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Textes - Page 30

  • “Droit animal” : réglementer l’utilisation des crochets et des aiguillons (Gary Francione)

    http://jmph.blog.lemonde.fr/files/2008/02/la-balance-de-la-justice-thomas-coex-afp-archives.1203839617.jpg

    Chères collègues & chers collègues :

    Je reçois souvent des demandes de la part de mes étudiants qui me confient souhaiter étudier le droit afin de pratiquer le “droit animal” et qui me demandent conseil à propos de la manière de devenir des « avocats des animaux ».

    Je réponds alors que ce que l’on entend généralement par « droit animal » - fautes professionnelles de vétérinaires, les cas de garde d’« animaux de compagnie », les cas de legs en faveur d’« animaux de compagnie » et les cas de cruauté - n’aide aucunement les animaux nonhumains à se débarrasser de leur statut de propriété des humains.

    En fait, cela ne fait que les empêtrer dans ce paradigme.

    Je dis à ces étudiants que s’ils veulent faire quelque chose d’utile, ils devraient :

    (1) devenir végans ;

    (2) éduquer les autres à propos du véganisme ;

    et (3) offrir leurs services d’avocat pro bono aux défenseurs des animaux qui font la promotion du véganisme et qui ont besoin d’aide légale, ce qui est souvent le cas.

    J’ai ainsi représenté plusieurs activistes au fil des ans.

    Les problèmes avec le « droit animal » sont illustrés par une poursuite en cours, entreprise par des organismes welfaristes et un ex-entraîneur d’éléphants contre le cirque Ringling Bros. et Barnum & Bailey.

    La question en litige porte sur l’utilisation de crochets et d’aiguillons à bouts de métal pour contrôler les éléphants, qui pourrait violer la loi sur la protection des espèces en danger.

    Dans un article (”Animal rights, circus lawyers differ on elephants”), on peut lire ce qui suit à propos de la poursuite :

    Sous interrogation du juge, Meyer [l’avocate des plaignants] a reconnu que ce ne sont pas toutes les utilisations de chaines et d’aiguillons qui pourraient violer la loi. Elle a dit qu’elle espérait que [le juge] exige que le cirque obtienne des permis du Service américain de la pêche et de la vie sauvage avant d’utiliser ces outils. Mais elle n’a pas pu dire précisément quels traitements devraient être autorisés ou combien de temps les éléphants devraient légalement pouvoir être gardés attachés.

    Je connais Kathleen Meyer, l’avocate qui représente les plaignants.

    Elle est une bonne avocate.

    Il est triste, toutefois, que la position en faveur des « droits des animaux » soit réduite à demander que l’on adopte un règlement concernant l’utilisation de crochets et d’aiguillons et que l’on exige des cirques qu’ils obtiennent des permis.

    L’idée que la position pour les « droits des animaux » concerne combien de temps les éléphants pourront être gardés enchaînés est perturbante à plusieurs niveaux.

    Combien de dollars donnés pour aider les animaux sont utilisés pour cette poursuite ?

    Et, ce qui est plus important encore, pourquoi penser que cette sorte de poursuite pourrait nous aider à nous diriger vers l’abolition de l’exploitation animale ou même participer à augmenter le moindrement la protection des animaux ?

    Peut-être que nous devrions envisager la possibilité que cet argent soit mieux dépensé s’il était destiné à expliquer aux gens pourquoi ils ne devraient pas visiter les cirques qui utilisent des animaux nonhumains.

    Mais cette question rejoint toujours celle du véganisme.

    Tant et aussi longtemps que nous tuons 56 milliards d’animaux par année pour l’alimentation (sans compter les animaux aquatiques), alors que notre meilleure justification est que nous apprécions le goût des produits animaux, il est peu probable que nous réussissions à développer le niveau de conscientisation qui pourrait nous mener plus loin qu’à une exploitation plus « humaine », qui ne procure que bien peu d’avantages aux animaux nonhumains, mais qui nous permet de nous sentir mieux lorsque nous les exploitons.

    Je comprends que ces groupes de protection des animaux aient besoin d’une fréquence stable de campagnes et de « victoires » afin de pouvoir lever des fonds.

    Mais n’allons pas penser que réglementer l’utilisation des chaines et des crochets nous permettra de faire du progrès.

    Gary L. Francione
    ©2009 Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/03/18/droit-animal-reglementer-lutilisation-des-crochets-et-des-aiguillons/

  • Arne Naess (1912 - 2009) : décès du fondateur de la "deep ecology" (par Hicham-Stéphane Afeissa)

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    Dans la préface des mélanges offerts à Arne Naess en 1982 à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire, Ingemund Gullvag et Jon Wetlesen attiraient l’attention sur ce qui constituait, à leurs yeux, la spécificité de la recherche philosophique qu’Arne Naess aura conduite durant des décennies, tout en justifiant par la même occasion le beau titre – In Sceptical Wonder – donné à leur ouvrage d’hommage collectif :

    "Selon le mot bien connu d’Aristote, la philosophie commence avec l’étonnement.

