Gary L. Francione (Traductrice : Carine Dos Santos)
Dans The longest journey begins with a single step : Promoting animal rights by promoting reform (Le plus grand voyage commence par un simple pas : promouvoir les droits des animaux en encourageant la réforme), Peter Singer et Bruce Friedrich, co-directeur de PETA, déclarent qu’une " drôle " de controverse s’est développée au cours " des dernières années " afin de savoir si les défenseurs des animaux devaient suivre la voie de la protection animale comme un moyen d’obtenir des droits pour les animaux.
Cette controverse n’est ni " drôle " ni " récente ". Elle n’est pas " drôle " parce qu’il existe une incohérence entre la réglementation de l’exploitation animale et son abolition.
La controverse n’est pas " récente " en ce sens que la tension entre les droits et la protection a toujours été constante dans le mouvement de défense des animaux au cours des quinze dernières années.
Ce qui est par contre " récent ", c’est l’émergence d’un mouvement mondial basique défiant l’hégémonie des organisations de protection animale bien établies à la tête du mouvement et qui tente de formuler une alternative, un paradigme abolitionniste.
Il est par conséquent peu surprenant que Singer, principal théoricien de l’idéologie welfariste [1] et PETA, qui met en place cette idéologie et soutient que toute discussion est " source de conflit " et menace " l’unité " du mouvement, se fassent du souci.
Il existe au moins 5 raisons pour un abolitionniste de rejeter l’approche welfariste exprimée dans l’essai de Friedrich et Singer.
1. Le bien-être animal : rendre l’exploitation plus efficace
Singer et Friedrich déclarent que les réformes de la protection reconnaîtront que les non-humains ont des " droits " et " intérêts ", qu’elles éloigneront de façon significative les animaux du statut de bien ou denrée n’ayant qu’une valeur extrinsèque ou conditionnelle.
Ils se trompent.
Les réformes qu’ils soutiennent n’ont rien à voir avec le fait de reconnaître que les animaux possèdent des intérêts moraux significatifs qui doivent être protégés même lorsqu’il n’y a aucun profit économique pour les humains.
La plupart de ces réformes, tout comme la majorité des mesures de protection animale, ne font rien d’autre que rendre l’exploitation animale plus rentable pour les exploiteurs d’animaux et les enfermer un peu plus dans le modèle de la propriété.
Il suffit par exemple de s’intéresser à la campagne qui a permis de conclure un accord avec McDonald’s pour exiger de supposés standards " humains " pour les abattoirs et plus d’espace pour les poules de batterie.
Singer applaudit ces actions de McDonalds, suivies ensuite par Wendy’s et Burger King, comme une " lueur d’espoir " et "les premiers signes d’espérance pour les animaux de ferme américains depuis les débuts du mouvement animal moderne. " (dans N.Y. Rev.of books, 15 mai 2003).
Friedrich déclare qu’un " véritable changement s’est opéré dans les consciences " concernant le traitement des animaux destinés à la consommation " (dans L.A. Times, 29 avril 2003) et Lisa Lange de PETA se targue de voir que McDonalds a " ouvert la voie de la réforme des pratiques des fournisseurs de fast foods en matière de traitement et d’abattage des bovins et volailles. " (dans L.A. Times, 23 février 2005)
Les standards d’abattage loués par Singer et PETA ont été développés par Temple Grandin [2] , conceptrice des systèmes de manipulation et d’abattage " humains ".
Les lignes de conduite de Grandin, qui comportent des techniques de déplacements des animaux dans le processus d’abattage et d’étourdissement, sont explicitement basées sur des critères économiques.
Selon Grandin, une manipulation appropriée des animaux à abattre " permet à l’industrie de la viande d’être gérée de façon sûre, efficace et rentable ".
Un étourdissement convenable est important car " il fournira une viande de meilleure qualité. Une électronarcose [3] incorrecte engendrera des caillots de sang dans la viande ainsi que des fractures des os...
Un animal correctement étourdi produira une carcasse rigide qui ne fait courir aucun risque aux employés.
Elle soutient qu’une " manipulation souple dans un environnement bien conçu minimisera les niveaux de stress, améliorera l’efficacité et assurera une bonne qualité de viande.
Une manipulation dure ou un équipement mal agencé est nuisible tant au bien être animal qu’à la qualité de la viande. " ( http:/ /www.grandin.com)
De façon générale, les améliorations concernant l’abattage et les cages auxquels se réfèrent Singer et Friedrich sont évoquées en ces termes par McDonalds :
" Les animaux bien traités sont moins enclins aux maladies, aux blessures et au stress, qui ont tous le même impact négatif sur l’état du bétail ainsi que sur les personnes.
Des conditions correctes de bien être animal sont également rentables pour les producteurs. Se conformer à nos lignes de conduites en matière de bien être animal nous aide à assurer une production efficace et réduit les pertes.
