"Souci moral, impulsion morale et argumentation logique dans la défense des droits des animaux" (Gary Francione)

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En tant que véganes abolitionnistes et féministes, nous sommes contre l'utilisation de tactiques sexistes par le mouvement de défense des animaux.
Le véganisme éthique pour les droits des animaux fait part de la conclusion logique de l'opposition à l'exploitation des êtres sensibles -- les animaux humains autant que les animaux non-humains.
L'opposition du spécisme est incompatible avec la participation au sexisme ou à toute autre forme de discrimination, telles le racisme, l'hétérosexisme, le classisme, etc.
Malheureusement, nous avons été témoins de plusieurs femmes proclamant qu'il n'a rien de mal dans l'utilisation du "sexe" comme outil pour communiquer notre message, en se justifiant avec divers arguments.
De plus, d'autres défenseurs ont été victimes d'accusations injustes de "sexisme" pour avoir critiqué le sexisme et les choix sexistes dans le cadre du mouvement de protection des animaux.
Ni l'un ni l'autre ne devrait être acceptable du point de vue de ceux et celles qui prennent au sérieux le travail contre l'oppression.
Certaines activistes défendent l'utilisation du sexe en nous accusant de pruderie ou de sentiments "anti-sexe".
Les végans abolitionnistes sont loin d'être "anti-sexe"; toutefois, nous voyons que la manière dont le sexe est utilisé pour "vendre" dans notre société patriarcale renforce l'image des femmes comme objets.
Par exemple, considérez la façon dont PETA utilise le sexe dans ses campagnes - ils renforcent les normes occidentaux de beauté nocives en utilisant presque uniquement des femmes qui sont minces, avec des seins larges, et qui sont présentées de sorte qu'elles apparaissent vulnérables et séduisantes au visionneur (mâle, hétérosexuel) visé, ainsi que presque uniquement des hommes qui sont musclés et présentés comme puissants et sûrs de soi.
Lorsque l'on essaie d'utiliser le sexisme pour "vendre" la justice pour les animaux non-humains au prix du renforcement des attitudes nuisibles aux femmes humaines, l'ironie de la situation est claire.
L'utilisation des tactiques basées sur des stéréotypes bêtes et nocifs déprécie la gravité des injustices commises contre les animaux non-humains et les femmes humaines tous les deux.
Loin de lancer un défi contre l'exploitation animale, ce genre d'approche renforce les stéréotypes mêmes qui nuisent aux femmes tout comme aux non-humains.
Certaines activistes qui défendent l'utilisation du sexe croient que le fait de démontrer notre sexualité attirera l'attention de véganes potentiels en faisant appel à leur image de soi, laissant entendre que lorsqu'elles voient comment le véganisme nous rend "sexy", elles voudront elles aussi devenir végan.
Cette notion est non seulement trompeuse mais nuit aussi au vrai message que nous devrions communiquer.
Le véganisme se rapporte aux droits des animaux, et non pas au fait de se sentir séduisante ou d'avoir une meilleure vie sexuelle (des caractéristiques que nous savons ont peu à faire avec le fait d'être végan ou non, mais avec le mode de vie et le bien-être de chacun) et ne se rapporte surtout pas à "paraître plus beau" que ceux et celles qui mangent des animaux.
Promouvoir le véganisme comme manière de se rendre "sexy", ce qui est malheureusement presque toujours assimilé à "perdre du poids" dans notre société (par exemple, le livre "Skinny Bitch" vient à l'esprit), sert à renforcer les préjugés contre les personnes plus larges ou qui ont un surplus de poids, ce qui nuit aux hommes tout comme aux femmes dans notre société, mais particulièrement aux femmes.
De plus, le véganisme n'est pas une formule magique de perte de poids - il ne manque pas de végans qui sont loin d'être maigres, qui se font essentiellement traités d'échecs par ce genre de campagne qui suggère ou même qui affirme explicitement que le véganisme est une façon d'atteindre les normes de beauté occidentaux.
Le fait de faire appel à ces normes nocives non seulement les renforce mais détourne l'attention de la raison réelle pour le véganisme : la reconnaissance de nos obligations morales envers les animaux non-humains.
Plusieurs des activistes qui font la défense de tactiques sexistes argumentent qu'elle ne sont pas, en fait, sexistes, qu'elles permettent aux femmes de s'assumer, et donc que le fait de critiquer ces tactiques démontre un manque de respect envers ces femmes - certaines et certains disent même que le fait de critiquer ces tactiques est sexiste en soi.
Ces arguments sont faux pour plusieurs raisons. Premièrement, la plupart du temps ces allégations sont lancées contre les activistes mâles lorsqu'ils critiquent de telles campagnes.
Mais le sexe d'une personne, en soi, ne la rend pas plus ou moins qualifié au sujet de sexisme ou de féminisme.
Il y a une attitude que "les hommes devraient se taire et écouter aux femmes" dans ces revendications, ce qui tente de remplacer l'égalitarisme réclamée par le féminisme avec un autoritarisme vide basé sur la biologie.
