Lotissements, pavillons, maisons à 15 E, chalendonnettes... : halte au mitage de la nature
Faisons de la Ville Durable et non du mitage pavillonnaire !
Au récent Grenelle de l’environnement, il a été question du "bâtiment" économe en énergie, mais pas de la forme urbaine.
Pourtant, peut-on raisonnablement évaluer la qualité environnementale d’un bâtiment sans le placer dans un contexte urbain précis, puisque de ce contexte urbain vont dépendre les déplacements quotidiens générateurs de pollution atmosphérique et d’imperméabilisation des sols (goudronnage des routes..) ?
La "maison à 100 000 euros" promue par Jean-Louis Borloo n’a pas vu le jour (voir le Monde du 16 novembre 2007, page 15). Le Ministre avait sous-estimé le problème du terrain.
Christine Boutin, la Ministre du logement, (même article du Monde) voit dans la production de pavillons à ossature bois "à 120 000 euros" une solution pour produire 500 000 logements par an !
On nous propose donc de pérenniser, de généraliser l’étalement urbain à la totalité du territoire, ce qui rendra la population entièrement dépendante de la voiture particulière, avec des conséquences catastrophiques en matière de pollution, mais aussi d’acculturation et de rupture du lien social (des habitants isolés dans leur pavillon "à plusieurs couches d’isolant", rivés à leur poste de télévision après des heures d’embouteillages sur les bretelles d’autoroutes !)
L’alternative à cette situation catastrophique se situe dans une forme urbaine dense et mixte (socialement et fonctionnellement mixte) dans laquelle la nature aura sa place (jardins urbains, arbres d’alignement, terrasses et toitures végétalisées...), mais aussi la convivialité, la Ville étant lieu de culture, de rencontre et d’échange.
Au lieu de disséminer des pavillons sur tout le territoire, créons de nouveaux quartiers de Ville dense, ou la qualité de vie soit comparable à celle dont jouissent les habitants de l’Ile Saint Louis à Paris ou du West-Village à New-York.
Il est possible de concevoir des logements bioclimatiques en milieu urbain dense. C’est le sujet d’une communication par Msika aux Rencontres et Journées Techniques de l’Ademe, en 1993, recherche ayant conduit depuis à l’établissement de projets urbains pour différents sites en France et à l’étranger.
La voiture électrique, à faible autonomie, c’est l’accumulation des déchets nucléaires ingérables et donc une mauvaise solution pour lutter contre le réchauffement climatique.
Seule la Ville dense, mixte, verte, attrayante, lieu de culture et d’échange pourra faire reculer le tout- automobile dévastateur pour l’environnement.
Jean-Loup Msika, architecte-urbaniste
http://www.naturavox.fr/Faisons-de-la-Ville-Durable-et-non-du-mitage-pavillonnaire.html