Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Livre - Page 6

  • "Animaux esclaves", de Marie-Pierre Hage

    51k9sEuFGgL._SS500_.jpg

    Présentation de l'éditeur

    Au bonheur des bêtes...

    Tel pourrait être le titre, ironique il va sans dire, de ce vibrant plaidoyer.

    Logés, nourris, parfois même déguisés, les animaux esclaves ont perdu ce qu'ils avaient de plus cher, leur liberté.

    Qu'ils soient animaux domestiques, pensionnaires de zoos, de refuges, artistes de cirque, il n'ont qu'en apparence la vie belle.

    Au service des hommes, ils sont pour eux une source de revenus, de divertissement ou de nourriture.

    Avec une rare sensibilité, Marie-Pierre Hage explore le drame de leur condition à travers l'Histoire.

    Depuis le premier loup domestique, apprivoisé il y a 14 000 ans, jusqu'aux animaux de ferme en passant par les nouveaux animaux de compagnie (NAC), elle nous rappelle que tous ces êtres vivants ont une sensibilité et des états d'âme.

    Elle lance ici un bouleversant cri d'alarme et nous propose de consommer et de vivre autrement, dans le respect de la biodiversité et de la nature véritablement sauvage.

    Biographie de l'auteur

    Marie-Pierre Hage vit en Touraine où elle milite avec passion au sein de plusieurs associations pour la défense de l'environnement et des animaux.

    http://www.amazon.fr/Animaux-Esclaves-Marie-Pierre-Hage/dp/2848862173

  • "Faire des enfants tue : Eloge de la dénatalité", Michel et Daisy Tarrier

    41HchRXzMaL._SS500_.jpg

    Présentation de l'éditeur

    Faire des enfants nuit gravement à la planète.

    Homo sapiens est la pire espèce invasive.

    Notre monde est passé de 250 millions à quasiment 6,7 milliards d'habitants depuis l'an 1 de l'ère chrétienne.

    En augmentant de 4 milliards, la population planétaire a triplé depuis 1950.

    Stop, ou encore ?

    Nous avons toutes les preuves que la planète ne pourra pas nourrir 9 milliards de Terriens en 2050 ou 17 milliards en 2100.

    Faire des enfants nuit gravement à la survie de l'humanité.

    Si on aime les enfants, il ne faut pas en faire.

    Vivre moins nombreux pour que tout le monde puisse tout simplement vivre.

    Tout pacte écologique devrait sous-tendre l'idée d'un pacte antinataliste.

    Biographie de l'auteur

    Michel Tarrier, naturaliste et écologue, est l'auteur de 2050, Sauve qui peut la Terre ! aux éditions du temps.

    Daisy Tarrier s'investit dans une association de protection de l'environnement.

    http://www.amazon.fr/Faire-Enfants-Surpopulation-Tarrier-Michel/dp/2842744403

  • 9 juin à Paris : rencontre et débat avec Christian Laborde autour de "Corrida basta"

    L'image “http://www.christianlaborde.com/sites/make-ai/-library-/images/ulf_andersen/1.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.

    Christian Laborde par Ulf Andersen

    La corrida, c’est le pire Sud qui soit, celui du général Franco envoyant ses toreros porter, sur les bords de la Nive et de l’Adour, la bonne parole du sang et de la torture.

    La corrida, c’est le pire Sud qui soit, celui de mecs et de meufs trépignant et braillant, se délectant du martyre d’une bête splendide, réclamant sa mort, immonde masse  tresseuse de nasses, grouillante de préjugés, saturée de frustrations,  meute ne vivant que pour voir grossir la meute, œuvrant à son renforcement, voyant dans toute solitude une provocation, une atteinte à la sûreté de son gras.

    La corrida, c’est le pire Sud qui soit, un Sud gavé de téléréalité  qui va se les vider en regardant la pique s’enfoncer dans la chair sanguinolente d’une bête piégée, humiliée, le Sud des  têtes de lard ricardisées et des têtes de cons parmi lesquelles on repère, au premier regard, celles, rougeoyantes,  des notaires sans culture, des avocats sans cause, et des vétérinaires dont les animaux se méfient.

    La corrida, c’est le pire Sud qui soit,  le Sud  obsédé par ses propres racines,  ignorant tout du feuillage et des oiseaux, le Sud qui a des toiles d’araignée sous les bras, porte un béret enfoncé jusqu’aux yeux, brandit comme autant de cartons rouges ses proverbes, ses dictons, sa prétendue  sagesse  faite de résignation, de garde à vous, et de soumission à l’ordre établi.
    Défenestrons ce Sud et dézinguons la corrida !

    Je sais un autre Sud qui est un sein,  une source, un songe. C’est mon Sud à moi,  populaire et aristocratique, primitif  et savant, ouvert, vivant, vital.

    Mon Sud à moi, c’est Joë Bousquet écrivant La tisane de Sarments à Carcassonne, Claude Nougaro chantant « Locomotive d’or » au théâtre du Capitole,  Bernard Lubat jouant de la batterie à des ragondins à Uzeste,  André Breton marchant dans les rues de Saint-Cirq Lapopie, une percussion de Dimitri  Szarzewski, la pluie dans un roman de Bernard Manciet, le revêtement granuleux de la route du Tourmalet, n’importe quelle rue de Toulouse, le poète Jean-Pierre Tardif rédigeant, en occitan, une petite grammaire arabe, Lance Armstrong accélérant dans la montée du Pla d’Adet, les Converse rouges d’un Lolita, Nabokov marchant, enfant, dans une rue de Pau.

    Défenestrons le  Sud de la mort et dézinguons la corrida !

    Ouvrons le feu, vidons nos kalachnikovs, nos flingues planqués dans nos greniers  sur la racaille confessée qui se rend aux arènes !

