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Livre - Page 2

  • Jean-Christophe Rufin choisi par Le Robert pour illustrer son entrée "spéciste" : hasard ou volonté ?

    Il est troublant de constater que la citation (antispéciste) choisie par Le Robert pour illustrer son entrée "SPÉCISTE" est tirée du roman Le Parfum d'Adam de Jean-Christophe Rufin, grand ennemi des défenseurs des animaux devant l'éternel (et donc des animaux eux-mêmes), qu'il fait passer dans son livre pour de dangereux terroristes n'ayant qu'une idée en tête : exterminer l'espèce humaine.
     
    De fait, la citation ne représente pas la pensée de Rufin, mais bien celle d'un de ses antihéros, un extrémiste violent prônant le meurtre. La voici in extenso : 
     
    "Chaque jour, les humains se rendent coupables à l’égard des animaux d’actes qui, appliqués aux hommes, s’appelleraient meurtre, torture, esclavage. On tue des bêtes pour les manger, on sacrifie des animaux de laboratoire pour la recherche, on enferme des singes dans des cages leur vie durant pour les montrer aux enfants. Ce sont des crimes spécistes particulièrement odieux. Tuer ceux qui s’en rendent coupables n’est donc pas un crime : c’est un acte légitime."
     
    On constate que la dernière phrase, contrairement à celles qui la précèdent, ne reflète en rien la pensée antispéciste, qu'elle en est au contraire la négation, et qu'elle fait passer les militants de l'égalité animale pour des assassins fanatiques.
     
    J'avais eu l'occasion de faire une critique en règle de ce roman l'année de sa parution dans la revue belge Jibrile : www.revuejibrile.com/JIBRILE/PDF/ACTUELLES/RUFIN.pdf - critique dont avaient parlé plus tard des universitaires américains dans un essai intitulé Ecocritical Approaches to Literature in French (http://www.amazon.com/Ecocritical-Approaches-Literature-French-Practice/dp/1498517315).
     
    Alors que faut-il penser du choix du Robert ? Les rédacteurs ont-ils choisi cet extrait en toute innocence, ou au contraire en toute connaissance de cause ?...
     
    Une manière alors subtile et déloyale de calomnier, disqualifier l'antispécisme, tout en ne pouvant faire autrement que de reconnaître son existence dans les faits et dans la langue.

  • "JE SUIS ABOLITIONNISTE !", par Marc Vincent (Vegan.fr)

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    On rencontre de plus en plus de végan-e-s qui se disent abolitionnistes. Il suffit par exemple d’aller sur Facebook pour voir fleurir des dizaines de groupes de “veggies” qui se revendiquent abolitionnistes.

    Le problème, c’est que parmi toutes ces personnes, très peu le sont vraiment.

    Pourquoi ?

    La réponse est simple : elles n’ont pas la bonne définition de ce qu’est un-e abolitionniste.

    Et le problème de fond, que nous trouvons très inquiétant chez Vegan.fr, pourrait être présenté ainsi : “Pour ces végan-e-s, être abolitionniste se résume à être pour l’abolition de l’exploitation animale”.

    En effet, beaucoup de personnes pensent que le simple fait d’être végan-e et de vouloir la fin de l’exploitation animale suffit à se revendiquer abolitionniste.

    Sauf que c’est faux.

    Pour bien comprendre il faut remettre les choses dans l’ordre, revenir un peu en arrière et retracer l’arrivée de cet adjectif dans le mouvement animaliste.

    Un peu d’histoire et de définitions

    L’adjectif “abolitionniste” dans le contexte animaliste a été inventé à la fin des années 90 par Gary L. Francione. Qui doit maintenant être assez connu des végan-e-s.

    Même si la date précise n’est pas facile à identifier, on voit les prémisses de cet adjectif vers 1996, soit il y a plus de 20 ans ! , lors de la sortie de l’un de ses livres les plus importants : Rain Without Thunder.

    C’est à travers ce livre que le mouvement animaliste a été pour la première fois analysé en profondeur. On constate d’ailleurs qu’il n’a (malheureusement) pas beaucoup évolué depuis.

    On y retrouve/découvre :

    Les welfaristes : qui veulent changer les traitements infligés aux animaux non-humains.

    Les néo-welfaristes : qui, bien que voulant mettre fin à l’exploitation animale, considèrent les réformes de bien-être ou les campagnes ciblées sur une forme d’exploitation comme des moyens d’arriver à leurs fins. C’est derrière ce terme que l’on retrouve la très grande majorité des associations animalistes françaises.

    Et les abolitionnistes : qui veulent mettre fin au statut de propriété des animaux non-humains et à l’utilisation des animaux non-humains par l’homme.

    En ce temps-là, Francione parlait de “rightists” plutôt que d’”abolitionists”, mais ce n’est que quelques années plus tard, en se rendant compte que les droits des animaux ne voulaient plus rien dire qu’il a préféré nommer son approche, l’approche abolitionniste pour bien se démarquer des néo-welfaristes qui utilisaient “droits des animaux” en toute occasion. Les partisans de cette approche étant bien entendu appelés…les abolitionnistes.

    Donc un-e abolitionniste est une personne qui adhère à l’approche abolitionniste. Mais quelle est donc cette approche, quels en sont les prérequis ? Qu’est-ce qu’implique le fait de se dire abolitionniste ?

    L’approche abolitionniste

    Francione définit son approche selon 6 principes :

    Principe 1 : Les abolitionnistes soutiennent que tous les êtres sensibles, humains ou nonhumains, ont un droit : le droit fondamental de ne pas être traités par d’autres comme leur propriété.

    Principe 2 : La reconnaissance de ce seul droit fondamental signifie que nous devons abolir, et non pas seulement réglementer, l’exploitation animale institutionnalisée. Les abolitionnistes ne soutiennent pas les campagnes réformistes ni les campagnes ciblées sur une forme d’exploitation animale.

    Principe 3 : Le véganisme est un impératif moral fondamental. L’éducation créative et non-violente au véganisme doit constituer la base même du mouvement pour les Droits des Animaux.

    Principe 4 : L’Approche Abolitionniste lie le statut moral des animaux uniquement à la sentience et à aucune autre caractéristique cognitive ; tous les êtres sentients ont un droit égal à ne pas être utilisés comme ressources.