Ceci permet à nos fournisseurs d’être hautement compétitifs. " ( http:/ /www.mcdonalds.com)
Wendy’s insiste également sur l’efficacité de son programme de bien-être animal :
" Des études ont démontré que des méthodes humaines de manipulation des animaux ne se contentent pas d’empêcher des souffrances inutiles, mais fournissent également un environnement plus sûr pour les employés de l’industrie agroalimentaire. " http:/ /www.wendys.com)
Dans un rapport concernant les réformes volontaires dans l’industrie du bétail, le Los Angeles Times expliquait qu’une " partie des réformes sont dictées par l’intérêt propre.
Quand un animal est meurtri, sa chair devient impropre et il doit être écarté.
Même le stress, tout particulièrement juste avant l’abattage, peut affecter la qualité de la viande. " (29 avril 2003)
Cet exemple (et il en existe d’autres) illustre la façon dont les producteurs de denrées animales, qui travaillent avec d’importants protecteurs des animaux, rendent l’exploitation des animaux plus lucrative en adoptant des mesures qui améliorent la qualité de la viande et la sécurité des travailleurs.
Mais cela n’a absolument rien à voir avec la reconnaissance de la valeur inhérente des animaux ou de leurs intérêts qui devraient être respectés même lorsqu’il n’y a aucun profit économique pour les humains.
Les améliorations supposées du bien-être animal sont généralement limitées et justifiées par les profits des producteurs et des consommateurs.
De plus, les grandes entreprises d’exploitation animale peuvent à présent souligner que les protecteurs des animaux comme Singer ou PETA les admirent pour leur soi-disant traitement " humain " des animaux non-humains.
PETA a ostensiblement offert à Grandin, consultante pour McDonalds et autres chaînes de fast food, sa récompense du Visionnaire de l’Année 2005 pour ses " améliorations innovantes " des procédés d’abattage et Ingrid Newkirk, de PETA, loue Grandin d’avoir " fait plus pour réduire la souffrance dans le monde que quiconque " (New Yorker, 14 avril 2003)
On peut sérieusement douter des changements réellement apportés au traitement de l’animal sauf en ce qui concerne la question d’une exploitation efficace.
Un abattoir qui suit les lignes de conduite de Grandin pour l’étourdissement, l’utilisation des coups et d’autres aspects du processus d’abattage demeure un endroit indiciblement horrible.
Les poules de batterie qui fournissent la plupart des grandes chaînes de fast food vivent à présent sur une surface équivalente à environ 21,59 cm2 alors que les standards de l’industrie sont à 17,78cm2 mais il serait absurde de dire que l’existence d’une poule de batterie est tout sauf misérable.
2. Le bien-être animal : Mettre le public plus à l’aise face à l’exploitation animale
Singer et Friedrich affirment sans aucun support que toute réforme sur le bien-être animal conduira à une meilleure protection des animaux et à la " libération animale ".
Cela fait maintenant 200 ans que la protection animale existe et rien ne prouve que les réformes sur le bien être aient conduit à une protection significative des intérêts des animaux et encore moins à l’abolition.
En réalité, nous utilisons plus d’animaux non humains aujourd’hui, et de façon plus horrible qu’auparavant.
Au point d’avoir conclu des améliorations marginales dans certains aspects du traitement animal qui ont, pour la plupart d’entre elles, été limitées à des mesures rendant l’exploitation animale plus avantageuse.
Bien qu’il soit en théorie possible d’aller au-delà de ce niveau minimal de protection, le statut des non humains en tant que propriété et le souci résultant de maximiser la valeur de la propriété animale milite fortement contre toute amélioration significative de notre façon de traiter les animaux et assure que la protection animale fera un peu plus que rendre l’exploitation animale plus efficace économiquement et acceptable socialement.
Quoi qu’il en soit, les réformes proposées pas Singer et Friedrich et qui sont actuellement promues par les associations de protection animale aux Etats-Unis, ne dépassent pas le niveau minimal.
Singer et Friedrich avancent que les opposants à la protection disent " qu’avant ces réformes, un grand nombre de personnes refusaient de manger de la viande, mais ils ont à présent décidé que, puisque les animaux ne sont plus aussi maltraités, ils peuvent en manger à nouveau. "
Ni moi, ni aucune personne critiquant la protection animale à ma connaissance n’a jamais énoncé une telle chose.
J’ai bien dit que la protection animale n’a pas entraîné un grand nombre de non végétaliens à changer leur comportement et à refuser de manger de la viande ou d’autres produits animaux, et que les réformes sur le bien-être ne sont pas susceptibles de prendre cette direction sous peu pour la simple raison qu’elles mettent les gens plus à l’aise face à l’exploitation animale.
Ce sentiment est le message explicite du mouvement de la protection. Les protecteurs des animaux déclarent que nous pouvons " consommer avec conscience. " (New York Times, 6 octobre 2004, citation de Paul Waldau).
