Jimmy Carter a été président des États-Unis de 1977 à 1981
par Jimmy Carter, membre du groupe The Elders
Les femmes et les filles sont victimes de discrimination depuis trop longtemps à cause d’une interprétation faussée de la parole de Dieu.
Toute ma vie, j’ai été un chrétien pratiquant et j’ai été diacre pendant de nombreuses années.
J’ai aussi enseigné les textes bibliques pendant longtemps.
Tout comme des millions d’autres personnes dans le monde entier, je trouve dans ma foi une source de force et de réconfort.
Ma décision de quitter la Convention baptiste du Sud (1), dont je faisais partie depuis une soixantaine d’années, a donc été douloureuse et difficile.
Elle est cependant devenue inévitable pour moi lorsque les dirigeants de la Convention, citant quelques versets de la Bible soigneusement choisis et affirmant qu’Ève a été créée après Adam et qu’elle était responsable du péché originel, ont édicté que les femmes devaient être « soumises » à leur mari et qu’elles ne pouvaient pas être diacres, pasteures ni aumônières des forces militaires.
L’idée selon laquelle les femmes seraient en quelque sorte inférieures aux hommes n’est pas le propre d’une seule religion ou croyance.
Beaucoup de confessions interdisent aux femmes de jouer un rôle égal à celui des hommes.
Fort malheureusement, cette opinion a également cours à l’extérieur des murs des églises, mosquées, synagogues ou temples.
Depuis des siècles, cette discrimination qu’on attribue de façon injustifiable à une Puissance supérieure sert de prétexte pour priver les femmes de droits égaux à ceux des hommes partout dans le monde.
Sous sa forme la plus répugnante, la croyance que les femmes doivent être soumises aux désirs des hommes sert à justifier l’esclavage, la violence, la prostitution forcée, la mutilation génitale et l’adoption de lois nationales qui ne classent pas le viol parmi les crimes.
Mais elle prive aussi des millions de filles et de femmes de tout contrôle sur leur propre corps et sur leur vie, en leur interdisant un accès équitable à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à toute influence dans leur collectivité.
Ces croyances religieuses se répercutent sur tous les aspects de notre vie.
Elles expliquent pourquoi dans beaucoup de pays on scolarise les garçons avant les filles, pourquoi on dicte aux filles qui elles épouseront, et à quel moment et pourquoi la grossesse et l’accouchement comportent des risques énormes et inacceptables pour beaucoup de femmes privées des soins de santé les plus élémentaires.
Dans certaines nations islamiques, on restreint la liberté de mouvement des femmes et on les punit pour un bras ou une cheville exposée.
On les prive d’éducation et on leur interdit de conduire une voiture ou de postuler un emploi au même titre que les hommes.
Si une femme est violée, elle est souvent considérée comme la coupable et sévèrement châtiée.
Le même raisonnement discriminatoire explique l’écart salarial persistant entre les hommes et les femmes et la faible présence féminine parmi les élu-es dans les pays occidentaux.
Si les racines de ce préjugé plongent au plus profond de notre histoire, ses effets se font néanmoins sentir tous les jours.
Du reste, les filles et les femmes ne sont pas les seules à en pâtir : ce préjugé nous cause du tort à tous.
Il n’est plus à démontrer que l’argent investi pour améliorer le sort des femmes et des filles rapporte beaucoup à la société.
Une femme instruite a des enfants en meilleure santé.
Elle est plus susceptible de veiller à ce qu’ils aillent à l’école.
Elle gagne un meilleur salaire et l’utilise pour subvenir aux besoins de sa famille.
En un mot, toute société qui exerce une discrimination à l’endroit de la moitié de sa population se nuit à elle-même.
Nous devons contester ces attitudes et pratiques intéressées et dépassées, comme cela se fait actuellement en Iran, où les femmes sont à l’avant-garde du combat pour la démocratie et la liberté.
Je sais cependant pourquoi beaucoup de chefs politiques hésitent à s’aventurer sur ce terrain miné.
La religion et les traditions sont des sujets sensibles, voire explosifs, qu’il est risqué de remettre en question.
Mais les autres "Elders" (Anciens) (2) et moi-même, qui sommes issus de nombreuses confessions religieuses et de différents milieux, n’avons plus à nous soucier de remporter des élections ou d’éviter les controverses, et nous sommes profondément déterminés à combattre l’injustice partout où elle se trouve.
