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Contre-culture - Page 4

  • "Le triomphe de l’obscène, le mépris des victimes et la défaite du mouvement" (Vegmag)

    http://static.blogstorage.hi-pi.com/photos/ninamyers.blogspace.fr/images/gd/1259469322/La-betise-humaine-citations.jpg

    La nouvelle est tombée, sans surprise : la célèbre organisation de défense animale PETA, connue pour le sexisme de ses campagnes, va ouvrir son propre site pornographique, peta.xxx.

    Sans ironie aucune, on peut dire que la boucle est bouclée : tout tendait vers ce but, des campagnes « I’d rather go naked than wear fur  » et « Vegetarians have better sex » aux innombrables manifestations de rue en tenue légère organisées par l’association dans le monde entier.

    Sur peta.xxx, des scènes pornographiques alterneront avec des images de torture animale : la chair des unes, la chair des autres, consommées à toutes les sauces du voyeurisme.

    Des « stars du porno » ont d’ores et déjà annoncé leur participation - hautement rémunérée, cela va sans dire.

    Le mélange promet d’être explosif, les recettes juteuses, et il faudra s’attendre, si ce genre d’initiative se banalise (et il semble bien que tel soit le cas) à une recrudescence notable des actes de zoophilie et de torture à caractère sexuel sur ceux-là mêmes dont on prétend défendre les droits.

    « Nous vivons dans un monde hyper-connecté et nous sommes bien conscients que c’est en se démarquant qu’on a le plus de chances de sensibiliser de nouvelles personnes à notre cause. »

    Ces propos, qui émanent de Lindsay Rajt, la porte-parole de PETA, laissent pantois : la pornographie étant devenue la chose la plus banale du monde, comment peut-on prétendre qu’elle sert à se « démarquer » ?

    Est-ce, de la part de Mme Rajt, de la candeur, du cynisme, de la simplicité, ou les trois à la fois ?

    PETA affirme viser à l’efficacité : la pornographie est le plus sûr moyen de toucher un très large public, et de sensibiliser ainsi le maximum de gens au sort des animaux.

    Mais outre la naïveté presque touchante d’une telle croyance (depuis quand les amateurs de pornographie viennent-ils sur un site pornographique pour autre chose que du sexe ?), on se demande si cette naïveté ne sert pas en fait d’aimable camouflage à des mobiles beaucoup moins avouables : un terrible appât du gain et une inversion des valeurs qui révèle bien plus que de l’hypocrisie, presque une volonté de sape.

    Dans un tel contexte en effet, l’être nonhumain apparaît comme une victime de si peu d’importance qu’on la donne en pâture aux pervers et qu’on ridiculise le mouvement pour la défense de ses droits en faisant intervenir sur le devant de la scène, non pas des militants inspirés et dignes, mais des femmes-esclaves afin d’attirer le gogo, le machiste lambda, le beauf majeur, qui se contrefichent du sort des animaux.

    On imagine aisément ce qu’aurait été, par exemple, l’issue du mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis si Martin Luther King, au lieu d’entraîner à sa suite des militants sérieux et déterminés, porteurs de valeurs fortes et guidés par leurs seuls idéaux de justice, avait organisé, en vue de ratisser large, des marches de femmes noires en tenue d’Eve.

    L’issue en aurait été nulle.

    Pis : le mouvement pour les droits civiques aurait été complètement discrédité, Martin Luther King et ses partisans seraient passés pour des guignols et le message aurait été envoyé aux hommes blancs selon lequel les femmes noires étaient bien les objets sexuels qu’ils croyaient.

    La politique de ségrégation aurait perduré, se serait intensifiée et les Noirs seraient aujourd’hui encore considérés comme des citoyens de troisième ordre.

    Le propre du carnaval n’est pas de changer le monde, mais de divertir. Le divertissement, le festif : tels sont, comme par hasard, les maîtres-mots de l’époque.

    Or, défendre les intérêts des victimes, ce n’est pas faire le carnaval.

    Ce n’est pas faire la fête.

    Ce n’est pas faire n’importe quoi.

    Ce n’est pas flatter le voyeurisme des foules, ce n’est pas décrédibiliser la cause et les victimes.

    Ce n’est pas faire appel au star-system si prompt à retourner sa veste et embrasser toutes les causes, même contraires, pour autant qu’elles lui font de la publicité.

    Bref, ce n’est pas ridiculiser tout un mouvement.

    Lorsqu’un humanitaire lutte contre la famine en Afrique, il ne va pas manifester nu dans la rue, ni fonder un site X où défileront des séquences pornographiques entrecoupées d’images d’Ethiopiens mourant d’inanition.

    Cela serait considéré comme parfaitement obscène, insultant pour les victimes et totalement contre-productif.

    Pourquoi les animalistes se permettent-ils de ridiculiser ainsi leur propre cause, sinon parce qu’ils ne respectent pas la personne animale, quoi qu’ils en disent ?

