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Intelligence animale - Page 3

  • Nick Brandt : faire le portrait de l'âme des animaux

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    "Ce qui m'intéresse en définitive, ce n'est pas de créer une œuvre purement documentaire ou remplie d'action et de spectacle, comme c'est généralement la règle dans le domaine de la photographie d'animaux.

    Mais de montrer les animaux en train d'être, tout simplement.

    En train d'être avant qu'ils ne soient plus.

    Avant qu'ils cessent d'exister, à l'état sauvage en tout cas."

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    Ces propos sont tenus par Nick Brandt, artiste photographe.

    C'est un photographe animalier reconnu, acclamé par la critique et le public.

    Nick Brandt a fait le choix du noir et blanc.

    Il a laissé les téléobjectifs à la maison.

    Il s'approche ainsi, patiemment, distant de quelques mètres parfois, avec empathie, des sujets qu'il veut photographier.

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    En réalité, ce sont plus que des photos : ce sont des portraits.

    Portraits d'animaux sauvages :  lions, guépards, éléphants, rhinocéros, girafes, gnous... vivant en Afrique de l'Est, au Kenya ou en Tanzanie.

    Nick Brandt aime les animaux.

    Tous les animaux.

    Il ne les mange pas.

    Il est végan.

    Son premier ouvrage, On this earth, a été préfacé par Jane Goodall.

    Un nouvel ouvrage présentant ses oeuvres vient tout juste de sortir : L'Afrique au crépuscule, Editions La Martinière (35 €).

    Son site : http://www.nickbrandt.com/

    http://taomugaia.canalblog.com/archives/2009/10/29/15604904.html

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  • Horreur et inutilité de l'expérimentation animale

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    Bref document d'information sur l'expérimentation animale

    Une recherche humaine et efficace

    Actuellement, entre 115 et 127 millions d’animaux sont utilisés chaque année à travers le monde dans la recherche expérimentale - encore ces chiffres sont-ils à considérer comme des estimations modestes (1, 2).

    Entre-temps, des enquêtes d’opinion indépendantes ont montré que le soutien du public à l’expérimentation animale a décru significativement au cours des 50 dernières années, et que la population accueillerait d’un bon œil le remplacement des animaux dans la recherche (3-5).

    Le fait que l’expérimentation entraîne chez les animaux de graves effets contraires, à la fois physiques et comportementaux, n’est plus sujet à débat (6), et il est de plus en plus reconnu par la communauté scientifique qu’une « recherche sur animaux humaine » est impossible.

    En outre, l’opinion selon laquelle l’expérimentation animale est scientifiquement défectueuse pour des raisons physiologiques, génétiques et procédurales est de plus en plus répandue parmi les scientifiques.

    De nombreuses méthodes de substitution scientifiquement et éthiquement supérieures à l’utilisation des animaux ont déjà été développées, et plus encore sont en cours de développement.

    Par conséquent, le remplacement rapide de l’expérimentation animale par des méthodes non animales et basées sur l’homme représente un impératif éthique et scientifique.

    Faible extrapolation aux maladies humaines et à leur traitement

    En raison des larges disparités anatomiques, physiologiques et génétiques entre les animaux humains et nonhumains, les résultats des expériences sur les animaux sont souvent non pertinentes pour la santé humaine.

    Les maladies spécifiques différant presque toujours parmi les espèces en termes de généralités, de manifestations, d’histoire naturelle et de réponses aux traitements, les chercheurs se voient sans cesse dans l’obligation de créer des maladies dans les animaux « modèles » qui tentent de se rapprocher de certains aspects des maladies humaines, mais qui se transposent mal d’espèce à espèce.

    C’est-à-dire que la même « maladie » - qu’elle soit naturelle ou recréée – se manifeste différemment et de manière typique parmi les animaux communément expérimentés comme les souris, les rats, les chiens et les singes, mais aussi entre espèces relativement proches comme les souris et les rats, et même à l’intérieur des mêmes espèces.

    Il n’est donc guère étonnant que le passage aux humains soit incertain et potentiellement hasardeux.

    Comme l’affirme le Dr Irwin Bross, retiré depuis 24 ans de son poste de directeur du Roswell Park Memorial Institute for Cancer Research, « parmi les employés expérimentés de la santé publique, il est bien connu que vous pouvez ‘prouver’ n’importe quoi à partir des études animales, pour la bonne raison qu’il existe énormément de systèmes de modèle animal et que chaque système donne des résultats différents. » (7)

    L’expérimentation animale pour l’étude des maladies humaines

    De nombreux rapports démontrent le manque de fiabilité de l’expérimentation animale pour la prédiction de résultats humains cliniques et l’aptitude des méthodes non animales à la remplacer (8-14).

    La croyance persistante, de la part de nombreux scientifiques, dans le paradigme de l’expérimentation animale, ainsi que leur résistance au changement ont été attribuées à un « verrou technologique et institutionnel » (schémas rigides) (15).

    Méconnus de la majorité du public, des champs entiers de la découverte médicale n’ont engendré que peu ou pas de bénéfices pour l’homme depuis des décennies d’expérimentation animale.

    Bien qu’au moins 85 vaccins HIV/SIDA aient été testés avec succès au cours d’études sur des primates nonhumains, dès 2008 les 200 essais de vaccins préventifs et thérapeutiques ont démontré leur inefficacité sur l’homme (16).

    De même, les vingt-quatre remèdes anti-diabète qui fonctionnaient sur l’animal se sont révélés inopérants sur l’homme, et le modèle traditionnel de la souris diabétique est désormais discrédité (17).

    La recherche immunologique sur les souris a été entièrement ruinée par la récente découverte que, contrairement aux humains, les souris disposent d’un second thymus (18).

    L’utilisation de modèles animaux pour la recherche sur les blessures traumatiques du cerveau (19) et la recherche régénérative dans les maladies neurologiques (20) n’a pas donné naissance à des traitements efficaces et a été discréditée.

    Un dixième des essais aléatoires et beaucoup d’autres essais cliniques de traitements pour les blessures graves de la moelle épinière testés avec succès sur l’animal ne sont pas arrivés à confirmer d’éventuels bénéfices pour l’homme (21).

    De même, plus de 150 traitements contre les attaques cardiaques expérimentés avec succès dans le cadre d’études animales ont échoué lorsqu’ils ont été testés sur des humains (22).

    La même histoire se répète pour pratiquement toutes les maladies chroniques neurologiques et auto-immunes, notamment et de manière non exhaustive : la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les dystrophies musculaires, l’arthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, le lupus érythémateux et d’autres maladies du tissu conjonctif.

    Des années de recherche sur la vision des chatons tendant à montrer que la cécité congénitale ne pouvait être guérie a récemment été invalidée en ce qui concernait les humains, suggérant que de nombreuses personnes n’ont pu recouvrer la vue à cause de l’inefficacité de l’expérimentation animale (23).

    Les causes du Syndrome de la mort subite du nourrisson (SMSN) sont restées indéterminées en dépit d’années de recherche animale, mais ont fini par être identifiées à partir de l’autopsie du tronc cérébral des enfants victimes de cette maladie (24).

    L’une des erreurs les plus flagrantes et les plus dangereuses engendrées par la recherche sur animaux résida dans l’accueil général favorable réservé à la thérapie de l’hormone de remplacement œstrogène-progestine (THR : thérapie d’hormone de remplacement) pour les femmes post-ménopausées comme mesure préventive des maladies cardiovasculaires, basée sur la recherche utilisant des primates nonhumains.

    La Women’s Health Initiative a rapporté ultérieurement que si la THR réduit les risques d’attaques cardiaques et d’athérosclérose chez les singes, elle les augmente chez les femmes (25).

    Des décennies d’expérimentation animale se sont révélées impuissantes à guérir ou améliorer substantiellement un très haut pourcentage de maladies chroniques, dont le cancer.

    Le directeur de la guerre nationale des Etats-Unis contre le cancer a déclaré en 1997 qu’aucun progrès réel n’avait été accompli après un quart de siècle d’efforts centrés sur le développement de médicaments à partir de l’animal-modèle (26).

    Les modèles traditionnels de souris pour le cancer ont été largement discrédités (27-30), ainsi que le champ entier de la vaccination anticancer (31).

    Les lignées humaines de cellules cancéreuses sont plus précises que les modèles animaux pour mettre au point des médicaments anticancer efficaces ; en fait, le modèle traditionnel de souris allogreffe n’est pas prédictif du tout (30).