"The Elders" (3) forment un groupe indépendant d’éminents leaders mondiaux rassemblés par Nelson Mandela, ancien président de l’Afrique du Sud.
Ils mettent à profit leur influence et leur expérience pour promouvoir la paix, s’attaquer aux principales causes de la souffrance humaine et défendre les intérêts communs de l’humanité.
Nous avons décidé d’attirer l’attention tout particulièrement sur la responsabilité qui incombe aux chefs religieux et ancestraux pour ce qui est de garantir l’égalité et le respect des droits humains.
Nous avons récemment rendu publique la déclaration suivante :
« Il est inacceptable d’invoquer la religion ou les traditions pour justifier la discrimination contre les femmes et les filles, comme si cette discrimination était édictée par une Puissance supérieure. »
Nous exhortons tous les leaders à contester et à modifier les enseignements et les pratiques néfastes, même profondément enracinés, qui justifient la discrimination contre les femmes.
Nous demandons, en particulier, que les chefs de toutes les religions aient le courage de reconnaître et de souligner les messages positifs de la dignité et de l’égalité que toutes les grandes religions du monde partagent.
Les versets des Saintes Écritures soigneusement choisis pour justifier la supériorité des hommes sont davantage tributaires de leur époque et de leur lieu d’origine que de vérités intemporelles.
On pourrait tout aussi bien trouver dans la Bible des passages pour justifier l’esclavage et la soumission face aux tyrans.
Je connais aussi, dans ces mêmes Écritures, des passages qui décrivent avec vénération des femmes dotées de qualités de chef exceptionnelles.
Au début de l’ère chrétienne, les femmes étaient diacres, prêtresses, évêques, apôtres, professeures et prophètes.
Ce n’est qu’au IVe siècle que les chefs chrétiens dominants, tous des hommes, ont déformé et faussé le sens des Saintes Écritures afin de perpétuer leurs positions privilégiées dans la hiérarchie religieuse.
Le fait est que les chefs religieux masculins avaient - et ont encore - le choix d’interpréter les enseignements divins de manière soit à exalter les femmes, soit à les asservir.
Or, pour des fins purement égoïstes, l’immense majorité d’entre eux ont choisi la deuxième option.
C’est dans la persistance de ce choix que réside le fondement ou la justification d’une bonne part des persécutions et des mauvais traitements infligés aux femmes partout dans le monde.
Cela va manifestement à l’encontre non seulement de la Déclaration universelle des droits de l’homme mais aussi des enseignements de Jésus-Christ, de Moïse et des prophètes, de Mahomet et des fondateurs d’autres grandes religions, lesquelles prescrivent toutes le traitement convenable et équitable de tous les enfants de Dieu.
Il est grand temps que nous ayons le courage de remettre ces idées en question.
Notes
1. La Convention baptiste du Sud est une église chrétienne des États-Unis. Avec 16 millions de membres (2012), c’est la plus grande église baptiste au monde, et la première congrégation protestante des États-Unis.(Source : Wikipedia)
2. The Elders dans le texte original. "Anciens, Aînés ou Sages".
3. NdT : Nom officiel du groupe Global Elders, appelé aussi The Elders. Il s’agit d’une organisation non gouvernementale fondée par Nelson Mandela en 2007. Elle regroupe des personnalités publiques reconnues comme des Hommes d’État, des activistes politiques pour la paix et des avocats des droits de l’homme.
Version originale : Losing my religion for equality, The Age National Times, 15 juillet 2009. Aussi dans Women’s Press.
Traduction pour Sisyphe : Marie Savoie.
* La photo de l’auteur dans cette page provient du site [Wikipédia].
