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Le droit des animaux - Division et conquête / L'invasion des détourneurs de mouvements : une cause de justice sociale devient la proie de la Doctrine du « Mal Nécessaire »

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L'invasion des détourneurs de mouvements : une cause de justice sociale devient la proie de la Doctrine du « Mal Nécessaire »

Par James LaVeck - http://www.satyamag.com/oct06/laveck.html

Traduit par Marie Isaia et mis en ligne avec l'aimable accord de l'auteur.

"Vous ne savez jamais lorsqu'une agence de Relations Publiques (RP) devient efficace ; mais vous verrez vos opinions se modifier lentement". Un cadre superieur de l'industrie RP.

Peu d’entre nous réalisent que certaines industries américaines versent des centaines de millions de dollars à des firmes de relations publiques chargées de supprimer tous les obstacles à leur acquisition de profit.

En premier lieu sur la liste de ces obstacles se trouvent les mouvements populaires de justice sociale.

Dans un article de 2002 sur leur site pour le 'Center for Media and Democracy' (Centre de Média et Démocratie), les auteurs et activistes sociaux John Stauber et Sheldon Rampton décrivent les activités de MBD, une de ces firmes RP impliquées dans le démantèlement des mouvements de citoyens luttant contre les problèmes allant des pluies acides, dioxine, biotechnologie et déchets toxiques, à l’apartheid, l’énergie nucléaire, les espèces en danger et les marées noires.

« Leur méthode favorite, écrivaient Stauber et Rampton, est une stratégie de 'diviser et de conquerir' dépendant principalement de la co-optation : d’abord identifiez les « radicaux » qui ne veulent pas de compromis et qui demandent des changements fondamentaux pour solutionner un problème.

Puis, identifiez les « réalistes » – en général, des organisations avec des budgets importants et des équipes travaillant dans le même périmètre de gens concernés que les radicaux.

Puis, approchez ces réalistes, souvent au travers d’une rencontre amicale organisée par un tiers, démarrez un dialogue et éventuellement concluez un accord, une solution « gagnant-gagnant » qui marginalise et exclue les radicaux et leurs demandes.

Ensuite allez avec les réalistes vers les « idéalistes » qui ont découvert le problème à travers le travail des radicaux.

Convainquez les idéalistes qu’une solution « gagnant-gagnant » appuyée par les réalistes est meilleure pour l'ensemble de la communauté.

Une fois que cela a été accompli, les « radicaux » peuvent être évincés comme extrémistes, l'optique RP est acceptée, et l’affaire peut être racolée dans les médias pour faire croire que la corporation et ses partenaires modérés non intéressés apparaissent comme les héros aptes à résoudre le problème.

Résultat : l’industrie peut avoir à faire quelques petites concessions ponctuelles, mais les soucis fondamentaux soulèvés par les radicaux seront balayés. »

Qu’est-ce que ce troublant scénario a à voir avec les défenseurs des animaux et notre mouvement pour supprimer l’exploitation des êtres sensibles ?

Eh bien, il apparaît que la première fois que Stauber et Rampton écrivirent à propos de MBD, c’était en référence à une présentation donnée par Ronald Duchin – le « D » dans MBD – exclusivement pour l’association du Vacher (voir page 66 de Toxic Sludge is Good for You: Lies, Damn Lies and the Public Relations Industry -- La Boue toxique est bonne pour vous : mensonge, damnés mensonges et l’industrie de relations publiques).

C’était en 1991, et Duchin, un diplomé du Army War College (le Collège de Guerre de l’Armée) et ancien assistant spécial du Secretary of Defense (le Ministre de la défense), soulignait que c’était la stratégie la plus efficace pour « traiter avec » les plus gros opposants de l’industrie de la viande : nous.

Duchin recommandait le plan suivant en trois phases :

1 ) isoler les radicaux ;
2 ) « cultiver » les idéalistes et les « éduquer » afin qu’ils deviennent « réalistes » ;
3) coopter les opportunistes à être d’accord avec l’industrie.

