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L’Équateur voudrait voir l’avenir en vert

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Refuser d’exploiter les gisements de pétrole en Amazonie pour respecter l’environnement ?

C’est le choix de l’Équateur, qui souhaite instaurer en échange une compensation financière internationale.

Les Taromenani et Tagaeri, deux peuples volontairement isolés en Amazonie équatorienne sont sûrement loin d’imaginer qu’ils sont cités dans les journaux, et que l’on parle autant d’eux dans les sphères du pouvoir, en Équateur et dans le monde entier.

Ce qu’ils savent en revanche mieux que les journalistes et les hommes politiques, c’est qu’ils vivent dans un endroit unique au monde, le parc Yasuni.

L’une des réserves de biosphère de la planète, un paradis vert au cœur de l’Amazonie, à 300 kilomètres et 12 heures de pirogue de Quito, la capitale du pays.

On raconte que l’on trouve autant d’espèces d’arbres dans un seul hectare de cette partie de la jungle que dans toute l’Amérique du Nord.

1500 espèces d’arbres, 500 espèces d’oiseaux, 40% des mammifères de toute l’Amazonie…

Un véritable or vert qui dissimule une autre richesse, bien plus convoitée : l’or noir, le pétrole.

Près de 850 millions de barils reposent dans cette région que l’Unesco a classée « réserve mondiale de la biosphère » en 1989.

Une aubaine pour le plus petit des pays andins dont la moitié des revenus provient de l’exportation du brut.

Le pétrole du Yasuni, qui constitue 20% des réserves nationales de brut, pourrait rapporter près de 7 milliards de dollars au pays.

Pourtant le brut est toujours sous terre.

L’Equateur a dit non.

Non à l’exploitation, non aux bénéfices mais aussi non à la pollution et à la probable disparition de deux tribus isolées, les Taromenani et les Taegari ainsi que leurs voisins Waorani.

Provocations et démissions

Non, à une condition.

Une compensation financière, une participation mondiale, un effort des pays développés pour protéger un bien commun à l’humanité, l’Amazonie.

L’Equateur demande donc aux pays riches de verser de l’argent pour alimenter un fonds qui permettra aux Equatoriens de se passer de l’argent du pétrole.

Grâce à ce fonds, des projets d’éducation, de santé, de protection de l’environnement pourront être menés en Amazonie et dans tout le pays.

C’est le projet phare du gouvernement Correa , le projet « Yasuni ITT », un sigle pour le nom des trois forages d’exploration se trouvant dans la zone  : Ishpingo-Tambococha-Tiputini.

Ne restait qu’à transformer ces mots en action.

Le sommet de Copenhague, en décembre 2009 constitue une occasion en or pour mettre en avant les idées d’un petit pays sud-américain.

Les pays européens commencent à faire des promesses de contribution, le projet s’affiche peu à peu dans les médias.

C’est sans compter sur le goût du rebondissement du président équatorien.

Rafael Correa refuse que l’ONU mette les pieds dans son pays pour surveiller la mise en place du « Yasuni ITT ».

C’était pourtant la condition des pays donateurs.

Pour le président équatorien, ce serait une perte de souveraineté nationale.

L’équipe « Yasuni ITT » démissionne, en désaccord avec le président.

Février 2009.

Nouvelle équipe.

La protection du sous-sol amazonien est toujours au programme.

Pour Matthieu le Quang, chercheur en sciences sociales à l’Institut d’études politiques d’Aix en Provence, collaborateur de l’équipe Yasuni ITT, “il y a désormais plusieurs défis”.

A Quito, le nouveau « fideicomiso » qui définit les conditions d’application du projet vient d’être approuvé par le président.

Après l’accord du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), la feuille de route devrait être signée le 22 avril à Cochabamba en Bolivie à la Conférence Mondiale des peuples sur le changement climatique.

Tout un symbole…

Le projet devrait repartir de l’avant.

Des doutes subsistent, cependant.

En Equateur, un des anciens membres de l’équipe, Roque Sevilla a fait une sortie médiatique fracassante en annonçant que le gouvernement est en train de renoncer.

Correa voudrait exploiter le pétrole.

Il aurait accordé une licence d’exploitation à Petroecuador, l’entreprise pétrolière nationale, et serait en train d’adopter le plan B, c’est à dire l’exploitation des gisements du Yasuni.

Autre condition primordiale à la réussite du projet : les contributions financières des pays développés.

Car il y a peu de promesses concrètes pour le moment.

L’Allemagne serait prête à donner, la Belgique aussi.

L’Espagne et la France proposent, en revanche une annulation de la dette, ce qui, selon Matthieu le Quang, serait une fausse bonne idée.

Certains enfin, bien que défenseurs de l’environnement, jugent le projet insuffisant.

Le « Yasuni ITT » attire l’attention internationale sur une partie minoritaire de la forêt sans s’intéresser aux destructions déjà perpétrées par les compagnies déjà présentes dans la jungle.

Pour eux, ce projet n’est qu’un alibi, l’arbre qui cache les dégradations massives de la forêt amazonienne.

Julie Banos

http://www.americagora.com/lequateur-voudrait-voir-l%E2%80%99avenir-en-vert/1393

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