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Littérature, Philosophie - Page 14

  • La citation du jour : Albert Caraco

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    "Nous raisonnons et cependant les peuples multiplient, nous raisonnons et cependant les enfants naissent, nous raisonnons et cependant un avenir horrible se prépare, nos maîtres continuent de gouverner au jour le jour, ils prêchent la morale et la morale n’ayant d’autre but que de multiplier les hommes, les conséquences les effrayent, mais ils refusent de toucher aux causes.

    Famille, travail, patrie ont plus de pouvoir que jamais, la régularité des mœurs dépasse tout ce que l’on imagine et l’on s’étonne de trouver trois milliards où l’on croyait en avoir laissé deux, l’on sera bientôt quatre et cinq et six, l’on boira l’eau des mers, l’on soupera d’algues bouillies et l’on écoutera les sermons de morale.

    Des gouvernants et de leurs gouvernés l’on se demande lesquels seraient les plus stupides ?"

    Albert Carcaco, Semainier de l'an 1969

  • PROSTITUTION : L’abolitionnisme pour les nulLEs (Les Effrontées)

    abo

    PPL : proposition de loi

    Pourquoi sommes-nous abolitionnistes ?

    La prostitution est un fait de société qui concerne directement les rapports entre les femmes et les hommes, et la construction du genre dans les mentalités.

    Selon si un pays autorise ou combat ouvertement le fait d’acheter les corps des femmes (en grande majorité) pour satisfaire les besoins sexuels des hommes, les nouvelles générations n’auront pas la même vision de la sexualité. Un petit garçon qui nait dans une ville où on voit des femmes derrière des vitrines, ou sur des trottoirs, n’a pas la même image des rôles des femmes et des hommes que s’il nait dans un pays où on lui dit que ce n’est pas envisageable.

    C’est moins glamour en chiffres :

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    Dans le monde

    • 98% des prostituées sont des femmes et des fillettes (l’OIT).

    • 75% ont entre 13 ans et 25 ans.

    • L’âge d’entrée moyen dans la prostitution est de 14 ans. C’est-à-dire que la plupart sont plus âgées, ou plus jeunes !

    • Le nombre d’enfants prostitués augmente d’un million chaque année (UNICEF).

    • Une prostituée procurerait en moyenne 107 000 euros par an à son proxénète (INTERPOL).

    En France

    • 80% des prostituées sont étrangères (OCRTEH – Office central de la répression de la traite des êtres humains).

    • Entre 85 et 90% des personnes prostituées sont sous le joug du proxénétisme (enquête de Richard Poulin – 2005).

    • La quasi totalité des clients sont des hommes : 37% sont en couple, 29% cadres, 25% ouvriers (Enquête de 2004 de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama).

    • Chaque prostituée rapporte entre 300 et 800 euros par jour à son proxénète et environ 50 euros lui seraient laissés (OCRTEH).

    Extrait : « Le livre noir de la prostitution » d’Elizabeth Coquart et Philippe Huet (Albin Michel, 2000, p.36) :

    « Une prostituée sur deux a eu des contacts avec la prostitution dès son enfance et un tiers a eu une mère ou une parente prostituée. [...] Un tiers des prostituées mineures enquêtées a été victime de viol par des adultes connus d’elle entre l’âge de trois ans et de quinze ans… [...] 80% des prostituées a subi des abus sexuels au cours de l’enfance. »

    On retient de ces chiffres que nous avons affaire à un commerce très lucratif ; qui s’exerce très majoritairement sur des femmes, dont une écrasante majorité ne l’a pas choisi ; pour des clients qui ne sont quasi que des hommes ; et qui touche les populations les plus vulnérables, pauvres, jeunes, immigrées ou victimes de violences.

    Petit tour des législations :

    Loi

      • Les Prohibitionnistes

    La prostitution est interdite dans les pays prohibitionnistes. Ce sont surtout les personnes prostituées qui sont inquiétées pour atteinte à l’ordre public. Cette politique misogyne et hypocrite n’existe plus en Europe. Elle n’a pour conséquences que l’exercice clandestin et la criminalisation des prostituées qui encourent condamnation et autres violences.

      • Les Réglementaristes

    Cette théorie est née dans les années 1830, avec les analyses du médecin Alexandre Parent-Dûchatelet. Nous tenons à souligner la philosophie initiale de ce courant dont le théoricien confère à la prostitution une utilité sociale, et la considère comme un élément indispensable à la sexualité masculine normale. Nous sommes dans le mythe de la sexualité irrépressible des hommes à laquelle il faut trouver un débouché pragmatique.

    Ça aura pour conséquence la création de lieux clos contrôlés par l’administration médicale et policière. Ce modèle sera étendu en Europe par le Code Napoléon dès 1804. Il s’applique aujourd’hui aux Pays-Bas ou en Allemagne.

    Aux Pays-Bas, le constat n’est pas brillant : Le maire d’Amsterdam a reconnu en 2004 que la Tipplezone était devenue un refuge pour les trafiquants et un danger pour les femmes. On a vu la multiplication par 3 du nombre d’enfants prostitués en cinq ans, et une même multiplication des femmes prostituées émigrées des pays d’Europe centrale.

    En Allemagne, on compte 400 000 prostituées et une augmentation de 70% du trafic d’être humains en huit ans de 2002 à 2010, selon l’Enquête d’Elise Guiraud en 2010.

    Depuis, la loi légalise les bordels (Eros center), considère les proxénètes comme des entrepreneurs, et les femmes se retrouvent dans les bonnes vieilles maisons closes. Il est extrêmement rare qu’elles bénéficient de contrats. Le profil-type d’une femme prostituée en Allemagne est une jeune de 18-20 ans, roumaine, issue du trafic d’êtres humains.

    Le pays est devenue une destination de tourisme sexuel et une plaque tournante des proxénètes, qui sont des "entrepreneurs" comme les autres.

      • Les Abolitionnistes

    Ce courant tolère la prostitution, mais interdit le proxénétisme, les maisons closes et le racolage. En France, il se traduit par la loi Marthe Richard (1946) qui interdit les maisons closes, supprime le fichage et punit les proxénètes.

    Ses principes sont reconnus en 1949 par la convention de Genève pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui. « La prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine ». Texte signé par plus de 70 pays, dont la France en 1960.

    La France est considérée comme un état abolitionniste. Mais aucune réflexion n’a été menée pour arriver à une réelle abolition de la prostitution.

      • Les Néo-abolitionnistes (c’est nouuuus !)

    Le modèle suédois pénalise le client, pas la prostituée. Ce pays a enregistré une baisse de 50% de la prostitution de rue, un recul net de la traite et un recul de 80% des clients. Outre la pénalisation des clients, beaucoup d’autres mesures ont été mises en œuvre :

    Côté Éducation Nationale : une réelle éducation à l’égalité et à la sexualité. La liberté sexuelle ne va pas de soi. Considérer que les corps des femmes peuvent être achetés par des hommes renforce deux idées essentialistes : la libido irrépressible des hommes pour laquelle la société doit prévoir un réservoir de femmes sexuellement disponibles ; et le fait que les corps des femmes, qui auraient une sexualité sociale, généreuse, soumise aux initiatives masculines, doivent être mis à la disposition des pulsions sexuelles masculines.

    Des mesures sociales ambitieuses ont été mises en œuvre vu le lien évident entre prostitution et précarité, via des moyens financiers pour accompagner les principales intéressées.

    Pas de dérive sécuritaire : En Suède, les clients doivent écoper de 6 mois de prison, mais aucune peine de prison n’a été prononcée. L’état s’est à chaque fois contenté d’une amende. C’est l’effet normatif qui est recherché.

    Pourquoi sommes-nous abolitionnistes ?

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      • 1. Pour la dignité

    L’acte qui consiste à vivre des pénétrations et autres pratiques sexuelles sans désir, à subir des relations à répétition, provoque des séquelles physiques et psychologiques très profondes. La violence sexuelle n’a pas le même impact que la violence tout court, sinon on punirait le viol comme n’importe quelle agression physique. Le viol est un crime car nous savons, combien même il serait moins douloureux que des coups, qu’il est psychologiquement beaucoup plus ravageur.

    Beaucoup de prostituées développent le symptôme de décorporalisation. Les rapports sexuels non désirés sont d’une telle violence que ces femmes s’anesthésient psychologiquement. Quand elles sont couvertes de bleus en rentrant chez elles, elles sont incapables de se souvenir de qui les a frappé. Elles ne vont plus chez le médecin quand elles tombent malades etc.

      • 2. Contre la marchandisation

    Notre monde libéral nous le rappelle sans cesse, le client est roi ! C’est lui qui choisit tout : la prostituée, le service, les positions. Dans le cadre de ce métier, la prostituée ne peut que se plier à des pratiques intimes commandées par le client.

    L’argent, c’est le pouvoir, souvent décisionnel. Qui détient l’argent ? Les hommes. Les femmes détiennent 1% des richesses et des capitaux mondiaux (ONU). La prostitution n’est pas un luxe de riches, elle existe dans toutes les sociétés. Dans les pays pauvres, les prostituées sont tout simplement moins chères.

      • 3. Pour l’égalité et l’émancipation :

    La liberté sexuelle, c’est la réciprocité du désir et du plaisir, la liberté de choisir son partenaire et ses pratiques sexuelles. La prostitution est un bastion d’une longue histoire du patriarcat où le désir de l’homme a toujours primé (mariages arrangés, droit de cuissage, viols et viol conjugal). Historiquement, l’idée du plaisir masculin unilatéral est une normalité.

    Nous sommes pour une société où le désir est réciproque, où le plaisir est partagé. La sexualité sous contrainte, par la violence, par nécessité via la marchandisation des corps, ne sera jamais vectrice de ce plaisir et de cette émancipation. Tout n’est pas à vendre, on ne peut pas tout acheter. Il est des usages de la société archaïque patriarcale qu’il va falloir enfin dépasser.

      • 4. Pour un autre projet de société :

    Quel est le projet de société que nous voulons ? Acceptons-nous que la prostitution devienne un métier comme un autre, à savoir que dans les pays qui la légalisent, on voit des campagnes publicitaires affichant des soldes sur les prostituées, ou des menus « un repas, une chambre et une prostituée » ?

    Le projet abolitionniste va, en effet, restreindre une certaine liberté. Les sociétés ont toujours fixé des limites, dans tous les domaines. On l’a fait pour la majorité sexuelle, pour le temps de travail légal, et même pour la liberté d’expression ! Les propos négationnistes ou appelant à la haine raciste sont interdits et punis. L’égalité des citoyens se définit aussi par la restriction d’une totale liberté, comme pour la réduction de temps de travail légal (35h, 10h par jour, travail de nuit, travail le dimanche), la laïcité etc.

    L’idée n’est pas de prétendre qu’une prostituée consentante est forcément aliénée, mais peut-on, au nom du désir de cette minorité de femmes qui vivent bien la prostitution, justifier la mise sur le marché de la sexualité ? Avec tout ce qui va avec : Pression de la concurrence, marketing, logiques économiques, exploitation etc. NON ! Elles n’ont pas à disposer d’une telle norme et trancher des questions aussi fondamentales que : Est-ce que la sexualité s’achète ? Doit-elle obéir aux lois du marché ? Est-ce que c’est le même type de débat que pour la vente d’organes, la GPA, les lancers de nains  etc.?

    De quoi les 343 salauds sont-ils révélateurs ?

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    Ce manifeste appelle le gouvernement à ne pas se mêler du système prostitueur. Il nie l’Etat de droit et préfère s’en remettre à la loi du plus fort, du plus riche, du plus vieux, du plus médiatique, et surtout à celle des hommes.

    Les 343 salauds revendiquent la liberté des clients à avoir un accès marchand aux corps des femmes, à extorquer le consentement des personnes qui n’ont pas les moyens de leur dire non.

    Ce manifeste souffre d’une contradiction majeure : Il met de côté la souffrance de la grande majorité des « forçates » de l’industrie du sexe, tout en condamnant les réseaux proxénètes, qui en sont les pourvoyeurs. Pour maquiller cette contradiction, il se range du côté d’une petite minorité de prostituées qui proclame ouvrir ses jambes à la demande, plusieurs fois par jour, avec plaisir.

    Derrière ce manifeste, se cache un pied de nez face aux récents acquis féministes : Les patriarcaux nous disent : « Les femmes sont aujourd’hui plus libres ; elles peuvent dire non ; ne subissent plus de mariages forcés ; de droits de cuissages ; peuvent refuser telles pratiques ou en réclamer ? Qu’à cela ne tienne ! Puisque c’est comme ça, nous irons aux putes. » La pute, c’est l’épouse d’antan, celle que je paye et qui n’a plus son mot à dire. De même que dans le cadre d’un mariage arrangé, la relation sexuelle se passe sous contrat.

