On apprend dans le flot d'informations qui se déverse en continu depuis dimanche dans les médias français qu'une femme s'est fait violenter, jeter à terre et arracher son soutien-gorge par un homme politique connu, mais qu'elle n'a pourtant pas porté plainte.
Elle aurait subi des pressions, sa carrière professionnelle s'en serait trouvée freinée.
Ca ne semble choquer personne.
Au contraire, tout le monde connaît cette histoire.
On se gausse et on se pousse du coude dans les dîners en ville télévisés, en riant grassement de la narration des exploits de l'impétrant, dont les frasques sont si drôles.
Par ailleurs, les journalistes ont toutes une anecdote personnelle salace à se raconter entre elles sur le même sujet.
Mais rien ne filtre, c'est l'omerta.
Pas de plainte.
Affaire privée.
Aux États-Unis, pays certes puritain, on ne rigole pas avec ça.
Pas plus qu'avec les limitations de vitesse ou les files d'attente.
Alors le jour où une petite femme de chambre du Bronx, employée modèle du Sofitel, porte plainte contre le même homme politique connu pour violence sexuelle, la police intervient et la sanction tombe illico.
Et comment réagit-on en France ?
Chacun se déclare abasourdi par ce fait divers sordide et choqué par l'extrême violence des images montrées sur les chaines d'information.
Celle du désarroi et de la détresse de la victime qui, si les faits sont avérés, restera marquée à vie par cette agression ?
Non, celle de la comparution du présumé innocent devant le juge, dont la dignité d'homme est bafouée par les caméras de télévision et la justice américaine.
On crie au complot.
Cela ne peut qu'être une machination, voyons !
Devant la révélation des faits, deux femmes, Michèle Sabban et Christine Boutin, qui exercent toutes deux des responsabilités publiques, dénoncent un attentat politique, voire, un piège.
N'est ce pas un peu lourd pour les frêles épaules de cette jeune femme qui n'arrache à personne un mot de compassion ?
Cette petite femme de ménage aurait-elle du sécher ses larmes et se taire pour s'épargner, elle aussi, un calvaire médiatique ?
Devait-elle réfléchir aux conséquences planétaires avant de porter plainte ?
Peut on vraiment croire qu'elle serait l'instrument d'une terrible manipulation que seuls des méchants américains ont pu imaginer ?
Quel délire !
On est simplement en Amérique, et la victime a composé le 911.