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Littérature, Philosophie - Page 9

  • Edgar Morin : "Rémi Fraisse, victime d’une guerre de civilisation" (Le Monde)

    Le sociologue et philosophe Edgar Morin, le 20 octobre 2012.

    A l’image d’Astérix défendant un petit bout périphérique de Bretagne face à un immense empire, les opposants au barrage de Sivens semblent mener une résistance dérisoire à une énorme machine bulldozerisante qui ravage la planète animée par la soif effrénée du gain. Ils luttent pour garder un territoire vivant, empêcher la machine d’installer l’agriculture industrialisée du maïs, conserver leur terroir, leur zone boisée, sauver une oasis alors que se déchaîne la désertification monoculturelle avec ses engrais tueurs de sols, tueurs de vie, où plus un ver de terre ne se tortille ou plus un oiseau ne chante.

    Cette machine croit détruire un passé arriéré, elle détruit par contre une alternative humaine d’avenir. Elle a détruit la paysannerie, l’exploitation fermière à dimension humaine. Elle veut répandre partout l’agriculture et l’élevage à grande échelle. Elle veut empêcher l’agro-écologie pionnière. Elle a la bénédiction de l’Etat, du gouvernement, de la classe politique. Elle ne sait pas que l’agro-écologie crée les premiers bourgeons d’un futur social qui veut naître, elle ne sait pas que les « écolos » défendent le « vouloir vivre ensemble ».

    Elle ne sait pas que les îlots de résistance sont des îlots d’espérance. Les tenants de l’économie libérale, de l’entreprise über alles, de la compétitivité, de l’hyper-rentabilité, se croient réalistes alors que le calcul qui est leur instrument de connaissance les aveugle sur les vraies et incalculables réalités des vies humaines, joie, peine, bonheur, malheur, amour et amitié.

    Le caractère abstrait, anonyme et anonymisant de cette machine énorme, lourdement armée pour défendre son barrage, a déclenché le meurtre d’un jeune homme bien concret, bien pacifique, animé par le respect de la vie et l’aspiration à une autre vie.

    Nouvel avenir

    A part les violents se disant anarchistes, enragés et inconscients saboteurs, les protestataires, habitants locaux et écologistes venus de diverses régions de France, étaient, en résistant à l’énorme machine, les porteurs et porteuses d’un nouvel avenir.

    Le problème du barrage de Sivens est apparemment mineur, local. Mais par l’entêtement à vouloir imposer ce barrage sans tenir compte des réserves et critiques, par l’entêtement de l’Etat à vouloir le défendre par ses forces armées, allant jusqu’à utiliser les grenades, par l’entêtement des opposants de la cause du barrage dans une petite vallée d’une petite région, la guerre du barrage de Sivens est devenue le symbole et le microcosme de la vraie guerre de civilisation qui se mène dans le pays et plus largement sur la planète.

    L’eau, qui, comme le soleil, était un bien commun à tous les humains, est devenue objet marchand sur notre planète. Les eaux sont appropriées et captées par des puissances financières et/ou colonisatrices, dérobées aux communautés locales pour bénéficier à des multinationales agricoles ou minières. Partout, au Brésil, au Pérou, au Canada, en Chine… les indigènes et régionaux sont dépouillés de leurs eaux et de leurs terres par la machine infernale, le bulldozer nommé croissance.

    Dans le Tarn, une majorité d’élus, aveuglée par la vulgate économique des possédants adoptée par le gouvernement, croient œuvrer pour la prospérité de leur territoire sans savoir qu’ils contribuent à sa désertification humaine et biologique. Et il est accablant que le gouvernement puisse aujourd’hui combattre avec une détermination impavide une juste rébellion de bonnes volontés issue de la société civile.

    Pire, il a fait silence officiel embarrassé sur la mort d’un jeune homme de 21 ans, amoureux de la vie, communiste candide, solidaire des victimes de la terrible machine, venu en témoin et non en combattant. Quoi, pas une émotion, pas un désarroi ? Il faut attendre une semaine l’oraison funèbre du président de la République pour lui laisser choisir des mots bien mesurés et équilibrés alors que la force de la machine est démesurée et que la situation est déséquilibrée en défaveur des lésés et des victimes.

