Littérature, Philosophie - Page 19
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Egalité des sexes : l'exécutif mise sur l'éducation (Gaëlle Dupont, Le Monde)
Pour la première fois depuis douze ans, le premier ministre réunit, vendredi 30 novembre, un comité interministériel sur les droits des femmes. Chaque ministre livrera sa feuille de route pour favoriser l'égalité entre les sexes. Le symbole est fort. Mais ce sera aussi l'occasion, pour le gouvernement, de montrer qu'il n'agit pas seulement sur les symboles.
En la matière, les promesses de François Hollande ont été tenues. Le gouvernement est paritaire, et il compte une ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, qui plus est porte-parole du gouvernement. Depuis l'élection, le remboursement à 100 % de l'interruption volontaire de grossesse et la gratuité de la contraception pour les mineures ont été décidés. Mais la gauche a créé une attente forte en matière de droits des femmes. "Maintenant, on veut des résultats tangibles", résume Olga Trostiansky, qui dirige le laboratoire de l'égalité, un groupe de réflexion sur l'égalité professionnelle.
25 % D'ÉCART DE SALAIRES
Les inégalités persistent. Les chiffres sont connus : environ 25 % d'écart de salaires, et des retraites deux fois moindres pour les femmes ; 39 % des cadres seulement sont des femmes, alors qu'elles occupent 62 % de l'emploi non qualifié. Elles consacrent quatre heures par jour aux tâches ménagères, contre deux pour les hommes. Elles sont aussi davantage victimes de violences. Une récente étude l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales a montré que près de 2% des femmes avaient subi, au cours des deux ans, des violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint et ex-conjoint.
François Hollande a lui-même annoncé, le 25 novembre, lors de la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, qu'un projet de loi sur les droits des femmes sera déposé au premier semestre 2013. Najat Vallaud-Belkacem fait l'analyse que la lutte contre les inégalités passe désormais par un changement de mentalités. Ce sont les stéréotypes, affirme-t-elle, qui enferment dans des rôles, et aboutissent à ce que les femmes soient victimes de violences, à ce qu'elles se dirigent vers des filières moins bien rémunérées que les hommes, ou à ce qu'elles assument l'essentiel des tâches ménagères.
LUTTER "CONTRE LA DIFFUSION DE STÉRÉOTYPES SEXISTES ET D'IMAGES DÉGRADANTES"
Ce n'est pas le sujet le plus facile à traiter par la loi. Un volet du plan consiste à faire appliquer les textes antérieurs sur l'égalité salariale, notamment l'obligation pour les entreprises de la faire respecter sous peine de pénalités. Le gouvernement pousse également la logique de la parité, qui sera appliquée dans les instances universitaires, et entend renforcer la place des femmes dans les conseils d'administration et les conseils de surveillance des établissements publics.
Mais il mise surtout sur la formation, un levier capital selon tous les spécialistes du sujet. Formation des personnels de l'éducation nationale et des enfants, avec un "ABCD de l'égalité" qui sera d'abord expérimenté dans cinq académies. Formation aussi des professionnels amenés à recevoir des victimes de violences (gendarmes, policiers, magistrats, médecins, travailleurs sociaux…).
Dans le monde de la culture et des médias, le plan mise sur la sensibilisation. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel devra veiller "à la promotion de l'image de la femme et à la lutte contre la diffusion de stéréotypes sexistes et d'images dégradantes". France Télévisions est appelé à assurer une meilleure représentation des expertes sur les plateaux et à diffuser du sport féminin. Même démarche sur la publicité : l'autorité de régulation devra agir de son propre chef, même si le ministère ne s'interdit pas de la saisir si un spot conforte des "stéréotypes éculés", affirme Najat Vallaud-Belkacem.
Cet appel aux bonnes volontés suffira-t-il, sur un sujet où les lois sur les quotas assortis de pénalités financières peinent à être appliquées? Autre limite du plan, des mesures structurantes sont encore en négociation entre les partenaires sociaux. La fixation d'un horaire minimal pour le temps partiel, qui touche surtout les femmes, la lutte contre les journées émiettées impossibles à concilier avec la présence d'enfants font l'objet de discussions lancées lors de la conférence sociale de juillet, qui aboutiront en mars 2013.
Egalement en négociation, la réforme du congé parental, aujourd'hui jugé trop long et facteur d'éloignement du marché du travail. Il est quasi exclusivement pris par les femmes. Le gouvernement souhaite qu'il soit plus court (il dure aujourd'hui trois ans), mieux rémunéré, et qu'une partie du congé soit prise par les pères, faute de quoi elle serait perdue.
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"Contre les stéréotypes et le sexisme 'd’habitude', il faut agir sur les mentalités" (Najat Vallaud-Belkacem, Le Monde)
Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, décline la philosophie du plan annoncé lors du comité interministériel.
Selon un récent sondage, 71 % des Français pensent que le gouvernement ne va pas assez vite dans la lutte contre les inégalités entre les sexes. Que répondez-vous ?
Je le prends de façon positive. Il montre que le niveau d'intolérance aux inégalités et au sexisme a augmenté dans la société française et que les attentes sont fortes. Nous y répondons par des mesures concrètes.
Jusqu'à présent, vous avez surtout manié les symboles.
Il ne faut pas minimiser leur importance. Le fait que le gouvernement soit paritaire a un impact dans la société. Beaucoup d'organisations publiques ou privées y pensent à leur tour. Autre geste, la première loi adoptée sous le quinquennat a été celle sur le harcèlement sexuel. Cela signifie une tolérance zéro à l'égard des violences sexistes. Ensuite, c'est moins perçu par le grand public, mais la gouvernance a changé. Tous les projets de loi font l'objet d'une étude d'impact sur l'égalité entre les sexes. Un haut fonctionnaire à l'égalité a été nommé dans chaque ministère. Les ministres eux-mêmes ont participé à des séminaires de sensibilisation. Dans les nominations, nous sommes passés de 17 % à 28 % de femmes hauts fonctionnaires.
Avez-vous ressenti des résistances dans la préparation du comité interministériel ?
Certains ministres sont des féministes convaincus, comme Michel Sapin ou Aurélie Filipetti. Vincent Peillon s'est révélé un très bon partenaire. Il sait que la question de l'égalité entre filles et garçons est centrale dans la réussite scolaire. Le fait que les garçons décrochent en lecture au collège explique en partie la chute de la France dans le classement PISA de l'OCDE.