Dans le dernier livre de Singer, The Way we eat : Why our food choices matter (Notre façon de manger : pourquoi nos choix alimentaires comptent), il affirme avec son co.-auteur, Jim Mason que nous pouvons être " des omnivores conscients " et exploiter les animaux éthiquement si, par exemple, nous ne mangeons que les animaux qui ont été bien soignés et tués sans souffrance.
Le message envoyé par cette approche est plutôt clair et si Singer et Friedrich pensent réellement que ceci n’encourage pas la consommation de produits animaux, ils se font des illusions.
De plus, les réformes sur le bien-être peuvent entraîner une hausse de la demande et donc une hausse nette de la souffrance animale.
La relation entre une demande accrue et des standards " humains " est reconnue par les protecteurs mêmes.
Par exemple, l’association The Humane Society of the United States édite des brochures dans le but de promouvoir sa campagne pour des alternatives plus " humaines " concernant les cages de gestation des truies et signale explicitement que l’adoption de systèmes alternatifs peut engendrer une demande accrue ou des parts de marché pour les producteurs.
Je voudrais partager une histoire avec vous, qui bien qu’anecdotique, illustre le problème. Lorsque le magasin " Whole Foods [4]" à côté de chez moi a ouvert, il vendait des produits carnés, mais n’avait pas de rayon viande.
Il y a maintenant un rayon entier de viande et poisson. Il existe également des affiches dans le magasin faisant de la pub pour le " Animal Compassion Foundation " (± Fondation pour la compassion envers les animaux) établi par Whole Foods, qui finance des projets pour les fermiers et les propriétaires de ranch leur permettant de développer des méthodes d’élevage plus " humaines ".
Il y a plusieurs semaines, je passais devant l’étal de viande et j’ai fait remarquer à un employé que je trouvais honteux que Whole Foods vende des cadavres.
Telle fut la réponse de l’employé :
" Saviez-vous que PETA a récompensé Whole Foods pour sa façon de bien traiter les animaux ? " Oui, c’est vrai. En plus de donner une récompense à Temple Grandin, PETA a également loué Whole Foods pour son " exigence de standards stricts envers ses producteurs. " http://www.peta.org
The way we eat cite également Whole Foods et noircit des pages et des pages pour encenser l’entreprise comme étant un vendeur de produits animaux éthiquement responsable.
En mettant de côté qu’il y a un sérieux problème, à savoir si les standards " stricts " dont PETA et bien d’autres sont si fiers ont un effet significatif sur la vie et la mort des animaux dont les cadavres sont vendus chez Whole Foods (un article à venir du Pr Darian Ibrahim de l’Université d’Arizona soutient que ces standards comportent des lacunes), ce type d’approche ne peut qu’alimenter la confusion là où la clarté devrait être présente et encourage les gens à croire que nous pouvons " consommer avec conscience ", ce qui tend à perpétuer et légitimer la consommation de produits animaux.
Voici un avis paru sur Amazon.com au sujet du livre The way we eat :
" Inutile de devenir végétarien ou végétalien, bien que le devenir pourrait constituer un bon mode de vie, à la fois sain et moral, mais le livre vous donne vraiment envie d’acheter chez Whole Foods et d’acheter du poulet élever en parcours libre et de faire tout ce que vous pouvez pour que vos besoins en provisions aient une origine décente. "
3. Le but ? Quel but ?
Singer et Friedrich expliquent comment la protection animale encourage les " droits des animaux " et déclarent que l’opposition au bien-être animal est " contre productive face au but de la libération animale que nous partageons tous ".
Quel est exactement ce but que nous partageons tous ?
Singer est un utilitariste [5] qui a fortement rejeté les droits moraux des animaux non-humains et humains bien qu’il utilise confusément le langage des droits quand cela lui convient. Il en ressort que ceux qui soutiennent que les humains disposent de certains droits, comme celui de ne pas être réduits en esclavage ou d’être utilisés comme une marchandise par d’autres, ne partagent pas le but de Singer en ce qui concerne les humains.
Pour ce qui est des non-humains, Singer ne s’oppose pas à leur exploitation pour la majorité d’entre eux, il s’inquiète seulement de leur traitement.
S’il discute l’utilisation, c’est uniquement dans le contexte du souci de ne pas être capable d’assurer un traitement adéquat.
Mais son but n’est pas l’abolition de l’exploitation animale ; selon la théorie morale générale de Singer, l’abolition ne peut pas être son but. Singer a toujours fortement soutenu que la plupart des non-humains n’ont aucun intérêt à continuer de vivre parce qu’ils n’ont pas conscience d’eux-mêmes dans le même sens que les hommes.
Par conséquent, ils se moquent de savoir si on les utilise, ils se préoccupent seulement de la façon dont on les utilise.