    Ce ne sont pas les lancers de pavés et les ­vitres brisées qui exprimeront la cause non violente de la civilisation écologisée dont la mort de Rémi Fraisse est devenue le ­symbole, l’emblème et le martyre. C’est avec une grande prise de conscience, capable de relier toutes les initiatives alternatives au productivisme aveugle, qu’un véritable hommage peut être rendu à Rémi Fraisse.

    Edgar Morin (Sociologue et philosophe)

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2014/11/04/remi-fraisse-victime-d-une-guerre-de-civilisation_4517856_3232.html

  • Pierre Rabhi : "La planète n’est pas qu’un vulgaire gisement de ressources" (Le Monde)

    Pierre Rabhi, figure de l'écologie et de l'altermondialisme pose, le 11 février 2010, au restaurant le Train bleu à la gare de Lyon à Paris, lors d'une interview pour la présentation du documentaire de Coline Serreau "Solutions locales pour un désordre global" qui sortira sur les écrans français le 07 avril 2010. AFP PHOTO FRANCOIS GUILLOT
     
    Il est incontestable que ce que nous appelons la modernité a permis à une humanité restreinte, qui en est l’auteur et le bénéficiaire, des acquis que l’on peut mettre dans la colonne progrès. Il est aussi incontestable que c’est à ce paradigme, fondé sur la technologie et la puissance de la matière minérale combustible, que nous devons le pire. La bombe atomique devient en l’occurrence le symbole de l’horreur dont cette même humanité est capable.

    En examinant les faits, nous sommes obligés de constater que l’espèce humaine possède de grandes aptitudes, mais l’intelligence pour leur donner sens et cohérence positive manque cruellement. Il est probable que la vision prométhéenne, et donc un être humain imbus de lui-même, ait ravalé notre magnifique planète oasis dans l’infini du désert astral et sidéral, à un vulgaire gisement de ressources à épuiser jusqu’au dernier poisson, au dernier arbre, sous l’injonction du lucre, de l’insatiabilité humaine programmés pour entretenir la chimère de la croissance sans cesse invoquée comme la solution, alors qu’elle est le problème.

    Coupables de toutes les iniquités planétaires, et jusqu’à l’inanition infligée à des milliards d’enfants et d’êtres humains dans un holocauste permanent, comment ne pas ressentir dans son âme, et presque dans sa chair, les blessures et les exactions commises contre cette sphère vivante à laquelle nous devons et devrons, ainsi que les générations futures, notre vie et notre survie, et que nous sommes en train de génocider par notre boulimie ? Après nous le déluge, n’est-ce pas ?

    Belle conscience

    Entraînés par une pseudo-économie comme par un fleuve en crue, nous ne savons où nous allons tout en y allant résolument. Le sacrifice de cette belle conscience habitant le corps du jeune Rémi Fraisse ne peut être vain et ne doit pas être vain. Il nous rappelle que nous avons absolument besoin d’une nature respectée et protégée de cette prédation et de ce véritable pillage, comme l’a exprimé un ouvrage magistral salué par tous les grands esprits de l’époque (Einstein, DeVoto, Huxley, etc.), à savoir La Planète au pillage, du paléontologue américain Henry Fairfield Osborn. Réduire le sacrifice de Rémi à une bavure au sein d’une problématique, même nationale, serait le profaner.

    Nombreuses sont les consciences qui, partout sur la planète, essaient de faire comprendre, de nous faire comprendre, que notre planète est trop belle, trop rare, pour être livrée comme une prostituée aux appétits jamais assouvis des financiopathes et autres prédateurs sans âme, à la gabegie d’un système à la rigidité cadavérique, promettant un bonheur qu’il est incapable d’assurer autrement que par la consommation exponentielle d’anxiolytiques.