Dans certains ministères, ça a pu être plus compliqué, parce qu'on pensait que tout ce qui était nécessaire était déjà fait. Il a fallu que chacun accepte d'interroger ses évidences. Les stéréotypes, le sexisme "d'habitude" est très difficile à déceler. J'ai moi-même fait cette démarche en arrivant dans ce ministère, et j'ai découvert une réalité beaucoup plus dure que je ne l'imaginais.
Carla Bruni-Sarkozy a déclenché un tollé en affirmant que sa génération n'avait plus besoin de féministes, avant de s'excuser, qu'en pensez-vous ?
Je me définis comme féministe. Etre féministe, c'est combattre pour l'égalité entre les femmes et les hommes, pas pour un sexe contre un autre. Dans ce ministère, les hommes sont aussi un sujet. En matière d'égalité professionnelle, nous travaillons à l'émancipation des femmes, mais aussi à ce que les hommes puissent mieux concilier leur vie professionnelle et personnelle. Ils le demandent.
La France est-elle un pays sexiste ?
Tous les pays ont un fond de sexisme. Dès le plus jeune âge, on enferme les sexes dans des rôles préétablis. Ces représentations ont justifié pendant des années qu'on n'accorde pas le droit de vote aux femmes. Aujourd'hui, on continue à réduire le champ des possibles pour les filles. Elles réussissent mieux à l'école que les garçons : pourtant la moitié des femmes actives est concentrée dans 12 familles professionnelles sur 87. Nous avons connu par le passé deux générations de droits des femmes. Après la seconde guerre mondiale, les discriminations ont été retirées des lois. Dans les années 1970, des droits spécifiques leur ont été accordés, comme la contraception et l'IVG. Nous sommes maintenant à une troisième étape. Pour obtenir l'égalité, il faut agir sur les mentalités.
Comment ?
En premier lieu à l'école. Un module de formation à l'égalité et à la déconstruction des stéréotypes sera obligatoire dans les futures écoles supérieures du professorat, et dans la formation des autres personnels de l'éducation. Les enseignants pensent de bonne foi qu'ils se comportent de la même façon avec les deux sexes, mais toutes les études montrent qu'ils créent plus d'interactions avec les garçons, développant chez eux davantage que chez les filles des qualités précieuses dans le monde du travail. Pour les élèves, un apprentissage de l'égalité sera mis en place de la fin de la maternelle à la fin du primaire. Il sera expérimenté dans cinq académies en 2013, puis généralisé en 2014. Enfin, l'éducation à la sexualité deviendra effective: il ne s'agit pas de parler de pratiques, mais d'apprendre l'égale dignité et le respect entre les sexes.
Quelle conclusion tirez-vous de votre récent voyage en Suède concernant la lutte contre la prostitution ?
Dans ce pays où les clients sont pénalisés, la prostitution a baissé de moitié en douze ans. On parle souvent d'un transfert de l'activité sur Internet, mais sur Internet aussi les clients sont pénalisés. Le plus intéressant, c'est l'impact sur les comportements. L'achat de services sexuels n'est plus considéré comme un acte banal dans ce pays.
En France, un groupe de travail parlementaire a été créé. Il fera un tour de France, à la rencontre des associations, des habitants, des personnes prostituées, pour échanger sur la meilleure politique possible. Je ne sais pas si nous déboucherons sur un projet ou une proposition de loi, et je ne connais pas son contenu à ce stade. Nous sommes allés en Suède, mais nous irons aussi en Grande-Bretagne, qui a choisi une troisième voie très complexe, la pénalisation des clients de prostituées "sous contrainte". Nous irons également aux Pays-Bas et en Allemagne.
Réaffirmez-vous votre objectif de départ, à savoir la disparition de la prostitution ?
C'est une caricature. Mon propos est abolitionniste. En résumé, la prostitution est une violence faite aux femmes et il faut la faire reculer. Evidemment, elle ne va pas disparaître totalement. Mais les politiques publiques sont là pour construire un projet de société. Je réaffirme que l'achat de services sexuels systématisé est incompatible avec l'égalité entre les sexes.
Quand les entreprises qui ne respectent pas la loi sur l'égalité salariale paieront-elles des pénalités ?
Sur les 27 % d'écart de salaire entre hommes et femmes, un tiers l'est à travail égal [le reste s'explique par des différences dans les carrières]. Un nouveau décret paraîtra dans les prochains jours afin de faire enfin appliquer la loi. Nous passons d'un contrôle aléatoire des inspecteurs du travail sur place à un contrôle systématique sur pièce. Les entreprises devront envoyer aux directions régionales du travail leur plan pour l'égalité, qui seront examinés systématiquement. Si elles ne se mettent pas en conformité, elles paieront les pénalités, jusqu'à 1 % de la masse salariale.
Propos recueillis par Gaëlle Dupont
Le Monde, samedi 1er décembre 2012
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Pornographie : la politique du toujours pire
Une des Poupées de Hans Bellmer...
"Ce n’est pas un jugement moral que d’affirmer que certaines productions X actuelles n’ont plus rien de « pornographique », mais relèvent de la banalisation de la violence criminelle à l’encontre des femmes, d’une sexualité déshumanisée, désincarnée, de la torture en direct, de l’incitation au mépris et à la haine sexiste.
On pourrait parler de "pornocriminalité", comme on parle de pédocriminalité : donner à s’exciter devant le viol d’une femme, cognée, agonie d’injures sexistes, sodomisée brutalement, avec la tête maintenue dans les toilettes, n’a plus grand-chose à voir avec de la pornographie : le viol n’étant pas un acte sexuel, mais un acte barbare de soumission machiste.
Quand on connaît la logique commerciale des ces multinationales du sexe et les énormes profits qu’elles en retirent, on peut légitimement s’inquiéter devant le risque marketing du "toujours pire" et surtout celui d’utiliser des femmes (des enfants) les plus fragiles socialement, les plus pauvres, les plus paumées, et ce, sans aucun scrupule.Gageons que dans peu de temps des snuff movies circuleront sur le marché.La mort d’une femme, en direct, fera sans doute bander quelques types.
Ce qui fait bander le dédé pornocrate du XXIe siècle, c’est « soumettre une salope de femme libérée ! » à tous ses désirs, toujours plus, tout de suite et sans aucune restriction des tabous d’antan.Cette « égale de lui-même » qui gagne sa vie, vote et décide de sa fécondité est de moins en moins assujettie à son désir à lui.Le seul tabou restant demeure la violence envers cet autre soi-même.Et bien sûr la violence envers des femmes devenues, libération sexuelle oblige, des femmes à jouir, est une violence sexuelle .
