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Humeurs - Page 24

  • Prostitution. Laurence Noëlle : "À chaque client,
 je me sentais souillée" (L'Humanité)

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    Alors que la proposition de loi visant à sanctionner les clients de prostituées, déposée par deux députées PS, sera examinée mercredi soir ou vendredi et votée mercredi 4 décembre, rencontre avec Laurence Noëlle qui, à dix-sept ans, met le pied 
sur le trottoir et devient une ombre parmi les ombres.

    L’auteure de Renaître de ses hontes (1) raconte ses années d’épreuves dramatiques 
et de combat 
pour fuir le système prostitutionnel.

    Laurence Noëlle nous ouvre les portes de son salon, en Bretagne. Elle replie les jambes, bien calée dans son divan. Et raconte, devance souvent les questions, déballe tout. Elle est restée vingt-huit ans dans le silence. Puis, en avril 2013, elle est sortie de l’ombre en publiant un livre, Renaître de ses hontes.

    À quarante-six ans, elle met sur page toutes ces années de violences, d’abus sexuels et de prostitution, l’expérience « la plus destructrice » de sa vie. Pénalisation des clients, abolition de la prostitution ou encore « libre choix » des personnes qui louent leur corps, Laurence Noëlle se prononce sur les débats actuels et témoigne, à visage découvert, de l’enfer de la prostitution. Une façon pour elle de donner l’exemple à celles qui restent encore terrées dans leur souffrance.

    Aujourd’hui, cette formatrice professionnelle estime être la preuve vivante que l’on peut s’en sortir et bâtir une vie épanouie.

    Il y a quelques années, vous aviez témoigné sur la prostitution à visage couvert. Pourquoi vous dévoilez-vous aujourd’hui ?

    Laurence Noëlle. Oser me montrer fait partie de mon cheminement vers la guérison. Ce n’est pas parce que l’on comprend ce qui nous arrive que l’on en sort. Il me fallait procéder étape par étape. Avant l’écriture de ce livre, jamais je ne me serais dévoilée en public. J’avais trop honte. Mais depuis sa publication, j’avoue que je suis très perturbée. J’ai des sinusites à répétition, des nausées. Je ne peux tricher avec mon corps qui s’exprime. Comme si je subissais un nettoyage encore plus profond. C’est douloureux pour moi de sortir de l’ombre. Il faut bien que quelques-unes commencent. Je le fais pour que d’autres se l’autorisent. Pour dire qu’il est possible de s’en sortir, possible de construire sa vie autrement, possible de guérir des violences que nous avons subies.

    Beaucoup de personnes fantasment sur la call-girl. Vous, vous avez des mots durs pour décrire la prostitution que vous avez vécue…

    Laurence Noëlle. Je travaillais rue Saint-Denis, à Paris. J’étais jeune et jolie. De la chair fraîche. Je faisais une trentaine de passes par jour, je me souviens que les anciennes étaient très jalouses, car elles ne montaient quasiment plus. J’étais un automate qui montait et descendait. À l’instant où j’ai posé le pied sur le trottoir, je suis devenue une ombre parmi les ombres. J’ai perdu ma dignité d’être humain. Une partie de moi a cessé d’être vivante. J’étais devenue un objet, un déchet, dans la lignée de ce qu’avait été le début de ma vie. Je n’étais que honte et humiliation. Ça fait mieux de se dire call-girl que prostituée. Il n’empêche que ce n’est qu’une stratégie d’évitement par rapport à la honte. Les call-girls se détestent autant mais estiment avoir de la valeur à travers des clients qui possèdent eux-mêmes de la valeur. Mais le fait même que le client paie est déjà une violence. Quand on achète quelque chose, on est en droit d’être exigeant.

    Vous écrivez dans votre livre 
que la prostitution a été l’expérience la plus destructrice de votre vie. Comment faisiez-vous pour tenir ?

    Laurence Noëlle. Je le supportais en me droguant et en me saoulant. On est toutes des anesthésiées, d’une manière ou d’une autre. Il y a la prostituée, l’objet. Et il y a l’être humain. On se dissocie. J’avais énormément de dégoût à mon égard. À chaque client, je me précipitais sous la douche tellement je me sentais souillée. Humiliée. Il me fallait alors un autre verre ou un autre rail de cocaïne. Mon corps entier, et en particulier mon vagin, me faisait terriblement souffrir. La prostitution ce n’est pas Pretty Woman. Quand j’étais sur le trottoir, j’ai attendu Richard Gere, il n’est jamais venu me sauver…

    Que pensez-vous des personnes 
qui affirment se prostituer par choix ?

    Laurence Noëlle. Moi aussi je l’affirmais quand j’étais dedans. Pour se faire accepter de la société, mieux vaut parler de son libre choix que d’évoquer sa souffrance. On dit toutes que c’est notre choix quand on est en prostitution. Cela me fait penser aux personnes qui boivent. Elles affirment qu’elles savent gérer. Celles qui s’en sortent avouent en avoir souffert. Quand on est dedans, on ne voit rien, on est dans le déni. Étant petites, ne rêvaient-elles pas d’être docteur ou boulangère ? Que fait-on de nos talents et de nos richesses ? Je ne pense pas que tailler une pipe en soit un. La prostitution consiste à louer son corps à n’importe quel homme. Et ils ne sont pas tous des Brad Pitt. Demandez à une femme qui s’aime, s’estime, d’aller se prostituer. Même dans la misère, elle ne le fera pas.

    Comment êtes-vous tombée 
dans la prostitution ?

    Laurence Noëlle. La prostitution est un choix désespéré. Je suis tombée dans un réseau de proxénètes. J’étais une proie idéale : une jeune fille paumée, livrée à elle-même, assoiffée de chaleur humaine. Ayant vécu des abus sexuels dans l’enfance, je me suis considérée comme un objet puant et répugnant. Je me méprise. Dans ce cas, pourquoi s’autoriser le droit au bonheur ? La prostitution est aussi une façon de m’autopunir, moi qui culpabilisait depuis toute petite. Et puis, dans ma stratégie de survie, je me disais de me laisser faire, de ne rien dire. Je ne voulais pas être abandonnée. J’avais dix-sept ans et j’étais seule. Je préférais encore me prostituer que perdre l’amour de la maquerelle et du proxénète. J’avais aussi peur des menaces. Je m’en suis voulu de ne pas avoir fui plus tôt. J’étais tellement convaincue de n’être bonne qu’à « ça ». L’idée d’aller au commissariat ne m’a même pas effleurée.

    La prostitution est-elle une violence aussi grande que l’inceste que vous avez subi ?

    Laurence Noëlle. C’est la même chose. C’est : « Laisse-toi faire et tais-toi. Je fais ce que je veux de toi. » Dans un rapport normal, c’est le respect mutuel, l’échange. Il n’y en a pas un qui intime à l’autre d’ouvrir les cuisses, qui exige une pipe. Que fait-on du désir de l’autre, de l’amour ? Il n’y a pas d’amour dans la prostitution.

    N’est-ce pas caricatural d’affirmer que, souvent, les personnes prostituées ont subi des violences dans leur enfance ?

    Laurence Noëlle. Pas du tout. Toutes les femmes de l’ombre que je connais ont toutes vécu des histoires horribles. Ayant subi des abus sexuels enfant, à l’âge adulte, elles développent des comportements destructeurs. C’est l’humiliation qui nous fait croire que l’on n’est qu’un objet, que l’on est méprisable. Pourquoi une jeune fille va prendre un boulot à McDo pour payer ses études et une autre va se prostituer ? La différence est que l’une se respecte, s’estime, et l’autre pas. Si je m’aime, je me respecte. Je ne loue pas mon corps à n’importe quel homme.

    D’aucuns parlent de la réouverture des maisons closes, 
de la réglementation de
la prostitution. Qu’en pensez-vous ?

    Laurence Noëlle. La souffrance pour les personnes prostituées restera la même. Les clients seront toujours les mêmes, avec leurs mêmes exigences, leurs mêmes fantasmes. On parle souvent de la prostitution avec des mots châtiés. On débat pour savoir si c’est un métier, on évoque la liberté. La vérité est tue. On dit que les prostituées aiment « ça ». Mais comment peut-on aimer avoir une trentaine de rapports sexuels par nuit avec des hommes de toutes sortes, de tous âges, de tous milieux sociaux, des petits, des gros, des grands, des maigres, des agressifs, des pervers, des dépendants sexuels, des malades mentaux, des paumés ?