    D’ailleurs (et ceci explique probablement cela), le pourcentage de militants végans est incroyablement faible au sein du mouvement, ce qui prouve bien que les autres, autrement dit la majorité, ne prennent pas les animaux au sérieux, et que le mouvement est encore à l’état embryonnaire.

    PETA et d’autres associations du même acabit (1) surfent allégrement sur la vague de vulgarité qui déferle sur notre époque et qu’elle caractérise.

    Tous les moyens sont bons, plaident ces associations, pour sensibiliser le public à la cause animale.

    Or, non, tous les moyens ne sont pas bons, et la fin ne les justifie pas tous.

    Aussi bien, le public reste parfaitement insensible au message qu’on prétend lui transmettre.

    Et d’ailleurs, quelle est la fin réellement poursuivie ici ?

    Certainement pas celle de l’exploitation animale.

    Les animaux, de cette débauche de médiocrité, sortent vaincus, et la cause discréditée.

    PETA, et toutes les organisations qui l’imitent (elles sont nombreuses à embrayer sur ce terrain, la dernière en date étant GAIA et le lancement le 9 septembre prochain de la « journée sans slip » pour protester contre la castration à vif des porcelets), ont réussi à faire passer les militants des droits des animaux pour des clowns et des débiles, incapables de comprendre qu’on ne lutte pas contre une discrimination en en exploitant une autre.

    « J’ai essayé de rendre clair que c’est mal d’utiliser des moyens immoraux pour atteindre une juste fin. » (2)

    « Aucun homme moral ne peut patiemment se conformer à l’injustice. » (3)

    Telles sont les paroles de Martin Luther King, dont nos animalistes autoproclamés feraient bien de s’inspirer.

    A leur absence de radicalité éthique, manifeste dans leur politique d’orientation welfariste et les divers partenariats marketing qu’ils forment avec les exploiteurs des animaux, s’ajoute la promotion du sexisme.

    Ce triomphe de l’obscène signe la défaite du mouvement.

    Un mouvement pour les droits des animaux ne peut faire l’apologie du sexisme ou du consumérisme sexuel.

    Il ne peut dénoncer l’animal-objet et son exploitation s’il promeut parallèlement la femme-objet et son exploitation.

    Il ne peut espérer faire évoluer l’être humain s’il flatte en lui ce qu’il doit précisément combattre.

    Il ne peut prétendre élever s’il s’abaisse lui-même.

    Le sexisme est l’un des maux endémiques dont souffre l’humanité, et il est navrant de constater qu’il est utilisé comme ressort quasi systématique de l’antispécisme.

    C’est là non seulement la marque d’un illogisme tragique, mais aussi d’une navrante stupidité.

    Nous vivons une époque où la vulgarité trône partout.

    Les médias nous en abreuvent, le juteux marché de la dépendance à la pornographie s’est organisé et bien sûr, les foules s’y sont jetées, là comme ailleurs, sans aucun esprit de résistance, sans aucune conscience d’être dupées : bien au contraire, chacun ne s’est jamais autant senti libre, au point de le marteler à chaque seconde, tout en l’étant de moins en moins.

    Il ne faudra pas, pour excuser notre passivité, invoquer plus tard la fatalité, la rapacité capitaliste ou l’influence pernicieuse d’un pouvoir qui nous manipule, mais bien notre seul abandon de nous-mêmes, la défaite de notre pensée et la cession de notre responsabilité.

    Martin Luther King – encore lui - affirmait que l’égalité raciale viendrait moins de la promulgation des lois défendant la personne que de la manière dont cette personne s’envisageait elle-même.

    Aussi nous prêterons-nous pour finir à un jeu permutatoire éloquent, en remplaçant, dans l’extrait qui suit, le mot « Noir » par le mot « femme » :

    Aussi longtemps que l’esprit est mis en esclavage, le corps ne peut jamais être libre.

    La liberté psychologique, un ferme sens d’estime de soi, est l’arme la plus puissante contre la longue nuit de l’esclavage physique. […]

    La femme sera libre quand elle atteindra les profondeurs de son être et qu’elle signera avec le stylo et l’encre de son humanité affirmée sa propre déclaration d’émancipation.

    Et avec un esprit tendu vers la vraie estime de soi, la femme doit rejeter fièrement les menottes de l’auto-abnégation et dire à elle-même et au monde :

    « Je suis quelqu’un. Je suis une personne. Je suis une femme avec dignité et honneur. J’ai une histoire riche et noble. » (4)

    Des esclaves ne sauraient libérer d’autres esclaves, et leurs exploiteurs encore moins.

    Méryl Pinque

    Vegan.fr

    Notes :

    (1) Il y a quelques mois, la SPA italienne embauchait l’acteur pornographique Rocco Siffredi, connu pour l’extrême violence misogyne de ses prestations, dans le cadre d’une campagne publicitaire contre l’abandon. En 2009, une strip-teaseuse se faisait étriper dans une vidéo de l’association hollandaise Wakker Dier (voir http://www.lepost.fr/article/2009/0…).

