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Littérature, Philosophie - Page 3

  • Parution du livre de Cédric Stolz, "Des animaux sur la Terre"

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    Quatrième de couverture :

     

    "Le moment est venu de refonder le statut de l'animal, en questionnant l'image que nous avons construite de nous-mêmes.

     

    Mais tandis que la philosophie peine à se détacher de traditions dépassées pour penser notre rapport à l'animalité, la science est insuffisante pour rendre compte des animaux.

     

    Cet essai entreprend alors une déconstruction profonde des barrières qui structurent notre horizon de pensée, par la construction même d'une voie alternative débarrassée de nos présupposés.

     

    C'est en dévoilant la richesse des mondes animaux qui coexistent sur la Terre, que s'envisage la naissance d'une vision globale où la réalité n'est plus restreinte à la seule perspective humaine.

     

    L'ouvrage propose une compréhension de l'existence animale qui rend possible une véritable reconnaissance des animaux pris dans leurs diversités et singularités."

     

    Présentation de l'éditeur :

    http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&isbn=978-2-343-12845-0&utm_source=phplist&utm_campaign=message_21803&utm_medium=email&utm_content=lienImage

    Page Facebook du livre :

    https://www.facebook.com/DesAnimauxSurLaTerre/

     

    Cédric Stolz est enseignant en philosophie et porte-parole d'une association nationale qui milite pour le reconnaissance des intérêts fondamentaux des animaux.

  • “Hugh Hefner n’a pas normalisé le sexe, il a normalisé la misogynie” (par Meghan Murphy)

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    Hef ne devrait pas laisser le souvenir d’un combattant libertaire. Mais bien celui d’un escroc de proportions épiques.

     

    par MEGHAN MURPHY, sur FeministCurrent.com, le 28 septembre 2017

     

    Hefner

     

    Le véritable monarque de la culture porno est mort mercredi dernier et, alors que des milliers de personnes ont crié « Enfin ! » et « Bon débarras! », beaucoup d’autres se sont lancées dans de sombres panégyriques, en parlant d’Hugh Hefner comme d’un « révolutionnaire » et d’un visionnaire.

     

    Et à certains égards, il l’était.

     

    Le vieux ‘Hef envisageait un monde où le porno était totalement banalisé – plutôt que quelque chose de honteux que des hommes utilisaient seuls chez eux ou dans des cabines privées de sex shop, hantées par le sperme d’antan, mais quelque chose qui n’était qu’un élément normal de la société. Il rêvait en effet de la culture pornographique ; et il l’a effectivement instaurée.

     

    Hefner avait une opinion plus élevée de lui-même que peut-être n’importe qui d’autre. Pour m’être imposé le pénible visionnement de sa série filmique de 2017, American Playboy: The Hugh Hefner Story, un hommage à Hef de Hef, il m’est devenu évident que cet homme a très délibérément conçu le récit que l’Amérique en viendrait à tenir à son sujet : celui d’un croisé, un rebelle, un simple homme humble qui voulait mener le bon combat contre la répression sexuelle et libérer la population américaine des croisés moraux pour qui le sexe était une mauvaise chose. Hefner a constamment fait valoir que son objectif, avec la revue Playboy, était de convaincre les États-Unis que le sexe était « normal » et d’« amener le sexe au grand public ». Mais non seulement n’y a-t-il pas réussi, mais il n’a même pas essayé.

     

    En regardant la série American Playboy, en écoutant les histoires racontées par Hef sur lui-même, je me suis rendue compte que Hefner était en grande partie responsable du mensonge selon lequel la chosification sexuelle équivaut au sexe. Il ne s’intéressait aucunement à une normalisation de la sexualité réelle, mais voulait plutôt normaliser le regard masculin et la perception masculine des femmes comme de jolis objets à regarder. Playboy n’a jamais été à propos du « sexe », mais bien à propos de fantasmes masculins.

