Le Figaro : "Les corridas pourraient être interdites aux mineurs"
La mesure signerait également la fin des écoles taurines, surtout fréquentées par des moins de 15 ans.Crédits photo : Mario FOURMY/REA
De notre correspondant à Montpellier Claude Belmont.
28/01/2008 | Mise à jour : 11:27 |
Un courrier de l'Élysée annonçant la création d'un groupe de réflexion a mis le feu aux poudres.
À huit semaines de l'ouverture de la saison tauromachique française qui sonnera à Arles le 21 mars prochain, la polémique est vive entre les organisateurs de corridas et les associations abolitionnistes. Motif de la discorde : l'interdiction éventuelle de l'accès aux mineurs.
C'est un courrier de l'Élysée, reçu la semaine dernière, qui a suffi à relancer l'activité des anti-corridas (SPA, Fondation Brigitte Bardot, Alliance anticorrida, Flac…). Dans cette correspondance, Cédric Goubert, chef de cabinet du président Nicolas Sarkozy, annonce la création d'un groupe de travail pour étudier l'éventualité de cette mesure. « Sans engagement de présenter un texte », précise tout de même la lettre.
Mais dans la nébuleuse associative des « anti », ce courrier a été reçu comme une avancée littéralement historique. « C'est la première fois qu'un gouvernement nous entend. Nous sommes désormais reçus dans les ministères. Notre cause avance incontestablement. En dessous de 15 ans, un enfant n'est pas apte à juger et à être confronté à un tel spectacle » explique Claire Starozinski, la responsable de l'Alliance anticorrida. « En France, il y a un réel effort à faire en matière de protection animale auprès des jeunes générations », ajoute Caroline Lanty la présidente de la SPA. Le paradoxe, c'est que des jeunes entre 5 et 12 ans puissent assister le plus légalement du monde à ces scènes de torture alors que la corrida est interdite dans 90 % du pays et que des faits analogues, hors des arènes, sont punissables. Il y a un manque de cohésion dans la législation.»
Pas de hooligans dans l'arène
Le rôle du président de la République est d'entendre tous les Français, y compris les anticorridas. L'ouverture de ce groupe de travail va permettre une analyse scientifique sur le sujet. « Pour l'instant, on ne connaît pas de mineur qui ait été psychologiquement déstabilisé après avoir assisté à une corrida », s'insurge Simon Casas, le directeur des arènes de Nîmes.
Une chose est sûre, pour lui : « C'est bien moins dangereux pour les enfants que les films ultraviolents de la télévision. Dans les arènes, on ne rencontre pas de hooligans, de spectateurs qui font le salut nazi, ou qui se battent comme dans les stades de foot. » Dans la région, cette mesure, si elle était un jour adoptée, sonnerait en tout cas sans doute le glas des écoles taurines ans. « C'est majoritairement fréquentées par des… moins de 15 effectivement aussi dans notre stratégie d'abolition que de mettre un terme à l'enseignement tauromachique », reconnaît Claire Starozinski.
« Les anticorridas n'ont pas vocation à éduquer tous les enfants du monde. Chez nous, les enfants viennent par pure passion, parfois même malgré la réticence de leurs parents », plaide Gilles Raoux, ancien torero et professeur au centre de la tauromachie de Nîmes. « Interdire les mineurs aux arènes, c'est faire le procès d'intention des parents considérés comme incapables de gérer la santé mentale de leurs propres enfants. Alors que la tauromachie véhicule des valeurs positives », surenchérit Simon Casas en défenseur de la corrida.