    (2) Letter from a Birmingham Jail, 1963.

    (3) Martin Luther King, The Autobiography of Martin Luther King, Jr., New York, Warner Books, 1998 (chap. 2).

    (4) Where Do We Go from Here ? Discours au SCLC (Southern Christian Leadership Conference), 16 août 1967.

    Mots-clés :  PETA porno sexisme animaliste

    http://www.vegmag.fr/005-actus/043-paroles-veganes/752-le-triomphe-de-l-obscene-le-mepris.html

  • "De la cohérence" (Vegmag)

    Harmonie innéfable

    http://www.vegmag.fr/005-actus/043-paroles-veganes/661-paroles-veganes-de-la-coherence.html

     De la cohérence

    Un synonyme du mot cohérence est harmonie.

    Un de ses antonymes est confusion.

    Entre la confusion et l’harmonie, notre choix devrait être fait, surtout lorsqu’il s’agit du bien de ces animaux que nous affirmons défendre.

    Souvent pourtant l’on prétend que la cohérence en ce domaine est impossible, que le monde étant régi par une exploitation animale omniprésente, nul ne serait, en pratique, en mesure d’être cohérent absolument.

    Mais c’est méconnaître une des règles morales fondamentales, à savoir que si la perfection n’existe pas, en revanche chacun se doit d’y tendre.

    Miguel d’Unamuno disait à propos de Dieu :

    « Croire en Dieu, c’est désirer qu’il existe, et c’est, en outre, se conduire comme s’il existait. »

    Il voulait dire par là que ce n’est pas tant le fait que Dieu existe ou non qui importe, mais le fait que nous nous conduisions comme si tel était le cas, et, pourquoi pas, en « accoucher » ainsi pour de bon.

    Cela vaut pour le sujet qui nous occupe.

    Peu importe qu’il soit possible ou non, dans le monde tel qu’il est, d’être absolument végan (peut-être ne le pouvons-nous pas en effet) : l’essentiel est de nous efforcer de tendre vers cet absolu par tous les moyens et autant qu’il est possible, par respect des non-humains dont nous prétendons prendre en compte les intérêts, et faire advenir, de cette façon, un monde libéré de l’exploitation animale.

    Le fait de tendre vers cet absolu respect par tous les moyens et autant qu’il est possible, c’est précisément la cohérence.

    Et la cohérence exige deux qualités cardinales : la volonté et l’humilité.

    La volonté est ce qui nous fait le plus défaut.

    Souvent nous sommes régis par des forces qui ne sont pas nôtres, tout en croyant le contraire.

    Nous sommes influençables, que ce soit par d’autres humains, la publicité, la mode ou nos faiblesses particulières qui nous empêchent d’être authentiquement libres.

    Nous nous croyons libres mais il est rare que nous le soyons, car nous pensons peu par nous-mêmes.

    Or la liberté n’est rien sans la volonté.

    Est libre celui qui conquiert, par le vouloir, son affranchissement.

    Il devient alors cet individu unique en ce qu’il est porteur de ses propres valeurs.

    L’homme volontaire est donc celui de la conscience.

    La conscience d’un humain se préoccupant moralement des autres humains lui interdit de nuire à ces derniers.

    Un humanitaire possédant la conscience de sa mission respecte l’engagement moral qui est le sien, celui de venir en aide à ses semblables.

    Un humanitaire qui déroge à sa mission n’en est plus un (ainsi de celui qui, par exemple, sera reconnu coupable d’attouchements sexuels sur des enfants qu’il devait au départ protéger).

    Il en va de même de l’animaliste.

    L’animaliste, s’il veut mériter ce nom, doit respecter son propre engagement moral, qui est de ne rien faire qui puisse nuire aux animaux.

    Un animaliste se doit donc d’être végan, à moins de reconnaître qu’il n’en est pas un dans le sens où sa volonté n’est pas assez forte pour vaincre son désir de consommer, par exemple, des œufs et du fromage alors qu’il sait que la production d’œufs et de produits laitiers, fussent-ils bios, condamne des animaux à la torture et à la mort, soit tout ce contre quoi il déclare s’opposer.

    C’est ici que l’humilité entre en jeu.

    Consentir à reconnaître son manque de volonté, et donc de conscience, suppose un pas fondamental dans la bonne direction.

    La plupart des végans sont d’anciens omnivores ou végétariens qui ont eu l’humilité de remettre en cause leur mode de vie dans le sens d’une plus grande cohérence avec leurs idéaux.

    L’éthique végane abolitionniste ne prétend pas faire preuve d’autre chose que de cohérence, c’est-à-dire d’harmonie avec les principes intangibles que tout animaliste se doit de posséder, mais aussi d’harmonie dans le monde.