    Arrêtons de détruire la vie et nos vies, la félicité sur terre est possible, alors préservons-la, prenons-en soin. Ravaler ces propos à la mièvrerie serait une erreur, car nous avons besoin d’une nature respectée, mais la nature n’a pas besoin de nous. Elle se remettra de toutes nos exactions et poursuivra, comme elle l’a commencé, bien avant notre avènement, son chemin vers sa propre finitude. On pourrait conclure en disant « à bon entendeur salut », et un grand merci à Rémi pour nous avoir alertés.

    Fondé en 2007, le Mouvement colibris promeut un nouveau projet de société par une écologie positive notamment grâce à la réalisation de projets avec des citoyens, des collectivités locales, des élus, des entreprises et des associations. Colibris encourage la création de projets tels qu’une AMAP à Draguignan, un potager à La Ciotat, un café citoyen et une « grainothèque » à Aubagne, un groupement d’achat et un habitat groupé en Seine-et-Marne, une monnaie locale à Strasbourg.

    Pierre Rabhi (Philosophe, agriculteur et biologiste)

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2014/11/04/la-planete-n-est-pas-qu-un-vulgaire-gisement-de-ressources_4517831_3232.html

  • Ce que le fait de considérer les animaux comme des êtres conscients et sensibles doit nécessairement impliquer

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    Changer le statut de l'animal commence par le changer soi-même dans sa tête et dans sa vie.

    Puisqu'en effet les animaux nonhumains sont des êtres conscients et sensibles, des personnes pourvues de droits fondamentaux que les humains leur nient arbitrairement, la moindre des choses consiste à les respecter dans leur intégrité en ne les consommant sous aucune forme que ce soit, alimentaire, vestimentaire ou autre.

    Devenez végans.

    Parce qu'ils nous valent bien.

  • Hommage à Rémi Fraisse - "Mourir pour une idée" (Gérard Charollois)

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    Parce que des élus passéistes décidèrent, dans le TARN, de sacrifier une forêt humide, riche de biodiversité, à des appétits privés, Rémi FRAISSE, étudiant  de 21 ans botaniste et militant pour la nature, est mort, victime de violences policières.

     

    Ne doutons pas qu’il eût fait de sa vie interrompue un bon usage.

     

    La vie est la valeur première, pour nous. Mais, pas pour eux.

     

    Eux, ce sont les affairistes qui mènent la société à sa perte, qui condamnent la nature à une destruction absolue sous le paravent imposteur de la « croissance », de « l’emploi », du « progrès ».

     

    Depuis l’apparition de la société mercantile et financière, nous assistons à ce mariage funeste de la politique, tous partis de gouvernement confondus, et du béton.

     

    La « croissance », « l’emploi », le « progrès » masquent de sordides intérêts et la décentralisation est un terreau fertile pour le népotisme et les petits arrangements entre amis.

     

    La France est championne d’Europe des ronds-points. Sur le continent, un rond-point sur deux est Français.

     

    Les grands travaux, les aménagements qui ne sont que des déménagements de la nature permettent de transférer de l’argent public dans des caisses privées.

     

    Les économies, les réformes, l’abandon des « droits acquis » ne valent pas pour tout le monde.

     

    Les copains et les coquins doivent prospérer au détriment du vivant et de l’intérêt général.

     

    Nul ne  posera, aux élus, cette simple question :

     

    Avec les sommes détournées du budget de l’Etat, des collectivités territoriales, de l’Europe au profit des aménageurs, combien d’emplois auraient-on pu créer, non pour détruire, mais pour servir le bien commun ?

     

    Partout, des élus locaux usent de leurs pouvoirs et des moyens financiers collectifs pour saccager les espaces naturels, couler de l’asphalte et du béton.

     

    Et lorsque tout sera bétonné ?

     

    Ils ne seront plus là pour répondre de leurs crimes contre la terre.

     

    En attendant, ils veulent de la « croissance » pour créer des « emplois » ?

     

    Non.

     

    Pour accroître les profits de quelques-uns.

     

    Car, avec l’argent dilapidé pour massacrer la nature, ils pourraient créer massivement de vrais emplois d’utilité publique.