    Le U.S. National Cancer Institute (NCI) a développé le « DTP Human Tumor Cell Line Screen » (Ecran de lignées humaines de cellules cancéreuses), un échantillon de 60 lignée humaines de cellules cancéreuses pour remplacer les tests animaux peu fiables pour l’identification de composants à effets anti-tumoraux (32).

    Selon l’ancien Directeur du NCI, le Dr Richard Klausner :

    « Nous avons guéri des souris du cancer pendant des dizaines d’années, mais sur les humains ça ne fonctionnait tout simplement pas. » (33)

    Finalement, le renouveau annoncé de la science médicale via l’utilisation d’animaux génétiquement modifiés (GM), des rongeurs en majorité, n’a pas eu lieu.

    Au contraire, cela a servi à démontrer que les liens supposés entre le gène et les maladies ne sont souvent pas valides (34), que les influences épigénétiques spécifiques aux espèces priment les associations de gènes, et que des gènes identiques fonctionnent souvent différemment chez les souris et les humains (35), sapant la prémisse même sur laquelle la science de l’animal GM est basée.

    En outre, les tentatives embrouillantes d’extrapolation inter-espèces (et même intra-espèces) permettent de conclure que des rats génétiquement identiques peuvent donner des résultats de recherche différents (36), que l’expression génétique des vrais jumeaux humains peut varier et que ces différences augmentent avec l’âge (37).

    Ainsi doit-on s’attendre à ce que l’utilisation des animaux nonhumains à des fins d’étude et de traitement des maladies humaines soit destinée à échouer pour ces raisons et d’autres déterminants génétiques immuables.

    Souffrance animale

    Il est deux sources de souffrance pour les animaux vivant en laboratoire : les procédures expérimentales d’une part, et le confinement dans l’environnement du laboratoire de l’autre.

    De plus, les animaux souffrent d’une séparation maternelle précoce, de l’absence ou du manque de liens sociaux, de l’impossibilité d’exprimer des comportements naturels ainsi que du stress associé au transport et à l’abattage sélectif.

    Dans les laboratoires, les animaux sont soumis à de nombreuses procédures douloureuses et invasives, incluant l’exposition à des substances toxiques et à des produits chimiques, le gavage, les chirurgies invasives, les brûlures, les blessures traumatiques, les injections, les saignées, les biopsies, les contraintes prolongées, les privations d’eau et de nourriture, la sédation par fusil à injection (« takedowns ») et les manipulations psychologiques.

    Quand ils ne sont pas soumis à des procédures expérimentales, les animaux, enfermés dans des cages exiguës et stériles à l’intérieur de pièces sans fenêtres, souffrent fréquemment d’une privation de rapports sociaux.

    Quelques procédures de laboratoire inhumaines auxquelles les animaux sont soumis :

    - La création d’attaques cardiaques, d’arrêts du cœur, de rythmes cardiaques anormaux, de coups de sang et autres traumatismes cardiovasculaires chez les singes, les chiens, les cochons et d’autres animaux.

    - Le largage de poids sur des rongeurs pour produire des blessures de la moelle épinière et des paralysies.

    - La création de brûlures souvent fatales chez les chiens pour étudier des traitements anti-brûlures.

    - L’utilisation de cochons, de chèvres et de singes dans la recherche et la formation sur les traumatismes dans les domaines civil et militaire ; les blessures comprennent les blessures par balle, les traumas contondants et les traumas perforants, les brûlures, les amputations, les procédures de chirurgie d’urgence et l’administration de drogues toxiques.

    - La création d’un état de « résignation acquise » ou « impuissance apprise » (« learned helplessness ») chez les rongeurs, les chiens, les primates et d’autres animaux en les soumettant à des sources inévitables de peur et de frustration tels que : chocs électriques, nage forcée jusqu’à épuisement, suspensions par la queue, jusqu’à ce que les animaux désespèrent et cessent de résister aux irritants.

    - L’implantation d’électrodes dans le cerveau et les yeux des singes et des chats à des fins d’expérimentations neurologiques et de vision.

    - L’implantation d’électrodes dans l’intestin des chiens pour provoquer une cinétose et des vomissements.

    - La création de symptômes migraineux chez les chats et les primates par la stimulation du cerveau et la manipulation de produits chimiques.

    Il est en outre parfaitement évident que les caractéristiques ordinaires de la vie dans l’enceinte d’un laboratoire sont sources de douleur et d’angoisse.

    Par exemple, les procédures de routine telles que la manipulation, la collecte de sang ou le dosage des médicaments font que les animaux éprouvent de manière marquée et prolongée un stress physiologique (6).

    Les cages de laboratoire forment un environnement contre-nature et ne permettent pas de répondre aux besoins psychologiques, sociaux ou comportementaux complexes des animaux.

    Les primates nonhumains sont régulièrement confinés dans des cages exiguës et isolées, ce qui les conduit à se blesser et se mutiler eux-mêmes.

    Une étude d’une colonie de macaques rhésus montre que 89 % d’entre eux ont des comportements anormaux incluant l’autodestruction, l’automutilation et la stéréotypie (conduites répétitives et sans objet qui sont signes d’angoisse) (38).

    D’autres animaux manifestent également des signes de douleur et de détresse résultant des conditions ordinaires de vie du laboratoire : par exemple, 50 % des souris font montre de comportements stéréotypés.

    Méthodes de substitution à l’utilisation des animaux

    De grands progrès ont déjà été accomplis dans le développement de méthodes de recherche n’ayant pas recours à l’animal, parmi lesquelles les modèles computationnels, la bio-informatique, la biologie des systèmes, les techniques in vitro, l’ingénierie des tissus, les microfluides, les méthodes de cellules souches, l’épidémiologie, les études de tissus humains, les méthodes génétiques, les technologies avancées d’imagerie et d’autres approches.

    L’épidémiologie (étude des rapports existant entre les maladies et divers facteurs susceptibles d’exercer une influence sur leur fréquence, leur distribution ou leur évolution) a contribué à de nombreuses avancées dans notre compréhension des risques pour la santé humaine.

    Par exemple, les études épidémiologiques ont conduit à la découverte des dangers de la cigarette, de l’exposition aux toxiques environnementaux et industriels, de la pollution ou d’une mauvaise hygiène publique, ainsi qu’à l’identification des facteurs de risques majeurs des maladies du cœur et des attaques, des cancers, des maladies infectieuses et de beaucoup d’autres maladies humaines.

    La culture in vitro de cellules et de tissus humains ont prouvé leur supériorité au test animal dans une multitude de champs d’investigation, dont le tri des traitements potentiels contre le cancer, le test des médicaments à l’aide de biopuces (40, 41) et la reproduction de peau humaine pour la recherche (42, 43).

    Les banques de tissu humain rendent maintenant ce champ de recherches prolifique et cliniquement pertinent.

    Les méthodes informatiques fournissent des modèles computationnels de maladies et de traitements, collectent et gèrent des millions de données sur la recherche humaine, et effectuent des essais cliniques humains virtuels.

    Les méthodes génétiques non seulement identifient et caractérisent les réseaux vertigineux de facteurs influençant l’expression génétique (l’homologie des gènes et le nombre d’exemplaires, les facteurs épigénétiques, l’interférence RNA), mais encore contribuent au développement des profils à risques de maladies et des traitements basés sur les déterminants génétiques individuels.

    Les technologies d’imagerie comme la tomographie calculée (TC), l’imagerie par résonance magnétique (IRM et IRMf), la magnétoencéphalographie (MEG), l’imagerie du tenseur de diffusion (ITD), la spectrométrie de masse par accélérateur (SMA), l’ultrasonographie et les diverses techniques d’imagerie nucléaire allient les bénéfices du remplacement des études peu fiables sur l’animal et la production de résultats humains spécifiques.

    Les méthodes substitutives à l’utilisation de l’animal dans la recherche sont de plus en plus disponibles, et, plus important encore, elles remplaceront toutes les sortes d’utilisations de l’animal pendant que l'accent de la recherche et son financement se déplaceront du paradigme inopérant de la recherche animale vers le développement et l’implantation de meilleures méthodes de recherche.

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    Références :

    1. Taylor K., Gordon N., Langley G., Higgins W., « Estimation du nombre d’animaux de laboratoire utilisés à travers le monde en 2005 », ATLA, 2008, 36 : 327-42.

    2. Knight A., « 127 millions de vertébrés nonhumains utilisés en 2005 à travers le monde à des intentions scientifiques », ATLA, 2008, 36 : 494-6.

