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  • La citation du jour : George Bernard Shaw

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    « Lorsque Dieu a créé l'homme et la femme, il a bêtement oublié d'en déposer le brevet, si bien que maintenant le premier imbécile venu peut en faire autant. »

    George Bernard Shaw

  • Mille et une astuces pour remplacer les oeufs dans les recettes

    Pour ne plus collaborer à ça :

    http://arda-saintes.blogspot.fr/2012/01/le-probleme-des-oeufs.html,

    devenez végans.

    ***

    Remplacer les œufs dans les recettes est de loin la plus grande difficulté lorsque l’on passe au vert. Et c’est là sans doute l’une des principales raisons qui rebutent certaines personnes à franchir le pas.

    Alors si comme eux vous ne savez pas comment faire. Si vos desserts ne ressemblent à rien, que vos cakes s’effondrent tel un château de cartes ; que vous salivez devant un tiramisu ou bien encore devant un éclair. Sachez qu’il existe plusieurs astuces pour que vos tartes, tourtes, petits gâteaux et autres desserts ressemblent à s’en méprendre à ceux que vous aviez l’habitude d’admirer et de déguster dans un salon de thé… Si ce n’est meilleur !

    Il existe différentes alternatives aux œufs. Car même s’ils ont différentes fonctions à eux seuls, les alternatives elles, ne peuvent pas se combiner en une seule et même méthode.

    Voici donc les différentes manières pour remplacer le jaune, le blanc ou l’œuf tout entier.

    Remplacement pour un œuf :

    Combinaison vinaigre de cidre et lait végétal

    L’ajout du vinaigre de cidre dans du lait végétal permet au lait de cailler et de s’épaissir tout comme un œuf l’aurait fait.

    Les mesures diffèrent en fonction de la recette que vous voulez réaliser. Que cela soit des simples muffins et cupcakes ou un gâteau, vous n’aurez pas besoin des mêmes quantités. Mais pour avoir un petit aperçu, sachez qu’il faut une cuillère à café de vinaigre de cidre pour 85 ml de lait végétal ou une cuillère à soupe de vinaigre de cidre pour 180 ml de lait végétal. Cette technique permet au gâteau de gonfler et de rendre son intérieur moelleux.

    Combinaison vinaigre de cidre et poudre à lever

    La combinaison entre ces deux ingrédients apporte de la légèreté à vos préparations.

    Mélangez une cuillère à soupe de vinaigre et une cuillère à café de poudre à lever avant de l’incorporer dans votre recette.

    Combinaison poudre à lever, huile et eau

    Une autre alternative aux œufs est possible. Il faut pour cela mélanger deux cuillères à soupe d’eau et une cuillère à soupe d’huile, puis ajouter une cuillère à café de poudre à lever et mélanger le tout avant de l’ajouter à votre préparation.

    Combinaison graines de lin et eau

    Les graines de lin mélangées à de l’eau donne un aspect gélatineux, très ressemblant à celui d’un blanc d’œuf. Il suffit pour cela de mixer 5 g de graines de lin, puis de le mélanger à 15 ml d’eau.

    Ce remplacement marche très bien dans les pancakes, les muffins et les cookies.

    Rappelons également que les graines de lin sont très riches en oméga 3, ce qui est un avantage en plus dans un régime végétarien.

    Combinaison purée de fruits et poudre à lever

    Les fruits sont une excellente alternative aux œufs : banane, purée de pommes ou tout autre fruit contenant de la pectine.

    Une demi banane mixée ou 60 ml de purée de pommes remplacera l’équivalent d’un œuf. La purée de pommes se trouve être la meilleure alternative pour réaliser une délicieuse mousse au chocolat !

    Attention cependant, car chaque fruit apportera sa propre saveur à la préparation. Prenez donc cela en compte lorsque vous décidez de réaliser un dessert. Sachez également qu’il faut rajouter une cuillère à café de poudre à lever si vous ne voulez pas que votre dessert soit trop lourd.

    L’alternative des fruits est une très bonne alternative pour apporter différentes saveurs à des muffins ou gâteaux. N’hésitez pas à combiner différents fruits entre eux !

    Combinaison agar-agar et eau

    L’agar-agar est un excellent substitut pour gélifier un flan sucré ou salé. Pour cela, il vous suffit de délayer 2g d’agar-agar avec un peu de lait végétal, y ajouter 600 à 800 ml de lait végétal ainsi que les autres ingrédients salés ou sucrés, porter à ébullition et laisser bouillir quatre à six minutes tout en mélangeant continuellement. Verser le tout dans un moule à tarte et laisser prendre la préparation quatre heures au réfrigérateur.

    http://www.plaisirvegetal.fr/wp-content/uploads/2010/09/f%C3%A9cules.jpg

    Combinaison fécule de pommes de terre, fécule de maïs, fécule de tapioca, arrow-root et lait végétal

    La purée de pommes de terre ou de potimarron, le concentré de tomates ou encore les flocons d’avoine sont souvent utilisés comme substitut aux œufs. Tout comme les fécules de pommes de terre, de maïs et de tapioca, ils apportent de la tenue à vos préparations.

    La fécule de pommes de terre, de maïs et de tapioca sont très souvent utilisées pour les recettes salées pour réaliser des quiches ou des tourtes. Elles permettent à la préparation de tenir.

    L’arrow-root est beaucoup plus utilisé pour les versions sucrées où tout comme la fécule de pommes de terre et de maïs, elle épaissit la préparation.