    Méryl Pinque

    http://www.vegmag.fr/005-actus/043-paroles-veganes/661-paroles-veganes-de-la-coherence.html?var_mode=

  • Fukushima et le reste

    http://www.franceastro.com/Actualites/admin/uploads/actus/Fin_du_monde___la_prophetie_des_Hopi_.jpg

    Nous y sommes
    Par Fred Vargas
     
    Nous y voilà, nous y sommes.

    Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes.

    Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal.

    Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance, nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides àl'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout du monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés.

    On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s'est marrés.

    Franchement on a bien profité.

    Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.

    Certes.

    Mais nous y sommes.

    A la Troisième Révolution.

    Qui a ceci de très différent des deux premières ( la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie.

    « On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.

    Oui.

    On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse).

    Sauvez-moi ou crevez avec moi
     
    Évidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux. D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.

    Peine perdue.

    Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.

    Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille - récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés).

    S'efforcer.

    Réfléchir, même.

    Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.

    Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.

    Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.

    Pas d'échappatoire, allons-y.

    Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.

    A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être.

    A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.

    A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.
     
    Fred Vargas
    Archéologue et écrivain

  • Les Inrocks : à quand le tournant vegan ?

    Inrocks.jpg

  • Les couteaux, les cages, les gourdins, les cadeaux

    http://voeux.villeronce.com/r/p/champagne-bouchon.jpg

     

    Pour être de la famille, il faut organiser... la communion dans le sang !

    Nous tous les animaux avons le don magique de sentir que nous existons.

    Les cailloux et les trains, les tubercules et les fruits, ne savent rien de la douceur de l'air et de la caresse de l'eau,
    ni n'éprouvent l'émotion de se frotter les uns aux autres.

    Mais pour nous, les animaux, la vie peut être belle.

    Ce sera bientôt notre fête ?

    Les guirlandes sont prêtes, et
    Bientôt on goûtera plus fort qu'à l'habitude la joie d'être réunis.
    Bientôt pleuvront les coups plus forts qu'à l'habitude.
    Et les « paix sur la terre » et les « voeux de bonheur » vogueront
    tranquillement sur une mer de sang plus large qu'à l'habitude.
    Beaucoup des animaux iront au grand festin : les vivants autour de la table et les morts posés au milieu.

    Car le monde, dit-on, est fait de deux moitiés, l'une née pour régner et l'autre pour périr.
    Joyeux Noël, pour qui ?


    Il y aura des sapins, des gentils Pères Noëls, des crèches avec un boeuf et un petit enfant.
    Le boeuf ne humera ni sapins ni paille.
    Il aura le souffle rauque de la bête qui s'affale ; la vie s'échappera par sa gorge tranchée ;
    ensuite les Pères Noël partageront sa dépouille avec les petits enfants.
    Pour qui, la bonne année ?


    Bientôt la Saint Sylvestre, la nuit des bons vivants aux ventres de cimetière.
    Porcelets qu'on ampute de la queue et des dents, veaux traînés à genoux vers le dernier voyage, vous tous les mutilés
    les emprisonnés, les asphyxiés, les gavés, les électrocutés,
    les éventrés, à quoi bon vous débattre ?


    Les bons vivants à la voix mélodieuse couvrent déjà vos cris.
    Ils parlent de terroir et de nappes à carreaux, chantent les bonnes mains calleuses (qui tiennent les tenailles, les embucs, les filets),
    et le talent immense d'exciter les papilles en cuisinant des morts.
    Ou tu parles comme eux ou tu es un peine-à-jouir.


    Pour être de la famille, il faut organiser...
    ... la communion dans le sang !


    Noël ou Nouvel an sans dinde, sans foie gras, sans saumon, sans homard, sans huîtres, sans gibier, sans mousse de canard, sans langouste, sans boudin blanc, sans caviar...
    il manquerait l'essentiel !


    Avoir des invités et n'offrir point de viande, cela ne se fait pas.
    Voyons ce sont nos hôtes, il faut leur faire honneur, leur prouver notre estime, se montrer accueillants !
    Macabre communion au prix d'un sacrifice. Vois combien je t'honore, j'ai immolé pour toi des
    victimes sans compter. Tu es bien mon égal, tu es digne comme moi de moissonner les vies de ceux de l'autre moitié.


    En ces temps généreux, les plus pauvres des élus ne seront pas oubliés.
    Aux réveillons humanitaires, eux aussi recevront leur rondelle de foie gras.
    Puis on les renverra se geler dans les rues, tout oints de dignité.
    Et moi, je me mets où ?


    Moi qui n'ai ni plumes, ni fourrure, ni écailles, je suis par ma figure de la race des saigneurs.
    Comme je voulais leur plaire, qu'ils m'acceptent parmi eux, j'ai fait mine de croire la fable des deux moitiés.
    Je savais tout comme eux savourer le goût du meurtre et rire grassement des cadavres exquis.
    Mais c'est trop cher payer ma place parmi les leurs.


    J'aimerais encore qu'ils m'aiment et pouvoir les aimer, mais je vois trop clairement qu'ils écrasent de sang froid ceux de l'autre moitié, qui sont aussi les miens.
    Plus jamais je ne serai du côté des bourreaux.

