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"Comportement moral et valeur morale" (Gary Francione)

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Chères collègues et chers collègues :

Les humains cherchent habituellement à justifier leur oppression et leur exploitation des nonhumains en soulignant de prétendues différences empiriques.

Une des nombreuses différences auxquelles nous faisons appel est que les nonhumains, contrairement aux humains, sont incapables de penser ou d’agir moralement.

Nous prétendons que seuls ceux qui peuvent reconnaître leurs obligations morales envers autrui et agir en fonction de celles-ci peuvent être membres de la communauté morale et, puisque les animaux sont prétendument incapables de le faire, nous sommes justifiés de les traiter comme de simples choses n’ayant aucune importance morale.

Cet argument est problématique pour au moins deux raisons.

Premièrement, il présente un problème purement logique.

Supposons que deux humains - un qui est normal et un qui est handicapé mentalement et incapable de reconnaître ses obligations morales envers les autres.

Ces deux humains sont-ils différents ?

Assurément.

Est-ce que les différences entre eux impliquent que nous devions les traiter différemment ?

Oui, bien sûr. Si quelqu’un est handicapé mentalement et qu’il est incapable d’obligations, nous pouvons refuser de le laisser s’engager contractuellement.

Mais ces différences sont-elles pertinentes lorsqu’il s’agit de déterminer si nous pouvons utiliser un être humain comme sujet d'une expérience biomédicale sans son consentement, ou si nous pouvons prendre ses organes sans son accord, ou si nous pouvons le traiter comme le simple moyen, pour nous, d’atteindre nos propres fins ?

La plupart d’entre nous seraient horrifiés à l’idée que nous utilisions des personnes mentalement handicapées comme sujets d’expérimentation, pour leurs organes, ou encore comme esclaves.

Nous admettons que le handicap n’est pas une caractéristique pertinente lorsqu’il s’agit d’évaluer la moralité de l’exploitation de ces humains comme des ressources à la disposition des humains dits « normaux ».

Deuxièmement, il présente un problème empirique.

Est-il vrai que seuls les humains sont capables de réflexion et d’actions morales ?

Nombre d’exemples d’animaux de plusieurs espèces ayant risqué leur propre sécurité physique afin d’aider autrui - conduite qui nous paraît avoir une grande valeur morale - sont rapportés.

Des chiens entrent dans des maisons en feu pour secourir des humains; des ratons laveurs risquent leur propre sécurité pour aider des ratons aveugles ; des primates nonhumains emprisonnés dans des zoos agissent de manière à protéger des humains accidentellement tombés dans les cages.

Un de ces exemples a été porté à mon attention par les étudiants du cours sur les droits humains et animaux que Anna Charlton et moi enseignons à l’Université Rutgers.

Un chien au Chili a risqué sa vie pour aider un autre chien ayant été frappé par une voiture. Je ne dis pas que le chien s’est assis et a évalué ses obligations morales avant d’agir comme nous aurions agi.

Et alors ? Le chien a agi de manière altruiste.

Sa conduite ne peut être expliquée par les « instincts » ou être interprétée comme un comportement égoïste.

Le chien a clairement et délibérément adopté un comportement qui présentait de sérieux risques pour sa vie.

Et les humains, qui sont prétendument « spéciaux » parce que, contrairement au chien, ils sont des êtres moraux, ne se sont pas même soucié d’arrêter la voiture ou de ralentir.

Gary L. Francione
© 2009 Gary L. Francione

http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/04/16/comportement-moral-et-valeur-morale/

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