    Principe 5 : Tout comme nous rejetons le racisme, le sexisme, la discrimination en fonction de l’âge et l’homophobie, nous rejetons le spécisme. L’espèce à laquelle appartient un être sensible n’est pas une raison permettant de lui refuser la protection offerte par ses droits fondamentaux, pas plus que la race, le sexe, l’âge ou l’orientation sexuelle ne sont des raisons d’exclure d’autres humains de la communauté morale.

    Principe 6 : Nous considérons le principe de la non-violence comme un principe fondamental du mouvement pour les droits des animaux.

    Nous avons insisté sur la dernière phrase du Principe 2, car elle nous paraît être ce qu’il y a de plus important ici. Elle révèle aussi toute cette confusion que l’on peut voir avec l’adjectif abolitionniste.

    C’est écrit très clairement : une personne ne peut pas se dire abolitionniste et en même temps soutenir ou participer à des campagnes welfaristes, mais elle ne peut non plus se dire abolitionniste et en même temps soutenir ou participer à des campagnes ciblées sur une forme d’exploitation en particulier. Et ce, même si cette campagne demande l’abolition d’une forme d’exploitation (corrida, fourrure, expérimentation animale, viande, etc.)

    Il est très important de faire la différence entre une personne qui se dit abolitionniste de la corrida par exemple, et une personne qui se dit abolitionniste. La première se définira ainsi uniquement dans le contexte “corrida”, la seconde dans le contexte animaliste dans sa globalité. Nous trouvons donc plus logique que l’adjectif abolitionniste fasse par défaut référence à ce dernier cas.

    Il est aussi important de bien définir tous ces termes, ceci afin d’éviter d’en arriver à des discours publics erronés comme on a pu le voir récemment :

    caron_jesuisabo

    Sur la même page Twitter :
    caron_admiratif_l214Ou directement sur le site de L214 :
    caron_l214

    Il est, nous l’espérons, clair pour tout le monde que L214 est une association néo-welfariste.

    Donc peut-être qu'Aymeric Caron n’est pas welfariste, mais en soutenant L214, il n’est pas non plus abolitionniste.

    Ce même Aymeric Caron qui dans une interview à la télévision pour son nouveau livre nous fait comprendre qu’il n’y a pas de problème à consommer des sous-produits animaux tant que ces derniers sont bien traités et ne sont pas tués. Tout en profitant pour insister sur les traitements infligés aux poules pondeuses et aux vaches laitières.

    Rien à voir donc avec un discours abolitionniste qui se focaliserait sur l’utilisation des animaux non-humains plutôt que sur leur traitement.

    “L’antispécisme déroute parfois les journalistes”, mais l’abolitionnisme peut lui aussi dérouter les végans.

    En résumé :

    • Être abolitionniste ce n’est pas juste être pour l’abolition de l’exploitation animale, c’est se revendiquer de l’approche abolitionniste, qui a été créée pour se démarquer des stratégies welfaristes et néo-welfaristes.
    • Soutenir ou participer à des actions welfaristes ou à des campagnes ciblées sur une forme d’exploitation en particulier est incompatible avec l’approche abolitionniste.

    Quelques liens :

    En résumé :

    • Être abolitionniste ce n’est pas juste être pour l’abolition de l’exploitation animale, c’est se revendiquer de l’approche abolitionniste, qui a été créée pour se démarquer des stratégies welfaristes et néo-welfaristes.
    • Soutenir ou participer à des actions welfaristes ou à des campagnes ciblées sur une forme d’exploitation en particulier est incompatible avec l’approche abolitionniste.

    Quelques liens :

    Marc pour Vegan.fr

    http://vegan.fr/2016/05/08/je-suis-abolitionniste/

  • Le "lapsus" d'Aymeric Caron

    logo.jpg

    Aymeric Caron est devenu abolitionniste, paraît-il. C'est, du moins, ce qu'il prétend.

    Mais Aymeric Caron est-il végan - puisque, faut-il le rappeler (oui, il le faut, plus que jamais !), l'un ne va pas sans l'autre ?...

    Nul ne le sait vraiment. Le mystère demeure et tous les doutes sont permis.

    Il est arrivé, dernièrement, une chose étrange : une interview a miraculeusement été retouchée par les soins de l'intéressé.

    En effet, l'"abolitionniste" Caron, qui vient de sortir un nouveau livre au nom tonitruant, a fait prestement effacer de l'article (mais pas assez vite pour qu'on ne les retienne pas) ces mots qu'il avait pourtant prononcés :

    "Personnellement, je ne suis pas un 'végétarien philosophique' qui refuse la mort. Je suis prêt à manger un poulet rôti si je sais qu’il a été élevé sans souffrance, a pu profiter de son existence de poulet et a été abattu dans des conditions dignes. Dans l’état actuel de la production agricole, même bio, ces conditions n’étant pas réunies, je m’abstiens."

    Alors, végan abolitionniste, Caron ?

    Que nenni !

    Mais un "veggie" pur jus, un "singerien" bon teint, un "flexitarien", un "omnivore compatissant" à l'occasion, bien plus certainement.

  • "Les enfants d’aujourd’hui ne grimpent plus aux arbres" (Matthieu Ricard)

    "Lors d’une promenade dans la campagne française, un ami me disait : « Autrefois, à la saison des cerises, nous étions tous dans les arbres à nous régaler. Maintenant, les cerises restent sur les branches. Les enfants d’aujourd’hui ne grimpent plus aux arbres. Ils sont généralement devant leurs ordinateurs. »

    Plusieurs études ont montré que les enfants jouent dix fois moins ensemble, dans les lieux publics, la rue notamment, qu’il y a trente ans.(1) Le contact avec la nature se limite souvent à une image de fond d’écran d’ordinateur et les jeux sont de plus en plus solitaires, virtuellement violents, dénués de beauté, d’émerveillement, d’esprit de camaraderie et de satisfactions simples. Entre 1997 et 2003, le pourcentage des enfants de 9 à 12 ans qui passaient du temps dehors à jouer ensemble, à faire des randonnées ou du jardinage a chuté de moitié.(2)

    Dans son livre Le dernier enfant dans la forêt (Last Child in the Woods), Richard Louv, journaliste et écrivain américain, écrit que nous élevons une génération d’enfants qui souffrent de « trouble du déficit de la nature », du fait qu’ils n’ont pratiquement plus aucun contact ni interaction avec un milieu naturel. Louv cite cette remarque d’un jeune élève : « Je préfère jouer à la maison parce que c’est là qu’il y a tous les appareils électriques.»(3) Des recherches suggèrent qu’une intensification du contact expérientiel avec la nature a un impact important sur le développement cognitif de l’enfant.