    3. Humane Society of the United States (2001). Le vote montre que les Américains désapprouvent la recherche animale quand celle-ci fait souffrir les animaux. Mis en ligne le 11 juin 2008 à : http://www.hsus.org/press_and_publications/press_releases/poll_shows_americans_disapprove_of_animal_research_when_it_causes_the_animals_to_suffer.html

    4. Plous S., « Enquête d’opinion sur l’expérimentation animale : entre soutien et inquiétude ». Mis en ligne le 11 juin 2008 à : http://altweb.jhsph.edu/meetings/pain/plous.htm.

    5. Sky News (2006). Mis en ligne en mai 2006 à : http://news.sky.com/skynews. Le lien n’est plus valide, mais les données du vote sont toujours disponibles.

    6. Balcombe J.P., Barnard N.D., Sandusky C., « La routine du laboratoire stresse les animaux », Contemporary Topics, 2004, 43, 42-51.

    7. Bross I., « Comment la recherche animale peut vous tuer », The AV Magazine, novembre 1983.

    8. Hackam D.G., Redelmeier D.A., « Transposition de l’évidence des recherches des animaux aux humains », JAMA, 2006, 296 : 1731-2.

    9. Horrobin D.F., « La recherche biomédicale moderne : un univers intérieurement auto-cohérent sans rapport avec la réalité médicale ? », Nat Rev Drug Discov, 2003, 2 : 151-4.

    10. Ioannidis J.P.A., « Evolution et application des conclusions de recherche : quid au-delà des bancs du laboratoire ? », PLoS Clin Trials, 2006, 1 : e 36.

    11. Langley G., Evans T., Holgate S.T., Jones A., « Remplacer l’expérimentation animale : choix, défis et possibilités », BioEssays, 2007, 29 : 918-26.

    12. Perel P., Roberts I., Sena E., et al., « Comparaison des effets du traitement lors des expérimentations animales et des essais cliniques : examen systématique », BMJ, 2006, 334, 197 (doi : 10.1136/bmj. 39048.407928. BE).

    13. Pound P., Ebrahim S., Sandercock P., Bracken M.B., Roberts I., « Quelle évidence que la recherche animale profite à l’homme ? », BMJ, 2004, 328 : 514-7.

    14. Watts G., « Alternatives à l’expérimentation animale », BMJ, 2007, 334 : 182-4.

    15. Frank J., « Verrou technologique, réactions institutionnelles positives et recherche sur les animaux de laboratoire », Structural Change and Economic Dynamics, 2005, 16 : 557-75.

    16. Bailey J., « Evaluation du rôle des chimpanzés dans la recherche d’un vaccin antisida », ATLA, 2008, 36 : 381-428.

    17. Cabrera O., Berman D.M., Kenyon N.S., Ricordi C., Berggren P.-O., Caicedo A., « La cytoarchitecture unique des îlots pancréatiques humains a des implications sur la fonction de la cellule pancréatique », Proc Natl Acad Sci, 2006, 103 : 2334-9.

    18. Terszowski G., Müller S.M., Bleul C.C., et al., « Mise en évidence d’un second thymus fonctionnel chez les souris », Science, 2006, 312 : 284-7.

    19. Beauchamp K., Mutlak H., Smith W.R., Shohami E., Stahel P.F., « Pharmacologie des blessures traumatiques du cerveau : où est le remède miracle ? », Molecular Medicine, 2008, 14 : 731-40.

    20. Regenberg A., Mathews D.J.H., Blass D.M., et al., « Le rôle des modèles animaux dans l’évaluation raisonnable de la sécurité et de l’efficacité des essais humains d’interventions basées sur les cellules dans les problèmes neurologiques », J Cerebral Blood Flow & Metabolism, 2009, 29 : 1-9.

    21. Tator C.H., « Examen des essais de traitement des blessures de la moelle épinière humaine : résultats, difficultés et  recommandations », Neurosurgery, 2006, 59 : 957-87.

    22. Macleod M., « Ce qu’un examen systématique et la méta-analyse peuvent nous apprendre sur les données expérimentales encourageant le développement d’un médicament anti-attaque », Intl J Neuroprotection and Neuroregeneration, 2005, 1 : 201.

    23. Ostrovsky Y., Andalman A., Sinha P., « Recouvrer la vision après une cécité congénitale prolongée », Psychological Science, 2006, 17 : 1009-14.

    24. Paterson D.S., Trachtenberg F.L., Thompson E.G., et al., « Multiples anomalies sérotonergiques du tronc cérébral dans le syndrome de la mort subite du nourrisson », JAMA, 2006, 296 : 2124-32.

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    26. Bailar J.C. III, Gornick H.L., « Le cancer invaincu », N Engl J Med, 1997, 336 : 1569-74.

    27. Garber K., « Des rongeurs réalistes ? La contestation grossit à propos des nouveaux modèles de souris cancéreuses », J Natl Cancer Inst, 2006, 98 : 1176-8.

    28. Editorial, « La fin du commencement ? », Nat Rev Drug Discov, 2006, 5 : 705.

    29. Sausville E.A., Burger A.M., « Contributions des xénogreffes tumorales humaines pour le développement des médicaments anticancer », Cancer Res, 2006, 66 : 3351-4.

    30. Voskoglou-Nomikos T., Pater J.L., Seymour L., « La valeur prédictive des lignées de cellules in vitro, de la xénogreffe humaine et des modèles de cancer préclinique de la souris allogreffe », Clin Cancer Res, 2003, 9 : 4227-39.

    31. Rosenberg S.A., Yang J.C., Restifo N.P., « Immunothérapie du cancer : aller au-delà des vaccins actuels », Nat Med, 2004, 10 : 909-15.

    32. Shoemaker R.H., « Ecran du NCI de 60 lignées humaines de cellules tumorales pour un  médicament anticancer », Nat Rev Cancer, 2006, 6 : 813-23. Voir aussi la page d’accueil du NCI DTP Human Tumor Cell Line Screen sur : http://dtp.nci.nih.gov/branches/btb/ivclsp.html.

    33. Cimons M., Getlin J., Maugh T.H. III, « Médicaments anticancer : il y a loin des souris aux hommes – Remèdes : les médecins mettent un bémol. Les questions se multiplient à propos de la manière dont les médias traitent de telles avancées », Los Angeles Times, 6 mai 1998, page A1.

    34. Morgan T.M., Krumholz H.M., Lifton R.P., Spertus J.A., « Non validation des facteurs de risques génétiques signalés pour le syndrome coronaire aigu dans une étude de confirmation à grande échelle », JAMA, 2007, 297 : 1551-61.

    35. Liao B.-Y., Zhang J., « Les mutations nulles chez les orthologues humains et de souris génèrent souvent des phénotypes différents », Proc Natl Acad Sci, 2008, 105 : 6987-92.

    36. Rohde C.M., Wells D.F., Robosky L.C., et al., « Evaluation métabonomique des rats à microflore altérée de Schaedler », Chem Res Toxicol, 2007, 20 : 1388-92.

    37. Fraga M.F., Ballestar E., Paz M.F., et al., « Des différences épigénétiques apparaissent au cours de la vie des jumeaux monozygotes », Proc Natl Acad Sci, 2005, 102 : 10604-9.

    38. Lutz C., Well A., Novak M., « Comportement stéréotypé et conduite autodestructive des macaques rhésus : enquête, analyse rétrospective de l’environnement et premières expériences », Am J Primatol, 2003, 60 : 1-15.

    39. Mason G.J., Latham N.R., « Répétition et compulsion de répétition : la stéréotypie est-elle un indicateur fiable du bien-être animal ? », Animal Welfare, 2004, 13 : 57-69.

    40. Lee M.-Y., Park C.B., Dordick J.S., Clark D.S., « Une biopuce d'évaluation de la toxicité des enzymes métabolisantes (MetaChip) permettant des analyses de toxicité à échelle microscopique et à haut débit », Proc Natl Acad Sci, 2005, 102 : 983-7.

    41. Lee M.-Y., Kumar R.A., Sukumaran S.M., Hogg M.G., Clark D.S., Dordick J.S., « Un micro-réseau cellulaire tridimensionnel pour des évaluations toxicologiques haut-débit », Proc Natl Acad Sci, 2008, 105 : 59-63.

    42. Merali Z., « La peau humaine pour remplacer les tests sur les animaux », New Scientist (25 juillet 2007). Mis en ligne le 12 juin 2009 sur : http://www.newscientist.com/article/mg19526144.100-human-skin-to-replace-animal-tests.html.