Comme le suggère la féministe américaine Bell Hooks, bien que la solidarité féminine soit puissante, le féminisme est pour tout le monde.
En tant que femmes véganes abolitionnistes, nous sommes très contentes d'avoir des alliés mâles tels que Gary L. Francione, entre autres, qui défend le féminisme et dénonce le sexisme dans le mouvement de défense des animaux depuis des années.
Quoique nous croyons, comme il se doit, que tout le monde devrait prendre au sérieux les femmes, écouter au point de vue d'une personne n'est pas équivalent à accepter ses arguments ou à se mettre d'accord avec ceux-ci tout simplement puisque la personne est une femme; se trouver en désaccord et présenter des contre-arguments n'est pas équivalent au sexisme.
C'est malheureux, mais le sexisme est tellement omniprésent dans notre société que certaines femmes ne croient même pas que ça continue d'être un problème, ne voient pas l'impact du sexisme sur leur vie, et ne se sentent pas que le féminisme demeure pertinent.
Certains alliés de féminisme mâles étudient la théorie féministe depuis des années; le fait qu'ils soient mâles ne rend pas invalide cette expertise.
En outre, l'opinion que n'importe quelle action choisie par une femme lui permet automatiquement de s'assumer est simpliste puisqu'elle ignore le contexte patriarcal dans lequel ces choix sont faits.
Oui, les femmes qui participent aux campagnes que nous critiquons ont choisi volontairement de le faire, et certaines peuvent se sentir libérées, ou se sentir que leur choix sont eux-mêmes des actes qui défient l'objectivation des femmes, et nous sommes reconnaissantes qu'elles sont de cet avis.
Nous leur demandons simplement de considérer sérieusement que ces campagnes sont nuisibles aux femmes ainsi qu'inefficaces contre l'exploitation des animaux non-humains, et, qu'en vue de cela, les femmes seraient mieux de ne plus les soutenir ni d'y participer.
Tel qu'affirmé ci-haut, l'opinion que les femmes s'assument ou sont libérées en choisissant de se marchandiser ignore la dimension structurelle du sexisme dans notre société patriarcale.
Que nous en sommes d'accord ou non, nos choix de tenter de "réclamer" la marchandisation des femmes en y participant volontairement affectent la vie d'autres femmes, surtout les femmes qui ont moins d'influence.
Dans le contexte d'une culture qui voit et qui présente quotidiennement les femmes comme des objets sexuels, l'intention de "réclamation" de ces choix est en pure perte vis-à-vis du public, et l’objectivation est tout simplement renforcée.
Lorsque ce sexisme est renforcé comme étant acceptable ou sans importance, l'effet global est de renforcer les attitudes qui permettent le trafic, l'abus, et les autres formes d'exploitation et de violence que subissent les femmes pauvres et de statut socio-économique inférieur à travers le monde à tous les jours.
Certains défenseurs argumentent que ces campagnes sont nécessaires afin d'attirer l'attention du public.
Comme nous avons mentionné, cela détourne l'attention des véritables raisons pour le véganisme : le droit des êtres sensibles de ne pas être des propriétés.
Attirer de l'attention peu importe le coût n'est pas la façon d'avancer une question sérieuse comme la violence envers les animaux.
Puisque cette violence n'est pas encore prise au sérieux, les tactiques qui visent à attirer de l'attention peu importe le coût servent seulement à minimiser de plus la question dans les yeux du public.
Il est vrai que les campagnes sexistes menées par PETA attirent de l'attention, mais dans l'ensemble c'est de l'attention pour PETA et non pour les enjeux en question.
C'est une stratégie de guerrilla marketing conçue pour inciter les gens à parler de PETA et donc pour que les dons continuent à survenir.
(Et voyons, ça fonctionne, puisque nous discutons présentement de PETA, mais nous nous sentions que nous ne pouvaient exposer la question sans mentionner le plus flagrant coupable.)
Encore plus troublant sont les campagnes qui juxtaposent le sexe et des images explicites de violence, dans le but prétendu d'attirer l'attention des jeunes hommes hétérosexuels et ensuite leur informer du traitement des non-humains.
Par exemple, le vidéo "State of the Union Undress 2010" sur le site web de PETA met en vedette une femme qui se dérobe "pour les animaux" et ensuite un deuxième vidéo, présentant des images de violence explicite infligée sur les non-humains, commence à jouer automatiquement.
Inciter les hommes à associer ces images excitantes avec des images de violence sanglantes aide la situation comment?
Les campagnes qui utilisent de façon flagrante le sexe et les standards occidentaux de beauté ne sont pas les seules tactiques sexistes utilisées par le mouvement de protection animale.
Par exemple, les campagnes de longue date contre la fourrure ont un élément sexiste distinct.