    Le sociologue Stephen Kellert quant à lui suggère que l’esprit de l’enfant se développe en observant continuellement des phénomènes naturels et en tentant de comprendre comment ils influencent le monde où il grandit. Qu’est-ce que c’est, les ombres ? D’où vient le vent ? : « Peu de domaines de la vie donnent aux jeunes autant d’occasions de pensée critique, d’investigation créatrice, de résolution de problèmes et de développement intellectuel que le monde naturel, » conclut Keller.(4) D’autres travaux sur des enfants atteints de troubles de l’attention ont montré que plus ils participent à des activités extérieures dans des espaces verts, ou même voient de la verdure par la fenêtre, mieux ils arrivent à se concentrer.(5)"

    (1) Rivkin, M. S. (1995). The great outdoors: Restoring children’s right to play outside. ERIC; Karsten, L. (2005). It all used to be better? Different generations on continuity and change in urban children’s daily use of space. Children’s Geographies, 3(3), 275–290.
    (2) D. St. George, « Getting Lost in the Great Outdoors », Washington Post, 19 Juin 2007. Cité par Rifkin, J. (2012). La troisième révolution industrielle. Editions Les liens qui libèrent, p. 352.
    (3) Louv, R. (2008). Last child in the woods: Saving our children from nature-deficit disorder. Algonquin Books, p 10. Cité par Rifkin, J. (2012), op. cit., p. 353.
    (4) Kellert S. R., « The biological basis for human values of nature », in Kellert, S. R., & Wilson, E. O. (1995). The biophilia hypothesis. Island Press.
    (5) Taylor Kuo 2002, Views of nature and Self-discipline

    Matthieu Ricard

    Source : http://www.matthieuricard.org/blog/posts/les-enfants-ne-montent-plus-aux-arbres

  • "Le crypto-véganisme de Michel Onfray" (blog K&M Les Veganautes)

    À la lecture de Bêtes humaines ? Pour une révolution végane, l’on aurait pu croire à une prochaine conversion de Michel Onfray au véganisme.

    En effet, le voir associé au recueil voulu par Méryl Pinque nous a fait espérer le voir rejoindre le pré carré des philosophes vegan, donc l’extensible territoire vegan de prime abord.

    C’est dans son livre Cosmos écrit entre 2013 et 2014 que Michel Onfray s’étend plus avant sur la question de l’éthique animale. Il y consacre un groupe de chapitres assez longs. « La question se pose de manger les animaux, ou non. Quand je pense, je conclus que non ; quand je mange, je fais comme si je n’avais pas pensé, ni rien conclu. » (pp.232-233). Curieux aveu, totalement contradictoire au vu des considérations sur le sujet auxquelles se livre l’auteur, pour qui au final « l’universalisation de la maxime végane débouche sur la suppression de l’homme. »

    C’est en échangeant nos impressions, nos points d’accords ainsi que nos étonnements quant à la question du véganisme au fil du texte de Michel Onfray, que nous avons dialogué puis décidé de tout coucher par écrit avec le parti pris d’être les plus justes possible dans l’analyse et la critique.

    *

    K. : J’ai décidé d’acheter COSMOS, car en l’ouvrant je suis tombée sur un chapitre important portant sur la question animale (L’animal. Un alter ego dissemblable). Ayant lu BÊTES HUMAINES et bien entendu la préface de Michel Onfray, je me suis dit immédiatement qu’il serait très intéressant de lire cet ouvrage-ci aussi pour aller plus loin dans sa réflexion, étant franchement restée sur ma fin avec cette introduction d’Onfray dans BÊTES HUMAINES.

    Dès le début de la lecture de COSMOS, l’évocation des Inuits mangeant de la chair de phoque, et l’éloge de la culture gitane qui fait du hérisson son animal fétiche au sens païen du terme, en en mangeant mais en ayant pour lui un respect profond d’identification, j’ai compris bien vite que le propos sur la question animale n’aurait pas l’issue que je souhaitais.

    M. : Oui, c’est vrai. Quand on a vu Onfray parler de COSMOS dans une émission littéraire, il n’a absolument pas été question de l’animal au sens large. Le rapport à la terre, au savoir du paganisme, à une forme de rusticité du juste étaient clairement affichés comme les valeurs fondamentales avec pour origine chez lui la transmission paternelle, d’une importance capitale, et émouvante.

    Alors quand tu m’as dit un soir de quoi il est également traité dans le dernier livre d’Onfray, j’ai eu très envie de le lire. A la suite de l’étude du livre de Pinque, nous avions fait la remarque qu’on « ne saurait dire si Onfray est devenu vegan, ou si oui à quel degré d’implication. » — ce qui est un oxymore car on est vegan ou on ne l’est pas en réalité —. En effet, et ce fort du caractère indépendant et libertaire qu’on lui connaît — ainsi que de sa farouche volonté d’incarner une droiture éthique sans morale, profondément pacifique, Onfray accordait alors que « [les vegans] éclairent d’une forte clarté de trop grandes zones d’ombre. » C’était, pensions-nous, sous la plume onfrayenne, un grand honneur, parce que lui ne tergiverse pas. Bien entendu, et c’était sans surprise, nous constations que l’auteur du TRAITÉ D’ATHÉOLOGIE nuançait son enthousiasme quant au véganisme, notamment par rapport aux engagements et propos de certains des penseurs du « mouvement ». Lorsque les vegans assimilent fréquemment l’élevage massif aux camps de concentrations, pour lui ça n’est pas la même chose — même si pour des survivants des camps de concentration ça l’est (Isaac Bashevis Singer) —.