Qu’est-ce qu’il reste à fantasmer quand la nudité est banalisée, le corps féminin exposé et réifié, que la sexualité épanouie et réciproque est érigée en norme de consommation ?Qu’est-ce qu’il reste à transgresser pour un macho quand il a tout exploré avec ses compagnes et qu’il voit ce désir ne pas combler son sentiment de mâle supériorité ?Est-ce que la seule façon de les dominer socialement pourrait être la violence sexuelle ?Pourrait-il ainsi transcender ce désir qui ne l’expose qu’à sa propre vacuité ?Cet être dont la domination sociale lui échappe, dont le désir et le plaisir sont légitimes et librement exercés, comment le soumettre si ce n’est par la force et le mépris ?
Alors il va ériger son phallus en arme, et tel un moderne et fier Priape, il va pilonner la femelle par tous les bouts.Il va la violenter, la rabaisser, l’user, l’insulter, la souiller d’un sperme jaillissant rageusement.Il va la cogner, la violer, l’écarteler, l’enculer, l’écraser, la bâillonner de son vit, nier son ressenti d’être libre et égal, la brutaliser à coups de verge, peut-être plus cruellement que le petit marquis avec ses chambrières ou le bourgeois avec ses filles de joie...Il va se régaler des pornos trash mettant en scène violences, soumissions et dégradations des femmes, il va bander devant « violences conjugales X » « viols de jeunes filles » « sodomies sanglantes » ou « triple pénétration ».Il va bander devant l’indicible torture sexiste, quand son père bandait devant l’esthétisme érotique d’ Emmanuelle, son grand-père devant la nudité exotique de Joséphine Baker, et son aïeul devant la photo coquine d’une grisette en chemise.Quatre générations de femmes objets de désir, la dernière étant la seule également objet de haine farouche !
... Et presque deux siècles de féminisme ont passé."Lien permanent Catégories : Féminisme, Humanitaire, Humeurs, Littérature, Philosophie, Société 0 commentaire -
L'imposture du concept moral d'humanité
Une vache dans le couloir de la mort.
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Permanente Shoah
"Personne ne peut plus nier sérieusement et longtemps que les hommes font tout ce qu’ils peuvent pour dissimuler ou pour se dissimuler cette cruauté, pour organiser à l’échelle mondiale l’oubli ou la méconnaissance de cette violence que certains pourraient comparer aux pires génocides […].
De la figure du génocide il ne faudrait ni abuser ni s’acquitter trop vite.
Car elle se complique ici : l’anéantissement des espèces, certes, serait à l’œuvre, mais il passerait par l’organisation et l’exploitation d’une survie artificielle, infernale, virtuellement interminable, dans des conditions […] monstrueuses, hors de toutes les normes supposées de la vie propre aux animaux ainsi exterminés dans leur survivance ou dans leur surpeuplement même.
Comme si, par exemple, au lieu de jeter un peuple dans des fours crématoires et dans des chambres à gaz, des médecins ou des généticiens (par exemple nazis) avaient décidé d’organiser par insémination artificielle la surproduction et la surgénération de Juifs, de Tziganes et d’homosexuels qui, toujours plus nombreux et plus nourris, auraient été destinés, en un nombre toujours croissant, au même enfer, celui de l’expérimentation génétique imposée, de l’extermination par le gaz ou par le feu."
Jacques Derrida, L’animal que donc je suis, Paris, Galilée, 2006, p. 46.
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"Charles Danten, un nazi* ?" (Marjolaine Jolicoeur)
* Précision : ce titre, en forme d’interrogation, n’implique nullement que M. Danten est de près ou de loin un nazi.
Seulement là pour rappeler que personne n’aime voir son nom associé au nazisme.
Pas plus M. Danten j’en suis certaine que les défenseurs des animaux ou les végétariens attaqués dans ses écrits, qui font un amalgame douteux entre le nazisme, la compassion envers les animaux et le végétarisme.
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Charles Danten, l’ex-vétérinaire en colère, dans une démarche assez méprisante, fait un amalgame douteux entre le nazisme, la supposée « zoophilie des nazis », la compassion humaine envers les animaux et les végétarien(nes) vus comme des « nazis hypocrites ».(L’homme meilleur : http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=1042)
Il est remarquable de noter que M. Danten utilise fréquemment des citations sur le nazisme dans ses textes contre la zoothérapie, la protection animale ou le Berger Blanc, par exemple :
(http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=1063)
(http://www.lapresse.ca/opinions/201106/09/01-4407758-derriere-le-drame-du-berger-blanc.php)
REDUCTIO AD HITLERIUM
Pour dénigrer l’éthique du végétarisme et le mouvement pour la libération animale, il faut être de bien mauvaise foi ou complètement ignorant- comme Charles Danten – pour évoquer la monstruosité nazie ou Hitler, l’incarnation du mal absolu pour plusieurs.
Cette tactique polémique, la reductio ad hitlerum, vise à disqualifier quelqu’un ou un groupe de personnes en les comparant à Hitler : Hitler était végétarien (ce qui est totalement faux) et aimait les animaux… alors tous les végétarien(nes) qui aiment les animaux sont des nazis ?
Quand on est à court d’arguments, Hitler n’est jamais bien loin.
On peut se questionner sur les motivations derrière ce parallèle entre Hitler et la vie pacifique de millions de végétarien(nes) et de militant(es) pour les animaux.
Charles Danten pense-t-il vraiment qu’il fait avancer le mouvement pour la libération animale, que ses délires injurieux vont mettre fin à l’exploitation et aux massacres d’animaux ?
Se croit-il un « homme meilleur » que les autres ?
Les fondements de la pensée nazie prennent racine dans des thèmes racistes et haineux.
Aucune espèce de compassion chez les nazis, aucune empathie pour la souffrance de l’autre, qu’il soit humain ou animal.
La conviction nazie reposait essentiellement sur une chose: le plus fort à le droit de soumettre le plus faible, de toutes les manières possibles, dans la violence s’il le faut, dans la cruauté aussi.
« Qui ne possède pas la force perd le droit de vivre », disait Hitler.
HIMMLER LE FAUX BOUDHISTE
C’est en passant par l’élevage industriel des poulets que Himmler, le chef des SS et des camps d’extermination nazis, accru son obsession pour garder, sur le plan racial, la « pureté » des allemands.