    Et vous taureaux, mes chers taureaux, courez, courez, accrochez à vos cornes qui sont le narguilé de Dieu, l’écharpe tournoyante des vents !

    http://www.christianlaborde.com/

    ***

    Chers amis,

    Je vous attends, le 9 juin, à 17h30, à Paris, à la Fnac Ternes,  26 avenue des Ternes dans le 17ème arrondissement, pour une rencontre, un débat autour de Corrida basta au terme duquel je dédicacerai mon pamphlet.

    Vous pouvez compter sur ma langue : elle est bien pendue !

    Christian
  • Jean-Luc Daub, "Ces bêtes qu'on abat - Journal d'un enquêteur dans les abattoirs français (1993-2008) " (L'Harmattan)

    http://www.vegsoc.org.au/abattoir/full_size/DSC_4399.jpg

    CES BÊTES QU'ON ABAT
    Journal d'un enquêteur dans les abattoirs français (1993-2008)
    Jean-Luc Daub
    Préface d'Elisabeth de Fontenay
    ENVIRONNEMENT, NATURE, ÉCOLOGIE ASSOCIATIONS POUR LE DROIT DES ANIMAUX


    Ces enquêtes effectuées dans les abattoirs français durant une quinzaine d'années lèvent le voile sur le malheur de milliards d'animaux.

    La force de ce témoignage tient dans la description, d'une précision extrême, des opérations d'abattage intolérables tandis que les instances qui ont compétence pour faire appliquer la règlementation en matière de protection des animaux font preuve d'une passivité qui confine à la complicité.

    ISBN : 978-2-296-08424-7 • mai 2009 • 256 pages

    http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=28633

    Présentation du livre, Préface d'Elisabeth de Fontenay, 253 pages.

    La viande coûte cher aux animaux.
    Engraissés dans des bâtiments obscurs dont ils ne sortent que pour être abattus, privés de toute relation avec leurs congénères, entravés, parfois sanglés au point de ne pouvoir bouger, ces animaux sont tués à la chaîne dans l'indifférence la plus absolue.
    Les enquêtes effectuées par Jean-Luc Daub dans les abattoirs français durant une quinzaine d'années lèvent le voile sur le malheur de milliards d'animaux.
    La force de ce témoignage tient dans la description, d'une précision extrême, des opérations d'abattage qui font inexorablement passer les bêtes de vie à trépas, dans ces lieux dont la législation dit qu' « aucun animal ne doit ressortir vivant ».
    Les instances qui ont compétence pour faire appliquer la réglementation en matière de protection des animaux font preuve d'une passivité qui confine à la complicité.
    Plus largement, c'est à une réflexion de fond sur la condition des animaux élevés pour être mangés que ce livre nous invite. Pourquoi les avons-nous à ce point bannis de tout ?
    Parallèlement à son activité d'enquêteur dans les abattoirs pour des associations de protection animale, Jean-Luc Daub travaille en Alsace dans le secteur médico-social ; il est éducateur technique spécialisé auprès de personnes atteintes de troubles psychotiques.
    Sommaire
    Préface d'Élisabeth de Fontenay
    Témoigner
    Mes débuts dans la protection animale
    Aider les animaux d'abattoirs
    Le déroulement des visites d'abattoirs
    Description des différentes méthodes d'abattage
    Qu'est-ce que l'abattage rituel ?
    Un abattoir qui aurait dû fermer
    Des images qui marquent
    Un bouc pas comme les autres
    Avec le personnel d'abattoirs
    Des vaches dans le local d'abattage d'urgence
    Le « bien-être » des porcs
    Un argument publicitaire
    Rouge sang
    Pince électrique jusque dans la bouche
    Vaches mourantes
    Un employé rapide
    Un veau pour distraction
    Suspension des veaux en pleine conscience
    Étourdissement de bovins
    Un abattoir de porcs
    Mon premier marché aux bestiaux
    Un abattoir qui fonctionne « bien »
    La vie misérable des coches en élevage intensif
    La fin des coches à l'abattoir
    Marie
    Une petite vache dans le box rotatif
    Les poussins refusés
    Dernier sursaut d'un veau
    Des hurlements de porcs
    Des chevaux qui attendent
    Infractions en abattage rituel
    Un chariot de lapins blancs
    Un chien dans un fossé
    L'électronarcose par la pince électrique
    La crise de la vache folle et les veaux de la Prime Hérode
    Un appareil d'anesthésie innovant
    Agression sur un marché aux bestiaux
    Déjeuner dans une crêperie du Morbihan
    Une coche assoiffée
    Des animaux qui s'échappent des abattoirs
    Que faire ?
    Pour conclure
    Annexe : Témoignages de végétariens, leurs parcours
  • "The World Without Us (Homo Disparitus)" : le livre d'Alan Weisman intéresse la Fox

    http://www.yume.co.uk/wp-content/uploads/2008/12/world-without-us.jpg

    Un Monde sans humains pour la Fox

    La Fox vient d'acquérir les droits du documentaire d'adaptation cinématographique de The World Without Us (Homo Disparitus) pour en faire un long-métrage que pourrait réaliser Francis Lawrence (Je suis une légende), a annoncé The Hollywood Reporter.

    Après s'être intéressé au seul humain de la planète avec Je suis une légende, Francis Lawrence pourrait s'attaquer à l'absence totale de l'humanité avec l'adaptation de The World Without Us (Homo Disparitus) d'Alan Weisman.

    Ce documentaire (il ne s'agit pas d'une ouvre de fiction mais d'un essai) est disponible en France chez Flammarion.

    En voici la présentation de l'éditeur :

    La nature reprendrait- elle ses droits ? Combien faudrait-il d'années au clin pour retrouver son niveau d'avant l'âge industriel ? Qu'adviendrait- il des réacteurs de nos centrales ? Quels animaux prospéreraient et quelles race s'éteindraient ?...