    Françoise Héritier (anthropologue) : « Dire que les femmes ont le droit de se vendre, c’est masquer que les hommes ont le droit de les acheter. »

    Notre mouvement :

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    La loi, >> ses manques <<

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    AGENDA :

    • Depuis le 29 octobre a lieu la commission spéciale qui examine la PPL. Les 70 membres sont en grande partie abolitionnistes. Les amendements peuvent être déposés jusqu’au 15 novembre.

    • Le 19 novembre, la commission se réunira pour voter les amendements.

    • La PPL est inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale. Elle sera examinée le 27 novembre, de 16h à 1h du matin.

    • 23 novembre : manifestation annuelle contre les violences faites aux femmes, cette année spécial Abolition.

    La France est un pays abolitionniste:

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    Nous sommes donc à la veille de l’examen de la PPL n°1437 (des députées Maud Olivier et Catherine Coutelle) renforçant la lutte contre le système prostitutionnel. C’est la 3ème fois en deux ans qu’un consensus entre député-e-s de toutes étiquettes s’accorde sur ce point.

    • Rapport parlementaire Bousquet-Geoffroy de 2011

    • Vote d’une résolution à l’Assemblée Nationale réaffirmant la position abolitionniste de la France (décembre 2011)

    • Rapport adopté à l’unanimité de la délégation aux droits des femmes à l’Assemblée Nationale, pour renforcer la lutte contre la prostitution (17 septembre 2013)

    La Grande cause nationale de 2010 et le Plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes (2011-2013) reconnaissent également la violence inhérente à l’achat de tout acte sexuel.

    La Convention des Nations Unies du 2 décembre 1949 et la résolution du Parlement européen du 6 février 2013 considèrent que la prostitution constitue une violation des droits humains et une atteinte à la dignité de la personne.

    Pourtant, en France, la prostitution est la dernière violence faite aux femmes pour laquelle les victimes sont pénalisées, au titre du délit de racolage, alors que ses auteurs demeurent impunis.

    Ne pas en rester aux vœux pieux :

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    Seule une politique très volontariste pourra lutter contre le système prostitueur qui s’attaque aux femmes les plus vulnérables.

    Bilan suédois :

    • Prostitution de rue divisée par deux.

    • Sur internet, il n’y a pas d’énormes difficulté à pister des clients.

    • 70% de la population est aujourd’hui satisfaite de la loi (contre 30% au moment de son vote). Le chiffre est plus élevé chez les jeunes, qui considèrent qu’acheter un acte sexuel n’est pas normal.

    • Les trafiquants ne s’intéressent plus au marché suédois, vu qu’on s’est attaqué à la demande.

    Autres phénomènes :

    • Le client s’empresse de payer l’amende pour éviter de recevoir une convocation au tribunal à son domicile.

    • Les personnes prostituées ont un accès automatique aux associations. On peut informer les étrangères sur leurs droits (notamment les aides, ce dont les proxénètes se gardent de les informer).

    Le contenu de la PPL française est encore modeste, surtout la dernière version. Côté pénalisation, il n’y a de délit qu’en cas de récidive. Dans tous les cas, il n’y a pas de peine de prison. Juste une amende de 1500 euros, 3000 en cas de récidive.

    Dans cette version, il n’y a plus de RSA, mais 330 euros pour les étrangères avec un titre de séjour de 6 mois, qui n’apparaît plus comme renouvelable.

    Ce que la loi propose :

    plume

    La PPL intègre quatre axes forts:

    • Renforcer les moyens de lutte contre le proxénétisme et la traite,

    • Améliorer la protection des victimes de la prostitution et créer un parcours de sortie de la prostitution,

    • Développer des actions d’éducation et d’information pour prévenir le recours à la prostitution,

    • Sanctionner l’achat d’acte sexuel,

    • Timide pénalisation des clients :

    La loi propose donc de pénaliser les clients via une amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe, 1500 euros. Nous sommes pour une amende à hauteur de 3750 euros (montant d’une amende délictuelle) pour des raisons juridiques et symboliques.

    • Raisons juridiques :

    La création d’une contravention de 5ème classe relève du pouvoir réglementaire (Constitution Française, articles 34 et 37) et non du domaine législatif.

    Nous proposons la création d’un délit de recours à la prostitution. Sont des délits les infractions que la loi punit d’une peine d’emprisonnement ou d’une peine d’amende supérieure ou égale à 3 750 euros.

    • Raisons symboliques :

    Le recours à la prostitution est une atteinte grave à la personne humaine. La sanction ne peut se limiter à une peine contraventionnelle.

    Cette mesure pénalise-t-elle aussi les personnes prostituées ?

    Non ! La pénalisation des clients est la mesure pragmatiquement la plus protectrice.

    Plusieurs clients tentent d’obtenir des rapports sans préservatifs, ou des pratiques qui rebutent les personnes prostituées. Lorsqu’ils seront sous le coup de la loi, les personnes prostituées pourront soit accepter l’acte sexuel tarifé dans le respect des conditions qu’elles ont fixé, soit menacer de dénoncer le client.

    • Un stage de sensibilisation des clients.

    La PPL suggère (article 17) que les clients "encourent également l’obligation d’accomplir un stage de sensibilisation aux conditions d’exercice de la prostitution".

    Un sondage TNS Sofres indique que la solution préférée par les Français pour responsabiliser les clients est "un stage d’une semaine pour comprendre les méthodes des proxénètes et le trafic des êtres humains" :

    Nous sommes pour la création d’une infraction pénale ET d’un stage. D’ailleurs, en droit français, la seconde disposition est indissociable de la première.

    Ex : Le stage de sensibilisation à la sécurité routière, aux dangers de l’usage de stupéfiants, de responsabilité parentale etc. ont été créés par le code pénal et personne ne demande spontanément à en bénéficier, sans avoir commis au préalable une infraction pénale.

    • Droits des étrangères (attention, là c’est un peu technique) :

    Sur la question des titres de séjour pour les victimes sans papiers, il faut modifier le Code de l’entrée et du séjour et du droit d’asile (CESEDA).

    La PPL ne modifie pas le premier alinéa qui dit « une carte de séjour temporaire portant la mention "vie privée et familiale" peut (lui) être délivrée ». La décision est soumise au pouvoir discrétionnaire du préfet. Remplacer peut par doit.

    La PPL introduit (après le premier alinéa) : « La carte de séjour est renouvelée pendant toute la durée de la procédure pénale, et sous réserve que les conditions prévues pour sa délivrance continuent d’être satisfaites. »

    1. La PPL prévoit une autorisation provisoire de séjour d’une durée de seulement 6 mois pour les personnes qui ne peuvent déposer plainte et veulent sortir de la prostitution. Et après l’APS, il se passe quoi ?

    2. La PPL dit que la CST est renouvelée “pendant la durée de la procédure pénale”. Et une fois qu’elle est terminée ?

    Nous voulons que cette délivrance soit de plein droit. Nous réclamons que « l’autorité administrative délivre dans les plus brefs délais ». Il faut utiliser la même formulation que pour les femmes victimes de violences bénéficiaires d’une ordonnance de protection (article L316-3 CESEDA) : « le titre de séjour arrivé à expiration de l’étranger qui bénéficie d’une ordonnance de protection (…) est renouvelé »

    Ce qu’on veut, au final :

    feministes

    Protection des personnes prostituées :

    • Suppression de toute forme de répression à leur encontre (racolage),

    • Plan national d’envergure d’alternatives à la prostitution (moyens conséquents),

    • Régularisation immédiate de toutes les personnes victimes de la prostitution,

    • Accès au soin, à des logements et à des formations pour leur insertion professionnelle et sociale,

    • informer dès le plus jeune âge (campagnes de communication) sur les conséquences de la prostitution, éduquer au fait qu’on n’achète pas les corps,

    Fin de l’impunité des clients prostitueurs :

    • Interdiction de l’achat d’acte sexuel dans le code pénal,

    • Renforcement des moyens visant à la prévention et à l’éducation à l’égalité,

    Renforcement des moyens de lutte contre le proxénétisme, et l’accès à une réparation intégrale du préjudice subi par ses victimes.

    • L’arsenal juridique français est bon, mais doit être mieux utilisé, en confisquant systématiquement les biens des proxénètes, en plus des peines de prison.

    • Inclure le proxénétisme dans la liste des crimes les plus graves ouvrant le droit à une indemnisation (art 7 06-3 du Code de procédure pénale).

    • Combattre le proxénétisme par des politiques ambitieuses conduites au niveau européen et international.

    • Mettre en conformité les législations européennes dans un sens abolitionniste.

    Désintox

    TOP 5 des arguments de nos pourfendeurs :

    mauvaise-foi

    • L’ARGUMENT LIBERTAIRE : Les abolitionnistes refusent de prendre en compte le consentement de ceux qui choisissent de se prostituer.

    FAUX : Nos associations accompagnent quotidiennement des personnes qui restent dans la prostitution, voire le revendiquent (surtout quand aucune alternative ne leur est offerte). En revanche, nous estimons que l’addition de quelques consentements individuels ne fait pas un projet de société.

    Certaines personnes consentent librement à travailler pour moins que le SMIC, à se séparer d’un organe, à se prostituer. Dans les deux premiers cas, la loi condamne le patron et non le travailleur, l’acheteur d’organe et non celui qui s’en est séparé. De même, la loi doit condamner le client, et non celle qui marchandise son corps par nécessité.

    Les libéraux et autres libertaires préfèrent la loi de la jungle au contrat social. Sans loi, dans les trois situations citées, ce sont les plus vulnérables qui sont spoliés. Le spectre du consentement va de « adhérer à » jusque « se résigner à ». Le consentement ne vaut pas liberté quand le consentement est vicié.

    • L’ARGUMENT INCRÉDULE : l’abolitionnisme est une utopie !

    FAUX : Abolir ne signifie pas éradiquer.

    Les viols, les meurtres, la pédophilie sont interdits par la loi. Pourtant, ils existent encore et existeront toujours. Mais ils existeront d’autant moins qu’on les combat et qu’on les reconnaît comme étant des violences.

    • L’ARGUMENT LIBERTIN : Vous êtes des puritains, des moralistes et vous n’aimez pas le sexe.

    FAUX : Les abolitionnistes mènent un combat pour la libération sexuelle : une sexualité libérée de l’ordre moral, des archaïsmes patriarcaux et de l’emprise du marché.

    Payer pour obtenir un rapport sexuel revient à l’imposer, à contourner la condition du désir réciproque de la partenaire via une compensation financière. L’achat d’un acte sexuel est la négation même du désir de l’autre, puisqu’il s’agit de le remplacer par cette compensation.

    • L’ARGUMENT ANTI-PROHIBITIONNISTE : Vous voulez interdire la prostitution.

    FAUX : Les abolitionnistes exigent de supprimer le délit de racolage, et toute mesure répressive à l’encontre des personnes prostituées.

    L’abolition n’a rien à voir avec l’interdiction ou la prohibition, qui ne changent rien à la société. Elles ne qualifient pas la violence et ne situent pas la responsabilité des clients, puisque tous les acteurs, clients et prostituées, sont condamnés au même titre.

    La prohibition ne permet ni politique de prévention, ni d’alternatives, puisque les personnes prostituées ne sont pas présentées comme victimes du système, mais comme coresponsables.

    A l’inverse, l’abolitionnisme permet de qualifier la violence du système prostitueur et d’engager des mesures en faveur de ses victimes et contre ses auteurs.

    • L’ARGUMENT INCRÉDULE (BIS) : Le modèle suédois est un échec : la pénalisation du client accroît l’exercice clandestin de la prostitution. La prostitution passera de la rue à internet, aux appartements planqués, aux salons de massage etc.

    FAUX : Aujourd’hui, la prostitution n’a lieu ni dans la rue, ni sur Internet.

    « La rue » et « Internet » ne sont que des modalités d’entrée en contact du client avec la personne prostituée. L’acte prostitutionnel est TOUJOURS caché, et la personne prostituée TOUJOURS vulnérable.

    Au moment où elles montent dans la voiture du client, qu’elles ouvrent la porte de leur appartement ou de la chambre d’hôtel, les personnes prostituées sont seules face au client. Dans ce face à face, si le client risque une amende, il lui sera beaucoup plus difficile d’imposer un acte sexuel sans préservatif ou rebutant.

    Un cadre institutionnel qui reconnaît la violence du système prostitutionnel, qui donne aux prostituées un statut de victimes, leur permet aussi d’exercer clandestinement dans un certain espace de sécurité. En Suède, grâce à ce cadre, les policiers, magistrats et travailleurs sociaux sont formés à les soutenir, à écouter leur parole, à recevoir leurs plaintes.

