La liste des maltraitances et cruautés infligées aux animaux est bien longue et, que nous le voulions ou non, leur exploitation est une réalité qui rythme notre quotidien sans sembler, pour autant, nous perturber outre-mesure.
Spécisme : sommes-nous des nazis à l’égard des animaux ?Nazisme, un mot qui fait froid dans le dos mais que n’hésitent pas à utiliser les défenseurs de la cause animale dès lors qu’il est question de définir les rapports de force et de domination qu’entretient le genre humain à l’égard des animaux.
Un terme violent auquel fait notamment allusion Shaun Monson en introduction de son film Earthlings (Terriens) (1), citant l’écrivain et prix Nobel Isaac Bashevis Singer :
"Dans leur comportement envers les créatures, tous les hommes [sont] des nazis."
Dans ce documentaire paru en 2005, Monson s’efforce de décrire l’asservissement du monde animal par les hommes et les différentes formes que cette exploitation revêt.
Partant du postulat que nous – êtres humains et animaux – sommes tous des Terriens, le fait de voir certains Terriens en dominer d’autres en les traitant comme de simples objets, transformables en produits industriels et exploitables à souhait, constituerait une forme de violence comparable au racisme ou au sexisme, fonctionnant selon un schéma identique : privilégier les intérêts des individus d’un groupe au détriment de ceux d’un autre groupe, considérés comme moins puissants et traités comme des objets.
Ce spécisme ainsi dénoncé revêt des formes toujours plus nombreuses dont certaines ont été citées plus haut.
Mais alors que l’on pensait peut-être avoir fait le tour de la question en matière d’horreur et de cruautés communément infligées aux animaux, nous voilà en droit de nous poser sincèrement la question suivante : jusqu’où l’homme ira-t-il ?
Y a-t-il des limites à la cruauté et à l’exploitation que la condition humaine fait subir aux animaux ?
Toujours plus absurde, toujours plus cruel
Si nous sommes tous en mesure de pointer du doigt ces pratiques qui heurtent nos sensibilités voire nous révulsent (corridas, élevage industriel, animaux de laboratoires, business de la fourrure…), nous serions bien naïfs de considérer que les diverses maltraitances animales connues à ce jour aient atteint leur paroxysme ou de sous-estimer l’inventivité dont fait preuve le genre humain en matière d’exploitation des animaux.
Des faits divers sont régulièrement dénoncés, alimentant des groupes de protestation et des pétitions sur les réseaux sociaux et sites de défense des droits des animaux.
Surenchères dans les prestations de massacres de chatons sur les sites de partage de vidéos, souvenir du scandale de Vargas qui, lors de la Biennale d’Amérique centrale d’Arts visuels en 2007, captura un chien errant et le laissa attaché à une courte corde pendant plusieurs jours au nom de l’art (et que la rumeur accuse d’avoir laissé mourir l’animal dans le cadre de son œuvre), les prétextes censés justifier la maltraitance des animaux sont toujours plus absurdes et les dérives qui en découlent semblent sans limite aucune.
Il y a quelques mois, c’était au tour des porte-clés "vivants" (2) de faire le buzz : principalement vendus en Chine, ces porte-clés en plastique renferment un petit animal (lézard, tortue ou poisson) ayant la particularité d’être vivant, car s’il se contentait d’être mort et figé dans de la résine, ce ne serait ni assez drôle ni assez cruel.
Avec ce nouveau must have, les touristes peuvent désormais se réjouir de posséder un porte clés "vivant" mais malheureusement éphémère, avec lequel ils pourront frimer quelques jours jusqu’à ce que le cadavre d’une tortue ou d’un poisson rouge flottant dans de l’eau saumâtre ne les conduise à se mettre en quête d’une nouvelle excentricité du genre.
A-t-on atteint les limites de la cruauté et de la maltraitance animale avec cet exemple d’animaux réduits à l’état d’objets jetables ?
Ce serait trop beau.