    Il semble toutefois que de nombreux philosophes cessent bien vite de s’étonner, et se soucient plus de certaines réponses, qui leur sont particulières, que des questions qui les ont engendrées.

    Mais il est d’autres philosophes qui réussissent à maintenir en éveil leur étonnement, à interroger les anciennes réponses et à en poser de nouvelles.

    Ceux-là se distinguent par une certaine disposition d’esprit, une inclination au scepticisme, et plus particulièrement au scepticisme de l’école des pyrrhoniens, les zetetaï comme ils aimaient à s’appeler eux-mêmes, c’est-à-dire "ceux qui cherchent" ou encore "ceux qui interrogent"."

    L’homme qui est mort ce lundi 12 janvier 2009 à l’âge de quatre-vingt-seize ans était incontestablement de cette race là – très rare – de philosophes.

    S’étonnera-t-on d’apprendre que lorsqu’il fonda en 1958 une revue interdisciplinaire de philosophie et de recherches en sciences sociales, qu’il dirigera seul pendant plus de quinze ans en la hissant au rang des meilleures revues scientifiques européennes, il songea d’abord à l’intituler Zetetikos, avant d’opter pour Inquiry ?

    Chercheur, Naess l’aura été infatigablement tout au long de sa vie, de la même manière qu’il aura été un célèbre alpiniste ne reculant devant aucune difficulté ni aucune prise de risque
    .

    Né en 1912, le jeune Arne Naess se fera connaître du monde philosophique sans avoir encore rien publié en participant au titre d’auditeur libre aux séminaires du Cercle de Vienne animés par Friedrich Waismann et Moritz Schlick, où le brio de ses interventions lui donnera rapidement la réputation d’être "la nouvelle comète du firmament philosophique"
    .

    Familier de l’empirisme logique pendant plusieurs années, Naess ne reprendra pourtant jamais à son compte les thèses de cette école de pensée.

    C’est bien plutôt contre elle qu’il forgera ses premières armes en élaborant une alternative à l’approche atomiste du langage, défendue par le jeune Wittgenstein et Russell, à laquelle il donnera plus tard le nom d’"empirisme sémantique", voulant désigner par là une étude des multiples manières dont le langage peut servir dans des contextes particuliers .

    Après avoir soutenu sa thèse de doctorat à Vienne en 1936, Arne Naess reprendra la route de sa Norvège natale où il se verra confier, à l’âge de vingt-sept ans, la chaire de philosophie de l’université d’Oslo.

    Il occupera ce poste jusqu’en 1963, devenant ainsi pour longtemps l’unique professeur de philosophie du pays. Comme le note l’un de ses biographes :

    "Le milieu philosophique institutionnel en Norvège après la Seconde Guerre mondiale a été, dans une très large mesure, créé et durablement influencé par un homme et un seul : Arne Naess.

    Les recherches en sciences sociales qui se sont développées dans ce pays après la guerre lui doivent également beaucoup.

    Ses travaux, mais aussi son influence personnelle, ont créé un nouveau climat, favorable aussi bien à la philosophie qu’aux sciences sociales.

    L’on peut bien dire que c’est en fait toute une génération d’étudiants qui, d’une manière ou d’une autre, est redevable à Arne Naess, car c’est lui qui a mis en place et défini le système d’examen exigeant de tous les étudiants, quel que soit leur cursus, qu’ils passent des examens en philosophie (en logique et en histoire de la philosophie).

    Arne Naess est ainsi à l’origine de toute une "culture académique" dont il est difficile d’évaluer le rayonnement si l’on n’a pas reçu une formation au sein de l’institution universitaire norvégienne."

    De ce rayonnement, il est toutefois possible de se faire une idée au regard de la trentaine de livres et des centaines d’articles qu’Arne Naess nous a laissés et qui ont été traduits et publiés en une demi-douzaine de langues
    .

    Spécialiste internationalement reconnu de Spinoza, sur lequel il a beaucoup écrit, il s’est également attelé à la lecture et au commentaire de Kierkegaard, de Wittgenstein, de Carnap, de Heidegger, de Sartre, sans oublier Gandhi dont l’œuvre ne l’a jamais quitté.