    Il y en a beaucoup qui méprisent les femmes et pensent encore qu’il ne peut exister que la « putain » ou la « maman ». Ceux-là vont dégazer, se venger, traiter les prostituées de tous les noms pendant les actes. Et leur faire mal. Comme les clients payent, ils s’autorisent tout. On prend la femme à sec, estimant qu’elle n’a pas besoin de préliminaires, pas besoin de mouiller. Il faut qu’un jour je puisse vraiment expliquer en détail ce qu’est une nuit avec des clients. J’ai encore du mal à en parler.

    Que pensez-vous du débat sur la pénalisation du client et sur l’abolition de la prostitution ?

    Laurence Noëlle. Mais pourquoi depuis des millénaires en est-on encore à des débats à la con ? Il y a 80 % de femmes qui souffrent et il faudrait écouter l’infime minorité ? Il faudrait empêcher que la loi passe pour celles qui, soi-disant, sont fières de se prostituer ? Oui, la pénalisation peut faire évoluer les choses. Mais ce n’est pas parce qu’existe une loi que tout se réglerait d’un coup. Elle marque les limites. L’abolition est la réponse à la question : dans quelle société voulons-nous vivre ? C’est bien parce que des personnes affirment que c’est possible que le monde change.

    Pourquoi si peu de personnes sorties de la prostitution osent parler 
à visage découvert ?

    Laurence Noëlle. Elles ont peur du regard des autres. Beaucoup sont contentes que le monde sache ce qu’est la prostitution par ma voix. Mais elles ne sont pas prêtes à se montrer à leur tour, y compris celles qui réussissent bien dans leur vie, comme cette infirmière ou cette animatrice socioculturelle que je connais. Je les comprends, moi-même j’ai eu très peur de perdre mon travail de formatrice. Et peur encore de la réaction des autres à l’égard de mes enfants, ma famille. J’ai peur d’être méprisée. Faut-il encore payer les pots cassés vingt-huit ans après m’être sortie de l’enfer de la prostitution ? On traîne ce boulet comme un détenu qui ne pourrait pas enlever le sien de sa cheville.

    Votre livre a-t-il entraîné 
des réactions hostiles à votre égard ?

    Laurence Noëlle. Pour l’instant, j’ai plutôt des messages d’empathie. Beaucoup de gens me soutiennent et me disent que mon livre peut permettre de changer les mentalités. Les retours sont chaleureux et ils me portent. En écrivant ce livre, c’est-à-dire en rassemblant les pièces du puzzle de ma vie, j’ai voulu comprendre pourquoi j’ai eu des comportements destructeurs. Et je me retrouve devant une explosion de sollicitudes, de toutes parts. Je fais partie des toutes premières femmes à sortir de l’ombre, alors que pendant vingt-huit ans, je ne pouvais pas supporter de voir des émissions ou autres films qui traitent de la prostitution ou des abus sexuels. J’ai découvert l’existence de l’Union des survivantes du trafic sexuel, aux États-Unis, qui m’a contactée pour faire partie de leur réseau. Je n’ai pas le cœur d’une militante. Je pourrais dire non à ces sollicitations, mais je pense que la vie me demande de l’être. J’ai été auditionnée à l’Assemblée nationale une première fois, le 29 mai 2013, à huis clos. En sortant, j’ai pleuré pendant des heures, mais de grâce, de joie. C’est un beau cadeau pour moi de constater que mon livre peut œuvrer à un projet de loi contre le système prostitutionnel. C’est une réalisation de soi. C’est poser sa petite pierre en ce monde et si nous en posons tous une, c’est le monde qui change.

    Comment avez-vous pu sortir 
de la prostitution ?

    Laurence Noëlle. En allant chercher de l’aide. Mais il faut choisir les bonnes personnes, celles qui ne jugent pas, celles qui prennent le temps de comprendre. La notion d’écoute est fondamentale. Celles qui m’ont aidée sont des personnes qui ont mis en avant mes qualités, qui ont cru en moi. Si on est convaincu que l’on peut s’en sortir, on se donne davantage de chance pour y arriver.

    Les moyens sont-ils suffisants ?

    Laurence Noëlle. Il est vrai qu’en dehors des associations, rien n’existe. Il n’y a aucune réinsertion sociale. Tout doit être repensé. Quand on sort de la prostitution, on est bouffé par la honte, par l’alcool, la drogue, la frigidité, par l’humiliation. On est fracassé. Si bien que l’on peut vite replonger. La société doit déplacer son regard. On doit former les travailleurs sociaux pour bien comprendre le système prostitutionnel. On aura beau mettre les moyens matériels, si on ne voit pas autrement les prostituées, rien ne changera.

    Un espoir pour les autres. Laurence Noëlle est engagée dans la lutte contre le trafic et l’exploitation sexuelle. Elle anime des conférences et formations sur l’écoute, l’accompagnement, la gestion de groupe en prévention. Elle participe 
aux activités organisées par le Mouvement du Nid, une association reconnue d’utilité publique. Elle est désormais formatrice professionnelle d’adultes, spécialisée en relations humaines et dans la prévention de toute forme 
de violence. Elle exerce aussi ses activités dans les services pénitentiaires, 
à la demande du ministère de la Justice. Ce n’est évidemment pas un hasard qu’elle ait choisi cette filière. Un bel accomplissement pour cette femme qui s’est longtemps identifiée à la honte.

    Son livre, Renaître de ses hontes, est un espoir pour toutes celles et tous ceux qui n’ont plus confiance en eux. Il redonne 
à d’autres le désir et la force de changer. Il ouvre des portes, élargit les horizons et contribue à un changement de regard sur les personnes prostituées.

    (1) Renaître de ses hontes, de Laurence Noëlle. Éditions Le Passeur, avril 2013, 18,50 euros.

    Entretien réalisé par Mina Kaci

    http://www.humanite.fr/social-eco/laurence-noelle-553508

  • Merci Sylviane Agacinski

    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1a/Delanoe_Zenith_2008_02_27_n20.jpg


    "La prostitution est une servitude archaïque qu'il faut faire reculer"

    LE MONDE | 20.11.2013 à 11h09 | Propos recueillis par Gaëlle Dupont

    Sylviane Agacinski, 68 ans, est philosophe. Elle a consacré de nombreux ouvrages à la question de la différence et des rapports entre les sexes et critique la marchandisation du corps humain, notamment dans Corps en miettes (Flammarion, 138 p., 12 euros). Elle défend la proposition de loi visant notamment à sanctionner les clients de prostituées, qu'une commission spéciale de l'Assemblée nationale a adoptée, mardi 19 novembre, et dont les députés débattront fin novembre.

    En 2012 vous avez signé une pétition louant le courage de la ministre Najat Vallaud-Belkacem, attaquée sur son souhait de faire disparaître la prostitution. Pourtant, elle n'est pas à l'origine du texte qui arrive à l'Assemblée. A-t-elle manqué de courage ?

    Sûrement pas. La ministre des droits des femmes était dans son rôle en rappelant que l'abolition de la prostitution est la position officielle de la France depuis 1946. Face à ceux qui réclament la légalisation du "travail du sexe" et la dépénalisation du proxénétisme, comme le Strass , il fallait réaffirmer que la prostitution est une servitude archaïque qu'il faut faire reculer. De leur côté, les députés sont dans leur rôle en faisant une proposition de loi pour pénaliser la demande, soutenus par la ministre et par les associations féministes.

    Le tollé suscité par le "manifeste des 343 salauds" publié dans "Causeur" n'est-il pas le signe que la position abolitionniste est aujourd'hui dominante dans le débat public ?

    Les 343 rigolos qui se sentent menacés dans leur virilité s'ils ne peuvent plus se payer une "pute", comme ils disent, devraient faire le trottoir pendant quelque temps, cela les aiderait peut-être à réfléchir. Il y a une totale dissymétrie entre le client qui cherche son plaisir, une fois de temps en temps, et la personne qui doit subir des relations sexuelles en série, au mépris de sa sensibilité et de son propre désir.