Ceci reflète les pensées de Jeremy Bentham, l’utilitariste du XIXe siècle, sur lesquelles Singer base sa théorie.
Bentham prétend que bien que les animaux puissent souffrir, et avaient donc une importance morale, les animaux ne s’inquiètent pas de savoir, par exemple, si nous les mangeons. Ils s’inquiètent seulement de la façon dont nous les traitons jusqu’à ce que nous les mangions.
Ce point de vue, qui ne concerne pas l’utilisation en soi mais le traitement, est le fondement de l’idéologie de la protection animale et se différencie de la position des droits des animaux comme je l’ai clairement exprimé.
Je maintiens que si les animaux ont un intérêt à mener une existence continue (et je soutiens que c’est valable pour tout être conscient), les utiliser comme une ressource pour les humains (même si on les traite " humainement ") n’est pas défendable moralement et nous devrions tendre à abolir et non réguler l’exploitation animale.
Je soutiens également que Singer se trompe en maintenant qu’il est possible d’accorder une considération égale à tous les intérêts qu’il reconnaît aux animaux en tant que propriété de l’homme.
Les intérêts de la propriété seront toujours considérés comme moindres face à ceux des propriétaires.
Cependant, il n’y a pas besoin d’être très philosophe pour évaluer la nature de la " libération animale " selon Singer.
Son dernier livre soutient non seulement que nous pouvons manger les animaux et leurs sous-produits éthiquement, mais comporte également une information qui devraient éclairer nos idées sur Singer et ses pensées au sujet de la violence envers les non humains.
Dans The way we eat, Singer et Mason nous racontent qu’ils ont appris qu’un élevage de dindes nécessitait des travailleurs pour assister l’insémination artificielle.
" Notre curiosité était piquée et nous avons décidé de voir par nous-mêmes en quoi consistait réellement ce travail. "
Singer et Mason ont passé une journée " à collecter la semence et à l’introduire dans les dindes. " Ils attrapaient les mâles et les maintenaient pendant qu’un autre travailleur " pressait l’organe de reproduction du mâle jusqu’à ce qu’il s’ouvre et que la semence blanche en sorte. "
En se servant d’une pompe, il la transférait dans une seringue.
" Singer et Mason devaient ensuite " forcer " les femelles, ce qui sous-entend de les maintenir afin que " leur train arrière soit bien en place et leur organe ouvert.
" L’inséminateur introduit ensuite un tube dans la dinde et utilise un souffle d’air comprimé pour injecter la semence dans la dinde. "
Et il n’y avait pas que les dindes qui passaient un mauvais quart d’heure.
Singer et Mason se sont plaint de leur journée à l’élevage de dindes disant que c’était le travail " le plus difficile, rapide, sale, dégoûtant et le plus mal payé qu’ils n’aient jamais fait.
Pendant 10 heures, nous avons attrapé et lutté avec des volailles, retournées à l’envers et vus leurs derrières, évité leurs excréments jaillissants en respirant un air vicié par la poussière et les plumes dégagées par des volailles paniquées [6]"
Et par-dessus tout, ils ont " reçus un torrent d’insultes de la part du chef d’équipe. On a duré une journée. "
On se demande bien si Singer et Mason y seraient retournés un deuxième jour si les conditions de travail avaient été meilleures.
Il est vraiment dérangeant de constater que Singer et Mason considèrent moralement acceptable de commettre des violences à l’égard de non-humains quel que soit le but et plus particulièrement pour satisfaire leur curiosité sur " ce qu’implique vraiment ce travail ".
Je pense qu’il n’y a aucun moyen antispéciste de justifier ce que Singer et Mason se targuent d’avoir fait sans également justifier le viol d’une femme ou la molestation d’un enfant afin de voir ce qu’un acte de violence " implique réellement. "
On peut peut-être expliquer les actions perverses avec les dindes commises par Singer en se référant à sa citation en 2001 sur le site nerve.com : " les relations sexuelles avec les animaux n’impliquent pas toujours de la cruauté " et que l’on peut y trouver " une satisfaction mutuelle ".
Quoi qu’il en soit, si la violence envers les non-humains est permise selon la théorie de Singer, il n’y a pas besoin d’en savoir beaucoup plus pour en conclure que cette théorie comporte de sérieux défauts et que ses buts ne sont probablement pas, comme Singer le pense, ceux que nous partageons.
En ce qui concerne les buts de Friedrich et PETA, une chose est devenue claire au fil des ans : la compréhension des droits des animaux par PETA est, pour le moins, idiosyncratique [7].
Pour citer un exemple parmi tant d’autres, à ma connaissance, aucune théorie des droits des animaux n’approuverait l’abattage massif de non-humains en bonne santé comme dans le " sanctuaire " PETA d’Aspen Hill en 1991 ou, plus récemment, aux siège de PETA où des employés auraient usé de tromperie pour obtenir des animaux sains qui ont par la suite été tués et jetés.