Duchin admettait dans son discours qu’il était dur de travailler avec les idéalistes, et qu'à cause de leur altruisme inhérent et le fait qu’ils ne gagnent rien personnellement pour soutenir leur point de vue, le public tend à les croire.

Il offrit ensuite aux vachers une stratégie maligne.

Il dit que si les idéalistes peuvent d’une certaine manière être convaincus que leur opposition à un produit ou une industrie faisait du mal à quelqu’un par inadvertance, ils ne pourraient pas vivre avec cette contradiction et seraient obligés de changer leur vision, pour adopter une position plus « réaliste ».

Duchin dit ensuite aux vachers comment travailler avec les « opportunistes » du mouvement, les gens qu’il décrivait comme engagés dans une activité pour «  être en vue, avoir le pouvoir, des disciples et peut-être trouver un emploi.

La clef pour traiter avec les opportunistes est de leur fournir au moins la perception d’une victoire partielle. »

La très répandue adoption des 'œufs sans cage' ?

Quelques places à la table avec le groupe développant les standards pour produire des agneaux issus de « l'élevage humain des animaux » ?

Un veau  « rose », non mis en cage ?

Aujourd’hui celles-ci et d’autres "avancées" similaires sont largement présentées comme des victoires par des organisations considérées commes des opposantes dévouées à l’exploitation animale.

L’escroquerie de la bonté humaine

Il n’est pas très agréable de penser à la possibilité que notre mouvement pourrait être dans le processus d’une co-optation et d'une neutralisation selon un projet envisagé il y a quinze ans par une firme consultante de l’industrie de la viande.

Mais pour les industries exploitant les animaux, il y a des milliards de dollars en jeu et il est évident qu’elles vont affecter de sérieuses ressources à la protection de leurs intérêts, et qu’elles vont jouer pour gagner.

Considérez comment la pression implacable d'amener les performances en bourse toujours plus haut, trimestre après trimestre, peut conduire les cadres supérieurs à une frénésie hyper compétitive.

En conséquence de quoi on entend régulièrement parler de l’espionnage industriel, des campagnes de diffamation dans les médias, des efforts à corrompre les leaders politiques, des scandales financiers et des échauffourées pour reprendre des sociétés.

Y a-t-il des raisons de croire que les gens pris dans un tel système pourraient être moins impitoyables quand ils traitent avec un mouvement de citoyens qui cherche à fermer leurs activités ?

Stauber et Rampton, après des années de recherches dans les activités de l’industrie RP, pointent la tendance des militants à nier la possibilité qu'ils pourriaient être dupés : « les militants aiment croire que nous sommes trop dévoués à notre cause, trop mondains et éveillés pour être flagornés dans une soumission involontaire en s’asseyant et pactisant avec l’ennemi ».

Mais d’après Denise Deegan, gourou de l’industrie RP, note Stauber, « l’industrie continue de considérer cette sorte de 'dialogue' comme sa méthode la plus efficace pour mener les militants ».

Le travail de Stauber et Rampton n’est guère basé sur des théories de salon.

Il est plutôt dérivé d’études exhaustives de l’histoire des bases véridiques et populaires du mouvement qui, comme le mouvement de défense des animaux, a tenté d’affronter les abus de l’industrie.

Ils étudièrent par exemple comment la firme RP MBD sortit d’une campagne à succès pour neutraliser un boycott massif de la corporation Nestlé.

A la fin des années 70, Nestlé tentait de persuader des millions de femmes du Tiers Monde d’utiliser des formules pour nouveau-né synthétiques au lieu de nourrir leur bébé au sein.

« Dans les coutumes activistes, notent Stauber et Rampton, ce boycott est vanté en tant que victoire majeure, mais dans le monde de la corporation il est compris que l’industrie a gagné en réalité le jour où elle a coupé l'herbe sous le pied de la compagnie.