    Par ailleurs, les clients disent recourir à la prostitution notamment pour assouvir des fantasmes que leur partenaire répugnerait à satisfaire. C'est intéressant. Consultez, sur Internet, la tarification des "services sexuels", vous trouverez, au-delà des actes habituels, des prestations comme la douche d'urine, ou de sperme, "sur le visage de la travailleuse" , et autres pratiques spéciales. Le commerce de la chair est une négation de la personne, c'est ce que l'opinion accepte de plus en plus mal.

    La pénalisation du client n'est-elle pas une façon déguisée de prohiber la prostitution et de porter un jugement moral sur cette activité ?

    Il ne s'agit pas de savoir s'il est bien, moralement, de se vendre, mais s'il est légitime de prétendre acheter un corps, et donc de mettre fin à la vieille hypocrisie bourgeoise qui condamnait les "filles publiques" et protégeait leurs clients. Ce qui est en cause, c'est l'organisation du marché du sexe, avec ses producteurs (trafiquants et proxénètes), ses marchandises (les personnes prostituées) et ses consommateurs (les clients). Partout, dans la société, la sexualité est exclue des services, et chacun a droit à son intimité. Seul le corps prostitué perd ce droit, en tant qu'il est mis à disposition d'un public payant.

    Certaines femmes affirment avoir fait le choix de se prostituer. Peut-on leur dénier ce droit, même si elles sont minoritaires ? Ne passe-t-on pas sous silence la diversité des situations dans la prostitution ?

    On a appris, il me semble, à se méfier des sophismes sur le "libre choix". On a vu des esclaves qui voulaient le rester, on voit des travailleurs clandestins qui "choisissent" de travailler dans des caves douze heures par jour, ou des femmes qui "choisissent" de porter le voile intégral. La "liberté" de se laisser asservir est une contradiction dans les termes. Les lois sont faites pour définir les relations sociales justes et équitables, pour garantir la liberté, la dignité et la santé de chacun, et non pour abandonner les plus pauvres à l'emprise de l'argent sur leurs vies.

    Même des migrantes, considérées comme victimes de la traite par les pouvoirs publics, affirment préférer le trottoir en France à la vie dans leur pays d'origine. Pourquoi mettre en doute leur parole ?

    Personne ne peut croire que les migrantes décident, une par une, de venir se prostituer sur les trottoirs parisiens. 80 % des prostituées en France sont "importées" en masse en Europe occidentale, depuis l'Afrique, l'Europe de l'Est ou l'Asie, par des réseaux extrêmement violents. Elles ont peur. Les autres sont poussées vers la prostitution par la pauvreté. Le premier effet d'une pénalisation de la demande sera de décourager les réseaux en dissuadant les clients.

    Les associations de terrain redoutent de voir disparaître la prostitution visible, mais pas la prostitution cachée, avec des effets négatifs sur la sécurité et la santé des prostituées. Qu'en pensez-vous ?

    Le problème est-il seulement d'améliorer les conditions de la servitude sexuelle, ou bien d'en contester le principe ? En réalité, la prostitution est intrinsèquement dangereuse pour la sécurité des femmes, elle est ravageuse pour leur santé physique et mentale. Beaucoup sont obligées de se dissocier de leur corps pour pouvoir le laisser à la disposition du client. Alors, n'utilisons pas, comme toujours, l'argument hygiéniste pour mieux maintenir le statu quo, voire pour légaliser le "travail" du sexe. Posons d'abord que le corps humain n'est pas à vendre, et soyons pragmatiques ensuite.

    http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2013/11/20/la-prostitution-est-une-servitude-archaique-qu-il-faut-faire-reculer_3516983_3224.html?xtmc=sylviane&xtcr=1

  • Pour Marion Fraisse

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    "Allez, ça va se tasser", éluda le principal quand Nora Fraisse l'avait contacté, en décembre dernier, pour que Marion change de classe.

    Trois fois, elle avait insisté, sans même obtenir un rendez-vous.

    Cette mère est particulièrement vigilante.

    Elle sait que son aînée est sensible, artiste, drôle à faire hurler de rire son père et ses camarades, mais aussi parfois dans son monde, en quête d'affection, touchée par le malheur des autres.

    Une cible idéale.

    Petite déjà, elle subissait les mesquineries des copines.

    En sixième, Marion s'était fait traiter de "mongole" et d'"autiste".

    En cinquième, un garçon lui avait adressé un SMS :

    "Demain, à l'arrêt de bus, t'es morte."

    A la demande de Nora Fraisse, le professeur principal avait aussitôt convoqué l'auteur des menaces qui, aux côtés de sa mère, avait balbutié :

    "Mais c'était juste pour rigoler !"

    http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20131114.OBS5469/traitee-de-pute-de-boloss-marion-13-ans-s-est-suicidee.html

  • La citation du jour : Iggy Pop

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    "Je n'ai pas honte de m'habiller 'comme une femme' parce que je ne pense pas qu'être une femme soit honteux."

    Iggy Pop

  • Boycottons le pédophile Polanski et son nouvel "opus" : préférons-lui le livre - si tant est que celui-ci ait le moindre intérêt (ce qui n'est pas le cas)

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    Faut-il rappeler que la Vénus à la fourrure est d'abord un livre avant d'être un (piètre) film ?...

    Oui, en ces temps d'incurie intellectuelle.

    Autre rappel ô combien vital : celui de "l'affaire Polanski" la bien nommée, pour celles et ceux qui l'auraient mystérieusement oubliée :

    Extrait :

    "C'est donc elle. "La Fille" de l'affaire Polanski. Samantha Geimer a bientôt 50 ans, mais, pour le monde entier, elle est restée la-gamine-de-13-ans-violée-par-Roman-Polanski. Et on ne peut s'empêcher de scruter son visage, à la recherche de celui, si terriblement juvénile, de l'adolescente qui, un jour de mars 1977, s'est retrouvée dans la maison de Jack Nicholson, sur Mulholland Drive à Los Angeles, pour une séance de photos avec le réalisateur de "Chinatown". Il lui a fait boire du champagne, lui a donné un Quaalude (un sédatif), puis il a abusé d'elle. Dans le jacuzzi. Ce soir-là, en rentrant chez elle, Samantha écrira dans son journal intime : "Roman Polanski m'a prise en photo aujourd'hui. Il m'a violée, merde !"

    "J'étais présentée comme la petite salope"

    Samantha Geimer s'est longtemps cachée. Elle vit à Hawaï, loin de ce passé qui ne veut pas la lâcher. Ce n'est pourtant pas le visage de l'homme qui l'a violée qui la hante. "Si je devais choisir entre le viol et revivre ce qui s'est passé après, je choisirais le viol", lance-t-elle, provocatrice. Pour Samantha Geimer, l'enfer a longtemps été peuplé de policiers, avocats, juges qui la harcelaient, lui demandant de raconter cette soirée : la pénétration anale, les taches sur sa petite culotte couleur rouille - pièce à conviction n°5 que se disputeront la défense et l'accusation. Et il y avait les journaux racontant des horreurs sur elle, sa mère, sa famille. "J'étais présentée comme la petite salope qui voulait profiter du réalisateur célèbre, et ma mère comme la maquerelle n'hésitant pas à monnayer sa fille pour faire carrière.""

    Suite de l'article sur http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20131016.OBS1295/affaire-polanski-il-m-a-violee-merde.html

  • "Le désir des hommes livré à l'industrie du prêt-à-jouir", Nancy Huston (Le Monde)

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    LE MONDE | 10.11.2013 à 20h40 • Mis à jour le 11.11.2013 à 15h14 | Par Nancy Huston (Romancière et essayiste)

    "Tous deux s'accrochaient à un fantasme plutôt que l'un à l'autre, cherchaient non à s'offrir les secrets de leur corps mais à sucer du plaisir des fissures de leur esprit. Où qu'ils se tournaient, ils se trouvaient empêtrés dans les vrilles de la honte ; tous les gros mots de leur vocabulaire se moquaient de ce qu'ils faisaient. » Personne, peut-être, ce dernier siècle, n'a réfléchi à la sexualité avec plus d'acuité que l'auteur américain James Baldwin (1924-1987). Pas sur la sexualité des Noirs ou celle des gays (bien qu'il fût lui-même, selon ses propres termes, « un nègre et un pédé »), non, sur la sexualité en général qui, comme à peu près tout dans le monde contemporain, tend à devenir une industrie capitaliste dominée par des hommes blancs.

