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Humeurs - Page 59

  • Incendie à la faculté de médecine de Limoges : plusieurs morts sont à déplorer

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    Mon courrier à M. Patrice Herreyre en réponse à son article paru dans La Montagne le 22/11/2009

    Monsieur,

    Je prends connaissance de votre article sur l'incendie qui a récemment eu lieu à la faculté de médecine de Limoges.

    Vous écrivez : "Aucune victime, mais le préjudice scientifique est énorme", avant de remarquer plus loin : "les animaux de laboratoire n’ont pas survécu à l’incendie".

    Il y a donc bien eu des victimes : les martyrs torturés par les vivisecteurs de ladite faculté.

    Les animaux non humains sont des êtres sensibles.

    Ceux qui étaient enfermés pour subir des expériences dans les locaux limousins incendiés en sont morts, et je trouve particulièrement scandaleux de voir qu'un journaliste, en 2009, continue à considérer les animaux comme des "choses" au point de ne pas les voir comme des victimes - ici doubles, puisqu'avant de périr par le feu, elles ont été torturées par des "chercheurs" sans âme, qui gagneraient à se tourner vers l'avenir en se détournant du modèle animal pour embrasser les méthodes substitutives à la vivisection, cruelle et scientifiquement non pertinente (voir le site d'Antidote ici : http://www.antidote-europe.org/equipe_fr.htm
    qui ne manquera pas d'intéresser le journaliste que vous êtes).

    En espérant que, sur les animaux, votre regard changera, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.

    M. P
    .

    *******************************************************************************************************

    L'article incriminé :

    D'importants moyens ont été déployés, hier, à la faculté de médecine de Limoges, pour lutter contre un incendie qui a détruit l'animalerie.

    Aucune victime, mais le préjudice scientifique est énorme.

    Le feu s’est déclaré dans un local proche de l’animalerie de la faculté de médecine, vers 15 h 30.

    « Nous étions en pleine session de la “Formation médicale continue du Limousin”, explique le Dr Gérard Terrier. Nous avons entendu la sirène d’alarme, nous sommes sortis. Personne n’a été touché. »

    En revanche, les animaux de laboratoire n’ont pas survécu à l’incendie.

    Pour de nombreux services du centre hospitalier, cette perte est irréparable : les études qui étaient menées grâce à eux duraient depuis des mois, voire des années.

    Et ces travaux sont désormais réduits en cendres.

    Prévenus rapidement, les sapeurs-pompiers de Limoges ont déployé un important dispositif.

    La proximité du centre hospitalier universitaire et de ses milliers de malades, de visiteurs et de soignants, rendait indispensable de telles précautions.

    Heureusement, personne n’a eu besoin d’être évacué.

    Le feu ne s’est pas propagé aux autres bâtiments et a rapidement été circonscrit par les pompiers.

    Une enquête devra désormais être menée pour déterminer les causes d’un sinistre sans conséquences humaines mais aux conséquences scientifiques très importantes.

  • Les grenouilles sont plus vivantes avec les cuisses

    grenouille verte.jpg

    Tuer une grenouille pour manger ses cuisses est aussi absurde qu'abattre un éléphant pour son ivoire.

    C'est la position de la Société vaudoise pour la protection des animaux, qui part en campagne.

    Explications.

    Chaque année, les Suisses avalent 120 tonnes de cuisses de grenouilles, dont 90% sont importées d'Indonésie.

    Après la fourrure et le foie gras, la Société vaudoise pour la protection des animaux a lancé le mois dernier une campagne dans le plus grand des cantons francophones du pays, histoire de convaincre ses habitants de boycotter la délicate gourmandise batracienne.

    Ses militants jugent inacceptable le commerce de grenouilles. Manger les cuisse de grenouilles est cruel, nuisible sur le plan écologique, et encourage un gaspillage « choquant ».

    « Une grenouille pèse 125 grammes. Vous lui enlevez les cuisses, qui représentent 20% du poids total, et jetez le reste », selon le président de la Société vaudoise pour la protection des animaux (SVAP).

    Dans le cas du bœuf (50%) et du porc (40%) aussi le gaspillage est grand, mais pas à ce point, ajoute Samuel Debrot.

    Dans sa campagne, la SVPA qualifie le commerce mondial de grenouilles d'absurdité écologique et sociale.

    En Indonésie, premier exportateur mondial (5'000 tonnes), les grenouilles sont capturées et vendues par les agriculteurs qui en tirent un revenu d'appoint.

    « Mais moins de grenouilles, c'est davantage de moustiques et d'autres insectes », explique Samuel Debrot.

    Résultat, les agriculteurs indonésiens sont contraints d'acheter de pernicieux insecticides en grande quantité pour protéger leurs récoltes.

    Raison qui a poussé l'Inde à interdire l'exportation de grenouilles.

    Point de bascule

    Les cuisses de grenouilles fleurissent aux quatre coins du monde, des cafétérias scolaires aux restaurants huppés en Europe, jusqu'aux bancs des marchés et la table familiale en Asie et en Amérique du Sud.

    Selon les experts, un milliard environ de grenouilles sont prélevées de leur milieu naturel pour finir dans l'assiette des humains chaque année.

    La France et les Etats-Unis sont les deux principaux importateurs.

    Quelque cinq millions en font les frais en Suisse, essentiellement dans la région francophone du pays.

    Elles sont importées congelées d'Indonésie et de Turquie.

    La loi suisse par contre, sur place, protège les grenouilles et interdit de les tuer, de les capturer et de les élever.

    A l'échelle mondiale, un tiers des amphibiens sont officiellement en danger, conséquence de la destruction des habitats, du changement climatique, de la pollution et des maladies.

    Et leur commerce qui croît pourrait conduire à l'extinction une partie de ces espèces.

    Certains scientifiques vont jusqu'à craindre que le commerce de grenouilles reproduise la situation des grandes pêcheries.

    « Le fait est que le processus n'est pas graduel", selon Corey Bradshaw, professeur associé à l'institut de l'environnement à l'Université d'Adelaïde, cité par le Guardian.

    « Il y a un point de bascule.

    C'est exactement ce qui s'est passé avec la surexploitation de la morue dans l'Atlantique Nord.

    Avec les grenouilles, on ne dispose d'aucune donnée, aucun traçage, ni gestion du stock.

    Nous aurions dû apprendre de l'expérience de la pêche, mais il semble que ce n'est pas le cas.»


    Fermer boutique

    Sylejman Gjocaj, propriétaire à Payerne du restaurant du Cheval-Blanc, spécialisé dans la cuisse de grenouille, est préoccupé par la campagne anti-cuisses, qui s'ajoute à la récente interdiction de la cigarette dans les établissements publics.

    « Si j'arrête de cuisiner les cuisses de grenouilles, je peux fermer boutique », assure-t-il.

