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Véganisme abolitionniste - Page 13

  • Une note sur la notion de "schizophrénie morale" (Francione)

    http://www.benjerry.fr/blog/wp-content/uploads//vache-chien.jpg

    Cher collègues,

    Dans mon livre Introduction aux Droits des Animaux : Votre Enfant ou le Chien ? publié par Temple University Press en 2000, j’introduisais la notion de "schizophrénie morale".

    J’ai reçu de nombreux commentaires par rapport à mon utilisation de ce terme, et ces commentaires se répartissent en deux groupes.

    Certaines personnes m’accusent de confondre la schizophrénie morale avec le dédoublement de personnalité.

    Lorsque je parle de schizophrénie morale, je cherche à décrire la manière délirante et confuse que nous avons de penser aux animaux d’un point de vue social / moral.

    Cette confusion peut, bien entendu, inclure des façons contradictoires ou incompatibles de percevoir les animaux (certains sont des membres de la famille, d’autres des repas) mais cela ne signifie pas que je décris un classique dédoublement de personnalité.

    Notre schizophrénie morale, qui implique que nous nous faisions des illusions à propos de la sensibilité des animaux et des similitudes entre les humains et les autres animaux, ainsi qu’une quantité énorme de confusions sur le statut moral des non-humains, est un phénomène qui est assez complexe et qui comporte de nombreux aspects différents.

    Certaines personnes pensent qu’en utilisant le terme, je stigmatise ceux qui souffrent de schizophrénie clinique car cela implique que ces personnes soient des personnes immorales.

    Je suis sincèrement désolé si quelqu’un a interprété le terme de cette manière, ce n’est certainement pas ce que je voulais dire.

    La schizophrénie est une maladie reconnue qui se caractérise pas des pensées confuses et délirantes.

    Dire que nous sommes délirants et confus lorsqu’il s’agit de questions morales ce n’est pas dire que ceux qui souffrent de schizophrénie clinique sont immoraux.

    Il s’agit seulement de dire que beaucoup d’entre nous réfléchissent aux questions morales importantes de manière complètement confuse, délirante et incohérente.

    Je ne dis certainement pas que ceux qui souffrent de schizophrénie clinique sont immoraux.

    Dire que la schizophrénie morale stigmatique les schizophrènes cliniques c’est comme dire que parler du fait que "les drogues se propagent comme un cancer" stigmatise les victimes de cancer.

    J’espère que cela clarifie ce que je veux dire lorsque je parle de notre schizophrénie morale quand il s’agit de l’éthique animale.

    J’espère également qu’il est clair que je n’utilise pas ce terme d’une manière qui fait ou est destinée à véhiculer l’idée que les schizophrènes cliniques sont immoraux.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/08/12/une-note-sur-la-schizophrenie-morale/

  • " 'Vérité, amour et liberté' " (Gary Francione)

    http://i219.photobucket.com/albums/cc157/shayn_edge/vegan.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Laissez-moi introduire les remarques suivantes en précisant que je ne doute aucunement de la sincérité des personnes impliquées dans l’évènement que je m’apprête à relater et à commenter.

    L’objectif de cet article est d’insister sur ce qui me semble être le message très confus et moralement problématique que véhicule un tel évènement.

    Mardi 21 juillet 2009, la Humane Society of the United States a tenu un évènement visant à encourager les grands chefs et les restaurants à appuyer le boycott de la HSUS à l’égard des fruits de mer canadiens, afin de presser le gouvernement canadien de cesser l’abattage commercial des phoques au Canada.

    Quelques détails :

    • L’évènement était tenu au (selon la HSUS) « nouveau, glamour et branché Policy ». Jetez un œil au menu de Policy. Y a-t-il même un seul produit animal qu’on n’y sert pas ? Ironiquement, le menu de Policy inclut des moules de l’Île-du-Prince-Édouard, qui, j’aurais cru, constituent des « fruits de mer canadiens ». Pourquoi est-ce que la HSUS ne pouvait pas tenir cet évènement dans un restaurant véganvéganisme éthique ? Voilà une opportunité manquée. Je dois noter que, selon la HSUS :

      Le thème de Policy, « Vérité, amour et liberté », est élégamment écrit sur ses murs et est parfaitement approprié pour la cause.

      Je me demande si les vaches, les veaux, les agneaux, les canards, les poulets, les poissons, etc. sont réconfortés de savoir que leurs cadavres sont servis dans un endroit où « Vérité, amour et liberté » est écrit sur le mur.

    • Il y a une certaine confusion quant au fait que de la nourriture était servie lors de l’évènement et que cette nourriture était végane. Selon la HSUS sur Twitter : « il n’y avait pas de nourriture et on pouvait entrer gratuitement ». Mais selon Pamela’s Punch:

      La nourriture était excellente et des bouchées étaient offertes telles que des tomates vertes frites accompagnées de salsa de maïs et de crème fraiche au romarin avec du tapioca.