    Le débat autour de la pénalisation éventuelle des clients des prostituées et les réactions ineptes à ce projet (genre « Manifeste des 343 salauds ») pourraient nous inciter à relire ce grand écrivain, notamment son roman Un autre pays (Gallimard, 1996) ou son essai consacré à Gide, La Prison mâle (paru dans Personne ne sait mon nom, Gallimard, 1998). « Quand les hommes n'arrivent plus à aimer les femmes, dit Baldwin à la fin de ce dernier essai, ils cessent aussi de s'aimer, de se respecter et de se faire confiance entre eux, ce qui rend leur isolement complet. Rien n'est plus dangereux que cet isolement-là, car les hommes commettront n'importe quel crime plutôt que de l'endurer. » Comme ce serait utile, pour ne pas dire merveilleux, que de temps à autre, l'on cesse de parler du « problème féminin » et que les hommes s'intéressent à eux-mêmes en tant qu'ils sont singuliers.

    Baldwin sait que la prostitution est une fausse solution à un vrai problème. « Un temps, cela lui avait paru plus simple. Mais même le plaisir simple, acheté et payé, ne mettait pas longtemps à faillir – le plaisir, s'avérait-il, n'était pas simple. (…) Peu à peu, contre son gré, il fut forcé de se rendre compte qu'il avait couru les risques ni pour tester sa virilité ni pour rehausser son sens de la vie. Il s'était réfugié dans l'aventure du dehors pour éviter les heurts et la tension de l'aventure qui, dedans, avançait inexorablement. » L'on évite de regarder ce qui se passe à l'intérieur. L'on évite de parler du sens de la vie, des difficultés d'entente entre les sexes… L'on va au plus vite : aventure du dehors.

    En France, on a beau avoir décrété la mort de Dieu et séparé l'Etat de l'Eglise, les grandes questions auxquelles Dieu et l'Eglise étaient une tentative de réponse restent entières. Elles n'ont pas été dissoutes, au XVIIIe siècle, par l'orgasme rugissant des libertins du marquis de Sade éventrant des vierges, ni, au XIXe, par la poésie sombre et sidérante d'un Baudelaire, ni, au XXe, par l'expérience des limites d'un Georges Bataille ou l'holocauste consenti d'une Pauline Réage, ni, au XXIe, par l'universelle disponibilité de putes et d'images de putes que permet le Net.

    Aujourd'hui, on se trouve dans une situation hautement paradoxale qui, n'étaient-ce les dégâts qu'elle entraîne, confinerait au comique. Grâce à nos médias performants et omniprésents, on reçoit chaque jour d'innombrables messages sauvages primitifs antiques pour ne pas dire préhistoriques : l'homme est un guerrier déchaîné meurtrier musclé violent ; la femme est une chose à décorer, à maquiller, à habiller, à déshabiller, à protéger, à sauver, à frapper et à baiser. Les hommes se rentrent dedans, en politique, en économie, en sport, sur les champs de bataille, les femmes s'occupent indéfiniment d'être belles et/ou maternelles.

    Mais comme, selon notre idéologie officielle, il n'y a pas de différence des sexes qui vaille, comme la République, tel Tartuffe, refuse de percevoir le désarroi de ses citoyens face à la liberté, l'égalité et la fraternité de ses citoyennes, il n'est que minimalement tenu compte des problèmes sexuels dans l'éducation (familiale ou scolaire) que nous prodiguons aux enfants et adolescents mâles.

    Certes il est souhaitable que les garçons aient une connaissance solide de l'anatomie féminine, de la menstruation, de la contraception… Mais qu'en est-il de leurs propres troubles troublants ? L'effet de la montée des hormones n'est pas le même chez le garçon que chez la fille. Qu'est-ce qu'avoir un corps masculin désirant, bandant, frémissant, vulnérable, bouleversé ? Que faire des fantasmes qui tourmentent ? Peut-on se donner soi-même du plaisir hors culpabilité… et hors vulgarité ? Que faire de l'amour, de la jalousie, de l'impuissance, de la dépression post-coïtale ? Que faire des passions et peurs que suscite la sexualité masculine naissante, souvent totalement obsédante ?

    Eh bien, répondent avec un bel ensemble les parents, enseignants et écrivains français : rien, puisqu'il n'y a pas de différence. Ce qui – la curiosité étant intense et les hormones puissantes – laisse le champ libre au prêt-à-jouir, la jungle envahissante de ce qui va vite et se vend bien, oui, l'équivalent rigoureux du fast-food : le fast-sex de la pornographie.

    Liberté sexuelle ? Tout juste le contraire. L'Eglise stigmatisait la sexualité, parlait de parties honteuses ; la pornographie massivement consommée jour après jour est liée aux mêmes opprobres, hontes et interdits. Elle est un monde de pure contrainte. Liberté d'expression ? Loin de là. Qui s'exprime et qu'est-ce qui s'exprime là-dedans ? La seule chose libre dans la pornographie, comme dans les McDo, ou les poulaillers sans fenêtres, ou les maïs transgéniques, c'est le marché.

    Il est bien possible que la sexualité ne puisse pas être « libérée ». Sa fonction primordiale étant la reproduction de l'espèce, elle est très littéralement une question de vie et de mort. D'où la violence parfois extrême de la jalousie sexuelle (surtout masculine). Que la fonction reproductrice puisse être désactivée, nous allouant de longues et belles années de pratiques sexuelles stériles, ne suffit pas pour bannir les affects qui l'accompagnent depuis la nuit des temps pour des raisons de survie. Sans quoi, le monde entier eût suivi le lénifiant conseil des hippies des années 1960 : « Faites l'amour, pas la guerre. »

    James Baldwin encore, dont le héros déambule dans les rues de New York : « Il n'arrivait pas à se débarrasser du sentiment qu'une sorte de peste faisait rage, même si, officiellement, on le niait tant en public qu'en privé. Même les jeunes semblaient atteints – et à vrai dire plus gravement que les autres. Les garçons en blue-jean couraient ensemble, osant à peine se faire confiance et cependant unis, tout comme leurs aînés, dans une puérile méfiance des filles. Leur démarche même, sorte de balancement anti-érotique actionné par les genoux, était une parodie tant de la locomotion que de la virilité. Ils semblaient reculer devant tout contact avec leurs organes sexuels – que soulignaient pourtant leurs habits de façon flamboyante et paradoxale. Ils semblaient – mais était-ce vrai ? et comment cela s'était-il produit ? – à l'aise avec la brutalité, habitués à l'indifférence, terrorisés par l'affection humaine. De façon bien étrange, ils semblaient ne pas s'en estimer dignes. »

    L'angoisse de vivre et de chercher un sens à la vie demeure. Prostitution et pornographie cristallisent, en ceux – et bien sûr en celles, moins nombreuses – qui les consomment, le non-contact, le non-partage, l'impersonnalisation de leur propre corps. Il faut lire James Baldwin, Rainer Maria Rilke, Tarjei Vesaas. Etudier les nus en peinture. Sauver ce qui, de l'humain, peut l'être. Tenter d'arrêter les dégâts… non pas contre les hommes, mais avec eux.

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/11/10/le-desir-des-hommes-livre-a-l-industrie-du-pret-a-jouir-par-nancy-houston_3511441_3232.html?xtmc=elisabeth_levy&xtcr=4

  • Les "clients" : le spot de ZéroMacho en ligne. Abolissons la prostitution.

    Les "clients" from Black Moon productions on Vimeo.

      "Aller voir une prostituée, c'est dégrader l'amour, les femmes et soi-même."

  • La citation du jour : Albert Caraco

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    "Nous raisonnons et cependant les peuples multiplient, nous raisonnons et cependant les enfants naissent, nous raisonnons et cependant un avenir horrible se prépare, nos maîtres continuent de gouverner au jour le jour, ils prêchent la morale et la morale n’ayant d’autre but que de multiplier les hommes, les conséquences les effrayent, mais ils refusent de toucher aux causes.

    Famille, travail, patrie ont plus de pouvoir que jamais, la régularité des mœurs dépasse tout ce que l’on imagine et l’on s’étonne de trouver trois milliards où l’on croyait en avoir laissé deux, l’on sera bientôt quatre et cinq et six, l’on boira l’eau des mers, l’on soupera d’algues bouillies et l’on écoutera les sermons de morale.

