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Egalité des sexes : l'exécutif mise sur l'éducation (Gaëlle Dupont, Le Monde)

Premier conseil des ministres du gouvernement de François hollande à l'Élysée le jeudi 17 mai 2012.

Pour la première fois depuis douze ans, le premier ministre réunit, vendredi 30 novembre, un comité interministériel sur les droits des femmes. Chaque ministre livrera sa feuille de route pour favoriser l'égalité entre les sexes. Le symbole est fort. Mais ce sera aussi l'occasion, pour le gouvernement, de montrer qu'il n'agit pas seulement sur les symboles.

En la matière, les promesses de François Hollande ont été tenues. Le gouvernement est paritaire, et il compte une ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, qui plus est porte-parole du gouvernement. Depuis l'élection, le remboursement à 100 % de l'interruption volontaire de grossesse et la gratuité de la contraception pour les mineures ont été décidés. Mais la gauche a créé une attente forte en matière de droits des femmes. "Maintenant, on veut des résultats tangibles", résume Olga Trostiansky, qui dirige le laboratoire de l'égalité, un groupe de réflexion sur l'égalité professionnelle.

25 % D'ÉCART DE SALAIRES

Les inégalités persistent. Les chiffres sont connus : environ 25 % d'écart de salaires, et des retraites deux fois moindres pour les femmes  ; 39 % des cadres seulement sont des femmes, alors qu'elles occupent 62 % de l'emploi non qualifié. Elles consacrent quatre heures par jour aux tâches ménagères, contre deux pour les hommes. Elles sont aussi davantage victimes de violences. Une récente étude l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales a montré que près de 2% des femmes avaient subi, au cours des deux ans, des violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint et ex-conjoint.

François Hollande a lui-même annoncé, le 25 novembre, lors de la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, qu'un projet de loi sur les droits des femmes sera déposé au premier semestre 2013. Najat Vallaud-Belkacem fait l'analyse que la lutte contre les inégalités passe désormais par un changement de mentalités. Ce sont les stéréotypes, affirme-t-elle, qui enferment dans des rôles, et aboutissent à ce que les femmes soient victimes de violences, à ce qu'elles se dirigent vers des filières moins bien rémunérées que les hommes, ou à ce qu'elles assument l'essentiel des tâches ménagères.

LUTTER "CONTRE LA DIFFUSION DE STÉRÉOTYPES SEXISTES ET D'IMAGES DÉGRADANTES"

Ce n'est pas le sujet le plus facile à traiter par la loi. Un volet du plan consiste à faire appliquer les textes antérieurs sur l'égalité salariale, notamment l'obligation pour les entreprises de la faire respecter sous peine de pénalités. Le gouvernement pousse également la logique de la parité, qui sera appliquée dans les instances universitaires, et entend renforcer la place des femmes dans les conseils d'administration et les conseils de surveillance des établissements publics.

Mais il mise surtout sur la formation, un levier capital selon tous les spécialistes du sujet. Formation des personnels de l'éducation nationale et des enfants, avec un "ABCD de l'égalité" qui sera d'abord expérimenté dans cinq académies. Formation aussi des professionnels amenés à recevoir des victimes de violences (gendarmes, policiers, magistrats, médecins, travailleurs sociaux…).

Dans le monde de la culture et des médias, le plan mise sur la sensibilisation. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel devra veiller "à la promotion de l'image de la femme et à la lutte contre la diffusion de stéréotypes sexistes et d'images dégradantes". France Télévisions est appelé à assurer une meilleure représentation des expertes sur les plateaux et à diffuser du sport féminin. Même démarche sur la publicité : l'autorité de régulation devra agir de son propre chef, même si le ministère ne s'interdit pas de la saisir si un spot conforte des "stéréotypes éculés", affirme Najat Vallaud-Belkacem.

Cet appel aux bonnes volontés suffira-t-il, sur un sujet où les lois sur les quotas assortis de pénalités financières peinent à être appliquées? Autre limite du plan, des mesures structurantes sont encore en négociation entre les partenaires sociaux. La fixation d'un horaire minimal pour le temps partiel, qui touche surtout les femmes, la lutte contre les journées émiettées impossibles à concilier avec la présence d'enfants font l'objet de discussions lancées lors de la conférence sociale de juillet, qui aboutiront en mars 2013.

Egalement en négociation, la réforme du congé parental, aujourd'hui jugé trop long et facteur d'éloignement du marché du travail. Il est quasi exclusivement pris par les femmes. Le gouvernement souhaite qu'il soit plus court (il dure aujourd'hui trois ans), mieux rémunéré, et qu'une partie du congé soit prise par les pères, faute de quoi elle serait perdue.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/11/30/egalite-des-sexes-l-executif-mise-sur-l-education_1798353_3224.html

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