    K. : Nous suivons Michel Onfray depuis pas mal d’années (lectures, émissions TV) et nous sommes habitués à sa rigueur. Quand il a mûri une réflexion il sait être inflexible en vertu de son idée d’une éthique sans faux-semblants. J’ai trouvé que dans cette partie du livre il en manquait cruellement, de rigueur, par omission sans doute. Il nous expose l’éternel argument carniste de la vitamine B12. Malheureusement il oublie de dire que dans l’élevage, les animaux sont justement supplémentés en B12 car ils ne peuvent pas la synthétiser à cause de leur régime alimentaire éloigné de ce qu’ils trouveraient dans les prés et pâturages. Sans cela, les humains qui les mangent seraient en effet carencés. C’est une première erreur plutôt édifiante.

    M. : Oui. D’autant que j’ai noté qu’Onfray fait montre encore une fois d’une connaissance approfondie et d’une volonté, comme dirait Jean-Paul Sartre, d’y voir clair en conscience. Après de nombreux commentateurs de la cause animale, il nous rappelle bien, au sujet de Descartes et de Malbranche qu’ils « […] ont rendu possibles le spécisme en général et la légitimation philosophique des mauvais traitements infligés aux animaux en particulier. » (p.251). On voit bien que Michel Onfray fait partie des intellectuels qui se rendent à l’évidence du pur délire horrifique qui a lieu derrière les murs des abattoirs. Des fermes-usines, du non-sens manifeste de « produire » notre nourriture sous la forme d’êtres sensibles, sentients, qui sont à chaque seconde, par millions, malmenés, maltraités, torturés, massacrés, dans un gigantesque procès de mise à mort mécanisée, complexe et sordide, que les lobbies font tout pour éloigner de la vue des consommateurs/citoyens, des fois que voir la réalité crue engendre un écoeurement durable.

    K. : L’horreur, c’est également l’expérimentation animale. Onfray en parle. Curieusement, il a l’attitude courante d’une personne confrontée au milieu médical. De par son expérience personnelle sans aucun doute, et il accepte par conséquent l’utilisation des animaux de laboratoire aux fins de guérison humaine. C’est l’attitude de la plupart de gens. L’humain d’abord, comme s’il ne pouvait pas y avoir d’autre condition que celle-là, d’autres manières de faire. Mais ça n’est pas une raison pour ne pas remettre en cause ce système qui a montré ses failles. Je pense au scandale des médicaments… Il y a des scientifiques d’envergure qui dénoncent cette « méthodologie » et cette « déontologie » (par exemple : Arthur Kornberg, scientifique et prix Nobel qui a été récompensé pour ses modèles de travaux in vitro sans utilisation animale), et que les progrès technologiques — chimico-informatiques — offrent aujourd’hui des alternatives très fiables au modèle classique des expérimentations sur les bêtes. Je doute que Michel Onfray considère que les expérimentions nazis faites sur les hommes durant la seconde guerre mondiale (donc on ne peut plus tristement proche de l’humain….) aient servi la médecine. Il y a eu beaucoup de n’importe quoi au nom de la science dans le plan d’extermination hitlérien des juifs. Rien ne justifiait cela. Alors l’exploitation d’êtres vivants différents ; en quoi est-elle justifiable ?

    M. : Je suis d’accord. D’autant plus que l’écrivain de COSMOS est loin de manquer de cœur. Lui qui justement, et cela se lit au choix des mots qu’il déploie sous le regard de son lectorat, montre — voire : prouve — la réduction négative qu’a subi l’animal dans le cours des époques. « Que s’est-il passé pour que l’animal vivant, doué d’une âme et d’un souffle, devienne une bête et génère par la suite, au XVIIIe siècle, une série de mots connotés négativement : bestial, bêta, bêbête, bêtise, bêtement, bêtifier, bêtisier, abêtir, embêtir, rabêtir, ou qu’on associe le mot à idiot, inepte, crétin, imbécile, inintelligent, obtus, stupide, con, ou que les contraires soient fin, futé, ingénieux, intelligent, spirituel, subtil ? » (pp.261-262). On ne saurait être plus éloquent à moins d’y ajouter le son et l’image…

    K. : En ce qui concerne le retour à l’état sauvage des animaux issus de l’élevage dans un monde vegan, il me paraît difficile d’envisager un sérieux danger pour l’homme. Effectivement, ces animaux ont subi de nombreuses transformations génétiques au fil du temps afin de les rendre plus productifs aux fins humaines. Elles sont donc bien loin physiologiquement de leurs ascendants. La question même de leur survie dans la Nature se pose clairement sans encadrement par l’Homme. Les vaches par exemple ne peuvent pas vêler seules. Les moutons ont tellement d’excès de peau qu’ils développent des maladies et sont empêchés dans leurs mouvements.

     Et quand à savoir si arrivé au bout du modèle il convient de conserver quelques spécimens de ces animaux d’élevage, pourquoi ne pas faire des fermes pédagogiques où les animaux broutent (tondeuses naturelles) et produisent du fumier pour l’agriculture, sans avoir recours à la mortalité de force, et sans rien leur demander en retour de fait. Donc le raccourci « retour à l’état sauvage des animaux d’élevage et domestiques = danger de disparition de l’Homme » est extrêmement simpliste dans la pensée de quelqu’un comme Michel Onfray.

    Je crois pour ma part qu’il faut au contraire se soucier de la disparition sans possible retour en arrière de 50% des espèces sauvages dans la Nature depuis l’après seconde guerre mondiale. Voilà qui pose problème pour la survie de tous les êtres vivants. Le déséquilibre s’est fait si rapidement que l’écosystème n’aura peut-être pas la possibilité ontologique de réagir. Donc c’est un péril potentiel pour l’Homme.

    M. : C’est ça. C’est là la surprise. Et la contradiction. Page 276, Onfray évoque l’exceptionnel curée athée Jean Meslier et le philosophe Jérémy Bentham. Il dit d’eux qu’ils « ne franchissent pas le fossé entre ce constat et la pratique du végétarisme, voire du végétalisme, sinon, position la plus cohérente, du véganisme. Disons qu’en matière de véganisme ils sont croyants mais pas pratiquants. » Puis il ajoute : « Comme moi. »

    Ce qu’il dit, et c’est là que ça manque totalement d’argumentation, c’est que « la culture agit sur la nature, et la métamorphose depuis que l’homme existe » (p.295). Il déclare presque solennellement que le véganisme est le plus juste des engagements, tout en se contentant d’ajouter qu’il aboutirait, s’il était pratiqué par l’humanité toute entière, à la « précarisation des hommes », leur disparition.