    43. CORROSITEX, EPISKIN, EpiDerm et essais SkinEthic (voir les études de validation à la page : http://ecvam.jrc.it).

    J.J.P. (14 juin 2009)

    Traduction de Méryl Pinque pour International Campaigns

  • 4 octobre : Journée Mondiale des Animaux

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    La Journée mondiale des animaux est le 4 octobre.

    Les défenseurs des animaux du monde entier célèbrent la Journée mondiale des animaux le 4 octobre, jour de la Saint-François-d'Assise.

    Le fondateur de l'ordre des Franciscains et Saint Patron des animaux considérait en effet les animaux comme des créations vivantes de Dieu, les élevant au rang de frère de l'homme.

    Pour Saint-François d'Assise, même un ver de terre répondait à la volonté divine et était digne de protection.

    Ce n'est donc pas un hasard s'il est généralement considéré comme le premier défenseur des animaux.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Journ%C3%A9e_mondiale_des_animaux

    Giotto - Legend of St Francis - Sermon to the Birds.jpg

    Giotto - Legend of St Francis - Sermon to the Birds

  • Florence Burgat : "S’agissant des souffrances endurées par les animaux, il ne tient qu’à nous d’y mettre fin"

    http://www.la-viande.info/images/boeufs/abattoir4_boeufs.jpg

    ... Le 04 octobre est la « journée mondiale des animaux...

    Nous sommes le 04 octobre 2009.

    Parce que c’est le jour de la Saint François d’Assise, le 04 octobre est déclaré « journée mondiale des animaux ».

    Une journée par an.

    Non pas pour nous souvenir de la manière dont l’humanité a, durant des siècles, traité les animaux, et se demander comment cela a pu être possible.

    Mais une journée par an pour parler de ce qu’ils subissent tous les jours, sans répit, partout dans le monde et depuis toujours.

    Quand les choses vont-elles enfin changer ?

    Deux choses ont changé dans l’histoire sombre des animaux.

    La première chose, c’est qu’on n’a jamais autant tué d’animaux qu’aujourd’hui, on n’en a jamais autant exploités.

    Jamais la condition des animaux n’a été aussi dure.

    Ce sont par milliards qu’ils sont enfermés dans les bâtiments d’élevage, abattus à la chaîne, tués par balle, par poison ou par piège à la chasse, pêchés, capturés pour leur fourrure ou leur « exotisme », utilisés dans les laboratoires, dressés et mutilés dans les cirques, abrutis de solitude dans les zoos…

    L’urgence grandit.

    Car nous avons désormais les moyens scientifiques et techniques d’obtenir d’eux toujours plus : plus de viande, plus de lait, plus de connaissances scientifiques, plus de tout…

    Le monde animal est exténué.

    L’homme est en passe d’éradiquer les derniers animaux libres, au profit d’un stock à gérer apte à répondre à tous nos besoins, y compris les plus futiles.

    Le fait est là.

    La seconde chose, c’est qu’un mouvement mondial de protection et de défense des droits des animaux s’est levé, structuré, amplifié.

    Il veille, informe, dépense toute l’énergie possible pour dissiper l’indifférence ou l’inconscience de gens qui, pour la plupart, n’ont aucune idée de ce à quoi ils participent par des achats qui semblent bien anodins : du jambon, un yaourt, une paire de chaussures, un rouge à lèvres.

    Quand les choses vont-elles enfin changer ?

    Souvent, nous déplorons notre impuissance en apprenant que se passent dans le monde des tortures d’humains, des crimes, des enfermements…

    S’agissant des souffrances endurées par les animaux, il ne tient qu’à nous d’y mettre fin : en nous informant et en nous abstenant d’acheter les produits issus de l’exploitation animale.

    Nous avons pratiquement chaque fois le choix.

    L’alternative nous est quasiment toujours offerte.

    Cessons de marcher tête baissée, aveugles et sourds à ce qui – il est vrai – est caché, afin que nul ne voie ni n’entende.

    ===================

    Florence Burgat est directeur de recherche en philosophie à l'Institut national de la recherche agronomique (Paris, France).

    Elle a enseigné durant quatre ans à l'EHESS.

    Elle est actuellement rattachée à l'équipe d'accueil « Philosophies contemporaines » (université de Paris I).

    A travaillé sur la définition de l'animalité dans la philosophie occidentale moderne et contemporaine, et publié sur ce thème, outre de nombreux articles, Animal, mon prochain (Odile Jacob, 1997).

    Elle travaille aussi sur la condition des animaux dans notre société : L'animal dans les pratiques de consommation (Puf, 1995) ; La protection de l'animal (Puf, 1997) ; avec la collaboration de Robert Dantzer, Les animaux d'élevage ont-ils droit au bien-être ? (éditions de l'Inra, 2001) ; L'animal dans nos sociétés (La Documentation française, revue Problèmes politiques et sociaux, janvier 2004).

    Ses recherches portent actuellement sur les approches phénoménologiques de la vie animale : Liberté et inquiétude de la vie animale (Kimé, 2006).

    Elle a dirigé un ouvrage collectif : Penser le comportement animal. Contribution à une critique du réductionnisme, à paraître en Janvier 2010, aux éditions de la Maison des Sciences de l'Homme (Paris).


    Source : Florence Burgat: Les animaux d'élevage ont-ils droit au bien-être ?

    Link : 4 octobre - journée mondiale des animaux - video

    http://www.evana.org/index.php?id=48817&lang=en

  • Gérard Condorcet (CVN) : "Antispécisme et écologie"

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    [L'auteure de ce blog souscrit entièrement, et depuis toujours, aux propos "réunificateurs" ci-dessous.]

    Des penseurs occidentaux, souvent anglo-saxons, élaborèrent ces dernières décennies, d’une part, une éthique animaliste, d’autre part, une philosophie d’écologie fondamentale.

    Ces courants contemporains, en voie d’émergence et de fécondation de la société planétaire se sont durablement ignorés.

    Les premiers, antispécistes, considèrent que tout individu, par-delà sa race et son appartenance d’espèce, dispose du droit absolu à ne pas être maltraité dès lors qu’il possède la capacité discriminante d’éprouver le principe de plaisir déplaisir.

    La reconnaissance et le respect de l’autre tient au fait que nous savons qu’il ressent, à l’instar de nous-mêmes, l’effroi, la souffrance, la jouissance, l’apaisement des tensions internes.

    Nier aux autres animaux le droit à ne pas être maltraité relève d’unpur obscurantisme, tout aussi infondé et criminel que n’importe quel génocide dirigé contre un élément de l’espèce humaine.

    Le « propre de l’homme » » ne réside nullement dans sa supériorité intellectuelle (pas toujours établie et à tous les stades du développement de l’individu », mais uniquement dans sa capacité d’empathie.

    En cela, le darwinisme social, contrairement à ce qui virent les réactionnaires féroces, est éminemment compatible avec le solidarisme généreux : l’adaptation la plus favorable à la survie de l’espèce ne consiste pas à écraser et dominer le plus faible mais, inversement, à être solidaire et empathique.

    D’aucuns antispécistes peuvent alors énoncer, à notre différence sur ce point, que seul l’individu compte et que des espèces, entités abstraites dépourvues de sensibilité, peuvent bien disparaître sans que cela pose un défi éthique.

    Un individu seul souffre, espère, jouit, pas une espèce.

    En conséquence, leur combat intellectuel porte sur la défense de l’animal humain et non-humain en dehors de toute préoccupation de la biosphère.

    Les seconds, écologistes, considèrent, en revanche, la terre comme un vaste organisme dont les droits priment sur ceux de ses composantes cellulaires.

    Il convient, pour eux, de préserver la collection des formes de vies et leurs substrats physiques, (les milieux) sans se préoccuper du sort de tel ou tel individu.

    Pour ce courant de pensée la mort d’un aigle de bonnelli est une catastrophe, celle d’un étourneau, un fait banal.

    La rareté fait le prix de la vie et la Nature est une galerie d’art qu’il faut conserver pour sa valeur esthétique et scientifique, quand ce n’est pas « patrimoniale ».

    Nous ferons la synthèse de ces deux courants de pensées : tout individu est irremplaçable et en lui nous reconnaissons notre semblable et cet individu s’inscrit dans une biocénose utile à sa vie, à son équilibre, à la pérennité dela diversité.

