A propos de l'abattage rituel et de l'abattage des animaux en général
La question de l'abattage rituel soulève deux problèmes de taille :
1) un problème d'ordre éthique : le meurtre des animaux dans les abattoirs, qu'il soit rituel ou non.
Ne tombons pas dans le piège de croire que les animaux abattus "non rituellement" ne sont pas torturés, et ne jetons pas (je parle ici de la majorité des gens qui ne sont pas végans) le haro sur l'abattage rituel pour se sentir moralement autorisés et blanchis à continuer de consommer des produits animaux sous prétexte que lesdits animaux ont été abattus "non rituellement".
Car c'est bien ce qui se passe : j'en veux pour preuve la discussion soutenue que j'ai depuis quelques jours avec certaines dames de la "protection animale", non véganes ni même végétariennes, qui clament leur horreur de l'abattage rituel pour mieux se persuader qu'elles ne font rien de mal, elles, en consommant du non halal/casher (ce qui n'est même pas vrai dans les faits, vu que de plus en plus d'animaux sont tués rituellement sans que le consommateur le sache).
2) un problème d'ordre social et civilisationnel : nous ne devons pas tolérer l'abattage rituel dans des sociétés qui ont pris le parti des Lumières et du rejet des religions dogmatiques.
C'est bien la peine de bouffer du curé à longueur de temps si c'est pour in fine bénir les imams (et les rabbins) sous prétexte qu'ils sont "autres" que nous (et donc forcément mieux).
En fait, on est en train de régresser en tolérant le retour des rites les plus sanglants (que le Coran ne prescrit même pas).
Cela démontre que nous signons notre arrêt de mort en un étrange masochisme que personne ou presque ne semble remarquer, encore moins analyser - ce qui pourtant serait passionnant.
Conclusion : nous devons lutter contre l'abattage rituel, mais également contre toutes les formes d'abattage et d'exploitation des animaux quelles qu'elles soient, et ce partout dans le monde.
Pour cela, une seule voie : celle du véganisme.
M. P.
Commentaires
Bonjour et merci pour votre commentaire.
Non, ce n'est pas utopique : si chaque personne prétendant se soucier réellement des animaux non humains devenait végane, autrement dit cohérente avec ses idées et supprimant de son mode de vie tout produit d'origine animale, le mouvement pour l'abolition de l'exploitation animale prendrait de l'ampleur et nous commencerions à aller dans la bonne direction.
Hélas, le milieu de la "protection animale" est saturé de gens continuant à manger viande, produits laitiers, oeufs, etc., ce qui est honteux et désolant. Imagine-t-on un humanitaire consommer ceux qu'il prétend défendre ?...
Bref, le problème est d'abord interne au "mouvement" - qui n'en est, à mon sens, toujours pas un.
C'est vraiment très triste que l'islamophobie s'insinue jusque dans le mouvement vegan abolitionniste.
http://fr.abolitionistapproach.com/2010/09/19/une-occasion-manquee/
Bonjour,
De mon côté, je trouve triste que l'on ne voie pas qu'une religion n'est qu'une idée.
Pour moi, critiquer une religion, et ce quelle qu'elle soit, est un droit et ressortit à la liberté de parole.
La religion, comme la culture, ne sont que des idées, pas des personnes. Par conséquent, il est bon de critiquer des idées quand elles participent, par exemple, à l'aliénation des animaux, des femmes, etc.
Diriez-vous que le "christianophobie" est regrettable, lorsqu'elle remet en question certains dogmes problématiques ?
Diriez-vous que les féministes arabes qui se battent pour le féminisme et contre l'islam commettent une faute morale ?... Diriez-vous que ces femmes, Chahdrott Djavan, Taslima Nasreen, etc., commettent une faute morale parce qu'elles combattent cette idée qu'est l'islam ?
C'est un point que je discuterai avec Gary Francione à l'occasion.
Je vous invite par ailleurs à écouter Abdelwahab Meddeb ici : http://perseides.hautetfort.com/archive/2009/11/27/abdelwahab-meddeb-bravo-et-merci.html
L'évolution d'une religion (d'une pensée autrement dit) évolue d'abord à travers sa propre remise en cause.