En faisant des concessions sélectives aux militants, Nestlé réussit à négocier la fin du boycott.

Plus tard, les militants furent consternés de découvrir que les pratiques marketing de la formule pour nouveau-né continuaient avec seulement des changements cosmétiques.

Les enfants du Tiers Monde continuent de mourir, mais aujourd’hui leur sort reçoit peu d’attention, et les militants ont réalisé que le boycott une fois terminé est difficilement recommençable. »

Traduire cela au mouvement de défense des animaux, et l’appel pour un boycott est, très simplement, un plaidoyer végétalien.

Quand, au lieu de demander aux gens de ne plus consommer de produits animaliers, on approuve publiquement des produits animaliers « humains », ne sommes-nous pas en effet en train d’annuler notre propre boycott ?

Pensez à cela.

Un boycott une fois terminé, on ne peut pas facilement revenir en arrière.

Jouant « gagnant-gagnant »

Donc cela est grave.

Parcourons-le à nouveau et réfléchissons comment de récents développements dans le mouvement de défense des animaux pourraient cadrer avec le livre de jeu de l’industrie RP comme Stauber et Rampton l’ont résumé.

Premièrement, identifiez les « radicaux » qui refusent de faire des compromis et qui demandent des changements fondamentaux pour résoudre le problème visé.

Hypothétiquement, cela pourrait être n’importe qui, qui pense que les animaux ont des droits, que les exploiter est mauvais, et que la solution est d’encourager les gens à boycotter tous les produits animaliers, avec le but à long terme d'abolir le statut de propriété des animaux.

Nous ne parlons pas de tactique radicale, mais d’idées radicales.

Nous discutons des éducateurs sur le terrain, des enquêteurs amateurs, des manifestants, des avocats, des bloggers, des artistes, des infirmières, des sauveteurs d’animaux, des commerçants, des écrivains, des distributeurs de tracts, des gens de l'Eglise, des diététiciens, des anciens cultivateurs, des étudiants, des professeurs de yoga, des adolescents, des musiciens, des médecins et toutes sortes de militants au quotidien qui pratiquent le véganisme en tant qu'expression de la non-violence gandhienne, comme un refus de coopérer de quelque manière que ce soit avec ceux qui profitent de l’oppression des autres.

Puis, identifiez les « réalistes » - typiquement, des organisations avec des budgets significatifs et des équipes travaillant dans le même domaine relatif de souci public que les radicaux.

Hypothétiquement, cela pourrait être un nombre d’organisations de protection animale ayant plusieurs millions de dollars et des énormes campagnes en faveur des animaux de ferme.

Puis approchez-vous de ces réalistes, souvent à travers une rencontre amicale organisé par un tiers, commencez une discussion, et éventuellement concluez un accord, une solution « gagnant-gagnant » qui marginalise et exclue les radicaux et leurs demandes.

Hypothétiquement, cela pourrait être une offre faite par quelqu’un comme John Mackey, PDG de Whole Foods, un des détaillants nationaux en tête à la fois pour la viande et des fruits et légumes biologiques, pour faire un partenariat avec certains défenseurs des animaux et les « visionnaires » de l’industrie de la viande, pour développer de nouveaux standards pour l’exploitation « humaine »   des animaux.

Cependant, pour participer, les « réalistes » doivent de facto contredire leur propre position que des animaux non humains sensibles ne devraient pas être employés pour l'utilité des hommes, car négocier les détails de l'exploitation avec ceux qui pratiqueront l’abattage et feront du profit mine dramatiquement l’intégrité de ce principe fondamental.

Maintenant, à travers les efforts réunis de l’industrie et les organisations de défense des animaux participantes, la réponse de personnes « raisonnables » ayant été mise au courant du sort des animaux de ferme ne devient pas le végétalisme, ni la réduction de la consommation de viande, de produits laitiers, et d’œufs, mais plutôt, l’achat de produits d’animaux « humains ».