     

    Le numéro inaugural de la revue Playboy, en 1953, contenait des photos de Marilyn Monroe nue, photos dont Hefner avait acheté les droits sans prendre la peine de demander à Monroe l’autorisation de les utiliser. Peu importe. Pour Hef le révolutionnaire, le « sexe » était une chose qui arrivait aux femmes, pour divertir les hommes. De fait, le « sexe » résultant des photos nues publiées par Playboy était unilatéral. Après avoir utilisé Monroe pour vendre des dizaines de milliers d’exemplaires de la revue, Hef a décidé qu’il voulait mettre en vedette des femmes du genre « jolie voisine » ; il s’est donc mis à les détourner de leurs emplois de bureau pour faire d’elles la « Playmate du mois ». Encore une fois, il s’est lui-même félicité de cette approche révolutionnaire de la chosification, qualifiant ces femmes d’éminemment accessibles (et certainement moins coûteuses que des modèles professionnelles). Elles n’avaient pas l’aspect intimidant des modèles et des célébrités sur lesquelles les hommes étaient habitués à fantasmer – c’étaient des femmes que tout homme pouvait s’approprier.

     

    Cette notion, lancée par Hefner, que de chosifier des femmes « ordinaires » constituait un progrès – comme si diversifier les types de femmes face auxquelles les hommes pouvaient se branler était le plus généreux cadeau que nous puissions offrir à la population féminine – a été entièrement adoptée par les progressistes d’aujourd’hui.

     

    Shauna, sur Twitter : « Fait amusant : Hugh Hefner était un allié précoce du mouvement LGBT, présentant un modèle trans dans Playboy en 1991. » http://www.cosmopolitan.com/entertainment/news/a42434/caroline-tula-cossey/ …

    « J’ai l’impression d’avoir été en avance de beaucoup trop d’années. » (Caroline « Tussa » Cossey)

     

    Il a été loué en tant que pionnier pour avoir fait de Jennifer Jackson, une femme noire, sa Playmate du mois en 1965 et pour avoir mis Darine Stern sur la couverture de Playboy en 1971, en faisant d'elle la première Noire à bénéficier de l’honneur d’une couverture solo. Il a été porté aux nues comme un « défenseur des droits des trans » pour avoir mis le modèle transsexuel Caroline « Tula » Cossey dans son magazine en 1991. Si quelqu’un se souciait d’y porter quelque attention, il serait clair que la chosification sexuelle n’est pas un vecteur de droits, de respect ou d’égalité. Mais l’Amérique néolibérale préfère un récit plus simpliste.

     

    Hefner s’est longtemps vanté d’avoir été un pionnier féministe, et il n’est pas le seul. Les critiques de l’homme sont constamment tempérées par des rappels au fait qu'il a soutenu les droits reproductifs – mais quel libéral masculin ne l’a pas fait ? La capacité de baiser sans l’inquiétude de devenir enceinte libère sans aucun doute les femmes, mais elle libère également les hommes. En effet, il est remarquable que, même si les hommes libéraux se rallient au seul droit spécifique à la femme qui les absout de leur propre responsabilité sexuelle (les femmes demeurent, après tout, responsables de prendre cette pilule ou d’obtenir cet avortement), ils refusent de prendre position contre la déshumanisation des femmes dans la pornographie ou la violence inhérente à leur prostitution.

     

    Le rôle que s’est attribué Hef dans le fait d’avoir cimenté le statut des femmes comme objets sexuels a été repris avec enthousiasme par ses successeurs. Bien que le magazine ait annoncé qu’ils ne publieraient plus de nus en 2015, ils ont rapidement compris que les bénéfices de l’empire Playboy dépendaient (encore) du corps des femmes et, en février, le fils de Hefner et chef créatif de la société, Cooper Hefner, a annoncé que l’élimination de la nudité avait été une erreur.

     

    Il a dit : "La nudité n’a jamais été le problème car la nudité n’est pas un problème. Aujourd’hui, nous reprenons notre identité et revendiquons qui nous sommes."