    Huit clients sur dix viennent chez lui pour ses fameuses cuisses au beure, persil, échalotes, accompagnées de frites.

    Un menu qu'il propose depuis quinze ans.

    Ceci dit, Sylejman Gjocaj dit comprendre l'argument du gaspillage et considère l'élevage de grenouilles comme une piste.

    L'argumentation de la SVPA porte sur un autre point encore. De l'étang à l'assiette, les grenouilles endurent des « souffrances injustifiables ».

    Chassées de nuit à la lampe par des agriculteurs armés de filets et de crochets, elles sont capturées et mises dans des sacs par 300, avant d'être transportées sur de longues distances sur lesquelles beaucoup meurent.

    Les grenouilles vivantes sont par la suite découpées et éviscérées.

    Dans la plupart des cas, elles agonisent durant de longues minutes, selon la SVPA.

    Un impact incertain

    « Mais la chose n'est pas aussi cruelle que couper l'aileron des requins avant de les remettre à la mer », compare dans le quotidien 24 heures le propriétaire du restaurant du Tramway à Lausanne.

    Les cuisses de grenouilles de Pierre Meylan sont importées de Turquie par Les Escargots du Mont-d'Or à Vallorbe.

    La Turquie, qui protège les grenouilles durant les trois mois de la saison de l'accouplement, ce qui rend les choses plus écologiques, juge Bernard Fivaz, directeur de l'importateur.

    En Turquie, les grenouilles sont du reste endormies par le froid avant d'être tuées, ajoute ce dernier.

    A ce stade, l'impact de la campagne de la SVPA est incertain.

    Selon un mini-sondage du journal gratuit 20 minutes, 56% des personnes interrogées n'estiment pas cruel de tuer les grenouilles pour les manger.

    De l'autre côté de la frontière suisse, en France, les activistes des droits des animaux ont déjà tenté par le passé de convaincre leurs compatriotes de boycotter la délicatesse française la plus stéréotypique.

    Mais ils ont fait choux blanc, à quelques cuisses près.

    Simon Bradley, swissinfo.ch
    (Traduction de l'anglais: Pierre-François Besson)

    http://www.swissinfo.ch/fre/a_la_une.html?siteSect=109&ty=st&sid=11484440

  • Mister President, what are you doing for animals?...

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    Barack Obama en amateur de cuisses de grenouilles durant sa campagne présidentielle. (AFP)

    Le champion toutes catégories du "changement" peine à évoluer sur certains dossiers, à commencer par celui de la cause animale.

    Barack Obama, encore un effort pour être vegan !

  • Gary Steiner : "Animal, Vegetable, Miserable" (The New York Times)


    Published: November 21, 2009

    Lewisburg, Pa.

    LATELY more people have begun to express an interest in where the meat they eat comes from and how it was raised.

    Were the animals humanely treated?

    Did they have a good quality of life before the death that turned them into someone’s dinner?

    Some of these questions, which reach a fever pitch in the days leading up to Thanksgiving, pertain to the ways in which animals are treated. (Did your turkey get to live outdoors?)

    Others focus on the question of how eating the animals in question will affect the consumer’s health and well-being. (Was it given hormones and antibiotics?)

    None of these questions, however, make any consideration of whether it is wrong to kill animals for human consumption.

    And even when people ask this question, they almost always find a variety of resourceful answers that purport to justify the killing and consumption of animals in the name of human welfare.

    Strict ethical vegans, of which I am one, are customarily excoriated for equating our society’s treatment of animals with mass murder.

    Can anyone seriously consider animal suffering even remotely comparable to human suffering?

    Those who answer with a resounding no typically argue in one of two ways.

    Some suggest that human beings but not animals are made in God’s image and hence stand in much closer proximity to the divine than any non-human animal; according to this line of thought, animals were made expressly for the sake of humans and may be used without scruple to satisfy their needs and desires.

    There is ample support in the Bible and in the writings of Christian thinkers like Augustine and Thomas Aquinas for this pointedly anthropocentric way of devaluing animals.

    Others argue that the human capacity for abstract thought makes us capable of suffering that both qualitatively and quantitatively exceeds the suffering of any non-human animal.

    Philosophers like Jeremy Bentham, who is famous for having based moral status not on linguistic or rational capacities but rather on the capacity to suffer, argue that because animals are incapable of abstract thought, they are imprisoned in an eternal present, have no sense of the extended future and hence cannot be said to have an interest in continued existence.

    The most penetrating and iconoclastic response to this sort of reasoning came from the writer Isaac Bashevis Singer in his story “The Letter Writer,” in which he called the slaughter of animals the “eternal Treblinka.”

    The story depicts an encounter between a man and a mouse.

    The man, Herman Gombiner, contemplates his place in the cosmic scheme of things and concludes that there is an essential connection between his own existence as “a child of God” and the “holy creature” scuffling about on the floor in front of him.

    Surely, he reflects, the mouse has some capacity for thought; Gombiner even thinks that the mouse has the capacity to share love and gratitude with him.

    Not merely a means for the satisfaction of human desires, nor a mere nuisance to be exterminated, this tiny creature possesses the same dignity that any conscious being possesses.

    In the face of that inherent dignity, Gombiner concludes, the human practice of delivering animals to the table in the form of food is abhorrent and inexcusable.

    Many of the people who denounce the ways in which we treat animals in the course of raising them for human consumption never stop to think about this profound contradiction.

    Instead, they make impassioned calls for more “humanely” raised meat.

    Many people soothe their consciences by purchasing only free-range fowl and eggs, blissfully ignorant that “free range” has very little if any practical significance.

    Chickens may be labeled free-range even if they’ve never been outside or seen a speck of daylight in their entire lives. And that Thanksgiving turkey?

    Even if it is raised “free range,” it still lives a life of pain and confinement that ends with the butcher’s knife.

    How can intelligent people who purport to be deeply concerned with animal welfare and respectful of life turn a blind eye to such practices?

    And how can people continue to eat meat when they become aware that nearly 53 billion land animals are slaughtered every year for human consumption?

    The simple answer is that most people just don’t care about the lives or fortunes of animals.

    If they did care, they would learn as much as possible about the ways in which our society systematically abuses animals, and they would make what is at once a very simple and a very difficult choice: to forswear the consumption of animal products of all kinds.

    The easy part of this consists in seeing clearly what ethics requires and then just plain doing it.

    The difficult part: You just haven’t lived until you’ve tried to function as a strict vegan in a meat-crazed society.

    What were once the most straightforward activities become a constant ordeal.

    You might think that it’s as simple as just removing meat, eggs and dairy products from your diet, but it goes a lot deeper than that.

    To be a really strict vegan is to strive to avoid all animal products, and this includes materials like leather, silk and wool, as well as a panoply of cosmetics and medications.