      J’ai appelé la HSUS et j’ai pu parler avec la personne dont le nom était indiqué comme contact-médias pour l’évènement et lui ai demandé si de la nourriture était servie et si celle-ci était végane. On m’a affirmé que de la nourriture était servie, mais cette personne ne pouvait me dire si elle était végane. On m’a aussi dit que le choix des mets offerts était fait par les chefs qui participaient, et non pas par la HSUS.

    • L’évènement était coparrainé par plusieurs chefs qui, bien qu’ils servent de la viande, du poisson et à peu près tous les autres produits animaux, comptent :

      parmi les plus fervents promoteurs des fermes locales, des animaux élevés de manière humanitaire et de la communauté.

      En fait, un des coparrains a publié sur son menu :

      Les mets marqués d’un astérisque contiennent des produits d’animaux certifiés humanitaires. Ils rencontrent les standards du programme Humane Farm Animal Care, qui inclut une diète nutritive sans antibiotiques ou hormones; des animaux élevés dans un endroit où ils ont accès à un abri, à des zones de repos, à suffisamment d’espace et où ils peuvent s’adonner à leurs comportements naturels.

    • Pour en savoir plus sur les sceaux d’approbation du programme de la Humane Farm Animal Care, qui est coparrainé par la HSUS et d’autres groupes, voyez mon article sur les étiquettes de certification « humanitaire ».

    • Lors de l’évènement, des mannequins tout en jambe accueillaient les invités sous un soleil éclatant.
    • Mais l’aspect le plus troublant de cet évènement touche le concept de boycott lui-même, lorsqu’un nonhumain sensible est utilisé de manière instrumentale comme monnaie d’échange pour en sauver un autre.

      Il doit être remarqué que le boycott de la HSUS n’est pas une chose simple :

      Note : L’interdiction contient une exemption pour les produits issus de la chasse traditionnelle par les Inuits et les membres d’autres peuples indigènes.

      Il y a trois niveaux distincts à ce boycott.

      Les restaurants ont fait des promesses à différents niveaux : tous les fruits de mer canadiens ; les fruits de mer des provinces maritimes (Terre-Neuve, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Québec) ; ou le crabe des neiges du Canada.

      Puisque la campagne de boycott ProtectSeals contre les fruits de mer a été lancée, plus de 600,000 individus et plus de 5,000 épiceries et restaurants ont promis d’éviter certains ou même tous les fruits de mer canadiens jusqu’à ce que la chasse aux phoques soit abandonnée pour de bon.

      (Puisque les moules servies chez Policy, où l’évènement était tenu, provenaient de l’Île-du-Prince-Édouard, je suppose que, l’exception concernant les Inuits ne s’appliquant pas, le restaurant s’était engagé à respecter le troisième boycott, soit celui qui porte sur le crabe des neiges.)

      Sans considérer les nombreux niveaux de boycott, les exemptions, etc., je suis très déçu que des défenseurs des animaux considèrent comme légitime d’utiliser un animal comme monnaie d’échange politique pour en sauver un autre.

      Le boycotte de la HSUS implique que :

      (1) les poissons et les autres nonhumains aquatiques n’ont pas de valeur inhérente et ne sont que des choses que nous pouvons utiliser, de manière instrumentale, pour sauver des animaux auxquels nous accordons de la valeur ;

      (2) il est permis de continuer à manger des animaux de la mer qui ne proviennent pas du Canada; 

      (3) il serait permis de manger des animaux de mer canadiens si ce n’était de la chasse aux phoques ;

      et (4) lorsque la chasse aux phoques (autre que celle perpétrée par les Inuits) sera abolie (ou règlementée afin que les défenseurs des animaux puissent déclarer victoire), le boycott sera abandonné et il sera de nouveau moralement permis de manger des animaux de mer canadiens.

      Les poissons ne sont peut-être pas aussi « charmants » que les phoques, mais ils accordent de la valeur à leur propre vie tout autant que les phoques en accordent à la leur.

      De plus, les chefs qui ont co-organisé cet évènement avec la HSUS servent de la viande et d’autre produits animaux dans leurs restaurants.

      Quelle est la différence entre les vaches ou les agneaux ou les poulets servis dans leurs restaurants et les phoques dont l’abattage leur semble inacceptable ?

      Il n’y a, bien entendu, aucune différence.

      Absolument aucune.

      La HSUS a rendu disponible un vidéo de l’évènement; un véritable chef-d’œuvre de confusion morale.

      Plusieurs chefs y sont interviewés et condamnent « l’abattage barbare d’animaux sans défense » et la « mise à mort inhumaine de tout animal ».

      Ces paroles, bien sûr, s’appliquent aux phoques, pas aux animaux qu’ils aprêtent et servent dans leurs restaurants.

      Si ce n’était pas aussi tragique, ce degré de déconnexion morale serait amusant.

      Je souhaite sincèrement que ces chefs, qui sont si préoccupés par les phoques du Canada, en viennent à percevoir l’égale importance morale des animaux dont le corps et les produits sont servis dans leurs restaurants de D.C..

      Je trouve que cette manière d’approcher l’éthique animale est des plus troublantes.