    A l’inverse, les personnes prostituées « visibles » des bordels hollandais, dont les proxénètes sont des entrepreneurs reconnus, ne peuvent dénoncer un système où elles sont présumées consentantes.

    Les proxénètes ne recherchent pas le crime pour le crime, mais le crime pour l’argent. Quand on pénalise les clients, on attaque la demande, on attaque leurs bénéfices. Les réseaux se détournent de la Suède car l’investissement y est moins rentable.

    Enfin, un Etat qui ne considère pas la prostitution comme une violence ne mettra jamais en place de véritables alternatives à la prostitution et des mesures de protection pour les personnes prostituées. Car il n’y a pas lieu : la prostitution étant un métier comme un autre.

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  • Les vendus

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    Toutes les associations qui font la promotion des campagnes de bien-être (qui consistent à "améliorer" l'esclavage des animaux et non à l'abolir) au détriment du véganisme éthique (qui prône l'abolition de l'exploitation animale ici et maintenant) marchent nécessairement main dans la main avec les bourreaux, que ce soit en pensée ou dans les actes.

    Si demain Monoprix, par exemple, répond aux suppliques de L214 qui lui demande de ne plus utiliser d'oeufs de batterie, gageons que L214 félicitera Monoprix.

    Or Monoprix devra-t-il être félicité ?

    Non, car il utilisera toujours des oeufs, même si issus de l'"exploitation heureuse" (oxymore).

    Ce qui a lieu aujourd'hui aux USA (partenariats obscènes entre exploiteurs "humains" des animaux et associations animalistes, distribution de prix, etc.) arrivera demain chez nous.

    Mais je laisse la parole à Gary Francione.

    Méryl Pinque

    ***

    Les réformes de bien-être animal, l’« exploitation heureuse » et le spécisme

    Le problème : le traitement différent des humains et des non-humains

    Je maintiens que si nous ne pouvons justifier moralement l’exploitation des animaux, alors nous ne devons pas nous faire les avocats d’une exploitation (soi-disant) plus « humaine » ou « heureuse ».

    Certaines des raisons qui me conduisent à cette conviction sont d’un ordre plus pratique.

    Par exemple, je ne pense pas que les réformes de bien-être, qui sont l’objet des campagnes welfaristes lancées par les grandes associations, fournissent la moindre protection significative aux animaux nonhumains. Si l’on prend l’exemple des poules pondeuses, je pense que la différence entre une cage de batterie traditionnelle et une cage « enrichie » équivaut à la différence qu’il y a entre la « torture » tout court et la « torture un poil moins dure » — au mieux. La mise en œuvre de ces « réformes », telles qu’elles sont, advient après une très longue période de temps, voire jamais. Et il se rencontre toujours des problèmes pour appliquer ces « réformes » et s’assurer qu’elles sont bien mises en œuvre.

    En outre j’estime que la plupart d’entre elles verraient le jour de toute façon car elles cherchent à modifier des pratiques économiquement inefficaces (par exemple l’étourdissement électrique des poulets, délaissé au profit de l’étourdissement par atmosphère contrôlée ; l’élimination des box pour l’élevage des veaux de batterie au profit de petites unités sociales), ou, dans la mesure où elles augmentent les coûts de production, elles changent si peu de choses que l’industrie, au final, réalise des bénéfices (exemple des cages de batterie « améliorées »).

    Les associations qui soutiennent les réformes de bien-être n’aident pas les animaux en présentant les produits soi-disant issus d’ « un plus grand bien-être » comme moralement acceptables et résultant d’une exploitation plus « compassionnelle ». Bien au contraire : cela a pour effet d’encourager les gens qui s’interrogent sur la légitimité qu’il y a à consommer les animaux à continuer de les consommer, au lieu de les amener à se concentrer sur le véganisme comme éthique de base et comme seule réponse claire — que ce soit aussi bien à l’échelle individuelle que sociale — au problème de l’exploitation animale. Par conséquent, poursuivre les réformes de bien-être a un effet contre-productif sur l’avancée du véganisme.

    Dans cet article, je débattrai de certains de ces problèmes pratiques, mais je le ferai dans le contexte d’une exploration plus théorique afin de rejeter les réformes de bien-être — que je considère comme les manifestations d’un spécisme inhérent à l’approche welfariste.

    Bien que les viols se produisent à une fréquence alarmante, nous n’avons pas de compagnes pour des viols « humains ». La pédophilie est endémique, mais nous ne faisons pas campagne pour une pédophilie « humaine ». L’esclavage existe dans plusieurs parties du monde et les gens mis en esclavage se comptent par millions, mais nous ne faisons pas campagne pour un esclavage « humain ».

    En revanche, dès lors qu’il s’agit des animaux, de nombreux animalistes font campagne et promeuvent une exploitation (soi-disant) « humaine » ou « heureuse ».
    Je considère cette conduite, qui diffère selon qu’il s’agisse d’humains ou de non-humains, comme problématique.

    Un exemple : Quelle affaire ! 1,99 $ la livre de poulet « heureux »

    Réfléchissons à l’exemple suivant.

    Voici un panneau que j’ai vu à l’entrée du Whole Foods local :

    WholeFoods222

    Outre la publicité qui vend un pauvre poulet dont la triste vie vaut apparemment 1,99 $ la livre, le panneau dit : « Global Animal Partnership, Niveau 2 de Bien-Etre : environnement enrichi ».

    Le Global Animal Partnership est « un organisme de bienfaisance sans but lucratif fondé en 2008 » qui

    rassemble des agriculteurs, des scientifiques, des éleveurs, des détaillants et des défenseurs des animaux — un groupe diversifié dont l’objectif commun est la volonté d’améliorer le bien-être des animaux dans l’agriculture. Notre programme de signatures, les Normes de Notation du Bien-Etre Animal en 5 Etapes (5-Step Animal Welfare Rating Standards), reconnaît et récompense les producteurs pour leurs pratiques de bien-être, promeut et facilite l’amélioration progressive, et informe mieux les consommateurs sur les systèmes de production qu’ils choisissent de soutenir.

    Un « environnement enrichi » signifie que les poulets sont maintenus en intérieur mais qu’on leur fournit des choses telles que plates-formes et balles de foin, qui permettent à leur comportement naturel de s’exprimer.

    Wayne Pacelle, PDG de la HSUS, est membre du Conseil d’administration du Global Animal Partnership.

    Mais avant de critiquer HSUS, sachez que Pacelle n’est pas seul à soutenir le programme « exploitation heureuse » de Whole Foods. Dans le milieu des années 2000, lorsque Whole Foods a lancé ce programme, à peu près toutes les grandes associations animalistes aux Etats-Unis (PETA, Farm Sanctuary, Mercy For Animals, Compassion Over Killing, et Vegan Outreach) ont rejoint Peter Singer et HSUS en exprimant « gratitude et soutien » pour le programme « pionnier » Whole Foods de ce que j’appelle l’ « exploitation heureuse ».

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    Whole Foods — fait compréhensible — a utilisé cette lettre à des fins de relations publiques. Peter Singer a été interrogé à ce sujet :

    Comment ressentez-vous le fait que cette lettre figure dans la section relations publiques du site de Whole Foods, et que lorsqu’on l’interroge sur le traitement des animaux d’élevage et des normes humaines, John Mackey se réfère à elle ?

    Singer a répondu :

    Je n’ai aucun problème avec ça. J’appuie ce que dit la lettre et ils sont invités à l’utiliser. Je veux dire que nous leur avons écrit en nous attendant à ce qu’ils l’utilisent. Ce n’était pas seulement une lettre personnelle à John Mackey à ranger dans son classeur.

    PETA a décerné un prix à Whole Foods :

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    VegNews a mis le PDG de Whole Foods en couverture, a décerné une récompense à Mackey et a nommé Whole Foods « Magasin Préféré de Nourriture Naturelle » durant quatre années consécutives.

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    Permettez-moi de dire clairement ici que je considère le partenariat entre Whole Foods et les défenseurs des animaux comme parfaitement obscène. Il est vraiment moralement répugnant. Pour la plupart d’entre nous, une telle chose ne serait jamais acceptable dans un contexte humain. Imaginez la promotion de certaines — de toutes — les versions « humaines » de la torture. Imaginez que l’on décerne des récompenses à des humains qui en auraient torturé d’autres, mais de manière plus « humaine ». Imaginez des déclarations publiques exprimant « gratitude et soutien » pour des tortures « pionnières ».

    Ces choses-là sont difficiles à imaginer, car la plupart d’entre nous les excluraient dès le départ du moment que des humains sont concernés. Autrement dit, nous dirions que, même si c’est toujours mieux d’imposer moins que plus de souffrance, d’avoir moins que plus de torture, faire une campagne pour « humaniser » la torture — quand bien même une telle campagne pouvait la réduire légèrement — serait une mauvaise chose car elle omettrait le principal : il est mal de torturer les humains tout court. Il est impératif que nous soyons clairs quant au fait que notre opposition à la torture ne porte pas sur le fait de réduire la souffrance, mais sur l’affirmation d’un droit humain fondamental.

    Mais ceux qui font la promotion des campagnes de bien-être animal et qui expriment « gratitude et soutien » aux programmes « pionniers » de l’ « exploitation heureuse » alors qu’ils ne soutiendraient pas de telles campagnes si des humains en étaient l’objet, ne font rien d’autre que cela : nier le droit moral fondamental des animaux nonhumains à ne pas être traités comme des ressources remplaçables.

    Selon moi, c’est du spécisme : nous traitons l’exploitation humaine et l’exploitation nonhumaine de façon différente et nous n’avons aucune bonne raison de le faire.

    Quelle surprise : les néowelfaristes sont en désaccord avec moi

    Ceux qui soutiennent les réformes de bien-être ne sont évidemment pas d’accord avec moi. Ils m’affirment que les défenseurs des animaux doivent soutenir ces campagnes. En effet, dans un événement récent auquel j’ai assisté, Bruce Friedrich de Farm Sanctuary, anciennement à PETA (Farm Sanctuary et PETA sont signataires de la lettre d’amour de Singer à Whole Foods), m’a déclaré que, parce que je m’oppose à ces programmes, je suis « profondément spéciste ».

    Ainsi, selon les partisans des réformes de bien-être, si je m’oppose au programme « exploitation heureuse » de Whole Foods, ou si je ne soutiens pas la campagne pour des cages en batterie « enrichies » promues par les United Egg Producers (premier groupe commercial de l’industrie des œufs) en partenariat avec HSUS, Mercy For Animals, Farm Sanctuary, Compassion Over Killing et d’autres, ou si je critique HSUS et Mercy For Animals parce qu’ils promeuvent le porc « hors batterie » comme une « bonne chose », je ne suis pas seulement spéciste, je suis « profondément spéciste ».

    Voilà une déclaration étrange s’il en fut jamais.

    Est-ce à dire que ces réformistes seraient favorables à des campagnes pour le viol, la pédophilie ou l’esclavage « humains » ?

    D’une manière générale, aucun d’entre eux n’est prêt à dire qu’il soutiendrait de telles campagnes si des humains étaient impliqués.

    Aussi, comment les protecteurs des animaux répondent-ils à ma question de savoir pourquoi nous soutenons les campagnes pour les réformes de bien-être et l’ « exploitation heureuse » mais pas les campagnes pour un viol, une pédophilie ou un esclavage plus « humains » ? Autrement dit, comment évitent-ils la très limpide réalité suivante : à savoir que nous traitons les situations impliquant les non-humains différemment de la façon dont nous traitons celles impliquant les humains ?

    Les réformistes répondent généralement que l’exploitation animale est omniprésente et acceptée, tandis que le viol, la pédophilie et l’esclavage sont tous rejetés et peu répandus, étant donné qu’il existe déjà contre ces pratiques de solides normes morales et que les lois les interdisent. Ils affirment que des campagnes qui feraient la promotion du viol, de la pédophilie ou de l’esclavage « humains » affaibliraient ces normes et ces lois, tandis qu’il n’existe pas de normes fortes contre l’exploitation des animaux, pas de lois interdisant leur maltraitance dans la plupart des circonstances, et que par conséquent les réformes de bien-être et les programmes d’ « exploitation heureuse » ne pourront que renforcer ces normes et se traduire par de nouvelles lois.

    Cet argument ne tient pas.

    Des campagnes pour rendre les violations des droits fondamentaux plus « humaines » versus des campagnes pour étendre les droits des personnes

    En ce qui concerne la prétendue solidité des normes et des lois contre le viol, la pédophilie et l’esclavage, je doute que la plupart des victimes de ces trois fléaux en soient d’accord.