Simultanément, le centre d'intérêt du dialogue public se déplace irrévocablement de la moralité discutable d’utiliser et de tuer des animaux, vers une dispute compliquée et interminable, concernant comment l’action sera faite – conditions, traitement, standards et réglementations.

Dans ce nouveau cadre, les appels publics des défenseurs des animaux pour le boycott de tous les produits d’origine animale, pour une non-participation à l'exploitation, n’ont pas de place.

Un tel discours est maintenant un embarras pour les groupes de défenseurs des animaux participants, et une plaisanterie pour les gens de l’industrie de la viande.

Un tel discours est maintenant relégué au rang du  « radicalisme ».

Puis, allez avec les réalistes vers les « idéalistes » qui ont découvert le problème à travers le travail des radicaux.

Convainquez les idéalistes qu’une solution « gagnant –gagnant » approuvée par les réalistes est la meilleure pour l'ensemble de la communauté.

Hypothétiquement cela pourrait être des petites organisations idéalistes qui sont convaincues de rejoindre les plus grandes en approuvant « la mini-révolution des standards humains ».

Ensemble, ils persuadent les éducateurs en première ligne et les citoyens militants, que défendre uniquement le végétalisme n'est plus la bonne approche.

Les militants doivent maintenant simultanément soutenir la viande « humaine » et les œufs sans cage, se présentant comme un pas transitionnel pour des gens qui ne veulent pas renoncer à consommer des produits animaliers aujourd’hui.

Agir autrement, prétend-on alors, équivaut à abandonner des milliards d’animaux maintenant pris dans le système existant de l’industrie de la viande.

Confrontés à ce qui paraît être une « contradiction », un grand nombre des idéalistes du mouvement changent leur vision du monde et commencent à adopter une position plus « réaliste », une application classique de la formule de Dutchin, changer-les-idealistes-en-réalistes.

Ce nouveau « réalisme » inclut une défense publique d’une conduite non végane – consommation de produits animaliers « humains » voisinant avec une défense publique du véganisme et un boycott de tout produit animalier.

De manière inquiétante, ces idéalistes nouvellement transformés commencent même à se percevoir eux-mêmes comme des « réalistes », et à considérer ceux qui conservent leurs valeurs véganes comme des « puristes » et des « absolutistes », parfois même des « égoïstes » « contents d’eux-mêmes » dans leur « rigidité morale ».

Rencontrer les gens où ils sont

Il est frappant et profondément troublant de constater à quel point cette nouvelle façon de nous percevoir nous-mêmes et notre défense cadre si parfaitement avec la carte routière de M. Duchin pour notre avenir, et comment il fait si précisément écho au « dilemme » de John Mackey, de Whole Foods, qui parle de comment il perdrait sa place de PDG, les veritables bases de son habileté à faire une différence, s'il avait imposé ses valeurs personnelles et privé ses clients de la possibilité d’acheter une large variété de produits animaliers.

Par conséquent, étant donné son souci pour les animaux, Mackey est moralement obligé de faire ce qu’il a besoin de faire dans le but de maintenir sa place au sommet, et d’utiliser le pouvoir qu’il a pour créer une nouvelle ligne de produits de viande étiquetée « compassion animale », tout en travaillant avec les groupes de défense des animaux participants pour convaincre le public de les acheter.

Autrement dit, selon les propres termes de Mackey, « être pionnier d’une voie entièrement nouvelle pour les gens en relation avec des animaux de ferme, le bien-être de ces animaux devenant le but le plus important ».

De même, certains dirigants des groupes animaliers participants pourraient penser que, s’ils « imposaient » le végétalisme et l’abolition de l’exploitation animale au public en refusant de leur offrir en alternative un produit animal « humain » approuvé, ils perdraient l'argent et les adhérents qu'ils croient être les bases de leur capacité à faire une différence.