    Des gouvernants et de leurs gouvernés l’on se demande lesquels seraient les plus stupides ?"

    Albert Carcaco, Semainier de l'an 1969

  • PROSTITUTION : L’abolitionnisme pour les nulLEs (Les Effrontées)

    abo

    PPL : proposition de loi

    Pourquoi sommes-nous abolitionnistes ?

    La prostitution est un fait de société qui concerne directement les rapports entre les femmes et les hommes, et la construction du genre dans les mentalités.

    Selon si un pays autorise ou combat ouvertement le fait d’acheter les corps des femmes (en grande majorité) pour satisfaire les besoins sexuels des hommes, les nouvelles générations n’auront pas la même vision de la sexualité. Un petit garçon qui nait dans une ville où on voit des femmes derrière des vitrines, ou sur des trottoirs, n’a pas la même image des rôles des femmes et des hommes que s’il nait dans un pays où on lui dit que ce n’est pas envisageable.

    C’est moins glamour en chiffres :

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    Dans le monde

    • 98% des prostituées sont des femmes et des fillettes (l’OIT).

    • 75% ont entre 13 ans et 25 ans.

    • L’âge d’entrée moyen dans la prostitution est de 14 ans. C’est-à-dire que la plupart sont plus âgées, ou plus jeunes !

    • Le nombre d’enfants prostitués augmente d’un million chaque année (UNICEF).

    • Une prostituée procurerait en moyenne 107 000 euros par an à son proxénète (INTERPOL).

    En France

    • 80% des prostituées sont étrangères (OCRTEH – Office central de la répression de la traite des êtres humains).

    • Entre 85 et 90% des personnes prostituées sont sous le joug du proxénétisme (enquête de Richard Poulin – 2005).

    • La quasi totalité des clients sont des hommes : 37% sont en couple, 29% cadres, 25% ouvriers (Enquête de 2004 de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama).

    • Chaque prostituée rapporte entre 300 et 800 euros par jour à son proxénète et environ 50 euros lui seraient laissés (OCRTEH).

    Extrait : « Le livre noir de la prostitution » d’Elizabeth Coquart et Philippe Huet (Albin Michel, 2000, p.36) :

    « Une prostituée sur deux a eu des contacts avec la prostitution dès son enfance et un tiers a eu une mère ou une parente prostituée. [...] Un tiers des prostituées mineures enquêtées a été victime de viol par des adultes connus d’elle entre l’âge de trois ans et de quinze ans… [...] 80% des prostituées a subi des abus sexuels au cours de l’enfance. »

    On retient de ces chiffres que nous avons affaire à un commerce très lucratif ; qui s’exerce très majoritairement sur des femmes, dont une écrasante majorité ne l’a pas choisi ; pour des clients qui ne sont quasi que des hommes ; et qui touche les populations les plus vulnérables, pauvres, jeunes, immigrées ou victimes de violences.

    Petit tour des législations :

    Loi

      • Les Prohibitionnistes

    La prostitution est interdite dans les pays prohibitionnistes. Ce sont surtout les personnes prostituées qui sont inquiétées pour atteinte à l’ordre public. Cette politique misogyne et hypocrite n’existe plus en Europe. Elle n’a pour conséquences que l’exercice clandestin et la criminalisation des prostituées qui encourent condamnation et autres violences.

      • Les Réglementaristes

    Cette théorie est née dans les années 1830, avec les analyses du médecin Alexandre Parent-Dûchatelet. Nous tenons à souligner la philosophie initiale de ce courant dont le théoricien confère à la prostitution une utilité sociale, et la considère comme un élément indispensable à la sexualité masculine normale. Nous sommes dans le mythe de la sexualité irrépressible des hommes à laquelle il faut trouver un débouché pragmatique.

    Ça aura pour conséquence la création de lieux clos contrôlés par l’administration médicale et policière. Ce modèle sera étendu en Europe par le Code Napoléon dès 1804. Il s’applique aujourd’hui aux Pays-Bas ou en Allemagne.

    Aux Pays-Bas, le constat n’est pas brillant : Le maire d’Amsterdam a reconnu en 2004 que la Tipplezone était devenue un refuge pour les trafiquants et un danger pour les femmes. On a vu la multiplication par 3 du nombre d’enfants prostitués en cinq ans, et une même multiplication des femmes prostituées émigrées des pays d’Europe centrale.

    En Allemagne, on compte 400 000 prostituées et une augmentation de 70% du trafic d’être humains en huit ans de 2002 à 2010, selon l’Enquête d’Elise Guiraud en 2010.

    Depuis, la loi légalise les bordels (Eros center), considère les proxénètes comme des entrepreneurs, et les femmes se retrouvent dans les bonnes vieilles maisons closes. Il est extrêmement rare qu’elles bénéficient de contrats. Le profil-type d’une femme prostituée en Allemagne est une jeune de 18-20 ans, roumaine, issue du trafic d’êtres humains.

    Le pays est devenue une destination de tourisme sexuel et une plaque tournante des proxénètes, qui sont des "entrepreneurs" comme les autres.

      • Les Abolitionnistes

    Ce courant tolère la prostitution, mais interdit le proxénétisme, les maisons closes et le racolage. En France, il se traduit par la loi Marthe Richard (1946) qui interdit les maisons closes, supprime le fichage et punit les proxénètes.

    Ses principes sont reconnus en 1949 par la convention de Genève pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui. « La prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine ». Texte signé par plus de 70 pays, dont la France en 1960.

    La France est considérée comme un état abolitionniste. Mais aucune réflexion n’a été menée pour arriver à une réelle abolition de la prostitution.

      • Les Néo-abolitionnistes (c’est nouuuus !)

    Le modèle suédois pénalise le client, pas la prostituée. Ce pays a enregistré une baisse de 50% de la prostitution de rue, un recul net de la traite et un recul de 80% des clients. Outre la pénalisation des clients, beaucoup d’autres mesures ont été mises en œuvre :

    Côté Éducation Nationale : une réelle éducation à l’égalité et à la sexualité. La liberté sexuelle ne va pas de soi. Considérer que les corps des femmes peuvent être achetés par des hommes renforce deux idées essentialistes : la libido irrépressible des hommes pour laquelle la société doit prévoir un réservoir de femmes sexuellement disponibles ; et le fait que les corps des femmes, qui auraient une sexualité sociale, généreuse, soumise aux initiatives masculines, doivent être mis à la disposition des pulsions sexuelles masculines.

    Des mesures sociales ambitieuses ont été mises en œuvre vu le lien évident entre prostitution et précarité, via des moyens financiers pour accompagner les principales intéressées.

    Pas de dérive sécuritaire : En Suède, les clients doivent écoper de 6 mois de prison, mais aucune peine de prison n’a été prononcée. L’état s’est à chaque fois contenté d’une amende. C’est l’effet normatif qui est recherché.

    Pourquoi sommes-nous abolitionnistes ?

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      • 1. Pour la dignité

    L’acte qui consiste à vivre des pénétrations et autres pratiques sexuelles sans désir, à subir des relations à répétition, provoque des séquelles physiques et psychologiques très profondes. La violence sexuelle n’a pas le même impact que la violence tout court, sinon on punirait le viol comme n’importe quelle agression physique. Le viol est un crime car nous savons, combien même il serait moins douloureux que des coups, qu’il est psychologiquement beaucoup plus ravageur.

    Beaucoup de prostituées développent le symptôme de décorporalisation. Les rapports sexuels non désirés sont d’une telle violence que ces femmes s’anesthésient psychologiquement. Quand elles sont couvertes de bleus en rentrant chez elles, elles sont incapables de se souvenir de qui les a frappé. Elles ne vont plus chez le médecin quand elles tombent malades etc.

      • 2. Contre la marchandisation

    Notre monde libéral nous le rappelle sans cesse, le client est roi ! C’est lui qui choisit tout : la prostituée, le service, les positions. Dans le cadre de ce métier, la prostituée ne peut que se plier à des pratiques intimes commandées par le client.

    L’argent, c’est le pouvoir, souvent décisionnel. Qui détient l’argent ? Les hommes. Les femmes détiennent 1% des richesses et des capitaux mondiaux (ONU). La prostitution n’est pas un luxe de riches, elle existe dans toutes les sociétés. Dans les pays pauvres, les prostituées sont tout simplement moins chères.

