Diplômés, écolos et assoiffés de liberté... ces adultes qui ne veulent pas devenir parents (Terrafemina)
« L’arrivée d’un premier enfant fait toujours partie du parcours conjugal attendu »
En effet, selon l’Ined la pression sociale sur le désir d’enfant reste forte pendant toute la vie avec un pic à l’âge de « pleine fécondité » entre 25 et 35 ans. Et si, dans le cas de Théophile de Giraud et de Frédérique Longrée tous deux étaient en accord sur ce choix, l’étude de l’Ined montre que le non-désir d’enfant diminue lorsqu’on est en couple (3% des femmes et 5% des hommes contre 10% et 17% des personnes seules). Des chiffres, qui selon les auteurs, « rappellent que l’arrivée d’un premier enfant fait toujours partie du parcours conjugal attendu (par les couples eux-mêmes et par leur entourage) ».
Avec celles qui ont partagé sa vie, Théophile de Giraud dit en avoir parlé « le plus sereinement et le plus honnêtement du monde » même si cela lui a « déjà valu plusieurs fois de perdre une compagne qui elle désirait un enfant ».
Les femmes seules et diplômées déclarent plus souvent vouloir rester sans enfant
Autre critère évalué par l’étude de l’Ined : le niveau de diplôme. Ainsi, si celui-ci a peu d’influence pour les hommes et femmes en couple, il en a chez les femmes seules : ce sont les plus diplômées qui déclarent le plus souvent vouloir rester sans enfant. « Au-delà d’une moindre propension à la conjugalité, elles sont plus que les autres inscrites dans des parcours de vie sortant des schémas traditionnels de socialisation assignés aux femmes dès le plus jeune âge », disent les auteurs. Effet proportionnellement inversé chez les hommes célibataires, selon l’Ined : « l’infécondité volontaire déclarée est forte pour tous les niveaux de diplôme, mais toutefois moins pour les très diplômés ».
80% des childfree disent « être bien sans enfant »
Quant aux motivations qui poussent les childfree à ne pas vouloir d’enfants, l’analyse de l’Ined montre qu’elles sont le plus souvent « libertaires » : être bien sans enfant (80% des childfree), vouloir rester libre, ou encore avoir d’autres priorités…
Une idée dans laquelle se retrouve Théophile de Giraud :
« Au-delà de la volonté de préserver ma liberté (comme la plupart des childfree) et ma créativité, je trouve la vie trop invivable dans nos sociétés ultra-darwiniennes pour avoir envie de la transmettre à un enfant. Thalès de Milet, lorsqu’on lui demandait pourquoi il n’avait pas d’enfants, avait cette admirable réponse que j’ai depuis longtemps faite mienne : « Justement par amour des enfants ». Dernière raison principale, le souci écologique. Sur une planète qui agonise déjà sous le poids de l’espèce humaine, à quoi bon l’alourdir encore d’un individu de plus ? »
L’âge, une raison avancée « en fin de vie féconde »
Mais au-delà de ces raisons « libertaires », les sondés mettent aussi en avant leur âge « notamment pour les femmes qui sont, plus que les hommes, confrontées à la pression "biologique" ». « On repère la tendance selon laquelle l’infécondité volontaire est plus souvent déclarée en fin de vie féconde, surtout pour les hommes, comme s’il devenait légitime, passé un certain âge, de ne pas faire d’enfant. On peut y voir un lien avec les représentations négatives de la « parentalité tardive » et principalement de la « maternité tardive », écrivent les auteurs. Enfin pour deux tiers des femmes et des hommes non en couple, la situation conjugale est présentée comme l’une des raisons de ne pas vouloir d’enfant.
Quant à la question d’éventuel regret, elle ne se pose même pas pour Théophile de Giraud, pour lui sa situation est « assez facile » à assumer « en tout cas beaucoup plus facile que de devoir assumer un enfant ! A 45 ans, je ne regrette rien, au contraire : je me félicite de n’avoir jamais cédé au conditionnement nataliste dans lequel nous baignons hélas dès notre plus tendre enfance. »