    Comptez 10 g de fécule pour 150 à 250 ml de lait végétal. Chaque recette étant différente, je ne vous donne ici qu’une approximation.

    Combinaison farine de soja ou farine de tapioca ou crème de riz et eau

    Ces farines peuvent tout à fait remplacer les fécules dans les mêmes proportions. Un oeuf équivaut à une cuillère à café de farine mélangée à trois cuillères à café d’eau.

    Utilisation du tofu ferme

    Le tofu ferme est un ingrédient fabuleux. Car tout comme le tofu soyeux, il prendra la saveur des ingrédients dans lequel vous le rajouterez. Vous pouvez grâce à lui réaliser de délicieuses quiches tout comme la Quiche « Mon amour »

    http://www.plaisirvegetal.fr/wp-content/uploads/2010/09/tofu-soyeux-original.jpg

    Utilisation du tofu soyeux

    Tout comme le tofu ferme, le tofu soyeux prendra la saveur des ingrédients dans lequel vous le rajouterez. Cependant, il est beaucoup plus utilisé dans les desserts comme dans les cakes, les cookies ou encore les muffins, où il apporte du moelleux aux préparations. Contrairement au tofu ferme, le tofu soyeux est d’une consistance moelleuse et crémeuse. Vous pourrez en trouver dans tous les magasins bios sous la marque Taifun ou bien dans les épiceries asiatiques sous le nom anglophone de « Silken Tofu ». Vous pouvez le garder facilement un mois dans votre réfrigérateur.

    Pour remplacer un œuf dans une préparation, il vous faudra 60 g de tofu soyeux que vous mixerez dans un blender ou un mixeur avant de le rajouter à tout autre ingrédient. La plupart du temps, il est ajouté en tout dernier dans les préparations. Si par exemple, il vous faut remplacer trois œufs, sachez que la plupart du temps, il n’est nécessaire que d’en utiliser que deux. De même que cinq œufs peuvent très bien être remplacés par trois.

    Utilisation du yaourt au soja

    Pour le yaourt au soja, il est préférable d’utiliser un pot dont la consistance sera bien ferme et dense. Pour cela, deux marques méritent d’être mentionnées. Il s’agit de la marque Provamel – qui est pour moi sans doute l’une des meilleures marques actuellement sur le marché – et la marque Sojasun. Vous trouverez la première en magasin bio et la deuxième dans toutes grandes surfaces.

    Son utilisation permet d’ajouter du moelleux et de la consistance à vos préparations. Un œuf équivaut à 60 ml de yaourt au soja.

    Utilisation de la purée de potimarron, de pommes de terre ou de concentré de tomates

    La purée de potimarron et de pommes de terre sont idéales pour réaliser des pains et gâteaux moelleux et épais. Rappelons que le potimarron peut tout aussi bien se consommer en version sucrée.

    Utilisation de l’Ener-G Egg Replacer

    La dernière alternative est sans nul doute le très célèbre Ener-G que l’on peut commander sur Internet. Bien qu’il soit une très bonne alternative au remplacement des œufs, il n’en reste pas moins que les autres alternatives marcheront tout aussi bien sans devoir utiliser un produit en poudre tout préparé. Une cuillère à café et demie mélangée à une cuillère à soupe d’eau équivaut à un œuf. Je l’ai notamment utilisé pour les beignets de Carnaval.

    Une boîte permet de remplacer une centaine d’oeufs et peut se conserver deux ans.

    Sans aucune alternative

    Il est également possible de réaliser des desserts sans alternative aux œufs. Tous les desserts ne requérant que l’utilisation d’un œuf ou deux tiennent tout à fait bien sans aucune alternative. Il faut simplement rajouter un peu de liquide à la préparation (une à deux cuillères à café de lait végétal ou d’eau) pour faire oublier l’absence d’œufs.

    Pour les gâteaux vegan sans gluten :

    Les gâteaux sans gluten utilisant des farines beaucoup plus difficiles à lever, il faut y ajouter une grosse pincée de bicarbonate de soude, une cuillère à café de poudre à lever et une cuillère à café de vinaigre de cidre ou de jus de citron. Les gâteaux sans gluten se révèlent être beaucoup plus digestes que ceux avec de la farine de blé, ne pas oublier de couper votre farine sans gluten avec de la farine de riz pour qu’elle puisse tenir.

    Après avoir fait le tour des substitutions aux oeufs, voici les alternatives pour les recettes à base d’oeufs. En d’autres termes, celles qui semblent irréalisables en cuisine telles que les omelettes, les oeufs brouillés, les oeufs en neige ou encore les îles flottantes ! Toutes les recettes qu’en près de deux ans, j’ai réalisé afin de vous démontrer qu’il était possible de contourner le jaune et le blanc.

    Alternatives pour les recettes à base d’œufs :

    Pour faire dorer les pâtisseries, galettes et tourtes :

    Il suffit pour cela de badigeonner de lait végétal votre gâteau avant cuisson, puis de le recouvrir de papier sulfurisé. Lorsque le gâteau est cuit, badigeonner de purée de fruits pour apporter au gâteau du brillant comme en boulangerie. Le meilleur exemple étant la galette des rois et la couronne briochée.

    Omelette

    « On ne fait pas une omelette sans casser des oeufs ! » Eh ! Bien ! Si ! Et en plus, pas besoin de casser quoique ce soit. Les omelettes sans oeufs sont possibles. Pour cela, la farine de pois chiches est l’idéal. Vous pouvez bien évidemment y rajouter tous les ingrédients qui vous tombent sous la main : légumes, tofu, légumes secs, épices… L’imagination ne manque pas ! Je vous rappelle que je vous en avais déjà présenté une avec la piperade basque.