     

    De NOTRE DAME DES LANDES à la forêt de SIVENS, c’est le même affrontement essentiel de deux sociétés opposées.

     

    D’un côté, les tenants d’une croissance nocive, exclusivement marchande, infinie dans un monde fini, purement quantitative et contre nature.

     

    De l’autre côté, les partisans d’une société plus douce, plus favorable au vivant, plus solidaire, réconciliée avec la nature et plus soucieuse de l’homme que du profit.

     

    Ce clivage fondamental s’est substitué à celui du siècle passé qui vit se heurter, d’un côté, les exploiteurs cossus et maîtres de forges et de l’autre les masses laborieuses et dangereuses des mineurs, des sidérurgistes et des ouvriers des filatures.

     

    Déjà, les premiers faisaient tirer sur les seconds par leurs gendarmes et les autorités couvraient les « bavures » sanglantes.

     

    Déjà, la violence sociale et la misère se doublaient de la brutalité de la soldatesque aux ordres des possédants.

     

    Déjà, la presse sous contrôle vendait de la peur aux séniles.

     

    Aujourd’hui, la finance ne craint plus les masses laborieuses puisqu’elles ont disparu.

     

    Le foyer de résistance à la dévastation planétaire réside dans les mouvements écologistes, alternatifs, libertaires.

     

    Comme les conservateurs d’antan effrayaient le petit bourgeois en brandissant la peur des partageux, les manipulateurs d’opinion de notre temps, mentionnent le « casseur », « l’anarchiste », « l’émeutier », présents de tous temps en queue de manifestation, histoire de bien contrôler les cerveaux disponibles.

     

    Comme ils aimeraient, les agents de communication du monde des affaires, qu’un écologiste commette une vraie, une belle agression, de celle que l’on peut exploiter pour mettre les frileux, les modérés, les gens d’ordre, du « bon côté ».

     

    Malheureusement, pour leur désinformation, pas le moindre attentat, pas le moindre incendie de perception ou de locaux de la MSA.

     

    Ce sont les « bons agriculteurs », bien réactionnaires, solidement campés dans le productivisme qui font flamber les bâtiments publics.

     

    Rien d’intéressant pour la propagande des médias sous contrôle du BTP et de l’armement, juste quelques affrontements entre la police et des jeunes gens qui se défoulent.

     

    L’écologie n’a pas de sang sur les mains.

     

    Ceux d’en face ne peuvent pas en dire autant.

     

    Oui, mais les « anarchistes lançaient des projectiles sur les forces de l’ordre et ils allaient détruire un grillage de chantier ». !

     

    Pour protéger un grillage de chantier, on a tué un jeune botaniste pacifique de 21 ans.

     

    Pitoyables sont les tenants de l’ordre établi, dans leur embarras, face au meurtre, dont la hiérarchie militaire affirme avec indécence, avant les investigations judiciaires, qu’il ne fera l’objet d’aucune sanction, délivrant ainsi un permis de tuer.

     

    Observons que les forces de l’ordre se montrent infiniment plus combatives face aux jeunes femmes et aux étudiants écologistes de SIVENS ou des manifestations anticorrida que face aux commandos de la France rurale !

     

    C’est que notre contestation pacifique, non-violente, fait davantage peur aux tenants de la société de profits que les accès de rage destructrice des conformistes adeptes du productivisme.

     

    Nous, biocentristes, remettons en cause, avec leurs dogmes économiques, leurs intérêts, leurs turpitudes financières, leurs petits arrangements.

     

    Rémi FRAISSE est mort pour une grande idée : une humanité réconciliée avec la nature et avec elle-même.

     

    Il ne saurait être mort pour rien.

     

    Dépourvus de conscience, j’entends certains élus locaux pressés de reprendre les « affaires » et de réaliser leur barrage lucratif.

     

    Par-delà les commentaires, mentionnons un fait : Le conseil général du TARN commanda ce barrage surdimensionné à une COMPAGNIE DES COTEAUX DE GASCOGNE, présidée par le vice président du Conseil génral du GERS.

     

    L’étude préalable fut confiée à cette compagnie.