    Force est de constater que, tout comme il ne lâche rien quand il a décidé de s’attaquer à la médiocrité des philosophes et consorts, qui n’ont pas toujours joint le texte et le contexte (l’acte à la parole), que ça soit dans ses ouvrages et dans ses cours à l’Université Populaire de Caen, Michel Onfray prend bien soin d’esquiver le retour de flamme et s’appliquant tel un onguent préventif, un principe de précaution qui consiste à avouer ce qu’il appelle sa « contradiction ». Nous l’évoquions en préambule à notre discussion.

    Ainsi est-il capable de formuler consécutivement et sans craindre d’avoir l’air bipolaire et de proférer des contresens : « Et qui peut vouloir abolir la vie d’un vivant ? Au nom de quelle prétendue bonne raison ? » et « Coûteuse pureté des hommes qui s’avérerait ruineuse pour les animaux ! » (pp.302 et 303). Pour ma part, je trouverais plus logique de préférer que des êtres n’existassent point plutôt qu’ils souffrissent mille morts et atrocités pour nos petits plaisirs anthropocentriques.

    K. : J’ai été très intéressée par un long paragraphe sur l’agriculture biodynamique de Rudolph Steiner. Je suis complètement d’accord avec Onfray sur la dénonciation de ce mode de culture non fondée sur l’expérience de la terre mais sur des préceptes ésotériques d’un seul homme qui n’a jamais été paysan. Mais je ne comprends pas pourquoi la pensée magique née d’un allemand au début du XXe siècle pose problème, alors que l’auteur ne porte pas de jugement accusateur sur celle de peuples asiatiques ou africains convoquée par l’ingestion d’aliments animaux (le symbolisme des forces animales soi-disant transmissibles par leurs parties comestibles). Je pense alors au drame perpétuel vécu par ses oursonnes en chine qu’on immobilise pendant des années afin de prélever leur bile. N’est-ce pas aussi inepte voire plus, que des cornes de vaches remplies de fumier pour purifier la terre et garantir la récolte ?

    M. : Il n’y a pas loin de penser que l’acceptation des contradictions que tu soulignes servent implicitement (pour ne pas dire inconsciemment) d’alibi à Michel Onfray pour être lui-même contradictoire.

    K. : Michel Onfray revient souvent sur l’exemple de l’incendie qui questionne si l’on doit sauver son chat plutôt que son frère, voisin, etc. dans cette situation où on aurait un choix égal mais un seul. Pour lui il s’agit d’un leitmotiv dont il se moque. Dans tous les ouvrages des penseurs de la cause animale que j’ai attentivement lus, l’exemple est traité avec plus de subtilité et ne dit jamais de façon catégorique qu’il faut sauver l’animal avant tout, chose que laisse entendre Onfray dans son analyse. Ceci dit, je comprends qu’on puisse vouloir préférer sauver son animal de compagnie au lieu d’un tiers humain, famille ou autre. Car encore eut-il toujours fallu que ce tiers fût bon avec nous. C’est mon avis. Considération dans laquelle les livres sur la cause animale ne vont pas aussi loin, car ils veillent toujours à prendre en compte l’intérêt du vivant quel qu’il soit en écartant la notion de sentiment pur.

    M. : Tout cela donne à réfléchir. D’un autre côté, Michel Onfray conclut son livre avec quelques sentences de cette éthique sans morale qu’il affectionne et préconise, à juste titre. C’est beau quand il écrit : « […] Traiter les animaux en alter ego dissemblables ; Refuser d’être un animal prédateur ; Exclure d’infliger une souffrance à un être vivant ; […] » (p.515) …

    K. : COSMOS est un livre passionnant. J’y ai appris beaucoup. En tant que vegan, je considère les peuples aux cultures ancestrales de respect de la Nature et du vivant (pour quelques rares existants encore) hors propos. Je ne demanderai jamais à un indien d’Amazonie ou à un Inuit de devenir ce que je suis. Néanmoins, il s’agit de prendre en compte le devenir du monde et l’expansion mondiale du modèle capitaliste et de se positionner par rapport à lui. Michel Onfray est catégorique quant à la tauromachie : il est contre. C’est un avis net et tranché. Dommage qu’il n’en soit pas de même sur l’exploitation animale de nos sociétés occidentalisées. C’est un auteur énormément lu. Son dernier opus ne déroge pas à la règle. Et je suis fâchée car ses lecteurs vont être confortés dans leur consommation de viande animale et autres dérivés. Ils se réaliseront croyants mais non pratiquants. Je suis athée et libertaire, ce qui signifie que je ne souscris pas non plus au dogme de l’agro-alimentaire qui broie les hommes comme il broie les poussins.

    M.: De l’abêtissement donc… J’adresse donc mes vœux les plus pieux de bon rétablissement à Monsieur Onfray qui, même s’il l’avoue de lui-même, souffre — un peu — de la peur d’être à la marge, sur ce point tout du moins.

    « Je mange de la viande, mais je vis dans l’univers symbolique du végétarien. Ma contradiction » (p.305). C’est un aveu d’impuissance, ce qui est plus embêtant qu’une simple contradiction. Joindre le geste à la parole, voilà qui satisfait à l’éthique sans morale, à sa droiture.

    *

    En toute fin, arguons que Michel Onfray est presque en adéquation avec sa pensée, et qu’il suffit de peu pour qu’il devienne un parfait épicurien.

    En attendant, son adhérence — refoulée — au véganisme tandis qu’il adhère publiquement à une autre « foi », fait de lui ce qu’on pourra nommer de crypto-vegan.

    K&M

    https://kmlesveganautes.wordpress.com/2015/04/11/le-crypto-veganisme-de-michel-onfray/?blogsub=confirming#subscribe-blog

  • Parution le 11 mars 2015 de "Bêtes humaines ? Pour une révolution végane" (éditions Autrement)

    https://scontent-fra.xx.fbcdn.net/hphotos-xfp1/v/t1.0-9/1422513_1020910377937647_5578655865541559465_n.jpg?oh=75a64903e5a99d878355fc1b3318a023&oe=55B19440Parution le 11 mars 2015 aux éditions Autrement de Bêtes humaines ? Pour une révolution végane, tout premier essai entièrement consacré au véganisme abolitionniste publié par une maison d'édition française.

