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La citation du jour : J. M. Coetzee

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"Laissez-moi le dire franchement : nous sommes au centre d'une entreprise de dégradation, de cruauté et de meurtre qui rivalise avec tout ce dont le Troisième Reich fut capable, et qui de fait le rend petit, en ce que notre entreprise est sans fin, auto-génératrice, mettant sans relâche au monde des lapins, des rats, des volailles, du bétail dans le but de les tuer.

 

Et couper les cheveux en quatre, en affirmant qu'il n'est pas de comparaison possible, que Treblinka était une entreprise pour ainsi dire métaphysique vouée à la mort et à l'annihilation alors que l'industrie de la viande est en fin de compte vouée à la vie (une fois que ses victimes sont mortes, après tout, elle ne les brûle pas pour les enterrer mais au contraire les découpe, les réfrigère et les emballe pour qu'elles puissent être consommées dans le confort de nos foyers), voilà qui est d'aussi piètre consolation à ces victimes qu'il l'aurait été – excusez le manque de goût de ce qui suit – de demander aux morts de Treblinka d'excuser leurs assassins parce qu'on avait besoin de la graisse de leurs corps pour fabriquer du savon et de leurs cheveux pour rembourrer des matelas."

 

John Maxwell Coetzee, Nobel de littérature 2003

The Lives of Animals (1999)

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