    Ces questions, et beaucoup d'autres - des plus sérieuses aux plus saugrenues -, sont celles que le journaliste Alan Weisman plusieurs fois primé pour ses reportages (The New York Times Magazine The Atlantic Monthly, Discover), nous invite à explorer.

    Parcourant les cinq continents, convoquant de nombreux experts - climatologue botanistes, spécialistes de l'écologie, architectes, géographes... - il nous offre ici un passionnant reportage - où la réalité dépasse la (science) fiction.

    La Fox, attirée par l'idée de départ, ne compte pas en faire un documentaire.

    Le film pourrait par exemple montrer comment l'humanité a disparu de la surface du globe.

    Le studio espère pouvoir confier l'écriture du scénario à Mark Protosevich (The Cell, Thor, Je suis une légende) avant que celui-ci s'attaque à Old Boy que devrait réaliser Steven Spielberg.

    Et si l'humanité disparaissait du jour au lendemain, quelles traces laisserions- nous ?

    Alan Weisman décrit la désintégration progressive des restes de notre civilisation.

    Le plus durable n'est pas le plus évident.

    Et on ne le devinera pas sans de gros efforts de perspective historique.

    Homo disparitus frappe plus que le titre original (Le monde sans nous) mais relève du mensonge : dans le monde que décrit l'essai d'Alan Weisman, il ne reste aucun membre du groupe homo.

    La cause possible de notre anéantissement soudain n'est pas creusée et reste en exercice au lecteur, il suffit que l'apocalypse nucléaire ne vitrifie pas la planète.

    La disparition des traces de l'homme progresse crescendo : si le chapitre 2 s'étend sur la décrépitude en quelques décennies de simples maisons sous le coup des cycles gel-dégel, des spores, et d'entreprenantes racines, l'effondrement rapide d'un New York tributaire des pompes qui protègent son sous-sol suit vite.

    Un passage sur les masses monstrueuses de plastique non biodégradables que nous laisserons derrière nous précède un résumé assez apocalyptique de ce qui attend la ribambelle de barrages, raffineries et centrales nucléaires réparties sur la planète.

    Le final s'étend sur ce qui témoignera le plus longtemps de notre civilisation : des statues de bronze parfois déjà millénaires, des grottes et tunnels, les montagnes que nous avons façonnées (mont Rushmore ou collines décapitées pour leur charbon), les ondes et quelques sondes qui ont quitté la Terre voire le Système solaire.

    Mais la description jouissivement morbide de la déliquescence de notre civilisation est une partie relativement maigre.

    La perspective historique semble plus lourde au premier abord : Weisman s'étend longtemps sur la conquête de l'Amérique par l'homme, l'écosystème de Manhattan avant la ville, les troglodytes turcs, l'histoire des engrais, celle du canal de Panama, l'effondrement de la civilisation maya, les avicides perpétrés plus ou moins volontairement par l'homme par sa seule présence, etc.

    Cependant, ce n'est pas vain, le passé nous renseigne sur ce que sera le futur.

    En effet, des villages abandonnés retournés à la forêt primitive existent déjà : j'ai bien aimé le passage où un pommier au sein d'une forêt de chênes indique une ancienne habitation proche avalée par la forêt en quelques siècles ; après tant de temps il ne restera d'ailleurs de villes entières que les bouches d'incendie en fonte et des canettes d'aluminium.

    Nous pouvons même étudier en temps réel la déliquescence de Pripiat la radioactive ou de Varosha à Chypre, deux cités fantôme encore debout mais où le travail de sape végétal a commencé.

    Une autre leçon du passé est la description comparée de l'action de l'homme préhistorique en Amérique (où la mégafaune a disparu) et en Afrique (où l'homme cohabite avec l'éléphant), obtenant des paysages très différents au final.

    Si le super-prédateur qu'est l'homme disparaît, le paysage changera à nouveau, même dans les contrées encore rurales.

    (Voir comme exemple la réintroduction du loup dans le parc de Yellowstone qui en a modifié paysage et écosystème.)

    La question de ce qui restera après nous pose immédiatement celle de ce qui est déjà détruit ou en voie de l'être, ou des destructions visibles que laissera notre civilisation.

    Un des passages les plus effrayants, car décrivant une catastrophe en cours concerne le plastique : il se fragmente mais les bactéries sont encore incapables de le dégrader, et ses morceaux de plus en plus minuscules finissent par étouffer des espèces de plus en plus
    petites.

    L'océan est un vaste dépotoir où flotte des millions de sacs, bouteilles.. . jamais dégradés.

    Moins tragique, Weisman évoque les espèces animales qui nous regretteront : nos parasites (poux...), les cafards qui ne passeront plus d'hiver au chaud, les rats qui n'auront plus nos déchets, et devront se battre avec tous les chats redevenus sauvages...

    Le signet fourni avec le livre contient une échelle temporelle égrenant la disparition de nos traces :

    a.. 2 jours après la disparition : sans stations de pompage, l'eau commence à saper New York par son métro ;

    b.. à 7 jours, l'arrêt de nombre de génératrices de secours dans diverses centrales et installations chimiques fait débuter les feux d'artifices nucléaires et les pollutions massives ;

    c.. dans les décennies qui suivent, les immeubles sans entretien ni chauffage disparaissent sous les assauts de la végétation, les mouvements du sol, les cycles gel-dégel ; les légumes et plantes que nous connaissons redeviennent sauvage ;

    d.. au bout de quelques siècles, les ponts les plus solides ont trop rouillé pour tenir (les plus récents et « optimisés » s'effondrent les premiers), les barrages cèdent tous, les fleuves retrouvent leur cours naturel, des deltas se remplissent ; les forêts ont effacé la présence humaine dans la plupart des endroits ;

    e.. les millénaires suivants éradiquent les traces visibles au-dessus du sol (notamment si les glaciations reviennent et broient tout) ;

    f.. après 100 000 ans, le CO2 que nous avons injecté dans l'atmosphère aura enfin été digéré par Gaïa ;

    g.. dans le million d'années qui suit devraient disparaître le plutonium et le plastique digéré (enfin) par les microbes ;

