Merck et scandale du Vioxx :
Le laboratoire américain accepte de verser près de 5 milliards de dollars pour effacer plus de 20.000 plaintes à l'encontre de son ex-anti-inflammatoire vedette, le Vioxx, qui avait le malheur de doubler les risques d'accidents cardiovasculaires.
Presque cinq milliards de dollars pour éteindre l’un des plus gros scandales de l’histoire du médicament. Tel est l’enjeu de l’accord amiable auquel s’est résolu finalement le laboratoire Merck afin d’enterrer les milliers de plaintes déposées contre son anti-inflammatoire Vioxx, dont les effets secondaires néfastes (hausse des accidents cardiovasculaires) ont défrayé la chronique il y a trois ans. Ce faisant, le numéro trois américain de la pharmacie éliminera ainsi environ 95% des procédures judiciaires à son encontre.
Dans le détail, l’accord a été conclu avec les défenseurs d’un comité de plaignants à l’issue d’une rencontre avec trois des quatre juges en charge de la quasi totalité des plaintes. Il ne s’agit toutefois pas d’une class action. De sorte que les dossiers d’indemnisation seront disséqués au cas par cas. Les sommes seront allouées par un fonds ad hoc. La charge financière globale, elle, sera passée dans les comptes du 4ème trimestre.
Enfin, sur le fond, le groupe ne reconnaît pas sa culpabilité. A New York, les marchés semblaient manifestement soulagés de cette sortie par le haut : l’action Merck grimpait même de plus de 4% vendredi en cours de séance après s’être déjà apprécié de 1% la veille. Il est vrai que les analystes de Morgan Stanley prédisaient un bourbier judiciaire long de 7 ans pouvant se solder par un coût de 20 à 30 milliards!
L’affaire du Vioxx a brutalement surgi de manière officielle en septembre 2004, mais les rumeurs sur ses méfaits présumés alimentaient les gazettes spécialisées depuis plusieurs mois. Une étude interne a alors révélé que la prise régulière et prolongée (au bout de 18 mois) de cette molécule sortie cinq ans plus tôt et prévue pour soulager l’arthrose doublait surtout les risques cardiaques des patients qui l’ingurgitaient.
Le scandale est retentissant. Le groupe doit retirer en catastrophe son produit vedette du marché, un blockbuster qui pèse tout de même 2,5 milliards de dollars de revenus. Et dont la campagne publicitaire engloutissait chaque année 100 millions. Rien qu’en France par exemple, il captait 8% du marché des anti-inflammatoires.
Le cours s’effondre (-26% en une seule séance), puis les plaintes s’accumulent et bientôt, les procès. A ce jour, sur la quinzaine déjà bouclés, Merck en a remporté environ les deux tiers. Mais sur les quelque 27.000 plaintes enregistrées au 30 juin dernier, plus de 22.000 restaient encore en souffrance avant que le groupe ne se décide à clore le dossier.