    Présentation :

    Plus cohérents et radicaux que les végétariens et autres défenseurs du bien-être animal, les végans abolitionnistes prônent une véritable révolution visant à mettre fin à l’exploitation des animaux nonhumains et à considérer ceux-ci comme nos égaux en vertu de leur conscience et de leur sensibilité.

    S’inspirant du courant immédiatiste en vigueur dans les États-Unis du XIXe siècle qui exigeait l’abolition immédiate de la traite des Noirs et la reconnaissance de leur égalité civile et politique, ils rejettent les principes du gradualisme (politique des « petits pas »). Hostiles aux discours bien-pensants et aux campagnes visant à améliorer le quotidien des personnes animales victimes de l’esclavage, les auteurs de cet ouvrage crient haut et fort leur refus de l’animal-objet et de son exploitation par les humains. Ils soulignent que le problème réside non pas dans la manière d’utiliser les animaux, mais dans le fait de les utiliser.

    Élevage, production de viande, de lait, de fourrure, de laine, de cuir, de miel, de soie, etc., « spectacles » aquatiques, chasse, pêche, corridas, zoos, déportation, emprisonnement, vivisection, manipulation génétique, domestication, confiscation, destruction et pollution des territoires… : autant de crimes spécistes auxquels nous collaborons collectivement et devant lesquels nous fermons les yeux depuis toujours.

    N’ayant pas besoin de produits d’origine animale pour vivre, nous réduisons en esclavage et massacrons les animaux par simple futilité. L’unique raison qui fait que nous exploitons et tuons plusieurs centaines de milliards d’animaux terrestres et marins chaque année est que nous en aimons le goût.

    Ce manifeste bouleverse nos valeurs et pointe du doigt la bonne conscience derrière laquelle se retranchent les adeptes du bio et d’une consommation soi-disant éthique de l’autre animal. Sans détours ni concessions, les auteurs affirment qu’il n’existe pas d’exploitation « humaine » d’autrui, pas plus qu’il n’existe de torture ou de meurtre « humain ».

    Ils dénoncent l’anthropolâtrie millénaire et battent en brèche notre prétendue supériorité morale infirmée par la manière dont nous traitons les autres créatures qui partagent avec nous la Terre — créatures que nous avons asservies, réduites à l’état de moyens au service de nos propres fins. Pour réveiller les consciences, ils n’hésitent pas à qualifier notre comportement de génocidaire, citant la fameuse phrase d’Isaac B. Singer, lauréat du Nobel de littérature : « Quand il s’agit d’animaux, tous les hommes se comportent comme des nazis. »

    Écrivains, philosophes, juristes et avocats s’accordent ici pour redonner une voix à ces victimes silencieuses qui, comme nous, ont droit à la vie et au respect.  

    Cet ouvrage constitue une tribune pour les hommes et les femmes œuvrant intellectuellement, pratiquement, pacifiquement pour la cause animale.

    Œuvrer pour les animaux, cela signifie mettre fin à leur exploitation, et non la réglementer ; cela signifie procéder à leur émancipation, et non pas aménager leur esclavage. Cela signifie travailler à un monde plus juste qui engloberait dans la communauté des égaux l’ensemble des êtres doués de sentience, en vertu de cette sentience même. De tels objectifs ne peuvent être atteints qu’à travers l’adoption d’un mode de vie végan, application pratique de la théorie abolitionniste et principe moral fondamental. Il se veut encore un outil puissant pour amener d’autres personnes à réfléchir sur la libération animale et ses implications.

    Enfin, il espère contribuer humblement à conjurer le cercle de violence que nous avons initié et dont nous sommes tragiquement prisonniers.

    Bêtes humaines ? Pour une révolution végane (dir. Méryl Pinque) est paru aux éditions Autrement le 11 mars 2015 dans la collection « Universités populaires & Cie ».*

    Avec, par ordre alphabétique, les contributions de : Gary L. Francione, Valéry Giroux, Patrick Llored, Méryl Pinque et Gary Steiner.

    Quatrième de couverture éditeur :

    Mettre fin à la domination de l'homme sur l'animal : tel est l'objectif du mouvement végan. À l'heure où les consciences s'éveillent face à la cruauté des pratiques observées dans les élevages et les abattoirs et où le nombre de végétariens ne cesse de croître, la philosophie végane, la plus radicale d'entre toutes, semble se faire une place dans nos sociétés contemporaines.

    Opposés à la consommation d'animaux et de tout produit issu de leur exploitation (lait, oeufs, miel mais aussi cuir, soie, fourrure ou laine), à leur emploi dans la recherche scientifique, aux zoos, aux corridas ainsi qu'à toute forme de domestication, les défenseurs de la cause végane bouleversent et dérangent nos habitudes. Un débat nécessaire et passionnant qui ne laissera personne indifférent.

    Méryl Pinque, qui dirige cet ouvrage, est écrivaine et fut porte-parole de 2008 à 2014 de l'association Vegan.fr pour la promotion du véganisme abolitionniste. Elle a collaboré à plusieurs revues littéraires et universitaires.

    Avec les contributions des grands spécialistes internationaux de la cause animale : Gary L. Francione (professeur de droit et de philosophie), Valéry Giroux (juriste et philosophe), Patrick Llored (philosophe) et Gary Steiner (philosophe).

    ***

    Explications sur le titre regrettable "Bêtes humaines" imposé par le directeur de collection : https://www.facebook.com/mouvementvegan/posts/919273654749401


    "Bêtes humaines est un titre spéciste et anthropomorphique.

    "Bêtes" est déjà un terme péjoratif ou rendu tel par l'usage.

    Le fait de lui accoler l'épithète "humaines" achève de le rendre tout à fait injurieux pour les animaux, comme si ceux-ci ne devaient mériter des droits qu'en étant comparés ou rapprochés des humains.

    Imagine-t-on une féministe écrire un livre intitulé : "Femmes masculines", ou un antiraciste un essai titré "Nègres blancs" ?...

    Il eût été juste que nous ayons pu dès le début de l'ouvrage nous dédouaner de la responsabilité d'un titre qui nous fut imposé, qui trahit les victimes, la philosophie du livre et nos convictions les plus essentielles.

    Il a donc fallu que je rajoute à la dernière minute, le titre final nous ayant été soumis très tardivement, un paragraphe au début de mon introduction, destiné à déconstruire ce titre spécieux et sémantiquement douteux.