    En dernier recours, notre civilisation laissera un joli stock d'uranium 238 qui sera encore là quand la Terre disparaîtra, et pas mal de saletés genre PCB ou objets en fonte ou bronze qui se retrouveront peu à peu compressés dans des strates géologiques.

    http://www.fantasy.fr/articles/view/9055/un-monde-sans-humains-pour-la-fox

    http://img.dailymail.co.uk/i/pix/2007/07_01/treesDM_468x461.jpg

  • Spécial Pau - Interview de Christian Laborde, écrivain anticorrida (Le Point)

    http://www.christianlaborde.com/sites/make-ai/-library-/images/claborde/christian_laborde_3.jpg

    Polémique. « Corrida, basta ! » C'est le titre du prochain livre (1) du bouillant Christian Laborde.

    Propos recueillis par Jérôme Cordelier

    Sur le même sujet :

    Le Point : Pourquoi ce coup de sang contre la corrida ?

    Christian Laborde : J'avais envie d'écrire un pamphlet, mot qui a mauvaise presse dans notre époque de consensus.

    J'ai écrit ce livre avec un kalachnikov et un saxophone ténor.

    Le kalachnikov, c'est pour les toreros et les aficionados.

    Le saxophone, c'est pour le taureau.

    Comme dans la chanson de Francis Cabrel ?

    Sauf que là j'avance avec des rafales.

    C'est un texte violent.

    Je condamne la corrida au nom de la compassion que nous devons avoir pour les animaux telle que nous l'ont enseignée les philosophes grecs.

    On parle toujours des procorridas Hemingway ou Picasso, en oubliant qu'Hugo, Zola, Schoelcher assimilaient ce spectacle à une torture.

    Je regarde le taureau comme saint François d'Assise contemple les oiseaux ou le soleil, comme le curé de mon village d'enfance, Aureilhan, qui bénissait les gens, l'eau, le feu, les bêtes, sans faire de hiérarchie.

    « Les animaux sont dans nos mains les otages de la beauté céleste vaincue », écrivait Léon Bloy.

    Vous devenez « politiquement correct » ?

    Je ne vois pas en quoi.

    La corrida est très protégée, vous savez.

    Le lobby taurin a son groupe à l'Assemblée nationale, le Premier ministre et la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, sont des aficionados affichés.

    La corrida serait un art ? Où est l'oeuvre ? Un ballet de vie et de mort ?

    Mais qu'apprend-on de la mort dans une corrida ?

    Je cite dans mon livre des travaux scientifiques qui montrent la souffrance de la bête.

    Retirons les couleurs, le paso doble, les mots espagnols, que reste-t-il ?

    Des piques qui descendent à 10 ou 20 centimètres dans la chair du taureau.

    Quand les carapaces apparaissent pour protéger les chevaux en 1928, le premier à protester est le grand Hemingway, parce qu'il aime l'odeur des tripes, et il le dit.

    Je ne critique pas la corrida comme un bobo du Marais.

    Je porte l'attaque du dedans, avec tout ce Sud que je trimballe en moi.

    1. A paraître le 9 avril (Robert Laffont).

    http://www.lepoint.fr/actualites-region/interview-christian-laborde-ecrivain-anticorrida/1556/0/327369

  • Les fables de Derrida

    http://i117.photobucket.com/albums/o69/chagrinproductions/d_jaques_derrida.jpg

    Critique Philosophie. « La Bête et le Souverain », dernier séminaire.

    Robert Maggiori

    Jacques Derrida Séminaire. « La Bête et le Souverain ». Volume 1 (2001-2002)

    Edition établie par Michel Lisse, Marie-Louise Mallet et Ginette Michaud. Galilée, 470 pp., 33 euros.

    Il est possible, comme le voulait Heidegger, que le langage soit « la maison de l’Etre ».

    Mais, s’il fallait qualifier par une expression de même type Jacques Derrida, on dirait qu’il est le berger du langage.

    Un berger attentif, scrupuleux - amoureux aussi, et conscient que, de ce qu’il doit « garder », quelque chose lui échappera toujours.

    Cela s’entendrait en deux sens.

    Le premier, théorique, est attesté par le travail de Derrida, qui a consisté à prendre un soin extrême des textes, à les destituer, les désituer, les resituer, les tisser dans les interstices d’autres textes, d’autres idiomes, d’autres traditions - pour que de l’entrelacement naisse quelque chose d’« inouï ».

    Le second, « biographique », témoigne de la façon dont le philosophe veillait à ses propres écrits et ses propos publics, conservait les lettres qu’il envoyait ou recevait, même de quelques mots, rédigeait, à la parenthèse, aux deux points, au tiret, à la virgule près, ses livres évidemment, mais aussi ses cours et ses conférences.

    Mille fois il s’en est expliqué.

    C’est que, lit-on dans Positions, « l’écriture à la lettre ne-veut-rien-dire ».

    Non qu’elle serait traîtresse.

    Mais parce qu’« elle tente de se tenir au point d’essoufflement du vouloir-dire ».

    Ecrire, c’est s’échouer loin de son propre langage, le « déconcerter », le laisser aller seul, sans gardes du corps…

    Mais il faut auparavant, pour cela, « en prendre soin », le « faire tenir » en tenant à lui, de façon intransigeante, amicale, tendre.

    D’une telle « attention », les séminaires sont une illustration exemplaire.

    Manuscrits

    L’édition intégrale des séminaires et cours de Jacques Derrida - dont le premier volume, la Bête et le Souverain, paraît aujourd’hui et qui nécessitera des décennies pour être menée à terme (1), le philosophe laissant « l’équivalent de quelque 14 000 pages imprimées » - est un événement.