    Le jour du grand festin, s'il n'y a que deux camps, je choisis l'autre côté.


    Éventrez-moi vivante comme les autres esturgeonnes.
    Explosez-moi le foie comme aux autres canards.

    Arrachez mes testicules comme aux autres chapons.
    Ecartelez-moi comme les autres grenouilles.
    Ébouillantez-moi comme les autres homards.
    Que vos dents souriantes mettent ma chair en lambeaux comme celle des autres dindes, veaux, chevreuils et saumons.

    Faut-il vraiment choisir entre le pire et le pire ?

    Rejoindre les suppliciés qui vont agoniser, abandonnés de tous ; ou bien les assassins qui poussent vers l'abattoir, la face ricanante qui déjà se pourlèche ?


    Non, non, non, non !
    Je dénonce !
    Je dénonce le médiocre et lâche procédé de mépriser autrui pour mieux se rassurer sur sa propre importance.
    Je dénonce la communauté bâtie sur l'exclusion.
    On peut créer des liens autrement qu'en étant complices des mêmes crimes.
    Oublions l'odieux mythe du monde à deux moitiés, la sinistre machine à fabriquer le malheur.

    Je veux qu'existent en vrai les Pères Noëls gentils, et la paix sur la terre, et la fraternité.
    Que puisse s'épanouir la chaleur animale et la joie d'exister des porcelets joueurs, des canards amoureux et des humains bavards.
    Pour nous tous, les animaux, la vie peut être plus belle.

    Que commence enfin la fête pour de vrai, la fête sans sacrifices !

     

    (D'un ou d'une talentueu-x/-se auteur-e anonyme...)

  • Faites un cadeau aux animaux pour Noël !

    http://image.spreadshirt.net/image-server/image/composition/19741865/view/1/producttypecolor/28/type/png/width/280/height/280/womens-tank-top-vegan-peace_design.png

    Par où faut-il commencer pour aider les animaux ?

    Pas forcément par Quick ou autres... mais par nous-mêmes !

    Un bon militant, un vrai militant, est un militant végan.

    De même qu'un véritable humanitaire n'exploite ni ne mange les humains qu'il défend, de même un véritable militant pour les droits des animaux n'exploite ni ne mange les nonhumains.

    Profitez de ce Noël pour offrir un cadeau aux animaux en décidant de ne plus les consommer sous quelque forme que ce soit.

    Ne mangez plus leur chair, ne buvez plus leur lait, ne vous habillez plus avec leur peau.

    Devenez vegan.

    http://www.youtube.com/watch?v=aHTNq33cXBQ

  • Téléthon / AFM = Vivisection (International Campaigns)

    Téléthon.jpg

    et l'AFM ne s'en cache pas du tout :

    "Situé dans l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes, le centre d’expérimentation animal de Boisbonne est particulièrement bien adapté au développement des génothérapies.

    Ce centre héberge, outre des macaques, plusieurs modèles canins de maladies génétiques orphelines spontanées comme la myopathie (GRMD), les mucopolysaccharidoses (MPS) de type I, VI et VII et la rétinopathie dégénérative, ainsi qu’un modèle félin d’amyotrophie spinale. La capacité d’hébergement en 2005 est de 46 primates, 50 chiens, 10 chats, 20 marmottes, 460 rats et 650 souris.

    Des salles confinées A2 et/ou A3, des blocs opératoires, des salles d’examen et des laboratoires permettent d’évaluer l’efficacité du transfert de gènes et font de ce centre une plate-forme pour les essais précliniques chez les gros animaux.

    Aujourd’hui, plusieurs équipes l’utilisent pour du transfert de gènes dans la rétine, le système nerveux central, le foie et le muscle strié.

    En 2005, une dizaine de projets scientifiques se sont déroulés à Boisbonne, la quasi-totalité était soutenue par l’AFM. "

    Intégralité de la page ici.

    "La recherche nécessite de bons outils d’exploration et de bons outils d’expérimentation.

    C’est pourquoi l’AFM soutient les équipes qui développent des outils d’évaluation de la fonction musculaire ou contribuent à mener les essais pré-cliniques exigés par les agences réglementaires chez l’animal avant le passage aux essais chez l’homme."

    Intégralité de la page .

    Chaque centime donné au Téléthon contribue à faire souffrir et sacrifier des animaux et à faire perdurer la mauvaise science basée sur l'expérientation animale.

    Cliquez ici et   pour en savoir plus.

    http://semaine-mondiale-animaux-laboratoire.org/news/news/telethon/afm-=-vivisection.html

    Grand-messe du Téléthon : torture, vulgarité, obscénité.

  • "A nos escrocs, l'humanité reconnaissante" (Michel Tarrier)

    http://www.theyliewedie.org/ressources/galerie/galleries/Capitalisme/terre-poubelle.jpg

    PARCE QUE ÇA COMMENCE – VRAIMENT - À BIEN FAIRE… !