    Fort heureusement, nous avons obtenu le droit de faire ajouter un point d'interrogation à la fin (point d'interrogation destiné à remettre en cause sa pertinence) ainsi que le sous-titre : Pour une révolution végane."

  • Un pavé dans le silence : "Introduction aux droits des animaux" de Gary L. Francione (Âge d'Homme, janvier 2015)

    Un classique de la littérature sur les droits des animaux vient de paraître à l'Âge d'Homme, et aucun - je dis bien AUCUN - critique ou journaliste n'en a parlé dans les médias.

    Est-ce la preuve de l'impéritie de la profession critique et journalistique ?

    Certainement.

    Il est absolument honteux de constater que les piètres livres de "célébrités" médiatiques telles que Franz-Olivier Giebert soient plébiscités et longuement présentés dans les colonnes des journaux et au cours d'innombrables émissions de télévision et de radio, et que le classique de Gary L. Francione, l'un des théoriciens des droits des animaux les plus mondialement connus et respectés, inventeur de la théorie végane abolitionniste (la seule en vérité qui garantisse aux animaux leurs droits fondamentaux et la fin de leur exploitation), paraisse dans le silence le plus total.

    Trop révolutionnaire pour être cité ?

    Ou tout simplement écrit par quelqu'un qui n'est pas connu d'un landerneau médiatique ignare et paresseux ?...

    Gary L. Francione, Introduction aux droits des animaux

    Parution : Âge d'Homme, Collection V, janvier 2015.

    390 p.

    http://www.lagedhomme.com/boutique/fiche_produit.cfm?ref=978-2-8251-4470-1&type=47&code_lg=lg_fr&num=0

  • Les auteurs végétaliens privés de repas au Salon du Livre d'IDF (7/8 février 2015)

    nexus-IV-vegephobie1.jpg

    Les auteurs végétaliens (moi seule en l'occurrence) sont privés de repas au Salon du Livre d'IDF : pas de plateaux prévus pour eux alors que tous les auteurs ont droit gratuitement aux leurs matin et midi, samedi et dimanche.

    Cela m'a été signifié assez vertement par l'organisateur qui parle de "récrimination" de ma part.

    Je lui ai répondu que j'allais donc devoir jeûner deux jours durant (ce que je vais d'ailleurs faire, par principe et en manière de protestation).

    http://www.salondulivreidf.fr/

    J'ai déjà expérimenté la même chose au Salon du Mans, où j'avais quand même pu obtenir à grand-peine quelques légumes bouillis.

    Quant au Salon Radio France à Paris, j'avais trouvé par le plus grand des hasards quelques fruits à me mettre sous la dent...

  • "Manifeste pour les animaux", de Franz-Olivier Giesbert : un comble d'abjection

    http://www.autrement.com/sites/default/files/couvertures/manifeste-pour-les-animaux_9782746736115.jpg

    Les imposteurs, les pitres, les clowns, les opportunistes et les menteurs ont toujours dominé le monde politico-médiatique.

    C'est grave, mais ça l'est plus encore quand des questions éthiques fondamentales sont en jeu.

    Nous le constatons aujourd'hui avec la question des "droits des animaux" (expression qui ne signifie plus rien à force d'être galvaudée), devenue depuis quelque temps à la mode en France, qui tente maladroitement de combler son retard calamiteux en ce domaine.

    En effet, il ne se passe pratiquement plus un jour sans qu'on tombe sur un article ou une émission qui ne traite du sujet.

    Faut-il s'en réjouir pour les animaux ? Rien n'est moins sûr.

    En effet, que valent les discours vides des opportunistes qui, parce que la question est, justement, à la mode, prennent le train en marche et pondent livre sur livre sans que rien de bon, rien de vrai, rien de cohérent n'en sorte jamais ?...

    Dernière publication en date : le Manifeste pour les animaux dirigé par Franz-Olivier Giesbert, paru aux éditions Autrement. Une perle d'abjection.

    Un beau titre engagé aussi peu en accord avec le contenu réel du livre que ne l'est celui de l'autre ouvrage de M. Giesbert consacré au même sujet, paru chez Fayard de manière simultanée : L'Animal est une personne.

    Monsieur Giesbert, lorsqu'on écrit que l'animal est une personne, la moindre des choses est de traiter l'animal en personne, ce qui suppose d'abord de ne pas le consommer, comme vous le faites, à certaines sauces.

    Que retirera le grand public de vos sombres incohérences, sinon un flou grandiose et dommageable à la cause que de fait vous ne défendez pas ?...

    La liste des intervenants du Manifeste laisse rêveur, à commencer par son auteur : M. Giesbert se prétend végétarien militant quand il n'est donc ni l'un, ni l'autre, goûtant par exemple la chair des poulets pour vérifier s'ils sont "fermiers".

    La suite est à l'avenant :

    Michel Onfray, grand amateur de produits d'origine animale devant l'éternel, et grand essentialiste pour qui la suprématie humaine ne fait aucun doute. Ses prises de position contre la chasse et la corrida sont classiques et consensuelles.

    Boris Cyrulnik, homme de convictions tièdes, qui ose parler de droits des animaux alors qu'il continue de les consommer sous toutes les formes.

    Elisabeth de Fontenay qui, au moyen d'acrobaties philosophiques pitoyables, s'efforce vainement de justifier son manque de courage pour devenir végane. Depuis des années on la voit aligner pieusement les absurdités dans de gros livres savants, comme cette perle parfaitement ridicule éructée lors d'une interview : "Si j’étais végétarienne, je me retrancherais de la communauté des êtres humains". (Source : http://www.elle.fr/Societe/Les-enquetes/Elisabeth-de-Fontenay-Pour-etre-humain-il-faut-aimer-les-hommes-et-les-animaux-2258824)

    Jean-Didier Vincent, biologiste, dont je ne sache pas qu'il soit allé loin dans la cohérence.

    Isabelle Sorente, écrivaine, dont le discours timide et nuancé ne remporte pas l'adhésion, par exemple ici : http://www.vegeshopper.com/2013/10/la-romanciere-isabelle-sorente.html

    Frédéric Edelstein, dompteur chez Pinder et fier de l'être.

    Hugo Desnoyer, boucher et fier de l'être.

