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L'écoterrorisme cessera quand la société respectera les animaux et la planète

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Une série d'incendies à la station de ski Vail au Colorado en 1998, allumés par des membres du groupe Front de libération de la Terre a suscité la création d'une demi-douzaine de groupes un peu partout dans le monde. Photo AP

La Presse

Boston

Depuis une dizaine d'années, l'écoterrorisme est devenu plus important que la violence de l'extrême droite aux États-Unis. « Et nous croyons qu'une deuxième vague se prépare, qui aura appris des succès et des échecs des premiers écoterroristes », s'est inquiété ce week-end le sociologue Kelly Damphousse, à l'occasion du congrès annuel de l'Association américaine pour l'avancement des sciences.

La montée des écoterroristes, qui utilisent la violence pour protéger la Terre et les animaux, complique le travail des policiers. « Ces activistes ont des méthodes beaucoup plus souples et décentralisées », souligne M. Damphousse, qui s'intéresse au terrorisme depuis 20 ans à l'Université de l'Oklahoma. « Les écoterroristes sont souvent des jeunes instruits », précise le professeur. « Ils donnent très peu d'indices avant de passer à l'action : 85% de la préparation a lieu six jours avant l'attentat. Très souvent, ils se rencontrent dans une fête la fin de semaine, et se rendent compte qu'ils partagent le même sentiment de révolte. La presque totalité des attentats ont lieu entre minuit et 4h du matin. C'est unique dans les annales du terrorisme. »

Autre détail, l'écoterrorisme est presque entièrement l'oeuvre d'hommes. Dans les autres types de terrorisme, même dans le cas des islamistes, la proportion de femmes diminue rarement en bas de 15%. On peut donc penser que l'écoterrorisme est une manière de canaliser la violence des jeunes hommes, avance M. Damphousse.

Les balbutiements de l'écoterrorisme ont eu lieu dans les années 80, quand un groupe européen appelé « Conquérants de la paix » a fait sauter des bombes dans des compagnies pharmaceutiques en Belgique et à l'aéroport de Francfort, pour s'opposer à son agrandissement. L'attentat de Francfort avait fait trois morts, et le groupe a disparu dans la nature sans que personne ne soit arrêté. Quelques années plus tard, un groupe américain a commis plusieurs attentats contre des stations de ski, des projets d'irrigation et des centrales nucléaires; ses quatre dirigeants ont été arrêtés en 1989.

L'écoterrorisme est devenu plus menaçant une décennie plus tard. L'acte le plus spectaculaire, une série d'incendies à la station de ski Vail au Colorado en 1998, qui ont fait 12 millions US de dommages, a suscité la création d'une demi-douzaine de groupes un peu partout dans le monde. Les auteurs de l'attentat de Vail appartenaient au Front de libération de la Terre, fondé au Royaume-Uni en 1992. Le Front de libération des animaux est l'autre groupe important aux États-Unis. Ensemble, ils ont commis une centaine d'attentats, selon la base de données Terrorism Knowledge Base de l'institut Rand.

Au Canada, une secte de l'Alberta a été responsable des seuls actes d'écoterrorisme, en 1999. Quelques puits de gaz naturel avaient été sabotés.

Fin des tests sur des animaux

Malgré son regain annoncé, l'écoterrorisme perdra bientôt une branche importante. La protection des animaux de laboratoire est à la source de près de la moitié des actes d'écoterrorisme internationaux, et du tiers aux États-Unis. Or, la semaine dernière, les autorités médicales et environnementales américaines ont dévoilé un plan qui permettra de remplacer toute l'expérimentation animale par des tests sur des bouillons de culture de cellules humaines.

Selon Alan Goldberg, toxicologue de l'Université Johns Hopkins à Baltimore, le changement devrait être fait d'ici 2020. « Les principales organisations de protection des animaux ont accueilli très positivement ce plan, expliquait M. Goldberg, rencontré au congrès de Boston. Je pense que le nombre d'attentats ne peut que diminuer. » Sans cautionner la violence, le toxicologue américain estime que les militants environnementalistes ont fait avancer les choses. « La notion que la science est meilleure quand on ne fait pas souffrir les animaux remonte aux années 50, dit M. Goldberg. Mais il a fallu attendre le mouvement environnemental pour que cette idée mène aux tests sur les cultures de cellules humaines. Maintenant, tout le monde admet que les animaux de laboratoire sont trop stressés pour être de bons modèles pour l'humain. »

Mathieu Perreault

http://www.cyberpresse.ca/article/20080220/CPENVIRONNEMENT/802200841/6108/CPENVIRONNEMENT

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