Je suppose que si on est d’accord avec Singer, à savoir que les animaux tués par PETA n’avaient aucun intérêt à vivre, mais voulaient seulement une mort " douce " ou " pleine de compassion " alors cela à un sens.
Personnellement je n’y adhère pas.
Lorsque les protecteurs des animaux posent des questions aux associations de protection animale, la réponse en bloc est que nous avons tous le même but, nous travaillons tous pour les animaux et toute controverse nuirait à l’unité du mouvement.
Comme la " consommation avec compassion ", la notion d’unité de mouvement est une fiction utilisée pour maintenir le contrôle du discours et de la stratégie.
Il n’y a pas d’unité de mouvement parce qu’il existe une différence inconciliable entre la position d’abolitionniste/droits et de protection/règlementation, entre ceux qui soutiennent que nous devrions être aussi " fanatiques " (pour utiliser le terme désobligeant de Singer) au sujet du spécisme que nous le sommes pour l’exploitation humaine et ceux qui, comme Singer, ne le sont pas.
Les déclarations sur l’unité du mouvement sont tout simplement un autre moyen d’empêcher les protecteurs de remettre en question le contrôle du mouvement exercé par les associations.
4. La protection ou rien : la fausse dichotomie
Singer et Friedrich soutiennent que ceux qui se sentent concernés par les non-humains ont deux choix : la protection animale ou ne rien faire pour aider les animaux.
Ceci sous-entend que la position abolitionniste est trop idéaliste et ne peut fournir une stratégie à court terme.
Voici un leitmotiv des associations de protection et il ne me paraît pas bien clair de déterminer s’ils y croient vraiment ou si c’est uniquement un slogan.
Quoi qu’il en soit, Singer et Friedrich nous exposent une fausse dichotomie.
Nous infligeons de la douleur, de la souffrance et la mort à des milliards de non-humains chaque année.
Personne, même parmi les abolitionnistes les plus convaincus, ne soutient que l’on puisse arrêter ça du jour au lendemain ou à court terme.
Le souci des protecteurs est ce qui peut-être fait maintenant.
De plus, nous vivons dans un monde qui a une durée et des ressources limitées.
On ne peut pas tout faire.
Par conséquent, le problème, du moins pour ceux dont le but est l’abolition, devient : que choisissons-nous de faire maintenant qui permettra de réduire la souffrance à court terme, qui pertinent dans l’optique abolitionniste, et qui mettra sur pieds un mouvement politique allant dans la direction de l’abolition ?
Je ne conseille pas la protection comme choix rationnel pour les abolitionnistes.
Il est un peu tard pour promouvoir la protection comme le pas qui nous permettra de commencer le long voyage.
Nous avons dépensé des milliards de dollars et qu’avons-nous à montrer ?
Voici ma réponse : rien et surtout rien qui ne puisse être décrit comme une utilisation efficace de nos ressources limitées.
Singer et Friedrich font référence à l’Animal Welfare Act (une loi fédérale aux Etats-Unis supposée réglementer l’utilisation des non humains dans les expériences et expositions) et le Human Slaughter Act américain comme des exemples de lois de protection qui laisseraient les animaux dans les pires conditions si elles n’existaient pas. Je ne suis pas d’accord.
L’Animal Welfare Act, qui ne s’applique même pas à 90% des non-humains utilisés pour l’expérimentation, n’impose pas de réelles limites à ce que peuvent faire les vivisecteurs en laboratoire.
Cependant, cette loi fournit une source à citer pour la communauté scientifique et pour les personnes comme Singer et Friedrich afin de rassurer le public quant à la réglementation de la vivisection.
Le Humane Slaughter Act, qui ne s’applique pas non plus à la majorité des animaux mangés, est cependant destiné à réduire les problèmes de carcasse et à assurer la sécurité des travailleurs. Une fois encore, le but premier de cette loi est de mettre les consommateurs plus à l’aise.
Cette loi de ne requiert pas plus de protection que n’en fournirait un propriétaire d’exploitation et il existe d’innombrables exemples pour lesquels le gouvernement américain n’applique pas cette loi.
Singer et Friedrich citent également comme exemple de progrès " les changements de densité d’individus chez les poules, même maigres, qui ont permis de passer de 20% de morts annuelles à 2-3%. "
Ceci est particulièrement bizarre puisque 100% des poulets finiront par être tués. Toute réduction de mortalité avant l’abattage prolonge la vie des volailles dans d’horribles conditions et augmente les bénéfices des exploitants.
Les protecteurs ont donc réussi à éduquer les exploitants à, selon les termes de McDonald’s, " assurer une production efficace et réduire les déchets et les pertes. "
Singer et Friedrich trouveront peut être cela passionnant, pas moi.
Que peut donc faire un abolitionniste maintenant pour réduire plus efficacement la souffrance à court terme et en accord avec le but de l’abolition ?