    The more you dig, the more you learn about products you would never stop to think might contain or involve animal products in their production — like wine and beer (isinglass, a kind of gelatin derived from fish bladders, is often used to “fine,” or purify, these beverages), refined sugar (bone char is sometimes used to bleach it) or Band-Aids (animal products in the adhesive). Just last week I was told that those little comfort strips on most razor blades contain animal fat.

    To go down this road is to stare headlong into an abyss that, to paraphrase Nietzsche, will ultimately stare back at you.

    The challenges faced by a vegan don’t end with the nuts and bolts of material existence.

    You face quite a few social difficulties as well, perhaps the chief one being how one should feel about spending time with people who are not vegans.

    Is it O.K. to eat dinner with people who are eating meat?

    What do you say when a dining companion says, “I’m really a vegetarian — I don’t eat red meat at home.” (I’ve heard it lots of times, always without any prompting from me.)

    What do you do when someone starts to grill you (so to speak) about your vegan ethics during dinner? (Wise vegans always defer until food isn’t around.)

    Or when someone starts to lodge accusations to the effect that you consider yourself morally superior to others, or that it is ridiculous to worry so much about animals when there is so much human suffering in the world? (Smile politely and ask them to pass the seitan.)

    Let me be candid: By and large, meat-eaters are a self-righteous bunch.

    The number of vegans I know personally is ... five.

    And I have been a vegan for almost 15 years, having been a vegetarian for almost 15 before that.

    Five.

    I have lost more friends than this over arguments about animal ethics.

    One lapidary conclusion to be drawn here is that people take deadly seriously the prerogative to use animals as sources of satisfaction.

    Not only for food, but as beasts of burden, as raw materials and as sources of captive entertainment — which is the way animals are used in zoos, circuses and the like.

    These uses of animals are so institutionalized, so normalized, in our society that it is difficult to find the critical distance needed to see them as the horrors that they are: so many forms of subjection, servitude and — in the case of killing animals for human consumption and other purposes — outright murder.

    People who are ethical vegans believe that differences in intelligence between human and non-human animals have no moral significance whatsoever.

    The fact that my cat can’t appreciate Schubert’s late symphonies and can’t perform syllogistic logic does not mean that I am entitled to use him as an organic toy, as if I were somehow not only morally superior to him but virtually entitled to treat him as a commodity with minuscule market value.

    We have been trained by a history of thinking of which we are scarcely aware to view non-human animals as resources we are entitled to employ in whatever ways we see fit in order to satisfy our needs and desires.

    Yes, there are animal welfare laws.

    But these laws have been formulated by, and are enforced by, people who proceed from the proposition that animals are fundamentally inferior to human beings.

    At best, these laws make living conditions for animals marginally better than they would be otherwise — right up to the point when we send them to the slaughterhouse.

    Think about that when you’re picking out your free-range turkey, which has absolutely nothing to be thankful for on Thanksgiving.

    All it ever had was a short and miserable life, thanks to us intelligent, compassionate humans.

    Gary Steiner, a professor of philosophy at Bucknell University, is the author of Animals and the Moral Community: Mental Life, Moral Status and Kinship.

    http://www.nytimes.com/2009/11/22/opinion/22steiner.html?pagewanted=1&_r=1&partner=rss&emc=rss&adxnnlx=1258999957-AA67fq2m3kDPcsdzPn5QOw

  • Nick Brandt : faire le portrait de l'âme des animaux

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    "Ce qui m'intéresse en définitive, ce n'est pas de créer une œuvre purement documentaire ou remplie d'action et de spectacle, comme c'est généralement la règle dans le domaine de la photographie d'animaux.

    Mais de montrer les animaux en train d'être, tout simplement.

    En train d'être avant qu'ils ne soient plus.

    Avant qu'ils cessent d'exister, à l'état sauvage en tout cas."

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    Ces propos sont tenus par Nick Brandt, artiste photographe.

    C'est un photographe animalier reconnu, acclamé par la critique et le public.

    Nick Brandt a fait le choix du noir et blanc.

    Il a laissé les téléobjectifs à la maison.

    Il s'approche ainsi, patiemment, distant de quelques mètres parfois, avec empathie, des sujets qu'il veut photographier.

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    En réalité, ce sont plus que des photos : ce sont des portraits.

    Portraits d'animaux sauvages :  lions, guépards, éléphants, rhinocéros, girafes, gnous... vivant en Afrique de l'Est, au Kenya ou en Tanzanie.

    Nick Brandt aime les animaux.

    Tous les animaux.

    Il ne les mange pas.

    Il est végan.

    Son premier ouvrage, On this earth, a été préfacé par Jane Goodall.

    Un nouvel ouvrage présentant ses oeuvres vient tout juste de sortir : L'Afrique au crépuscule, Editions La Martinière (35 €).

    Son site : http://www.nickbrandt.com/

    http://taomugaia.canalblog.com/archives/2009/10/29/15604904.html

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  • "Polanski, Mitterrand : le soliloque du dominant", par Mona Cholet

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    Par Mona Chollet

    Sur PÉRIPHÉRIES

    L’arrestation de Roman Polanski à Zurich, le 26 septembre, et l’exhumation de l’affaire pour laquelle il reste poursuivi par la justice américaine, auront été l’occasion pour un nombre assez effarant de commentateurs – et de commentatrices – de démontrer une fois de plus à quel point leur vision de l’érotisme se passe aisément de cette broutille que représente, à leurs yeux, la réciprocité du désir féminin (on se contente en général de parler de « consentement », mais plaçons la barre un peu plus haut, pour une fois).

    En témoigne l’expression « vieille affaire de mœurs », utilisée dans les premières dépêches ayant suivi l’arrestation, ainsi que dans la pétition du gratin du cinéma mondial lancée en faveur du réalisateur franco-polonais : de nombreuses voix se sont élevées pour faire remarquer à juste titre que, s’agissant de la pénétration et de la sodomie d’une adolescente de 13 ans préalablement soûlée au champagne et shootée au Quaalude, c’était un peu léger.

    Partout, les défenseurs du cinéaste soulignent, comme s’il s’agissait de l’argument définitif en sa faveur, que la justice « s’acharne » alors que la victime elle-même, Samantha Geimer, demande le classement de l’affaire : or, elle le demande parce qu’elle ne supporte plus l’exposition médiatique, et peut-être aussi parce qu’elle a été indemnisée ; pas parce que, avec le recul, elle admet que ce n’était pas si grave, ou qu’elle a bien aimé l’expérience, comme on semble le fantasmer…

    Dire oui à un homme, 
c’est dire oui à tous les hommes

    De ses archives, Paris-Match a ressorti un article publié à l’époque, intitulé « Roman Polanski : une lolita de 13 ans a fait de lui un maudit » (la salope !).

    « La jeune “victime” pervertie n’était pas si innocente », révèle un intertitre.