Copyright © 2013 Fairfax Media
Lire aussi : La religion et les femmes, par Nicholas D. Kristof
Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 mai 2013
http://sisyphe.org/spip.php?article4425
Paul Ehrlich, la Bombe « P »(1971)
« Lorsque des cellules vivantes prolifèrent sans contrôle, il y a cancer ; l’explosion démographique c’est la multiplication sans contrôle des êtres humains. Si nous ne soignons que les symptômes du cancer, le malade peut en être soulagé quelques temps : mais tôt ou tard il mourra, souvent après d’atroces souffrances. Tel sera le destin d’un monde atteint d’explosion démographique si les symptômes seuls sont traités. Nous devons reconvertir nos efforts et tenter l’ablation du cancer Cette opération demandera de nombreuses décisions qui sembleront brutales et sans pitié. La douleur pourra être intense. Mais la maladie a fait de tels progrès que seule la chirurgie la plus énergique pourra désormais sauver le malade. »
L’état de la planète, rapport de l’Institut Worldwatch (1999)
« Exactement comme un cancer qui étend ses métastases et finit par détruire les systèmes vitaux sur lesquels il repose, une économie en expansion continue détruit de plus en plus rapidement l’hôte qui le nourrit, l’écosystème terrestre. La croissance pour la croissance, c’est l’idéologie de la cellule cancéreuse. »
Yves Paccalet dans son livre L’humanité disparaîtra, bon débarras ! (2006)
« L’homme est un organisme vivant. Comme tous ses homologues, il se reproduit et il consomme. Il a besoin de respirer, de manger… Ce faisant, parce qu’il engloutit beaucoup plus d’énergie et de biens matériels que les espèces sauvages, et parce qu’il prolifère, il détruit à grande vitesse la seule maison dont il dispose : la Terre. (L’humanité disparaîtra, bon débarras ! éditions Arthaud p.19 » « Lorsque, dans un végétal ou un animal, une population cellulaire augmente de façon aberrante, elle déstabilise l’édifice. Elle accapare l’oxygène, l’eau et la nourriture. Les cellules conquérantes ont besoin de celles qui les entourent pour vivre, mais elles les asphyxient, les assoiffent et les affament, tous en les intoxiquant avec leurs déchets. A terme, les envahisseuses ruinent l’édifice dont elles sont une pièce. Elles se suicident. Pour le médecin, une population excessive de cellules prend le nom de « tumeur ». Si le processus de multiplication s’emballe, la tumeur devient maligne : on a affaire à un cancer. Une seule bête colonise en masse la planète entière : l’homme bien sûr ! Nous ne sommes ni le fleuron, ni l’orgueil, ni l’âme pensante de la planète : nous en incarnons la tumeur maligne. L’homme est le cancer de la Terre. Le cancer est une métaphore. Il en existe bien d’autres… p.49 à 5
Al Gore, dans son livre Urgence planète Terre, 2007 : « Nous les humains, exercerions une action pathogène, comme si nous étions une sorte de virus qui irriterait la planète, lui donnerait la fièvre, et menacerait ses fonctions vitales. Les écologistes radicaux assigneraient à notre espèce le rôle d’un cancer généralisé, dont nos villes seraient les métastases et qui, pour nourrir sa propre expansion, priverait le globe des ressources qui lui sont nécessaires pour rester en bonne santé. Le problème de cette métaphore, c’est qu’elle n’indique qu’un seul traitement possible : l’élimination des hommes de la surface de la Terre.
Dire aujourd’hui que l’Homme est le cancer de la Terre ne revient pas selon moi à faire preuve d’anti-humanisme, au contraire. L’Homme est un cancer au sens où il prolifère au détriment de toutes les autres cellules et où cette prolifération menace l’ensemble de l’équilibre écologique de la planète. Ce constat me semble imparable, aussi désagréable que soit le mot cancer.
Mais on peut définir l’humanisme autrement qu’à travers une valorisation permanente de notre espèce par elle-même. On peut le définir comme un respect envers l’ensemble du vivant et vers l’ensemble de l’avenir. En ce sens, comprendre qu’aujourd’hui notre prolifération a, dans sa nature comme dans ses conséquences, un caractère cancéreux constitue la première marche peut-être nécessaire vers un humanisme mieux conçu qui engloberait la tendresse pour le monde et qui mettrait sa préservation au premier rang des préoccupations. La guérison n’a probablement pas d’autre voie. Comme cela pourrait être le cas pour un individu, l’excès d’égo dont fait preuve notre espèce finit par poser problème.
Tout le monde s’accorde sur le constat de l’homo sapiens PS (prédateur suprême). Rester là à regarder la tumeur s’agrandir, comme le font tant de reportages et de documentaires actuellement, c’est aussi participer au suicide collectif. Il y a donc urgence à mettre en oeuvre très rapidement la deuxième marche en prenant les mesures politiques qui s’imposent et en passant, par un virage à 180 degrés, d’une politique nataliste à une politique résolument anti nataliste. Les deux mesures urgentissimes à prendre sont la suppression des allocations familiales et la suppression des compléments de retraite pour avoir élevé des enfants. Il faut casser au plus vite l’ »impôt braguette » comme disent si joliment nos compatriotes des départements d’outre-mer !
Merci pour cet article et également à Didier Barthès qui a parfaitement résumé mes propres pensées sur le sujet.