     

    Après d’autres femmes et hommes de mieux assassinés, dans le passé pour de justes causes, par les « hommes d’ordre », Rémi FRAISSE est mort pour une idée qui est nôtre.

     

    Mourir pour une avancée, pour une idée, pour des valeurs ne devrait plus se justifier dans une société civilisée.

     

    Les faits prouvent, une fois de plus, que cette société ne l’est guère.

     

    Quand elle le sera, nous pourrons vivre et non mourir pour des avancées, des idées, des valeurs.

     

    Mourir pour une cause est triste, mais ne sommes-nous pas condamnés à devoir mourir un jour pour rien ?

     

    Gérard CHAROLLOIS

    CONVENTION VIE ET NATURE

    MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE

    POUR LE RESPECT DES ÊTRES VIVANTS ET DES EQUILIBRES NATURELS.

     

    www.ecologie-radicale.org

  • BARRAGE SIVENS - Hommage à Rémi Fraisse

    C'est un trou de verdure où chante une rivière
    Accrochant follement aux herbes des haillons
    D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
    Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

    Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
    Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
    Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue,
    Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

    Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
    Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
    Nature, berce-le chaudement : il a froid.

    Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
    Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
    Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

    Arthur Rimbaud, Le Dormeur du val

    http://0o.mj.am/nl/0o/su3u8.html

    http://www.agirpourlenvironnement.org/blog/sivens-des-armes-et-des-larmes-3851

  • "Manifeste pour les animaux", de Franz-Olivier Giesbert : un comble d'abjection

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    Les imposteurs, les pitres, les clowns, les opportunistes et les menteurs ont toujours dominé le monde politico-médiatique.

    C'est grave, mais ça l'est plus encore quand des questions éthiques fondamentales sont en jeu.

    Nous le constatons aujourd'hui avec la question des "droits des animaux" (expression qui ne signifie plus rien à force d'être galvaudée), devenue depuis quelque temps à la mode en France, qui tente maladroitement de combler son retard calamiteux en ce domaine.

    En effet, il ne se passe pratiquement plus un jour sans qu'on tombe sur un article ou une émission qui ne traite du sujet.

    Faut-il s'en réjouir pour les animaux ? Rien n'est moins sûr.

    En effet, que valent les discours vides des opportunistes qui, parce que la question est, justement, à la mode, prennent le train en marche et pondent livre sur livre sans que rien de bon, rien de vrai, rien de cohérent n'en sorte jamais ?...

    Dernière publication en date : le Manifeste pour les animaux dirigé par Franz-Olivier Giesbert, paru aux éditions Autrement. Une perle d'abjection.

    Un beau titre engagé aussi peu en accord avec le contenu réel du livre que ne l'est celui de l'autre ouvrage de M. Giesbert consacré au même sujet, paru chez Fayard de manière simultanée : L'Animal est une personne.

    Monsieur Giesbert, lorsqu'on écrit que l'animal est une personne, la moindre des choses est de traiter l'animal en personne, ce qui suppose d'abord de ne pas le consommer, comme vous le faites, à certaines sauces.

    Que retirera le grand public de vos sombres incohérences, sinon un flou grandiose et dommageable à la cause que de fait vous ne défendez pas ?...

    La liste des intervenants du Manifeste laisse rêveur, à commencer par son auteur : M. Giesbert se prétend végétarien militant quand il n'est donc ni l'un, ni l'autre, goûtant par exemple la chair des poulets pour vérifier s'ils sont "fermiers".

    La suite est à l'avenant :

    Michel Onfray, grand amateur de produits d'origine animale devant l'éternel, et grand essentialiste pour qui la suprématie humaine ne fait aucun doute. Ses prises de position contre la chasse et la corrida sont classiques et consensuelles.

    Boris Cyrulnik, homme de convictions tièdes, qui ose parler de droits des animaux alors qu'il continue de les consommer sous toutes les formes.