     

    Cooper Hefner

     

    Le vocabulaire utilisé pour commercialiser Playboy et l’héritage de Hef comme féministe – en lutte contre tous les pouvoirs – ne peut être décrit que comme dégoûtant. Nous parlons d’un empire plusieurs fois millionnaire. Au-delà du fait que transformer des femmes en objets décoratifs destinés à accueillir les projections masculines de fantasmes unidimensionnels garantissait indéniablement le maintien des femmes dans la subordination, Playboy s’est livré à plusieurs autres pratiques contraires à l’éthique. Dès les années 1960, Gloria Steinem a rendu compte de la manière déshumanisante et exploitante dont les Playboy Bunnies étaient traitées, et Monroe n’a pas été la seule femme dont les images ont été publiées sans leur consentement.

     

    Malgré toutes ses prétentions d’avoir été « féministe avant qu’il ait existé une chose comme le féminisme », Hef détestait celles qu’il appelait les « women’s libbers ». Dans une dévastatrice chronique nécrologique, Julie Bindel cite, après Susan Braudy, « une note de service secrète que des secrétaires de Playboy avaient coulée à des féministes ». Hefner y écrivait : « Ces poules [les féministes] sont nos ennemies naturelles. Il est temps d’engager la bataille contre elles… Ce que je veux, c’est un article dévastateur qui réduise en miettes le militantisme féministe. Les féministes se sont toujours opposées au type de société romantique garçon/fille que Playboy veut promouvoir. » (Cité dans L’envers de la nuit : les femmes contre la pornographie, Montréal, Remue-ménage, 1983, p. 299.)

     

    couv Envers de la nuit

     

    Hefner a traité les femmes comme des jouets, et les femmes qui vivaient dans son palais ont témoigné de la façon dont elles étaient contrôlées par lui et à quel point les rapports sexuels qu’elles étaient forcées d’avoir avec lui leur était désagréables. La « révolution sexuelle » de Hefner n’était rien d’autre que de la misogynie ordinaire. En effet, un harem est loin d’être révolutionnaire, et traiter des femmes comme des enfants emprisonnés est le contraire exact d’une libération. Après que l’ex-Playboy Bunny Holly Madison a refusé son offre d’un Quaalude lors de leur première soirée de clubbing, Hef lui a dit : « Habituellement, je n’approuve pas l’usage de drogues, mais vous savez, dans les années 1970, on appelait ces pilules des ‘ouvre-cuisses’. » S’il est le pionnier d’une évolution, Hefner est plutôt celui de la culture du viol, comme en témoignent les dessins « humoristiques » omniprésents dans le magazine Playboy.

     

    Hoechst raspe

    Un dessin de Bill Hoest publié dans Playboy.

     

    Le premier des playboys ne sera pas oublié, c’est certain. Son héritage, cependant, n’est pas celui d’un croisé pour les droits des femmes, mais plutôt celui d’un menteur habile. Hefner a consacré sa vie à répandre le mensonge selon lequel la pornographie équivaut à la sexualité et les femmes doivent choisir la chosification pour être libérées. En d’autres termes, il a convaincu l’Amérique que la liberté des femmes se situait dans les bénéfices des hommes (et dans leurs lits).

     

    C’est l’arnaque la plus grotesque du XXe siècle, et Hef peut être certain que nous ne l’oublierons pas.

     

    Version originale : http://www.feministcurrent.com/2017/09/28/hugh-hefner-didnt-normalize-sex-normalized-patriarchy/ + commentaires

     

    Traduit par TRADFEM, avec l’accord de l’autrice.

     

    Meghan Murphy est une écrivaine de Vancouver, C.-B. Son site Web est Feminist Current, www.feministcurrent.com et plusieurs de ses articles sont traduits sur le site de TRADFEM.

     

    https://tradfem.wordpress.com/2017/10/02/meghan-murphy-hugh-hefner-na-pas-normalise-le-sexe-il-a-normalise-la-misogynie/

  • "Trafics de femmes - Enquête sur l'esclavage sexuel dans le monde", un livre de Lydia Cacho / Extraits

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    Journaliste, écrivaine et féministe mexicaine, Lydia Cacho est l'auteure de plusieurs ouvrages retentissants. Elle est reconnue pour ses activités militantes en faveur des droits des femmes, et est considérée comme l'une des journalistes les plus engagées et les plus courageuses de la scène internationale. Couronnée par Amnesty International en 2007, elle dirige à Cancun un centre de soutien pour les femmes victimes de violence et collabore avec le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (Unifem). En 2011, elle a reçu le prix Olaf Palme.