    L’entreprise est comparable à la publication posthume des Cours du Collège de France de Foucault et de ses Dits et écrits.

    Dans le cas de Derrida interviennent spécifiquement deux critères : le mode de production des textes et le lieu. Le philosophe, disparu le 9 octobre 2004, a enseigné à la Sorbonne (1960-1964), à l’Ecole normale supérieure (1964-1984), à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess, 1984-2003) et dans plusieurs universités américaines.

    Ses textes, d’une calligraphie difficile, sont manuscrits jusqu’en 1969, tapés à la machine et corrigés à la main jusqu’en 1987 et, ensuite, rédigés à l’ordinateur.

    Dès le début de sa carrière, il avait pris l’habitude de rédiger entièrement ses cours, et les lisait, sans trop improviser.

    Aussi l’édition présente-t-elle « le texte du séminaire, tel qu’il fut écrit par Jacques Derrida, en vue de la parole, de la lecture à voix haute, donc avec certaines marques d’oralité anticipée et quelques tournures familières ».

    De là, une sorte d’« effet Larsen ».

    On y entend de façon très nette sa voix, son débit, la modulation du ton, cette façon de reprendre la phrase, la répéter, la porter, on l’a dit, au « point d’essoufflement du vouloir-dire ».

    Or la précellence que reçoit ici la voix « déphase » le projet philosophique de Derrida, qui, déconstruisant la métaphysique de la présence, conteste, outre le « logocentrisme », le « phonocentrisme », le fait que la voix soit traditionnellement vécue comme quelque chose de présent et d’immédiatement évident, contrairement à l’écrit, qui toujours laisse des écarts ou une « différance » apte à « disséminer » les interprétations.

    Mais, en réalité, on y gagne : si l’on a eu la chance un jour d’écouter parler Derrida, on sera, en « entendant » ici sa voix, saisi par l’émotion, et bouleversé.

    La Bête et le Souverain est le dernier séminaire donné par Derrida à l’Ehess, de l’automne 2001 au printemps 2003.

    Poursuivant les recherches « autour du problème de la peine de la mort », qui l’avaient conduit à étudier « l’histoire politique et onto-théologique » de la souveraineté, le philosophe envisage, pour ce cours, de privilégier « ce qui entrelaçait cette histoire avec celle d’une pensée du vivant (du biologique et du zoologique), plus précisément avec celle du traitement de la vie animale dans tous ses registres (chasse et domestication, histoire politique des parcs et jardins zoologiques, élevage, exploitation industrielle et expérimentale du vivant animal, figures de la "bestialité", de la "bêtise", etc.)».

    Aussi, d’Aristote à Lacan, Deleuze et Guattari, Foucault ou Agamben, en passant par Rousseau, Machiavel, Hobbes, Schmitt - mais aussi Plaute et La Fontaine - explore-t-il les logiques qui organisent «la soumission de la bête (et du vivant) à la souveraineté politique».

    Loups-garous

    Les pensées qui « mènent le monde », suggérait Nietzsche, sont celles « qui viennent sur des pattes de colombe ».

    Mais on pourrait dire aussi qu’elles viennent « à pas de loup », car, dans la Bête et le Souverain, c’est surtout de loups voraces et de loups-garous qu’il s’agit, de souverains affamés comme des loups, de lions rois de la jungle, de rois rusés comme des renards et de princes auxquels on conseille de « bien utiliser la bête », d’être à la fois, sauf à ne rien comprendre à la politique, lion et renard, car le renard ne peut se défendre des loups (mais connaît les filets) ni le lion se défendre des filets (mais fait peur au loup).

    C’est en effet de l’analogie entre, d’une part, « cette espèce d’animalité ou d’être vivant qu’on appelle la "bête", ou qu’on se représente comme bestialité », et, de l’autre, « une souveraineté qu’on se représente le plus souvent comme humaine et divine », que Derrida « déchiffre » ou « laboure » le territoire.

    Il ne se satisfait évidemment pas de l’idée que le social, le politique et, en eux, l’exercice de la souveraineté « ne sont que des manifestations déguisées de la force animale ou des conflits de force pure, dont la zoologie nous livre la vérité, c’est-à-dire au fond la bestialité ou la barbarie ou la cruauté inhumaine ».

    Ni de l’idée inversée, à savoir que, si l’homme politique est encore animal, « l’animal est déjà politique », et que les sociétés animales ont des « organisations raffinées, compliquées, avec des structures de hiérarchie, des attributs d’autorité et pouvoir ».

    Le souverain et la bête ont le pouvoir de « faire la loi ».

    Mais dans tous les sens de l’expression.

    Aussi, ce qu’ils partagent, et ce qui les rapproche de cette autre figure qu’est le criminel, est-il de faire leur propre loi, d’être hors-la-loi ou au-dessus des lois.

    Alors qu’ils paraissent aux antipodes l’un de l’autre, le souverain, le criminel et la bête manifestent « une sorte d’obscure et fascinante complicité, voire une inquiétante attraction mutuelle, une inquiétante familiarité ».

    Ce n’est là que le point de départ des analyses déconstructives de Jacques Derrida.

    Quand on sait la façon dont, tel un berger, il « prend soin » des mots, des textes, des intertextes, des contextes, des traces et des marges, on doit renoncer à en donner une synthèse.

    « A pas de loup. Imaginez un séminaire qui commencerait ainsi, à pas de loup : " Nous l’allons montrer tout à l’heure. " Quoi ? Qu’allons-nous montrer tout à l’heure ? Eh bien, "Nous l’allons montrer tout à l’heure ". »

    La Fontaine, qui écrivait des fables, le disait tout de suite : que « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».