      • 3. Pour l’égalité et l’émancipation :

    La liberté sexuelle, c’est la réciprocité du désir et du plaisir, la liberté de choisir son partenaire et ses pratiques sexuelles. La prostitution est un bastion d’une longue histoire du patriarcat où le désir de l’homme a toujours primé (mariages arrangés, droit de cuissage, viols et viol conjugal). Historiquement, l’idée du plaisir masculin unilatéral est une normalité.

    Nous sommes pour une société où le désir est réciproque, où le plaisir est partagé. La sexualité sous contrainte, par la violence, par nécessité via la marchandisation des corps, ne sera jamais vectrice de ce plaisir et de cette émancipation. Tout n’est pas à vendre, on ne peut pas tout acheter. Il est des usages de la société archaïque patriarcale qu’il va falloir enfin dépasser.

      • 4. Pour un autre projet de société :

    Quel est le projet de société que nous voulons ? Acceptons-nous que la prostitution devienne un métier comme un autre, à savoir que dans les pays qui la légalisent, on voit des campagnes publicitaires affichant des soldes sur les prostituées, ou des menus « un repas, une chambre et une prostituée » ?

    Le projet abolitionniste va, en effet, restreindre une certaine liberté. Les sociétés ont toujours fixé des limites, dans tous les domaines. On l’a fait pour la majorité sexuelle, pour le temps de travail légal, et même pour la liberté d’expression ! Les propos négationnistes ou appelant à la haine raciste sont interdits et punis. L’égalité des citoyens se définit aussi par la restriction d’une totale liberté, comme pour la réduction de temps de travail légal (35h, 10h par jour, travail de nuit, travail le dimanche), la laïcité etc.

    L’idée n’est pas de prétendre qu’une prostituée consentante est forcément aliénée, mais peut-on, au nom du désir de cette minorité de femmes qui vivent bien la prostitution, justifier la mise sur le marché de la sexualité ? Avec tout ce qui va avec : Pression de la concurrence, marketing, logiques économiques, exploitation etc. NON ! Elles n’ont pas à disposer d’une telle norme et trancher des questions aussi fondamentales que : Est-ce que la sexualité s’achète ? Doit-elle obéir aux lois du marché ? Est-ce que c’est le même type de débat que pour la vente d’organes, la GPA, les lancers de nains  etc.?

    De quoi les 343 salauds sont-ils révélateurs ?

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    Ce manifeste appelle le gouvernement à ne pas se mêler du système prostitueur. Il nie l’Etat de droit et préfère s’en remettre à la loi du plus fort, du plus riche, du plus vieux, du plus médiatique, et surtout à celle des hommes.

    Les 343 salauds revendiquent la liberté des clients à avoir un accès marchand aux corps des femmes, à extorquer le consentement des personnes qui n’ont pas les moyens de leur dire non.

    Ce manifeste souffre d’une contradiction majeure : Il met de côté la souffrance de la grande majorité des « forçates » de l’industrie du sexe, tout en condamnant les réseaux proxénètes, qui en sont les pourvoyeurs. Pour maquiller cette contradiction, il se range du côté d’une petite minorité de prostituées qui proclame ouvrir ses jambes à la demande, plusieurs fois par jour, avec plaisir.

    Derrière ce manifeste, se cache un pied de nez face aux récents acquis féministes : Les patriarcaux nous disent : « Les femmes sont aujourd’hui plus libres ; elles peuvent dire non ; ne subissent plus de mariages forcés ; de droits de cuissages ; peuvent refuser telles pratiques ou en réclamer ? Qu’à cela ne tienne ! Puisque c’est comme ça, nous irons aux putes. » La pute, c’est l’épouse d’antan, celle que je paye et qui n’a plus son mot à dire. De même que dans le cadre d’un mariage arrangé, la relation sexuelle se passe sous contrat.

    Françoise Héritier (anthropologue) : « Dire que les femmes ont le droit de se vendre, c’est masquer que les hommes ont le droit de les acheter. »

    Notre mouvement :

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    La loi, >> ses manques <<

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    AGENDA :

    • Depuis le 29 octobre a lieu la commission spéciale qui examine la PPL. Les 70 membres sont en grande partie abolitionnistes. Les amendements peuvent être déposés jusqu’au 15 novembre.

    • Le 19 novembre, la commission se réunira pour voter les amendements.

    • La PPL est inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale. Elle sera examinée le 27 novembre, de 16h à 1h du matin.

    • 23 novembre : manifestation annuelle contre les violences faites aux femmes, cette année spécial Abolition.

    La France est un pays abolitionniste:

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    Nous sommes donc à la veille de l’examen de la PPL n°1437 (des députées Maud Olivier et Catherine Coutelle) renforçant la lutte contre le système prostitutionnel. C’est la 3ème fois en deux ans qu’un consensus entre député-e-s de toutes étiquettes s’accorde sur ce point.

    • Rapport parlementaire Bousquet-Geoffroy de 2011

    • Vote d’une résolution à l’Assemblée Nationale réaffirmant la position abolitionniste de la France (décembre 2011)

    • Rapport adopté à l’unanimité de la délégation aux droits des femmes à l’Assemblée Nationale, pour renforcer la lutte contre la prostitution (17 septembre 2013)

    La Grande cause nationale de 2010 et le Plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes (2011-2013) reconnaissent également la violence inhérente à l’achat de tout acte sexuel.

    La Convention des Nations Unies du 2 décembre 1949 et la résolution du Parlement européen du 6 février 2013 considèrent que la prostitution constitue une violation des droits humains et une atteinte à la dignité de la personne.

    Pourtant, en France, la prostitution est la dernière violence faite aux femmes pour laquelle les victimes sont pénalisées, au titre du délit de racolage, alors que ses auteurs demeurent impunis.

    Ne pas en rester aux vœux pieux :

    images

    Seule une politique très volontariste pourra lutter contre le système prostitueur qui s’attaque aux femmes les plus vulnérables.

    Bilan suédois :

    • Prostitution de rue divisée par deux.

    • Sur internet, il n’y a pas d’énormes difficulté à pister des clients.

    • 70% de la population est aujourd’hui satisfaite de la loi (contre 30% au moment de son vote). Le chiffre est plus élevé chez les jeunes, qui considèrent qu’acheter un acte sexuel n’est pas normal.

    • Les trafiquants ne s’intéressent plus au marché suédois, vu qu’on s’est attaqué à la demande.

    Autres phénomènes :

    • Le client s’empresse de payer l’amende pour éviter de recevoir une convocation au tribunal à son domicile.

    • Les personnes prostituées ont un accès automatique aux associations. On peut informer les étrangères sur leurs droits (notamment les aides, ce dont les proxénètes se gardent de les informer).

    Le contenu de la PPL française est encore modeste, surtout la dernière version. Côté pénalisation, il n’y a de délit qu’en cas de récidive. Dans tous les cas, il n’y a pas de peine de prison. Juste une amende de 1500 euros, 3000 en cas de récidive.

    Dans cette version, il n’y a plus de RSA, mais 330 euros pour les étrangères avec un titre de séjour de 6 mois, qui n’apparaît plus comme renouvelable.

    Ce que la loi propose :

    plume

    La PPL intègre quatre axes forts:

    • Renforcer les moyens de lutte contre le proxénétisme et la traite,

    • Améliorer la protection des victimes de la prostitution et créer un parcours de sortie de la prostitution,

    • Développer des actions d’éducation et d’information pour prévenir le recours à la prostitution,

    • Sanctionner l’achat d’acte sexuel,

    • Timide pénalisation des clients :

    La loi propose donc de pénaliser les clients via une amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe, 1500 euros. Nous sommes pour une amende à hauteur de 3750 euros (montant d’une amende délictuelle) pour des raisons juridiques et symboliques.

    • Raisons juridiques :

    La création d’une contravention de 5ème classe relève du pouvoir réglementaire (Constitution Française, articles 34 et 37) et non du domaine législatif.

    Nous proposons la création d’un délit de recours à la prostitution. Sont des délits les infractions que la loi punit d’une peine d’emprisonnement ou d’une peine d’amende supérieure ou égale à 3 750 euros.

    • Raisons symboliques :

    Le recours à la prostitution est une atteinte grave à la personne humaine. La sanction ne peut se limiter à une peine contraventionnelle.