    Une réflexion bien réfléchie.

    BILLET D’ÉCO-RÉALISME

    Ou : l’écologie n’est plus ce qu’elle était…

    http://www.etyc.org/files/u3/sarkozy_gore.jpg

    Bonjour les « vaincus »,

    « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d'environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire. »

    (Nicolas Paul Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa, prenant parti pour l’immonde filière porcine au dernier salon du proxénétisme du Vivant).

    Mais c’est qu’il a raison le nain psychopathe, voyez plutôt…

    99,99 % (j’exagère, mais pas assez !) de Terriens sont scotchés à une coupe du monde de ballon rond…

    Une humanité coupable de non-assistance à planète en danger se passionne donc pour la religion du stade.

    Pauvres de nous !

    C’est vraiment pitoyable !

    Souhaitons donc les pires catastrophes (et ne dites pas « naturelles » !) pour réveiller ces foules serviles, abouliques, à la cervelle lobotomisée.

    CONSTERNANT ! SIDÉRANT ! ACCABLANT ! AFFLIGEANT !

    Homo sapiens modernicus en trimballe décidemment une de ces couches !

    Je nous croyais pourtant plongés dans une crise écosystématique annonçant indéniablement les pénuries d’une prochaine vie invivable que nos enfants subiront par la faute des abus de leurs aînés !

    Mais non, les jeux du cirque priment, les gladiateurs modernes font recette.

    Il faut dire que le bide éclatant du Sommet de Copenhague, où l’on devait sauver le climat, tout comme la débandade du Grenelle de l’environnement, n’ont pas dû aider à comprendre que l’état de la planète demandait un effort de guerre.

    D’ailleurs, dans le hit évènementiel, le fameux ultimatum climatique n’avait-il pas cédé la place à « la main de Thierry Henry » ?!!

    De quoi être objectivement édifié de l’échelle des valeurs dont fait preuve notre humanité !

    Alors l’environnement anthropocentriste d’un président et de gens atteints de cécité écologique ça commence effectivement à bien faire, et qu’on nous laisse pénards piller les restes…

    Et puis finissons-en vite fait avec ce mythe éminemment politicard du développement durable, un filon pourri qui n’a jamais existé que dans la tronche creuse mais cupide des sbires de la ploutocratie, de leurs ONG muselées et de leurs animateurs pathétiques, et ce, pour nous faire accroire à un futur très aléatoire.

    Alors que ce troisième millénaire ne dépassera pas un siècle, l’invention fumeuse de cette formule oxymore ne vise qu’un effet cosmétique et lubrificateur pour les derniers crimes écologiques d’un ultralibéralisme à bout de souffle, de plus en plus inquiet et donc de plus en plus cruel.

    Il ne s’agit que d’un énorme coup de poker des maîtres du monde, pour prolonger le pillage et l’agonie.

    Ils savent bien que le commun des mortels marche à tous les coups ; vous savez, ces gens, spécialement du sexe masculin, qui hurlent comme des damnés devant un match de foot…

    Le développement durable prétend réduire les déséquilibres environnementaux et les déséquilibres en termes de répartition des richesses terrestres.

    Eh bien, s’il avait fallu songer à un tel « développement durable », comme ils disent…, c’eut été dans les années 1960, avant que nous soyons prisonniers de l’inutile consumérisme, avant le pic forestier (déjà derrière nous), avant la mort biologique du sol, avant le déclin galopant de la biodiversité, avant la fin annoncée des énergies fossiles dont l’humanité dépend à 1000 %, avant que le climat ne soit déjanté par nos excès et que la mise en doute d’une telle évidence ne fasse les choux gras d’une boule de suif (qui défiait déjà les dangers de l’amiante de Jussieu)…

    En un mot, avant d’entrer dans l’irréversible.

    Car ce qui est pris n’est plus à prendre.

    La planète est peut-être encore plate pour certains, mais elle n’est pas rechargeable.

    « Ce que nous savons, c’est que nous quittons un univers ouvert, que l’on croyait infini, pour entrer dans un monde qui se rapetisse, car nous sommes de plus en plus nombreux, confrontés à une sorte de finitude tous azimuts, que ce soit en termes d’énergies fossiles, de minéraux, d’eau douce, de ressources issues du vivant... » Dominique Bourg

    TROP TARD, LES JEUX SONT FAITS, RIEN NE VA PLUS !

    Dans un système aussi pervers, tissé de démagogie ordinaire et orchestré par des faux-derches, il est devenu difficile de croire à quelque chose.

    Un excessif batelage chaque fois en amont d’une montagne qui accouche d’une souris met la puce à l’oreille.

    Tenez, même la médiatisation du chef des Kayapos amazoniens Raoni, tenu en laisse par son mentor, me fait penser à un coup de fric pour ceux qui l’instrumentent et en tirent les ficelles, et me renvoie même à l’exhibition de la Vénus Hottentote du grand chic parisien du début du XIXème siècle !

