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La triste odeur humaine

"Ce fut l’affaire de quarante-huit heures, et d’une date fatidique : ils sont partis.

Ils ont fondu comme rosée d’aube, ceux qui étaient venus dans le Midi chercher le plaisir, et le trouver par des moyens mortificatoires. […]

Dans le calme, revenu si soudain qu’il nous laisse, comme après une déflagration, l’ouïe bourdonnante, nous nous remémorons l’invasion. […]

Mais les forêts domaniales gardent les déshonorantes traces humaines.

Dix mille, ils sont venus plus de dix mille, ceux qui ne veulent qu’un toit de toile, et se prétendent d’humeur solitaire.

Où l’auraient-ils trouvée, la solitude ?

Ils ne la cherchaient même pas.

Une berge de route, un bosquet, une haie : ils s’asseyaient, dépliaient la petite tente bonnet de police, dressaient le réchaud et cassaient deux œufs sur le bord du poêlon où fumait l’huile.

Ils régnaient, peu après, sur une litière de papiers gras, de boîtes de conserves, de pochettes à cigarettes vides, et certaine puanteur – que Georges Duhamel nomme « la triste odeur humaine » - triomphait le soir des résines aromatiques."

Colette, Belles saisons

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