Selon Fritz Redlich cité dans l’ouvrage Eternel Trablinka de Charles Patterson :
« Son intérêt pour la reproduction et l’abattage des poulets se transforma en intérêt pour la procréation et le meurtre des êtres humains ».
Et le meurtre des êtres humains, comme celui des poulets, n’est absolument pas compatible avec le soi-disant bouddhisme de Himmler.
Tout dans la morale bouddhiste – et chrétienne – s’articule autour de la non-violence, du pacifisme et de la bienveillance à l’égard des êtres vivants.
Himmler n’était pas plus bouddhiste que George W. Bush est un disciple de Jésus.
Comme d’autres nazis, Himmler a perverti certains concepts bouddhistes mais aussi hindouistes.
Selon plusieurs témoignages Himmler avait toujours sur lui une copie de la Bhagavad-Gita.
Dans ce texte millénaire de l’Inde ancienne, Krishna dialogue avec son disciple Arjuna sur un champ de bataille, lui ordonnant de passer à l’action et d’accomplir son devoir avec détachement.Himmler interpréta à sa façon la Gita, s’en servant pour justifier la supériorité de la race allemande et aryenne sur les « sous-hommes dégénérés », qu’ils soient Juifs, Noirs, homosexuels, handicapés ou malades mentaux.
La Gita était aussi le livre préféré de Gandhi.
Au contraire d’Himmler, Gandhi puisa dans la Gita ses visions de non-violence et de paix autant envers les humains que les animaux.
Pour ce digne représentant du végétarisme éthique et de l’ahimsa, cette histoire sacrée de l’hindouisme doit être prise dans un sens mythologique où l’âme se débat dans l’illusion du monde matériel, à la recherche de sa délivrance.
Dans la Gita, « l’humble sage, éclairé du pur savoir, voit d’un oeil égal, le brahmane noble et érudit, la vache, l’éléphant ou encore le chien et le mangeur de chien. »
Le yogi doit être « sans haine pour aucun être », il se libère et libère les autres grâce à l’amour.
On est loin de l’idéologie nazie, n’en déplaise à M. Danten qui manifestement ne connait pas grand chose au bouddhisme ou à l’hindouisme.
HITLER N’A JAMAIS ÉTÉ VÉGÉTARIEN
Hitler n’était pas, de près ou de loin, un adepte du végétarisme.
Tout comme Himmler, il ne mettait pas en pratique ce qu’il disait et croyait à ses propres mensonges.
Pendant toute sa vie, Hitler a mangé de la saucisse et du jambon.
Même en étant publiquement contre la chasse, en privé il consommait du gibier.
Hitler se servait du végétarisme pour se gagner un capital de sympathie auprès du peuple allemand, les groupes écologistes étant très puissants et l’alimentation sans viande à la mode.
A Berlin, en 1900, on retrouvait plus de vingt restaurants végétariens.
Quelques colonies végétariennes aussi, comme celle nommée Eden qui vendait divers produits alimentaires végés, dont un succédané de beurre, une sorte de margarine.
Agriculture biologique, consommation de fèves de soya, de pains de blé entier, jeûnes, cures au soleil ,thérapies holistiques, homéopathie, massages et végétarisme s’intégraient dans le mouvement Lebensreform ou « réforme de vie », une expression apparue dès 1896 et dont une des figures dominantes était l’allemand Arnold Ehret (1866-1922).
Ses livres sont toujours en réédition et extrêmement populaires, encore de nos jours, dans les milieux naturistes ou hygiénistes.
Pour Ehret, les viandes demeurent toujours en état de décomposition et « elles se putréfient dans le colon et conduisent au cancer » ; la seule alimentation valable se compose de fruits et de légumes crus, elle est végétalienne, sans viande, lait ou oeuf.
Hitler considérait le mouvement crudivore comme « une révolution », affirmant même « que l’une des causes du cancer réside dans la nocivité des aliments cuits. »
Malgré ses beaux discours et sa peur de mourir du cancer comme sa mère, Hitler n’a jamais cesser de se gaver de gâteaux, de sucreries, de café, de viande diverses, de lait, d’oeufs et d’aliments cuits. (http://liberationanimale.wordpress.com/2011/02/16/hitler-un-vegetarien/)
Hitler, un végétarien aimant les animaux ?
Ce canular inventé de toutes pièces par son fidèle ministre de la propagande Joseph Goebbels se perpétue encore de nos jours.
Hitler ne supportait que les chiens-loups – les bergers allemands – et plusieurs témoins rapportent qu’il battait à coup de fouet les chiens récalcitrants.
A l’image de ses idées sur les humains, Hitler ne reconnaissait pas une égalité entre les animaux.
Il refusait de se laisser photographier en compagnie des bichons d’Eva Braun, tout juste bons pour une femme.
Les films de propagande nazie n’encensaient que les animaux pur-sang tout en se moquant de l’affection que les femmes seules ont pour leurs animaux.
Le film Was du ererbt (« ce dont vous avez hérité ») accusait les femmes propriétaires de chiens de dévoyer leur affection et leur instinct maternel.
« Un amour exagéré pour un animal est dégénéré. Il n’élève pas l’animal mais dégrade l’être humain. »
On croirait lire M. Danten…
Hitler n’aimait guère les animaux puisqu’il traitait ses ennemis de « cochons », de « sales chiens », le peuple allemand de « stupide troupeau de moutons » et les Juifs de « vermine et de rats ».
Cette pratique d’insulter des humains par des noms d’animaux n’appartient pas qu’aux nazis.
Elle a souvent été un prélude à la persécution ou l’exploitation de peuples jugés comme inférieurs.
Le monde animal a toujours été une abondante source de métaphores pour la désensibilisation devant la souffrance d’autrui :
« Auschwitz commence quand quelqu’un regarde un abattoir et pense : ce ne sont que des animaux. » (Charles Patterson à propos de Theodor Adorno).
LES NAZIS ET LA VIVISECTION
Hitler n’a jamais eu aucune implication personnelle en faveur de l’animal, d’un point de vue individuel ou juridique.
Elisabeth Hardouin-Fugier a enquêté aux sources des documents législatifs du IIIe Reich concernant la protection animale et sur ces soi-disant lois « les plus progressistes jamais écrites et qui feraient rêver n’importe quel défenseur des animaux », comme l’affirme à tort M. Danten.