    Et la journaliste de préciser :

    « Samantha G. est une Lolita en T-shirt, à qui des formes bronzées donnent nettement plus que son âge, d’ailleurs plus près de 14 ans que de 13. Elle a reconnu avoir eu, avant sa rencontre avec le metteur en scène, et au moins à deux reprises, des rapports sexuels avec un boy-friend de 17 ans. »

    Le fait que les relations sexuelles avec un(e) mineur(e) soient prohibées par la loi dans tous les cas devient ici un prétexte pour occulter la différence qui peut exister entre un rapport consenti et un rapport forcé.

    En résumé : sa non-virginité, à laquelle s’ajoutent ses « formes bronzées » de « Lolita » – elle n’avait qu’à ne pas être aussi bonne ! -, fait d’elle un objet appropriable par qui le souhaite ; dire oui à un homme, c’est dire oui à tous les hommes.

    On pourrait penser que, trente-deux ans plus tard, on en a fini avec un mode de pensée aussi archaïque.

    Mais Le Nouvel Observateur (1er octobre 2009) publie un article d’anthologie, dont le titre – « Une affaire vieille de trente ans – Qui en veut à Roman Polanski ? »- est un poème à lui seul.

    « La mère, une actrice en mal de rôles, a laissé volontairement sa fille seule avec Polanski, pour une série de photos, y lit-on. Le cinéaste, qui a la réputation d’aimer les jeunes filles, ne résiste pas. »

    Comme dans le titre de Match, les responsabilités sont inversées : ce n’est pas Samantha Gailey (son nom de jeune fille) qui a été piégée, mais Polanski, dont la « Lolita perverse » et/ou sa mère machiavélique auraient exploité sans pitié les faiblesses bien humaines – décidément, le pauvre homme va de « traquenard » en « traquenard ».

    Au mieux, si la jeune fille s’estime lésée, elle n’a qu’à s’en prendre à sa mère.

    Le grand retour 
du « puritanisme américain »

    Même Bernard Langlois, dans Politis (8 octobre), valide cet argument :

    « On peut aussi se poser quelques questions, écrit-il, au sujet de cette Lolita dont les charmes firent déraper le cinéaste, et que personne n’obligeait à se rendre en sa seule compagnie en un appartement désert pour y poser seins nus (c’est elle qui raconte) devant son objectif : l’ingénuité aussi a des limites. »

    Sans doute ; mais où se situent-elles précisément, ces « limites » de l’« ingénuité » ?

    Est-ce faire preuve d’« ingénuité » de porter une minijupe ?

    De se balader seule dans les rues après minuit ?…

    Au nom de quoi une jeune fille ou une femme qui poserait pour un photographe, même seins nus, est-elle censée avoir signé aussi pour passer à la casserole si elle n’en a pas envie ?

    Le problème, avec le refus de la loi du plus fort, c’est qu’il exige des positions un peu tranchées : soit il est affirmé, et il interdit les demi-mesures, soit on lui tolère des exceptions, et on voit alors immanquablement des décennies d’acquis féministes, voire simplement progressistes, se barrer en sucette.

    Escamoter la question de la réciprocité du désir, c’est aussi ce qui permet de brandir la vieille accusation de « puritanisme » à l’égard de ces coincés du cul d’Américains (« l’Amérique qui fait peur », dit Frédéric Mitterrand).

    « Au bout de quarante-deux jours, Polanski est relâché en liberté conditionnelle, relatent Philippe Boulet-Gercourt et François Forestier dans Le Nouvel Obs. Il repart travailler. Une photo remet tout en question. Polanski, cigare aux lèvres, s’amuse à la Fête de la Bière en Allemagne. Le juge, irrité, casse le deal. »

    Ils omettent de préciser que, sur cette photo à la Fête de la Bière, Polanski s’amuse entouré de jeunes filles : on a ainsi l’impression que ce juge est un rabat-joie qui manque terriblement de sens de la fête et n’aime pas que les gens « s’amusent ».

    Que l’Amérique puritaine veuille la peau de Polanski, c’est bien possible ; mais, dans le cas précis de l’affaire Samantha Gailey, l’argument est hors-sujet.

    Ce raisonnement nous rappelle celui de la penseuse antiféministe Marcela Iacub et de son collègue Patrice Maniglier lorsqu’ils affirment que, si on pénalise le harcèlement sexuel, c’est parce qu’on n’est « pas à l’aise avec la chose sexuelle » (voir sur ce site « La femme est une personne », 18 octobre 2005).

    On s’est focalisé, depuis le début de cette affaire, sur ceux de ses aspects qui tombent sous le coup de la loi : est-ce un viol ?

    Est-ce de la pédophilie ?…

    (Réfuter l’accusation de pédophilie semble d’ailleurs suffire, dans l’esprit de ceux qui le font, comme Alain Finkielkraut, à disculper Polanski, comme si le viol n’était pas une chose bien grave tant qu’il ne concerne pas un enfant.)

    Or, il se pourrait bien qu’il vaille la peine d’élargir le cadre, en s’intéressant à la mentalité qui peut, incidemment, conduire à « forcer la main » à une gamine de 13 ans ; une mentalité qui est loin d’être l’apanage d’un Polanski, et qui révèle la persistance des rapports de domination dans toute leur crudité.

    Comme si les filles sortaient 
du ventre de leur mère 
en rêvant de devenir mannequins

    Bien que la compétition soit serrée, c’est indiscutablement Costa-Gavras qui peut revendiquer la palme de la beaufitude dans les réactions indignées à l’arrestation de son collègue cinéaste.

    « Cessez de parler de viol, il n’y a pas de viol dans cette histoire, assénait-il le 28 septembre sur Europe 1. Vous savez, à Hollywood, les metteurs en scène, les producteurs sont entourés de très beaux jeunes hommes, de très belles jeunes femmes, qui sont grands, blonds, bien bronzés, et prêts à tout. »

    (A Marc-Olivier Fogiel qui lui objecte qu’on parle ici d’une adolescente de 13 ans, il réplique :

    « Oui, mais enfin, vous avez vu les photos : elle en fait 25 ! »

    Commentaire perfide de Maître Eolas : Quelques-mots-sur-l-affaire-Polanski « Il est vrai que 13 minutes d’un de ses films en paraissent 25, mais je doute de la pertinence juridique de l’argument. »)

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    « Prêts à tout. »

    Il est étrange que la société ne s’interroge pas davantage sur les mécanismes culturels qui font que bien des adolescents, et surtout des adolescentes, sont, en effet, « prêts à tout » pour une carrière dans le show-biz – comme si les filles sortaient du ventre de leur mère en rêvant de devenir mannequins.