    Elisabeth de Fontenay qui, au moyen d'acrobaties philosophiques pitoyables, s'efforce vainement de justifier son manque de courage pour devenir végane. Depuis des années on la voit aligner pieusement les absurdités dans de gros livres savants, comme cette perle parfaitement ridicule éructée lors d'une interview : "Si j’étais végétarienne, je me retrancherais de la communauté des êtres humains". (Source : http://www.elle.fr/Societe/Les-enquetes/Elisabeth-de-Fontenay-Pour-etre-humain-il-faut-aimer-les-hommes-et-les-animaux-2258824)

    Jean-Didier Vincent, biologiste, dont je ne sache pas qu'il soit allé loin dans la cohérence.

    Isabelle Sorente, écrivaine, dont le discours timide et nuancé ne remporte pas l'adhésion, par exemple ici : http://www.vegeshopper.com/2013/10/la-romanciere-isabelle-sorente.html

    Frédéric Edelstein, dompteur chez Pinder et fier de l'être.

    Hugo Desnoyer, boucher et fier de l'être.

    Anne-Marie Philipe, dont je ne saurais que dire étant donné que je ne la connais pas. Ce qui est certain, c'est que le monde militant ne la connaît pas non plus, ce qui augure mal de la suite.

    Le fait que M. Giesbert n'hésite pas à convier, dans son livre, la parole des bourreaux Edelstein et Desnoyer (qui toucheront, en plus, leur pourcentage), est en soi hautement révélateur.
     
    Car l'on ne donne pas la parole aux bourreaux si l'on prétend respecter leurs victimes.
     
    Voit-on des rescapés d'un massacre humain inviter des bourreaux à disserter dans un livre afin d'y exprimer leur "point de vue" ?
     
    Bien sûr que non.
     
    Et moins encore deviser avec eux "joyeusement", comme il est dit dans la présentation de l'ouvrage sur le site de l'éditeur : http://www.autrement.com/ouvrage/manifeste-pour-les-animaux-franz-olivier-giesbert
     
    La mode est dangereuse en ce qu'elle met sur le devant de la scène des imposteurs au discours parfaitement creux et contre-productif - le propre des imposteurs étant de n'avoir pas de convictions réelles, ce qui se vérifie en les lisant : leurs discours ne résistent pas à l'analyse, fût-elle même superficielle. Ils ne trompent personne, sauf les candides, qui sont légion.

    Personne ne doit s'étonner de la présence du boucher Desnoyer et du dompteur Edelstein dans ce livre pathétique : au contraire, cette présence est parfaitement logique.

    Voilà ce que le plus connu des moteurs de recherche fait apparaître lorsqu'on tape "Hugo Desnoyer" :

    "Hugo Desnoyer
    hugodesnoyer.fr/
    d'Hugo Desnoyer. Respect des bêtes, respect des éleveurs, respect de l'environnement, respect de l'antique métier de boucher. "

    Tout un programme décidément.

    Conclusion : absolument rien de bon ne peut sortir de l'incohérence d'un discours ni de l’opportunisme de son auteur.

    Matthieu Ricard, qui vient de sortir lui aussi un Plaidoyer pour les animaux aux éditions Allary, a par exemple parlé jeudi 23 octobre sur France 5, dans l’émission "La Grande Librairie", de « l'extrémisme » (sic) dont faisaient preuve les militants cohérents : http://culturebox.francetvinfo.fr/emissions/france-5/la-grande-librairie/laurent-mauvignier-matthieu-ricard-alice-ferney-et-eric-vuillard-191989

    Il a clairement exprimé son indignation quant au fait que l’on puisse comparer le sort des animaux avec des tragédies humaines comme la Shoah, ajoutant que comparer c'était insulter les victimes.

    Ces gens n’aident pas les animaux ; ils les enfoncent. Par leur lâcheté intellectuelle ou intestinale (Messer Gaster ignore la compassion), leur besoin de gloire, leur absence d’implication réelle, leur spécisme constitutif et leur ignorance.

    Le monde militant ne doit pas relayer les ouvrages de ces individus, mais au contraire en dénoncer l’imposture.

    Le monde militant doit comprendre que la fin de l’esclavage animal passe nécessairement par le véganisme, seul mode de vie cohérent avec le respect des animaux puisqu’il les garantit de l’exploitation.