L’historienne dément ces affirmations mensongères et s’interroge « sur les motifs qui incitent à diaboliser la démarche protectrice de l’animal, par contamination avec un personnage hors norme, Hitler » et s’insurge à juste titre contre ces manoeuvres pour dénigrer le milieu de la défense animale.(http:|bibliodroitsanimaux.site.voila.fr/hardouinfugierloinazie.htm)
Les premières mesures pour la protection animale ne viennent pas de l’Allemagne nazie mais du Royaume Uni où de telles réglementations datent de 1822.
Le Martin’s Act punissait par une amende ou l’emprisonnement quiconque battait, abusait ou maltraitait chevaux, juments, ânes ou animaux dits domestiques.
D’autres législations européennes suivirent.
Afin « de réduire la souffrance animale et faire la promotion de valeurs humanitaires à l’égard des êtres animés », c’est à Londres, en 1824, que la Society for the Prevention of Cruelty of Animals (SPCA) fut fondée.
La SPCA prenait aussi position contre la pratique de certains scientifiques effectuant des expérimentations sur les animaux.
Dans la société anglaise, ceux qui défendaient les animaux militaient aussi pour l’émancipation des esclaves humains (comme Jeremy Bentham).
En France, une loi pour la protection des animaux date de 1850.
La sollicitude nazie envers les animaux de laboratoire n’était que du bluff et les nazis n’ont jamais vraiment légiféré contre la vivisection.
Là encore ils mentaient, puisque les expériences sur les animaux continuèrent massivement autant dans les laboratoires que dans les camps d’extermination.
Leur supposée loi contre la vivisection ne différait en rien dans sa substance à celle édictée en 1875 en Angleterre ; elle émettait certaines restrictions, mais n’éliminait pas l’expérimentation animale :
« Les expériences sur des prisonniers furent nombreuses et variées, mais elles avaient un point commun : toutes prolongeaient ou venaient complétées des expériences sur les animaux (…) et aux camps de Buchenwald et d’Auschwitz, les expériences sur les humains et sur animaux furent menées simultanément, comme parties d’un seul programme. »
(Dark Face of Science, John Vyvya, Micah Publications)
La vivisection sur des animaux et des humains s’appuyait sur des bases scientifiques.
Un grand nombre d’adhérents au parti nazi étaient médecins ou chercheurs scientifiques.
Ce sont des scientifiques allemands qui ont synthétisé pour la première fois, dans les années 30, le Demerol, un dérivé de la morphine et la méthadone.
(Tout comme Hitler, Goering et Goebbels étaient morphinomanes, malgré de grandes campagnes contre les drogues auprès du peuple allemand.)
Les premières études établissant la relation entre tabac et cancer du poumon furent réalisées pendant la période de l’Allemagne nazie.
Hitler supervisa lui-même un ensemble de règles et de restrictions contre le tabac dans les lieux publics et les transports.
En 1939, le Bureau contre les dangers de l’alcool et du tabac vit le jour et les nazis inventèrent le terme de « tabagisme passif ».
Les antis-tabac et les scientifiques, tous des nazis en puissance comme les végétarien(nes) qui aiment les animaux ?
COMPASSION ENVERS LES ANIMAUX
Les nazis se mentaient à eux-mêmes et aux autres aussi.
Si au contraire, Hitler et les nazis avaient démontré de la bonté envers les animaux, de la compassion autant envers le chien que le cochon mangé, le cours de l’histoire aurait-il été le même ?
Ressentir la douleur de l’autre, avoir de l’empathie envers les plus vulnérables, étendre l’égalité de considération à l’ensemble des êtres capables de sentience – de sensibilité – voilà de grandes qualités pouvant aider l’humain à devenir meilleur, individuellement mais aussi collectivement.
La compassion est un signe d’évolution pour beaucoup de traditions spirituelles, philosophiques ou pour de grands esprits comme Pythagore, Plutarque, Plotin, Bouddha, les esséniens, les jains, les gnostiques, les cathares, Gandhi, Marguerite Yourcenar, Albert Einstein, le transcendantaliste Bronson Alcott, Isaac Bashevis Singer, Paul McCartney et tant d’autres.
« Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille », écrivait Leon Tolstoï, végétarien pendant les vingt-cinq dernières années de sa longue vie.
Et pour Gary L. Francione, juriste et philosophe américain, « c’est une erreur de concevoir les problèmes de l’exploitation humaine et animale comme mutuellement exclusifs.
Au contraire, toutes les formes d’exploitation sont inextricablement liées.
Tant et aussi longtemps que nous tolérons la violence sous une ou l’autre de ses formes, la violence existera sous toutes ses formes.»
Tant et aussi longtemps que les animaux seront considérés en tant que machines, objets, choses à tuer, à chasser ou à disséquer, il sera difficile sinon impossible de guérir cette violence qui détruit les humains et la planète.
Chaque année dans le monde, plus de 50 milliards d’animaux sont abattus pour leur chair, sans compter les milliards de poissons et d’animaux aquatiques.
Des millions de singes, chiens, chats, poissons ou lapins meurent dans les laboratoires pour tester pesticides, armements ou vaccins.
L’industrie de la viande est un désastre écologique, privant des populations humaines d’eau potable et de céréales.
Elle est une source de grande souffrance pour les animaux, des êtres conscients ayant le droit de vivre, comme nous, leur existence dans la paix.
Mais il est « difficile de reconnaître quelque droit que ce soit à un animal dont on souhaite faire son repas » (Henry Salt).
LES PROTECTEURS DES ANIMAUX
M. Danten écrit en parlant des végétariens/défenseurs des animaux :
« Selon toute vraisemblance, les actions lumineuses de ces agents sociaux servaient à cacher une très grande frustration personnelle, une faille quelconque de la personnalité, une misanthropie viscérale qui trouvait une soupape à travers le végétarisme et la défense de ces pauvres animaux, encore victimes malgré eux de la misérable condition humaine (…)
Dans ce cas comme dans les autres, la violence avait trouvé refuge dans la non-violence, l’égoïsme et la haine de soi dans la compassion et l’amour. »
Donc, selon l’analyse de M.Danten, les défenseurs des animaux regroupent des frustré(es) aux prises avec de graves problèmes psychologiques.
Des violent(es) qui s’ignorent, souffrant de narcissisme, d’égoisme, des fanatiques faisant presque le salut hitlérien devant un bloc de tofu.