    Mais un séminaire n’est pas une fable.

    Il doit « ensemencer », pour faire savoir d’où sourdent les souffrances, d’où viennent « le bruit des armes, le vacarme des explosions et des tueries, les mises à mort de militaires et de civils, les actes dits de guerre ou de terrorisme, de guerre civile ou internationale», où se nichent la bestialité et la bêtise.

    Aussi procède-t-il à pas de loup, lentement, précautionneusement, avant d’arriver à… A quoi ? « Nous l’allons montrer tout à l’heure. »

    (1) Outre les éditeurs de ce premier volume, participent à l’entreprise : Geoffroy Bennington, Marc Crépon, Marguerite Derrida, Thomas Dutoit et Peggy Kamuf.

    http://www.liberation.fr/livres/0101267468-les-fables-de-derrida

  • Josef Winkler, "Langue maternelle"

    L'image “http://www.textem.de/uploads/pics/3047_SCALED_200x0.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.

    Les larmes des animaux

    par Baptiste Liger

    Sans doute Josef Winkler a-t-il longtemps ressassé cette définition de l'humanité, signée de son compatriote Thomas Bernhard : « Un gigantesque Etat qui, soyons sincères, à chaque réveil nous donne la nausée. »

    A l'image de la « nobélisée » Elfriede Jelinek (La Pianiste) ou d'un Peter Handke, Winkler s'ancre en effet dans la tradition, noire et hargneuse, d'une littérature qui répond par la violence des mots aux trop insouciants chants tyroliens.

    S'il est encore méconnu dans l'Hexagone, ce quinquagénaire est considéré dans le monde germa nique comme un écrivain de première importance (il a reçu pour l'ensemble de son oeuvre le prix Büchner 2008, le Goncourt allemand).

    Pour trouver son équivalent en France, imaginez un mélange entre les livres de terroir d'un Richard Millet, le côté « paria » de Jean Genet, les ambivalences sexuello-religieuses de Julien Green et un style d'écorché vif à la Louis Calaferte.

    C'est ce que l'on ressent à la lecture de sa magnifique - mais tétanisante - Langue maternelle.

    Deuxième volet d'une trilogie autobiographique dans laquelle Winkler évoque son enfance et sa région natale - la Carinthie, dont, pour l'anecdote, Jörg Haider fut un temps gouverneur... - ce texte, tendu comme un arc, pourrait être symbolisé par l'un de ses thèmes principaux : la corde.

    On s'en sert ici pour extraire les veaux du ventre de leur mère, pour fouetter un gamin récalcitrant, pour se pendre, aussi.

    Sans véritable « histoire », ce récit agence avec fluidité toute une série de motifs récurrents: un monde paysan sur le déclin, un père brutal, la dictature du catholicisme (le village de Winkler fut conçu en forme de crucifix!), des grands-parents décédés (la première femme que Winkler vit nue n'était autre que sa grand-mère, lors de la toilette funéraire...), des masques mortuaires, une poupée gonflable, etc.

    Mais les passages les plus forts de Langue maternelle sont ceux où l'écrivain évoque, d'une écriture acérée, la souffrance des bêtes : des grenouilles qu'on écrase, des têtes de poulet qui pourrissent sur le tas de fumier, un poisson éviscéré sur un étal, un cochon qu'on tente d'abattre et qui s'enfuit, un couteau enfoncé dans la gorge.

    « Je voudrais, écrit Winkler, que les animaux puissent acheter avec de l'argent de la viande humaine dans les boucheries de même que les hommes achètent de la viande animale. »

    http://livres.lexpress.fr/critique.asp/idC=14389/idTC=3/idR=10/idG=8

    Langue maternelle
    Josef Winkler
    éd. Verdier
    Trad. de l'allemand (Autriche) par Bernard Banoun
    316 pages - 15,8 €

  • Jacques Derrida, "La bête et le souverain" (séminaire)

    http://socrates.acadiau.ca/COURSES/FREN/Paratte/film/done/derrida/derrida1.jpg

    Information publiée le samedi 1 novembre 2008 par Marc Escola

    SÉMINAIRE. LA BÊTE ET LE SOUVERAIN : VOLUME 1, 2001-2002 de Jacques Derrida. Galilée, 480 p., 33 €

    Jacques Derrida a consacré, on le sait, une grande partie de sa vie à l'enseignement : à la Sorbonne d'abord, puis durant une vingtaine d'années à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm et enfin, de 1984 à sa mort, à l'École des hautes études en sciences sociales, ainsi que dans plusieurs universités dans le monde entier (aux Etats-Unis régulièrement).

    Très vite ouvert au public, son séminaire a rassemblé un auditoire vaste et plurinational.

    Si plusieurs de ses livres prennent leur point de départ dans le travail qu'il y conduisait, celui-ci demeure cependant une part originale et inédite de son oeuvre.

    Nous inaugurons donc avec le présent volume une vaste entreprise : la publication de ces séminaires.

    A partir de 1991, à l'EHESS, sous le titre général " Questions de responsabilité ", il a abordé les questions du secret, du témoignage, de l'hostilité et l'hospitalité, du parjure et du pardon, de la peine de mort.

    Enfin, de 2001 à 2003, il a donné ce qui devait être, non la conclusion, mais l'ultime étape de ce séminaire, sous le titre " La bête et le souverain ".

    Nous en publions ici la première partie : l'année 2001-2002.

    Dans ce séminaire, Jacques Derrida poursuit, selon ses propres mots, une recherche sur la "souveraineté", "l'histoire politique et onto-théologique de son concept et de ses figures ", recherche présente depuis longtemps dans plusieurs de ses livres, en particulier dans Spectres de Marx (1993), Politiques de l'amitié (1994) et Voyous (2003).

