L'holocauste REACH : les assassins vivisecteurs-menteurs montent au créneau
Ouf ! on va mieux respirer ! Plus de 90 % des substances chimiques en circulation depuis avant 1981 doivent subir dans les dix années à venir des tests pourdéterminer leur toxicité. Pour l'homme et pour l'environnement.
C'est l'application du programme européen « Reach » (« Enregistrement, évaluation, autorisation et restriction »).
Le problème, c'est que ces tests commandés par les industriels doivent obligatoirement être menés sur des animaux.
L'enjeu est de mesurer la toxicité et l'écotoxicité de tous ces produits, la première pour ses effets sur l'homme, la deuxième pour ses effets sur tous les organismes de l'environnement.
Alors que la recherche utilise déjà chaque année plus de 12 millions de rongeurs et autres animaux dans les universités, les hôpitaux, les laboratoires, les écoles vétérinaires, dont plus de 2,3 millions seulement pour la France, la mise en application de Reach va grandement augmenter le recours à cette expérimentation.
Le sacrifice pourrait dépasser les 50 millions d'animaux de laboratoire, d'après Thomas Hartung, un toxicologue dont les prévisions parues fin août dans la revue scientifique « Nature » alertent les militants de la cause animale.
« 54 millions ? ! Mais 10 millions d'animaux pour le programme Reach, ce serait déjà 10 de trop ! » déplore-t-on à la fondation Brigitte Bardot (lire son interview ci-dessous).
« Il y a une alternative, c'est la culture de cellules humaines », propose un des porte-parole de l'ancienne actrice pour qui les «années d'insouciance» (thème de l'exposition qui lui est consacrée cet automne à Boulogne-Billancourt) ont fait place aux années de combat.
Pour Eric Thybaud, à l'établissement public Inéris, on ne peut prévoir le nombre d'animaux utilisés pour Reach, mais la recherche travaille «pour une moindre utilisation des animaux», dont on ne peut néanmoins pas se passer.
26 établissements en Haute-Garonne
Par son ampleur, ce programme réactive le débat sur l'utilisation des animaux.
A l'école vétérinaire de Toulouse, Pierre-Louis Toutain approche le sujet prudemment :
« C'est un sujet très sensible, prévient-il, mais je pense qu'on ne peut pas se passer des expérimentations… Ce qui est sûr, c'est qu'elles sont aujourd'hui très encadrées, et que nous respectons une éthique : dans nos protocoles menés avec les chats par exemple, ils sont rendus et adoptés par des familles en partenariat avec une association ».
L'expérimentation ne laisse plus la place aux trafics qui ont marqué la fin des années 80 dans notre région.
Les directions des services vétérinaires délivrent les autorisations et veillent au bien-être animal…
« Les locaux sont conçus et aménagés comme des 4 étoiles », a constaté Michel Toulze, chef de la protection des animaux pour la Haute-Garonne, département où 26 établissements publics ou privés mènent des expériences.
Le programme Reach fera encore parler de lui au chapitre économique puisqu'il pourrait approcher les 10 milliards d'€ supportés par l'industrie.
Mais il suscite d'ores et déjà une autre question.
Qui testait jusqu'alors tous les produits chimiques mis en œuvre dans les produits d'entretien, industriels ou agricoles avant 1981 ?
Personne, ou plutôt tout le monde : animaux et humains, tous cobayes.
Des souris, des lapins...
Actuellement en France, l'expérimentation animale est obligatoire pour déterminer la toxicité des substances chimiques, des pesticides, des médicaments humains et vétérinaires.
Pour tester les substances chimiques et pesticides, les animaux le plus souvent utilisés sont les rongeurs, les rats, souris, cobayes; puis les lapins, poissons et/ou oiseaux.
Pour les médicaments humains, les primates sont aussi utilisés, ainsi que les chiens (beagles en particulier ; vivant en meute, on évite ainsi de les sociabiliser avec les hommes); pour les médicaments vétérinaires, en priorité les chiens, les primates, les chats, ces derniers en particulier pour la neurologie.
A 90%, ce sont les rongeurs qui sont utilisés pour l'expérimentation.
En cosmétologie, le recours à l'expérimentation est dorénavant interdit sur l'ensemble du territoire européen, toutefois...mais cela n'interdit pas d'expérimenter des substances sur la peau ( en dermatologie ).
Les Anglais furent les premiers à ne plus utiliser les animaux pour les produits cosmétiques, la marque Body Shop avait fait de cette éthique un argument publicitaire.
100000 substances chimiques
Dans notre vie quotidienne, nous sommes entourés par plus de 100000 susbstances chimiques qui peuvent émettre des composants dangereux dans l'atmosphère.
UFC-Que choisir a mené des études montrant que des produits courants comme des désodorisants, nettoyants, tapis synthétiques, meubles, vernis, et plus récemment colles de moquette, émettent des composés organiques volatils nocifs.
Au cancéropôle aussi
Premier département de la région en matière de recherche, et donc d'expérimentation, la Haute-Garonne compte 26 établissements autorisés par l'Etat (direction départementale des services vétérinaires) à pratiquer des expériences « sur animaux vertébrés vivants ».
La liste n'est pas rendue publique, pour éviter les actions des militants de la cause animale.