M. Danten divague et fait de la psychologie à cinq cents avec de tels propos.
La nature humaine est mystérieuse et complexe, elle va bien au-delà des clichés et des étiquettes.
Ceux et celles qui militent pour les droits des animaux, pour leur protection et leur libération font partie d’une infinie diversité.
On ne peut les mettre dans le même sac, brasser le tout et faire de leurs motivations une généralisation ainsi réductrice.
Mais une chose est certaine cependant: prendre la défense des animaux est un exercice périlleux dans nos sociétés axées sur le matérialisme et la consommation à outrance, la domination et l’exploitation.
Facile de ridiculiser et de mépriser une cause impopulaire autant dans les médias qu’auprès d’un public soumis à la désinformation.
Facile de dénigrer des militant(es) motivé(es) par un réel désir de justice, de solidarité et d’amour pour d’autres êtres vivants, pour la planète, les arbres, les baleines, les papillons ou les rivières, puisque tout est lié.
Dans notre monde où la violence est partout banalisée, la compassion n’a pas bonne presse.
Si cette sympathie universelle ne nous rend pas « meilleur », cela revient-il à dire que c’est son contraire, la violence, qui nous fait évoluer en tant qu’humain ?
Philosophes, mystiques mais aussi psychiatres, sociologues, criminalistes, juristes et protecteurs des animaux affirment pourtant le contraire.
Il existe une corrélation entre la violence faite aux animaux et celle perpétrée contre d’autres humains.
Nombre de tueurs en série, sinon la majorité, ont commencé par abuser et violenter des animaux avant de le faire à des humains.
Le tristement célèbre Ted Bundy, qui viola et tua plus de 40 femmes, avait été témoin pendant son enfance de la violence de son père envers les animaux ; il avoua par la suite avoir lui-même torturé nombre d’animaux à son adolescence.
Que la violence soit dirigée vers les femmes, les enfants, les personnes âgées ou les animaux, elle est indissociable de cette loi du plus fort.
Plus de la moitié des femmes se retrouvant dans des refuges ont signalé que l’animal de la famille avait été aussi menacé ou blessé par l’auteur de la violence. (McIntosh:2001)
Selon le professeur Andrew Linzey, fondateur et directeur de l’Oxford Center for Animal Ethics :
« La cruauté envers les animaux n’est pas seulement injuste pour les animaux: on constate maintenant, de façon de plus en plus évidente, que la cruauté envers les animaux est aussi préjudiciable aux êtres humains. »
ÉTHIQUE ANIMALE
Il est absolument important de dénoncer les usines à chiots, les animaleries sans scrupules, la surmédicalisation, les vaccins inutiles et potentiellement toxiques, la domination brutale, le dressage excessif et ce non-sens de l’animal acheté pour sa race ou sa beauté.
Mais pour cette vieille dame seule avec son chat, pour cet homme et son vieux chien marchant ensemble, pour cet enfant parlant à son chien dans des mots qu’eux seuls comprennent, pour ces humains compatissants qui travaillent dans des refuges d’animaux surpeuplés, pour ces autres qui adoptent des chiens vieux ou malades, soignent des chats blessés, ayons tout de même un peu de respect.
Comparer l’amour que ces humains portent aux animaux avec l’hypocrisie des nazis relève d’un cynisme outrageant de la part de M. Danten.
(Soyons aussi logiques et responsables: même en étant contre une certaine forme de domestication, il est présentement impossible de mettre à la rue tous les chats et les chiens, de les retourner dans leur environnement naturel.)
La « misanthropie viscérale » des végétariens et des militants pour la défense des animaux, tant décriée par M. Danten, se trouve finalement peut-être de son côté à lui.
Dans l’éthique animale il y a place autant pour une vision de justice globale, que pour la compassion, le désir de soulager la misère et une forme d’altruisme envers les animaux.
Comme si pour devenir meilleur, nous devions passer par notre tête mais aussi par notre coeur, comme nous le dit si bien le grand écrivain Romain Gary :
« Dans les Andes boliviennes, j’ai vu un paysan famélique partager avec son chien quelques vivres que je lui avais données, puis hisser le grand animal squelettique sur son dos pour grimper sur la montagne.
Il n’y avait là aucun rationalisme : juste ce que l’on connaît sous le nom d’ "humain".
Voir dans les animaux plus que de la viande et de la peau est un acquis culturel, tout comme la beauté et un tel concept est indissociable des sentiments.
Trop longtemps, on les a dénigrés pour n’y voir que du sentimentalisme tout en exaltant le matérialisme au point que le monde a vu holocauste sur holocauste.
Essayons les sentiments et les émotions, pour changer…»
Voir aussi : Les nazis, les animaux et l’expérimentation animale: http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article144
http://liberationanimale.wordpress.com/2010/05/21/charles-danten-un-nazi/
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Soutien total à Anne Zelensky
Comme toute féministe engagée, je connaissais Anne Zelensky de réputation, mais j’ignorais, jusqu’à ce que je tombe par hasard sur cet article du Monde écrit le 7 mars 2011, qu’elle était l’une des (la ?) dernières féministes de ce pays à passer outre le politiquement correct pour défendre ses convictions : les droits humains, et spécifiquement les droits des femmes.
Le racisme, le sexisme, le spécisme, sont condamnables parce qu’ils touchent à l’identité biologique des êtres, qu’ils essentialisent. Ce sont des idéologies de haine.
En revanche, faire la critique d’une culture ou d’une religion dès lors qu’elle porte atteinte aux droits fondamentaux des individus, est un devoir, qui devrait logiquement s'inscrire dans le discours de la gauche.
L'islam porte atteinte aux droits des individus, et spécifiquement aux droits des femmes.
Ce n'est un mystère pour personne.
Encore faut-il ne pas avoir la lâcheté de se taire sous prétexte qu'il ne s'agit pas d'une réalité occidentale.
Merci Anne Zelensky de montrer que le féminisme n’est pas mort, qu’il sait encore voir et combattre l’ennemi, partout où il se trouve.
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"Chasse à la sorcière", par Anne Zelensky
Le Monde.fr | 07.03.2011
Une grande ombre s'étend sur le pays des Lumières.
Il ne fait pas bon y exprimer une pensée libre.
Les mêmes qui honnissent la censure et clament le droit à la liberté d'expression tentent de bâillonner ceux et celles qui ne pensent pas "correctement".