    Œufs brouillés

    Les oeufs brouillés sont une spécialité britannique. Le petit déjeuner anglo-saxon ne pourrait se passer de ce privilège. Et si tout comme moi, vous appréciez son goût, le tofu ferme émietté mélangé à des épices vous apportera tout autant la même satisfaction que si vous dégustiez de réels oeufs brouillés. Vous pouvez vous inspirer de la recette que j’avais faite avec du tofu brouillé aux herbes.

    Œufs en neige

    Aaaahh! Les fameux blancs en neige ! Une autre technique que l’on pense insurmontable sans la présence des oeufs. Et pourtant, les chefs vegan Outre-Atlantique avaient d’ores-et-déjà trouvé une solution imparable : les noix de cajou mixées avec du lait de coco ou du lait d’amande. Une technique dont je ne pourrais jamais me lasser quant il s’agit de réaliser un tiramisu végétal ! Une technique plus qu’approuvée, qui ravit à chaque fois mes invités !

    L’autre technique consiste à utiliser de l’agar-agar. Une cuillère à soupe diluée avec une cuillère à soupe d’eau équivalent à un blanc. Mélanger énergiquement laisser poser, puis mélanger de nouveau avant de l’incorporer dans votre préparation. Cependant, cette technique ne marchera pas avec un tiramisu.

    Iles flottantes

    Les îles flottantes sont sans doute la plus grande difficulté pour remplacer les oeufs. Mais avec un peu de persévérance, il est possible de parvenir à un résultat assez satisfaisant avec du tofu ferme émietté et de l’agar-agar. Pour la recette, je vous invite à lire ma recette sur les icebergs flottants en disparition.

    Crème anglaise

    Une crème anglaise semble irréalisable sans oeufs. Pourtant, un anglais du nom de Alfred Bird l’a réalisée en 1837 alors que sa femme était allergique. Ainsi est née la très célèbre Bird’s Custard Powder que  l’on peut trouver dans les épiceries britanniques ou indiennes en capitale. Pour l’utiliser, rien de plus facile ! Il suffit de mélanger deux cuillères à soupe de custard powder et une à deux cuillères à soupe de sirop d’agave jusqu’à obtention d’une pâte bien onctueuse. Porter à ébullition 500 ml de lait végétal, ajouter la pâte de Custard Powder, puis mélanger continuellement jusqu’à ce que la crème s’épaississe. Vous pouvez ainsi voir le résultat avec les icebergs flottants en disparition. Si vous ne pouvez pas vous procurer de Bird’s Custard Powder, la poudre impériale est également une bonne alternative.

    Voici donc la plupart des alternatives aux oeufs. Vous n’avez donc plus aucune excuse de ne pouvoir réaliser des pâtisseries, tourtes ou quiches sans eux !

    Sandrine du blog Végébon vient également de publier un article sur les raisons de consommer des oeufs. N’hésitez pas à aller le consulter !

    http://www.plaisirvegetal.fr/2010/09/13/mille-et-une-astuces-pour-remplacer-les-oeufs-dans-les-recettes/

  • "Renoncer à sa religion au nom de l’égalité" (Jimmy Carter)

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    Jimmy Carter a été président des États-Unis de 1977 à 1981

    par Jimmy Carter, membre du groupe The Elders

    Les femmes et les filles sont victimes de discrimination depuis trop longtemps à cause d’une interprétation faussée de la parole de Dieu.

    Toute ma vie, j’ai été un chrétien pratiquant et j’ai été diacre pendant de nombreuses années.

    J’ai aussi enseigné les textes bibliques pendant longtemps.

    Tout comme des millions d’autres personnes dans le monde entier, je trouve dans ma foi une source de force et de réconfort.

    Ma décision de quitter la Convention baptiste du Sud (1), dont je faisais partie depuis une soixantaine d’années, a donc été douloureuse et difficile.

    Elle est cependant devenue inévitable pour moi lorsque les dirigeants de la Convention, citant quelques versets de la Bible soigneusement choisis et affirmant qu’Ève a été créée après Adam et qu’elle était responsable du péché originel, ont édicté que les femmes devaient être « soumises » à leur mari et qu’elles ne pouvaient pas être diacres, pasteures ni aumônières des forces militaires.

    L’idée selon laquelle les femmes seraient en quelque sorte inférieures aux hommes n’est pas le propre d’une seule religion ou croyance.

    Beaucoup de confessions interdisent aux femmes de jouer un rôle égal à celui des hommes.

    Fort malheureusement, cette opinion a également cours à l’extérieur des murs des églises, mosquées, synagogues ou temples.

    Depuis des siècles, cette discrimination qu’on attribue de façon injustifiable à une Puissance supérieure sert de prétexte pour priver les femmes de droits égaux à ceux des hommes partout dans le monde.

    Sous sa forme la plus répugnante, la croyance que les femmes doivent être soumises aux désirs des hommes sert à justifier l’esclavage, la violence, la prostitution forcée, la mutilation génitale et l’adoption de lois nationales qui ne classent pas le viol parmi les crimes.

    Mais elle prive aussi des millions de filles et de femmes de tout contrôle sur leur propre corps et sur leur vie, en leur interdisant un accès équitable à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à toute influence dans leur collectivité.

    Ces croyances religieuses se répercutent sur tous les aspects de notre vie.