    Quelles que soient les normes et les lois existantes, la réalité est qu’il y a encore énormément de viols et autres agressions sexuelles. Une Américaine sur six a été victime de viol ou de tentative de viol, et le viol comme les autres formes de violences sexuelles sont souvent non déclarées.

    Chaque année, on dénombre environ 6 millions d’enfants abusés. Encore une fois, il est impossible de savoir le nombre exact d’actes pédophiles. Mais il y en a énormément.

    Et bien que l’esclavage soit interdit dans tous les pays et par les normes du droit coutumier international, il y a environ 27 millions d’esclaves dans le monde — plus que jamais dans l’histoire humaine.

    Beaucoup de gens croient que si des lois existent qui interdisent une pratique, cela signifie qu’une norme morale existe contre cette pratique et qu’elle advient rarement. C’est tout simplement faux et cela reflète une compréhension naïve de la loi. Pensez-y. Il y a des lois contre les excès de vitesse. Avez-vous conduit ces derniers temps ? De même, alors que nous avons de nombreuses lois contre le viol, la pédophilie et l’esclavage, ces pratiques non seulement perdurent mais se produisent fréquemment et ne sont pas punies.

    Par ailleurs, tout comme il existe des normes contre le viol, la pédophilie et l’esclavage, et des lois qui les interdisent, il existe aussi une très forte norme contre la cruauté envers les animaux et des lois qui interdisent de les maltraiter. Les welfaristes esquivent la question en posant que les campagnes pour le bien-être et les programmes d’ « exploitation heureuse » renforceront la norme contre l’utilisation des animaux. Au contraire, il y a toutes les raisons de croire qu’elles auront l’effet inverse et renforceront l’idée que l’on peut « humainement » utiliser/exploiter les animaux si nous promulguons les réformes de bien-être et exigeons pour eux un traitement plus « humain ».

    Les welfaristes pensent que la différence entre les campagnes pour un viol « humain » et les campagnes pour une exploitation « humaine » des animaux repose en grande partie sur le fait que l’exploitation des femmes, des enfants ou des esclaves n’est pas aussi répandue que l’exploitation animale. De fait, avec 7 milliards d’humains vivant sur ​​la planète et 1000 milliards d’animaux tués par an pour la seule nourriture, il ne serait guère possible que la valeur quantitative soit la même ! Donc, je ne nie pas qu’il y ait une énorme différence quantitative entre le taux de violences interhumaines de toutes sortes et le taux de violence contre les animaux. Mais le fait est qu’en dépit des normes et des lois qui condamnent toutes ces pratiques, celles-ci ont toujours court, non en tant qu’exceptions mais comme une part « normale » de la vie quotidienne.

    Par conséquent, il y a des gens — beaucoup de gens — qui souffrent du viol, de la pédophilie et de l’esclavage.

    Pourquoi, dès lors, ne pas faire campagne en faveur d’une forme de viol « moins violent », de pédophilie « plus douce » ou d’esclavage plus « humain » ?

    Après tout, les réformistes affirment qu’en promouvant les réformes de bien-être, nous devons nous demander : la souffrance animale exige-t-elle maintenant cette réforme ? Si la réponse est « oui », alors pour eux nous devons les soutenir.

    Mettons de côté le fait que celles-ci entrent généralement en vigueur (si c’est le cas) de nombreuses années après leur promulgation. Donc si je traduis bien ce « test », il signifie que nous nous demandons, en 2013 : « une poule en 2023 préfère-t-elle être dans une cage de batterie ‘enrichie’ ou dans une cage de batterie conventionnelle ? » C’est là un questionnement fort étrange, que nous allons appliquer au viol, à la pédophilie et à l’esclavage.

    Une femme violée par un violeur brutal préfèrera-t-elle l’être par un violeur moins brutal ?

    Oui, bien sûr.

    Un enfant abusé préfèrera-t-il être abusé moins souvent ou moins cruellement ?

    Oui, bien sûr.

    Un esclave préfèrera-t-il être traité moins durement ?

    Oui, bien sûr.

    Ainsi, selon cette idée, nous devons soutenir les campagnes visant à inciter les gens à être moins brutaux et plus « humains » quand ils entreprennent des actes auxquels, en dépit des lois, beaucoup vont se livrer de toute façon.

    Mais bien que nous soyons tous d’accord sur le fait que moins de souffrance soit préférable à plus de souffrance, la plupart d’entre nous ne soutiendraient pas ce genre de campagnes. Pourquoi ?

    C’est facile. Parce que le viol, la pédophilie et l’esclavage sont des choses qui ne devraient pas advenir du tout. Le viol, la pédophilie et l’esclavage impliquent tous la violation des droits fondamentaux que quiconque possédant le statut moral de personne doit avoir. Les droits fondamentaux sont les droits à poursuivre son existence, à ne pas subir de torture, de viol, de mutilation, etc.

    La plupart d’entre nous sont révulsés par l’idée qu’il pourrait exister des campagnes visant à rendre les violations de ces droits fondamentaux plus « humaines ». C’est une chose que de rechercher des améliorations graduelles une fois achevée la conquête des droits fondamentaux pour nous occuper de droits qui peuvent encore être très importants mais ne sont pas fondamentaux de la façon dont les droits à la vie et à la sécurité physique le sont ; c’en est une autre que de faire campagne pour une torture, un viol, une pédophilie, un esclavage, etc., plus « humains ».

    Afin de bien voir la différence, nous allons examiner les deux campagnes suivantes. Campagne 1 est une campagne visant à garantir le droit de conduire aux femmes dans un pays, l’Arabie Saoudite, qui le leur interdit en raison d’interprétations religieuses. Campagne 2 est une campagne visant à rendre plus humaine la lapidation des femmes en Arabie Saoudite accusées de parler avec un homme qui n’est pas leur mari.

    Notre intuition nous dit que soutenir une campagne pour le droit de conduire est acceptable, surtout si elle est couplée avec une demande claire et sans équivoque pour l’égalité complète des femmes. Mais une campagne pour une lapidation « humaine » ? Non. Notre intuition nous dit qu’une telle campagne est moralement inacceptable et que la seule position à prendre est qu’aucune femme ne doit être lapidée tout court. Quand il s’agit de ce genre de situations, nous ne pensons pas en termes de réduction de la souffrance : nous pensons en termes d’interdiction et nous voulons envoyer le message très clair suivant : le droit à ne pas être lapidée pour avoir parlé avec un homme est un droit qui ne peut être compromis.

    Il serait tout simplement obscène d’avoir une campagne en faveur d’une lapidation plus « humaine » couplée à une lettre publique, rédigée par des militants des droits humains, exprimant « gratitude et soutien » aux auteurs des lapidations pour leurs méthodes « pionnières » en la matière.

    De la même façon, comparons une campagne invitant un dictateur à torturer plus « humainement » les prisonniers politiques avec une campagne encourageant le même dictateur à monter des procès équitables et assurer la protection due à ces prisonniers. Dans le premier cas, la campagne cherche à rendre la violation du droit fondamental à la sécurité physique plus « humaine ». Dans le second, la campagne vise à franchir un pas supplémentaire vers la justice pour un groupe particulier.

    Pouvez-vous imaginer une campagne demandant des supplices plus « doux », décernant au dictateur un prix pour ses méthodes de torture « humaines » et mettant celui-ci en couverture d’un magazine dédié aux droits humains sur un mode dithyrambique ?

    Il ne fait aucun doute qu’il existe une différence entre une campagne visant à rendre l’esclavage plus « humain » en limitant le nombre de coups infligés aux esclaves, et une campagne cherchant à étendre et protéger le droit de vote pour les groupes minoritaires qui ne sont pas esclaves et sont considérés moralement et juridiquement comme des personnes, et pour lesquels nous cherchons la justice et l’égalité. Il ne fait aucun doute qu’il existe une différence entre une campagne pour un viol « humain » et une campagne pour la pleine égalité des droits pour les femmes. Il ne fait aucun doute qu’il existe une différence entre une campagne pour une pédophilie plus « humaine » et une campagne pour une meilleure éducation publique des enfants issus de milieux économiquement défavorisés.

    Dans la première partie de chacun des ensembles ci-dessus, la campagne vise une violation plus « humaine » des droits fondamentaux des êtres qui sont traités comme des choses. Dans la seconde, la campagne vise à assurer une plus grande protection aux êtres qui sont considérés comme des personnes mais faisant l’objet d’une injustice ou d’une inégalité.

    Les animaux nonhumains, qui sont élevés et tués pour l’usage des humains, sont, de manière institutionnelle, privés de leurs droits fondamentaux à la vie et à la sécurité physique. Ils se trouvent dans une situation similaire à celle des esclaves en ce qu’ils sont des biens meubles — des choses — qui n’ont pas de valeur intrinsèque. Ils ont seulement la valeur extrinsèque que nous, leurs propriétaires, leur donnons. Les animaux nonhumains sont dans une situation similaire à celle des victimes des camps de concentration, dont la détention et le sacrifice sont rationalisés afin d’être aussi mécanisés et efficaces que possible. Ils sont victimes d’une exploitation institutionnelle où l’institution existe pour les priver de leurs droits fondamentaux et nier leur statut de personnes morales.

    La plupart d’entre nous estiment que ce ne serait pas une bonne idée du tout que de faire campagne pour un esclavage ou des camps de concentration plus « humains ». Et nous n’aurions certainement pas fait de déclarations publiques louant les propriétaires d’esclaves et leur exprimant « gratitude et soutien », ni qualifié les méthodes de confinement et d’exécution dans les camps de concentration de « pionnières ».

    Pourtant, la plupart des grandes associations animalistes des Etats-Unis, d’Amérique du Sud, d’Europe, d’Australie, etc., font précisément cela. Ils promeuvent des campagnes en faveur de violations plus « humaines » des droits moraux des animaux. Ce qu’ils font est analogue au fait de faire campagne pour une lapidation plus « humaine ». Une campagne pour des cages de batterie « enrichies » ou pour le meurtre des poulets par atmosphère contrôlée ne peut s’apparenter ni à une campagne pour le droit de conduire des femmes en Arabie Saoudite (qui est une étape vers la pleine égalité des personnes), ni aux programmes de discrimination positive, ni aux programmes visant à améliorer et augmenter les prestations de Medicaid.

    Non, je ne suis pas pour plus de souffrance animale

    Les réformistes affirment que s’opposer à leurs campagnes d’« exploitation heureuse » équivaut à s’opposer à soulager la souffrance des animaux. C’est tout simplement absurde. En mettant de côté le fait que j’estime que ces réformes de bien-être ne contribuent guère à accroître la protection des animaux, je ne soutiens pas davantage ces campagnes que je ne soutiendrais une lapidation plus « humaine » des femmes ou une pédophilie plus « douce ». Une lapidation plus « humaine » et une pédophilie plus « douce » peuvent réduire un peu la souffrance des victimes, mais ce serait au prix de l’acceptation du fait que les institutions existant à seule fin de nier les droits moraux fondamentaux peuvent être « améliorées ». Or elles ne peuvent l’être.

    Les réformistes prétendent que parce que je me suis opposé à la Proposition 2 en 2008, j’étais pour que les poules pondeuses en Californie souffrent plus. C’est tout simplement absurde. Je me suis opposé à la Proposition 2 parce que je rejette l’approche welfariste et que j’estimais qu’il était important de prendre position contre les campagnes de bien-être qui sont devenues une caractéristique omniprésente du mouvement animaliste moderne. Comme je l’ai dit à l’époque :

    La Proposition 2, si elle est adoptée, ne fera que rendre le public plus à l’aise par rapport à l’exploitation animale et entraînera son augmentation. Les animaux continueront d’être torturés ; la seule différence sera que la torture portera le sceau d’approbation de HSUS, de Farm Sanctuary et des autres organismes de protection animale qui font la promotion de la Proposition 2. Il est révélateur qu’environ 100 organisations agricoles soutiennent la proposition 2. Pourquoi à votre avis ? La réponse est simple : ces producteurs croient que la Proposition 2 aidera leurs « performances ». Et elle le fera.

    et :

    Il est important pour les défenseurs des animaux d’envoyer un message clair à HSUS, à Farm Sanctuary et aux autres associations concernées en leur disant de cesser de promouvoir des mesures telles que la Proposition 2. Si HSUS est vraiment préoccupée par la souffrance animale, alors elle devrait peut-être consacrer une grosse partie de ses 223 millions de dollars d’actifs et 124 millions de dollars de recettes à l’éducation végane. Le véganisme réduit la demande en produits d’origine animale et contribue à changer les attitudes sociales en battant en brèche l’idée qu’il est moralement acceptable d’utiliser les animaux aussi longtemps que nous le faisons « humainement ». Cette vision des choses ne conduit à rien sinon à poursuivre et intensifier l’utilisation des animaux. Il est temps que leurs « défenseurs » lui tournent le dos.