    Après s’être intéressé à la philosophie des sciences et avoir côtoyé à cette occasion Karl Popper, Arne Naess s’est orienté vers la philosophie du langage, puis vers la logique et la philosophie de la communication, selon un ordre de progression nécessaire dont il ressaisira ultimement la cohérence en y reconnaissant les étapes progressives par lesquelles se constituait sa propre philosophie d’inspiration sceptique.

    Mais si l’œuvre de Naess n’avait compté que les travaux universitaires que l’on vient d’évoquer, il est plus que douteux que son auteur ait pu devenir cette véritable figure du génie national que pleurent aujourd’hui les Norvégiens et le monde avec eux
    .

    Le paradoxe veut en effet que le travail auquel Arne Naess devra la plus grande part de sa notoriété internationale ait été intégralement élaboré et publié après la cessation de ses activités universitaires en 1969 et, d’une certaine manière, indépendamment d’elles.

    Il faut attendre l’année 1972 pour lire pour la première fois sous sa plume une référence explicite à la doctrine à laquelle son nom restera désormais attaché : l’"écologie profonde" (deep ecology) – entendez : une vaste nébuleuse intellectuelle où se mêlent indistinctement des éléments de spiritualité, des données d’analyse scientifique, des propositions métaphysiques, toute une philosophie de l’environnement que Naess développera patiemment jusqu’à la fin de sa vie, non pas dans la solitude du penseur génial, mais dans la collaboration étroite avec un nombre de plus en plus grand de disciples, d’amis et de collègues qui transformeront la deep ecology en une plateforme de principes d’inspiration expressément pluraliste, et en un mouvement socio-politique d’envergure mondiale .

    De cette longue réflexion et de cette expérience commune sortira notamment, en 1989, son livre le mieux connu, Ecology, Community and Life-style, lequel sera suivi quelques années plus tard par son testament philosophique, Life’s Philosophy. Reason and Feeling in a Deeper World .

    La
    deep ecology aura ainsi permis au philosophe d’exercer une influence s’étendant très au-delà des cercles académiques, à tel point que l’on peut estimer sans exagération qu’Arne Naess aura été au XXe siècle l’un des très rares penseurs de l’écologie à avoir réellement modifié la façon dont, partout dans le monde, les hommes se représentent la nature et la place qu’ils y occupent, et par conséquent la façon dont ils doivent se comporter au sein de leur environnement naturel.

    http://www.nonfiction.fr/article-2064-p1-arne_naess__1912___2009__deces_du_fondateur_de_la_deep_ecology.htm

  • "Foie gras : le Père Noël est une ordure" (Florence Burgat dans Libé)

    http://www.al-kanz.org/wp-content/uploads/2007/11/foie_gras_pmaf2.jpg

    Noël et le 1er de l’an ne sont-ils pas d’abord synonymes de « bonne chère », en particulier du sacro-saint foie gras sans lequel, semble-t-il, la fête serait triste ?

    La France est le premier producteur (76%) et le premier consommateur (68%) de foie gras.

    Le Parlement a jugé bon d’ériger le foie gras en « patrimoine culturel et gastronomique protégé en France » (Art. L. 645-27-1 du code rural), encourageant ainsi une demande déposée auprès de l’Unesco pour obtenir qu’elle classe la gastronomie française dans le « patrimoine immatériel de l’humanité » !

    Comment choisir un bon foie gras ?

    Telle est la préoccupation qui balaye actuellement toutes les autres et occupe tous les esprits : silence, on mange du foie gras !

    L’affaire est sérieuse, car c’est à cela que l’on juge votre capacité à « jouir des plaisirs de la vie », à « savoir ce qui est bon ».

    Mais pour en jouir tranquillement, mieux vaut ne pas en savoir trop long sur le processus qui transforme le foie malade en ce « mets délicieux », et plus généralement les animaux en viande.

    Cette matière semble étrangère à l’individualité : la logique de la série prend le pas sur celle du propre, aucune biographie ne précède ce devenir-viande des animaux, de sorte que nous n’avons aucun imaginaire de ceux dont la chair équarrie nous est donnée à manger : du poulet, du veau, du porc…

    Nés pour cela, leur identité est celle de la chair à l’étal.

    N’en faisons pas une histoire, à tous les sens du terme.

    L’habitude de voir ces pièces plus ou moins informes est entrée dans la banalité de notre paysage.

    Aucune violence ne se dégage de l'artifice des morceaux « dont la forme, l'aspect nous sont depuis longtemps assez familiers pour avoir acquis, à nos yeux, une autonomie, une réalité indépendante de l'ensemble dans lesquels ils étaient inclus. (...). La boucherie est un lieu d'innocence ». (Pierre Gascar, Les Bouchers).

    Comment voir ce que l’on ne voit plus, ce à propos de quoi aucun étonnement, aucune question, aucune inquiétude ne surviennent ?

    Comment troubler le calme de la viande ?