    Elles expliquent pourquoi dans beaucoup de pays on scolarise les garçons avant les filles, pourquoi on dicte aux filles qui elles épouseront, et à quel moment et pourquoi la grossesse et l’accouchement comportent des risques énormes et inacceptables pour beaucoup de femmes privées des soins de santé les plus élémentaires.

    Dans certaines nations islamiques, on restreint la liberté de mouvement des femmes et on les punit pour un bras ou une cheville exposée.

    On les prive d’éducation et on leur interdit de conduire une voiture ou de postuler un emploi au même titre que les hommes.

    Si une femme est violée, elle est souvent considérée comme la coupable et sévèrement châtiée.

    Le même raisonnement discriminatoire explique l’écart salarial persistant entre les hommes et les femmes et la faible présence féminine parmi les élu-es dans les pays occidentaux.

    Si les racines de ce préjugé plongent au plus profond de notre histoire, ses effets se font néanmoins sentir tous les jours.

    Du reste, les filles et les femmes ne sont pas les seules à en pâtir : ce préjugé nous cause du tort à tous.

    Il n’est plus à démontrer que l’argent investi pour améliorer le sort des femmes et des filles rapporte beaucoup à la société.

    Une femme instruite a des enfants en meilleure santé.

    Elle est plus susceptible de veiller à ce qu’ils aillent à l’école.

    Elle gagne un meilleur salaire et l’utilise pour subvenir aux besoins de sa famille.

    En un mot, toute société qui exerce une discrimination à l’endroit de la moitié de sa population se nuit à elle-même.

    Nous devons contester ces attitudes et pratiques intéressées et dépassées, comme cela se fait actuellement en Iran, où les femmes sont à l’avant-garde du combat pour la démocratie et la liberté.

    Je sais cependant pourquoi beaucoup de chefs politiques hésitent à s’aventurer sur ce terrain miné.

    La religion et les traditions sont des sujets sensibles, voire explosifs, qu’il est risqué de remettre en question.

    Mais les autres "Elders" (Anciens) (2) et moi-même, qui sommes issus de nombreuses confessions religieuses et de différents milieux, n’avons plus à nous soucier de remporter des élections ou d’éviter les controverses, et nous sommes profondément déterminés à combattre l’injustice partout où elle se trouve.

    "The Elders" (3) forment un groupe indépendant d’éminents leaders mondiaux rassemblés par Nelson Mandela, ancien président de l’Afrique du Sud.

    Ils mettent à profit leur influence et leur expérience pour promouvoir la paix, s’attaquer aux principales causes de la souffrance humaine et défendre les intérêts communs de l’humanité.

    Nous avons décidé d’attirer l’attention tout particulièrement sur la responsabilité qui incombe aux chefs religieux et ancestraux pour ce qui est de garantir l’égalité et le respect des droits humains.

    Nous avons récemment rendu publique la déclaration suivante :

    « Il est inacceptable d’invoquer la religion ou les traditions pour justifier la discrimination contre les femmes et les filles, comme si cette discrimination était édictée par une Puissance supérieure. »

    Nous exhortons tous les leaders à contester et à modifier les enseignements et les pratiques néfastes, même profondément enracinés, qui justifient la discrimination contre les femmes.

    Nous demandons, en particulier, que les chefs de toutes les religions aient le courage de reconnaître et de souligner les messages positifs de la dignité et de l’égalité que toutes les grandes religions du monde partagent.

    Les versets des Saintes Écritures soigneusement choisis pour justifier la supériorité des hommes sont davantage tributaires de leur époque et de leur lieu d’origine que de vérités intemporelles.

    On pourrait tout aussi bien trouver dans la Bible des passages pour justifier l’esclavage et la soumission face aux tyrans.

    Je connais aussi, dans ces mêmes Écritures, des passages qui décrivent avec vénération des femmes dotées de qualités de chef exceptionnelles.

    Au début de l’ère chrétienne, les femmes étaient diacres, prêtresses, évêques, apôtres, professeures et prophètes.

    Ce n’est qu’au IVe siècle que les chefs chrétiens dominants, tous des hommes, ont déformé et faussé le sens des Saintes Écritures afin de perpétuer leurs positions privilégiées dans la hiérarchie religieuse.

    Le fait est que les chefs religieux masculins avaient - et ont encore - le choix d’interpréter les enseignements divins de manière soit à exalter les femmes, soit à les asservir.

    Or, pour des fins purement égoïstes, l’immense majorité d’entre eux ont choisi la deuxième option.

    C’est dans la persistance de ce choix que réside le fondement ou la justification d’une bonne part des persécutions et des mauvais traitements infligés aux femmes partout dans le monde.

    Cela va manifestement à l’encontre non seulement de la Déclaration universelle des droits de l’homme mais aussi des enseignements de Jésus-Christ, de Moïse et des prophètes, de Mahomet et des fondateurs d’autres grandes religions, lesquelles prescrivent toutes le traitement convenable et équitable de tous les enfants de Dieu.

    Il est grand temps que nous ayons le courage de remettre ces idées en question.

    Notes

    1. La Convention baptiste du Sud est une église chrétienne des États-Unis. Avec 16 millions de membres (2012), c’est la plus grande église baptiste au monde, et la première congrégation protestante des États-Unis.(Source : Wikipedia)

    2. The Elders dans le texte original. "Anciens, Aînés ou Sages".

    3. NdT : Nom officiel du groupe Global Elders, appelé aussi The Elders. Il s’agit d’une organisation non gouvernementale fondée par Nelson Mandela en 2007. Elle regroupe des personnalités publiques reconnues comme des Hommes d’État, des activistes politiques pour la paix et des avocats des droits de l’homme.