    Anne-Marie Philipe, dont je ne saurais que dire étant donné que je ne la connais pas. Ce qui est certain, c'est que le monde militant ne la connaît pas non plus, ce qui augure mal de la suite.

    Le fait que M. Giesbert n'hésite pas à convier, dans son livre, la parole des bourreaux Edelstein et Desnoyer (qui toucheront, en plus, leur pourcentage), est en soi hautement révélateur.
     
    Car l'on ne donne pas la parole aux bourreaux si l'on prétend respecter leurs victimes.
     
    Voit-on des rescapés d'un massacre humain inviter des bourreaux à disserter dans un livre afin d'y exprimer leur "point de vue" ?
     
    Bien sûr que non.
     
    Et moins encore deviser avec eux "joyeusement", comme il est dit dans la présentation de l'ouvrage sur le site de l'éditeur : http://www.autrement.com/ouvrage/manifeste-pour-les-animaux-franz-olivier-giesbert
     
    La mode est dangereuse en ce qu'elle met sur le devant de la scène des imposteurs au discours parfaitement creux et contre-productif - le propre des imposteurs étant de n'avoir pas de convictions réelles, ce qui se vérifie en les lisant : leurs discours ne résistent pas à l'analyse, fût-elle même superficielle. Ils ne trompent personne, sauf les candides, qui sont légion.

    Personne ne doit s'étonner de la présence du boucher Desnoyer et du dompteur Edelstein dans ce livre pathétique : au contraire, cette présence est parfaitement logique.

    Voilà ce que le plus connu des moteurs de recherche fait apparaître lorsqu'on tape "Hugo Desnoyer" :

    "Hugo Desnoyer
    hugodesnoyer.fr/
    d'Hugo Desnoyer. Respect des bêtes, respect des éleveurs, respect de l'environnement, respect de l'antique métier de boucher. "

    Tout un programme décidément.

    Conclusion : absolument rien de bon ne peut sortir de l'incohérence d'un discours ni de l’opportunisme de son auteur.

    Matthieu Ricard, qui vient de sortir lui aussi un Plaidoyer pour les animaux aux éditions Allary, a par exemple parlé jeudi 23 octobre sur France 5, dans l’émission "La Grande Librairie", de « l'extrémisme » (sic) dont faisaient preuve les militants cohérents : http://culturebox.francetvinfo.fr/emissions/france-5/la-grande-librairie/laurent-mauvignier-matthieu-ricard-alice-ferney-et-eric-vuillard-191989

    Il a clairement exprimé son indignation quant au fait que l’on puisse comparer le sort des animaux avec des tragédies humaines comme la Shoah, ajoutant que comparer c'était insulter les victimes.

    Ces gens n’aident pas les animaux ; ils les enfoncent. Par leur lâcheté intellectuelle ou intestinale (Messer Gaster ignore la compassion), leur besoin de gloire, leur absence d’implication réelle, leur spécisme constitutif et leur ignorance.

    Le monde militant ne doit pas relayer les ouvrages de ces individus, mais au contraire en dénoncer l’imposture.

    Le monde militant doit comprendre que la fin de l’esclavage animal passe nécessairement par le véganisme, seul mode de vie cohérent avec le respect des animaux puisqu’il les garantit de l’exploitation.

    Ce n’est que par la radicalité et la cohérence de nos paroles et de nos actes que les droits des animaux seront respectés.

    Le reste n’est que vanité, dans les deux sens de ce terme.

  • Parution aux éditions du Rocher de "La Caricature de Dieu", recueil de nouvelles engagées

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    http://www.laprocure.com/caricature-dieu-meryl-pinque/9782268076294.html

    Le mot de l'éditeur :

    http://www.editionsdurocher.fr/

    "L’humanité n’est même plus une légende, elle est un mythe", disait Romain Gary.

    Méryl Pinque concasse ce mythe avec jubilation au fil des pages.

    Jeu de massacre et vœu d'abjuration, La Caricature de Dieu est
    aussi un cri. En exhibant la face blafarde d’une modernité dont on détourne souvent les yeux, l’auteure nous force à l’affronter. Et cette confrontation est bizarrement jubilatoire.

    Les treize nouvelles réunies ici sont autant de chapitres d’une tragédie dont l’hécatombe est la seule issue. Puisque l’hécatombe est le happy end de la tragédie.

    L’écriture conjuratoire enrôle le lecteur dans la section d’assaut des causes forcément perdues, car le mal mène le monde.

    Comme tout vrai écrivain, Méryl Pinque sait qu’à l’instar du tragique qui se trouve à la limite entre le sublime et le ridicule, le vrai se tient à la frontière du réel et de l’imaginaire.

    Autre présentation sur le site de la Fnac : http://livre.fnac.com/a7325982/Meryl-Pinque-La-caricature-de-Dieu

    Pour Méryl Pinque l'homme est la caricature de Dieu.
     
    Dans ce recueil de nouvelles, elle parle souvent du mal. Notre modernité ne lui fait pas peur. Elle l'aborde crument, avec force et violence. Sans fard et sans emphase. Certaines nouvelles, comme "L'Alibi" qui met en scène une fête hyper art et jet set à Berlin où les animaux sont tués en masse pendant des « performances » festives, sont des morceaux d'anthologie.
     
    Plus que des tranches de vie, ces nouvelles sont autant de gros plans sur notre modernité qui n'est pas toujours très belle. Mais, comme tous les grands auteurs de nouvelles (Maupassant, Tchékhov, Carver), Méryl Pinque ne démontre rien, elle raconte des histoires. Histoires qui se passent aux quatre coins du monde, mais qu'unit une vision particulière de l'homme et de sa condition.
     
    Seuls les grands écrivains révèlent le monde au travers du chaos apparent. C'est le cas de Méryl Pinque dont les nouvelles scrutent de manière unique le magma de la postmodernité. Ce faisant, elle fait sienne la fameux mot de Romain Gary : « L'humanité est un mythe. »
    • Editeur : Le Rocher (28 août 2014)
    • Collection : LITTERATURE
    • ISBN-10: 2268076296
    • ISBN-13: 978-2268076294

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    Critique d'Emile Cougut parue sur le site culturel de la ville de Metz :

    http://www.wukali.com/La-caricature-de-Dieu-de-Meryl-Pinque-un-livre-a-recommander#.VD-mehZpG2A