    Dans sa déposition, Samantha Gailey racontait :

    « Il m’a montré la couverture de Vogue Magazine et demandé : “Voudrais-tu que je te fasse une telle photo ?” J’ai dit : “Oui.” »

    On pense alors au bruit fait récemment par Picture Me, le documentaire réalisé par l’ancien top model américain Sara Ziff et son ex-petit ami, Ole Schell, sur son expérience dans le milieu de la mode ; un milieu que la jeune femme décrit comme « un environnement prédateur », « plein d’hommes d’âge mûr tournant comme des requins autour de filles jeunes et vulnérables » (voir « Top model exposes sordid side of fashion », The Observer, 7 juin 2009).

    Devant la caméra, un jeune modèle du nom de Sena Cech raconte un casting avec l’un des plus grands photographes de mode.

    « Chérie, peux-tu faire quelque chose de plus sexy ? » lui demande-t-il ; puis son assistant lui dit : « Sena, peux-tu attraper sa queue et la tordre très fort ? Il aime quand on la lui serre vraiment très fort. »

    « C’était horrible, mais je l’ai fait, commente-t-elle. Et j’ai eu le job. Mais le lendemain, je me sentais mal. » (Voir l’entretien avec Sara Ziff dans The Observer.)

    Une autre, qui a finalement refusé que son témoignage figure dans le film, raconte comment, à ses débuts, alors qu’elle avait 16 ans et n’avait « encore jamais embrassé personne », un autre grand photographe (« probablement l’un des plus célèbres ») l’a coincée dans un couloir et lui a introduit ses doigts dans le vagin.

    « A peu près toutes les filles à qui j’ai parlé ont une histoire comme ça », affirme Sara Ziff.

    « Des poupées vivantes »

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    Cette violence s’ajoute à celle qui consiste, plus généralement, à traiter des jeunes filles comme de simples carcasses – « des poupées vivantes », dit Sara Ziff -, réduites à leur plastique, soumises à des exigences esthétiques tyranniques.

    Sur son blog, à la sortie de Picture Me, « Tatiana The Anonymous Model » faisait le lien, sous le titre « Modelling and the tragedy of Karen Mulder », entre le film et ce qui arrivait au même moment à l’ancien top model néerlandais.

    Celle-ci venait d’être placée en garde à vue à Paris pour avoir menacé de mort sa chirurgienne esthétique, à qui elle réclamait en vain une nouvelle intervention afin de corriger la précédente, dont elle n’aimait pas le résultat.

    L’épisode s’ajoutait à une histoire déjà chargée, marquée notamment par une tentative de suicide et un pétage de plombs sur le plateau de Thierry Ardisson.

    La blogueuse rapporte ces propos plutôt troublants tenus par Mulder dans un entretien, peu après sa tentative de suicide :

    « J’ai toujours détesté être photographiée. Pour moi, c’était juste un rôle, et à la fin, je ne savais plus qui j’étais vraiment en tant que personne. Tout le monde me disait “Hey, tu es formidable” ; mais à l’intérieur, c’était de pire en pire chaque jour. »

    La réalité de la condition de mannequin, le prix exorbitant auquel ces filles paient le culte que l’on orchestre autour d’elles et les millions de dollars dont on les couvre (et encore : pour les plus en vue d’entre elles, soit une infime minorité), fait l’objet d’un déni général.

    Les frasques d’une Kate Moss, malgré ses cures de désintoxication à répétition (elle expliquait sa dépendance à l’alcool par le fait que sur les défilés, à 10 heures du matin, il n’y avait rien d’autre à boire que du champagne), restent présentées comme un style de vie rock’n’roll et « rebelle » – rien d’autre.

    Comme le rappelle « Tatiana The Anonymous Model », l’un des dirigeants de l’agence Elite, Gérald Marie, ancien mari du top model Linda Evangelista, filmé en caméra cachée par un reporter de la BBC, en 1999, « en train d’offrir 300 livres pour du sexe à un mannequin de 15 ans et de spéculer sur le nombre de participantes au concours organisé par son agence avec qui il allait coucher cette année », est toujours en fonction.

    (Le Nouvel Observateur avait publié, sous le titre « “On est comme ça, nous les mecs !” » un vrai cri du cœur -, un article étonnamment sévère envers le reportage de la BBC et clément envers son objet.)

    Un érotisme de ventriloques

    Devant les remous suscités par le film de Sara Ziff et Ole Schell, les magazines féminins s’en sont fait l’écho – mais sans établir un lien avec la publicité constante qu’ils assurent à la condition de mannequin, en la présentant comme la plus enviable du monde, à grands renforts de success stories et de photos flatteuses.

    Pas une seule de leurs livraisons, en effet, qui ne relate le « conte de fées » vécu par tel ou tel modèle : comment j’ai été découverte dans la rue, comment un photographe m’a remarquée, comment j’ai enchaîné les couvertures et les défilés, comment je suis devenue riche et célèbre, comment j’ai rencontré l’amour, comment – apothéose – je suis devenue maman…

    Mais en passant plutôt rapidement, en général, sur l’étape « Comment j’ai dû empoigner la queue du Grand Photographe ».

    Sara Ziff, qui a commencé sa carrière à 14 ans, relève combien il est problématique de demander à des filles de prendre des poses sexy, de jouer de leur sexualité, alors que celle-ci est encore balbutiante.

    On notera d’ailleurs l’ironie qu’il peut y avoir à hypersexualiser des filles à peine pubères, pour ensuite les accuser d’avoir provoqué les abus dont elles sont victimes, en les qualifiant de « Lolitas perverses » !

    Ce qui frappe, c’est la prédominance d’un érotisme de ventriloques, qui balaie la subjectivité des dominés.

    Par rapport à Samantha Gailey, Polanski était à tous points de vue en position de dominant : un réalisateur célèbre de 43 ans, face à une gamine anonyme de 13 ans, qu’il recevait dans la villa de Jack Nicholson…

    Interrogé sur son goût pour les jeunes filles, dans une séquence rediffusée le 2 octobre dans l’émission d’« Arrêt sur images » (sur abonnement) consacrée à l’affaire, il réfléchissait un instant, avant de répondre un brin tautologiquement :

    « J’aime les jeunes filles, disons-le comme ça… »

    Il ajoutait qu’il y avait différentes manières de réagir à la souffrance :

    « Certains s’enferment dans un monastère, et d’autres se mettent à fréquenter les bordels. »

    (A ceux qui font valoir que cet homme a beaucoup souffert, il faudra rappeler leurs prises de positions, la prochaine fois qu’ils fustigeront la « culture de l’excuse » si caractéristique de la gauche angéliste.)

    Il en va de même pour le ministre de la culture Frédéric Mitterrand, qui souligne que la fréquentation des prostitués thaïlandais lui a servi à apaiser ses tourments d’homosexuel mal assumé (lire à ce sujet les réflexions de Didier Lestrade sur son blog).

    La vieille mythomanie 
du client de la prostitution

    S’abriter derrière son statut d’artiste pour justifier cet usage consolatoire de plus faible que soi ne va pas sans poser quelques problèmes.

