En Irak, l'environnement a aussi été dévasté par la guerre
Des forêts entières rasées, des rivières saturées de sel, l'eau contaminée, le sol couvert de mines et de déchets chimiques...
Bien après les combats, des Irakiens continuent à mourir, victimes d'un environnement dévasté par la guerre.
"Quand on en parle, les gens pensent qu'on exagère. Mais la catastrophe dont nous avons hérité en Irak est encore pire qu'il n'y paraît", affirme Narmine Othmane, ministre irakienne de l'Environnement.
"La guerre détruit l'environnement, pas seulement les gens. La guerre et ses effets ont provoqué des bouleversements du tissu social, économique et environnemental. La restauration du milieu naturel irakien prendra des siècles", poursuit-elle, imputant à la pollution la plupart des maladies infectieuses et des cancers, dont le nombre est en augmentation.
"Quand on parle environnement, on parle santé."
Avec l'aide des Nations unies, les autorités irakiennes ont identifié 25 sites à assainir en priorité, moyennant plusieurs milliards de dollars, selon la ministre.
Il s'agit pour l'essentiel d'anciennes usines d'armement.
Deux de ces sites ont jusqu'ici été nettoyés. Il s'agit de l'usine chimique de Kadissia, dans le Sud, bombardée en 2003, et de la fabrique d'engrais d'Al Souwaïra, au sud de Bagdad.
"CRIME ODIEUX"
Dix-sept millions d'arbres ont par ailleurs été plantés cette année, soit dix millions de plus qu'en 2007, pour compenser les campagnes de déboisement menées pour priver la guérilla de zones de repli.
La guerre a, en revanche, permis la remise en eau d'une partie des marais du Sud, asséchés sous le règne de Saddam Hussein pour les besoins de l'agriculture et la défense de la zone frontalière de l'Iran.
Un écosystème unique et une culture vieille de plusieurs siècles avaient ainsi été détruits.
"Le drainage des marais et l'un des crimes les plus odieux commis aux dépens de l'environnement", déplore Othmane.
Avec l'aide de l'Onu et du Japon, 55% de cette zone humide baignée par les eaux du Tigre et de l'Euphrate ont pu retrouver leur état originel.
Aussi important soit-il, ce succès reste toutefois modeste face à l'ampleur de la tâche au niveau national.
Vingt-cinq millions de mines jonchent encore le territoire irakien, 105 sites sont contaminés par les armes chimiques et les munitions à l'uranium appauvri, l'état des égouts inquiète les pouvoirs public et 60% des réserves d'eau sont pollués, souligne la ministre.
"Je ne blâme pas le gouvernement d'avoir fait de la sécurité une priorité, parce que la sécurité est importante, mais l'environnement l'est également", ajoute-t-elle.
Version française Jean-Philippe Lefief
http://fr.news.yahoo.com/4/20081024/tts-irak-environnement-972e905.html