Plutôt, dans le but d’avoir influence et crédibilité avec le plus large choix de donateurs, législateurs, journalistes et d’autres gens de la pensée dominante, ils ont besoin de « rencontrer les gens là où ils sont » et d'offrir des « options ».

Ils semblent croire qu’ils sont, en fait, moralement obligés de travailler avec l’industrie pour développer et commercialiser des produits animaliers « humains », qu’ils insistent vont aider le public et l’industrie de la viande de faire la transition vers l'abandon des formes de torture animale les plus flagrants.

Dans le but de voir où cette nouvelle approche « rencontrez les gens où ils sont » conduit notre mouvement, nous n’avons pas besoin d’aller plus loin que la dernière combine d'étiquetage, celui-là lancé en Australie par une organisation internationale de défense des animaux.

Cela s’appelle « le Choix Humain » et la communiquée de presse déclare avec enthousiasme que le nouveau label « garantira au consommateur que l’animal a été traité avec respect et soin, depuis sa naissance jusqu’à sa mort… Le label du Choix Humain dénotera que l’animal a eu la meilleure vie et mort offerte à n’importe quel animal de ferme… Ils vivent à la base comme ils l’auraient fait dans la vieille ferme de Mac Donald… »

Choix Humain ?

La vieille ferme Mac Donald ?

Voyez-vous comment les rôles sont inversés ?

La défense des animaux n’existe plus du point de vue éthique et de justice sociale – c’est maintenant d’après le choix du consommateur.

La vente de viande ne concerne plus la transformation en marchandise, l'exploitation et les profits – cela concerne maintenant le bien-être animal.

Le véganisme n’est plus un impératif moral – c’est maintenant un charmant et original choix de style de vie.

Rendons-nous à la finale de Stauber et Rampton :

Une fois que cela a été accompli, les « radicaux » peuvent être banis en tant qu’extrémistes, le point de vue de PR est accepté et l’affaire peut être vantée dans les médias afin que la corporation et ses partenaires « modérés », à but non lucratif, semblent êtres des héroes pour avoir résolu le problème.

Résultat : l’industrie peut être obligée de faire des concessions petites ou temporaires, mais les préoccupations fondamentales soulèveées par les « radicaux » sont balayées.

Le Complexe Industriel du Bien-être Animalier

Que notre mouvement soit venu à cet état actuel entièrement ou partiellement au travers des machinations de l’industrie RP, ou soit que tout simplement 'il se détruise de lui-même, nous devons être choqués et profondément inquiets que la structure du mouvement de défense des animaux aujourd’hui ressemble de si près à la vision de compromis moral, de diviser et d'affaiblir mis en avant par un consultant RP de l’industrie de viande il y a tant d’années.

Quelque soit la moyen par laquelle ceci a été accompli, il est indéniable que le pare-feu de la précision linguistique, de la pensée critique et de l’intégrité philosophique dont nous avons besoin pour protéger notre mouvement d’une telle dégradation a été pour ainsi dire démolis.

Il est troublant de penser comment les choses avaient pu aller aussi loin aussi vite, mais on peut compte que Mr Duchin et son genre ne se sont pas tourné leurs pouces durant les 15 dernières années.

Pendant que les organisations de défense des animaux et l’industrie de la viande mélangent leurs affaires dans un enchevêtrement de plus en plus déconcertant, leur langage, valeurs, intérêts et buts devienent indistincts, créant une sorte de « complexe industriel de bien-être animalier » dans lequel les « joueurs » --les décideurs de l’industrie et du mouvement de bien-être animalier constitué – se rencontreraient régulièrement en privé pour négocier le prix des préoccupations du public pour les souffrances animales.

A l’industrie iront l’approbation des organisations pour le bien-être animal sur un étalage toujours plus bizarre de produits « humains » et de pratiques de « compassion ».