    « La littérature, ironise André Gunthert sur Recherche en histoire visuelle, c’est comme la baguette magique de la fée Clochette : ça transforme tout ce qui est vil et laid en quelque chose de beau et de nimbé, avec un peu de poudre d’or, de musique et de grappes de raisin tout autour.

    Pour les poètes, la prostitution n’est plus la misère, le sordide et la honte.

    Elle devient l’archet de la sensibilité, l’écho des voix célestes, la transfiguration des âmes souffrantes.

    La littérature, ça existe aussi au cinéma.

    Talisman de classe, elle protège celui qui la porte de l’adversité.

    Que vaut une fillette de 13 ans face à une Palme d’or ? »

    Erotisme de ventriloques, et production artistique de ventriloques, aussi, en effet.

    Frédéric Mitterrand se trouve en position de dominant non seulement parce qu’il paie un jeune Thaïlandais pour que celui-ci se mette au service de son désir (« I want you happy » : comme c’est touchant), mais aussi parce qu’il en fait ensuite un livre, dont la puissance littéraire n’a pas échappé à nos chevronnés esthètes bravepatriotes, et dans lequel il projette sur le jeune homme les sentiments qui lui conviennent, avec cette étonnante capacité à se raconter des histoires que manifestent les clients de la prostitution (« Le fait que nous ne puissions pas nous comprendre augmente encore l’intensité de ce que je ressens et je jurerais qu’il en est de même pour lui » – voir les extraits sur le site du Monde).

    La tendance actuelle à la délégitimation et à l’effacement de la subjectivité des dominés peut d’ailleurs s’observer dans des domaines très différents.

    Sois belle et tais-toi, 
ou la pauvreté des rôles féminins

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    Porte-manteau à fantasmes, marionnette de ventriloque, c’est aussi la position la plus fréquente des femmes au cinéma.

    « J’avais envie de bastonner les gens qui me disaient : “Oh, tu étais formidable dans ce film !” J’aurais voulu leur dire : ne me dis pas que tu m’as aimée là-dedans, je n’y étais même pas ! C’était quelqu’un d’autre ! »

    Ainsi parlait, en 1976, l’une des actrices – françaises et américaines – interviewées par leur consœur Delphine Seyrig pour son documentaire Sois belle et tais-toi.

    Edité en DVD par le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir - que Seyrig a fondé -, le film, malgré sa mauvaise qualité technique, mérite le détour.

    Toutes y racontent la pénurie de rôles féminins, et, plus encore, leur pauvreté, les quelques sempiternels clichés auxquels ils se réduisent (« Ils sont très rares, dit l’une d’elles, les films où la femme est perçue comme un être humain »).

    Seule exception, Jane Fonda – dont l’abattage et le charisme crèvent l’écran – déborde d’enthousiasme en évoquant le film qu’elle vient alors de tourner avec Vanessa Redgrave : Julia, de Fred Zinnemann, sorti en 1977, qui raconte l’amitié entre deux femmes pendant la seconde guerre mondiale.

    A propos de son personnage, elle a cette formule éloquente :

    « C’était la première fois que je jouais le rôle d’une femme qui ne joue pas un rôle. »

    Ces actrices parlent en des termes qui rappellent presque mot pour mot ceux de Karen Mulder :

    « Je ne savais plus qui j’étais », se souvient encore Jane Fonda en racontant son passage, le jour de son arrivée à la Warner, sur l’espèce de fauteuil de dentiste où atterrissaient toutes les actrices, tandis que les experts mâles se bousculaient au-dessus d’elles pour les examiner sous toutes les coutures et les maquiller.

    « Ils m’ont conseillé de me teindre en blonde, de me faire briser les mâchoires par le dentiste pour creuser les joues – j’avais encore mes bonnes joues d’adolescente -, de porter des faux seins et de me faire refaire le nez, parce que, avec un nez pareil, je ne pourrais “jamais jouer la tragédie” ! »

    « L’homme est un créateur, 
la femme est une créature »

    La volonté de modeler l’autre en fonction de son fantasme se traduit aussi, en effet, de la manière la plus concrète, en taillant dans la chair.

    Analysant les émissions de télé-réalité qui mettent en scène des opérations de chirurgie esthétique, un critique de Télérama faisait remarquer :

    « Magie de la technologie au service d’une extrême violence.

    Violence contre le corps des femmes, “violence faite aux femmes”, comme on dit.

    Violence presque symétrique à celle exercée par le port de la burqa [le « presque » est superflu, à notre avis].

    L’acharnement mis à “dégager le visage”, à “donner le goût d’être visible” dans un cas rappelle celui mis à masquer, à effacer dans l’autre.

    Les femmes qui se découvrent dans le miroir de Miss Swan “ne se reconnaissent pas”.

    Pas plus que les femmes portant la burqa.

    Rien à voir ?

    Non, rien à voir.

    D’ailleurs, a-t-on vu une mission parlementaire enquêter sur la chirurgie esthétique ? »

    (« “Dégager le visage, c’est créer de la beauté” », Télérama.fr, 30 juillet 2009 ; voir aussi le film réalisé par des féministes italiennes, Il corpo delle donne.)

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    « L’homme est un créateur, la femme est une créature » : autant dire que cette division des rôles a des racines très profondes (voir aussi à ce sujet « Les arts du spectacle, une affaire d’hommes », Les blogs du Diplo, 29 juillet 2009).

    Dans Sois belle et tais-toi, toujours, Maria Schneider, covedette avec Marlon Brando du Dernier tango à Paris de Bernardo Bertolucci, sorti en 1972 et dans lequel, comme dit Wikipédia, « une tablette de beurre devint célèbre », raconte, elle, que, durant le tournage, Bertolucci lui a à peine adressé la parole :

    « Il a fait le film avec Marlon. »

    Une autre lui fait écho :

    « Tout le cinéma n’est qu’un énorme fantasme masculin. »

    Trente-cinq ans plus tard, le constat, à peu de choses près, reste valable.

    La seule différence notable, c’est peut-être que plus personne, ou presque, n’y trouve sérieusement à redire.

    Mona Chollet

    http://mauvaiseherbe.wordpress.com/2009/10/11/polanski-mitterrand-le-soliloque-du-dominant/

  • Daniel Cohn-Bendit : encore un effort ! (Jean-Claude Hubert)

    http://filipspagnoli.files.wordpress.com/2009/01/overpopulation.jpg

    La revue Marianne n° 650 du 3 au 9 octobre 2009 titre en première page : « Cohn-Bendit passe aux aveux… », et en sous-titre : « Son égo, Bayrou, les socialistes, Hulot, la Gauche, son rapport au peuple, le nucléaire, Sarkozy, les régionales, Besancenot, 2012, l’Europe… »

    Déçu par ce début de sommaire « d’aveux », je mettais tous mes espoirs dans les trois points de suspension.