    Si les défenseurs des animaux sont tenus de ne pas s’opposer à ces campagnes, alors les grandes associations welfaristes vont tout simplement les poursuivre. Ne pas s’opposer à ces campagnes, c’est soutenir l’ « exploitation heureuse ». Je refuse de soutenir l’ « exploitation heureuse ».

    Les réformistes affirment que si je ne soutiens pas la campagne pour la reconnaissance des grands singes ou des dauphins comme « personnes », je suis pour que ces non-humains continuent de souffrir. C’est tout simplement absurde. Je ne peux pas plus soutenir une telle campagne, qui conditionne l’évolution des animaux du statut de « chose » à celui de « personne » à la possession de caractéristiques humaines, que je ne pourrais soutenir une campagne contre l’esclavage humain qui n’accorderait le statut de personne uniquement aux esclaves à peau claire ou possédant un certain pourcentage de globules blancs. Je suis pour que tous les grands singes de chaque laboratoire et zoo, et tous les dauphins de chaque parc d’attractions soient libérés, mais je ne soutiendrai pas une campagne posant que le statut moral d’un être dépend de sa possession de caractéristiques humaines — a fortiori lorsque ces campagnes sont promues par des gens qui ne sont même pas végans (c’est souvent le cas) ou qui vont se trahir en disant que le fait d’être une personne est lié à des caractéristiques au-delà de la sentience et que d’autres animaux qui sont sentients, mais n’ont pas ces caractéristiques « spéciales » (c’est-à-dire de type humain) ne comptent pas comme personnes.

    Les réformistes : « Les campagnes de réforme du bien-être ne signifient pas approuver le fait de consommer des produits animaux »

    Non seulement les réformistes font campagne pour « améliorer » les violations d’un droit fondamental, mais encore prétendent-ils ne pas délivrer de sceau d’approbation pour une exploitation des animaux plus « humaine » ou « améliorée » qui résulte (soi-disant) de la mise en œuvre de la réforme.

    C’est tout simplement absurde.

    Comment leurs campagnes pourraient-elles ne pas délivrer de sceau d’approbation aux soi-disant « meilleures » formes d’exploitation qui en découlent?

    Permettez-moi de dire aussi simplement que possible ce qui doit paraître évident aux yeux de quiconque réfléchit un instant : lorsque vous décernez des prix aux exploiteurs, lorsque vous produisez publiquement des lettres qui les félicitent, lorsque vous parrainez ou promouvez des labels « exploitation heureuse », lorsque vous les célébrez sur les couvertures des magazines et ​​les sites de médias sociaux en demandant à vos sympathisants de donner des « bravos » ou des « soutiens » aux exploiteurs, vous appliquez de fait un sceau d’approbation sur une exploitation des animaux soi-disant plus « douce ». Et il est absurde de prétendre le contraire.

    Question : quand quelqu’un voit la pub Whole Foods pour le poulet bio à 1,99 $ la livre flanqué d’un « Niveau de Bien-Etre » de 2, vérifie le Global Animal Partnership pour constater qu’il a le PDG de HSUS sur son conseil d’administration, et lit que PETA, HSUS, Mercy For Animals, Compassion Over Killing, Vegan Outreach, etc., ont tous exprimé publiquement « gratitude et soutien » au programme « pionnier » d’ « exploitation heureuse » de Whole Foods et décerné des prix à Whole Foods comme à son PDG, que pourra bien penser cette personne ?

    Réponse : elle pensera exactement ce que toute personne sensée et rationnelle penserait : que les animalistes, qui sont les « experts » et qui ont à l’esprit les intérêts supérieurs des animaux, approuvent les produits d’origine animale que Whole Foods lui vend ; qu’elle doit acheter ces produits. Elle peut penser que ces groupes souhaiteraient idéalement qu’elle devienne « veg » en définitive, mais elle ne peut tout simplement éviter de penser que les « experts » lui disent qu’elle se comporte de façon morale en achetant les produits animaux « heureux » de Whole Foods.

    Le récent article de Bruce Friedrich sur les œufs de poules élevées en cage conclut :

    « Jusqu’à présent, la seule chaîne d’épicerie à avoir banni la vente d’œufs provenant de poules en cage est Whole Foods. La seule chaîne de restaurant ayant promis de les bannir de leur chaîne d’approvisionnement est Burger King (pour 2017). Ces compagnies méritent des applaudissements pour leurs progrès. Ces types de cages vont également être illégaux en Californie en 2015 et dans le Michigan en 2019, et la loi concernant leur interdiction sera bientôt introduite dans le Massachusetts (si vous vivez dans cet Etat, consultez FarmSanctuary.org pour les mises à jour).

    Chez Farm Sanctuary, nous passons notre vie avec des animaux d’élevage, et sous aucun prétexte nous ne les mangerions ou mangerions leurs œufs. Nous refusons la maltraitance que subissent les poules dans tous les types d’élevage, y compris en plein air et en cages enrichies. Mais nous travaillons également à abolir les pires abus subis par les animaux d’élevage, et il est difficile d’imaginer pire que les cages de batterie stériles et exiguës où 250 millions de poules sont obligées de passer leur vie.

    Les cages de batterie doivent disparaître. »

    En mettant de côté le fait que Friedrich fait actuellement campagne, avec HSUS, pour une loi nationale qui ferait des cages de batterie « enrichies » la norme nationale, son message est encore terriblement confus. Comme quelqu’un l’a fait remarquer :

    « Bien, alors que dois-je faire en premier ?… Ne plus soutenir le massacre des poulets en devenant végan, ou écrire une lettre de remerciements à Burger King et Whole Foods pour continuer à soutenir ce massacre ? »

    Exactement. Le message que Friedrich envoie est le suivant : ne pas du tout manger d’œufs est une posture qui relève de l’idéal, et le fait qu’il y ait des étapes progressives, telles que le plein air ou les cages de batterie « enrichies », est moralement acceptable.

    L’automne dernier, PETA revendiquait le fait de ne pas approuver « l’exploitation heureuse ». Mais, comme je l’ai fait remarquer, ce démenti sonne creux alors que PETA est activement engagée dans toutes sortes de partenariats avec des exploiteurs institutionnels, les louange, leur décerne des récompenses, etc.

    Et le programme d’ « exploitation heureuse » de Whole Foods n’est pas le seul qui soit encouragé par les défenseurs des animaux. Il y a d’autres cas similaires.

    Par exemple, Humane Farm Animal Care (HFAC), avec ses partenaires HSUS, American Society for the Prevention of Cruelty to Animals (ASPCA), World Society for the Protection of Animals (WSPA) et d’autres, soutiennent le label « Certified Humane Raised & Handled ».

    CertifiedHumaneSelon la présentation :

    « Humane Farm Animal Care (HFAC) est le premier organisme de certification à but non lucratif dédié à l’amélioration de la vie des animaux d’élevage dans la production alimentaire, de la naissance à l’abattage. L’objectif du programme est d’améliorer la vie des animaux d’élevage en amenant le consommateur à demander des pratiques d’élevage plus respectueuses et responsables. Quand vous voyez le label Certified Humane Raised and Handled sur un produit, vous pouvez être sûr que le produit alimentaire vient d’infrastructures qui répondent aux normes précises et objectives du traitement des animaux d’élevage. »

    Ceci n’est pas une « approbation » des produits portant le label Certified Humane. Vraiment ? Je ne suis pas d’accord.

    La Humane Society International, une branche de HSUS, a lancé un label « Humane Choice » en Australie qui prétend « vouloir garantir au consommateur que l’animal a été traité avec respect et soin, de sa naissance à sa mort ».

    HumaneChoiceSelon HSI/HSUS :

    « Avec la récente publicité sur les produits libre-parcours et les revendications en matière d’étiquetage des denrées alimentaires, cette initiative importante ne pouvait pas attendre plus longtemps. Le label Humane Choice couvrira dans un premier temps les bœuf, porc, agneau, poulet libre-parcours et garantira au consommateur que l’animal a été traité avec respect et soin, de sa naissance à sa mort. Cette philosophie peut être appliquée à l’ensemble de l’élevage en étendant ces valeurs à tous les animaux dans le programme d’accréditation du label Humane Choice.

    Le label Humane Choice True Free Range signifiera que l’animal a eu la meilleure vie et la meilleure mort pouvant être offertes à un animal d’élevage. Fondamentalement, il vivra son existence comme il l’aurait fait à la ferme du « Old McDonald », né et élevé en pâturage et pouvant satisfaire ses besoins comportementaux, comme fourrager et se déplacer sans cage ni attache, avec un libre accès à l’extérieur, de l’ombre quand il fait chaud, un abri quand il fait froid, une bonne alimentation et une mort humaine. »

    Ceci n’est pas une « approbation » des produits portant le label Certified Humane. Vraiment ? Je ne suis pas d’accord.

    La RSPCA en Grande-Bretagne possède le label Freedom Food, qui est « le label de qualité et le système d’étiquetage alimentaire de la RSPCA. Il vise à améliorer le bien-être des animaux élevés pour notre alimentation. Freedom Food évalue les élevages selon les normes strictes de la RSPCA et s’ils répondent à tous les critères, ils peuvent alors utiliser le label Freedom Food sur leur produit ». Il est « le seul label qualité d’aliments fermiers à être reconnu à la fois au niveau du Royaume-Uni et de l’UE comme preuve d’un bien-être animal supérieur. »

    Freedom Food est « le label de qualité et le système d’étiquetage alimentaire de la RSPCA, le seul label de qualité à être reconnu à la fois au niveau du Royaume-Uni et de l’Union Européenne comme preuve d’un bien-être animal supérieur. »

    RSPCAFFLa RSPCA déclare :

    « Nous savons que la majorité des gens — plus de 70% — se préoccupent du bien-être des animaux d’élevage sans savoir quoi faire. C’est pourquoi nous travaillons avec les détaillants (supermarchés, dépanneurs, vente à la ferme) à augmenter la visibilité de Freedom Food sur le point de vente. Nous travaillons aussi avec les marques de produits alimentaires, chefs cuisiniers, restaurateurs et entreprises de services alimentaires : nous les encourageons à acheter des produits provenant d’élevages approuvés par Freedom Food ou les aidons à amener leurs fournisseurs au niveau approuvé par Freedom Food de sorte qu’il soit facile pour nous, en tant que consommateurs, de choisir l’option de bien-être la plus élevée. »

    Ceci n’est pas une « approbation » des produits portant le label Certified Humane. Vraiment ? Je ne suis pas d’accord.

    La RSPCA, la plus traditionnelle des associations welfaristes, ne serait probablement pas d’accord avec le fait qu’on lui fasse remarquer qu’elle approuve littéralement la consommation de produits animaux. Mais le fait est qu’il y a toute une armée de protecteurs qui encourage les gens à croire qu’il existe des produits d’origine animale « heureux » et que les gens qui se soucient des animaux doivent consommer ces produits avec plus (la RSPCA) ou moins (Farm Sanctuary, PeTA, Mercy For Animals, HSUS) bonne conscience. Plutôt que de remettre en question la croyance selon laquelle les humains doivent consommer des produits d’origine animale, ces associations animalistes renforcent l’idée que les humains peuvent consommer des produits d’origine animale pour autant que les animaux soient traités « humainement ».

    Une autre association britannique, Compassion in World Farming, a attribué le « Good Egg Awards » à des compagnies telles que McDonald’s en les félicitant de leur utilisation d’œufs de poules « sans cage ».

    GoodEggLe CIWF décerne une vaste gamme de récompenses pour les poulets, porcs, produits laitiers « heureux » :

    « A travers notre programme Good Farm Animal Welfare Awards, nous nous engageons et récompensons des leaders d’entreprises alimentaires à travers l’Europe pour leur politique ou leurs engagements actuels entraînant un impact positif sur le bien-être des animaux d’élevage dans leurs chaînes d’approvisionnement.

    Depuis 2007, nous menons notre programme phare, le Good Egg Award, pour célébrer les entreprises qui se fournissent uniquement en œufs de poules sans cage. Nous avons maintenant étendu le programme en lançant le Good Chicken Award en 2010, le Good Dairy Award en 2011 et le Good Pig Award en 2012.

    Nous récompensons les entreprises qui sont engagées dans la mise en œuvre de changements substantiels et font des progrès dans leurs approvisionnements en viande, œufs et produits laitiers en travaillant conjointement avec nous afin de répondre à l’ensemble précis de critères permettant d’obtenir la récompense. »

    Voici une liste des gagnants du prix CIWF. Consultez cette liste. Selon moi, elle est à couper le souffle. Elle comprend à peu près tous les grands exploiteurs d’animaux de la planète.

    Ceci n’est pas une « approbation » des produits portant le label Certified Humane. Vraiment ? Je ne suis pas d’accord.