Aux groupex pour le bien-être animal iront une poignée de «  victoires partielles » aussi bien que quelques gratuités telles que des conférences parrainées et des opportunités de publicité pour garder la vedette.

En rendant le processus si ordonné et rationnel, en le réduisant à quelques intervenants primordiaux avec une compréhension tacite de l’aménagement, toutes les parties impliquées vont recevoir régulièrement ce dont elles ont besoin pour grandir à toute vitesse.

Plus d’argent.

Plus de client/membre.

Plus de sébouchés politiques.

Plus poids pour dicter les termes du discours public.

Le travail de cet hypothétique complexe industriel pour le bien être animal convient bien à la culture Orwellienne de notre société d'après le 11 septembre, où les droits civils et les règles de droit sont systématiquement amoindrient au nom de la protection de notre « liberté ».

Au centre de tout cela est notre acceptation de la doctrine du « mal nécessaire » qui nous conduit à aller contre le fondement de nos valeurs et à rationaliser notre complicité dans des actes de violence et d’injustice commis contre les autres –actes qui sont souvent décrits comme « tristes » et « regrettables » mais, soyons réalistes, inévitables et absolument nécessaires si nous devons accomplir notre mission, si juste.

Sous la doctrine du mal nécessaire il n’y a rien de fondamentalement mauvais avec l'incarceration à l’infini des milliers de personnes suspectées, mais pas inculpées, ni traduits en justice, ni condamnés de quelque crîme que ce soit, et ceci dans un réseau mondial de prisons secrètes, et même en les torturant – aussi longtemps que possible pour de nobles raisons et en accord avec les « normes » appropriés.

Considérez le parallélisme de ces deux passages, le premier issu du New York Times, et le second du site web d’une nouvelle campagne de marketing de l'industrie animale en Angleterre :

Bien que la CIA ait du faire face aux critiques sur l’utilisation de techniques sévères, un senior des Renseignements dit que les détenus n’ont pas été maltraités.

On leur a donné des soins dentaires et oculaires aussi bien qu'un Coran, des tapis pour la prière et des réveils pour programmer les prières, dit l’officier.

On leur a aussi donné de quoi lire, des DVD et l’accès aux équipements pour l’exercice.

Ce n’est pas du veau provenant d’un enclos surpeuplé et mal éclairé.

Ces animaux jouissent d’une vraie vie pleine d’espace et de lumière, dans des bâtiments convenables durant l’hiver et dehors au pâturage pour le reste de l’année ; une nourriture variée; et les soins d’une vache nourricière quand elle est disponible.

Oui, les pauvres veaux orphelins destinés au couteau du boucher vont maintenant être tendrement nourris par une « maman nourricière » avant que leur vie ne soit prématurément fauchée.

Et au cas où quelqu'un ressentirait mal la brièveté de l’existence du bébé de la vache, l’industrie serviablement pointe que « avec une durée de vie de six mois, ils vivent deux fois plus longtemps que le plus lent à grossir des poulets; ils ont la même durée de vie qu’un bon cochon bio et plus longtemps que beaucoup d’agneaux bios.

Ainsi ceux qui consomment la chair de ces veaux dorlotés sont en réalité des humanitaires résolvant un « problème du bien-être animal ».

En mangeant la progéniture mâle non désirée de la vache laitière, nous épargnerons à ces malchanceux nouveaux nés l’alternative moralement répugnante d’une vie plus courte et plus brutale dans un cageot.

On ne peut s’empêcher de rappeler une citation attribuée à un lieutenant de l’armée durant la guerre du Viêt Nam qui déclarait :

« Nous devions détruire le village pour le sauver ».

Selon un article dans la presse, neuf jours après le lancement de cette campagne du « Bon Veau », les ventes de veau dans une des chaînes de supermarchés anglais augmenteraient par 45 pour cent.