    Cette mesure pénalise-t-elle aussi les personnes prostituées ?

    Non ! La pénalisation des clients est la mesure pragmatiquement la plus protectrice.

    Plusieurs clients tentent d’obtenir des rapports sans préservatifs, ou des pratiques qui rebutent les personnes prostituées. Lorsqu’ils seront sous le coup de la loi, les personnes prostituées pourront soit accepter l’acte sexuel tarifé dans le respect des conditions qu’elles ont fixé, soit menacer de dénoncer le client.

    • Un stage de sensibilisation des clients.

    La PPL suggère (article 17) que les clients "encourent également l’obligation d’accomplir un stage de sensibilisation aux conditions d’exercice de la prostitution".

    Un sondage TNS Sofres indique que la solution préférée par les Français pour responsabiliser les clients est "un stage d’une semaine pour comprendre les méthodes des proxénètes et le trafic des êtres humains" :

    Nous sommes pour la création d’une infraction pénale ET d’un stage. D’ailleurs, en droit français, la seconde disposition est indissociable de la première.

    Ex : Le stage de sensibilisation à la sécurité routière, aux dangers de l’usage de stupéfiants, de responsabilité parentale etc. ont été créés par le code pénal et personne ne demande spontanément à en bénéficier, sans avoir commis au préalable une infraction pénale.

    • Droits des étrangères (attention, là c’est un peu technique) :

    Sur la question des titres de séjour pour les victimes sans papiers, il faut modifier le Code de l’entrée et du séjour et du droit d’asile (CESEDA).

    La PPL ne modifie pas le premier alinéa qui dit « une carte de séjour temporaire portant la mention "vie privée et familiale" peut (lui) être délivrée ». La décision est soumise au pouvoir discrétionnaire du préfet. Remplacer peut par doit.

    La PPL introduit (après le premier alinéa) : « La carte de séjour est renouvelée pendant toute la durée de la procédure pénale, et sous réserve que les conditions prévues pour sa délivrance continuent d’être satisfaites. »

    1. La PPL prévoit une autorisation provisoire de séjour d’une durée de seulement 6 mois pour les personnes qui ne peuvent déposer plainte et veulent sortir de la prostitution. Et après l’APS, il se passe quoi ?

    2. La PPL dit que la CST est renouvelée “pendant la durée de la procédure pénale”. Et une fois qu’elle est terminée ?

    Nous voulons que cette délivrance soit de plein droit. Nous réclamons que « l’autorité administrative délivre dans les plus brefs délais ». Il faut utiliser la même formulation que pour les femmes victimes de violences bénéficiaires d’une ordonnance de protection (article L316-3 CESEDA) : « le titre de séjour arrivé à expiration de l’étranger qui bénéficie d’une ordonnance de protection (…) est renouvelé »

    Ce qu’on veut, au final :

    feministes

    Protection des personnes prostituées :

    • Suppression de toute forme de répression à leur encontre (racolage),

    • Plan national d’envergure d’alternatives à la prostitution (moyens conséquents),

    • Régularisation immédiate de toutes les personnes victimes de la prostitution,

    • Accès au soin, à des logements et à des formations pour leur insertion professionnelle et sociale,

    • informer dès le plus jeune âge (campagnes de communication) sur les conséquences de la prostitution, éduquer au fait qu’on n’achète pas les corps,

    Fin de l’impunité des clients prostitueurs :

    • Interdiction de l’achat d’acte sexuel dans le code pénal,

    • Renforcement des moyens visant à la prévention et à l’éducation à l’égalité,

    Renforcement des moyens de lutte contre le proxénétisme, et l’accès à une réparation intégrale du préjudice subi par ses victimes.

    • L’arsenal juridique français est bon, mais doit être mieux utilisé, en confisquant systématiquement les biens des proxénètes, en plus des peines de prison.

    • Inclure le proxénétisme dans la liste des crimes les plus graves ouvrant le droit à une indemnisation (art 7 06-3 du Code de procédure pénale).

    • Combattre le proxénétisme par des politiques ambitieuses conduites au niveau européen et international.

    • Mettre en conformité les législations européennes dans un sens abolitionniste.

    Désintox

    TOP 5 des arguments de nos pourfendeurs :

    mauvaise-foi

    • L’ARGUMENT LIBERTAIRE : Les abolitionnistes refusent de prendre en compte le consentement de ceux qui choisissent de se prostituer.

    FAUX : Nos associations accompagnent quotidiennement des personnes qui restent dans la prostitution, voire le revendiquent (surtout quand aucune alternative ne leur est offerte). En revanche, nous estimons que l’addition de quelques consentements individuels ne fait pas un projet de société.

    Certaines personnes consentent librement à travailler pour moins que le SMIC, à se séparer d’un organe, à se prostituer. Dans les deux premiers cas, la loi condamne le patron et non le travailleur, l’acheteur d’organe et non celui qui s’en est séparé. De même, la loi doit condamner le client, et non celle qui marchandise son corps par nécessité.

    Les libéraux et autres libertaires préfèrent la loi de la jungle au contrat social. Sans loi, dans les trois situations citées, ce sont les plus vulnérables qui sont spoliés. Le spectre du consentement va de « adhérer à » jusque « se résigner à ». Le consentement ne vaut pas liberté quand le consentement est vicié.

    • L’ARGUMENT INCRÉDULE : l’abolitionnisme est une utopie !

    FAUX : Abolir ne signifie pas éradiquer.

    Les viols, les meurtres, la pédophilie sont interdits par la loi. Pourtant, ils existent encore et existeront toujours. Mais ils existeront d’autant moins qu’on les combat et qu’on les reconnaît comme étant des violences.

    • L’ARGUMENT LIBERTIN : Vous êtes des puritains, des moralistes et vous n’aimez pas le sexe.

    FAUX : Les abolitionnistes mènent un combat pour la libération sexuelle : une sexualité libérée de l’ordre moral, des archaïsmes patriarcaux et de l’emprise du marché.

    Payer pour obtenir un rapport sexuel revient à l’imposer, à contourner la condition du désir réciproque de la partenaire via une compensation financière. L’achat d’un acte sexuel est la négation même du désir de l’autre, puisqu’il s’agit de le remplacer par cette compensation.

    • L’ARGUMENT ANTI-PROHIBITIONNISTE : Vous voulez interdire la prostitution.

    FAUX : Les abolitionnistes exigent de supprimer le délit de racolage, et toute mesure répressive à l’encontre des personnes prostituées.

    L’abolition n’a rien à voir avec l’interdiction ou la prohibition, qui ne changent rien à la société. Elles ne qualifient pas la violence et ne situent pas la responsabilité des clients, puisque tous les acteurs, clients et prostituées, sont condamnés au même titre.

    La prohibition ne permet ni politique de prévention, ni d’alternatives, puisque les personnes prostituées ne sont pas présentées comme victimes du système, mais comme coresponsables.

    A l’inverse, l’abolitionnisme permet de qualifier la violence du système prostitueur et d’engager des mesures en faveur de ses victimes et contre ses auteurs.

    • L’ARGUMENT INCRÉDULE (BIS) : Le modèle suédois est un échec : la pénalisation du client accroît l’exercice clandestin de la prostitution. La prostitution passera de la rue à internet, aux appartements planqués, aux salons de massage etc.

    FAUX : Aujourd’hui, la prostitution n’a lieu ni dans la rue, ni sur Internet.

    « La rue » et « Internet » ne sont que des modalités d’entrée en contact du client avec la personne prostituée. L’acte prostitutionnel est TOUJOURS caché, et la personne prostituée TOUJOURS vulnérable.

    Au moment où elles montent dans la voiture du client, qu’elles ouvrent la porte de leur appartement ou de la chambre d’hôtel, les personnes prostituées sont seules face au client. Dans ce face à face, si le client risque une amende, il lui sera beaucoup plus difficile d’imposer un acte sexuel sans préservatif ou rebutant.

    Un cadre institutionnel qui reconnaît la violence du système prostitutionnel, qui donne aux prostituées un statut de victimes, leur permet aussi d’exercer clandestinement dans un certain espace de sécurité. En Suède, grâce à ce cadre, les policiers, magistrats et travailleurs sociaux sont formés à les soutenir, à écouter leur parole, à recevoir leurs plaintes.