    Les welfaristes aiment recourir à des exemples tels qu’Amnesty International qui promeuvent de meilleures conditions d’emprisonnement pour les condamnés à mort alors qu’ils luttent dans le même temps pour l’abolition de la peine de mort. Un prisonnier condamné à mort est une personne qui, après avoir été reconnue coupable sans aucun doute par un jury, d’avoir commis un crime, a, en vertu des lois propres à certaines parties du monde, perdu son droit à l’existence, mais dispose de son droit à disposer de tous ses autres intérêts. Mais encore une fois, Amnesty International ne promeut pas les réformes d’emprisonnement comme étant « novatrices » ni ne place aucune sorte de cachet d’approbation sur eux.

    Or c’est exactement ce que font les welfaristes. Et les animaux n’ont même pas commis de crime.

    Les réformistes : « Bien que nous militions pour un esclavage ‘heureux’, nous sommes réellement abolitionnistes »

    Les réformistes non seulement soutiennent que les campagnes de bien-être ne signifient pas approuver les produits « respectueux » que les réformes sont supposées produire, mais que ces campagnes sont réellement « abolitionnistes ». Ils affirment chercher explicitement à mettre fin à toute exploitation animale.

    Réponse courte : c’est un non-sens.

    Dans tous les cas cités, qui impliquent un grand nombre d’associations majeures des Etats-Unis et de Grande-Bretagne, les défenseurs des animaux n’appellent pas à la fin de l’exploitation animale. Au contraire, ils promeuvent des projets dont ils affirment qu’ils aideront les exploiteurs à devenir plus efficaces et moralement acceptables.

    Le Global Animal Partnership, qui a développé le programme d’ « exploitation heureuse » de Whole Foods que Whole Foods utilise, travaille avec Farm Forward, une organisation qui travaille avec les défenseurs des animaux et l’industrie en vue « d’aligner les besoins des sociétés pour l’efficacité et la rentabilité avec des méthodes de production qui favorisent la durabilité et le bien-être animal. » Les membres du bureau de Farm Forward incluent Mackey, le PDG de Whole Foods et l’auteur « viande heureuse » Jonathan Safran Foer. Selon Bruce Friedrich de Farm Sanctuary, qui officiait autrefois à PETA, « Farm Forward a été absolument essentiel pour renforcer l’habileté de PETA à influencer et négocier efficacement avec les sociétés. »

    Imaginez travailler avec des propriétaires d’esclaves qui profitent de la traite pour « aligner les besoins des vendeurs d’esclaves pour l’efficacité et la rentabilité avec des méthodes de production qui favorisent le bien-être des esclaves. » Cela ne me paraît pas abolitionniste. En fait, cela a tout l’air d’un partenariat entre les défenseurs des animaux et les exploiteurs afin d’améliorer le rendement économique de l’exploitation animale.

    HSUS a un programme impliquant Global Animal Partnership, American Grassfed Association et le label viande « heureuse » Certified Humane Raised and Handled afin d’aider les agriculteurs à « ajouter de la valeur à [leur] produit ! »

    HSUSGlobalAnimalAinsi donc, les défenseurs des animaux travaillent avec les agriculteurs afin de les aider à « ajouter de la valeur à [leur] produit ! »

    S’il vous plaît, ne me dites pas que les réformes de bien-être ne rendent pas l’industrie plus rentable ou que quelque chose en elles est abolitionniste. Au contraire.
    Ceux qui promeuvent le label Certified Humane Raised and Handled déclarent :

    « Il semble que presque chaque semaine un nouveau livre, film, reportage télévisé ou article de presse soulève des questions concernant la façon dont les animaux d’élevage sont traités. Par conséquent, l’intérêt des consommateurs pour les produits d’animaux élevés humainement a grandi brusquement.

    Le programme Certified Humane® est la meilleure façon pour vous de placer viande, volaille, œufs et produits laitiers et d’exploiter cette demande croissante. Quand vous devenez certifié, vous obtenez la crédibilité de l’inspection par l’organisation à but non lucratif Humane Farm Animal Care. Et vous touchez des millions de clients potentiels à travers nos partisans d’une société humaine et l’ample couverture médiatique que génère Certified Humane®. »

    et

    « Notre promotion et notre publicité touchent des millions de consommateurs. Nos supporters ont près de 20 millions d’électeurs qui constituent le cœur du marché pour ces produits. Les organisations humaines promeuvent le programme Certified Humane® sur leurs sites internet, dans leurs publications, le publipostage ciblé et les refuges pour animaux à travers le pays.

    Elles sont constituées de militants qui recommandent les produits — vos produits — Certified Humane® à leurs amis et leur famille. De nombreux commerçants reçoivent des demandes de ces militants désireux d’acheter des produits humains et de les partager avec d’autres.

    Votre influence s’étendra par-delà ce noyau. De nombreuses publications ont présenté le programme Certified Humane®, y compris USA Today, Good Housekeeping, Vanity Fair, Time Magazine, Saveur and Self.

    Le site Internet Certified Humane® reçoit en moyenne plus de 12000 visiteurs uniques par mois. Il fournit des informations sur les produits qui sont disponibles et dit où les acheter. Par conséquent, davantage de consommateurs, de commerçants et de restaurateurs vous trouveront, vous et vos produits. »

    et

    « Certified Humane® fait de la publicité aux revendeurs qui ont des produits Certified Humane® dans leurs magasins. En raison de la demande des consommateurs qui voulaient savoir où ils pouvaient acheter des produits Certified Humane®, nous avons créé une base de données consultable sur notre site internet :

    * La section « Where to Buy » de notre site Web reçoit plus de 12000 nouveaux visiteurs uniques par mois, et 11000 visiteurs reviennent chaque mois.

    * Un e-mail permet aux consommateurs connaissant certains revendeurs qui disposent de produits Certified Humane® de le signaler. »

    Cela ne me paraît pas très abolitionniste. En fait, cela a tout l’air d’un partenariat entre les défenseurs des animaux et les exploiteurs afin d’améliorer le rendement économique de l’exploitation animale.

    La RSPCA fait la promotion des bénéfices économiques de son logo Freedom Food, déclarant:

    « En dépit de l’incertitude économique, la demande des consommateurs pour des normes supérieures en matière de bien-être des animaux d’élevage continue de grandir. Le label de qualité pour produits fermiers de Freedom Food peut vous aider à bénéficier de l’avantage de cette tendance en différenciant votre entreprise de vos concurrents et ajouter de la valeur à vos produits. »

    « Ajouter de la valeur à vos produits » ? Cela ne me paraît pas abolitionniste. En fait, cela m’a tout l’air d’un partenariat entre les défenseurs des animaux et les exploiteurs afin d’améliorer le rendement économique de l’exploitation animale.

    CIWF a créé un programme de partenariat explicite avec des exploiteurs institutionnels appelé le Food Business Team :

    Depuis son lancement en 2007, le programme Food Business Team de Compassion in World Farming a initié une approche unique de partenariat avec l’industrie alimentaire, obtenant de bons résultats. Certaines des plus importantes compagnies alimentaires du monde en font partie et des millions d’animaux en ont déjà bénéficié.

    Nous avons une équipe de spécialistes engagée aux côtés des plus grandes compagnies alimentaires, inspirant le progrès à travers des prix prestigieux, soutenant les produits et les initiatives qui représentent des bénéfices tangibles pour les animaux d’élevage tout comme des avantages en matière d’innovation et de compétitivité pour les entreprises.

    Notre siège social est basé au Royaume-Uni et nous avons des gestionnaires opérant en France, en Italie et en Allemagne.

    CIWF agit en effet comme une firme de relations publiques pour soutenir l’utilisation des animaux par des dizaines d’exploiteurs institutionnels.

    Imaginez-vous soutenir l’esclavage via votre firme de relations publiques. Cela ne me paraît pas abolitionniste. En fait, cela m’a tout l’air d’un partenariat avec l’institution esclavagiste.

    Le fait que les défenseurs des animaux qui soutiennent ces campagnes puissent vouloir ou prétendre vouloir mettre fin à toute exploitation animale ne masque pas le fait que ces campagnes sont tout sauf abolitionnistes.

    L’éleveur de porcs Joe Maxwell est vice-président d’Humane Society of the U.S. :

    JoeMaxwellSelon Maxwell :

    « Chez HSUS, nous soutenons les agriculteurs et les éleveurs qui sont respectueux de l’environnement et des animaux : en tant qu’agriculteur du Missouri de la quatrième génération, je suis l’un d’eux. »

    Abolitionniste ? Jamais de la vie. HSUS et ses groupes de soutien — Farm Stanctuary, Mercy For Animals, Compassion Over Killing et d’autres — devraient avoir honte d’eux-mêmes.

    Les défenseurs des animaux qui soutiennent les réformes de bien-être prétendent souvent avoir l’abolition comme but ; ils affirment vouloir éliminer toute utilisation des animaux. Mais ils considèrent l’exploitation « heureuse » comme le moyen d’y arriver. Cela est comparable au fait de recourir à la guerre en vue de parvenir à la non-violence et à la paix. Le welfariste qui se prétend abolitionniste soutient que l’exploitation « douce », « compassionnelle » ou « heureuse » est un moyen moralement acceptable de parvenir à la fin de l’exploitation.

    Vous voyez le problème ?

    Je maintiens que le terme « abolitionniste » est correctement utilisé seulement si les moyens sont cohérents avec la fin, et les moyens que je défends sont le véganisme au niveau individuel et l’éducation au véganisme non-violente et créative au niveau social. La fin est la non-exploitation, et les moyens choisis pour y parvenir sont la non-exploitation au niveau individuel et la promotion de la non-exploitation au niveau social.

    Conclusion : les vrais spécistes veulent-il bien se lever ?

    De nombreux défenseurs des animaux — ceux qui soutiennent les campagnes de réformes du bien-être — traitent la violation des droits fondamentaux d’une manière différente selon qu’il s’agit d’humains ou de non-humains.

    Pourquoi font-ils cela ?

    C’est une question compliquée mais, dans le cas présent, je pense qu’il est clair que le mouvement animaliste moderne a embrassé une fois pour toutes l’idée que la préoccupation première doit être la souffrance des animaux, et non l’exploitation ou le massacre des animaux. Parce que les réformistes ne considèrent pas la vie d’un animal comme ayant une valeur morale en soi qui serait équivalente à une vie humaine, ils ne voient pas le meurtre des animaux comme une tragédie de même nature que celle qui advient quand des humains sont tués. A leurs yeux, le problème essentiel est la souffrance. Pour citer Peter Singer, qui est, à bien des égards, le principal architecte du mouvement réformiste :

    « Vous pourriez dire qu’il est mal de tuer un être lorsque cet être est sentient ou conscient. Dès lors, vous pourriez dire qu’il est aussi mal de tuer un poulet ou une souris qu’il est mal de vous tuer, vous, ou de me tuer moi. Je ne peux accepter cette idée. C’est sans doute mal, mais des millions de poulets sont tués chaque jour. Je ne pense pas à cela comme à une tragédie de la même ampleur que lorsque des millions d’humains sont tués. Qu’est-ce que les humains ont de différent ? Les humains sont tournés vers l’avenir, ils ont des espoirs et des désirs pour le futur. Cela semble une réponse plausible à la question de savoir pourquoi, lorsque des humains meurent, c’est une telle tragédie. »

    Singer et ceux qui embrassent sa vision des choses créent une frontière entre meurtre et souffrance. Cette dernière compte de façon primordiale ; le premier moins ou pas du tout. Mais si vous ne pensez pas que les animaux (ou la plupart d’entre eux) ont un intérêt à continuer de vivre tout aussi important moralement que l’intérêt humain, il est parfaitement logique de soutenir une campagne cherchant à rendre plus humaine la violation des droits fondamentaux des animaux, même si vous n’agirez jamais ainsi du moment qu’il s’agit d’humains.

    Mais comme j’en ai discuté dans mes écrits, à la fois dans mes livres, comme celui-ci, et dans mes articles sur ce site, comme celui-là — nous ne pouvons affirmer que la valeur d’une vie nonhumaine est moindre que la valeur d’une vie humaine dès lors qu’il s’agit de justifier l’utilisation des non-humains comme ressources remplaçables sans poser des hypothèses explicitement spécistes : dire par exemple que les animaux n’ayant pas conscience d’eux-mêmes de la manière dont les humains en ont conscience (ce qui est probablement vrai), leurs vies par conséquent auraient moins de valeur, ce qui n’est pas un raisonnement à suivre et que je rejette absolument.