    - Version originale : Losing my religion for equality, The Age National Times, 15 juillet 2009. Aussi dans Women’s Press.

    - Traduction pour Sisyphe : Marie Savoie.

    * La photo de l’auteur dans cette page provient du site [Wikipédia].

    Copyright © 2013 Fairfax Media

    - Lire aussi : La religion et les femmes, par Nicholas D. Kristof

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 mai 2013

    http://sisyphe.org/spip.php?article4425

  • Qui torture un animal nonhumain torture un animal humain

    Devant le siège du magazine allemand "Spiegel".

    LE MONDE | 13.05.2013

    Par Frédéric Lemaître

    Les laboratoires pharmaceutiques occidentaux ont, pendant des années, testé des médicaments sur des habitants de la République démocratique allemande qui, le plus souvent, n'étaient pas au courant de ces pratiques.

    Selon l'hebdomadaire Der Spiegel du 13 mai, plus de 50 000 personnes auraient servi de cobayes.

    En 2010, la télévision publique MDR avait évoqué le chiffre de 2 000 personnes.

    Certaines d'entre elles sont mortes en raison de leur traitement.

    L'hebdomadaire a eu accès à des archives de médecins, mais aussi à celles du ministère de la santé et de l'agence du médicament de la RDA.

    Il fait état de plus de 600 tests effectués en collaboration avec plus de cinquante hôpitaux à travers tout le pays, dont l'hôpital universitaire de La Charité à Berlin-Est.

    Pour les laboratoires, ces essais offraient l'avantage de pouvoir être réalisés beaucoup plus discrètement à l'Est qu'à l'Ouest.

    Pour l'Allemagne de l'Est, l'argent reçu (jusqu'à 800 000 marks ouest-allemands, soit 400 000 euros par test) permettait souvent d'acheter de nouveaux matériels.

    Le système se serait même institutionnalisé à partir de 1983, avec la création d'un Bureau de conseil pour le médicament à Berlin-Est, qui pouvait recevoir jusqu'à 40 représentants de firmes pharmaceutiques occidentales par semaine.

    Selon le Spiegel, les laboratoires Bayer, Schering, Hoechst, Boehringer, Pfizer et Sandoz se sont livrés à ces pratiques dans tous les domaines : chimiothérapie, antidépresseurs, médicaments pour le coeur.

    Plusieurs décès ont été constatés, notamment lors d'essais concernant le Trental, un produit destiné à améliorer la circulation sanguine développé par Hoechst (fusionné depuis avec Sanofi) ou encore lors d'essais du Spirapril, un médicament contre la tension de Sandoz (racheté depuis par le suisse Novartis).

    La plupart du temps, les patients n'étaient informés ni des risques encourus ni des effets secondaires des médicaments absorbés.

    Des comptes rendus de réunions impliquant le groupe Hoechst indiquent explicitement qu'il n'était pas nécessaire d'associer les patients.

    D'ailleurs, parfois, ceux-ci en auraient été bien incapables, comme ces trente bébés prématurés qui, quelques jours après leur naissance, ont reçu de l'érythropoïétine (EPO) testée par le laboratoire Boehringer (racheté par Roche) ou ces alcooliques en pleine crise de delirium tremens à qui a été administré du Nimodipine de Bayer, qui améliore la circulation sanguine cérébrale.

    Aujourd'hui, les laboratoires concernés affirment que les tests ont été effectués en respectant les normes en vigueur, mais que les multiples restructurations dans les entreprises concernées rendent les recherches difficiles.

    De même, l'hôpital de la Charité détruit ses archives au bout de trente ans.

    La pharmacie est loin d'être le seul secteur concerné par ces pratiques peu recommandables.

    En 2012, le géant du meuble Ikea a reconnu avoir eu recours au travail forcé de prisonniers politiques de l'Allemagne de l'Est.

    Ceux-ci avaient raconté avoir subi des mauvais traitements lorsqu'ils ne remplissaient pas les objectifs fixés par l'administration carcérale.

    On évalue à plusieurs milliers le nombre d'entreprises occidentales ayant ainsi recouru à la main-d'oeuvre forcée des pays d'Europe de l'Est.

    http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2013/05/13/l-allemagne-de-l-est-a-fourni-des-cobayes-aux-laboratoires-de-l-ouest_3176085_3214.html#liste_reactions

  • Cessons de nommer "islamophobie" et "blasphème" toute critique de l’islam

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    Le temps est venu de tirer un trait sur le terme « islamophobie », fréquemment employé pour signifier un préjugé contre les musulmans.

    Malheureusement, ce terme s’emploie aussi pour discréditer les critiques de l’islam, lesquels jouent pourtant un rôle nécessaire dans le débat sur les rapports entre l’Occident et la communauté musulmane mondiale.

    La question est importante étant donné que plusieurs pays – le Danemark, la Grande- Bretagne et les Pays-Bas – se voient actuellement contraints à réexaminer leur politiques d’immigration et de culture à la lumière de conflits orageux entre les immigrants musulmans et la population native.

    Ces tensions ont récemment capté l’attention du public à la suite d’une séries de manifestations violentes, dans une vingtaine de pays, contre le film controversé Innocence of Muslims(L’innocence des musulmans).

    Selon plusieurs spécialistes, journalistes et militant-es, les réactions européennes et nord-américaines témoignent d’un préjugé inconvenant que certains ont baptisé « islamophobie ».