L’approche abolitionniste fournit des indications pratiques à plusieurs égards.
Un changement conséquent induit que chacun prenne la décision de devenir végétalien [8].
Le végétalisme, ou suppression de tout produit animal, est plus qu’une simple question de régime alimentaire ou de style de vie : c’est la déclaration par un individu d’accepter le principe d’abolition dans sa propre vie.
Le végétalisme est le seul véritable but que nous pouvons atteindre, et ce de façon immédiate, dès notre prochain repas.
Si nous voulons vraiment changer notre façon de traiter les animaux et ne plus les exploiter un jour, il est impératif de créer un mouvement social et politique qui tend vraiment vers l’abolition et considère le végétalisme comme une ligne de base morale.
Il n’y a, bien sûr, aucune distinction rationnelle entre la viande et les autres produits animaux, comme les œufs ou les produits laitiers, entre la fourrure et le cuir, la soie ou la laine.
La majorité des associations de protection animale aux Etats-Unis se concentre sur le bien-être animal même si elles soutiennent le végétalisme.
PETA est un excellent exemple.
D’une part, PETA encourage le végétalisme.
D’autre part, les campagnes de PETA sont en général concentrées sur la réglementation traditionnelle du bien-être et soutient activement et de manière déroutante le concept de produits animaux fabriqués " humainement ".
Cependant, le végétalisme n’est en aucun cas avancé comme une ligne de base morale du mouvement.
Il est même simplement présenté comme un choix de vie optionnel et est souvent décrit comme difficile et uniquement pour le peu de personnes engagées et non pas comme un moyen accessible d’éliminer l’exploitation.
C’est la marque du mouvement, dont bon nombre de " leaders " ne sont pas végétaliens, qui présente la position végétalienne/abolitionniste comme " marginale " ou " radicale ", faisant de " la consommation avec conscience " la règle " normale " ou " principale ".
En réalité, Singer déclare que nous ne devons pas être " fanatiques " concernant la nourriture et qu’un peu " d’indulgence contrôlée envers soi " est acceptable (dans The way we eat , 281, 283).
Nous ne dirions bien sûr jamais " qu’un peu d’indulgence envers soi " est acceptable quand il s’agit de viol, meurtre, maltraitance d’enfant ou d’autres formes d’exploitation humaine mais le soi-disant nommé " père du mouvement des droits des animaux " assure " qu’un peu d’indulgence envers soi " en participant en tant que consommateurs à l’abattage brutal de non-humains ne doit pas nous inquiéter.
Il est acceptable (en réalité, attendu) d’être " fanatique " concernant la maltraitance des enfants ou envers d’autres formes d’exploitation humaine, mais Singer nous informe qu’il est admissible d’être flexible quand il s’agit des animaux.
Un mouvement dont l’abolition est le but doit avoir le végétalisme comme ligne fondamentale de conduite et ne devrait pas promouvoir " la consommation avec compassion " comme ligne directrice.
Nous devons être clairs.
La " consommation avec compassion " est un mythe insidieux.
Tous les produits animaux, y compris ceux portant la mention "élevage respectueux " délivrée par des organisations de protection animale, impliquent une brutalité indicible.
La culture abolitionniste et végétalienne fournit des stratégies pratiques permettant de réduire à la fois la souffrance animale dès maintenant et de construire un mouvement à long terme qui obtiendra une législation significative sous la forme d’interdictions plutôt que de réglementations " humaines ".
Cette culture comprend : les boycotts, les manifestations pacifiques, les programmes scolaires ainsi que d’autres actions non-violentes visant à informer le public sur les dimensions morales, environnementales et sanitaires du végétalisme.
Si, à la fin des années 1980, au moment où la communauté de la protection animale aux Etats-Unis a décidé de poursuivre un ordre du jour mettant en avant la protection, une portion substantielle des ressources du mouvement s’était investie dans la culture végétalienne, il y aurait aujourd’hui des centaines de milliers de végétaliens en plus.
C’est une estimation très conventionnelle étant donné les centaines de millions de dollars dépensés par les groupes de protection animale pour promouvoir des législations et des initiatives qui protègent les animaux.
Le nombre accru de végétaliens diminuerait la souffrance en réduisant la demande de produits animaux plus efficacement que tous les " succès " des associations de protection rassemblées.
Augmenter le nombre de végétaliens aiderait à construire une base économique et politique nécessaire à un changement social de fond duquel résulterait une modification légale.
Etant donné que nous disposons d’un temps et de ressources financières limités, l’expansion de la protection animale traditionnelle n’est pas un choix rationnel ni efficace si nous recherchons l’abolition à long terme ou la réduction de la souffrance animale à court terme.