    Sur 8 pages, face aux journalistes Eric Conan, Renaud Dély et Nicolas Domenach, Daniel Cohn-Bendit se lâche...

    Bien sûr, toute démarche consistant à extraire quelques citations de 8 pages de texte est arbitraire.

    Nous admettons ce reproche, par contre ce dont il ne parle pas ne peut être dû à l’absence de question des journalistes.

    Dany est suffisamment connu pour dire en toute circonstance ce qu’il a envie de dire !

    Il dit :

    « …la politique, c’est le rapport de force ! » ;

    « l’Europe, c’est une communauté de valeurs » ;

    « la nécessité de repenser la politique à cause de la dimension écologique » ;

    « l’écologie est une critique de la droite et de la gauche traditionnelles, qui ont la même manière de penser la production et le rapport de l’être humain à l’environnement » ;

    « Le résultat des européennes a montré que l’écologie politique en France pouvait être autre chose que les 1,4 % de Dominique Voynet… » ;

    « Il faut montrer, nous aussi, que l’on est capable de casser des cloisonnements pour créer des majorités. »....

    On appréciera aussi sa sincérité dans son aveu de se reconnaître « radicalement narcissique » en dénonçant avec raison que, chez les hommes politiques, « si on ne le dit pas, on ne dit pas la vérité ».

    Ce qu’il ne dit pas :

    - Rien, pas un mot, pas une allusion, sur la démographie !

    Penserait-il comme Nicolas Hulot qu’ « on ne peut rien faire au nom de la liberté » ?

    Cette liberté qu’on invoque pour justifier le milliard d’êtres humains en état de sous-alimentation permanente.

    Cette liberté qu’on invoque pour justifier ces 25 000 personnes qui meurent de faim chaque jour !

    - Rien, pas un mot, pas une allusion, sur les discriminations qui se multiplient et se renforcent bénéficiant des effets d’une crise systémique qui n’en finit pas d’étendre ses ravages !

    - Rien, pas un mot, pas une allusion, sur le nouveau rapport à l’être animal, sur la pérennité des espèces, de leurs habitats et de leurs conditions de vie.

    Pas un mot, pas une allusion sur les souffrances qu’on inflige gratuitement aux êtres animaux tout spécialement dans la mort-loisir de la chasse, dans la mort-spectacle de la corrida…

    La démocratie représentative masque les problèmes liés à des lobbies-électorats qui risqueraient de ne pas déposer le « bon » bulletin dans l’urne.

    Avec beaucoup de lucidité, Gérard Charollois, Président-Fondateur de la CVN, note dans sa Lettre hebdomadaire du 4 octobre 2009 :

    « Mais, les discoureurs officiels préfèrent débiter des propos convenus, des évidences plates qui ne bousculent aucun préjugé.

    L’environnementalisme ne s’intéresse qu’à l’homme sur son piédestal.

    Il crée un écran derrière lequel le saccage du vivant prospère avec son cortège de bétonnage (168 hectares de nature disparaissent chaque jour en ce pays, l’équivalent de la superficie d’un département tous les dix ans).

    Les commentateurs formatés se félicitent du taux de natalité sans mesurer que nous sommes déjà en état de surpopulation.

    L’écologie éthique pense un monde nouveau, une approche bienveillante du vivant.

    Les environnementalistes sont nos cousins, avec un petit air de famille et quelques occasions de rencontres mais nous assumons notre fructueuse différence. »

    Ce sont nos convictions, ce sont nos valeurs.

    Nous assumons pleinement et pensons bien assumer aussi longtemps que nécessaire « notre fructueuse différence. »

    Jean-Claude Hubert - Biocentriste – Vice-président de la CVN

    http://www.ecologie-radicale.org/actu/new_news.cgi?id_news=1114

  • Marianne : "Mitterrand témoin de moralité de deux violeurs"

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    Par Philippe Cohen & Sylvain Lapoix

    C'est officiel : Frédéric Mitterrand s'avère être un vrai boulet.

    Après ses écrits sur le tourisme sexuel, on découvre que, lorsqu'il était directeur de la Villa Médicis, il s'est fendu d'un témoignage de moralité plus une promesse d'embauche à l'Académie de France à Rome… pour deux mineurs poursuivis pour le viol d'une jeune fille de 16 ans.

    La une du Quotidien de la Réunion du 9 octobre 2009.

    La une du Quotidien de la Réunion du 9 octobre 2009

    Décidément, ce n'est pas une bonne semaine pour Frédéric Mitterrand.

    L'affaire a fait la une du Quotidien de la Réunion de ce jour : Frédéric Mitterrand a effectué, en mars dernier, un témoignage de moralité pour défendre deux mineurs, dont son filleul, fils d'un couple d'amis, dans une affaire de viol collectif.

    La victime, une jeune fille de 16 ans,  a été violée par plusieurs jeunes sous la menace d'un couteau.

    Une affaire qui a déjà été jugée mais qui revient en appel à la fin du mois d'octobre.

    Certes, Frédéric Mitterrand n'est évidemment pour rien dans le crime commis par ces deux garçons.

    Mais il vient au secours de ces deux mineurs violeurs en écrivant son témoignage sur du papier à entête de la Villa Médicis — où il officiait —  alors qu'il n'agit là qu'en tant que personne privée.

    En outre, dans son témoignage écrit, le ministre, qui ne l'était pas à ce moment-là, engage l'organisme dont il avait la charge - la Villa Médicis - dans un soutien aux deux jeunes criminels puisqu'il propose de leur organiser des stages sur mesure en vue de faciliter leur réinsertion :

    « En tant que directeur de l'Académie de France à Rome, je m'engage personnellement à faciliter toute mesure de réinsertion. »

    La double page du Quotidien de la Réunion du vendredi 9 octobre 2009.


    Dans le même texte, il précise :

    « Je dispose d'un certain nombre de contrats qui pourraient être mis à profit. »

    Là encore, l'usage de la première personne est peu approprié et traduit une conception très particulière des usages républicains : est-ce la vocation de la Villa Médicis que d'aider à la réinsertion de mineurs violeurs de l'Ile de la Réunion ?

    En l'occurrence le fonctionnaire Mitterrand utilise à son profit personnel la responsabilité que l'Etat lui a confiée.

    Le correspondant à Paris du Quotidien de la Réunion a tenté - vainement - de faire réagir le Ministère de la Culture sur le sujet.

    Comme au début de la semaine, le Ministre choisit la politique de l'autruche...

    La lettre publiée par le Quotidien de la Réunion dans son édition du vendredi 9 octobre 2009.

    Y aura-t-il une suite à cette nouvelle affaire Mitterrand ?

    Sans doute pas.

    D'abord parce qu'après s'être censurés sur la polémique Le Pen-Mitterrand, les médias ont saturé leur public avec ce qui est devenu l'« affaire » : depuis jeudi, radios, télévisions et presse écrite ne parlent plus que de cela.