    Pour dire que, en ce qui concerne le fait d’être exploité exclusivement comme ressource remplaçable, les humains jouissent d’un niveau de protection différent parce qu’ils ont une forme représentative de conscience de soi, ou ne pas reconnaître que la sentience seule est à la fois nécessaire et suffisante pour mériter le droit de ne pas être exploité et tué, est spéciste.

    En fait, je devrais dire « profondément spéciste ».

    ****

    Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

    Et ne vous faites jamais avoir avec cette notion insensée que nous devons faire la promotion de l’ « exploitation heureuse » afin que les gens deviennent végans. C’est le contraire: l’industrie tout entière de l’ « exploitation heureuse » n’a qu’un seul but : faire en sorte que le public soit encore plus à l’aise avec l’exploitation animal.

    Le Monde est végan ! Si vous le voulez.

    Gary L. Francione

    Professeur, Rutgers University

    ©2013 Gary L. Francione

    http://fr.abolitionistapproach.com/2013/08/28/les-reformes-de-bien-etre-animal-l-exploitation-heureuse-et-le-specisme/#sthash.kjcEr0HF.dpuf

  • L'appel "Touche pas à ma pute" humilie les femmes (Anne Zelensky pour Le Monde)

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    « Touche pas à ma pute », tel est l'intitulé d'une pétition qui sera publiée dans Causeur de novembre. Elle est le porte-étendard du « Manifeste des 343 salauds ». Voilà un acte militant inédit : les hommes n'avouent pas aisément fréquenter les putes. Et se préoccupent plus d'utiliser ces dames que de les défendre.

    Mais ce manifeste va encore plus loin, et se réclame paradoxalement d'un autre manifeste célèbre : celui des « 343 salopes », publié en avril 1971 dans Le Nouvel Observateur, pour défendre la liberté d'avorter (« Je déclare avoir avorté »). Je suis, avec d'autres, à l'origine de ce manifeste. Une précision utile : nous n'avions pas choisi de nous appeler « salopes », ce qualificatif nous est venu du dehors, de Charlie Hebdo. Si on comprend bien, le terme de « salope » désignerait donc toute femme qui enfreint les règles de la bienséance féminine officielle, pute ou féministe.

    Dans le manifeste « Touche pas à ma pute », les signataires eux, ont choisi le terme de « salaud » par référence aux « salopes » de 1971. C'est là que je m'interroge. Quelle filiation peut-il bien y avoir entre nous, les « salopes » qui réclamions la liberté interdite de disposer de notre corps, et ces « salauds » qui réclament aujourd'hui la liberté de disposer contre rémunération et sans pénalité du corps de certaines femmes ? Dans le premier cas, il s'agit de lever une oppression, dans le second, de la reconduire. Et ce au nom du même concept : la liberté. Où est la faille ?

    Ce qui chiffonne mon sens de la logique en effet dans cette proclamation, ce n'est pas tellement qu'elle défende une forme de prostitution qui concerne une minorité de personnes, persuadées de l'avoir choisie. Ce n'est pas tellement qu'elle véhicule une contradiction majeure : elle met de côté la souffrance et l'humiliation de la majorité des « forçates » du sexe, tout en condamnant les réseaux proxénètes, qui en sont les pourvoyeurs.

    LIBERTÉ OU ASSERVISSEMENT ?

    Ce qui me chiffonne, c'est cette référence à la liberté. L'occasion est donnée une fois de plus de constater les dévoiements infligés à cette idée. Ce mot connaît depuis des décennies des accommodements qui reviennent à en faire le contraire de ce qu'elle est censée être. La doxa de notre temps s'incarne dans la trilogie : « liberté d'expression », sacralisée par la loi 1881 sur la liberté de la presse, le « touche pas à » (on est passé du pote à la pute) et le « c'est mon choix ». Le tout chapeauté par le credo : « Tout se vaut » (les arts, les cultures, les dominations) ou concept d'équivalence. Tels sont les piliers qui soutiennent l'édifice construit à la gloire de « ma » liberté. Qui ne connaît pas de limite.

    Et voilà comment la liberté de disposer de son corps, revendiquée dans le « Manifeste des 343 », se voit étendu à des pratiques -– liberté de se prostituer -– qui en constituent le contraire. Comment peut-on en effet revendiquer comme liberté ce qui en fait la bafoue ? La liste est longue dans l'histoire, de ceux et celles qui ont préféré leur esclavage à la liberté, tant sont fortes l'emprise du conditionnement et la fascination de la soumission. Des esclaves noirs affranchis qui ne voulaient pas quitter leur maître, à la fameuse héroïne d'Histoire d'O, qui consentait à être asservie, on n'en finirait pas d'énumérer les zélateurs de la « servitude volontaire ». Dans cette pétition « Touche pas à ma pute », par un tour de passe-passe pervers, la liberté est mise au service de la défense d'un esclavage de fait.

    Dans cette affaire de prostitution, personne n'est en fait libre : ni la pute ni le client. A part quelques rares exceptions, la majorité des personnes qui se prostituent le font par contrainte économique ou psychologique. Soyons sérieux : ce n'est pas une partie de plaisir d'ouvrir ses jambes à la demande, plusieurs fois par jour. Quant au client, il est pris dans un système de relation homme-femme, fondé sur le malentendu et la peur.

    Quoi de plus rassurant que le scénario prostitutionnel ? Tout y est prévu : il paye, elle exécute. Elle lui offre la satisfaction de ses fantasmes ; elle l'écoute ; elle ne le juge pas. La femme idéale en somme. Il peut régresser avec elle en toute innocence, larguer un moment tout ce qui le contraint à être un homme : les responsabilités, le sérieux, la maîtrise. Le pied, non ? Etre un homme n'est pas si facile, et on peut comprendre les délices de ce lâcher-prise. Qu'il soit inavouable est bien le signe qu'il est merveilleusement transgressif. Il faut en effet un certain goût de la provocation aux signataires du « Manifeste des salauds » pour reconnaître qu'ils vont chez les putes.

    Ce manifeste s'inscrit dans la guéguerre que se livrent les sexes. C'est la réponse du berger à la bergère. La revanche de certains hommes contre la libération des femmes passe sans doute par ce pied de nez. Tu as voulu être libre ? Eh bien, moi, ça ne m'empêchera pas d'aller chez les putes. Les femmes esclaves, j'aime. Au moins elles ne me demandent rien, elles me prennent comme je suis. Là est le hic. Le féminisme a introduit dans la bergerie des sexes le dangereux loup de la lucidité. Les femmes ne veulent plus faire semblant de prendre les hommes tels qu'ils sont, et elles en ont assez d'être prises pour ce qu'elles ne sont pas. Pouce ! Il faut inventer un autre jeu.

    Une proposition de loi visant à sanctionner par une amende les clients de prostituées et à abroger le délit de racolage public a été déposée le 14 octobre par le groupe socialiste de l'Assemblée et devrait être débattue fin novembre.

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/10/29/l-appel-touche-pas-a-ma-pute-humilie-les-femmes_3504547_3232.html

  • "Va faire chauffer la marmite dans la grotte" (Michel Guerrin pour Le Monde)

    http://s1.lemde.fr/image/2013/10/25/534x267/3503013_3_f916_la-chef-d-orchestre-laurence-equilbey-a-paris_ca01277293bffbf003c488837195bead.jpg

    La chef d'orchestre Laurence Equilbey à Paris, le 1er octobre 2013. | AFP/JOËL SAGET

    Dean Snow est un anthropologue audacieux. Pour lui, les auteurs des peintures ornant les grottes préhistoriques seraient des femmes. Le chercheur américain, qui a étudié huit sites en France et en Espagne, se fonde sur la taille des doigts et des mains imprimés dans la pierre. Les détails sont à lire dans Le Journal du dimanche du 20 octobre.

    Peut-être est-ce farfelu. Mais ce qui compte, c'est que pas grand monde n'a envisagé l'hypothèse. En tout cas, pas le préhistorien Jean Clottes, qui répondait ceci, en 2011, déjà dans Le Journal du dimanche : « Ce n'est pas impensable. Mais pour ma part, je ne vois pas des femmes peindre des grands tableaux de chasse. La grande chasse est une affaire d'hommes… »

    La chasse, une affaire d'hommes, et la cuisine une affaire de femmes. Les préjugés ont la vie dure. Notamment dans la culture. Imagine-t-on une femme chef d'orchestre, metteur en scène d'opéra, peintre ? Pas vraiment, puisque les statistiques montrent qu'on est loin de la parité dans la création. Plus loin encore que dans la politique ou le monde de l'entreprise.

    Deux premiers rapports sur la question ont été rendus au ministère de la culture en 2006 et 2009 par Reine Prat, chargée de mission sur la question. Quelques chiffres ont fait l'effet d'une bombe : « 84 % des théâtres cofinancés par l'Etat sont dirigés par des hommes ; 97 % des musiques que nous entendons dans nos institutions ont été composées par des hommes ; 94 % des orchestres sont dirigés par des hommes. 78 % des spectacles que nous voyons ont été mis en scène par des hommes. » Et ainsi de suite.

    De son côté, la chef d'orchestre Laurence Equilbey a piloté un master mené en 2012 par deux étudiants de l'université d'Evry sur les femmes aux postes de responsabilité dans le spectacle. Sa lecture l'a édifiée : « Je ne pensais pas à un tel désastre. »

    La Société des auteurs et compositeurs dramatiques vient pour sa part de compter le nombre de femmes programmées en France, de septembre 2013 à l'été 2014, dans des spectacles : 17 femmes chefs d'orchestre sur 574, 42 femmes solistes instrumentistes sur 271, 181 metteuses en scène sur 730… Dans certains festivals où vous irez, il n'y en aura aucune. La SACD ajoute : « 81,5 % des dirigeants de l'administration culturelle sont des hommes. »

    Ce sont les arts plastiques qui s'en sortent le mieux. Plus de 30 % des artistes exposés en France sont des femmes. Ce n'est pas glorieux, mais moins piteux que dans le théâtre et surtout dans la musique. Ce qui fait sourire Laurence Equilbey : « Je me sens souvent mieux dans une exposition d'art contemporain qu'au concert. » Chargeons un peu la barque en rappelant que, dans le rapport sur les « pratiques culturelles des Français à l'ère numérique » (ministère de la culture, 2009), on apprend que les deux tiers des romans publiés sont lus par des femmes. Autrement dit, les femmes ont de l'appétit pour se cultiver, pas pour créer.

    LE PROBLÈME DE « LA MATERNITÉ »

    Le vent n'est-il pas en train de tourner ? « Les mentalités bougent, et le sujet ne fait plus rire comme avant », dit Laurence Equilbey. Le Sénat a publié en juin un rapport dans lequel il note une « véritable discrimination » culturelle. Le Mouvement HF se fait de plus en plus pressant, avec son manifeste qui entend « démocratiser la culture par la parité ». Il y a quelques jours, le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles a montré la voie en nommant une femme à sa tête, Madeleine Louarn, directrice du Théâtre de l'Entresort, à Morlaix (Finistère).

    Et puis Aurélie Filippetti fait de la parité un cheval de bataille. La ministre de la culture exige la parité dans les jurys visant à nommer des dirigeants culturels. Et elle vient de rééquilibrer le paysage en nommant Frédérique Bredin à la présidence du Centre national du cinéma, Sophie Makariou à la tête du Musée Guimet, Irina Brook au Théâtre de Nice…

    Ces nominations ont fait grincer. Notamment l'acteur Philippe Caubère, sur le thème : la parité « n'a plus aucun sens dès qu'il s'agit d'art » (Libération daté 15 juillet). Cette réflexion ouvre une question délicate. Il y a plus de 50 % de femmes dans les conservatoires (musique ou théâtre) et plus de 60 % dans les écoles d'art. Pourquoi disparaissent-elles ensuite ? Pourquoi, ajoute Laurence Equilbey, « les filles représentent entre 25 % à 30 % des classes de chefs d'orchestre, mais sont seulement 3 % ensuite à exercer » ?

    Pour le gouvernement, la réponse est claire : les femmes sont discriminées, d'où sa politique de « discrimination positive ». Une autre réponse ouvre un terrain glissant, qui a fait déraper le compositeur en vogue Bruno Mantovani, 39 ans, patron du Conservatoire national de musique, à Paris. Le 3 octobre, sur France Musique, il a listé les raisons qui expliquent le décalage entre apprentissage et vie active pour les chefs d'orchestre : un métier « éprouvant physiquement », qui n'intéresse « pas forcément » les femmes, qui pose le problème de « la maternité ». Ne manquent plus que « l'autorité et la crédibilité » des femmes, et on tient tous les poncifs.