En singularisant la fourrure, les défenseurs ne suggèrent non seulement qu'il y a une différence morale entre la fourrure et le cuir ou les autres types de vêtements dérivés d'animaux, mais singularisent aussi les personnes qui portent de la fourrure, tout en ignorant ou minimisant les actions des autres qui portent d'autres sortes d'animaux.
La plupart de la fourrure dans notre société est portée par des femmes.
En effet, ces campagnes distinguent comme moralement injuste une utilisation particulière d'animaux qui est le plus souvent perpétré par des femmes, tout en minimisant d'autres utilisations également moralement injustes qui sont perpétrés par tous les sexes.
Est-ce vraiment utile de dénoncer une vieille dame en manteau de fourrure tout en ignorant un motard en veste de cuir?
La question du sexe dans le contexte de l'exploitation animale mérite aussi une mention.
Les animaux exploités pour leur lait et leurs oeufs sont, il est évident, des femelles qui se font exploitées pour leur cycle reproductif.
Elles se font fécondées par force à chaque année dans le cas des vaches (c'est-à-dire, violées), et ensuite se font enlever leur bébé, ce qui cause un bouleversement profond à la mère autant qu'au petit.
Mammifères et oiseaux sont tous les deux tués lorsqu'ils atteignent l'âge où leur cycle de reproduction ralentit ou arrête et donc que leur propriétaire ne les trouve plus rentables.
De façon similaire, des femelles de la plupart des espèces exploitées par les humains se font utiliser comme reproductrices, forcées à donner naissance à portée sur portée de petits, et sont abandonnées ou tuées lorsque leur utilité diminue.
Bien que, comme nous nous attendons dans notre société spéciste où les non-humains ont le statut de propriété, le féminisme et le sexisme s'adressent aux humains, lorsque nous prenons une perspective abolitionniste végane ainsi que féministe, cette exploitation de la "féminitude" des animaux femelles tombe dans l'intersection des deux luttes.
Il est bizarre que certaines personnes se disent végétariennes (mais non véganes) pour des "raisons féministes" - on s'attendrait à ce que quelqu'un qui trouve qu'il y ait un lien entre la consommation de chair animale et le traitement des femmes "comme de la viande" verrait aussi le lien entre l'utilisation de produits animaliers qui viennent expressément du cycle reproductif d'animaux femelles.
Le féminisme n'est pas uniquement une question d'avoir un vagin et un monologue; c'est une pratique mise en oeuvre à chaque jour, une force dynamique pour le changement et la libération, un dialogue, une communauté, et une transformation sociale concrétisée dans nos paroles et nos actions à chaque moment de notre vie.
Si le féminisme est pour tout le monde, cela inclut les animaux non-humains.
En tant que défenseurs des animaux, peu importe que nous soyons mâle ou femelle ou genderqueer, c'est à nous d'assumer la responsabilité d'opposer l'exploitation et l'oppression de tous les êtres sensibles.
Nous pourrons réaliser cela en nous engageant dans de l'éducation créative et objective.
Comment pouvons-nous prétendre d'éliminer l'exploitation des non-humains tout en encourageant ou en acceptant l'exploitation de nos semblables êtres humains?
Au fond de la question : nous marchandiser volontairement ne nous permet pas réellement de nous assumer.
Nous ne pouvons utiliser des méthodes sexistes afin d'avancer une cause de justice sociale.
Des liens existent entre toutes les formes d'exploitation d'êtres sensibles; nous ne réussirons pas à éliminer le spécisme, l'oppression des animaux non-humains tout simplement à cause de leur espèce non-humaine, sans nous engager sérieusement à éliminer en plus le sexisme, et surtout pas par la voie de l'opportunisme de certains activistes qui visent à attirer de l'attention peu importe le coût aux autres groupes opprimés.
Ana María Aboglio
Paola Aldana de Meoño
Jo Charlebois
Elizabeth Collins
Vera Cristofani
Karin Hilpisch
Mylène Ouellet
Renata Peters
Trisha Roberts
Kerry Wyler
Libellés : abolitionnisme, droits des animaux, féminisme, Journée internationale de la femme, néo-réformisme, PETA, Semaine internationale de la femme, sexisme, véganisme

Je viens de recevoir ce matin Les Moissons Ecarlates, le disque d'Omne Datum Optimum, en vente ici : http://www.cynfeirdd.com/
Ce disque est une pure merveille artistique. Les textes et la musique sont somptueux, d'une beauté, d'une force et d'une profondeur rares.
Je vous invite à vous le procurer le plus rapidement possible : c'est de l'art, et de l'art vegan par-dessus le marché.
Autant dire un joyau.
Méryl
***
Ci-dessous une interview - excellente - d'Omne Datum Optimum par le magazine Obsküre :
Omne Datum Optimum
En complément de l’entrevue parue dans Obsküre Magazine #5, www.obskuremag.net publie ces extraits inédits de notre entretien avec Omne Datum Optimum
Obsküremag : La forme en requiem s’est-elle imposée d’elle-même pour Les Moissons Ecarlates ?