     

    Chaque année 1,4 million de personnes, en grande majorité des femmes et des petites filles, sont achetées et revendues, comme une matière première, au point que le commerce sexuel est devenu, avec la vente d'armes et le trafic de drogue, le plus rentable du monde.

     

    Dans cette enquête, d'une ampleur sans précédent, menée durant six ans sur trois continents, la parole est donnée à tous les acteurs : les victimes et les trafiquants, les intermédiaires et les clients, les proxénètes et les mafieux…

     

    Cet ouvrage unique qui constitue un tour du monde de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle nous mène au Japon, au Cambodge, en Birmanie, au Vietnam, mais aussi en Argentine, au Mexique, ainsi qu’en Turquie et au Moyen-Orient… L’auteur y décrit comment les armées de tous pays se procurent des prostituées auprès des mafias, comment les Européens s’offrent des femmes ou des fillettes avec l’accord des autorités des pays les plus pauvres, comment les trafiquants recrutent leurs victimes et les maintiennent sous domination. Dans un système libéral où tout est à vendre, mafieux, hommes politiques, militaires, entrepreneurs, industriels, leaders religieux, banquiers, policiers, juges, hommes de la rue… forment une chaîne du crime trop bien organisée.

     

    Un livre-choc, une enquête minutieuse, de nombreuses révélations, des témoignages bouleversants et des actions concrètes pour entrer en lutte contre la prostitution forcée. (Présentation de l'éditeur.)

     

    *

     

    Une plongée dans un enfer méconnu, et pour cause : le patriarcat a tout intérêt à ce que l'exploitation des femmes et des enfants reste la plus invisible possible de sorte qu'elle puisse se perpétuer. La prostitution et la pornographie, au-delà de l'argent qu'elles génèrent, permettent aux hommes de maintenir leur pouvoir symbolique sur les femmes.

     

    Il appartient aux femmes et aux hommes de bonne volonté d'ouvrir les yeux sur cette réalité dramatique et omniprésente, et de dire non à l'esclavage sexuel.

     

    Le livre de Lydia Cacho démontre avec brio la loi suivante : la légalisation et la régulation de la prostitution favorisent la traite des femmes et des petites filles partout où elles ont cours. C'est pourquoi l'abolitionnisme est la seule position éthiquement défendable.

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    EXTRAITS :

     

    "Ce phénomène criminel [la traite sexuelle des femmes et des petites filles], dont l'existence sous sa forme actuelle remonte au XXe siècle, s'est tant et si bien développé et sophistiqué à l'échelle mondiale que le nombre de victimes dépassera bientôt celui des esclaves vendus entre le XVIe et le XIXe siècle dans le cadre de la traite négrière." (p. 14)

     

    "Le sexe fait partie intégrante de toutes les organisations criminelles, qu'il s'agisse des yakuzas japonais, des triades chinoises, des mafias italiennes, russes ou albanaises ou encore des cartels de la drogue qui sévissent en Amérique latine. Le plaisir charnel est essentiel à leur pouvoir économique et politique. Les femmes et les petites filles sont achetées, vendues et offertes, ou séquestrées, louées, prêtées, violées, torturées et tuées. Dans ces milieux machistes, elles ne sont pas considérées comme des personnes, mais comme des objets voués au plaisir. Les femmes qui travaillent dans ces réseaux criminels véhiculent elles aussi ces valeurs de mépris et de misogynie." (p. 14-15)

     

    "... il est toujours dangereux d'être une femme dans une société patriarcale." (p. 17)

     

    "Les rapports de Save the Children [...] affirment que de nombreux pédophiles sont attirés par les endroits où la prostitution des adultes est légale. Ils s'y installent et forment ainsi une clientèle fidèle qui favorise le développement de l'exploitation sexuelle infantile." (p. 37)