Une véritable police de la pensée s'est mise en place via les associations antiracistes et les milieux gaucho féministes.
Me voilà ainsi l'objet d'une vraie curée de la part de tout un secteur féministe.
Depuis que j'ai osé participer aux "Assises sur l'islamisation de l'"Europe", le 18 décembre 2010, je suis devenue la femme à abattre.
On me range carrément à l'extrême-droite.
Deux faits attestent de cette chasse à la Sorcière.
Dans le dernier numéro de janvier 2011 de Prochoix, en partie consacré à me démolir, on peut lire sous la plume de Caroline Fourest :
"Entre Christine Delphy qui milite désormais aux côtés des Indigènes de la République et Anne Zelensky qui milité désormais aux côtés du Bloc Identitaire, le moins qu'on puisse dire c'est que tous les chemins du féminisme ne mènent pas à l'universalisme laique..."
Le raccourci est saisissant de malhonnêteté.
Les fameux Identitaires, qui en effet sont parmi les nombreux organisateurs de ces Assises, sont une poignée de gens catalogués "extrême-droite".
En fait, je les ai côtoyés, le temps d'une journée, je n'ai jamais milité avec eux, puisque mon engagement depuis plus de quarante ans, est aux côtés de la gauche.
Le vrai danger n'est pas là, dans ce groupuscule minoritaire.
Il est plutôt dans la progression d'une islamisation des sociétés européennes, téléguidée par des extrémistes qui gagnent du terrain.
Cette progression inquiète les peuples et, faute d'être entendus par leurs dirigeants, ils se rabattent sur l'extrême droite.
Mais à gauche, on en est resté à la vision du fascisme des années 1940, et en s'obsédant sur une extrême droite qui a évolué, on fait son jeu.
La preuve en est la montée de Marine Le Pen, plus préoccupante que l'existence d'une poignée d'Identitaires.
Il faut se poser la bonne question : pourquoi cette montée des droites en Europe ?
Y répondre en culpabilisant les peuples supposés ignares, et en criant au populisme, du haut d'une arrogance propre à une certaine gauche de droit divin, là encore ne fait qu'exaspérer ces peuples.
Par contre, revenons à Prochoix : comment qualifier les procédés de cette revue féministe, qui me consacre donc trois articles, m'attaquant personnellement, sans jamais citer mes textes ?
Je n'ai pas droit à être entendue.
Les héraults de la tolérance pratiquent des méthodes qui fleurent bon leur stalinisme.
Deuxième fait.
J'étais invitée à animer le 24 février un séminaire à l'EHESS, auprès d'étudiants en master, sur "Ce que célébrer les 40 ans du MLF veut dire" dans le cadre des Hautes Etudes "Politique et sexualité".
Il s'agissait de traiter ce thème en interrogeant des "historiques" comme moi.
On m'a souvent invitée dans le cadre universitaire.
Quelques jours avant, la chercheuse qui m'avait conviée, me décommande.
Soumise à des pressions violentes, dont elle prétend ne pas savoir l'origine ( ce serait des étudiants), elle renonce à m'inviter pour éviter l'obstruction et le chahut.
A part moi, elle a invité d'autres "historiques" : Christine Dephy et Antoinette Fouque.
Je gage qu'elle ne décommandera pas Christine Delphy, compagne de route des Indigènes de la république, et adepte du voile.
Parmi les jeunes universitaires, elle bénéficierait d'une grande estime.
Elevées au biberon du "Touche pas à mon pote", celles-ci se soucient plus d'antiracisme que de sexisme.
Que se passe-t-il donc ?
Comment les héritières du Mouvement des femmes des années 1970 en sont-elles arrivées là ?
Un peu d'histoire s'impose.
La plupart des pionnières des années 70 se sont évanouies dans la nature, sont mortes de chagrin, se sont consacrées aux femmes battues ou encore se sont réfugiées dans les bras de l'université, via les études féministes, Gender studies.
Le généreux Mouvement des femmes s'est disloqué, éparpillé en myriades de groupes occupés à remailler les trous du patriarcat ou à se tailler une petite place au soleil.
Incapacité complète à se coordonner, à tenter d'acquérir une visibilité politique.
Le féminisme est encore dans sa période infantile.
Il y a eu cette superbe explosion, où ont volé en éclats les dogmes et impostures de la domination, où des femmes se sont mises à penser enfin par elles-mêmes, où elles ont revendiqué sans concession leur liberté, où elles ont affirmé leur solidarité avec leurs sœurs.
Cela s'est appelé la sororité.
Et puis, on est retourné au no woman's land de toujours, avec quelques amendements.
Rien d'étonnant à cela, l'espérance est violente, l'Histoire lente.
Comme tous les groupes incapables de convertir le cri en revendication politique, la plupart des féministes ont cessé d'inventer, ont déserté le combat et se sont rabattues sur la doxa gauchiste.
Abandon d'une pensée et d'une action féministe autonome pour adopter les credos de l'altermondialisme : anticolonialisme, antiracisme, rejet de la civilisation occidentale, préférence pour l'autre, pourvu qu'il soit d'ailleurs, tolérance à géométrie variable...
Ainsi, les mêmes qui honnissaient les religions se sont muées en défenseuses inconditionnelles de l'islam.
Pas touche au sacré Coran, qu'elles n'ont pas vraiment lu.
Là où on suit ce texte au pied de la lettre, elle seraient au cachot ou lapidées.
Oui, mais il y a les interprétations du texte ; oui, mais la religion catholique n'a pas fait mieux...
Le "oui, mais", cette volonté de tout comprendre - si "féminine" - est la face cachée de l'impuissance et d'une forme de lâcheté.
Pour ma part, j'ai continué sur ma lancée.
Je bouge encore.
Je me permets de penser par moi-même, avec les risques inhérents à l'exercice.
On ne me pardonne pas d'être sortie du cadre où on m'avait coincée.
Après les obligatoires années de purgatoire - le féminisme n'est jamais une partie de plaisir ni le plus court chemin vers la reconnaissance - on m'a rangée dans l'armoire des antiquités, celle des historiques.
D'hystériques nous étions devenues, certaines d'entre nous, "historiques".
Entendez par là, momifiées ad vitam aeternam dans la posture de promotrices de l'avortement.
Les grouillotes de Madame Veil, en quelque sorte.
L'essentiel était de nous assigner à résidence.
D'autre part, cette reconnaissance a fait grincer quelques dents du côté des "sœurs", qui n'en bénéficiaient pas.