Plus ou moins. Au départ, j’avais plutôt imaginé un ‘opéra’, puis en cours de composition, au vu du nombre d’animaux tués (on parle alors en millions d’individus tués chaque jour), une prière pour les âmes des défunts m’a semblé plus appropriée, il m’est alors apparu évident et bien plus juste de composer un requiem, même si ce dernier est un terme un brin présomptueux de ma part si l’on se réfère à ceux écrits jadis par des personnages ô combien plus talentueux que moi…
Tu as pris le temps pour faire ce disque. Doit-on le voir comme un aboutissement ? La fin de quelque chose ?
L’aboutissement de 3 ans de composition et de réflexion, d’hésitations et de doutes, d’envie de tout arrêter en cours de route, de tout stopper au moment où les disques pressés sortent de l’usine car un imprévu s’est infiltré dans ma conception globale de ce que devait être l’objet tel que je l’avais imaginé au final… en fait, la fin d’un projet qui me tenait à coeur, sorte de parenthèse qui fera sans doute figure d’ovni aux yeux des personnes qui ne me connaissent qu’au travers de ma musique, un soulagement aussi d’avoir mené l’enfant à terme si je puis m’exprimer ainsi et ce malgré les obstacles qu’il m’a fallu franchir et les déceptions personnelles relatives à cet album et pour lesquelles j’ai, comme on dit, beaucoup pris sur moi…
Pour donner voix aux sans voix, tu as démultiplié ta voix, remplaçant une chorale à toi tout seul. Comment procèdes-tu pour mettre en place et conjuguer ces harmonies vocales ?
Comme beaucoup, je compose une base au clavier, sur laquelle se greffe une voix, puis deux, puis trois… Les harmonies et les tessitures viennent soit naturellement, lorsque le morceau lui-même me guide dans le choix des voix et des tonalités, imaginant ce que j’aimerais ressentir en écoutant le morceau achevé, soit elles viennent lentement après plusieurs essais jusqu’à ce que LE truc se passe, l’alchimie faisant que quelque chose de quasi vivant s’opère en notre for intérieur et que l’on sait qu’on a touché le but dans la création du titre en question. Ensuite, pour étoffer un morceau, je superpose des voix d’harmonies et octaves différents pour donner l’impression d’un choeur comme dans le titre « Agnus Dei » qui comprend 21 voix. Comme je suis tout seul, je compose avec les moyens du bord, c’est-à-dire moi…
Cet album est peut-être celui qui se rapproche le plus de la musique classique, tout en s’éloignant de l’aspect très médiéval de ton précédent « Missa XXI » (bien qu’on le ressente toujours, notamment sur « Le Flûtiste de Hamelin »). Ce choix est lié au sujet de l’album ?
Oui et non. Oui parce que les ambiances médiévales ne collaient pas vraiment au thème ni au choix du requiem. Et non parce que l’album a été composé alors que j’écoutais beaucoup de musique classique et que je ressentais le besoin d’explorer le côté plus baroque de mes possibilités vocales. Tout cela a été en fait assez naturel, je ne savais pas vraiment où j’allais, mais quelque chose me guidait inéluctablement dans cette voie et dans ces voix. Ainsi le côté plus «classique» s’est imposé de lui-même.
Pour ce qui est des clins d’œil et des citations (on ne m’a pas envoyé le livret, mais il me semble qu’il y a des reprises, dont la sublime version de « Ich würd auf meinem Pfad » de Mozart version haute-contre proche des ambiances à la Peter Greenaway), comment as-tu opéré tes choix ?
Je me suis en fait inspiré de ce que j’écoutais lors de la maturation de l’album, quelques titres classiques se sont imposés (dans la limite de ce que je pouvais interpréter compte tenu de mes possibilités vocales, j’entends) dont le «Ich würd auf meinem Pfad…» auquel tu fais allusion et que je me suis bien réapproprié (!!!), mais aussi le titre traditionnel «Ich hab’ die Nacht getraümet…». Aussi quelques lectures ont fait écho avec mes ressentis et souhaits du moment, d’où l’utilisation d’un texte de Victor Hugo ou d’un passage remanié extrait du livre de Charles Patterson «Un Eternel Treblinka».
Le contraste entre la douceur apaisée des compositions (« Iguana Paradiso » par exemple) et la violence du propos crée un décalage ironique intéressant et plus cruel encore, qui renvoie à ce que disait un compositeur de musiques de films comme Riz Ortolani, et que des images violentes étaient bien plus violentes encore quand on les mêlait à une musique douce. As-tu souhaité travailler sur ce décalage ?