    Certains étals le devraient pourtant, si l’on voulait bien les voir.

    Volaille, lapins, « gibier » ne sont-ils pas présentés de la manière la moins abstraite qui soit ?

    Oiseaux entiers, parfois partiellement plumés, lapins écorchés mais jamais décapités, carcasses ouvertes, exhibant dans une pornographie trop évidente, le plus intime du corps.

    Faisans, lièvres, biches… alignés à l’état de cadavres non encore «préparés» par la main experte, flattant ainsi le goût de la traque (il s’agit en réalité d’animaux d’élevage et d’un abattage par balle pratiqué dans un enclos).

    Les abats ne rappellent-ils pas sans détour l’individu : ce n’est plus à de la viande que l’on a affaire, mais à la tête, aux oreilles, à la langue de tel animal ?

    Le particulier est bien là.

    Mais rien n’y fait : tout cela appartient à l’ordinaire de la perception, révélant un ordre où chaque chose semble à sa place, puisque chaque jour, de la viande remplace indéfiniment de la viande…

    Particulièrement importuns sont donc ceux qui se mêlent de faire la lumière sur ces plaisirs dont il s’agit d’ignorer la fabrique.

    La promotion s’y emploie du reste à merveille : tout brille, tout pétille !

    Tandis que de l’autre côté du miroir, quelque 90 millions de naissances de canards et d’oies sont nécessaires aux 45,7 millions de canetons mâles mis à l’accouvage.

    La moitié des oiseaux (les femelles) est éliminée à la naissance ; ils sont généralement jetés au broyeur, car bons à rien (la race n’a pas été sélectionnée pour la viande) : les femelles présentent en effet un foie trop veineux.

    39 millions de canards sont gavés, et 34,5 y survivent et sont donc abattus pour la collecte de leur précieux foie hypertrophié.

    On fait naître 710 000 oisons pour fabriquer le foie gras d’oie (chiffres 2007, source : rapport annuel du CIFOG, Centre Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras).

    Il y a ensuite la contention dans des batteries de cages, le geste réitéré à la pompe introduite jusqu’à l’estomac, blessant l’animal, pour y introduire d’énormes quantités de nourriture…

    (Attention, les images en fin de vidéo peuvent choquer les personnes sensibles).

    La vue du matériel, que seuls les professionnels connaissent, nous fait peut-être mieux pénétrer cette réalité que les étals auxquels notre œil est accoutumé : la « gaveuse super » monovitesse, permettant de gaver 90 canards ou 70 oies par heure, « maniable, légère, sûre, grâce à sa commande par gâchette et à ses entonnoirs en matière plastique non agressifs », la plumeuse, l’extracteur de poumon, la broche perforante, le saignoir rotatif…

    Le gavage, qui dure une douzaine de jours, laisse les animaux haletants, exténués, atteints de maladies qui entraînent une mortalité environ six fois plus élevée que dans des conditions d’élevage ne comportant pas de gavage.

    Le témoignage de gaveurs est aussi révélateur d'un malaise ressenti par les acteurs mêmes de cette industrie.

    Le gavage fait l’objet d’une contestation internationale : interdit dans des pays qui en étaient récemment producteurs comme l’Italie et Israël, il l’est de fait dans bien d’autres pays européens du simple fait qu’il est incompatible avec les textes de protection des animaux.

    En 2004, la Californie a décidé d’interdire la production et la consommation de foie gras (l’interdiction entrera en vigueur en 2012).

    Une fête où l’on découvre derrière la fine porcelaine, le champagne millésimé, le bruissement des robes et les rires légers, les ateliers de gavage, les batteries de cages qui ne laissent que passer la tête des canards, les pompes hydrauliques qui s’enfoncent dans la gorge de millions d’oiseaux, les salles d’abattage…

    Vous reprendrez bien encore un peu de foie gras ?

    Florence Burgat, philosophe. Dernier ouvrage paru : Liberté et inquiétude de la vie animale, Paris, Kimé, 2006.

    http://philosophie.blogs.liberation.fr/noudelmann/2008/12/le-pre-nol-est.html#more

  • Victor Hugo, "A un homme partant à la chasse"

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    Oui, l'homme est responsable et rendra compte un jour.
    Sur cette terre où l'ombre et l'aurore ont leur tour,
    Tremble de tout abus de pouvoir sur la bête.

    Te figures-tu donc être un tel but final,
    Que tu puisses sans peur devenir infernal,
    Vorace, sensuel, voluptueux, féroce,
    Echiner le baudet, exténuer la rosse,
    En lui crevant les yeux engraisser l'ortolan,
    Et massacrer les bois trois ou quatre fois l'an ?