     

    "L'esclavage a besoin de la prostitution légale pour rendre plus difficile la distinction entre les deux activités. [...] C'est pourquoi tant de personnes ont intérêt à promouvoir la réglementation de la prostitution." (p. 49)

     

    "Cette nuit-là, je suis morte. [...] Pendant vingt-quatre heures, quarante hommes m'ont violée de toutes les façons possibles. L'un d'eux, qui faisait une fixation sur les petites filles, m'a caressée comme si j'étais un bébé, m'a mise dans le jacuzzi et m'a lavée délicatement, en chantant doucement comme un psychopathe. Il était chauve, musclé et avait le tatouage caractéristique des yakuzas qui lui recouvrait le corps. C'était traumatisant. […] Les choses que j'ai subies dans cette suite les trois jours qui ont suivi sont innommables, inconcevables pour la plupart des êtres humains. Ils avaient tous leur propre perversion. Certains m'ont introduit des objets, provoquant de graves hémorragies. Aujourd'hui encore, les cicatrices qu'ils ont laissées sur mes organes génitaux m'empêchent de devenir mère." (Une victime de la traite sexuelle au Japon) (p. 85-6)

     

    "Pour empêcher les petites filles de se rebeller trop facilement, les trafiquants emploient les techniques classiques des ravisseurs : ils tentent de créer un climat de discorde et de rivalité entre les victimes, qui vivent dans un espace commun, et ils utilisent un système de récompenses et de punitions injuste. Les fillettes qui se soumettent et adoptent un caractère hypersexualisé, séducteur et obéissant deviennent les favorites. Du fait de leur jeune âge, les petites filles soumises à ce conditionnement émotionnel l'intègrent entièrement à leur personnalité. Entre elles, aucun jugement moral n'est porté sur leurs expériences : de leur vie entière, elles n'ont connu que la condition d'esclave." (p. 93-4)

     

    "Appeler la prostitution 'travail sexuel' est dangereux." (p. 100)

     

    "Faire le tour du monde et traverser les frontières aériennes, terrestres et maritimes m'a permis de comprendre les véritables implications de la corruption et ses conséquences en faveur de la criminalité organisée et de la traite des personnes. Pour résumer, la Birmanie est un camp d'extermination de femmes. Lorsque le pays parviendra à se libérer de la junte militaire et à se tourner vers la démocratie et que les médias révéleront ce qui s'est réellement passé, le reste du monde sera révolté. En effet, les horreurs commises dans cet État sont semblables aux crimes nazis et si elles n'en ont pas l'ampleur, elles n'en sont pas moins tragiques et impardonnables. Ce pays est devenu un véritable paradis pour la criminalité organisée spécialisée dans le trafic de drogue et l'esclavage des êtres humains." (p. 144-5)

     

    "C'est simple : sans demande, il n'y aurait pas de prostitution. La prostitution n'a rien à voir avec la sexualité féminine. Il s'agit d'une création masculine. Si les hommes, à travers le monde, ne recherchaient pas de relations sexuelles payantes, il ne serait pas nécessaire de traquer, de rabaisser et de soumettre des millions de femmes et de petites filles et de leur imposer cette existence déshumanisante."

     

    "Pour comprendre le fonctionnement de l'esclavage humain, il faut accepter le fait que les mafias sont des entreprises, que la prostitution est une activité économique et que les femmes et les enfants en sont les marchandises." (p. 200-1)

     