    Mais à notre avis, l’utilisation de ce terme, et de ses variantes « islamophobe » et « islamophobique », est non seulement déplacée, particulièrement dans le cas des dissidents néerlandais Geert Wilders et Ayaan Hirsi Ali, mais inappropriée et mérite d’être répudiée.

    Il faut bien sûr reconnaître qu’il existe un certain degré d’hostilité à l’égard des musulmans dans les pays de l’Occident.

    Cette hostilité était bien en évidence lors de la guerre des Balkans dans les années 1990 : l’Occident s’inquiétait bien peu du massacre de nombreux musulmans qui résultait des conflits armés entre les factions ethnoreligieuses qui se disputaient le territoire de Bosnie-Herzégovine.

    L’intervention tardive de l’Occident, en 1995, pour protéger des civils musulmans contre l’agression des croates catholiques et des serbes orthodoxes n’a pas réussi à impressionner favorablement les musulmans du monde.

    Les abus atroces subis par des prisonniers irakiens au centre de détention Abu Ghraib pendant la Seconde Guerre du Golfe, largement condamnés comme des actes de torture, constituent un autre exemple de l’hostilité antimusulmane.

    Mais accuser toute critique d’islam d’être motivée par une haine profonde, basée sur la peur irrationnelle, constitue une erreur sérieuse, qui se manifeste justement par l’usage excessivement fréquent du terme « islamophobie ».

    Au fait, dans ce débat, le seul sentiment que l’on pourrait légitimement qualifier de phobique serait le mépris inconditionnel manifesté par bon nombre de musulman-es envers toute personne qui exprimerait une opinion incompatible avec leur religion.

    Mais nous avons peu d’espoir qu’une formule comme « infidélophobie » puisse devenir d’usage courant dans un proche avenir.

    La construction stratégique du mot « islamophobie », dont la racine est « islam » et non « musulman », a un objectif qui dépasse de loin la lexicologie.

    Ce terme a été conçu d’abord et avant tout afin d’assimiler la croyance religieuse - un choix de comportement -, au concept de race -, une catégorie involontaire.

    Ainsi, la simple et nécessaire critique d’une religion est transformée en un prétendu racisme, provoquant ainsi la réprobation de tous ceux et toutes celles qui s’opposent aux préjugés raciaux mais tombent dans le piège de confondre ces deux phénomènes pourtant complètement distincts.

    Bien entendu, préjuger que l’ensemble des citoyen-nes musulman-es sont suspect-es et indignes de confiance serait comparable à une forme de racisme.

    Toutefois, l’étude et la réfutation de l’islam ainsi que de sa prétendue autorité morale et métaphysique est un projet légitime et nécessaire, entièrement compatible avec une société pluraliste qui valorise la liberté de religion.

    En effet, la liberté de croyance, pour être réelle et universelle, doit forcément comprendre la liberté de critiquer les croyances et les croyant-es, un concept qui semble être étranger à l’idéologie socio-politique de l’islam.

    Au delà de son hostilité pour le libre examen intellectuel, la tolérance aveugle des attitudes anti-Occident qui se manifestent dans l’islam intégriste a des conséquences directes pour la santé et la sécurité de l’Occident.

    Par exemple, les meurtres, les attaques physiques et l’intimidation, dont les hommes gais d’Amsterdam ont été les cibles, perpétrées par des musulmans enragés devant l’homosexualité, le fatwa contre Salman Rushdie pour avoir écrit Les versets sataniques, l’affaire des caricatures danoises, ainsi que les récentes attaques contre les ambassades américaines en Libye et en Égypte sont tous des exemples de violence liée à ces attitudes.

    Nous pouvons être certain-es que si nous nous abstenons d’engager le débat sur les dogmes de l’islam par souci de rectitude politique, il faudra nous attendre à de nombreuses confrontations physiques du même genre à l’avenir.

    Et puisque le terme « islamophobie » traduit la désapprobation d’un tel engagement, il est clair qu’il faut bannir ce terme de notre vocabulaire.

    Au même titre que l’islamophobie, l’utilisation sans ironie du terme « blasphème » et sa promotion comme concept légitime par les apologistes de l’islam constituent une menace certaine pour toute société ouverte et laïque.

    La libre expression est une condition préalable absolument essentielle aux débats qui portent sur les valeurs et la morale.

    Cette liberté d’expression est incompatible avec toute croyance considérée comme sacrée et indiscutable, car on doit permettre même la contestation la plus profane.

    Plus important encore, l’influence sournoise des termes comme blasphème et islamophobie est avilissante et pour les musulman-es et pour les non-musulman-es, et ce, pour deux raisons.

    Premièrement, elle est de connivence avec la volonté de l’islam d’infantiliser ses adhérent-es, leur faisant croire que toute pensée critique en matière de foi serait immorale.

    Deuxièmement, elle se base sur la présomption que les musulman-es, en particulier ceux et celles vivant en Occident, n’auraient pas la maturité intellectuelle suffisante pour voir confronter la critique de leurs croyances, et que la culture de leur communauté se résumerait à des textes et pratiques archaïques.

    C’est la pire des injustices, l’abandon lâche et vil de tout scrupule. Pour corriger cette situation, il faut abandonner cette expression insensée « islamophobie ».

    ***

    À propos des auteurs

    . Jackson Doughart étudie à l’Université Queen’s. Il est conseiller de l’Alliance laïque canadienne et signataire du Manifeste athée de Libres penseurs athées.

    . Faisal Saeed al-Mutar est étudiant à Baghdad, Irak et écrit sur les sujets de religion et de laïcité.