Singer déclare qu’en réalité, " devenir végétalien est encore un trop grand pas pour la plupart de gens. " (dans The way we eat, 279)
En laissant de côté le fait que les gens pourraient devenir végétaliens si Singer et les associations de protection animale ne leurs disaient pas qu’ils peuvent " consommer avec compassion ", la solution est le végétalisme et non pas les produits animaux " fabriqués humainement. "
Par exemple, une campagne incitant à faire un repas végétalien par jour, puis deux et enfin trois est plus efficace que de les encourager à consommer de la viande, des œufs ou produits laitiers issus d’animaux " élevés en libre parcours. "
Mais le message devrait être clair : le végétalisme est le principe de base d’un mouvement qui soutient l’abolition, ce n’est pas le cas de la " consommation avec compassion. "
A ce moment précis, il est peu probable que les campagnes de réglementation ou de législation qui cherchent à dépasser la réforme traditionnelle de la protection seront un succès ; il n’existe aucune base politique soutenant de telles réformes car le mouvement organisé n’a pas essayé d’en construire une.
Si les protecteurs des animaux souhaitent poursuivre de telles campagnes, elles devraient au moins inclure des interdictions et non pas des réglementations.
Ces interdictions devraient reconnaître que les animaux ont des intérêts qui dépassent ceux qui doivent être protégés pour les exploiter et ne peuvent être compromis pour des motifs économiques.
Les protecteurs des animaux ne devraient jamais proposer d’alternative, supposées plus " humaines ".
Par exemple, une interdiction d’utiliser les animaux dans une expérience particulière est à favoriser par rapport à la substitution par une autre espèce.
Je tiens à être clair sur le fait que je ne suis pas enclin à investir quelque ressource que ce soit dans les campagnes de réglementation ou de législation en ce moment.
Le compromis politique requis résulte généralement en une éviscération du bénéfice recherché. Le mouvement abolitionniste devrait plutôt se concentrer sur le végétalisme, qui est une façon efficace et pratique de réduire l’exploitation animale.
J’insiste sur une approche non-violente de la part de ce mouvement, tant au niveau des interactions individuelles qu’idéologiques.
Comme je l’ai bien expliqué, le mouvement des droits des animaux devrait se voir comme la prochaine étape dans le progrès d’un mouvement pacifique, comme un mouvement qui fait monter le rejet de l’injustice d’un cran.
Le problème de l’exploitation animale est compliqué et profondément enraciné dans notre culture patriarcale et notre dérangeante tolérance envers la violence contre ceux qui sont vulnérables. La violence n’est pas seulement problématique d’un point de vue moral, mais est également une stratégie pratique peu solide.
Nous n’affronterons jamais le problème avec succès en l’abordant avec violence pour essayer de créer un mouvement social en faveur de l’abolition.
Comme le disait le Mahatma Ghandi, la force la plus puissante que nous pouvons opposer à l’injustice n’est pas la violence mais le refus de coopérer.
Il n’y a aucun moyen plus efficace pour refuser de coopérer avec l’exploitation des non humains que de l’éliminer de nos propres vies grâce au végétalisme et incitant les autres à le faire.
Il est dérangeant de voir que PETA passe plus de temps à critiquer ceux qui s’opposent à l’approche de protection animale que ceux qui ne feront que marginaliser le problème animal en l’associant à la violence.
Il est également dérangeant de voir à quel point PETA utilise le sexisme dans ses campagnes, brochures, et manifestations.
Le spécisme est étroitement lié au sexisme et à d’autres formes de discrimination contre les humains.
Tant que nous continuerons à traiter les femmes comme de la viande, nous continuerons à traiter les non-humains comme tels.
Il est plus que temps que de vrais défenseurs des animaux informent PETA que son sexisme est destructeur et contre productif.
5. De quel côté êtes-vous ? Bonne question
Singer et Friedrich terminent leur essai en demandant : " De quel côté êtes-vous ? "
Ils nous disent que les exploiteurs d’animaux sont tous opposés au bien-être animal et nous demandent si nous voulons être du côté de ces exploiteurs ou du côté de Singer et Friedrich, qui soutiennent le bien-être animal.
Cette question pose problème à au moins deux égards.
Elle suppose tout d’abord que si les exploiteurs d’animaux s’opposent au bien-être animal c’est probablement parce que ce bien-être est nuisible pour eux.
C’est absurde et montre soit de la naïveté soit de la bêtise.
Une industrie s’opposera à la réglementation même quand elle ne la conteste pas vraiment et même quand cette régulation peut s’avérer profitable.
La modification fédérale en 1985 de l’Animal Welfare Act en est un exemple probant.
Cette loi avait permis de créer des " comités de vigilance animale " pour surveiller les expériences impliquant des animaux.
Ces comités n’ont pas seulement échoué à fournir toute limitation significative des expériences incluant des animaux, ils ont aussi isolé un peu plus la vivisection des examens publics qu’avant 1985.