Je suis content que tu me poses cette question, car effectivement, c’est ainsi que j’ai procédé, me refusant à emprunter les sentiers battus. Il aurait été plus évident, vu le thème, d’user de samples de cris d’animaux torturés, ou de sons plus industriels poussés à l’inaudible… D’ailleurs, les rares titres sur lesquels je m’essaie à cette approche sont plus lourds et pas forcément ceux que les gens préfèrent. La situation actuelle de l’exploitation des animaux non-humains me plonge davantage dans une mélancolie et une tristesse -toutes deux bien sûr nimbées de révolte parfois- que dans un état de croisade permanent. De ce fait, les titres sonnent plus nostalgiques voire désespérés que belliqueux et révoltés… Concernant l’ironie dont tu fais mention, notamment avec le titre « Petite promenade dominicale »(*), je pense que si nous -vegans et autres défenseurs de la cause animale- n’avons point un brin d’auto-dérision, alors nous sommes bons pour nous foutre àla Seine. Il ne se passe pas un seul jour sans que nous ne soyons confrontés à la triste mais bien réelle « marginalité » de notre éthique, il nous faut donc souvent vivre face à cette cruauté qui nous entoure au quotidien ; sans une once de recul, ce serait invivable.
« Iguana Paradiso » est un titre en hommage à mon compagnon iguane que j’ai sauvé d’une mort certaine et qui a partagé 11 années de ma vie… alors que je lui donnais à peine quelques mois lorsque je l’ai vu dans une animalerie et que j’ai décidé de lui donner une chance de s’en sortir… Il m’a quitté en septembre 2008, j’étais alors en pleine composition de l’album… Quant à (*), petit, j’allais le dimanche me promener dans la forêt avec mon père, chasseur, et ladite promenade était rythmée par des coups de fusil pour dégommer ici un faisan, là un lapin ou un chevreuil…
On ressent un certain lyrisme gothique dans tes compositions, comme il a pu se développer à la fin des années 80 et au début des années 90 avec des formations comme Sopor Aeternus, Ataraxia, Rosa Crux ou les plus obscurs Artwork et Renaissance Noire, eux-mêmes marqués par Dead Can Dance auquel le titre « Al Ahrmen Dian’ » semble faire référence (on pense à « Dreams made flesh » en particulier). Ce sont tes origines musicales ?
Bon choix, tu ne cites ici que des groupes que j’affectionne… Sopor pour sa capacité à se créer un univers complètement hors du temps et fantasmé, Ataraxia pour les quelques 20 années d’amitié qui nous lient Francesca (et donc le groupe) et moi, Rosa+Crux pour l’hermétisme et la rigueur dans l’esthétisme de leurs productions, Artwork pour le côté baroque de certains morceaux et le phrasé d’Oswald Henke… (me souviens d’un magnifique titre de ce groupe intitulé «Staub» dont les paroles en allemand étaient assez crues et d’un concert de ce groupe en Belgique, période 94/97…), Renaissance Noire qui promettait et avec qui j’étais en contact début 1990, puis Thierry a subitement disparu après leur concert de l’Arapaho en 95… Concernant Dead Can Dance, il est évident qu’avec l’utilisation du Yan’t'chin, il y a peut-être un peu de Dreams Made Flesh dans mon titre Al Ahrmen’ Dian Dö, mais sans volonté aucune de faire du DCD, juste parce que les sonorités de cet instrument évoquent immédiatement Lisa et Brendan. Mes origines musicales sont en partie là, oui, mais tout autant issues de groupes comme Kastriete Philosophen, Life Garden, Cocteau Twins, Ordo Equitum Solis, Orchis, Malicorne, Christian Wolz, Revolutionary Army of The Infant Jesus… pour m’arrêter là dans la liste non exhaustive de ce que j’apprécie.
Qu’envisages-tu suite à cet album ?
Soit partir vivre sur une île que j’aurai achetée avec les royalties touchées sur les ventes de cet album, soit essayer de rester en vie, ici, et faire ce que j’ai à faire du mieux qu’il me sera possible de le faire…
http://www.facebook.com/pages/OMNE-DATUM-OPTIMUM/131662940242355
http://www.myspace.com/omnedatumoptimum
http://www.reverbnation.com/omnedatumoptimum
http://my.zikinf.com/omnedatumoptimum
Lien de l'interview : http://www.obskuremag.net/articles/omne-datum-optimum/

J’entends souvent des gens dire qu’ils se sentent dépassés par la pauvreté et la violence de la vie moderne.
Nous vivons certainement une époque difficile et pleine de défis.
Mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas agir.
Nous le pouvons.
Voici trois suggestions pour vous aider à célébrer la paix durant cette saison des fêtes :
Premièrement, ne consommez pas.
Prenez l’argent que vous prévoyiez d’utiliser pour acquérir des choses dont vous n’avez pas besoin et donnez cet argent à une famille qui a besoin d’aide dans ces moments très difficiles.
Ou utilisez cet argent pour procurer de la nourriture végane et des couvertures sans laine à un site Occupy local.
Deuxièmement, si vous n’êtes pas végan, devenez-le et arrêtez de manger, porter ou consommer des produits d’origine animale.
Il n’y a aucune justification pour cela.
Et consacrez une partie de chaque jour à une éducation au véganisme créative et non-violente.
