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Corrida : la France, refuge pour les aficionados catalans ? (Rue 89)

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Les députés de Catalogne vont se prononcer sur l'interdiction de la corrida.

Pro et anti-corridas français entrent dans le débat.

(De Madrid - Elodie Cuzin)

Pour les Espagnols amateurs de films érotiques, le paradis s'est longtemps trouvé en France.

Jusqu'à la mort de Franco, alors que la censure faisait rage en Espagne, les Catalans étaient particulièrement bien placés pour passer rapidement la frontière, parfois par cars entiers, et s'installer devant les grands écrans français.

Aujourd'hui, les amateurs de corrida s'inquiètent de voir bientôt un même exode passer les Pyrénées, mais cette fois à la recherche d'arènes.

Les députés catalans doivent en effet se prononcer mercredi sur la possible interdiction des corridas sur leur territoire, où seules les arènes de Barcelone sont encore en activité.

Un scrutin qui s'annonce serré après un débat animé et teinté de questions identitaires autant que de considérations sur la maltraitance des animaux. Pionnières, les îles Canaries ont ainsi interdit les corridas dès 1991, en créant bien moins de remous.

Des Français invités à débattre en Catalogne

Les défenseurs des droits des animaux craignant de voir le débat se déplacer vers la politique tout comme les aficionados cherchant à démontrer que Catalans et corridas font bon ménage ont donc rapidement fait entrer la France dans le débat, en sollicitant en chœur et avec appétit des opinions jugées plus « neutres ».

En France, on suit aussi le débat depuis des mois, en appréhendant ou anticipant avec joie, selon les convictions, l'impact que cette abolition pourrait avoir sur les arènes de l'Hexagone.

Le président du conseil général du département des Pyrénées-Orientales, Christian Bourquin, le maire d'Arles et président de l'Union des villes taurines de France, Hervé Schiavetti, ainsi que le professeur français de philosophie, Francis Wolff, tous pro-corrida, ont ainsi été convoqués en mars à Barcelone pour participer au débat parlementaire décisif avant le vote.

La Fédération des luttes pour l'abolition des corridas (Flac) a elle aussi fait irruption dans la controverse espagnole en dévoilant qu'une pétition envoyée par une centaine d'élus français aux députés catalans pour leur demander de préserver la tradition taurine, et très médiatisée en Espagne, comprenait en fait les « signatures » de trois élus décédés.

Les anti-corridas français prêts à « déboucher le Champagne »

Sa présidente, Isabel Marcoux, a été invitée par l'organisation catalane Prou, qui a forcé le débat au parlement catalan en rassemblant plus de 180 000 signatures, à assister en personne au vote fatidique, mercredi.

« Pour nous c'est un test », explique Thierry Hély, chargé de communication de la Flac. A la veille de la session plénière, il affirme être « très confiant sur l'issue du vote » :

« On garde le champagne au frais. C'est un événement historique qui se prépare, le commencement de la fin, tout doucement. Après cinquante ans de mépris, nous sommes enfin proches d'une première victoire notable et concrète. »

Inquiétude chez les aficionados français

L'heure est moins à la fête chez Bernard Raviglione, vice-président de l'association des aficionados de la ville de Céret (Adac), dans les Pyrénées-Orientales, non loin de la frontière espagnole. Même s'il ne pense pas que le futur de la corrida dans le reste de l'Espagne est en péril, il admet son « impatience » teintée d'« inquiétude » avant le résultat du vote.

« Une part non négligeable du public dans nos arènes vient de Catalogne du Sud. La corrida, c'est aussi leur culture et ce n'est pas anodin qu'on les en prive. »

Il admettant son désarroi devant un débat qui « a pris de telles proportions en Catalogne ».

L'Adac se garde d'ordinaire de se mêler de politique mais la tournure des événements chez ses voisins lui fait soupçonner que « la défense des animaux n'est ici qu'un prétexte » derrière des batailles politiques.

Nicolas Sarkozy à la rescousse de la corrida ?

Tous deux concordent en tout cas lorsqu'ils prévoient qu'un vote positif à Barcelone pourrait aider les deux députées françaises, Geneviève Gaillard (PS) et Muriel Marland-Militello (UMP), qui tentent de faire interdire la corrida dans le Sud de la France, où elle est encore tolérée en vertu d'une « tradition locale ininterrompue ».

Réputé grand amateur de corridas en Espagne, Nicolas Sarkozy apparaît également dans le débat espagnol.

Un matador catalan aujourd'hui âgé de 75 ans, Joaquín Bernadó, a ainsi déclaré peu avant le vote au quotidien El Mundo qu'il manquait en Espagne « le courage qui existe en France » chez les taurins :

« On y a remis en cause la “fiesta” il y a quelques années mais son Président a défendu ce spectacle. Pourquoi personne n'ose le faire ici ? »

http://www.rue89.com/ibere-espace/2010/07/27/abolition-de-la-corrida-en-catalogne-la-france-sen-mele-160164

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