Sous la sororité, couvait la traditionnelle jalousie pour celle qui réaliserait ce qu'on ne peut pas faire.
Elle explose maintenant.
Il faut tirer une vigoureuse sonnette d'alarme.
La liberté d'expression est le garant absolu de la vitalité d'une pensée.
Dans ce pays, on ne peut plus rien dire sans être immédiatement vouée aux gémonies, poursuivie au tribunal ou interdite de parole.
Ce n'est pas en faisant taire une parole dérangeante, qu'on escamotera ce qui dérange.
Anne Zelensky, présidente de la Ligue du Droit des femmes
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/07/chasse-a-la-sorciere_1489381_3232.html
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En ces sanglants et barbares jours d'Aïd, réécoutons Abdelwahab Meddeb
"C'est une chance pour l'islam que des musulmans soient en France et qu'ils soient frustrés de cela [qu'il n'y ait pas d'abattoir rituel installé en Seine Saint-Denis], parce que j'estime, d'un point de vue anthropologique, que celui qui continue de sacrifier ne peut pas évoluer, et ça me paraît essentiel et important de vivre aujourd'hui un sacrifice symbolique, un sacrifice mental.
Nous sommes de plus en plus nombreux sur cette terre, il y a 1,5 milliard de musulmans.
Vous imaginez, il y aurait 700 millions de bêtes qui seraient abattues en une journée ?
Vous imaginez le bain de sang que c'est ?
Vous imaginez les ruisseaux de sang que c'est ?
Vous imaginez la catastrophe que c'est ?
J'ai un ami, l'anthropologue marocain de Princeton Abdellah Hammoudi, qui a écrit un livre très intéressant sur le pèlerinage.
Il décrit l'usine abominable, abominable, qui reprend toutes ces bêtes qu'elle sacrifie pour les mettre ensuite en boîtes destinées à la charité islamique et à la distribution aux pays pauvres, et cet espace est tout simplement un espace nauséabond.
Les 2 ou 3 millions de pèlerins musulmans, chacun sacrifiant sa bête, 3 millions de bêtes tuées en une journée par un système de modernisation assez spectaculaire et totalement automatisé, c'est quelque chose de proprement terrifiant.
J'appelle véritablement les musulmans à savoir vivre un sacrifice symbolique, à être dans un sacrifice mental.
Cela est possible et je sais que beaucoup de musulmans le font ; beaucoup de patriciens, beaucoup de gens d'une certaine distinction qui ont une sorte d' horreur du sang se débarrassent de ce rite du sacrifice, du sang versé qui nous vient de Rome, de Grèce, qui nous vient du paganisme.
C'est un rite du paganisme, mais le propre du monothéisme est peut-être dans le dépassement des pratiques païennes."
Abdelwahab Meddeb, écrivain, poète, directeur de la revue internationale Dédale et professeur de littérature comparée à l'Université Paris X.
http://www.dailymotion.com/video/xbaepx_abdelwahab-meddeb-les-matins_news?start=5
***
P.S. : aux bien-pensants (illustrés par "A" et souvent plus virulents que A) qui refusent que l'on parle de l'Aïd sous prétexte qu'il n'est pas le fait de la culture occidentale, voici ce que je réponds :
"A" :
Ma réponse à "A" :
"Certes, mais je suis végane, ce qui me donne le droit de déplorer aussi ce qui se passe le jour de l'Aïd.
On ne va pas, par exemple, passer la Shoah sous silence sous prétexte que d'autres massacres ont (eu) lieu ailleurs, et inversement.
Il faut faire de même avec les êtres nonhumains : ce serait très injurieux pour les victimes de l'Aïd de taire leur calvaire sous prétexte que d'autres animaux sont tués ailleurs.
Abdelwahab Meddeb serait certainement taxé, pour ces propos qui l'honorent, de raciste s'il n'était lui-même d'origine arabe (et il n'y a rien de pire que d'être taxé de racisme quand on ne l'est pas).
Alors qu'il ne fait là qu'exposer des vérités dont tout le monde devrait s'inspirer.
Il n'y a pas de raison que l'on se refuse à dénoncer la barbarie dès lors qu'elle n'est pas le fait des "Blancs" ou des "Occidentaux".
L'humanité est une et indivisible dans la barbarie, et il est de notre devoir de dénoncer toutes les formes que prend cette barbarie, sans avoir peur de pointer du doigt, tour à tour, tel ou tel groupe humain.
Ce n'est en rien du racisme, cela n'a rien à voir avec le racisme.
C'est tout le contraire.
Dénoncer une religion ou une culture dans ce qu'elle a de barbare, ce n'est pas faire oeuvre de racisme (ni la religion, ni la culture ne sont des "races") : c'est faire oeuvre de civilisation et c'est le devoir moral de chacun, vis-à-vis des victimes animales et vis-à-vis de l'humanité."
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Claude Lévi-Strauss et le concept d'"humanisme dévergondé"
"Ce contre quoi je me suis insurgé, et dont je ressens profondément la nocivité, c'est cette espèce d'humanisme dévergondé issu, d'une part, de la tradition judéo-chrétienne, et, d'autre part, plus près de nous, de la Renaissance et du cartésianisme, qui fait de l'homme un maître, un seigneur absolu de la création.
J'ai le sentiment que toutes les tragédies que nous avons vécues, d'abord avec le colonialisme, puis avec le fascisme, enfin les camps d'extermination, cela s'inscrit non en opposition ou en contradiction avec le prétendu humanisme sous la forme où nous le pratiquons depuis plusieurs siècles, mais, dirais-je, presque dans son prolongement naturel.
Puisque c'est, en quelque sorte, d'une seule et même foulée que l'homme a commencé par tracer la frontière de ses droits entre lui-même et les autres espèces vivantes, et s'est ensuite trouvé amené à reporter cette frontière au sein de l'espèce humaine, séparant certaines catégories reconnues seules véritablement humaines d'autres catégories qui subissent alors une dégradation conçue sur le même modèle qui servait à discriminer entre espèces vivantes humaines et non humaines.
Véritable péché originel qui pousse l'humanité à l'autodestruction."
Claude Lévi-Strauss
Entretien avec Jean-Marie Benoist, « L’idéologie marxiste, communiste et totalitaire n’est qu’une ruse de l’histoire », Le Monde, 21-22 janvier 1979, p. 14.
http://bibliodroitsanimaux.voila.net/levistraussmondecourt.html