Vos possibilités d’éducation peuvent prendre de nombreuses formes différentes.
Troisièmement, adoptez un animal sans foyer.
Il y a tant d’individus qui ont besoin de vous.
Si vous n’avez pas la place ou les ressources pour un chien ou chat, adoptez un hamster, un lapin ou un poisson.
Il y a forcément un animal réfugié qui s’adaptera à votre mode de vie.
Et si vous en adoptez un (ou plus), vous n’aurez pas seulement sauvé la vie d’un autre, mais cela vous permettra aussi d’enrichir votre propre vie de façon incommensurable.
Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2011 Gary L. Francione
http://fr.abolitionistapproach.com/2011/12/20/celebrer-la-paix-durant-les-fetes/

Tiens, pourquoi je ne soutiens pas Sea Shepherd ?
Sea Shepherd possède une très bonne réputation chez les vegans et défenseurs des animaux : des navires qui combattent en mer les braconniers de dauphins, baleines et autres animaux marins en péril ainsi qu’une nourriture vegan pour l’équipage, de quoi créer une belle image de super héros dans la population.
« Fondée en 1977, Sea Shepherd Conservation Society (SSCS) est une organisation internationale à but non lucratif de conservation de la faune et de la flore marines.Notre mission est de mettre un terme à la destruction des écosystèmes marins et au massacre des espèces dans le but de conserver et de protéger la biodiversité des océans du monde entier.
Nous mettons en place des stratégies novatrices d’action directe pour enquêter, documenter et intervenir si nécessaire afin d’exposer et de combattre les activités illégales de haute mer.En sauvegardant la biodiversité, nous nous efforçons de préserver la survie de nos fragiles écosystèmes marins pour les futures générations. »
"(...) Vous ne pouvez pas comparer l'abattage des animaux dans un abattoir à celui d'une baleine.
Ce qu'on fait à ces baleines – ou dauphins, comme à Taiji – ne serait jamais toléré dans un abattoir.
Ces abattoirs seraient fermés.
Ca prend de 10 à 45 minutes pour tuer une baleine et elles meurent dans une horrible agonie.
Ce serait complètement intolérable et illégal dans n'importe quel abattoir du monde."
"(...) Et ce sont des espèces en danger et protégées - les cochons et les vaches pas.
Elles font partie d'un écosystème, au contraire des cochons et des vaches."
"(...) nous ne faisons pas la promotion du veganisme pour les droits des animaux mais pour des raisons de conservation environnementale"
Pourquoi est-ce qu’on sert des repas exclusivement vegan pour l’équipage à bord des navires de SS, équipage qui n’est d'ailleurs pas entièrement vegan comme on le pense, parfois même pas végétarien ? "La ‘Sea Shepherd Conservation Society’ est la seule association pour la préservation de la faune marine qui promeut l’absence totale, donc à 100%, de consommation de poissons et tous autres animaux marins.
Les espèces peuplant l’océan ont été sauvagement endommagées par l’exploitation commerciale, à un point tel que le commerce de la pêche est au bord de l’effondrement économique.
La vie dans les mers a diminué dramatiquement.
Il n’y a simplement plus assez de poissons pour continuer de nourrir une population humaine qui ne cesse de croître.
Si les gens veulent nous aider, c’est en participant à nos efforts en vue d’acquérir un bateau plus rapide pour nous permettre de pourchasser et anéantir la flotte baleinière japonaise."
"Si les gens veulent manger de la viande, soyez sur que c'est organique et que ça ne contribue pas à la destruction des océans car 40% des poissons attrapés dans l'océan sont destinés à l'élevage - les poulets des élevages industriels sont nourris avec des aliments à base de poisson."
"Laissez-moi être très clair : je pense que les campagnes ciblées sont problématiques et qu’elles risquent de perpétuer la confusion, y compris dans les circonstances les plus idéales.
Je pense que les défenseurs seraient bien avisés de se tenir à l’écart des campagnes ciblées.
Si néanmoins vous tenez absolument à vous lancer là-dedans, merci de minimiser au moins la confusion qui en résulte en vous assurant que le message « aucune exploitation » est explicite et clair comme le cristal.
Par exemple, si un cirque vient dans votre ville et que vous voulez protester contre un tel événement, assurez-vous au moins (en plus d’être pacifique et non-violent dans votre protestation) d’être explicite en incluant dans votre documentation et dans toutes vos discussions avec les gens que les cirques sont seulement représentatifs de l’exploitation animale en tant que phénomène global, et que nous devrions arrêter complètement de manger, de porter et d’utiliser les animaux.
Faites du cirque un « point de discussion », mais ne le dépeignez pas comme moralement différentiable des autres formes d’exploitation animale."


La Chine, (future) patrie des droits de l’homme, vient d’interdire les cirques ne respectant pas les droits des animaux, la recrudescence de maltraitance animalière ayant alarmé les autorités.
L’éthique animale est-elle le premier chemin vers une éthique humaine ? Ou bien plutôt l’inverse ? Et d’ailleurs jusqu’où respecter le droit des non-humains ?