    Ensuite parce que même s'il s'agit encore de sexualité, l'attitude de l'ancien directeur de la Villa Médicis est surtout condamnable du point de vue des usages républicains.

    Et on sait bien qu'en la matière, le sarkozysme n'en est pas à un écart près.

    Contacté par Marianne2.fr, le ministère de la Culture ne nous a pas encore répondu sur cette question.

  • Rire, parce qu'il n'y a plus que ça à faire (I)


    Par Allain Jules

    Frédéric Mitterrand invente des prostitués Thaïlandais de 40 ans… pour s'en sortir.

    Diantre ! Quelle ironie, le fantasme des vieux croulants existe donc ?

    C’est à mourir de rire. Prendre des millions de personnes pour des cons ?

    Depuis quand en Thaïlande, existe-t-il des bordels où des personnes, des quadras tarifés seraient exposés pour la beauté de leur corps ou l’attrait de leur libido explosive ?

    Donner de l’argent pour des personnes âgées ?

    C’est vrai que payer, exploiter la misère est gratifiant.

    C’est d’un ridicule abyssal.

    Demandez un peu à ceux qui vont en Thaïlande pour le sexe s’ils y vont pour se taper des papys ?

    De qui se moque-t-on ?

    Tout le monde savait qu’il était homosexuel.

    Là, on s’en fout.

    En revanche, dire qu’il s’agissait de personnes de son âge, le bonimenteur ne s’en est pas sorti.

    Il sort plutôt affaibli face à la pugnacité des questions posées…

    Aller en Thaïlande faire du tourisme sexuel, pour le charme irrésistible de quelques vieillards édentés au ventre bedonnant, à la peau flasque et aux cheveux grisonnants ?

    Non seulement cet homme ment, mais en plus, sa défense et sa fausse émotion prétendument pour sauver son “honneur” perdu est pathétique.

    C’est la période des mœurs étranges, des personnages sans stature ni charisme.

    Les historiens du futur seront vraiment perplexes.

    On ne peut que saluer son “courage” d’y aller à la conquête d’hommes aux muscles ramollis ayant besoin de quelques pilules de Viagra pour retrouver toute leur vigueur sexuelle.

    A moins que… avant chacun de ses voyages à connotation sexuelle, il emportait les petites pilules bleues dans le double-fond de son attaché-case.

    Autrement, on ne comprendrait pas ce que le ministre a raconté pendant le Journal Télévisé de TF1.

    Il nous a semblé jusqu’à présent que, ceux qui s’adonnaient à ce type de séjours, y allaient pour y savourer en toute quiétude, des seins pointus comme des sagaies, ceux de jeunes filles, de fesses galbées de jeunes impubères dont l’innocence excite leur sexualité moribonde que l’Occident a fini par terrasser.

    Il a fait fort Frédéric Mitterrand en jouant au petit Jésus, reprenant pour son compte la phrase biblique “que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre”.

    Une façon voilée de faire son mea culpa hypocrite.

    Soit.

    Mais, de là à justifier des faits répréhensibles par la loi hexagonale, il a botté en touche.

    Visionner la vidéo ICI

    (Photo : capture d’écran TF1)

    http://allainjules.wordpress.com/2009/10/09/frederic-mitterrand-invente-des-prostitues-thailandais-de-40-ans/

    http://storage.canalblog.com/49/52/216743/44942720_p.jpg

  • Affaires Polanski/Mitterrand : la féministe Florence Montreynaud monte au créneau

    http://www.terranovamagazine.ca/38/pages/interview/foto/florence.jpg

    FLORENCE MONTREYNAUD : « TOUT LE TRAVAIL FÉMINISTE DES ANNÉES 70 DÉTRICOTÉ EN QUELQUES HEURES »

    L’écrivaine et féministe française réagit à la pétition de soutien lancée en faveur de Roman Polanski.

    Pour elle, on ne peut nier ainsi la souffrance des victimes.

    Dans Un siècle d’amour. De 1990 à aujourd’hui, à paraître le 15 octobre (éd. Nathan), la spécialiste de l’histoire des femmes s’attache à l’évolution des liens amoureux dans la vie des Occidentaux.

    Propos recueillis par Emilie Poyard

    Cette pétition de soutien à Roman Polanski, qu’en pensez-vous ?

    Il y a une solidarité masculine troublante.

    On parle d’une « affaire de mœurs », on se croirait au XIXe siècle !

    Mais il s’agit d’un viol sur mineure, il n’y a pas d’autre façon de le nommer.

    Quel message cela renvoie aux victimes de viol qui n’arrivent pas à en parler ?

    L’impunité des riches et des puissants !

    C’est la même chose avec l’affaire Mitterrand qui s’est greffée là-dessus.

    Il y a une coupure entre les élites et le peuple.

    Presque toutes les femmes ont subi des violences sexuelles dans leur vie, si ce n’est pas un viol, c’est le spectacle d’un exhibitionniste, des mains aux fesses dans le métro ou des insultes sexistes.

    Pourquoi sur un sujet aussi grave la solidarité ne s’exerce-t-elle pas en faveur des victimes ?

    Le travail féministe des années 70 a abouti au vote des lois sur le viol, comme celle de 1980.

    Avant cette loi, le viol était considéré comme un délit, il est désormais considéré comme un crime.

    Puis il y a eu la loi sur le viol conjugal, et le report de la date de prescription en cas d’inceste (le délai de prescription de ce crime est désormais de 30 ans à partir de la majorité de la victime).

    Tout ce travail féministe se détricote en quelques heures, tout cet édifice se fissure par la puissance médiatique, en parlant d’autre chose que du sujet.

    Il ne s’agit pas ici d’une affaire de cinéma mais d’une affaire de crime !

    La dernière enquête de l’INSERM estime à 50 000 le nombre de victimes de viol chaque année en France.

    Pour toutes les victimes de viol, adultes et enfants, que va-t-il se passer ?

    Elles vont penser qu’il suffit d’être riche et puissant pour échapper à la loi.

    A votre avis, pourquoi des femmes soutiennent Polanski ?

    Elles se laissent aveugler par l’amitié, la solidarité, mais malheureusement, elles se trompent de combat.

    Elles ne respectent pas les personnes qui souffrent.

    Je connais des dizaines de victimes, c’est un nouveau coup qui leur est envoyé et va les meurtrir encore davantage.

    On ne peut pas leur dire « ce n’est pas grave ce qu’a fait Polanski » !

    On ne parle pas de la même chose.

    Quel message est envoyé aux victimes mais aussi aux criminels ?

    http://www.elle.fr/elle/Societe/Interviews/Florence-Montreynaud-tout-le-travail-feministe-des-annees-70-detricote-en-quelques-heures/%28gid%29/999687