    Mais l'argument le plus souvent entendu chez les décideurs culturels est le suivant : je prends le meilleur, et le meilleur est un homme. Logique, ils sont plus nombreux en place. Laurence Equilbey est favorable à l'excellence, mais elle ajoute : « Pour que les femmes s'aguerrissent, il faut leur donner leur chance. On ne le fait pas. » Elle ne souhaite pas tant une discrimination positive que des « actions positives » envers les femmes. « Sinon, nous resterons dans une culture verrouillée, ce qui donnera un reflet catastrophique de notre société. »

    guerrin@lemonde.fr

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/10/25/va-faire-chauffer-la-marmite-dans-la-grotte_3502979_3232.html

  • La citation du jour : Charles R. Magel

    http://www.quizz.biz/uploads/quizz/231771/12_qa82w.jpg

    "Demandez aux chercheurs pourquoi ils expérimentent sur les animaux et leur réponse est : parce que les animaux sont comme nous.

    Demandez aux chercheurs pourquoi c'est moralement acceptable d'expérimenter sur des animaux et leur réponse est : parce que les animaux ne sont pas comme nous.

    L'expérimentation animale repose sur une contradiction logique."

    Charles R. Magel

  • La citation du jour : Emil Cioran

    http://3.bp.blogspot.com/-9eblWf2q--A/UCdAUsShEJI/AAAAAAAAA5o/W3Gn9N3hrFU/s640/emil-cioran.jpg

    "Des arbres massacrés. Des maisons surgissent. Des gueules, des gueules partout. L’homme s’étend. L’homme est le cancer de la terre."

    Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né

  • La citation du jour : Albert Caraco

    http://www.aforismario.it/immagini/caraco-albert.jpg

    "Tous nos problèmes étant insolubles et de nouveaux problèmes s'ajoutant sans discontinuer à ceux que nous ne parvenons déjà plus à résoudre, il faudra bien que la fureur de vivre, où nous nous consumons, s'épuise et que l'accablement succède à l'optimisme criminel, qui me paraît la honte de ces temps."

    Albert Caraco

  • La citation du jour : Milan Kundera

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    "Il n’y a aucun mérite à bien se conduire avec ses semblables. [...]

    La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l'égard de ceux qui ne représentent aucune force.

    Le véritable test moral de l'humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu’il échappe à notre regard), ce sont les relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux.

    Et c’est ici que s’est produite la faillite fondamentale de l’homme, si fondamentale que toutes les autres en découlent."

    Milan Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1984, p. 420-421.

  • L'ombre tenace de Peter Singer, philosophe spéciste

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    Il est grand temps de déconstruire Peter Singer et certains pans libertaro-fascistes de sa pensée qui inspire tant de groupes néowelfaristes tels L214.

    Le soi-disant "père des droits des animaux " fait preuve d’un spécisme coupable qu’il importe de dénoncer quand il défend par exemple la zoophilie "douce" ("Heavy Petting", http://www.utilitarianism.net/singer/by/2001—-.htm) ou le droit de manger "occasionnellement" des produits d’origine animale pour peu qu’ils proviennent d’animaux élevés et abattus "humainement" : http://fr.abolitionistapproach.com/2007/03/14/le-luxe-de-la-mort/

    Je laisse  la parole à Cristi Barbelescu :

    Pétition : http://www.avaaz.org/fr/petition/Demandons_a_L214_de_se_positionner_clairement_et_publiquement_contre_la_zoophilie/?ttBojdb

    Zoophilie : à L214 et ses défenseurs – précisions

    Je sens que mon dernier article (lien 1) mérite quelques mises au point. Cela non pas parce que l’argumentation des contradicteurs est pertinente, mais parce que cela suffit de jouer avec l’objectivité et l’honnêteté intellectuelle comme bon nous semble !

    1. Le 8 janvier 2013 quelqu’un publie un message sur le mur Facebook de L214 (lien 2) en leur demandant de se positionner contre la zoophilie. Il s’en suit un long débat (dont voici la copie pdf : lien 3) dans lequel L214 intervient deux fois pour dire :

    « Nous avons la même position qu’Ingrid Newkirk, présidente de PETA :
    "« Peter Singer est un intellectuel, par conséquent il ne raisonne pas en noir et blanc. Il regarde les zones grises entre les deux. »

    Ingrid Newkirk souligne qu’aussi bien Singer qu’elle-même condamnent absolument et sans la moindre équivoque toute recherche de plaisir sexuel avec les animaux impliquant la violence, la contrainte ou la peur." » et

    « L214 s’oppose évidemment à toute violence sur les animaux (qu’ils soient humains ou non humains). Le viol est un acte violent par définition.
    Nous ne souhaitons pas perdre davantage de temps avec des personnes qui ne cherchent que la polémique. 
    »

    Il ne faut pas être expert en communication pour comprendre que condamner « sans la moindre équivoque toute recherche de plaisir sexuel avec les animaux impliquant la violence, la contrainte ou la peur » veut, à l’inverse, dire que la recherche de plaisir sexuel qui n’implique pas la violence, la contrainte ou la peur est acceptable ou tolérable. Osez lire autre chose. Pour voir l’énormité du propos, je vous propose une expérience de pensée : remplacez « animaux » avec « enfants » et dites-moi si la phrase n’est pas inadmissible. Et si elle est inadmissible avec « enfants » elle doit l’être avec « animaux ». Dans ses deux intervention L214 condamne les relations sexuelles avec des animaux seulement s’il y a violence, contrainte ou peur. C’est clair, c’est limpide.

    2. Le lundi 19 août 2013 j’écris à L214 et je leur fais comprendre que je connais leurs propos sur la zoophilie. Je leur demande de prendre les choses en main et de dire publiquement qu’ils sont contre car il faut de la clarté. L214 ne daigne pas me répondre, jusqu’à ce que je publie, le 25 août 2013, son nom. Et là je reçois le mail que je vous copie : 

    « Cristi,
    Vos accusations sont délirantes. L214 est bien sur opposé à la zoophilie.
    L214 le précise par deux fois dans le fil de discussion Facebook dont vous avez soigneusement sélectionné les copies d’écran.
    Prétendez-vous aider les animaux en cherchant à empêcher L214 de travailler? Nous vous demandons de retirer toutes vos publications diffamatoires. Ne nous obligez pas à confier cette affaire à notre avocat, les animaux n’ont absolument pas besoin de cette perte de temps.»

    2. Je réponds que la menace du procès c’est de l’intimidation et que cela ne marchera pas, on ne fait pas taire les « rumeurs » en menaçant. Je leur redemande de prendre publiquement et sans ambiguïté position contre la zoophilie (avec ou sans violence). Pas de réponse à mon mail mais depuis ils copient partout la même faible réponse : « L214 s’oppose évidemment à la zoophilie. Nous vous demandons de retirer toutes vos publications diffamatoires. Ne nous obligez pas à confier cette affaire à notre avocat, les animaux n’ont absolument pas besoin de cette perte de temps. Pour L214. » Donc, toujours pas de communiqué public dénonçant la zoophilie (même sans violence).

    3. Je remarque que dans leur réponse vouloir se positionner contre la zoophilie ou demander à ce qu’on se positionne sur le sujet « est une perte de temps » dont les animaux n’ont pas besoin. Mais, jeunes gens, la zoophilie concerne les animaux puisque beaucoup sont victimes d’abus sexuels ! Une association aussi connue et aimée que L214 ne peut laisser subsister le doute et ne peut surtout pas faire croire que ce sujet ne concerne pas les animaux. Il faut accepter la critique. Ainsi, tout ce que je demande c’est une prise de position publique contre la zoophilie. Cette prise de position je la demande au nom des droits des animaux car personnellement, je n’ai rien à gagner. Mais j’observe que L214 et tous les gens qui m’insultent ont perdu de vue l’objectif qui est, je le répète, les droits des animaux. A lire certains, on se demande si c’est les animaux qu’ils défendent ou une association. Se positionner contre la zoophilie c’est défendre les animaux. C’est ce que j’attends de L214. L’association ne sortira que grandie de ce positionnement public, mais son service de communication est tellement amateur qu’ils préfèrent menacer au lieu de s’exprimer et faire cesser la polémique. S’exprimer publiquement contre la zoophilie rend service aux animaux. M’insulter parce que je demande cela (enfin, parce que je force, puisque je l’ai déjà demandé sans réponse…) c’est défendre autre chose que les animaux, c’est défendre une structure. Chers gens, là, en ce moment, vous faites comme n’importe quel fanatique qui oublie son but mais qui est prêt à tout pour défendre son parti, sa religion, sa secte etc. Si votre but c’est la défense et les droits des animaux, la seule chose à faire c’est de demander à L214 de s’exprimer publiquement contre la zoophilie avec ou sans violence ! N’oubliez pas la cause pour des querelles provoquées par votre attachement irrationnel à une association. Personne n’est intouchable et sur ce sujet L214 a fauté. Soit vous prenez sa défense (au nom de quoi ?) soit vous vous placez du côté des animaux (je parle bien du sujet « zoophilie » et pas d’autre chose).

    3. Je reçois plein de messages d’insulte et je me fais supprimer de certains groupes Facebook dont « Végétariens, végétaliens et omnis en conversion ». Non pas que cela me touche personnellement, mais je suis quand même inquiet de l’état de la réflexion de certains et de leur capacité à regarder les choses avec objectivité. J’ai même reçu des insultes zoophiles, c’est pour dire…

    Pour combattre le spécisme nous devons être objectifs et non pas réagir avec autant d’émotivité irrationnelle. Il faut analyser les sujets et y réfléchir sans parti pris. Et il faut aussi regarder qui dit quoi, cela pourrait éviter qu’on me traite moi, président d’une des rares associations véganes abolitionnistes de France (ce n’est pas une fierté, c’est un fait) de je ne sais quoi et qu’on me soupçonne de toute sorte de choses. Mon association se bat depuis plus de trois ans contre toutes les discriminations (humaines ou animales) et en particulier le spécisme. Si je trouve qu’il est nécessaire qu’une autre association prenne position contre la zoophilie c’est au nom des animaux que je le fais. Si vous comprenez autre chose, je crois que le problème ne vient plus de moi !

    4. Que certains ne profitent pas de leur lecture partisane de mon article pour faire encore une fois la chasse aux anti-fascistes de la cause animale. J’ai parlé en mon nom, je suis assez grand pour l’assumer (contrairement à tous ceux qui m’insultent sans me laisser leur nom) et non pas au nom de l’anti-fascisme végan. L’anti-fascisme, en tout cas, n’est pas une tare, mais une position morale et politique respectable car libératrice.

    5. Je suis surpris de l’ampleur de la mauvaise foi de certains. Mais pas tant que ça finalement. Quand certains sont capables d’excuser le racisme de Bardot parce qu’elle défend les bébés phoques, on comprend qu’ils puissent insulter les gens sans même tenter de comprendre de quoi il s’agit. Mais ce de quoi je suis le plus surpris c’est du silence assourdissant de certains qui, généralement, sont en première ligne quand il s’agit de lutter contre toutes les discriminations. Sur ce coup, pas grand-monde pour oser se lever contre L214. Que dis-je « se lever contre » ? Car je m’en fiche de L214, ce que je veux c’est que les animaux soient respectés. Donc, pas grand-monde pour prendre parti pour les animaux si cela implique de critiquer L214. Ça, c’est plus grave. Et c’est aussi la preuve que là-dedans, mon intérêt est quasi nul vu l’absence de soutien que j’ai. Mais je persiste puisque le but c’est les droits des animaux et pas les droits de Cristi Barbulescu ou les droits de L214 !

    Ainsi j’aimerais bien que tout le monde voie le vrai problème qui n’est pas mon attaque (elle n’a rien de personnel) mais l’ambiguïté inacceptable de L214 sur un sujet très important et qui concerne les animaux !

    6. Pour finir, je le redis, je demande une nouvelle fois à L214 de prendre publiquement et clairement parti contre la zoophilie (fusse-t-elle violente ou pas) sous toutes ses formes possibles et imaginables. Si ce n’est pas fait, je ne fais aucun correctif à ma prise de position. Je laisse, malgré tout, vos commentaires sous mes publications comme des sortes de « droit de réponse ». Mais ils ne sont pas suffisants. Rien ne vaut une mise au point publique. Si cela ne vous va pas et que vous souhaitez rentrer dans des poursuites judiciaires parce que j’ai osé pointer votre incohérence et votre ambiguïté et, qu’au lieu de payer pour combattre le spécisme vous utilisez l’argent de vos militants pour combattre une personne végane antispéciste, on se voit au tribunal les amis. Je pense qu’on pourra bien s’amuser.

    Merci à tous ceux qui soutiennent ma démarche et qui ont compris que l’intérêt des animaux doit être au dessus des intérêts personnels ou associatifs.

    http://mouvementvegan.wordpress.com/2013/08/26/zoophilie-a-l214-et-ses-defenseurs-precisions/comment-page-1/#comment-1113