    Nous devons sauver à la fois l’être et les espèces et notre éthique unit l’antispécisme et l’écologie.

    La mort d’un étourneau nous émeut, car il est être sensible, l’absence des ours dans les Pyrénées est un crime imputable aux arriérés.

    La défense des sites naturels s’impose car la Nature vaut par elle-même sans qu’elle ait à payer une « taxe » de vie à
    l’espèce « nuisible » qui prétend tout asservir.

    Notre éthique est celle qui dit « NON » à l’instinct de mort, à l’agressivité pathologique, à la cupidité, fondement politique actuel de la société marchande.
    Pas encore hominisé, l’humain contemporain instrumentalise le vivant, la biosphère et ses semblables, pour faire du profit, au besoin en torturant,, en empoisonnant, en compromettant la santé et le plaisir d’autrui.

    Aboutissement logique et cohérent de la pensée mercantile, certains vont jusqu’à commercialiser des produits hautement toxiques pour s’enrichir et d’autres exploitent la détresse et la crédulité pour vendre du vent.

    Cette société est inacceptable en ses fondements cupides, pour nous, écologistesantispé cistes qui proclamons : « le vivant d’abord » !

    Gérard CONDORCET

    CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE

    http://www.ecologie-radicale.org/actu/new_news.cgi?id_news=1049

  • Livre : "L'Animal est-il une personne ?" d'Yves Christen (Flammarion)

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    Yves Christen L’Animal est-il une personne ?
    Flammarion 2009 / 24 € - 157.2 ffr.537 pages
    ISBN : 978-2-08-122487-2
    FORMAT : 15cm x 24cm

    L'auteur du compte rendu : Alain Romestaing est maître de conférences en Littérature française à l’IUT Paris Descartes. Il est membre de l’équipe de recherche EA 4400 – « Écritures de la modernité » de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, au sein de laquelle il travaille notamment sur les problématiques littéraires du corps, sur l’œuvre de Jean Giono (Jean Giono. Le corps à l’œuvre, Honoré Champion, 2009) et sur l’animalité (équipe du programme transversal de recherches : « Animalittérature »).

    Yves Christen est à la fois un scientifique (biologiste spécialisé dans les domaines de la génétique et des neurosciences) et un vulgarisateur (il a été rédacteur en chef de la revue La Recherche et responsable de la rubrique scientifique du Figaro Magazine).

    Il a en outre introduit en France la sociobiologie (L’Heure de la sociobiologie, Albin Michel, 1979).

    Enfin, il s’est également fait connaître pour son intérêt à la fois scientifique et affectif pour des léopards dans Le Peuple léopard. Tugwaan et les siens (Michalon, 2000).

    Toutes ces caractéristiques nourrissent son dernier ouvrage, L’Animal est-il une personne ?, qui est une somme passionnée et passionnante sur l’état des connaissances scientifiques (éthologie, génétique, neurosciences, primatologie, zoologie…) concernant des qualités découvertes chez les animaux (léopards donc, mais aussi éléphants ou baleines, araignées sauteuses ou labres nettoyeurs, chimpanzés, bonobos, gorilles, chiens, chèvres, corbeaux…) alors même qu’elles ont été ou sont encore désignées comme des «propres» de l’homme.

    L’auteur opère donc une vaste récapitulation des données concernant ce qui est censé faire défaut aux animaux (la deuxième partie énumère ces supposés manques : de raison, de socialité, d’émotion, de langage, de « théorie de l’esprit » c'est-à-dire de l’aptitude de se mettre mentalement à la place d’un autre, de culture...) ou ce que les humains sont censés avoir en plus (la troisième partie s’attaque à l’anthropocentrisme et à l’idée d’une supériorité génétique, cérébrale, ou en matière de liberté, de droits).

    Cette double récapitulation est encadrée par une première partie en guise d’introduction (à moins que celle-ci ne se réduise au très court prologue sur l’ambivalence du mot « personne » entre « autoglorification » et « insignifiance ») et une dernière partie synthétisant les apports des études précédemment décrites pour (continuer de) répondre à la question de l’ouvrage telle qu’elle est modulée par le prologue : « personne ou personne ? »

    La problématique n’est donc pas très rigoureusement définie, au prétexte que l’auteur « confesse un bien piètre goût pour les discussions sans fin sur » le sens précis du mot «personne» !

    Citant le biologiste moléculaire Francis Crick, Yves Christen pense qu’on « ne gagne pas de bataille en débattant à perte de vue sur ce qu’on entend par le mot bataille » (pp.19-20).

    C’est là quasiment une clé méthodologique : de l’action et des faits !

    Si la première partie dit clairement ce que l’auteur entend par « personne animale », elle insiste surtout sur le constat d’une nouvelle attitude à la fois scientifique et populaire par rapport aux animaux, se caractérisant par une plus grande sensibilité, voire par de l’amour (p.17), et sur l’enjeu intellectuel de ce changement : « la relation à ces autres vivants mérite de nouvelles analyses, qui les prennent en compte en tant que sujets » (p.19).

    De même, les enjeux éthiques précis concernant la reconnaissance du statut de personne animale seront régulièrement abordés et développés, notamment à propos de l’expérimentation sur les animaux ou de leurs droits…

    En d’autres termes, le titre de l’ouvrage est une interrogation oratoire plus qu’une question soulevant une problématique : Yves Christen répond par l’affirmative dès le début.

    L’objet du livre est bien davantage de montrer comment « l’approche scientifique et expérimentale », notamment de ces dernières années, « semble ruiner l’absurde vision de l’insignifiance de la bête » (prologue).

    À partir de là, le livre est en effet un impressionnant recensement des observations, expérimentations, découvertes permettant de dépasser la pauvreté de la notion d’instinct quand on parle des comportements animaux, recensement dont se dégagent les positions épistémologiques actuelles, les polémiques, et même certains changements dans les a priori des scientifiques : l’auteur, en historien des sciences, fait malicieusement remarquer que les expérimentateurs toujours soucieux de se démarquer du sens commun découvrent que les animaux nous comprennent, mais avec une réticence telle qu’« on se demande si certains expérimentateurs d’aujourd’hui […] n’auraient pas a priori tendance à favoriser l’hypothèse d’une compétence mathématique plutôt que celle d’une captation de la pensée d’autrui » (p.183) !

    Ce genre de remarque fondée sur une connaissance à la fois intellectuelle et concrète du monde scientifique fait souvent le sel d’un essai au ton très personnel : l’auteur n’hésite pas à nous présenter des personnes, qu’il s’agisse d’évoquer le divorce d’un couple de chercheurs et du changement consécutif de leurs objets de recherche (p.112) ou de plaisanter sur l’apparence d’un collègue (« Sapolsky est un drôle de chercheur. Allure de hippie de la bonne époque, mais rien à voir avec un marginal. Il enseigne à Stanford […] », p.265).

    De même, il racontera son vécu, ses rencontres, sa position par rapport aux animaux (« faire une personne [de la bête] ne revient pas à la considérer comme une personne humaine », p.410) [et pourquoi donc ?] ou par rapport à l’expérimentation animale (on ne peut y renoncer [FAUX, M. Christen !] mais il faut la soumettre à l’inconfort d’une réflexion éthique « en situation complexe », p.411).

    Enfin il expose sa conviction intime, « contre l’avis de la plupart des spécialistes », « que la théorie de l’esprit comme la conscience doivent être largement répandues dans le monde vivant » (p.179).

    Cette dimension personnelle du livre et la conscience de « l’évolution de notre sensibilité et de nos représentations médiatisées de l’animal » auraient pu permettre, cependant, plus de compréhension sur les certitudes anciennes, fussent-elles philosophiques et fondées sur un humanisme ayant « placé l’homme sur un piédestal en vertu de l’ignorance des époques passées » (p.412).

    Descartes en effet, coupable d’avoir réduit l’animal à une machine (et bien qu’il ait contribué à fonder la démarche scientifique moderne au nom de laquelle Yves Christen le condamne), en prend pour son grade, ainsi que nombre de philosophes de la singularité humaine, de Heidegger à Luc Ferry.

    De manière plus générale, il est dommage que les sciences humaines soient négligées, notamment quand il s’agit de se poser la question de la vie sociale des animaux (chap. 5), l’auteur réduisant le débat sur la question à ce qu’il présente comme un dialogue de sourds entre lui et Antoine Spire sur France Culture (p.80).