    "Les groupes de traite du monde entier, qui fonctionnent avec des réseaux de protection liés entre eux, ont fait évoluer leurs techniques. Ils ont en effet compris qu'il était nécessaire de se moderniser pour suivre la tendance. C'est ainsi que dans divers pays, trafiquants et proxénètes ont commencé à reprendre à leur compte le discours de certains académiciens et 'féministes', selon lequel le travail sexuel représente en réalité la libéralisation réelle de la sexualité féminine dans l'économie capitaliste. Il n'était donc plus nécessaire de droguer, de frapper ou de terroriser les victimes, mais simplement de consolider une culture machiste tout en la déguisant pour qu'elle ait l'air évoluée et élégante. [...] Les mafias s'enrichissent et s'amusent même de cette polémique entre intellectuels et activistes. L'argumentation philosophique sur la signification de la liberté et du libre arbitre fait désormais partie du discours des réseaux de trafiquants, ainsi qu'ils me l'ont eux-mêmes expliqué. Le contre-argument des abolitionnistes repose justement sur le fondement philosophique du concept de liberté et sur la réelle capacité des femmes à prendre des décisions dans un contexte culturel de soumission et d'inégalités profondes." (pp. 204, 205)

     

    "Tandis que les réseaux criminels évoluent rapidement et furtivement, les institutions internationales qui luttent contre le crime organisé, semblables à de vieux éléphants, peinent à suivre le mouvement. En effet, il existe une grande différence structurelle qui avantage les réseaux de trafiquants par rapport aux institutions internationales qui luttent contre la délinquance organisée : l'absence de bureaucratie et de principes." (p. 207)

     

    "Tant que la corruption au niveau local ne sera pas éliminée pays par pays, les accords internationaux contre la traite ne dépasseront jamais le stade des bonnes intentions." (p. 208)

     

    "Au cours de mes nombreuses années d'enquête, je me suis souvent demandé quelle était la raison de l'augmentation du nombre de jeunes femmes et de petites filles dans le commerce sexuel à l'échelle mondiale. [...] Victor Malarek et [...] Oscar Montiel Torres, qui donnent la parole aux fournisseurs et aux consommateurs de l'exploitation sexuelle, soulignent tous deux un élément important qu'il ne faut pas sous-estimer : nous vivons un contrecoup de la libération féminine qui a provoqué la colère de millions d'hommes, dont les principes traditionnels de virilité n'avaient jamais été remis en cause." (p. 277)

     

    "[Il y a une] confusion [...] entre traite et prostitution. En effet, les gens ne peuvent pas (ou ne veulent pas) distinguer le lien qui unit les deux phénomènes. Les acteurs de l'industrie sexuelle sont les grands gagnants de cet amalgame et de cette inaction sociale : tant que l'opinion publique s'obstinera à considérer la prostitution comme une simple affaire de philosophie libérale, sans prendre correctement en compte le phénomène de la traite, les trafiquants continueront à gagner des millions de dollars par an." (p. 283)

     

    "... l'industrie du sexe se modernise, se mondialise et adopte de nouvelles méthodes de communication politiquement correctes. Ainsi, les mafias essaieront toujours de nous faire croire que nous sommes libres d'exploiter et de consommer d'autres personnes, et que les femmes choisissent elles aussi librement de jouer les esclaves pour leurs clients. Tout le monde adhère à ce discours : d'une part, la gauche et les féministes postmodernes, et d'autre part, la droite qui, à l'abri derrière un crucifix ou sous une soutane, se délecte d'une prostitution plus raffinée." (p. 293)

     

    "Les mafias sont sans doute plus solides et mondialisées que les principes démocratiques." (p. 294)

     

    "Les réseaux de trafiquants ont plus de pouvoir que jamais : en effet, le nombre de criminels arrêtés et condamnés pour ce chef d'accusation est le plus bas parmi toutes les infractions existantes. À la frontière entre la Malaisie et Singapour, beaucoup de petites filles sont achetées pour être revendues et torturées. Les témoignages des membres de l'AFESIP [Agir pour les Femmes En SItuation Précaire] sont affreux et laissent supposer que des films mêlant pornographie et tortures, comparables à des snuff movies légèrement édulcorés, seraient réalisés." (p. 298)

     

    "La production pornographique réalisée avec des esclaves est un phénomène fait pour durer : tant qu'elle sera considérée comme une forme de liberté d'expression, personne ne pourra lui fixer de limites, hormis les consommateurs et la société." (p. 300)

     