    - Cette traduction du texte original publiée le 26 septembre 2012 dans The National Post a d’abord été publiée sur le site Libres penseurs athées.

    Les auteurs ont autorisé la reproduction de leur article sur Sisyphe.

    http://sisyphe.org/spip.php?article4418

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 mai 2013

  • "Refuser d'être un homme : Pour en finir avec la virilité", par John Stoltenberg (éd. Syllepses)

    par M éditeur

    Communiqué

    John Stoltenberg, Refuser d’être un homme. Pour en finir avec la virilité. Avant-propos de Christine Delphy, Mickaël Merlet, Yeun L-Y, Martin Dufresne, Patric Jean

    • Un manifeste contre l’identité sexuelle masculine dominante.


    • Un livre insurrection qui traduit les idées féministes en une vision du monde et une identité morale que les hommes peuvent revendiquer et incarner sans fausse honte.

    L’identité masculine en tant que rapport social doit être transformée : tel est le postulat de ce livre.

    L’identité sexuelle masculine, la pornographie, la suprématie masculine et le militantisme proféministe, autant de questions qu’aborde cet ouvrage devenu un classique.

    Au-delà des « stéréotypes », il montre l’investissement actif dans le pouvoir sur l’autre instillé dans le rapport aux femmes et aux hommes, dans la sexualité et le contrôle social de la procréation et, en fin de compte, dans l’identité sexuelle masculine elle-même.

    Ce livre interpelle tous les hommes qui s’interrogent sur les rapports de genre dominants dans la société.

    Il ouvre l’espoir d’un changement basé sur le consentement, la réciprocité et le respect dans les relations entre les hommes et les femmes.

    Les hommes ont le choix, nous dit John Stoltenberg, ils peuvent refuser l’identité masculine dominante.

    Au moment où se multiplient les tentatives de restauration de la masculinité (ébranlée par le mouvement des femmes), sous le prétexte de rétablir les droits soi-disant bafoués des hommes, John Stoltenberg témoigne de la construction sociale de la virilité dans ses différentes conséquences : viol, homophobie, chosification sexuelle, pornographie, violence conjugale, militarisme et contrôle masculin de la procréation des femmes.

    Ses coups de sonde trouvent dans le quotidien des hommes – homosexuels comme hétérosexuels – des résistances et des accointances avec le projet radical d’une véritable égalité sexuelle, en validant une identité morale intime, qui place la justice au-dessus du plaisir encore éprouvé à « être un homme ».

    Cet essai traduit les idées féministes dans une vision du monde que les hommes peuvent revendiquer et incarner sans fausse honte.

    Sommaire
    Avant-propos de Christine Delphy, Mickaël Merlet, Yeun L-Y et Martin Dufresne

    Partie 1 : Éthique de l’identité sexuelle masculine
    L’éthique du violeur
    Comment le sexe vient aux hommes
    Objectification sexuelle et suprématie masculine

    Partie 2 : Politique de l’identité sexuelle masculine
    Érotisme et violence dans la relation père-fils
    Désarmement et masculinité
    Du fœtus comme pénis : l’intérêt personnel des hommes et le droit à l’avortement
    Qu’appelle-t-on du « bon sexe » ?

    Partie 3 : Pornographie et suprématie masculine
    Sexe et interdit de langage
    Pornographie et liberté
    Affronter la pornographie comme enjeu de droits civiques

    Partie 4 : Militantisme et identité morale
    Militantisme féministe et identité sexuelle masculine
    Les autres hommes
    Violence conjugale et désir de liberté

    L’auteur

    John Stoltenberg, né en 1945, est un militant proféministe américain.

    Il a publié de nombreux ouvrages sur les rapports sociaux de sexe.

    Cofondateur de Men Against Pornography et de Men Can Stop Rape, militant proféministe et compagnon de feue Andrea Dworkin, John Stoltenberg demeure l’analyste le plus attentif de la masculinité contemporaine.

    Refuser d’être un homme. Pour en finir avec la virilité, par John Stoltenberg. Avant-propos de Christine Delphy, Mickaël Merlet, Yeun L-Y et Martin Dufresne

    Parution : 8 mai 2013
    Prix : 24,95 $
    Pages : 272 ; format : 150 x 210
    ISBN : 978-2-923986-72-2
    Collection : Mobilisations

    L’ouvrage a été traduit de l’anglais (États-Unis) par Martin Dufresne, Yeun L-Y et Mickaël Merlet.

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 mai 2013

    http://sisyphe.org/spip.php?article4417

  • "Ma patronne, cette féministe" (Le Monde)

    Sheryl Sandberg, directrice générale de Facebook.
    LE MONDE | 06.05.2013 à 13h20 • Mis à jour le 06.05.2013 à 14h53

    Par Sylvie Kauffmann

    Deux hommes ont compris le rôle des femmes dans l'économie : Muhammad Yunus et Warren Buffett.

    Ils ont, respectivement, 72 et 82 ans.

    L'économiste bangladais et Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a créé une banque de microcrédit pour aider les habitants des zones rurales à sortir de la pauvreté.

    Il a choisi de prêter de l'argent aux femmes plutôt qu'aux hommes car, disait-il, il avait la certitude qu'elles en feraient un meilleur usage.

    Aujourd'hui, 96 % des actionnaires de sa banque, qui a accordé plus de 4 milliards d'euros de prêts, sont des femmes.

    Le financier américain Warren Buffett a été un peu plus long à faire son coming-out.