A noter que le site de la campagne indique l’approbation et le logo d’une grande et très respectée organisation de défense des animaux européenne dont le nom commence par le mot « compassion ».

Voila, un boycott long de dix jours neutralisé.

Pensez combien de gens travaillaient, et depuis combien de temps, à éduquer le public au sujet de pourquoi manger du veau devrait être tabou.

Précisément combien, spécialement étiqueté « bon veau », doit-on en avoir mangé avant que la distinction disparaisse, et est-il devenu bon de manger du veau ?

Une fois encore, les soucis fondamentaux de notre mouvement… astucieusement balayés.

L’Art de l’implacable compassion

Dans cette nouvelle ère, être un défenseur du végétalisme, encourager avec succès les autres à participer au boycott de l’exploitation animale, on doit faire tellement plus que d’exposer aux gens l’injustice de l’exploitation animale, de les aider à dépasser la force de leurs habitudes personnelles, de résister à la pression familiale et sociale, et de démasquer les outrageuses déceptions de l’industrie de la viande.

Maintenant, on doit aussi démentir l’évidente illusion de produit de viande heureuse et « humaine », approuvée, promue et dans certains cas même développée par un nombre d’organisations enthousiastes qui sont essentiellement le visage public de la défense des animaux.

Si l’abolition de l’exploitation est notre but ultime, comme c’est si souvent clamé, et si le véganisme est la plus puissante expression personnelle de l’opposition à l’exploitation animale, pourquoi bon dieu des organisations de défense animale contribueraient à rendre le travail des activistes végans et des éducateurs tellement plus dur  ?

Déjà, des employés de sanctuaires, des éducateurs, des activistes végans dans le premier rang à la guerre rapportent que les membres du public, quand ils sont confrontés avec la réalité de l’exploitation des animaux de ferme, montrent de plus en plus qu’ils exprimeront leur inquiétude pour les animaux de ferme, non pas en boycottant ou réduisant leur consommation de produit animalier, mais en achetant des produits animaliers étiquetés comme « humains ».

La chaîne de diététiques Whole Foods, ce n’est pas surprenant, est souvent mentionnée.

Les produits animaliers « humains » sembleraient être la presque parfaite antidote au conflit interne suscité par une conscience de la complicité dans l’exploitation des animaux. Mais tristement, en subsituant un mensonge malin pour une vérité sacrée, le label « humain » fait une moquerie d’une authentique prise de conscience.

Si nous quittons l’état d’esprit du complexe industriel du bien être animal et choisissons à la place de modeler notre approche selon les mouvements de justice sociale réussits du passé, il devient clair que notre devoir est de mèner des enquêtes sans relâche et de dévoiler l’exploitation par l'industrie; de sauver les animaux et de les offrir des sanctuaires ; d’éduquer le public à propos de qui sont les animaux et de pourquoi il est injuste de les utiliser et de les tuer ; et de créer et de promouvoir des idées, des produits, des valeurs sociales, des pratiques commerciales, des traditions, du travail artistique, du langage, de la philosophie et des lois qui sont entièrement non violents, et qui ne participent nullement à renforcer la légitimité de l’exploitation de quelque être que ce soit.

Une telle manière de travailler qui a résisté au passage du temps, en vue de changements pacifiques, est à la fois pratique et forte, et convient bien à la dignité de la cause que nous servons.

Elle parle du meilleur dans la nature humaine, et produit des vagues toujours plus grandes de changements.

Chaque personne qui nous rejoint représente un sursis pour un grand nombre d’animaux, ajoute au fond commun de créativité et de sagesse, et devient un gardien de plus d’une vision non contaminée par le pessimisme ou l’intérêt personnel.

Cela grandit naturellement notre mouvement sans en amoindrir la force ou la clarté de notre message, et gagner le respect de ce vaste nombre de gens qui veulent nous écouter et apprendre de nous mais qui ne sont pas encore prêts à rejoindre notre cause.