    "Dans les allées de l'AEE [Adult Entertainment Expo, qui a lieu chaque année dans le Nevada] se côtoient les amateurs, qui considèrent l'industrie du sexe comme une forme d'éducation et de libération érotique, et les trafiquants nationaux et internationaux, qui utilisent cette liberté créatrice pour vivre d'un esclavage destructeur. Tous ceux qui osent poser des questions sur ces mafias et sur leurs liens avec l'industrie sexuelle conventionnelle se heurteront à une vague d'attaques de la part de ceux qui estiment qu'il ne s'agit que d'un mythe, tout comme les snuff movies à caractère pornographique produits avec des victimes de Ciudad Juarez, de Tijuana ou de Thaïlande." (p. 301)

     

    Lydia Cacho, Trafics de femmes. Enquête sur l'esclavage sexuel dans le monde, Nouveau Monde, 2012.

  • Qui je suis, ce que je pense

  • La citation du jour : Ralph Waldo Emerson

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    "Qui désire être un homme doit être non-conformiste."

    Ralph Waldo Emerson

  • La citation du jour : Martin Amis

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    "Comment l'homme (cette dangereuse créature, c'est vrai, regardez son casier judiciaire), comment l'homme pourrait-il résister à l'ivresse du Crime Parfait, celui qui détruit toute preuve, toute justice, tous les passés et tous les futurs ?"

     

    Martin Amis, Les Monstres d'Einstein

  • La résistance selon Mélenchon

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    À l'heure où nos contemporains décérébrés, en proie au vieil instinct de génuflexion qui perdure en dépit des révolutions populaires, sont tombés dans l'idolâtrie des "stars" du show-business et des médias, Mélenchon en appelle à l'intelligence de l'individu. 

     

    Une résistance nietzschéenne à saluer.

     

    "Arrêtez ça, je ne veux pas que mon nom soit un slogan. Guérissez-vous de cette manie. Vous n'êtes pas des dévots, vous portez un programme, l'Avenir en commun. Je fais ma part du travail, faites le vôtre !".
    Jean-Luc Mélenchon

     

    http://www.huffingtonpost.fr/2017/04/09/porte-par-un-enthousiasme-nouveau-melenchon-gronde-ses-soutie_a_22032473/

     

    P. S. : ce billet n'a pas valeur de ralliement à Mélenchon, dont le programme (y compris pour les animaux, très insuffisant : cf. corrida par exemple) ne me convient aucunement. Fidèle à moi-même, je voterai blanc ainsi que je l'ai toujours fait depuis ma majorité. Mais cette révolte contre ce que j'appelle l'autovassalité des foules, ce défi lancé à l'individu, me plaisaient trop pour que je les passe ici sous silence.

  • Alice en enfer

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    "Tu as l'air un peu intimidée, permets-moi de te présenter à ce gigot de mouton, dit la Reine Rouge. Alice... Mouton ; Mouton... Alice."

     

    Lewis Carroll, De l'autre côté du miroir.

  • La solution à tous les maux du monde

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    En 2050, l'espèce humaine comptera 9,6 milliards d'individus, quand toutes les autres espèces sauvages frisent l'extinction. À chaque cause sa conséquence.

     

    Plus on est de cons, plus on crève et moins on rit.

     

    Le meilleur moyen de mettre un terme aux problèmes multiples et démesurés auxquels nous devons faire face est de mettre fin à l'espèce qui a généré ces problèmes : la nôtre.

     

    Rendez service aux animaux, à la terre et à l'humanité elle-même : ne faites pas d'enfants.

  • France Culture censure les végans

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    France Culture censure la parole végane.

    Drame en 3 actes.

     

    France Culture pratique la censure et méprise assez ses auditeurs végan.e.s pour ne pas leur donner d'explications quand ils lui en demandent.

     

    Voici la 3e fois que je poste (en vain) un commentaire ici : https://www.franceculture.fr/emissions/hashtag/comment-notre-consommation-de-viande-est-en-train-de-changer#xtor=EPR-2-[LaLettre03032017]

     

    J'ai été censurée chaque fois. Pourquoi ? Mystère.

