges. Que dit ce projet de directive, applicable en 2010 ? Que les cages dans lesquelles les poulets sont élevés devront avoir une densité maximum de 33 kilos par mètre carré, jusqu'à 39 kilos si les installations sont optimales,
par exemple en matière de ventilation. Les très bons élèves pourraient même pousser jusqu'à 42 kilos, ce qui équivaut grosso modo à 26 poulets dans un mètre carré. Seuls les élevages industriels de plus de 500 poulets seront soumis à ces plafonds.
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Les ministres de l'Agriculture des 27 ont trouvé ce lundi soir à l'arraché un accord pour assurer un minimum de bien-être aux poulets d'élevage européens, en bataillant kilo par kilo sur leur espace vital au mètre carré.
Bon compromis
L'Union européenne, soucieuse de répondre aux interrogations des organisations non gouvernementales et des consommateurs, tentait depuis deux ans de trouver un terrain commun sur cette question taboue. Le commissaire européen à la Sécurité alimentaire Markos Kyprianou a jugé devant la presse que les 27 avaient trouvé "un bon compromis", adopté à la quasi-unanimité. "Il ne s'agit pas uniquement d'une question éthique, mais c'est aussi ce que veulent les consommateurs européens", a-t-il commenté à propos de cette future directive (loi) européenne qui devra être transposée dans les législations nationales d'ici fin juin 2010.
33kg/m²
Aucune norme européenne n'existe aujourd'hui sur les conditions d'élevage des poulets industriels, qui grossissent le plus souvent dans des cages en rangs serrés en à peine plus d'un mois, avant de se retrouver dans les assiettes. Le compromis trouvé lundi soir prévoit une densité dans les cages de poulets de 33 kg par mètre carré, avec une dérogation jusqu'à 39 kg pour les éleveurs prouvant qu'ils ont de bonnes installations (par exemple en matière de ventilation).
Bonus
Pour parvenir à un accord, ces deux seuils ont été augmentés chacun d'un kilo par rapport au texte initial. Les très bons élèves -affichant notamment un taux de mortalité très faible des poussins et poulets durant leur bref cycle de croissance- peuvent de plus gagner "un bonus" de 3 kilos (au lieu de 2 kilos prévus initialement). De quoi leur permettre de faire grandir au grand maximum l'équivalent de 42 kg de gallinacés sur un mètre carré. Dans les faits, seules certaines exploitations ultra-modernes des Pays-Bas remplissent actuellement les critères requis pour avoir droit à ce bonus convoité.
"Grand progrès"
"C'est un très grand progrès pour le bien-être des animaux", a insisté le commissaire Kyprianou, malgré les marchandages de dernière minute. La Pologne, qui préconisait une "densité" de 42 kilos, avait voté contre le projet initial. Tout comme la France, qui totalise un quart de la production européenne, mais aussi la Hongrie, la Slovaquie, la Belgique, la Lettonie et la Grèce. Ces sept pays s'étaient entretenus tour à tour avec la présidence allemande et la Commission pour arriver à un déblocage.
Pays hors UE
Seuls les élevages de plus de 500 poulets sont concernés par l'accord, dans un souci de ne pas assommer avec de nouvelles contraintes administratives les éleveurs plus artisanaux. Les poulets de qualité munis de labels, élevés le plus souvent en plein air pendant environ deux mois avec des cahiers des charges stricts, sont exclus de la loi. Quant aux pays hors UE -notamment les gros producteurs que sont le Brésil et la Thaïlande- ils pourront continuer à vendre leurs poulets en Europe sans être assujettis à ces nouvelles contraintes, essentiellement via le canal de la restauration collective.
Modèle nordique
En s'attaquant au sujet, la Commission s'était inspirée au départ des modèles suédois et danois, pays qui s'adonnent au comptage des pieds blessés des poulets pour quantifier leur bien-être. Les petites lésions des pattes, signe apparent de souffrance, permettent de noter les bonnes pratiques des éleveurs. La Commission avait souhaité hâtivement extrapoler à l'ensemble de l'Europe ce modèle nordique appliqué à une production faible. Avant d'abandonner un fastidieux examen manuel de pattes de poulets, difficilement applicable dans les abattoirs des grands pays producteurs, et se concentrer sur la notion de densité dans les cages.
(AFP)
http://www.7sur7.be/hlns/cache/fr/det/art_455730.html?wt.bron=homeArt18