Même si notre métaphysique a placé au cœur et au sommet de son système l’homme, il n’en demeure pas moins que chez Thomas d’Aquin, déjà, la cruauté envers les animaux est dénoncée pour mieux protéger les hommes de leur propre cruauté.
Au siècle des Lumières, Kant confirmera l’intuition première en formulant sa théorie des devoirs indirects :
« Les devoirs envers les choses inanimées sont également des devoirs indirects envers l’humanité. (…) Personne ne doit détruire les beautés de la nature, car ce qui n’est d’aucun usage à l’un peut encore être utile à l’autre ».
Il semblerait ainsi que, chez le père de l’impératif catégorique, la notion même de valeur de la nature soit inappropriée.
« Ce n’est pourtant pas à l’égard de la chose elle-même qu’il nous faut observer ce devoir, mais à l’égard de nos semblables. »
Dans son dernier ouvrage portant le nom de la plate-forme pétrolière offshore qui explosa dans le golfe du Mexique en 2010, provoquant la plus forte marée noire de l’histoire états-unienne (1), Stéphane Ferret rappelle ce moment indélicat de notre métaphysique occidentale, à savoir qu’elle ne concède pas une valeur en eux-mêmes aux êtres de nature mais seulement à celui qui a le pouvoir de les valoriser.
Pourtant, ils sont nombreux comme Victor Hugo à avoir ressenti cette faille éthique :
« Sans doute était-ce le premier devoir, écrit l’écrivain. Il fallait civiliser l’homme du côté de l’homme. La tâche est avancée déjà et fait des progrès chaque jour. Mais il faut aussi civiliser l’homme du côté de la nature. Là tout est à faire. »
Depuis, force est de constater que nous accusons un profond retard venu se matérialiser dans la crise écologique.
Si la crise écologique est donc métaphysique, c’est parce que « la sphère des existants dotés d’une capacité de valorisation ne correspond pas forcément à la sphère des existants susceptibles d’être valorisés ».
Stéphane Ferret poursuit en tentant de substituer à nos métaphysiques anthropocentriques (christianisme, cartésianisme, humanisme) des métaphysiques plus acentriques ou polycentriques (animisme, spinozisme, darwinisme), que certains pourraient nommer aujourd’hui plus écocentriques ou biocentriques.
Concernant l’éthique animale, le débat opposerait, quant à lui, les visions welfaristes (dite du bien-être) contre les visions abolitionnistes.
La première s’intéresse au sort des animaux exploités ; la seconde refuse simplement l’idée même d’une légitimité à exploiter l’animal.
Pour Tom Regan, célèbre abolitionniste, il convient, rappelle Stéphane Ferret, « d’arrêter l’utilisation des animaux dans le cadre d’expérimentations scientifiques, d’éradiquer l’élevage commercial, de prohiber la chasse et le piégeage ».
Il ne s’agit donc pas de réformer mais simplement d’éradiquer ces pratiques.
« Le mouvement des droits des animaux est un mouvement abolitionniste ; notre but n’est pas d’élargir les cages, mais de faire qu’elles soient vides. »
Gary L. Francione, militant de la cause, le résume d’un seul article :
« Tous les êtres sensibles, humains et non humains, ont un droit : le droit fondamental de ne pas être traités par d’autres comme leur propriété. »
Of Mice and Men… Le drame n’est pas près de s’arrêter.
(1) Deepwater Horizon, Le Seuil, 2011.

On espère que cet évènement sera l’occasion de faire connaître au plus grand nombre le véganisme éthique basé sur une approche abolitionniste.
Les conférences de Roger Yates, Vincent Guihan & Alix Charlebois ainsi que Valérie Giroux seront un très bon moyen de vous familiariser avec cette approche éthique et militante.
On peut aussi espérer que le mouvement animaliste français évolue enfin vers une promotion claire et sans compromis du véganisme.
MELANGES OFFERTS A BRONISLAW GEREMEK par ses collègues, admirateurs et amis de Pologne et de France
Coordonné par Jacques Cortès et Henryk W. Żaliński
Publication GERFLINT / Université Pédagogique de Cracovie
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SOMMAIRE
13 Présentation
Jacques Cortès, Henryk W. Żaliński, Małgorzata Pamuła
15 Préface
Un grand lutteur contre l’intolérance et le mal
Jacques Le Goff
· DEDICACES
21 Bronku, tego nie robi się przyjaciołom
Bronek ! Tu n’avais pas le droit de nous laisser tomber !