     

    Le véganisme dérange-t-il à ce point ? Refuser de consommer les animaux nonhumains est-il révolutionnaire à ce point ?

     

    Il faut croire que oui, décidément. Même pour une radio soi-disant progressiste comme France Culture.

     

    Voici mon commentaire, objet de tant de... haine (trois "raffinages" n'ont pas suffi à le faire accepter) :

     

    1) "Je suis horrifiée par le bas niveau de certaines interventions - à commencer par celle de la dénommée "Carine", qui a le culot de revendiquer le fait de faire passer son estomac avant la vie des êtres conscients et sensibles dont elle mange la chair... Quel bel exemple d'éthique. Nous sommes décidément bel et bien toujours à l'âge de pierre.
    En outre - et je ne félicite pas les journalistes français dans leur ensemble car tous occultent cette réalité, par ignorance ou à dessein -, je rappelle que le végétaRisme contribue à l'exploitation animale. En effet, arrêter simplement de consommer de la viande ne change rien au sort des animaux, lesquels seront toujours exploités, torturés et tués dans les abattoirs pour les produits laitiers. Comme le dit le théoricien abolitionniste Gary L. Francione, "il y a autant de souffrance et de mort dans un verre de lait, un bout de fromage ou une glace que dans un steak." Industrie de la viande et industrie du lait sont inextricablement liées.
    Le véganisme (suppression de TOUS les produits d'origine animale : chair, lait, oeufs, cuir, laine, fourrure, soie, miel, etc.) est le SEUL mode de vie garantissant aux animaux nonhumains leurs droits fondamentaux : droit à la vie, à la liberté, à ne pas être exploité ni maltraité - tous droits qu'ils possèdent par nature en vertu de leur sentience, seul critère pertinent pour faire partie de la communauté morale."

     

    2) "Je suis horrifiée par le bas niveau de certaines interventions - à commencer par celle de la jeune étudiante qui a le culot de revendiquer le fait de faire passer son estomac avant la vie des êtres conscients et sensibles dont elle mange la chair... Quel bel exemple d'éthique. Nous sommes décidément bel et bien toujours à l'âge de pierre.
    En outre - et je ne félicite pas les médias français dans leur ensemble car tous occultent cette réalité, par ignorance ou à dessein -, je rappelle que le végétaRisme contribue à l'exploitation animale. En effet, arrêter simplement de consommer de la viande ne change rien au sort des animaux, lesquels seront toujours exploités, torturés et tués dans les abattoirs pour les produits laitiers. Comme le dit le théoricien abolitionniste Gary L. Francione, "il y a autant de souffrance et de mort dans un verre de lait, un bout de fromage ou une glace que dans un steak." Industrie de la viande et industrie du lait sont inextricablement liées.
    Le véganisme (suppression de TOUS les produits d'origine animale : chair, lait, oeufs, cuir, laine, fourrure, soie, miel, etc.) est le SEUL mode de vie garantissant aux animaux nonhumains leurs droits fondamentaux : droit à la vie, à la liberté, à ne pas être exploité ni maltraité - tous droits qu'ils possèdent par nature en vertu de leur sentience, seul critère pertinent pour faire partie de la communauté morale."

     

    3) "Le végétaRisme contribue à l'exploitation animale. En effet, arrêter simplement de consommer de la viande ne change rien au sort des animaux, lesquels seront toujours exploités, torturés et tués dans les abattoirs pour les produits laitiers. Comme le dit le théoricien abolitionniste Gary L. Francione, "il y a autant de souffrance et de mort dans un verre de lait, un bout de fromage ou une glace que dans un steak." Industrie de la viande et industrie du lait sont inextricablement liées.
    Le véganisme (suppression de TOUS les produits d'origine animale : chair, lait, oeufs, cuir, laine, fourrure, soie, miel, etc.) est le SEUL mode de vie garantissant aux animaux nonhumains leurs droits fondamentaux : droit à la vie, à la liberté, à ne pas être exploité ni maltraité - tous droits qu'ils possèdent par nature en vertu de leur sentience, seul critère pertinent pour faire partie de la communauté morale."