Les faits nous prouvent hélas qu’en la matière, l’imagination des hommes est sans borne et n’a d’égal que l’intérêt du profit.
Des femelles orang-outans prostituées dans des bordels
Les faits remontent à 2007 mais l’information a été massivement diffusée il y a quelques semaines seulement.
A Bornéo, une fondation en faveur de la protection des oran-outang a organisé la libération d’une jeune femelle de la race qui venait de passer plusieurs années en captivité, prostituée dans un bordel de campagne.
La femelle orang-outan a ainsi été victime de sévices sexuels pendant plusieurs années avant d’être finalement libérée, une libération qui aura mis un an à voir le jour et qui aura nécessité l’artillerie lourde (35 policiers armés) tant sa proxénète était peu encline à perdre sa poule aux œufs d’or et ses habitués récalcitrants à l’idée de devoir renoncer à leur bien docile Pony.
Dans cette affaire où le mot sordide prend tout son sens, l’on apprend comment l’animal vivait enchaîné et était quotidiennement rasé afin de revêtir une apparence plus à même de convenir à sa clientèle et aussi proche que possible de celle d’une femme.
Maquillée, parée de bijoux et autres artifices censés la rendre plus "humaine", la pauvre femelle orang-outan ainsi séquestrée et prostituée a enchaîné les "passes" quotidiennes pendant des années avant de pouvoir enfin être libérée et prise en charge par l’association indonésienne Borneo Orangoutan Survival Foundation (3).
Ce fait divers laisse imaginer qu’il est peu probable que le cas de Pony soit isolé et de telles pratiques seraient toujours d’actualité en Indonésie ainsi que dans d’autres pays tels que la Thaïlande où, vraisemblablement, la prostitution infantile semble ne pas suffire.
Quand j’ai vu Earthlings pour la première fois, j’ai cru perdre définitivement foi en l’humanité et passé trois jours à pleurer et à errer en pyjama (exactement comme la foi où, en classe de 3ème, la prof d’histoire a tiré les rideaux et, dans une salle obscure, nous a diffusé Nuit et Brouillard).
Quand je suis tombée sur une de ces vidéos de porte-clés poissons, je m’en suis voulu d’avoir eu un poisson en bocal ou d’avoir laissé mourir mes tétards en laissant le bocal en plein soleil (j’avais 9 ans, ça va hein).
Et puis là, en découvrant cette triste histoire qui bat des records en matière de cruauté et de sordide, autant vous dire que je suis à deux doigts de claquer ma paie sur le site de la fondation de protection des Orang Outans de Borneo, en parrainant des dizaines de bébés singes.
Il y a des jours où j’aimerais bien avoir encore foi en l’humanité.
Mais j’ai du mal.
(1) Earthlings (2005) : http://video.google.fr/videoplay?docid=4093730216074063220
(2) http://ibuzzyou.fr/des-poissons-lezards-et-tortues-vivants-en-guise-de-porte-cles.html
(3) http://www.orangutanprotectionfoundation.org/
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/542964-des-femelles-orang-outans-prostituees-jusqu-ou-va-la-maltraitance-animale.html
Nous les mangeons, nous les faisons travailler, nous les utilisons comme cobayes pour nos tests en tous genres, nous nous habillons de leur peau, nous les parquons et en faisons des distractions, nous les exhibons pour le profit, nous les envoyons au casse-pipe en temps de guerre, nous en faisons des compagnons pour nous divertir, nous nous lassons d’eux et les abandonnons, nous les transformons même en accessoires de mode ou en grigris.
Nous leur faisons prendre tous les risques que nous n’osons courir, nous leur faisons subir tous les dommages que nous refusons de nous infliger, nous disposons d’eux à notre gré, ramenant ces êtres vivants au rang d’objets dont nous pouvons disposer à volonté, leur niant toute sensibilité, fermant les yeux sur leur souffrance, encourageant les plus fréquentes cruautés qui leurs sont infligées, considérant comme presque normales la plupart des maltraitances qui leur sont infligées…