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Seule compte la sentience (Gary Francione)

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Les animaux presque humains : ainsi s’intitule la partie d’un cours de psychologie en ligne.

Elle fournit un parfait exemple de ce qui vient renforcer la notion, gravement problématique, selon laquelle les seules capacités cognitives qui comptent moralement sont les capacités cognitives de type humain — et non pas simplement la sentience, ou la conscience subjective.
 
Dans la mesure où nous relions le statut moral des animaux aux caractéristiques cognitives situées au-delà de la sentience, nous perpétuons cette arrogance humanocentrique qui constitue le spécisme.

Le fait de dire que seuls les animaux qui sont « comme nous » comptent sur le plan moral est similaire au fait de dire que les humains à peau claire ont davantage d’importance que les humains à peau foncée.

Pourtant la question n’est pas de connaître le degré d’ « intelligence » des animaux, ni de savoir s’ils possèdent les capacités mentales que nous reconnaissons comme nôtres.

Le fait qu’ils soient sentients est la seule caractéristique dont ils ont besoin pour que nous ayons le devoir moral de ne pas les utiliser comme ressources.

Le « mouvement animaliste », qui en plus de promouvoir l’exploitation « heureuse », continue d’être obsédé par les grands singes nonhumains, les mammifères marins, les éléphants, etc., patauge littéralement dans le spécisme.

Une telle approche pose un grave problème pour au moins deux raisons :

1. Elle ignore que les caractéristiques situées au-delà de la sentience ne sont moralement pas pertinentes pour déterminer si nous sommes justifiés à utiliser un être vivant exclusivement comme ressource humaine.

Replaçons cela dans un contexte humain.

Le fait d’être « intelligent » peut importer dans certaines situations, comme de savoir si nous devons accorder une bourse d’études à un étudiant, mais est sans pertinence aucune pour savoir si nous avons le droit d’utiliser quelqu’un comme donneur d’organes forcé ou comme sujet non consentant d’une expérience biomédicale.

Nous devons agir de la même façon dans un contexte impliquant des animaux.

2. Elle érige le principe suivant : que les animaux, si « pareils à nous » soient-ils, peuvent ne jamais gagner.

Par exemple, nous savons depuis longtemps que les grands singes nonhumains nous ressemblent à toutes sortes d’égards.

Pourtant, nous continuons de les exploiter.

Si « pareils à nous » soient-ils, ils ne le seront cependant jamais assez pour que cette « ressemblance » soit traduite en l’obligation morale, de notre part, d’arrêter de les exploiter.

Ce que j’appelle l’approche par la « similitude des esprits » (similar minds approach) implique un jeu auquel les animaux ne peuvent jamais gagner.

Ils ne seront jamais assez « pareils à nous ».

Question finale : le fait de se focaliser sur la sentience elle-même établit-il une hiérarchie des êtres sentients sur les êtres non sentients ?

Non, parce que la sentience est une caractéristique nécessaire et suffisante pour posséder des intérêts (des préférences, des désirs, une volonté) en premier lieu.

Un rocher n’est pas sentient ; il n’aaucune sorte d’esprit manifestant des préférences, des désirs ou une volonté de quoi que ce soit.

Une plante est vivante mais n’a aucune sorte d’esprit manifestant des préférences, des désirs ou une volonté de quoi que ce soit.

Il est intéressant de noter que le « mouvement animaliste » lui-même perpétue l’idée que les poulets (les animaux les plus exploités en termes purement numériques) manquent tous de ces caractéristiques cognitives « spéciales », et que nous pouvons donc continuer de les utiliser comme ressources dès lors que nous le faisons « avec humanité ».

Et bien que la liste des sept animaux dont il est question dans ce cours de psychologie inclue les animaux autres que ceux que les animalistes ont coutume de fétichiser, elle exclut toujours les poulets ainsi que nos principales sources de produits laitiers : les vaches.

Comme c’est pratique.

*****
Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le.

Le véganisme est une question de non-violence.

C’est avant tout une question de non-violence envers les autres êtres sentients.

Mais c’est également une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

 
Texte original :

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