Le capitaine Paul Watson promet la guerre à outrance contre les pêcheurs de thon en Méditerranée (Le Point)
Paul Watson, fondateur de Greenpeace, est considéré comme un héros par les uns, comme un pirate par les autres (lire notre article : Le pirate de l'Antarctique ).
Désormais à la tête de son organisation Sea Shepherd, ce Canadien est le seul qui ose défier la flotte baleinière japonaise en plein Antarctique.
En mai, il sera en Méditerranée avec son navire pour défier les thoniers senneurs.
Jeudi, le Captain Watson était de passage à Paris pour annoncer sa campagne.
Entouré de sa garde prétorienne de jeunes gens arborant la tête de mort des pirates sur leur tee-shirt noir, le justicier des mers est apparu plus remonté que jamais contre les fossoyeurs des océans.
Le grand chelem du Japon à la Cites lui a une fois de plus démontré que la seule façon de pouvoir faire mordre l'écume de mer à l'armada nippone, c'est de la défier en mer.
Son discours séduit de plus en plus les jeunes militants de la cause verte, écoeurés par l'incapacité des ONG institutionnelles comme WWF ou encore Greenpeace d'obtenir des résultats.
Comme les pêcheurs qui raflent les thons pour le compte des Japonais ne sont pas non plus des poules mouillées, il faut s'attendre à d'homériques batailles navales. *
Et ce ne sera pas du cinéma, même si le Captain Watson sera présent au Festival de Cannes pour la présentation d'un film consacré à la mer.
Le bouillonnant Captain Watson accorde une interview musclée au point.fr où il règle ses comptes avec la mer entière.
Tremblez bachibouzouk, le pirate Watson débarque en Méditerranée !
Lepoint.fr : Captain, comment s'est déroulé votre 6e campagne antarctique contre les baleiniers japonais ?
Captain Watson : C'est la plus réussie de toutes.
Face à nos attaques, les Japonais n'ont pu rapporter que la moitié de leur quota.
Nous leur avons occasionné ainsi 80 millions de dollars de perte.
Mais cette campagne a été la plus périlleuse, nous y avons perdu un bateau éperonné par un baleinier.
Une défaite en mer pour le Japon, mais une victoire totale à la Cites où il a réussi à éviter toute restriction de commerce sur le thon et les requins..
À mes yeux, la Cites a perdu toute crédibilité.
Je suis très déçu.
Les pays ont rejeté tous les critères scientifiques pour des critères économiques et politiques.
C'est pour cela que nous serons en Méditerranée en mai et juin pour empêcher la pêche illégale du thon rouge.
Nous ne resterons pas passifs devant le massacre de l'une des plus belles espèces marines.
Aujourd'hui, les hommes mangent les océans.
Si ceux-ci venaient à mourir, alors notre civilisation pourrait s'effondrer, comme celle de l'île de Pâques après la destruction de tous ses arbres par ses habitants.
Les pêcheurs industriels sont l'espèce la plus destructrice sur Terre.
Par cupidité !
Les autres ONG n'apprécient pas tellement vos méthodes plutôt... musclées.
On n'arrivera à rien en agitant des banderoles et en manifestant.
Si nous éperonnons les navires ennemis, nous n'avons jamais blessé personne.
Nous serons en Méditerranée pour énerver les pêcheurs, pour les faire réfléchir.
En octobre prochain, le Japon organisera une conférence internationale de la biodiversité pour clôturer l'année de la biodiversité, y irez-vous ?
Certainement pas et j'appelle le WWF et Greenpeace à la boycotter.
C'est comme si l'industrie de la viande accueillait une conférence végétarienne.
Le Japon ne recherche rien d'autre qu'une légitimité qu'il ne faut surtout pas lui donner.
Je dis aux ONG qu'il faut arrêter d'assister aux conférences et prétendre sauver la planète.
Il faut faire appliquer les lois qui existent déjà et ne pas perdre de temps dans des réunions.
Les gens y vont pour la bonne bouffe et faire la fête !
Il faut arrêter de parler.
Il faut agir !
Justement, comment comptez-vous le faire en Méditerranée ?
On a les noms des bateaux pratiquant une pêche illégale.
On connaît aussi les armateurs de ces navires grâce à des fonctionnaires frustrés de voir la loi non appliquée.
D'autres ONG nous aident aussi.
On ciblera ces senneurs.
Mais je ne peux pas vous en dire davantage.
Sinon que nous surveillerons spécialement les bateaux libyens, espagnols, français, turcs.
Et s'il le faut nous pénétrerons dans les eaux libyennes.
Cela ne sera pas une partie de plaisir.
Je le sais, mais nous sommes décidés à arrêter le massacre des thons.
Les politiques ont peur des pêcheurs, pas nous !
Interview réalisée par Frédéric Lewino