    Ce n’est que par la radicalité et la cohérence de nos paroles et de nos actes que les droits des animaux seront respectés.

    Le reste n’est que vanité, dans les deux sens de ce terme.

  • Limoges : Conférence sur le véganisme organisée par le CLAMA

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    http://collectiflimousinanimaux.hautetfort.com/

  • France Culture, 13 octobre à 17 h : "Confessions véganes"

    Méryl Pinque, porte-parole de Vegan.fr, sera interviewée le 13 octobre 2014 à 17 h sur France Culture, dans le cadre de l'émission "Sur les docks".

    Intitulé du reportage : "Confessions véganes: l'herbivore que je suis", réalisé par Maylis Besserie et Anna Szmuc.


    L'émission sera ensuite disponible en podcast ou réécoutable sur le site franceculture.fr à la page "sur les docks".

    http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-confessions-veganes-2014-10-13

    Bonne écoute !

  • 26 septembre : Conférence à Orléans sur le véganisme (association Mouvement Végan)

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  • Parution aux éditions du Rocher de "La Caricature de Dieu", recueil de nouvelles engagées

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    http://www.laprocure.com/caricature-dieu-meryl-pinque/9782268076294.html

    Le mot de l'éditeur :

    http://www.editionsdurocher.fr/

    "L’humanité n’est même plus une légende, elle est un mythe", disait Romain Gary.

    Méryl Pinque concasse ce mythe avec jubilation au fil des pages.

    Jeu de massacre et vœu d'abjuration, La Caricature de Dieu est
    aussi un cri. En exhibant la face blafarde d’une modernité dont on détourne souvent les yeux, l’auteure nous force à l’affronter. Et cette confrontation est bizarrement jubilatoire.

    Les treize nouvelles réunies ici sont autant de chapitres d’une tragédie dont l’hécatombe est la seule issue. Puisque l’hécatombe est le happy end de la tragédie.

    L’écriture conjuratoire enrôle le lecteur dans la section d’assaut des causes forcément perdues, car le mal mène le monde.

    Comme tout vrai écrivain, Méryl Pinque sait qu’à l’instar du tragique qui se trouve à la limite entre le sublime et le ridicule, le vrai se tient à la frontière du réel et de l’imaginaire.

    Autre présentation sur le site de la Fnac : http://livre.fnac.com/a7325982/Meryl-Pinque-La-caricature-de-Dieu

    Pour Méryl Pinque l'homme est la caricature de Dieu.
     
    Dans ce recueil de nouvelles, elle parle souvent du mal. Notre modernité ne lui fait pas peur. Elle l'aborde crument, avec force et violence. Sans fard et sans emphase. Certaines nouvelles, comme "L'Alibi" qui met en scène une fête hyper art et jet set à Berlin où les animaux sont tués en masse pendant des « performances » festives, sont des morceaux d'anthologie.
     
    Plus que des tranches de vie, ces nouvelles sont autant de gros plans sur notre modernité qui n'est pas toujours très belle. Mais, comme tous les grands auteurs de nouvelles (Maupassant, Tchékhov, Carver), Méryl Pinque ne démontre rien, elle raconte des histoires. Histoires qui se passent aux quatre coins du monde, mais qu'unit une vision particulière de l'homme et de sa condition.
     
    Seuls les grands écrivains révèlent le monde au travers du chaos apparent. C'est le cas de Méryl Pinque dont les nouvelles scrutent de manière unique le magma de la postmodernité. Ce faisant, elle fait sienne la fameux mot de Romain Gary : « L'humanité est un mythe. »
    • Editeur : Le Rocher (28 août 2014)
    • Collection : LITTERATURE
    • ISBN-10: 2268076296
    • ISBN-13: 978-2268076294

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    Critique d'Emile Cougut parue sur le site culturel de la ville de Metz :

    http://www.wukali.com/La-caricature-de-Dieu-de-Meryl-Pinque-un-livre-a-recommander#.VD-mehZpG2A