    Ce gai chasseur, armant son fusil ou son piège,
    Confine à l'assassin et touche au sacrilège,
    Penser, voilà ton but ; vivre, voilà ton droit,

    Tuer pour jouir, non.

    Crois-tu donc que ce soit
    Pour donner meilleur goût à la caille rôtie
    Que le soleil ajoute une aigrette à l'ortie,
    Peint la mûre ou rougit la graine du sorbier ?

    Dieu qui fait les oiseaux ne fait pas le gibier.

    Victor Hugo

  • Armand Farrachi, "Chasse à courre, la loi du saigneur" (Libération)

    http://taomugaia.blog.lemonde.fr/files/2007/11/43792d2f249b6b5bad1101f968ab19.1194264073.jpg

    Armand Farrachi est écrivain, responsable du Collectif pour l’Abolition de la chasse à courre (http://www.abolitionchasseacourre.org/)

    La chasse à courre, tout le monde sait cela, consiste à poursuivre à cheval et avec des chiens, un animal sauvage, principalement un cerf, jusqu’à l’épuisement, puis à le poignarder, à le noyer ou à lui briser les jambes s’il n’a pas été déchiqueté par la meute, avant de le « servir », c’est-à-dire de l’égorger.

    Cette violence inouïe, qui révoltait déjà Montaigne, n’est justifiée que par le plaisir de ceux qui s’y livrent, et par une « tradition » d’Ancien Régime disparue à la Révolution mais réactualisée par Napoléon.

    La plupart des pays européens (Belgique, Ecosse, Grande-Bretagne, Allemagne…) y ont renoncé. Pas la France.

    Les veneurs interdits de chasse chez eux se réfugient donc chez nous, où le nombre d’équipages augmente de façon démesurée (une vingtaine par an), alors que les espaces continuent d’être « aménagés » de façon galopante.

    Résultat : l’année dernière, un cerf s’est réfugié chez des particuliers en passant par la baie vitrée, en lisière de forêt de Perseigne.

    Il a été égorgé dans le salon, entre le canapé et la télévision.

    Cette année, à Avilly-Saint-Léonard, près de Senlis, un animal épuisé a cru trouver refuge dans un village, où il a été « servi » sur le trottoir devant une population horrifiée.

    Le maire a porté plainte.

    A Lacroix-Saint-Ouen, la meute a déboulé dans la rue.

    Récemment, à Lamorlaye, encore dans l’Oise, un cerf s’est retrouvé sur le parking d’un supermarché à une heure d’affluence.

    Celui-là, « gracié », a cependant été retrouvé mort.

    Fréquemment des animaux affolés surgissent dans la circulation.

    D’autres incidents ont eu lieu, parfois jusque dans une cour d’école, entraînant au tribunal veneurs irresponsables ou opposants rebelles.

    Sur le terrain, les conflits se multiplient.

    Des interpositions ont lieu en forêt, des protestations s’élèvent dans les villages.

    En Grande-Bretagne, certains, officiellement privés de renards, se livrent maintenant à une chasse à l’homme façon comte Zaroff, avec des coureurs que cette poursuite amuse (et qui, précisons-le quand même, ne font pas l’objet d’une curée lorsqu’ils sont rattrapés, du moins pas encore).

    Mais dans quelles situations proprement surréalistes sommes-nous donc propulsés ?

    Quel enjeu capital (à part la location des forêts par l’ONF) peut bien justifier une pratique anachronique, aussi absurde que cruelle ?

    Les veneurs font valoir qu’ils tuent moins d’animaux que les chasseurs à pied, comme si le nombre faisait quelque chose à l’affaire.

    Que le Texas exécute moins de condamnés que la Chine justifie-t-il qu’on y maintienne la peine de mort ?

    En bonne logique, dans une République, un divertissement royal pratiqué à grand prix par 0,01 % des Français et condamné par 73 % de la population (1), rendu presque impossible par l’évolution des espaces et aussi de la sensibilité, aurait dû disparaître de lui-même.

    Mais nous sommes en France, où le lobby chasse trône au pouvoir.

    Alain Bombard, ministre de l’Environnement d’un gouvernement qu’il croyait populaire et qui voulut naïvement interdire la chasse à courre, dut démissionner illico.

    En juillet 2005, quinze députés de toutes tendances ont déposé un projet de loi abolitionniste qui n’a pas été plus débattu que les précédents.

    Ce n’était que la troisième tentative législative.

    Les gouvernements successifs sont sourds à tout argument, aveugles aux pétitions.

    La question est taboue.

    Au ministère, (en tant que responsable du Collectif pour l’Abolition de la chasse à courre j’en sais quelque chose) on répond qu’« en l’absence de volonté politique il sera difficile de faire avancer le dossier ».

