Corrida : Guullaume Durand entre censure et copinage
Chers amis de combat,
Vous savez sans doute déjà que France 2 a enregistré hier soir un débat sur la tauromachie dans le cadre de l'émission "L'objet du scandale" de Guillaume Durand.
Cette émission sera diffusée le dimanche 5 avril à 16h10 sur France 2.
En l'occurence, "l'objet du scandale", c'est plutôt l'absence totale d'éthique de la part de Guillaume Durand...
Ce dernier a d'abord invité Christian Laborde pour défendre le point de vue des abolitionnistes, ce qui était une excellente nouvelle.
Christian a accepté l'invitation et a ensuite été déprogrammé à la demande des pro-torture.
QUELLE HONTE !!!
On comprend mieux la situation quand nos amis présents hier soir sur le plateau d'enregistrement ont pu constater le degré d'intimité de Guillaume Durand avec le monde de la mafia tauromachique : tutoiement et bises de rigueur.
Et on assiste alors sur une chaîne du service public à une pratique bien étonnante : le monde des tortionnaires des arènes récuse les interlocuteurs dont ils ne veulent pas...
Avec la bénédiction du responsable de l'émission !
Christian Laborde, auteur d'un pamphlet qui dénonce les pratiques de cette petite mafia très organisée et très bien relayée a tout notre soutien.
Son livre sortira le 9 avril en librairie : Corrida Basta !
A ne pas manquer!
Mais je laisse le soin à Luce Lapin, journaliste à Charlie Hebdo et porte-parole nationale du CRAC Europe, de vous présenter cette étonnante soirée d'hier !
MERCI A TOUTES ET A TOUS DE REDIFFUSER CE MESSAGE AU MAXIMUM.
Dès la diffusion de l'émission dimanche après-midi, en fonction du résultat du montage, nous prévoyons une action que nous souhaitons la plus large possible !
Nous vous tiendrons bien entendu informés.
Bien à vous,
Jean-Pierre Garrigues
Vice-Président du CRAC Europe
www.anticorrida.com
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Bonjour à tous,
L'enregistrement de « L'objet du scandale », présenté par Guillaume Durand et dont le thème était la tauromachie, a eu lieu le 31 mars dans les locaux de France 2 (Paris XVe).
Notre amie Élisabeth Hardouin-Fugier, historienne de l'art et auteure, entre autres œuvres, de L'Histoire de la corrida en Europe du XVIIIe au XXIe siècle (éditions Connaissances et Savoirs), faisait partie, avec Laurent Baffie, Marie-Claude Bomsel, vétérinaire, Francis Lalanne et Bernard Maris, mon confrère économiste « Oncle Bernard » de Charlie Hebdo, des cinq invités défendant notre cause.
Ils étaient face à Simon Casas, directeur des arènes de Nîmes, Marie Sara, ex-torera à cheval aujourd'hui éleveuse de taureaux « de combat », comme elle dit, Philippe Caubère, théâtral théâtreux, André Viard, ex-torero, qui se glorifie de peindre avec le sang des taureaux, et le philosophe Francis Wolff, auteur de Philosophie de la corrida.
Sans oublier le jeune torero Julien Lescarret et sa démonstration pathétique, avec Jérôme Bonaldi, non moins désolant, dans le rôle du taureau.
De notre côté, un petit bonus inattendu en fin d'émission : Pierre Sterckx, professeur et critique d'art.
J'étais dans le public.
Certains anticorrida ont auparavant fait l'objet d'une censure.
Christian Laborde, auteur de Corrida basta !, à paraître aux éditions Robert Laffont le 9 avril, dont la venue était programmée (il avait été invité officiellement !), fut ensuite récusé par… André Viard, qui s'est également permis de refuser la présence de Claire Starozinski, fondatrice de L'Alliance Anticorrida, en menaçant les organisateurs de ne pas participer à l’émission, et cela valait également pour ses amis, si les invités ne lui convenaient pas.
Même traitement pour Jean-Pierre Garrigues, vice-président et trésorier du CRAC Europe, qui souhaitait témoigner en tant qu'enseignant du prosélytisme des aficionados il y a quelque temps à l'intérieur même de son établissement : le prof a écopé d'un 0 sur 20.
Curieux plateau, fortement constitué par ceux-là mêmes qui prônent et pratiquent la torture tauromachique, avec la complicité totale de Guillaume Durand.
Élisabeth Hardouin-Fugier et moi étions bien pessimistes.
La question de boycotter l'émission s'était bien évidemment posée.
Mais laisser les aficionados occuper le terrain, sans même faire entendre notre voix, celle des taureaux et des chevaux, qui n'ont que la nôtre pour dénoncer leur souffrance, ne nous a pas paru à la hauteur de notre engagement dans ce combat.
Pas question de « se dégonfler ».
Fi des critiques, passées ou à venir, nous y sommes allées. Et nous avons drôlement bien fait.
Car ce plateau qu'on redoutait s'est révélé des plus efficaces, sans concession aucune envers les représentants de cette barbarie indigne de notre XXIe siècle.
Des manifestants de la FLAC (Fédération des luttes pour l’abolition des corridas) ont à juste titre protesté contre cette censure devant France Télévisions et ont hué à leur arrivée Caubère, Casas et Marie Sara, qui nous a dit, dans les coulisses, s’être sentie agressée.
Mais moins que les quelque 1 000 taureaux qu'elle a annoncé avoir massacrés, tellement moins…
L'émission sera diffusée sur France 2 dimanche 5 avril à 16 h 10.
D'ici là, des interventions auront été coupées au montage.
On verra ce qu'il en restera.
Et on agira en conséquence, dans le cadre d’une action que nous vous proposerons.
Merci à vous d'y participer avec nous.
En primeur, quelques phrases que j'ai relevées :
« J'ai été chasseur, pêcheur, maintenant, je suis torero. J'aime les animaux » (Julien Lescarret).
« Le taureau en mourant nous signifie que nous sommes mortels. On est dans un phénomène de transfert au point de vue analytique » (Simon Casas, dans un transfert de philosophie de bas étage).
« Grâce aux bêta-endorphines, quand il y a blessure, la douleur est annihilée à l'instant » (André Viard).
« C'est faux, cette étude n'est pas validée scientifiquement » (Marie-Claude Bomsel).
« J’aime mes bêtes » (Marie Sara, parlant des taureaux de son élevage).
« Je ne crois pas qu'on a besoin de la mort pour aimer la vie, et je ne crois pas que la corrida rendra le monde meilleur. C’est pas beau de tuer, c’est dégueulasse de tuer » (Francis Lalanne).
« On a le droit de tuer un animal pour la beauté du geste » (Philippe Caubère).
« La corrida, c'est l'alliance du supplice et de la mise à mort. Cette bête ne peut pas répondre, elle peut juste réagir. Ce n'est pas de l'art » (Pierre Sterckx).
« Je vais arrêter l’émission ! » (Guillaume Durand, à trois reprises, qui n’en peut apparemment plus… ou du moins fait semblant).
Ah, je voulais vous dire ! Je n'ai pas de sang sur les mains. J'ai refusé, dans les coulisses, de serrer celle de Simon Casas, accompagné de Marie Sara, qu'il me tendait. Mais je reconnais m'être présentée :
« Luce Lapin, Charlie Hebdo, porte-parole nationale du CRAC Europe, Comité radicalement anticorrida. »
Bien chaleureusement à tous,
Luce Lapin