    On peut s’étonner notamment de l’absence de toute référence au travail de Jean-Marie Schaeffer (La Fin de l’exception humaine, Gallimard, 2007) dont le discours critique concernant la thèse de la singularité de l’être humain prévalant encore dans les sciences humaines émane donc de ces mêmes sciences humaines et rencontre bien des analyses d’Yves Christen !

    Mais ce dernier, répugnant, comme on l’a vu, « aux discussions sans fin », préfère par tempérament et par formation s’appuyer sur des « savoirs certes encore fragmentaires, mais objectifs », reposant sur « des découvertes empiriques menées dans la nature et en laboratoire » (p.412).

    On ne saurait trop lui en vouloir, ces savoirs étant présentés avec clarté, précision et vivacité et mis en perspective aussi bien par rapport à l’histoire des sciences de l’animal que par rapport au futur : de façon assez surprenante (et peut-être un peu contre-productive du point de vue de l’argumentation en faveur de la personne animale), Yves Christen établit un court rapprochement final entre « le mouvement de personnalisation » concernant les animaux et l’autonomisation des robots conçus selon le « modèle des vivants fabriqués par la sélection naturelle » (p.408).

    Il se projette même dans le dernier chapitre en pleine science-fiction.

    L’expérience du Néerlandais Willie Smits qui a mis des Webcams à la disposition des grands singes dont il s’occupe conduit en effet l’auteur à imaginer que « demain tous les orangs du monde […] se trouvent interconnectés et échangent des idées » (p.413).

    Alors, on ne pourra plus douter « qu’il faille les traiter comme des personnes » !

    Mais alors, il ne s’agit plus d’objectivité scientifique : « à force de […] pousser [cette « grosse pierre au sommet d’une colline » que sont le livre de Christen et l’initiative de Willie Smits], à coup sûr elle va dégringoler la pente. Nul ne sait où elle aboutira, mais quelque chose va se passer qu’il ne sera pas possible d’interrompre » (p.414).

    Peut-être n’est-il pas si mal que des philosophes, des sociologues, des écrivains ou des psychologues continuent de penser la singularité de la personne humaine aussi bien que celle de la personne animale…


    Alain Romestaing

    http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=85&srid=428&ida=11211

    A lire également sur parutions.com:

  • Livre : "La Mentaphobie tue les animaux", par David Chauvet

    L'image “http://www.droitsdesanimaux.net/materiel/images/livre_mentaphobie.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.

    Cet essai traite de la stratégie d'exclusion consistant à denier aux animaux toute conscience, à les réduire à l'"instinct", pour justifier les traitements qui leur sont infligés.

    Une telle indigence se présentait de manière diffuse tant qu'elle n'était pas nommée, ce qui est désormais le cas.

    La mentaphobie tue les animaux, essai très documenté, est suivi d'une version révisée et annotée de La volonté des animaux, épuisé dans sa précédente édition.

    En savoir plus...

    http://www.droitsdesanimaux.net/materiel/marchandising.php?materiel=48

  • Les animaux ont une conscience (Sciences et Avenir / Nouvel Obs)

    http://images-3.redbubble.net/img/art/size:large/view:main/824582-2-german-sheperd-dog-eye.jpg

    Les animaux ont une conscience.

    Ils sont sensibles à la souffrance des autres, savent prévoir l'avenir mais aussi mentir.

    Serions-nous inconscients de la conscience des bêtes ?

    "Quel effet cela fait d'être une chauve-souris ? » , demandait en 1974 le philosophe Thomas Nagel.

    Il soutenait alors que nous n'avions absolument aucun moyen de le savoir sauf... à être une chauve-souris.

    Quelques travaux l'ont démenti depuis.

    Neurobiologistes, éthologues et psychologues ont montré que l'investigation scientifique était possible en matière de conscience animale.

    Résultat ?

    Après des années passées à la recherche de la conscience (lire l'encadré p. 54) et de ses substrats neuronaux chez diverses espèces, le neurobiologiste américain Christof Koch est formel :

    « La conscience n'est pas le propre de l'homme. »

    D'ailleurs, le cerveau humain n'a pas de lobe spécifique ou d'élément inconnu des autres êtres vivants, notamment dans la partie préfrontale, réputée le siège régulateur des pulsions, l' « organe de la civilisation » .

    Il n'y a pas, non plus, d'aire de la conscience, cette fonction impliquant plutôt la collaboration de plusieurs zones.

    Au-delà des grands singes et des mammifères supérieurs, Christof Koch pense, avec les éthologues, que les abeilles, les calmars et même les vers de terre sont capables de comportements sophistiqués, « de sorte qu'on ne peut exclure qu'ils possèdent aussi un certain niveau de conscience ».

    Entraînées, les abeilles ne sont-elles pas capables de classer ce qui est grand et ce qui est petit?

    Cela ne signifie pas, bien entendu, que tous les animaux aient la même conscience.

    Mais, à moins d'être atteint de « mentaphobie » - terme forgé par l'éthologue Donald Griffin pour désigner le déni de toute conscience hors l'espèce humaine -, il est difficile de prétendre encore aujourd'hui que l'animal n'est qu'un automate cartésien aux réflexes stéréotypés, génétiquement programmés ou conditionnés par un apprentissage.

    Il lui serait difficile de survivre s'il n'était sensible aux changements de son environnement et capable de fournir des réponses adaptées.

    Savent-ils qu'ils savent ?

    Toutefois, au-delà de cette conscience spontanée, l'animal a-t-il une conscience réflexive ?

    Par exemple, les animaux savent- ils qu'ils savent ?

    Là encore, certaines de nos préventions sont tombées récemment.

    En 2007, des chercheurs de l'université de Géorgie (Etats-Unis) ont démontré que des rats soumis à des tests répondaient lorsqu'ils savaient qu'ils trouveraient la solution, mais s'abstenaient - préférant une consolation certes inférieure à la récompense en cas de succès, mais sûre - lorsqu'ils ne possédaient pas la réponse, par exemple, lors d'un exercice où ils devaient différencier deux longueurs de son différentes.

    « Les rongeurs avaient donc conscience de ce qu'ils savaient et de ce qu'ils ne savaient pas, commente le biologiste Yves Christen, auteur d'une somme éblouissante sur les capacités des animaux. Jusque-là, seuls des macaques rhésus avaient démontré une telle métacognition. Soumis à des tests de mémoire, ils préféraient parfois passer leur tour, comme certains participants à des jeux télévisés. »

    Il semble que les dauphins possèdent aussi cette capacité, même si les travaux menés sur un individu par David Smith, psychologue de l'université de Buffalo, sont incomplets.

    Santino, chimpanzé facétieux

    Mais le savoir sur le savoir équivaut- il à la conscience ?

    Le savoir animal ne concerne-t-il pas que l'instant présent ?

    Pas du tout.

    Il existe des animaux capables de voyager mentalement dans le temps !

    « Certains ne sont pas prisonniers du présent, assure Josep Call, psychologue à l'institut Max-Planck d'anthropologie et d'évolution de Leipzig (Allemagne), ils peuvent tenir compte des événements du passé et se projeter dans l'avenir. »

    Sous sa houlette, des chimpanzés et un orangoutan ont montré qu'ils savaient patienter 70 minutes pour obtenir une soupe de fruit, plutôt que de se contenter immédiatement du fruit nature.

    Bref, ils ont renoncé à un plaisir immédiat pour un plaisir ultérieur plus grand encore.

    Mieux, ils étaient capables de s'organiser à l'avance, choisissant et conservant en main l'outil qui leur permettrait, quelques heures plus tard, de faire fonctionner une machine.

    Santino, le chimpanzé facétieux d'un zoo de Furuvik (Suède), s'est illustré récemment en amassant des pierres en prévision du moment où il pourrait... bombarder des visiteurs.

    Cependant, dans la nature, les grands singes ne préparent pas leurs outils longtemps à l'avance et les abandonnent après usage, peut- être parce qu'ils trouvent une abondance de matériaux sur place.

    En liberté, seul «le corbeau de Nouvelle-Calédonie, qui fabrique crochets et harpons pour larder les chenilles, emporte parfois ses outils et les réutilise», assure l'éthologue australien Gavin Hunt.

    Plus fort : les geais à gorge blanche testés par Nicola Clayton, de l'université de Cambridge (Royaume- Uni), entre 1998 et 2003, semblent avoir une « mémoire épisodique ».

    La chercheuse a donné aux corvidés des chenilles et des cacahuètes que ces champions de la cachette ont promptement enterrées, selon leur habitude.