    Cette recherche sur la souveraineté croise un autre grand motif de sa réflexion : le traitement, tant théorique que pratique, de l'animal, de ce que, au nom d'un "propre de l'homme" de plus en plus problématique, on nomme abusivement, au singulier général, " l'animal ", depuis l'aube de la philosophie, et jusqu'à nos jours encore.

    Partant de la célèbre fable de La Fontaine, « Le loup et l'agneau », en laquelle se rassemble toute une longue tradition de pensée sur les rapports de la force et du droit, de la force et de la justice, en amont comme en aval, dans une analyse minutieuse des textes de Machiavel, Hobbes, Rousseau, comme de Schmitt, Lacan, Deleuze, Valéry ou Celan, Jacques Derrida tente "une sorte de taxinomie des figures animales du politique" et de la souveraineté, explorant ainsi les logiques qui tantôt organisent la soumission de la bête (et du vivant) à la souveraineté politique, tantôt dévoilent une analogie troublante entre la bête et le souverain, comme entre le souverain et Dieu, qui ont en partage le lieu d'une certaine extériorité au regard de la " loi " et du " droit ".

    * * *

    On pouvait lire dans Le Monde des livres du 30/10/8 un article sur cet ouvrage :

    Derrida, ce poisson torpille

    par Stéphane Legrand

    LE MONDE DES LIVRES | 30.10.08 | 11h48 • Mis à jour le 30.10.08 | 11h48

    "Ne pas se laisser tromper par le caractère apparemment anecdotique de l'événement - "encore un livre de Jacques Derrida, un livre de plus..."

    Depuis un certain temps déjà, le public s'était habitué à la parution régulière de ses oeuvres : les brèves retranscriptions d'une conférence (Eperons, en 1978) ou d'un discours (Fichus, en 2002), aussi bien que les livres copieux et labyrinthiques (Politiques de l'amitié, en 1994, ou encore, plus récemment, L'Animal que donc je suis, publié à titre posthume en 2006).

    Ses ouvrages étaient certes reçus avec l'attention due à un philosophe majeur, dont l'influence internationale est considérable, mais on n'était pas sans noter un certain ronronnement dans cet accueil : toujours le même respect, de plus en plus silencieux peut-être, sinon religieux, de la part des "professionnels de la philosophie", toujours le même psittacisme ampoulé des clones et des clercs ; toujours les mêmes âneries haineuses émanant de jaloux ou d'incompétents.

    Comme si on croyait désormais savoir à quoi s'attendre, avoir finalement "digéré" cet auteur, avoir absorbé l'effet traumatique qu'il suscita tout d'abord.

    Oui, encore un livre de Derrida, un de plus...

    Mais le texte qui paraît sous le titre Séminaire. La bête et le souverain. Volume I (2001-2002) pourrait bien nous réveiller de cet assoupissement rassuré, et redonner tout son tranchant et sa puissance éruptive à la pensée de ce poisson torpille - pour reprendre l'une des comparaisons animalières dont Platon avait gratifié Socrate, qui lui non plus n'avait pas son pareil pour tétaniser la bêtise.

    Car il ne s'agit pas d'un "livre de plus", mais de la première étape d'un vaste projet de publication aux éditions Galilée : celle de l'intégralité des séminaires et cours de Jacques Derrida (1930-2004), dispensés à la Sorbonne (1960-1964), à l'ENS de la rue d'Ulm (1964-1984), puis à l'EHESS (1984-2003), soit quarante-trois volumes dont la publication devrait s'étendre sur une quarantaine d'années.

    Un pareil projet donne corps, par sa simple existence, à certains des concepts majeurs de Derrida, il les réfléchit ou les met en abyme. D'abord parce qu'il a beaucoup à voir avec les thèmes de l'héritage, de la dette, du deuil et de la survie : car il s'agit, selon la belle expression de l'éditrice Cécile Bourguignon, d'un "projet qui empêche que la maison (Galilée) meure, sinon même qui l'interdit".

    SINUOSITÉ LABYRINTHIQUE

    Or que son oeuvre, que les traces de sa parole, en l'absence même de leur auteur, maintiennent en vie, et en même temps obligent moralement à survivre la maison même qui, à son tour, leur donne vie, voilà sans nul doute une circonstance qui aurait plu à Derrida - en admettant, mais allez savoir, qu'il ne l'ait pas lui-même envisagée, voire programmée...

    Car ces textes "supplémentaires" que sont les séminaires, qui tantôt annoncent, tantôt font écho, tantôt prolongent des réflexions menées sous une forme plus achevée dans tel livre ou telle conférence, contribueront de manière décisive à faire apparaître les contours propres à la pensée derridienne, dans la sinuosité labyrinthique qui la caractérise : une pensée qui procède moins selon le fil continu de déductions obéissant à un "ordre des raisons" que par le réarrangement permanent d'un tissu serré de thèmes, de concepts et de gloses.

    Une part considérable du texte de ce séminaire pourrait en effet être tirée presque directement de la masse des écrits déjà disponibles du philosophe, mais justement : c'est dans l'invention d'un nouveau cheminement à travers eux, d'une manière nouvelle de procéder avec eux à des opérations de greffes et de boutures que ça pense ici, que l'on devine à l'oeuvre et au travail cette chose qui se fait rare de nos jours - une pensée vivante.

    Et ce jusque dans les percées que risque Derrida vers une réflexion sur l'actualité immédiate, le 11-Septembre bien sûr, mais aussi des objets plus triviaux, dont l'analyse peut s'avérer hilarante (tels développements sur la rituelle visite de nos politiciens au Salon de l'agriculture ou sur les postmodernes "magasins de bien-être" mêlant bouddhisme zen et sex-toys customisés...) ou empreinte de la touchante naïveté de l'intellectuel absolu qu'il était : non, la célèbre émission de marionnettes diffusée par Canal+, sur laquelle il s'attarde un moment, ne s'intitule pas "le Bébête Show"...