    Mieux encore : au printemps dernier, le sénateur Poniatowski a proposé la création d’un nouveau délit d’« entrave à la chasse » pour les opposants !

    En période électorale, les partis se disent prêts à changer presque tout. Mais cela, qui le changera ?

    Jusqu’où ira-t-on avant qu’on comprenne enfin que la chasse à courre n’a pas plus de raison de subsister chez nous que chez nos voisins ?

    A quand la curée Place Beauvau ?

    Faudra-t-il voir des cerfs poursuivis dans les couloirs du métro ou noyés dans la Seine avant que les pouvoirs publics réagissent, admettent que les temps ont changé, notre rapport aux animaux aussi, et qu’après avoir séparé l’Eglise de l’Etat, il est temps, grand temps de séparer aussi la chasse de l’Etat, de laisser les cerfs dans leurs forêts et les « piqueurs » dans leur musée sanglant, pour signifier que le temps des saigneurs est, on l’espère, à jamais révolu ?

    (1) Sondage Sofres réalisé en mars 2005 à la demande de la fondation Brigitte-Bardot.

    Dernier ouvrage paru : L’Adieu au tigre, Ed. Imho.

    http://www.liberation.fr/societe/0101221317-chasse-a-courre-la-loi-du-saigneur

  • Un autre pamphlet végan (Gary Francione)

    http://photos2.meetupstatic.com/photos/event/a/1/e/7/highres_2081447.jpeg

    Chères collègues et chers collègues :

    Eric Prescott et ses collègues de l’Association végane de Boston ont créé un excellent pamphlet portant sur l’importance du véganisme.

    Lorsque je parle d’éducation créative et non-violente au véganisme, c’est à ce genre de travail auquel je pense.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2008/11/03/un-autre-pamphlet-vegan/

  • Troublant... (Gary Francione)

    L'image “http://www.dublingame.com/blog/wp-content/uploads/2007/07/go-vegan.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.

    Le New York Times Magazine (26 octobre 2008) offre un long article sur la Proposition 2, en Californie.

    J’écrirai davantage à propos de cet article que je trouve perturbant à plusieurs niveaux.

    Mais je ne peux m’empêcher de commenter dès maintenant l’affirmation attribuée au président de la HSUS Wayne Pacelle : « Et quant aux gens qui veulent une révolution végane - c’est trop passif pour moi ».

    L’éducation créative et pacifique au véganisme est tout sauf « passive ».

    C’est la manière la plus efficace de diminuer la demande pour des produits d’origine animale.

    C’est la manière la plus efficace d’opérer ce changement culturel pour passer du paradigme selon lequel les animaux sont des choses que nous pouvons exploiter tant que nous le faisons de manière « humanitaire » au paradigme selon lequel ils sont des membres de notre communauté morale, qui ont le droit de ne pas être créés dans l’objectif d’être tués simplement parce que nous apprécions le goût de leur chair et celui des produits que leur souffrance nous permet d’obtenir.

    Il est pour le moins remarquable que Pacelle appuie la proposition soumise au scrutin parce que, selon lui, une proposition qui ne prendra effet qu’en 2015, qui est tissée d’exceptions et qui ne fera que mettre les consommateurs plus à l’aise pour continuer à encourager l’exploitation animale n’est pas « passive ».

    Il n’est pas moins remarquable qu’un homme qui contrôle une organisation rapportant des revenus de $124,000,000 et ayant un actif d’une valeur de $223,000,000 considère l’éducation végane populaire comme un moyen « passif ».

    Imaginez ce qui pourrait être fait pour les animaux nonhumains si une proportion significative de ces ressources était investie dans une campagne visant à promouvoir le véganisme.

    Le fait que Wayne considère la Proposition 2 comme un bonne stratégie témoigne d’un manque total d’imagination, pour ne pas dire plus.

    L’article du New York Times rapporte que Pacelle est devenu végan lorsqu’il avait 19 ans.

    Je suppose que ce qui a motivé Wayne à adhérer au véganisme fût un changement dans sa manière de percevoir les animaux nonhumains.

    Peut-être que les autres devraient aussi se voir offrir la chance de modifier leurs perceptions plutôt que de se faire dire de manière erronée qu’il posent un geste significatif en appuyant des projets comme la Proposition 2.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2008/10/29/troublant/

  • Une autre terrible proposition californienne (Gary Francione)

    http://www.theonion.com/content/files/images/onion_news3064.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Il semble que la Proposition 2 ne soit pas la seule mesure réactionnaire qui sera soumise au vote des Californiens le mois prochain.

    La Proposition 8, qui éliminera le droit des couples homosexuels de se marier, sera également soumise au scrutin.