    A l’inverse, les personnes prostituées « visibles » des bordels hollandais, dont les proxénètes sont des entrepreneurs reconnus, ne peuvent dénoncer un système où elles sont présumées consentantes.

    Les proxénètes ne recherchent pas le crime pour le crime, mais le crime pour l’argent. Quand on pénalise les clients, on attaque la demande, on attaque leurs bénéfices. Les réseaux se détournent de la Suède car l’investissement y est moins rentable.

    Enfin, un Etat qui ne considère pas la prostitution comme une violence ne mettra jamais en place de véritables alternatives à la prostitution et des mesures de protection pour les personnes prostituées. Car il n’y a pas lieu : la prostitution étant un métier comme un autre.

    autocollant

  • Gabriel Matzneff, écrivain distingué, n'en reste pas moins un pédophile et un apôtre de la pédophilie

    http://www.leoscheer.com/blog/images/gabriel%20matzneff.jpg

    Dès lors, il ne mérite pas le prix qu'on lui octroie.

    L'éthique prime sur l'esthétique.

    La liberté individuelle s'arrête là où commence celle des autres - des enfants en l'espèce.

    Porter atteinte aux droits fondamentaux d'autrui, ce n'est pas exprimer sa liberté, c'est manifester son aliénation en aliénant l'autre.

    Les artistes n'ont pas tous les droits par la seule vertu de leur talent (ou de leur absence de talent).

    Ce sont, d'abord, des citoyens, et leur statut d'artiste ne les place pas au-dessus des lois ni des principes moraux fondamentaux.

    Un jury qui décerne des prix à un pédophile cautionne la pédophilie.

    Il faut retirer le prix Renaudot Essai 2013 attribué à Gabriel Matzneff pour Séraphin, c'est la fin !

    http://www.petitions24.net/retirer_le_prix_renaudot_a_gabriel_matzneff_militant_pro_pedophil

    https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/membres-du-jury-du-prix-renaudot-essai-2013-retirez-le-prix-renaudot-essai-2013-attribu%C3%A9-%C3%A0-gabriel-matzneff-pour-s%C3%A9raphin-c-est-la-fin

    A lire : http://www.slate.fr/culture/80167/matzneff :

    De même que nous nous étions émus, à Slate, de voir que Gabriel Matzneff, qui affiche clairement ses rapports sexuels avec des mineurs, parfois des enfants de moins de 10 ans, puisse recevoir le prix Renaudot essai (essai, pas roman), des pétitions se sont élevées pour lui voir retirer ce prix.

    L’écrivain en est mécontent.

    Il l’écrit dans Le Point – dont il est le collaborateur régulier, et dont le directeur, Franz-Olivier Giesbert, fait partie des jurés du prix Renaudot:

    «Juger un livre, un tableau, une sculpture, un film non sur sa beauté, sa force d'expression, mais sur sa moralité ou sa prétendue immoralité est déjà une spectaculaire connerie, nos amis italiens diraient una stronzata megagalattica, mais avoir en outre l'idée malsaine de rédiger ou de signer une pétition s'indignant du bel accueil que des gens de goût font à cette oeuvre, une pétition dont l'unique but est de faire du tort à l'écrivain, au peintre, au sculpteur, au cinéaste, est une pure dégueulasserie.»

    (Pour rappel, cet homme qui emploie les mots «idée malsaine» et «dégueulasserie», c’est le même qui écrit :

    «Les petits garçons de onze ou douze ans que je mets ici dans mon lit sont un piment rare.»)

    Il poursuit:

    «Les délateurs ont toujours existé, et sous l'occupation allemande les lettres de dénonciation s'entassaient sur les bureaux de la Gestapo ou de la Milice.»

    (Matzneff est friand des points Godwin).

    Et encore:

    «Ces misérables sycophantes ne sont pas tous idiots, ils savent aussi bien que moi qu'en art, et notamment en littérature, tout est sujet, qu'il n'y a pas de grands et de petits sujets, de sujets nobles et de sujets ignobles; qu'un écrivain, c'est une sensibilité modelée par une écriture, un univers soutenu par un style. Que l'art n'a rien à voir avec la morale, absolument rien. […] Ces zozos citent des extraits "scandaleux" de mes livres, toujours les mêmes, qu'ils ont sans doute dénichés sur Internet, mais je ne crois pas qu'ils aient mes livres dans leur bibliothèque; je crois qu'ils n'ont pas de bibliothèque, qu'ils n'aiment ni la beauté, ni la liberté, ni l'art. Ce qu'ils aiment, c'est haïr, c'est dénoncer, c'est ameuter les foules anonymes d'Internet contre un homme seul.

    J'ignore quelle tronche peuvent avoir ces brûleurs de livres. Je les imagine assez bien sous le trait du type qui a tiré au fusil sur un photographe de Libération […]»

    D’abord je voudrais rassurer Matzneff : j’ai une bibliothèque.


    Ça c'est celle de ma chambre.

    Ensuite je voudrais qu'il se souvienne de la différence entre délation et dénonciation.

    Outre le fait que dénoncer les juifs pendant la guerre, c'était les promettre aux camps de concentration et à la mort, et que dénoncer le Renaudot remis à Matzneff ne porte à aucune conséquence (on va dire que je pinaille, mais j'ai le sentiment que la distinction n'est pas si mince), il n'y a rien dans la dénonciation des écrits de Matzneff de secret, de caché, de sournois.

    Matzneff revendique ses goûts pour les enfants.

    Les pétitions s'en indignent.

    Les articles sur le sujet sont signés.

    Surtout, je voudrais comprendre cet argument selon lequel «l'art n'a rien à voir avec la morale».

    Qui dit le contraire aujourd’hui ?

    Qui dit qu’une œuvre, pour être belle, devrait être conforme à une idéologie ?

    Personne ne dit : Polanski a été accusé d’abus sexuel sur mineur, donc Le Pianiste est un film horrible.

    Cantat a été condamné pour homicide involontaire, ses chansons sont devenues affreuses.

    Mais ce n’est pas parce qu’un artiste écrit/chante/réalise des œuvres d’importance, que son rôle de citoyen en est diminué.

    Et que respecter la loi n’est pas impératif pour lui.

    On écrit parfaitement bien depuis les prisons françaises.

    Les éditeurs peuvent venir chercher des textes au parloir, rien ne les empêche de les publier.

    Les jurés littéraires ne sont pas obligés de les honorer.

    Céline, l’antisémite primé

    J’aime quand on brandit Céline comme argument :

    Capture.JPG

    Mais le Renaudot qui vient d’être attribué à Matzneff n’a rien à voir.

    Il récompense un livre, un essai, qui contient des passages odieux sur la pédophilie.

    Le Renaudot remis à Céline en 1932 pour Voyage au Bout de la Nuit ne couronnait pas un essai antisémite.

    Mais un roman, qui ne l’était pas.

    Et aucun doute n’existait sur l’idéologie de Céline, qui a été condamné par la justice française.

    Par ailleurs, mais c’est un autre problème, Céline est indispensable à la littérature française.

    Gabriel Matzneff ne l’est pas.

    La pédophilie, une question de point de vue

    Dans sa tribune du Point, Matzneff se plaint d’être cloué au pilori pour ses mœurs.

    Mais Matzneff n’est pas vilipendé pour ses mœurs, ni son «style de vie».

    La pédophilie n’est pas un style de vie.

    Comme nous le rappelions sur Slate : l'abus sexuel sur mineur comprend toute relation sexuelle entre un adulte et un mineur de quinze ans, que ce dernier se dise consentant ou non et que «la contrainte morale peut résulter de la différence d'âge existant entre une victime mineure et l'auteur des faits et de l'autorité de droit ou de fait que celui-ci exerce sur cette victime».

    Matzneff revendique ses actes pédophiles.

    Il ne s’agit pas, pour ses détracteurs, de faire preuve comme il le prétend de «ringardise venimeuse» en le lui reprochant.

    La ringardise est du côté de ceux qui croient que la pédophilie n’est pas si grave.

    Que les enfants restent ces «petits pervers polymorphes» décrits par Freud et qu’à ce titre, il n’y a pas d’âge pour leur mettre un pénis dans le cul.

    Mais si, il y en a un.

    Déterminé par la loi française, et non la morale populaire.

    C.P.