Les vivisecteurs se sont publiquement opposés à la modification de 1985 bien que nombre d’entre eux m’aient confié en privé que la modification était, du reste, peu nuisible à la pratique d’utiliser les animaux.
Ils s’y sont opposés car ils sont contre le principe de toute réglementation gouvernementale dans ce domaine.
Il serait difficile de trouver un vivisecteur qui dirait franchement que la modification de 1985 a fait quoi que ce soit pour réduire la vivisection et beaucoup d’entre eux sont à présent ravis de pouvoir dire au public qu’un comité passe en revue toutes les expériences incluant des animaux.
De plus, Singer et Friedrich se trompent en affirmant qu’un grand nombre d’exploiteurs embrassent publiquement et ouvertement les réformes sur le bien-être applaudies par Singer et Friedrich.
McDonald’s et d’autres les ont appliquées car ils comprennent que c’est là une bonne affaire. Ils ont effectué des changements minimes qui ont été plus que compensées par la belle publicité que leur ont faite d’importantes associations de protection animale.
Un actionnaire de ces entreprises aurait raison de se plaindre s’ils n’avaient pas conclu cet " accord " avec PETA et d’autres organisations car il ne peut que maximiser la richesse de l’actionnaire.
Généralement, je ne pense pas que des questions telles que " de quel côté êtes-vous " sont utiles mais je vais faire une exception dans ce cas et leur poser la même question.
La voici :
Singer soutient que l’utilisation des animaux en soi ne pose pas de problème moral car la plupart des non humains n’ont aucun intérêt à continuer de vivre ;
Singer soutient que nous pouvons consommer des animaux de manière éthique ;
Singer considère qu’infliger des violences à des non humains est une manière acceptable de s’instruire sur l’exploitation animale ;
PETA tue (" euthanasie " n’est pas le mot approprié car il implique que la mort est donnée dans l’intérêt de l’animal) des milliers d’animaux sains car PETA semble partager le point de vue de Singer selon lequel les animaux n’ont aucun intérêt fondamental et moral à continuer de vivre. " Droits des animaux " signifie pour eux exécutions " humaines "
PETA soutient des campagnes embrassées par les entreprises exploitant des animaux et leur offre des récompenses.
PETA a complètement dénigré le mouvement des droits des animaux en transformant la question de leur exploitation en un énorme coup de pub et a fait du sexisme un thème récurrent de ses campagnes.
Alors, de quel côté êtes-vous ?
© Copyright 2006 by Gary L. Francione. Please do not reprint without permission. You may contact the author at : gfrancione@earthlink.net
Une sélection de liens en complément à cet article :
“Abolition of Animal Exploitation : The Journey Will Not Begin While We Are Walking Backwards” (texte original en anglais
“ANIMALS (LOST) IN TRANSLATION Animal Rights vs Animal Abuse “
“The Animal Rights Industry Reflections on the Exploitation of Nonhuman Suffering”
Notes :
[1] " Welfariste " est un terme dérivé de l’anglais " welfarist " et définit une idéologie axée sur le bien être des animaux et n’est pas incompatible avec leur exploitation. Le mot s’oppose à " abolitionniste ", axé sur l’abolition de l’exploitation des animaux sous quelque forme que ce soit. (N.d.T.).
[2] Temple Grandin (née le 29 août 1947), Professeur de l’Université du Colorado est une spécialiste de renommée internationale en structures de stockage animalier (livestock en anglais).
Propriétaire d’une entreprise de conseils sur les conditions d’élevage des animaux qui a fait d’elle une expert de renommée en conception d’équipements pour le bétail, Temple Grandin est également professeur en sciences animales de l’université de Fort Collins (Colorado)..
[3] Méthode d’insensibilisation et d’immobilisation des animaux par passage d’un courant électrique dans le cerveau..
[4] Whole Foods est la plus importante chaîne de magasins biologiques aux Etats-Unis.
[5] L’utilitarisme est une doctrine éthique (dans le sens comportemental) qui pose en hypothèse que ce qui est " utile " est bon et que l’utilité peut être déterminée d’une manière rationnelle. Le père de cette philosophie est Jeremy Bentham.
C’est cependant avec l’apport de John Stuart Mill que l’utilitarisme devient une philosophie véritablement élaborée. fr.wikipedia.org/wiki/Utilitarisme ∑ Principe selon lequel la valeur de toute chose est fonction de son utilité. www.samizdat.qc.ca/vc/theol/dict_rb.htm.
[6] Le vocabulaire utilisé par Singer et Mason est largement plus vulgaire.
[7] Relatif aux caractéristiques propres à chaque individu, qui le distinguent des autres et qui déterminent sa façon particulière de réagir à son milieu et aux agents extérieurs..
[8] Vegan dans le texte original. Le mot commence à s’utiliser en français également. Cette définition implique le fait de refuser toute forme d’exploitation animale.
http://www.veganimal.info/article.php3?id_article=548