Cavale de 36 heures dans les égouts pour une vache échappée de l'abattoir
Par Christian LARIVIÈRE
L'échappée belle a mal fini pour elle. Au prix d'une invraisemblable cavale dans les égouts, une vache échappée mardi de l'abattoir de Noeux-les-Mines n'en a pas moins trompé pendant 36 heures son destin de viande de boucherie.
Les recherches entreprises mardi vers 9 heures pour retrouver la fuyarde n'ont abouti qu'hier en fin d'après-midi. L'animal, qui après avoir enfoncé une clôture avait tenté de se faire la belle avec l'une de ses congénères à travers la rue du Pré, s'était évanoui dans le paysage, alors que sa compagne d'évasion était rattrapée.
La présence de poils et de traces de sang à l'entrée de la Loisne canalisée, en contrebas de la ligne de chemin de fer, laissait supposer que le bovin avait fui le couteau dans cette partie du réseau d'assainissement collectant des eaux de pluie. Les agents de la communauté de communes en ont soulevé les regards sur plusieurs centaines de mètres. Sans rien détecter.
Hier matin, une dizaine de pompiers de Béthune et de Noeux-les-Mines sont venus à leur rescousse pour explorer plus à fond les canalisations. Il leur a fallu des heures de persévérance pour finir par apercevoir la queue de la bête, coincée sous la place de l'église Saint-Martin.
Remonter à la surface cette charolaise de 600 kilos, incapable de faire demi-tour et refusant de reculer plus obstinément qu'un âne était une autre paire de manches. Redoutant l'orage dans cette partie basse de la ville, les pompiers préconisaient de faire vite. Les salariés de l'abattoir, exploité par le groupe agroalimentaire Bigard, se refusaient à envisager l'idée de débiter l'animal dans un espace aussi réduit.
Finalement, alors que la bête était anesthésiée par un vétérinaire, puis euthanasiée, il a été décidé de faire intervenir une entreprise de travaux publics pour ouvrir une tranchée. La police a isolé les lieux de l'intervention en plein centre-ville, en bordure de la route de Béthune à Arras.
Une plaque de béton ayant freiné la progression du marteau piqueur, il était plus de 21 heures quand un espace suffisamment vaste a été dégagé. Un quart d'heure plus tard, hissée par le bras d'une pelle mécanique, l'aventurière retrouvait le plancher des vaches que ses sabots n'useront plus.
En s'enfonçant dans les entrailles de la cité minière, peut-être cherchait-elle la route de ces Indes noires que Jules Verne avait situées dans une mine de charbon. Dans le fol espoir que dans ces Indes-là aussi la vache était un animal sacré respecté du couteau du boucher. Elle s'est cassé le museau sur une impasse.