    Les geais préfèrent les larves tendres, mais celles-ci perdent leur saveur au bout de cinq jours.

    Or, « si on leur permet de récupérer leurs provisions après quatre jours, ils filent déterrer les chenilles ; mais à partir du cinquième jour, ils choisissent les cacahuètes », explique la biologiste.

    Dans leur fonctionnement mnésique, ces oiseaux utilisent donc les trois critères du processus de mémoire épisodique : le « quoi », le « où » et le « quand ».

    Les geais de Nicola Clayton sont également capables de planquer, en prévision, de la nourriture dans la cage où ils savent que l'expérimentateur ne dépose jamais rien à manger, contrairement aux autres cages.

    Il est évident qu'ils se projettent dans l'avenir.

    Josep Call Certains animaux ne sont pas prisonniers du présent.

    Ils peuvent tenir compte des événements du passé et se projeter dans l'avenir.

    Voyeur voleur

    D'autres tests menés sur les geais et des écureuils montrent qu'ils déplacent leurs trésors, voire font consciencieusement semblant de les enterrer - pour les enfouir discrètement plus loin - s'ils se savent observés par un congénère animal ou par un étudiant.

    Fait troublant, seuls les animaux qui ont déjà dérobé, au moins une fois, la nourriture d'autrui agissent ainsi.

    Pensent-ils que le voyeur peut se transformer en voleur, et s'interrogent- ils sur ses intentions ?

    Une telle disposition mentale est un indice susceptible de démontrer l'existence, chez eux, d'une théorie de l'esprit.

    Justement, à quel point les animaux sont-ils aptes à se mettre mentalement à la place d'un autre (congénère ou expérimentateur) et à lui attribuer des intentions, voire des croyances ?

    Les chiens et les chèvres peuvent apprendre à suivre la direction du regard d'un humain et utiliser efficacement les indices qu'il leur donne pour trouver un aliment.

    La domestication peut expliquer cette aptitude, que l'on a également retrouvée chez les dauphins, les phoques à fourrure, les corbeaux et, tout récemment, les choucas en contact avec l'homme.

    Priés de quémander leur nourriture à deux humains, l'un les yeux bandés, l'autre non, des éléphants se sont adressés à celui qui était susceptible de les voir.

    Curieusement, des chimpanzés ont moins bien réussi ce test dit de Povinelli, du nom de Daniel Povinelli, psychologue de l'université de Louisiane.

    Ce dernier dénie toute théorie de l'esprit aux chimpanzés.

    Mais les conditions de ses expériences ont été vertement critiquées : il aurait notamment testé des chimpanzés trop jeunes, les petits humains échouant également à ces exercices.

    Par ailleurs, d'autres grands singes, testés par David Premack - le premier à avoir postulé l'existence d'une théorie de l'esprit chez les chimpanzés en 1978 - ont réussi des tests similaires ou approchants.

    Le primatologue Michael Tomasello, de l'institut Max-Planck de Leipzig, juge de son côté plus pertinent d'observer ce type d'interactions entre singes et non entre singes et humains.

    Il a obtenu un résultat savoureux : les chimpanzés auxquels on donne le choix entre deux sources de nourriture - l'une visible, l'autre invisible par le mâle dominant - préfèrent s'emparer de l'aliment que le chef ne voit pas.

    Pour pouvoir manger en paix ?

    La dissimulation, fréquente chez les singes, a été mise en évidence lors d'expériences.

    Les primates indiquent par exemple de fausses cachettes de bonbons à un expérimentateur s'ils ont appris à leurs dépens que ce dernier les gardait pour lui.

    Koko, la femelle gorille formée au langage des signes (lire également pp. 8-13), a un gros mensonge à son actif.

    Un jour qu'on lui demandait pourquoi elle avait détérioré un évier, elle accusa l'une de ses instructrices :

    « Kate-évier- mal ».

    Redoutait-elle une semonce ? (lire l'encadré ci-contre.)

    Les tromperies de Dandy, un chimpanzé mâle, ont également stimulé la réflexion de l'éthologue Frans de Waal, de l'université Emory (Atlanta).

    L'animal avait trouvé le moyen de s'accoupler malgré la présence du mâle dominant.

    Il copulait avec sa femelle préférée de sorte que le chimpanzé puisse les voir tous deux en partie, sans toutefois visualiser l'accouplement.

    La femelle, quant à elle, se gardait bien d'émettre le cri qu'elle poussait habituellement avec le dominant.

    Mieux, Dandy neutralisait ses rivaux en alertant le dominant pour qu'il les chasse s'ils venaient à serrer d'un peu trop près « sa » femelle.

    Difficile de lui dénier un savoir sur les intentions d'autrui.

    Le miroir aux dauphins

    Au terme de trente ans d'expériences et d'observations, et même si la question divise toujours les spécialistes, on peut accorder aux chimpanzés une théorie de l'esprit au moins partielle.

    Ils semblent comprendre ce que l'autre voit et sait, et quel est le but de ses actions.

    Pour Josep Call, cependant, « rien ne prouve qu'ils attribuent des désirs ou des croyances à autrui ».

    En revanche, certains grands mammifères semblent avoir conscience d'eux-mêmes.

    Après les chimpanzés, d'autres espèces ont réussi le test du miroir imaginé par le psychologue Gordon Gallup à partir des travaux de Jacques Lacan.

    Ce dernier avait découvert qu'à partir de 18 mois, les jeunes humains confrontés à leur reflet dans une glace exploraient la partie de leur corps qui avait été marquée par une tache.

    Dans les années 1990, Ken Marten, de l'université de Californie (Santa Cruz), a testé cette aptitude sur des lions de mer, des dauphins souffleurs, des orques et des pseudo-orques.

    Ces animaux étant dépourvus de mains, il fallait rechercher chaque fois des comportements suggérant un autoexamen à partir de l'image reflétée : mouvements rythmiques de la tête, émission de bulles... et les distinguer de leurs comportements sociaux face à d'autres congénères.

    Ardu.

    Au final, si les orques et les dauphins s'examinent dans la glace, la réponse est moins claire pour les pseudo-orques, et les lions de mer échouent catégoriquement.

    Derniers en date, des éléphants puis des pies ont traversé avec succès l'épreuve du miroir en 2006 et 2008 !

    Toutefois, l'explication selon laquelle la réussite au test de la tache prouve que l'animal se reconnaît « en tant que lui-même » est remise en question, toujours par le sceptique Daniel Povinelli : il interprète cette réussite dans des termes plus économiques en considérant que les animaux ne se reconnaissent pas dans le miroir comme nous, mais qu'ils reconnaissent leurs mouvements, comme d'ailleurs les jeunes enfants.

    Il s'agirait d'une reconnaissance « kinesthésique ».

    Le débat n'est donc pas clos.

    Métacognition, voyage dans le temps, théorie de l'esprit, reconnaissance de soi...

    Toutes ces aptitudes sont incomparables, selon des chercheurs comme Josep Call, qui se refuse à établir une articulation, encore moins une hiérarchie, entre elles.

    Reste que dans ces expériences, les animaux sont mis en demeure de répondre à nos questions, de parler notre
    langage.

    « Il serait plus intéressant d'observer quelles questions ils se posent spontanément, imagine le biologiste Yves Christen. Cela demande évidemment une tout autre approche, des expériences menées dans un esprit de coopération, voire l'apprentissage - même partiel - par les humains de leur langage. Bien sûr, ce n'est pas pour demain. »

    Comme le dit l'éthologue Boris Cyrulnik :

    « Le jour où l'on comprendra qu'une pensée sans langage existe chez les animaux, nous mourrons de honte de les avoir enfermés dans des zoos et de les avoir humiliés par nos rires. »

    ***

    Christof Koch, A la recherche de la conscience, Odile Jacob, 2006.

    Donald Griffin, La Pensée animale, Denoël, 1998.

    Yves Christen, L'animal est-il une personne ? Flammarion, 2009.

    Mark Bekoff, Les Emotions des animaux, Payot, 2009.

    Karine Lou Matignon, Sans les animaux, le monde ne serait pas humain, Albin Michel, 2000.

    RACHEL MULOT

  • "Certains animaux n'oublient rien" (Le Figaro)

    L'image “http://darekk.com/rockies/clark-s-nutcracker.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.

    Casse-noix de Calrk

    Par M. B.-C. - 24/04/2009

    En se fondant sur des travaux récents, ce biologiste montre que les pigeons, les geais ou les écureuils ont une mémoire d'éléphant.