A eux – les gens qui luttent contre le doute ou pour une transition de style de vie - nous offrons respectueusement des opportunités d’apprendre plus tout en expérimentant la joie de notre culture non violente, aussi bien qu’un constant encouragement à réduire leur consommation de produits de souffrance.

Avec le temps, en transformant de plus en plus des vies individuelles, nous pouvons, et ferons transformer la société entière.

Suivant ce chemin, nous pouvons être confiant que chaque pas que nous faisons, grand ou petit, soit un pas dans la bonne direction, un pas vers la libération d’êtres sans nombre d’une vie d’exploitation et de souffrance.

Et soyez assuré, sous la pression montante d’un public indigné par la cruauté et l’injustice que notre travail dénonce impitoyablement, l’industrie de la viande n’aura d’autre choix que de répondre en « améliorant » ses pratiques.

Si l’histoire est un guide, dans beaucoup de cas leurs prétendues améliorations pour les animaux seront que les fabrications pour se mettre en valeur.

Mais parfois les changements pour lequels ils seront reponsables feront réellement diminuer les souffrances endurée par les animaux avant l’abattage, et bien sûr, nous pouvons tous être d'accord que ceci est une bonne chose.

Mais nous n’avons pas besoin d’être impliqué dans l'élaboration par l'industrie des détails des systèmes nouveaux et améliorés d’exploitation et nous n’avons certainement pas besoin de cautionner et d’engager la crédibilité de notre mouvement derrière les produits suspects qui en résultent.

Laissons l’industrie payer des gens comme Temple Grandin, soi-disant défenseur des animaux et architecte d'abattoirs, pour faire cela.

Et laissons de tels apologistes professionnels « s’attribuer la gloire de créer des méthodes les plus efficaces et les plus rentables « pour tuer avec compassion ».

N'oublions pas : il y a une raison pour laquelle les groupes de droit humain ne développent pas ou approuvent les méthodes « humaines » pour torturer et pour exécuter les prisonniers politiques, et pourquoi les défenseurs des droits des enfants ne collaborent pas avec l’industrie de la pornographie internationale pour développer des standards et des labels spéciaux pour des films qui font un usage « compassionnel » des adolescents en fuite.

Faire de telles choses est d'introduire une ambiguïté morale dans des situations où les frontières entre le bien et le mal ne doivent jamais être embrouillées.

Etre l’agent d’un tel embrouillement est de devenir complice soi-même de violence et d’abus.

Soyons clair.

Lorsque nous approuvons la consommation de n’importe quelle sorte de produit animal, nous n’encourageons pas seulement une acte que nous savons nous-mêmes être immoral – pas seulement troublant la ligne entre le bien et le mal – nous fermons aussi obstinément nos yeux à la contribution massive de l'élèvage de l’animal à la rechauffement de la planète, à la famine mondiale, aux maladies chroniques, à l’abus des ouvriers, à la désertification et à la pauvreté du tiers monde.

Ne soyons pas trop rapides à croire que les autres ne sont pas prêts à accepter la pleine force des vérités que nous tenons nous-mêmes pour évidentes.

Le monde a eu son plein de cynisme jusqu’à maintenant et il est prêt pour quelque chose de nouveau.

Partageons librement avec chacun la meilleure vérité que nous ayons, et faisons le avec le courage, l'altruisme et l'intégrité des idéalistes affichés qui nous ont précédés -- ceux dont les mots et les faits historiques ont redéfinis les limites du potentiel humain.

" Un principe est un principe, et en aucun cas peut-il être affaibli à cause de notre incapacité à le mettre en pratique. Nous devons nous efforcer de l’atteindre, et l’effort devra être conscient, délibéré et dur." Gandhi

James Laveck est cofondateur de l’organisation à but non lucratif Tribe of Heart.

Voir : www.tribeofheart.org

http://www.stop-abus-animal.com/bulletins/n54.htm

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