Y figurent notamment l'école vétérinaire, les universités, des laboratoires, le cancéropôle en cours d'achèvement.
Les expériences ne concernent pas toujours les médicaments.
« Dans certains cas, il s'agit seulement de faire ingérer des compléments nutritionnels et mesurer l'incidence sur la prise de poids », indique M.Toulze à la DDSV, qui remarque que la plupart des chercheurs « prennent en compte le facteur souffrance animale et mettent en œuvre des techniques pour la diminuer, voire la supprimer. »
Eric Thybaut, responsable « Danger et impact sur le vivant » à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques, l'Inéris.
DDD. Pourquoi l'expérimentation animale ?
E.Th. C'est la loi, elle est obligatoire pour déterminer la toxicité des substances chimiques, des pesticides et des médicaments.
DDD : Qui est concerné par Reach ?
E.Th. Les substances chimiques « existantes », en circulation avant 1981, soit 90 % du total. Environ 125 000 substances.
DDD : 10 ou 50 millions d'animaux pour mesurer leur toxicité ?
E.Th. On a dix ans devant nous, je suis incapable de prédire l'avenir, mais tout est fait pour réduire l'utilisation des animaux, de mieux utiliser les résultats, par d'autres types de calcul, par des cultures in vitro et par analogie.
On mutualisera les résultats par les familles de produits chimiques.
Mais il n'est pas possible aujourd'hui de se passer totalement de l'expérimentation animale...Et je préfère sauver un enfant qu'une souris.
DDD : On n'utilise plus les animaux en cosmétique ?
E.Th. Sur le territoire européen non, on n'en a plus le droit et les résultats d'expériences menées ailleurs ne sont pas recevables.
Eric Thybaut
Brigitte Bardot est effrayée
La Dépêche du dimanche : « Reach » prévoit une augmentation de l'expérimentation animale pour tester les produits chimiques commercialisés avant 1981. Ces tests qui concerneraient de 10 à 50 millions d'animaux.
Quelle est votre réaction ?
Brigitte BARDOT : Je suis effrayée et scandalisée à la fois.
C'est un coup de poignard dans le dos car ma Fondation avait travaillé, avec la Commission et le Parlement européen, à privilégier le recours aux méthodes substitutives à l'expérimentation animale dans le cadre du programme Reach.
Or, les 54 millions de victimes estimées sur dix ans s'ajoutent aux plus de 12 millions d'animaux déjà sacrifiés chaque année dans les laboratoires européens.
Comble de l'horreur, la France est le pays européen où le plus grand nombre d'animaux est sacrifié.
DDD. Les tests sur les animaux ont été réalisés pour mettre au point des produits cosmétiques, des solutions agricoles, des médicaments. Dans ce dernier cas, ne sont-ils pas justifiés ?
BB. Non, aucune expérimentation animale ne peut être justifiée.
D'un point de vue éthique, l'homme n'a pas le droit moral d'exploiter et de considérer les autres espèces animales, l'ensemble des êtres sensibles, comme de simples outils de recherche ou de consommation.
D'autre part, aucune espèce animale n'est le modèle biologique d'une autre, il est donc totalement fantaisiste, ridicule, d'expérimenter une substance sur une souris, un chat ou même un singe puisque chaque espèce réagit différemment...
DDD. Quelle alternative ?
BB. Ma Fondation a cofinancé un test cellulaire, réalisé sur cellules humaines, qui prédit à 82 % les effets toxiques sur l'espèce humaine, contre 65 % lorsque la souris est prise pour « modèle » et 61 % lorsqu'il s'agit du rat.
Il faut absolument se donner les moyens de développer ces méthodes alternatives et mettre un terme définitif à l'expérimentation animale qui symbolise aujourd'hui la préhistoire de la recherche, une science sans conscience dont nous ne voulons plus.
DDD. A-t-on atteint des sommets en tuant des souris pour le botox ?
BB. Les sommets sont atteints depuis bien longtemps mais l'homme peut toujours aller plus loin dans l'ignominie.
Des milliers de souris sont tuées par injections de toxine botulique.
Tous ces animaux morts, dans des souffrances ignobles, pour permettre à certains de cacher quelques rides qui finiront par revenir de toute façon…
DDD. Qu'attendez-vous des citoyens et des pouvoirs publics ?
BB. Les pouvoirs publics doivent remettre en cause le principe de l'expérimentation animale en soutenant les chercheurs qui travaillent au développement de nouvelles méthodes.
J'attends aussi qu'ils reconnaissent un droit d'objection de conscience à l'expérimentation animale comme cela existe dans plusieurs pays européens.
Ma Fondation a travaillé à la rédaction d'une proposition de loi, enregistrée à l'Assemblée Nationale, il est temps aujourd'hui d'adopter ce texte.
Je lance d'ailleurs un appel aux étudiants pour qu'ils refusent de participer aux expérimentations et même aux dissections inutiles pratiquées dans les établissements scolaires.
Nous avons mis une pétition en ligne (www.fondationbrigittebardot.fr), il est important de la signer et de la diffuser.
http://www.ladepeche.fr/article/2009/09/13/671856-Trente-millions-de-cobayes.html