    Le Figaro Magazine -Les animaux ont-ils une mémoire plus performante que celle des humains ?

    Yves Christen - Cessons de prendre les animaux pour des êtres vivants auxquels il manque quelque chose.

    Non seulement ils ont du talent, voire du génie, mais ils nous sont parfois supérieurs.

    Ainsi, un oiseau comme le casse-noix de Clark parvient à retrouver plus de 30 000 graines cachées sur des kilomètres carrés.

    La mémoire exceptionnelle de ces cacheurs compulsifs que sont les geais ou les écureuils dépasse sans aucun doute celle de nos congénères.

    Car les bêtes ne se contentent pas d'être des collecteurs d'aliments. Elles ont une vie mentale très riche.

    Comment les animaux utilisent-ils leur mémoire ?

    Elle est employée pour classer les objets, pour organiser le monde.

    Les pigeons ont, à cet égard, fait l'objet d'extraordinaires études par le Japonais Shigeru Watanabe.

    Ce chercheur a entraîné des animaux de cette espèce à reconnaître les œuvres de Picasso, de Monet ou d'autres peintres.

    Les oiseaux se sont alors avérés parfaitement capables de « désigner » (en picorant sur une image) l'auteur des œuvres qu'on leur présentait.

    Ils parvenaient même à classer ensemble les peintres d'une même catégorie, par exemple les impressionnistes.

    Renoir était situé avec Monet, Braque avec Picasso, etc.

    Ces pigeons critiques d'art utilisent donc leur grande mémoire pour se représenter les objets d'une certaine façon et pour les classer.

    Sont-ils capables de situer les événements dans le temps ?

    Bien sûr.

    On croyait l'homme seul pourvu de cette capacité désignée sous le nom de mémoire épisodique.

    Mais les admirables expériences de la psychologue anglaise Nicola Clayton ont montré que les geais se souviennent du jour de l'enfouissement de leur nourriture en les soumettant à des expériences consistant à leur offrir des larves et des cacahouètes.

    Ils préfèrent les premières mais uniquement quand elles sont fraîches.

    Si on leur permet de les retrouver dans les quatre jours qui suivent leur mise en terre, ce sont elles qu'ils choisissent.

    S'il leur faut attendre plus longtemps, ils préfèrent les graines.

    Conclusion de Nicola Clayton : ils voyagent mentalement dans le temps ; ils se transportent dans le passé.

    D'autres expériences révèlent qu'ils se projettent aussi dans le futur, prévoyant ce qui peut arriver.

    http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2009/04/25/01006-20090425ARTFIG00146--certains-animaux-n-oublient-rien-.php

  • Florence Burgat : "La barbarie invisible envers les animaux"

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    Le 21 mai 2008, des hommes armés et cagoulés issus d’une troupe d’élite de la police autrichienne, investissaient brutalement des bureaux d’associations et des domiciles privés de défenseurs des droits des animaux, saisissant le matériel (ordinateurs, documents, brochures) et arrêtant dix militants.

    Neuf d’entre eux, parmi lesquels des dirigeants de plusieurs associations, ont été maintenus en détention préventive et viennent d'être relâchés le 2 septembre.

    Que leur est-il reproché ?

    Les prévenus ne se sont pas vus imputer des délits commis individuellement ; ils sont accusés d’appartenir à une « organisation criminelle » nommée Front de libération animale (ALF).

    Le dossier constitué par l’accusation comprend la liste des délits attribués à l’ALF sur le territoire autrichien au cours des dernières années, sans qu’aucun élément ne vienne étayer l’implication des prévenus dans ces délits.

    Quels sont ces délits ?

    Il s’agit de sept attaques à la bombe puante, sept bris de vitrines, trois cas de graffitis, deux détériorations de biens (un mirador d’affût et une volière à faisans vide), deux sauvetages d’animaux (cochons et faisans) sans dégâts matériels et une lettre de menace.

    Etant donné le caractère mineur de ces délits, quand bien même des preuves auraient été réunies pour les imputer aux prévenus, il est difficile de comprendre pourquoi on ne les a pas laissés en liberté jusqu’à leur jugement.

    Cet état de fait s’explique par le recours à une loi extraordinaire : l’article 278a du code pénal autrichien.

    Cet article (prévu pour lutter contre le terrorisme, la mafia, le trafic d’êtres humains) permet de prolonger la détention préventive jusqu’à deux ans et de limiter l’accès des prévenus et des avocats au dossier les concernant.

    Signalons parmi les réactions exprimées face à cette affaire, dès le mois de juin, l’inquiétude d’Amnesty International Autriche face à l’utilisation abusive de l’article 278a, et les réserves ou la désapprobation de parlementaires sociaux démocrates et verts autrichiens.

    Si un recours en appel a donc tout récemment abouti à la libération des militants emprisonnés, l’accusation portée contre eux de former une « organisation criminelle » n’a pas été levée.

    Comment expliquer un coup de filet si brutal contre un milieu qu’on se contentait autrefois de marginaliser par le mépris, en le ridiculisant et le caricaturant à l’envi ?

    C’est que depuis une quinzaine d’années, le mouvement de la défense animale s’est structuré et professionnalisé, internationalisé aussi, s’emparant de la question de l’exploitation des animaux (boucherie, chasse, pêche, expérimentation, corrida, cirques et zoos, fourrure) pour en mettre la réalité au grand jour, réfléchir aux fondements théoriques de cette exploitation et en interroger la légitimité.

    Cette réalité révèle que nous sommes assis sur une couche de barbarie invisible, rationalisée, propre, dont ne nous sont livrés que les produits finis — fétichisme somme toute véniel de nantis, rien de plus, rien de grave.

    Ne sommes-nous pas forts d’un humanisme bien pensant qui nous prémunit du pire ?

    Notre tranquillité de consommateur, notre sentiment de ne participer à rien d’indigne pouvaient cependant s’en trouver ébranlés.

    L’élevage et l’abattage industriels, en particulier, étaient montrés, certaines productions, comme le foie gras, décrites dans la factualité de leur processus.

    Il y a, certes, un grand pas à franchir entre la mauvaise conscience naissante et le passage à l’acte de s’abstenir d’acheter désormais tel ou tel produit.

    De là à porter atteinte aux filières industrielles de la viande, la route semblait interminable.

    Pourtant, le mouvement autrichien a atteint le seuil où il nuit sensiblement aux intérêts liés aux productions animales : la moitié des exploitations de poules pondeuses ont fermé à la suite de l’interdiction des cages.

    Parmi les mesures les plus spectaculaires récemment obtenues dans ce pays, citons en 2005 : l’interdiction des spectacles de cirques avec des animaux sauvages (et interdiction de la simple détention de tels animaux par les cirques, même s’ils ne sont pas utilisés dans les représentations), l’interdiction des élevages d’animaux pour leur fourrure, l’interdiction des élevages en batterie de poules pondeuses.

    En 2006, l’interdiction de l’expérimentation sur les grands singes et en 2008, l’interdiction de l’élevage de lapins en cages.

    Avant même l’entrée en vigueur de cette dernière mesure (2012), les associations ont obtenu de grandes chaînes de distribution (Merkur, Adeg, Spar) qu’elles cessent de commercialiser des lapins élevés en batterie.

    À la revendication d’une protection des animaux au cours des utilisations dont ils sont l’objet (méthode d’abattage plus indolore, interdiction des pièges à mâchoires, agrandissement des cages…) afin de leur éviter les « souffrances inutiles » et sans que soit remis en cause de principe de leur utilisation, fit suite une réflexion morale et politique sur les « droits des animaux », ruinant ainsi leur statut de moyens au service des fins de l’homme.

    Cette affaire est préoccupante à bien des égards : des militants n’ayant en rien porté atteinte à des personnes et menant campagne pour défendre des intérêts qui ne sont pas les leurs sont jetés en prison ; c’est la liberté de pensée et d’expression qui se trouve menacée.

    L’immense masse muette des animaux qui sont enfermés, engraissés, gavés, mutilés, « vivisectionnés », piégés, égorgés voit ses avocats privés de parole et de liberté.

    Qui a intérêt à criminaliser la protection animale ?

    Florence Burgat, philosophe, directeur de recherche à l'INRA.

    Dernier ouvrage paru : Liberté et inquiétude de la vie animale, Paris, Kimé, 2006

    http://philosophie.blogs.liberation.fr/noudelmann/2008/09/la-barbarie-inv.html