    Le séminaire lui-même porte sur la notion de souveraineté, envisagée dans ses rapports avec la pensée du vivant.

    Ce qui conduit Derrida à s'adresser aux pensées contemporaines de la "biopolitique".

    Notamment chez Michel Foucault et Giorgio Agamben, avec lequel il n'est pas tendre (curieusement, Antonio Negri n'est pas même mentionné).

    Il s'intéresse plus particulièrement au thème de l'animal comme bête - bestialité et bêtise.

    L'importance de ces figures du souverain et de la bête qui se répondent en miroir, et de la logique perverse qui les relie, tient à ce qu'elles nous servent, directement ou par le biais du réseau de métaphores qu'elles mobilisent, à la fois à penser les limites extérieures à l'ordre humain et à dire quelque chose de ce qui est le plus propre à l'homme.

    D'un côté, en cela qu'ils "partagent un commun être-hors-la-loi, la bête (...) et le souverain se ressemblent de façon troublante". Et de l'autre, "le social, le politique, et en eux la valeur de la souveraineté ne sont que des manifestations déguisées de la force animale".

    De même, les hommes ne peuvent penser leur propre identité que comme une forme de souveraineté de soi sur soi, et seul un homme peut être bestial ou bête.

    Ainsi est-ce la question fondamentale des limites que Derrida, comme souvent, soulève et fait trembler : limites que nous croyons à tort assurées et décidées entre l'homme et l'animal, entre la loi et le hors-la-loi, entre la bêtise et l'intelligence, entre le langage et le silence, entre le droit et la force, entre le vivant et le mort...

    Limites dans l'enclos desquelles notre volonté de savoir enferme ceux dont nous prétendons prendre soin (animaux, fous, malades ou marginaux), mais dont elle est aussi captive.

    Cette volonté de savoir, il nous faut donc apprendre à la "déconstruire", si nous voulons, selon la célèbre formule de Foucault, "affranchir la pensée de ce qu'elle pense silencieusement et lui permettre de penser autrement"."

    ——————————————————————

    Le philosophe et ses fidèles

    La publication des séminaires et cours de Jacques Derrida est menée par une équipe de "fidèles" du philosophe.

    Parmi eux, Michel Lisse, Marie-Louise Mallet et Ginette Michaud ont pris en charge l'établissement du premier volume ; Thomas Dutois et Marc Crépon travaillent déjà sur le prochain, consacré à la peine de mort ; Geoffrey Bennington coordonne entre autres choses les traductions américaines.

    En effet, ce chantier est d'autant plus impressionnant que la traduction des textes en anglais devrait paraître de manière quasi simultanée chez Chicago Press, de longue date des "compagnons de route de Galilée", pour reprendre la formule de Michel Delorme, qui dirige la maison d'édition où sont publiés la plupart des livres de Derrida.

    Marguerite Derrida, la veuve du philosophe, prête main-forte à cette équipe, ce qui devrait s'avérer précieux dans le cas des premiers cours, intégralement manuscrits, dans la mesure où l'écriture manuelle de Derrida est difficile à déchiffrer.

    http://www.fabula.org/actualites/article26595.php

  • "L’Art d’être bon" - Thomas D'ANSEMBOURG et Stefan EINHORN

    L’Art d’être bon

    Thomas D'ANSEMBOURG - Stefan EINHORN Traduit par Christine LEFRANC

    Octobre 2008 - Belfond Etranger - L'Esprit d'Ouverture - 17,50 € - 228 p.

    À mille lieues des clichés et du discours moraliste habituel, un aperçu inédit de la bonté. Un best-seller vendu à 200 000 exemplaires en Suède et traduit dans quinze pays, écrit par un médecin aux qualités humaines et au parcours professionnel remarquables.

    Présentation du livre

    Stefan Einhorn adopte un parti provocant : et si la bonté, loin d'être un aveu de faiblesse ou de niaiserie, nous apportait non seulement le bonheur, mais aussi le succès dans notre vie quotidienne ?

    À travers les témoignages de ses patients et de ses proches, puisant dans les dernières études des scientifiques et des sociologues, Stefan Einhorn nous démontre qu'être bon est bénéfique pour le moral, réduit le stress, préserve de l'anxiété et de la dépression, renforce nos défenses immunitaires, nous rend plus efficaces dans notre travail, plus affirmés dans nos relations.

    Enfin un livre qui dit la nécessité urgente de la bonté, de l'empathie, du courage, comme un nouvel art de vivre. Après l'intelligence émotionnelle du psychologue américain Daniel Goleman, voici l'intelligence éthique, celle qui soigne le corps, apaise l'esprit, et nous aide à réussir notre vie.

    Le livre dans la presse

    « À l'opposé des préceptes impitoyables du Diable s'habille en Prada, Stefan Einhorn prône la bonté comme une clef du succès. » The Observer

    « L'Art d'être bon, de Stefan Einhorn, est le livre de l'année. Ce médecin cancérologue de quarante ans décrit avec un grand bon sens la liberté qu'on ressent à abandonner les conflits et l'amertume pour une vie pleine et épanouie. Il montre également en quoi la bonté est la stratégie la plus habile dans la vie, parce que c'est en s'occupant des autres qu'on se fait du bien à soi-même. L'Art d'être bon est vraiment un livre excellent. » Aftonbladet

    « Ce livre est truffé de bonnes idées, notamment dans son analyse des conflits, de l'agressivité, de ce qui rend les individus aigris. Beaucoup d'éléments fournissent une matière de réflexion passionnante. L'Art d'être bon est d'une lecture aisée et vivante, et fait écho à des expériences qui nous sont proches. À déguster lentement en réfléchissant aux évènements qu'on a soi-même vécus. »
    Norra Västerbotten

    http://www.belfond.fr/site/lart_detre_bon_&100&9782714443830.html