    En mai 2008, la Cour Suprême de la Californie a jugé que limiter le mariage à la relation entre un homme et une femme viole la clause de l’égale protection contenue dans la Constitution californienne et que cette même Constitution garantit aux personnes de même sexe le droit de se marier.

    La Proposition 8 demande aux électeurs de la Californie de refuser l’égale protection aux gais et lesbiennes de la Californie en dépit de la décision de la Cour.

    La Proposition 8 n’est rien d’autre qu’un exemple patent d’hétérosexisme.

    Nous vivons dans une société imprégnée par le racisme, le sexisme, l’hétérosexisme et le spécisme.

    Ces attitudes ont toutes en commun d’exclure certains groupes de la communauté morale sur la base de critères non pertinents (race, sexe, orientation sexuelle, espèce).

    Si nous souhaitons arriver un jour à progresser en tant que civilisation, il faudra rejeter toutes ces formes de discrimination.

    Toute discrimination est une forme de violence.

    Je souhaite assurément que les électeurs californiens s’opposent à cette regrettable tentative visant à nier la dignité et le respect des gais et lesbiennes

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2008/10/12/une-autre-terrible-proposition-californienne/

  • “Ces animaux sont nos chers amis” (Gary Francione)

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    Chères collègues et chers collègues :

    Tôt ce matin, Anna et moi sommes allés chez Whole Foods. Nous détestons faire nos courses à cet endroit mais nous n’avons pas le choix : la plupart de nos magasins d’aliments naturels locaux ont disparu avec l’arrivée de chaînes comme Whole Foods et Trader Joe’s.

    Le dimanche, un marché extérieur est tenu chez Whole Foods, dans le stationnement. Les vendeurs locaux y vendent des fruits, des légumes, des petits plats cuisinés - et des produits d’origine animale. Une vendeuse a décoré son kiosque de « viande organique » avec des photos de ses « poulets, porcs et vaches élevés selon les règles de l’élevage biologique ».

    Nous nous sommes arrêtés et avons regardé les photos. J’ai fait remarquer à la vendeuse qu’il n’y avait aucune photo du processus d’abattage des animaux.

    « Oh, eh bien nous abattons nos poulets sur place et nos vaches et cochons sont amenés à l’abattoir qui n’est situé qu’à six miles. Ils ne passent pas la nuit là-bas et nous essayons de réduire leur stress le plus possible. ».

    Une autre personne qui faisait ses commissions est apparue et a dit : « Je me sens tellement mieux lorsque j’achète ma viande de fermes comme celle-ci ».

    La vendeuse a répondu : « Oh, oui, ces animaux sont nos chers amis ».

    J’ai remarqué, poliment mais sérieusement : « Voilà une étrange réponse; j’espère que vous ne traitez pas tous vos ‘chers amis’ de cette façon ».

    La vendeuse s’est mise à rire. Elle croyait que je blaguais.

    « Ces animaux sont nos chers amis. » Pensez-y. Pensez à la terrible confusion qu’une telle affirmation révèle.

    C’est là où le mouvement pour la viande/produits d’animaux heureux nous mène.

    C’est là où la campagne pour la mise à mort par contrôle atmosphérique de PETA–KFC nous mène.

    C’est là où des efforts comme ceux qui entourent la Proposition 2 nous mènent.

    Nous reculons.

    Devenez végans. C’est le fondement du mouvement abolitionniste et c’est l’application du pacifisme aux actions quotidiennes.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2008/09/21/ces-animaux-sont-nos-chers-amis/

  • Florence Burgat : "La barbarie invisible envers les animaux"

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    Le 21 mai 2008, des hommes armés et cagoulés issus d’une troupe d’élite de la police autrichienne, investissaient brutalement des bureaux d’associations et des domiciles privés de défenseurs des droits des animaux, saisissant le matériel (ordinateurs, documents, brochures) et arrêtant dix militants.

    Neuf d’entre eux, parmi lesquels des dirigeants de plusieurs associations, ont été maintenus en détention préventive et viennent d'être relâchés le 2 septembre.

    Que leur est-il reproché ?

    Les prévenus ne se sont pas vus imputer des délits commis individuellement ; ils sont accusés d’appartenir à une « organisation criminelle » nommée Front de libération animale (ALF).

    Le dossier constitué par l’accusation comprend la liste des délits attribués à l’ALF sur le territoire autrichien au cours des dernières années, sans qu’aucun élément ne vienne étayer l’implication des prévenus dans ces délits.

    Quels sont ces délits ?

    Il s’agit de sept attaques à la bombe puante, sept bris de vitrines, trois cas de graffitis, deux détériorations de biens (un mirador d’affût et une volière à faisans vide), deux sauvetages d’animaux (cochons et faisans) sans dégâts matériels et une lettre de menace.