    Mais cela valait la peine d'attendre : le texte qu'il publie dans Fortune est à la fois ébouriffant et touchant.

    M. Buffett, troisième fortune mondiale, s'émerveille des formidables progrès accomplis depuis 1776.

    Pourtant, note-t-il, ce succès a été atteint en n'utilisant "que la moitié du talent du pays".

    C'est ce qui lui donne confiance dans l'avenir des Etats-Unis : au fur et à mesure que tombent les "barrières structurelles" à la participation des femmes aux décisions, la voie s'ouvre à l'autre moitié du talent.

    "LAVAGE DE CERVEAU"

    Enfin, presque.

    Car, se désole le "sage d'Omaha", "un obstacle subsiste : les limites que s'imposent encore les femmes elles-mêmes".

    Regardez sa grande amie Katharine Graham.

    Sa mère et son mari lui avaient infligé un tel "lavage de cerveau" que lorsqu'elle hérita du Washington Post en 1973, cette femme remarquablement intelligente douta de ses capacités.

    Quelques hommes de son entourage enfoncèrent le clou.

    "Les pressions qu'ils exercèrent sur elle étaient une véritable torture", écrit-il.

    Elle tint bon, heureusement.

    Pendant ses dix-huit ans à la tête du groupe, l'action du Washington Post augmenta de 4 000 %.

    En 1998, un Pulitzer couronna son autobiographie, Personal History.

    Pourtant, jusqu'à sa mort en 2001, "Kay continua à douter d'elle-même".

    Sheryl Sandberg n'a pas croisé Katharine Graham, mais le doute elle connaît bien.

    Elle lui a consacré un livre, Lean In, sorti le 2 mai en France sous le titre En avant toutes (JC Lattès, 250 p., 18 €).

    Directrice générale de Facebook après avoir fait ses armes chez Google, Sheryl Sandberg, 43 ans, y expose une théorie qu'elle défend depuis trois ans dans les universités, les grands-messes d'idées de la high tech et jusqu'à Davos : si le monde continue d'être dominé par les hommes, ce n'est pas seulement à cause du plafond de verre imposé par un système masculin conservateur.

    C'est aussi parce que les femmes, par éducation et parfois par confort, doutent de leurs capacités et manquent d'ambition.

    Plus diplômées et qualifiées que jamais, elles stagnent aux niveaux subalternes dans les hiérarchies.

    Le moment est venu, plaide-t-elle, de "foncer dans le tas".

    La féministe qui fonce dans le tas, c'est la posture inverse de la féministe victime.

    Sous ses dehors parfaits d'executive woman à qui tout sourit - carrière, amour, enfants, argent -, Sheryl Sandberg a infléchi le grand débat du moment pour les femmes ; celui du rapport entre travail et famille.

    La passion des Américains pour ce sujet avait déjà été démontrée par l'ampleur des réactions à un article, paru dans The Atlantic en juillet 2012 d'Anne-Marie Slaughter.

    Aujourd'hui professeur à Princeton, elle a choisi en 2011 de renoncer à un poste important auprès de la secrétaire d'Etat d'alors, Hillary Clinton, au bout de deux ans, incapable de concilier de manière satisfaisante les exigences de ce poste et celles de ses enfants adolescents.

    Pourquoi, demandait alors Anne-Marie Slaughter, "les femmes ne peuvent-elles tout avoir" ?

    La réponse de Sheryl Sandberg est, finalement, assez brutale : elles peuvent, si elles veulent.

    En six semaines, 300 000 exemplaires de son livre s'envolent.

    Dans le New York Times, Anne-Marie Slaughter juge "malheureux" que la DG de Facebook mette plus l'accent sur les obstacles internes qu'externes à la promotion des femmes.

    Au même moment, une autre femme de la Silicon Valley, Marissa Mayer, 38 ans, fraîchement nommée, en pleine grossesse, à la tête de Yahoo!, met les pieds dans le plat.

    A peine arrivée, la nouvelle PDG annonce la fin du télétravail dans l'entreprise, au motif que les gens sont plus innovants en équipe : tous au bureau !

    Cette décision, prise par une femme, lui vaut des critiques d'une rare virulence, qui renforcent le "backlash Sandberg".

    Une étude de la Harvard Business Review, constate, en avril, que le trio Slaughter-Sandberg-Mayer suscite un buzz massif sur les réseaux sociaux.

    Séparément, elles n'y seraient pas parvenues mais, à trois, la masse critique impose le débat.

    Pas toujours à leur avantage.

    Sheryl Sandberg, et plus encore la blonde Marissa Mayer, voix du "féminisme patronal", agacent.

    Elles sont "super-intelligentes", mais "terriblement autoritaires".

    C'est une découverte : les femmes dirigeantes sont autoritaires.

    Sandberg et Mayer ont en plus le défaut d'être devenues riches, ce qui leur retire le droit de parler des mères au travail, un peu comme si Bill Gates, philanthrope, ne pouvait se battre contre la malaria puisque sa fortune l'a préservé de la maladie.

    Pour attirer le talent, Mayer a multiplié la durée du congé maternité par deux chez Yahoo! et offre huit semaines de congé paternité.

    En Allemagne, Angela Merkel, plutôt du genre à foncer dans le tas, a dû s'incliner devant sa ministre du travail, Ursula von der Leyen, et accepter des quotas pour imposer les femmes dans les conseils d'administration.

    Le débat continue.

    On l'attend en France.

    kauffmann@lemonde.fr

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/05/06/ma-patronne-cette-feministe_3171663_3232.html