Biodiversité : une conférence mondiale face à l'urgence
Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
A Bonn, une longue réunion de deux semaines vient de s'ouvrir pour étudier des mesures à prendre face à l'extinction massive d'espèces, aujourd'hui un fait d'observation. Un problème ardu mais d'importance.
Cinq mille experts venant de 191 pays viennent de prendre leurs quartiers à Bonn, en Allemagne, pour la neuvième édition de la Conférence des Parties à la Convention de l’ONU sur la Diversité Biologique (UNCBD).
Depuis le sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, en 1992, l'UNCBD se réunit régulièrement pour parler préservation d'espèces en danger.
Mais les objectifs envisagés, qui devaient conduire à ralentir significativement le rythme de disparition d'espèces avant 2010, semblent aujourd'hui impossibles à atteindre. Le taux d'extinction n'a jamais été aussi élevé. On l'estime à 150 espèces... par jour !
A l'échelle mondiale, l'UICN (Union mondiale pour la nature) tient les comptes. Sa dernière Liste rouge indique des chiffres terribles.
Près du quart (23%) des mammifères sont menacés d'extinction. Pour les amphibiens (grenouilles, crapaud, tritons, salamandres), la proportion s'approche du tiers (32 %). Mieux lotis, les oiseaux ne risquent de voir disparaître que 12% des espèces.
Les végétaux font aussi partie de la liste. Pour toutes les espèces de plantes surveillées par l'UICN, 70% sont considérées comme menacées...
Bientôt un Giec de la biodiversité
Les armes de destruction massive d'espèces sont bien connues. La première d'entre elles est la déforestation. Partout dans le monde, l'extension des surfaces agricoles et des zones d'habitations entre en conflit avec la préservation des milieux naturels.
A Sumatra, cas emblématique, les arbres sont coupés pour laisser place à la production d'huile de palme. En Amazonie, après quelques années d'accalmie, le grignotage de la forêt a repris.
Au Brésil, la ministre de l'environnement, Marina Silva, vient de démissionner, en expliquant qu'elle jetait l'éponge face à la puissance des lobbies agricoles, qui privilégient notamment l'élevage et la production de biocarburants. Carlos Minc, son successeur, qui a déjà fait ses preuves dans ce domaine, se dit déterminé à défendre la biodiversité.
A Bonn, les experts auront la tache facile pour mesurer l'ampleur du phénomène, bien documenté aujourd'hui, mais il leur sera bien plus ardu de proposer des solutions applicables.
L'une des idées est de s'appuyer sur un organisme international qui serait à biodiversité ce que le Giec (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) est au réchauffement climatique.
Déjà baptisée Imoseb (International Mechanism of Scientific Expertise on Biodiversity, Mécanisme mondial d'expertise scientifique sur la biodiversité), cette instance a été imaginée après la conférence de Paris sur la biodiversité en janvier 2005.