    Etant donné le caractère mineur de ces délits, quand bien même des preuves auraient été réunies pour les imputer aux prévenus, il est difficile de comprendre pourquoi on ne les a pas laissés en liberté jusqu’à leur jugement.

    Cet état de fait s’explique par le recours à une loi extraordinaire : l’article 278a du code pénal autrichien.

    Cet article (prévu pour lutter contre le terrorisme, la mafia, le trafic d’êtres humains) permet de prolonger la détention préventive jusqu’à deux ans et de limiter l’accès des prévenus et des avocats au dossier les concernant.

    Signalons parmi les réactions exprimées face à cette affaire, dès le mois de juin, l’inquiétude d’Amnesty International Autriche face à l’utilisation abusive de l’article 278a, et les réserves ou la désapprobation de parlementaires sociaux démocrates et verts autrichiens.

    Si un recours en appel a donc tout récemment abouti à la libération des militants emprisonnés, l’accusation portée contre eux de former une « organisation criminelle » n’a pas été levée.

    Comment expliquer un coup de filet si brutal contre un milieu qu’on se contentait autrefois de marginaliser par le mépris, en le ridiculisant et le caricaturant à l’envi ?

    C’est que depuis une quinzaine d’années, le mouvement de la défense animale s’est structuré et professionnalisé, internationalisé aussi, s’emparant de la question de l’exploitation des animaux (boucherie, chasse, pêche, expérimentation, corrida, cirques et zoos, fourrure) pour en mettre la réalité au grand jour, réfléchir aux fondements théoriques de cette exploitation et en interroger la légitimité.

    Cette réalité révèle que nous sommes assis sur une couche de barbarie invisible, rationalisée, propre, dont ne nous sont livrés que les produits finis — fétichisme somme toute véniel de nantis, rien de plus, rien de grave.

    Ne sommes-nous pas forts d’un humanisme bien pensant qui nous prémunit du pire ?

    Notre tranquillité de consommateur, notre sentiment de ne participer à rien d’indigne pouvaient cependant s’en trouver ébranlés.

    L’élevage et l’abattage industriels, en particulier, étaient montrés, certaines productions, comme le foie gras, décrites dans la factualité de leur processus.

    Il y a, certes, un grand pas à franchir entre la mauvaise conscience naissante et le passage à l’acte de s’abstenir d’acheter désormais tel ou tel produit.

    De là à porter atteinte aux filières industrielles de la viande, la route semblait interminable.

    Pourtant, le mouvement autrichien a atteint le seuil où il nuit sensiblement aux intérêts liés aux productions animales : la moitié des exploitations de poules pondeuses ont fermé à la suite de l’interdiction des cages.

    Parmi les mesures les plus spectaculaires récemment obtenues dans ce pays, citons en 2005 : l’interdiction des spectacles de cirques avec des animaux sauvages (et interdiction de la simple détention de tels animaux par les cirques, même s’ils ne sont pas utilisés dans les représentations), l’interdiction des élevages d’animaux pour leur fourrure, l’interdiction des élevages en batterie de poules pondeuses.

    En 2006, l’interdiction de l’expérimentation sur les grands singes et en 2008, l’interdiction de l’élevage de lapins en cages.

    Avant même l’entrée en vigueur de cette dernière mesure (2012), les associations ont obtenu de grandes chaînes de distribution (Merkur, Adeg, Spar) qu’elles cessent de commercialiser des lapins élevés en batterie.

    À la revendication d’une protection des animaux au cours des utilisations dont ils sont l’objet (méthode d’abattage plus indolore, interdiction des pièges à mâchoires, agrandissement des cages…) afin de leur éviter les « souffrances inutiles » et sans que soit remis en cause de principe de leur utilisation, fit suite une réflexion morale et politique sur les « droits des animaux », ruinant ainsi leur statut de moyens au service des fins de l’homme.

    Cette affaire est préoccupante à bien des égards : des militants n’ayant en rien porté atteinte à des personnes et menant campagne pour défendre des intérêts qui ne sont pas les leurs sont jetés en prison ; c’est la liberté de pensée et d’expression qui se trouve menacée.

    L’immense masse muette des animaux qui sont enfermés, engraissés, gavés, mutilés, « vivisectionnés », piégés, égorgés voit ses avocats privés de parole et de liberté.

    Qui a intérêt à criminaliser la protection animale ?

    Florence Burgat, philosophe, directeur de recherche à l'INRA.

    Dernier ouvrage paru : Liberté et inquiétude de la vie animale, Paris, Kimé, 2006

    http://philosophie.blogs.liberation.fr/noudelmann/2008/09/la-barbarie-inv.html