    Chirac a préfacé le livre de Raoni, mais Raoni n’a pas préfacé les mémoires chiraquiennes !!

    Pour sa promo,  le coach de Raoni lui a fait tatouer le maillot du Stade français sur le torse.

    Inévitable !

    Entre deux messes et lors d’un tour de piste dominical chez monsieur Loyal-Drucker, madame Chirac pourrait bien lui refiler quelques pièces jaunes.

    Rien ne changera rien, tout est miné.

    Heureusement que je ne suis qu’écologue, heureusement que je me déclare écosophe, excusez du peu, et pas le moins du monde « écologiste » !

    Parce que, quelle misère, quelle honte !!

    Les écolos, les vrais, les pionniers du temps des sixties, ils écoutaient pousser leur tignasse derrière René Dumont, ils chiaient dans les bottes du pouvoir et ne se laissaient pas fédérer.

    Et les flics leur foutaient sur la gueule.

    Alors, aujourd’hui, ces derniers vrais écolos, ceux qui marchent à quatre pattes parce qu'ils aiment la Terre vue de la Terre, C'EST ÉCOLOGIQUEMENT QU'ILS VOUS EMMERDENT !

    2050 : PRENEZ BIEN DATE ! RIRA BIEN QUI RIRA LE DERNIER !

    Allez donc trier « leurs » poubelles avec Pascal Obispo, faire du compost avec Zazie, suivre la traçabilité de votre bidoche chez Carrefour et acheter un panda en peluche, l’écologisme de pacotille n’arrêtera pas le massacre.

    Bis repetita

    P.S. : Dans la série « Papi fait de l’éco-résistance », protéger la Nature passe par la colère.

    Mais je ne me suis pas renseigné, une nouvelle loi inique interdit peut-être cette colère… ?

    Ce à quoi je crois est consigné dans quelques livres qui n’ont pas les honneurs des plateaux de télé, on sait très bien pourquoi.

    Le tout dernier fait polémique à cause de son titre équivoque…

    Mais ceux qui craignent que je crache dans la soupe seront rassurés par cette fine critique :

    http://www.humaterra.info/?La-dictature-verte

    ***

    DICTATURE VERTE

    Saura-t-on l’éviter, faut-il la souhaiter ?

    300 pages, Les Presses du Midi

    http://www.amazon.fr/Dictature-verte-Tarrier-Michel/dp/28...

    Bonus pour le droit de rêver :

    Un jour, un jour (« Et l’enfant de la femme inutilement né… »)

    Lueur de fol espoir (« la poésie vit d’insomnies perpétuelles », disait René Char), en hommage à Ferrat chantant Aragon

    http://www.dailymotion.com/video/x7rg6y_jean-ferrat-un-jo...

    Bonus pour le droit d’espérer :

    La croisade des enfants

    http://www.youtube.com/watch?v=H7cHb5TeH88&feature=re...

    Bonus pour en prendre de la graine :

    René Dumont : l'homme-siècle

    http://www.onf.tv/selection/nouvellement-en-ligne/visionn...

    Michel Tarrier

    Écosophe

  • Surpopulation : "La reproduction du néant", Méryl Pinque (Vegmag n° 32)

    http://www.ziserman.com/blog/.images/0703/foule.jpg

    La reproduction du néant

     

    « Du fait même de sa densité actuelle, l’espèce humaine vit sous une sorte de régime d’empoisonnement interne. »

    Claude Lévi-Strauss (2005)

     

    La société a toujours eu besoin des enfants des hommes, d’où la politique nataliste qu’elle mène effrontément.

    La nation en a besoin pour alimenter ses guerres en chair à canon, la religion, qui condamne la vie au nom de la Vie même, pour étendre son pouvoir, l’économie pour fonctionner.

    A l’âge des technosciences, le bétail humain est plus que jamais mis à contribution.

    Sommes-nous, pour autant, des victimes ?

    Contrairement à la majeure partie du monde, l’Occident vit (encore) en démocratie.

    Il en résulte que nous sommes en mesure de refuser le destin qu’on nous assigne.

    Mais, devenus entièrement dépendants d’un confort si chèrement payé, nous ne sommes plus en état de dire non.

    Nous ne sommes plus en état de nous battre pour changer un (dés)ordre que nous désavouons, au fond, tellement peu.

    Nous sommes partie prenante de cette volonté nataliste, comme nous le sommes de la plupart des maux qui nous accablent, et que nous appelons commodément « système ».

    Nous ne sommes pas les innocents martyrs d’un état de choses qui nous dépasse, mais les acteurs.

    Nous faisons des enfants, non seulement parce que le « système » nous y incite, mais parce que nous y trouvons notre compte narcissique : l’enfant, cet autre soi-même, est aussi la glorieuse image d’une humanité qui ne cesse de s’admirer dans le miroir de son néant.

    Car au-delà de tout ce qu’on peut invoquer, qu’est-ce qui nous pousse à nous reproduire, sinon l’invincible désir de nous perpétuer, autrement dit, d’être immortels ?

    L’anthropolâtrie fait des ravages.

    La religion de l’humanisme a pris le pas sur la religion proprement dite, et au XXIe siècle, c’est toujours le « croissez et multipliez » biblique qui fait loi, au détriment des autres sentients avec qui nous partageons la planète, et à qui nous refusons jusqu’au droit d’exister : sur une terre que nous colonisons chaque jour un peu plus, quelle place pour les animaux ?

    Chaque année, plus de cinquante milliards d’entre eux périssent dans les abattoirs : combien seront-ils demain ?

    A surpeupler le monde, ce n’est pas la vie qui triomphe, mais la mort.

    L’enfant, aujourd’hui, n’est plus un homme en devenir, mais un apprenti- consommateur.

    Ainsi voit-on, dans les supermarchés d’Occident, des caddies minuscules qui leur sont spécialement consacrés.

    De loin, l’image est éloquente : une mère de famille poussant son chariot débordant de victuailles industrielles, produit de la souffrance animale et de l’exploitation terrestre enveloppé dans des couches de plastique, et, trottant à ses côtés, son exact reflet miniature : l’enfant, appelé à devenir à son tour le « client-roi », courant dans les rayons labyrinthiques du grand magasin, où il se perd corps et âme.

    L’absurdité de la condition humaine n’est pas une absurdité de fait.

    Nous fabriquons nous-mêmes l’absurdité en refusant, par notre folie, de donner un sens au monde.

    Nous nous reproduisons alors même que la planète ne nous supporte plus.

    Nous vivons sur une terre qui, par notre faute, est en train de mourir, mais nous continuons d’engendrer, confiants dans le génie d’une espèce qui, pourtant, sème la destruction partout où elle advient, jusqu’à se condamner elle-même.

    Nous sommes en 2010 et bientôt nous serons sept milliards.

    Sept milliards d’hommes et de femmes qui, tous à des degrés divers, exterminent le vivant, saccagent la nature, confisquent la terre aux animaux et ambitionnent de vivre à l’occidentale quand ils n’y sont pas encore parvenus.

    A la fin du siècle, nous serons douze milliards, quand la terre ne peut supporter que 550 millions d’entre nous. Si nous vivions tous comme des Américains, cinq planètes seraient nécessaires.

    Dans une modernité où tout se vend et se jette, parfois sans avoir été consommé, nous ne sommes plus à un monde près : bienvenue dans l’ère kleenex !

    Nous creusons notre tombe avec quel féroce enthousiasme, indifférents aux ravages que nous perpétrons.

    Si nous faisions des enfants pour eux-mêmes et non pour nous, nous n’en ferions pas.

    Si nous désirions réellement le bonheur des « générations futures », pour reprendre la litanie consacrée, nous nous souviendrions de la prophétie de Cousteau : un enfant qui naît aujourd’hui en condamne dix à mourir demain.

    Nous sommes demain.

    A l’heure actuelle, plus d’un milliard de gens souffrent de la faim dans le monde, et plus de trois milliards de problèmes d’approvisionnement en eau potable.

    Le squelette du Sud versus l’obèse du Nord.

    « L’augmentation de la production de nourriture par hectare de terre ne va pas de pair avec l’augmentation de la population, et la planète n’a virtuellement plus de terres arables ou d’eau douce en réserve[1] », nous prévient-on.

    Las !

    Aucune politique antinataliste n’est à l’ordre du jour, et le véganisme, seul mode de vie réellement respectueux des animaux et des humains, n’est adopté que par un nombre dérisoire d’entre nous.

    Pendant ce temps, les signaux d’alerte se multiplient.

    Tous les feux, désormais, sont au rouge.

    Disparition de la biosphère, réchauffement climatique, déforestation, famines, conflits mondiaux… : dans le triste néant qui s’avance, l’explosion démographique a la responsabilité capitale.

    La surpopulation est le danger numéro un qui menace la survie planétaire.

    Pourtant, nous sommes loin d’une prise de conscience : en ce domaine, le tabou est roi.

    Lorsque le désastre aura lieu, il ne faudra pas invoquer la fatalité, ou alors reconnaître qu’elle a notre visage.

    Un monde globalisé caractérisé par la poursuite du profit et l’irresponsabilité dans tous les domaines ne pourra connaître de happy end : nous périrons de notre vanité.

    Méryl Pinque

     


    [1] « Population mondiale, agriculture et malnutrition », David Pimentel, Anne Wilson (trad. World Watch) : http://www.delaplanete.org/Population-mondiale-agriculture-et.html.

    ____

    Article paru dans le magazine Vegmag n° 32 (mai/juin 2010), "Crise, réchauffement, surpopulation... : faut-il encore faire des enfants ?" - http://vegmag.fr/accueil/

    Critique sur le site Démographie Responsable : "Véganisme et démographie" http://www.demographie-responsable.org/surpopulation/demographie/veganisme-demographie-713942.html