Adam Michnik
27 A Bronisław Geremek (1932-2008)
Edgar Morin
29 Témoignage
Michel Wieviorka
33 Une influence décisive
Jean Dufournet
· L’HOMME
37 Bronisław Geremek par lui-même
(à partir de ses entretiens avec Juan Carlos Vidal)
Jacques Cortès
53 Portrait du visionnaire en politique
Méryl Pinque
87 Modestie, générosité et distinction
Tomasz Orłowski
91 Zręczna głowa waliła w osłabiony mur
Ne jamais se résigner, refuser obstinément la réalité de l’obstacle, chercher ses points faibles
Marcin Kula
· L’EUROPEEN
101 Autour du testament européen de Bronisław Geremek
Jacques Demorgon
127 Faire l’Europe
Laurent Pochat
· L’HISTORIEN
145 Geremek et la France
Maurice Aymard
157 Bronisław Geremek, badacz upośledzonych grup społecznych
Geremek, l’historien des pauvres et des marginaux
Henryk Samsonowicz
Deux articles offerts au Médiéviste Geremek par deux collègues français
165 Figures de cartes et figures de style à la cour des Estes, à Ferrare au XVe siècle : les tarots de M. M. Boiardo
Jean Lacroix
179 L’espace dans le Conte du Graal
Jean Dufournet
· DEUX TEXTES DE GEREMEK
195 La douce France était le rêve de ma vie
Bronisław Geremek
Article de Geremek offert par Michel Wieviorka (dir.), in Peut-on encore chanter la douce France ? Etre français, hier, aujourd’hui, demain, Editions de l’Aube, 2007
203 Rapport sur l’œuvre d’Edgar Morin en vue de l’attribution du titre de Docteur Honoris Causa de l’Université Pédagogique de Cracovie
Bronisław Geremek
Texte publié par Akademia Pedagociczna Nadorowej W Krakowie, SENAT
Remerciements : Les photos inédites de Bronisław Geremek ont été offertes par Madame Béatrice Wieviorka.
ISSN : 1754 - 4387

Deux informations sont tombées sur mon bureau ces jours-ci.
La première, c’est ce que Peter Singer, le « père du mouvement des droits des animaux », a déclaré lors d’une interview :
PROFESSEUR PETER SINGER : Si nous sommes sur le point de consommer des produits d’origine animale, alors je pense que nous avons la lourde responsabilité de nous assurer que les animaux n’ont pas souffert.
Et cela implique au minimum d’aller sur les marchés locaux, ou à tout le moins d’acheter des produits écologiquement certifiés, eu égard au système actuel.
Ce sera définitivement mieux que de recourir à la production des fermes industrielles.
Il s’agit là de choix.
De toute façon, je ne pense pas que nous devrions consommer autant de viande et de produits animaux que nous le faisons.
Ainsi, en consommant de la viande et des produits animaux fabriqués localement, ou encore « écologiquement certifiés », nous nous déchargerions de la « lourde responsabilité… de nous assurer que les animaux n’ont pas souffert. »
C’est absurde.
La viande et les produits animaux, qu’ils soient écologiques ou fabriqués localement, proviennent d’animaux qui ont été torturés.
Le commentaire de Singer ne diffère en rien de celui-ci :
Si nous sommes sur le point de molester des enfants, alors je pense que nous avons la lourde responsabilité de nous assurer qu’ils n’ont pas souffert.
Et cela implique de leur donner un morceau de chocolat.
Et Singer d’ajouter que nous ne devrions pas consommer « autant de viande et de produits animaux que nous le faisons. »
Peter, la quantité de viande et de produits animaux que nous devrions consommer est de zéro.
Grâce soit rendue à Notre Père d’avoir une fois de plus renforcé l’idée que l’exploitation animale serait moralement acceptable.

La seconde, c’est que le Ministre des Sciences britannique, Lord Drayson, a noté qu’en dépit des actions directes de militants visant des vivisecteurs, le nombre d’expérimentations animales au Royaume-Uni a augmenté de 14% par rapport à l’année dernière, et qu’une étude
montre que seulement un tiers des adultes britanniques sont favorables à une interdiction de l’expérimentation animale, cependant que le nombre de gens qui l’acceptent désormais de manière inconditionnelle eu égard aux besoins de la recherche a augmenté de 28% depuis 1999.
Manifestement, l’approche actuelle ne fonctionne pas.
Au-delà de la question de la moralité de la violence, l’action directe militante ne fait rien d’autre qu’intensifier le préjugé selon lequel les droits des animaux ne sont qu’une question marginale promue par des fous qui ne devraient pas être pris au sérieux.
Mais cela ne doit pas nous surprendre.
Dans un monde où une majorité écrasante de gens pense qu’il est moralement acceptable d’infliger douleur, souffrance et mort à 56 milliards d’animaux par an sans d’autre raison que celle de leur bon goût, le public n’est pas prêt à considérer ceux qui embrassent la violence pour lutter contre l’exploitation d’animaux qui leur sont vendus comme nécessaires à leur santé comme autre chose que des fous.
Cet état de choses fait échouer toute discussion sérieuse à propos de la moralité de l’exploitation animale.
Il nous faut déplacer le paradigme du statut de propriété vers celui de personne morale.
Et la seule manière d’y parvenir passe par une éducation au véganisme créative et non-violente.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione