Chasse en Ariège : le préfet pro-chasse rappelé à l'ordre
L'affaire a débuté le 10 juin dernier par un arrêté préfectoral visant à définir l'exercice de la chasse en Ariège, pour la saison 2009-2010.
A l'inverse de la tendance actuelle, qui voit nombre d'arrêtés commencer à prendre en compte les spécificités locales, le préfet de l'Ariège n'avait pas jugé bon d'intégrer des mesures pour préserver les gallinacés sauvages que sont le grand tétras et le lagopède alpin, ainsi que l'ours.
Pour cette raison, le comité écologique ariégeois a attaqué cette décision au tribunal administratif de Toulouse, lequel a suspendu mi-septembre la chasse des deux gallinacés et demandé au représentant de l'Etat de définir des mesures de protection de l'ours dans le délai d'un mois, sans toutefois suspendre la possibilité de chasse en battue.
Cette injonction va imposer au préfet de recenser les espaces les plus susceptibles d'être fréquentés régulièrement par les ours, pour les soustraire des zones de battues.
Par ce biais, le risque de confrontation ours/chasseurs devrait se trouver considérablement réduit et permettre
d'éviter des accidents comme par le passé.
Pour les deux gallinacés précités, si le jugement sur le fond reste à venir, la chute de leurs effectifs avec une diminution d'au moins 30 %, entre 1995 et 2009, dans le Piémont central et dans la haute chaîne centrale des Pyrénées, dont relève l'Ariège, a été l'élément déterminant.
Même si la chasse n'est qu'un des problèmes auxquels doivent faire face ces espèces, leur survie locale étant menacée, la suspension de leur chasse apparaît légitime.
Si le comité écologique ariégeois peut se féliciter en soulignant qu' "enfin la situation de ces espèces est prise au sérieux. Le juge administratif a pris conscience de l'enjeu au contraire de la préfecture de l'Ariège et de la fédération départementale de la chasse"', les chasseurs locaux ont évidemment un sentiment inverse malgré les efforts de la préfecture.
En effet, le préfet, Jacques Billant, avait signé le 15 septembre un nouvel arrêté précisant les prélèvements maximaux par chasseur, pour le grand tétras, le lagopède alpin et la perdrix grise de montagne (un coq grand tétras, six lagopèdes alpins, vingt perdrix grises de montagne).
Suite à la décision de justice, ce nouvel arrêté n'aura été en fait qu'un ultime baroud d'honneur préfectoral, le représentant local de l'Etat prenant acte de la décision du juge et de sa confirmation apportée le 29 septembre.
De leur côté, les chasseurs ne l'entendent pas ainsi, considérant leur droit à chasser remis en cause, ils le feront savoir en manifestant samedi à Foix, avec l'appui des deux députés ariégeois (1) qui se sont empressés de leur apporter leur soutien.
Pascal Farcy
1- Frédérique Massat et Henri Nayrou, respectivement député PS de la première et seconde circonscription d'Ariège.
http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3928