      En plus de créer un problème moral évident, je pense que le message qui est envoyé est, au plan purement pratique, très confus et confondant.

      Nous devrions boycotter la consommation de certains poissons afin de mettre un terme à la chasse « non inuite » des phoques alors que, au même moment, nous continuons tous à encourager l’abattage d’autres animaux, qui ne sont aucunement différents des phoques que nous voulons sauver - mis à part le fait que l’exploitation des premiers est économiquement intéressante alors que l’abattage des phoques n’est profitable qu’à des gens qui ne sont pas impliqués dans les organisations américaines de défense du bien-être animal.

      Gary L. Francione

      http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/07/23/verite-amour-et-liberte/

  • Une révolution du coeur (Francione)

    http://3.bp.blogspot.com/_nGtw0-cHs0k/SjvrqBXhXYI/AAAAAAAABYg/7C4thfV--aA/s400/StopViolence.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Plusieurs défenseurs des animaux supposent que nous avons besoin d’une organisation - quelque organisation que ce soit - afin de défendre les animaux nonhumains ; que nous avons besoin d’un dirigeant - quelque dirigeant que ce soit - pour nous indiquer la voie à suivre.

    À mon avis, c’est une mauvaise manière d’envisager les choses.

    Malheureusement, dans un monde où tout est traité comme une marchandise, la justice sociale, c’est un peu surprenant, est elle-même devenue une commodité et elle est vendue, en plusieurs saveurs, par des corporations qui se partagent le marché de la compassion.

    Ces compagnies ont fait un formidable travail pour nous convaincre que la participation à toutes les luttes morales, incluant particulièrement la lutte pour les animaux, signifie leur faire parvenir un chèque.

    Dans un monde où nous acceptons des milliers de hiérarchies sans même le remarquer et sans même remettre en question le concept même de hiérarchie, nous présupposons que nous avons besoin de dirigeants pour nous montrer la voie.

    Ces dirigeants sont généralement les cadres des compagnies de la compassion.

    Et être simplement en désaccord avec leurs déclarations vaut d’être étiqueté de « puriste », d’« élitiste », de « réfractaire » de « condescendant » ou encore d’être considéré comme « une personne qui ne se soucie pas de la souffrance animale », etc., etc., etc..

    Je crois que cette manière de penser fait obstacle à notre cheminement vers l’objectif qui nous anime.

    Nous n’arriverons nulle part en bricolant une prétendue solution à la surface du problème.

    Nous n’arriverons nulle part en faisant la promotion des œufs de poules élevées hors cage, de la « viande heureuse » ou du lait biologique.

    Nous n’arriverons nulle part en nous assoyant nus dans des cages en prétendant que nous cédons au sexisme qui corrode insidieusement notre culture « pour la cause animale ».

    Cette approche entière ne fait que renforcer l’idée que nous pouvons nous débarrasser des injustices en consommant ; que nous pouvons échanger un type d’exploitation pour un autre; que nous pouvons acheter la compassion.

    Nous ne le pouvons pas.

    Dans un monde où les femmes, les personnes de couleur, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées mentalement, les pauvres et d’autres êtres humains sont traités comme des citoyens de deuxième classe (au mieux) par le patriarcat privilégié qui dirige tout, les animaux nonhumains sont, de plusieurs façons, les plus vulnérables d’entre tous.

    Nous pouvons non seulement les torturer et les tuer en toute impunité, mais on s’attend à ce que nous le fassions.

    Bien que la violence contre un autre humain puisse entrainer une sorte de critique sociale ou même une sanction criminelle, la violence à l’encontre des nonhumains est généralement considérée comme une vertu, particulièrement lorsqu’elle est dite « humaine ».

    Ceux qui refusent de participer au carnage sont perçus comme des anormaux, presque antisociaux par, et surtout par, les grandes organisations qui déclarent qu’éviter tous les produits animaux et promouvoir le véganisme comme principe moral de base est « extrême ».

    Il est mal de traiter les fermiers, les chercheurs qui pratiquent la vivisection ou les producteurs de fourrure d’« ennemis ».

    Ils ne font que répondre à la demande - la nôtre.

    Ils ne font que ce que nous leur demandons de faire.

    Ils ne sont pas le problème - nous le sommes.

    L’abolition de l’exploitation animale exige un changement de paradigme.

    Elle exige que nous rejetions la violence à sont niveau le plus fondamental.

    Elle exige que nous reconnaissions que la violence est mauvaise, de manière inhérente.

    L’abolition de l’exploitation animale exige une révolution non violente - une révolution du cœur.

    Cette révolution ne sera pas le résultat du travail d’un dirigeant.

    Elle ne peut qu’arriver en chacun de nous, autant que nous sommes.

    Et elle le peut, si nous le voulons bien.

    Nous n’avons pas besoin de dirigeants.

    Nous devons admettre que chacun de nous peut - et doit - devenir le dirigeant si nous voulons avoir quelque espoir de nous sortir de cette catastrophe que nous appelons le monde.

    Et cela commence par notre propre véganisme - pas à titre de « mode de vie flexible » - mais comme un engagement basique, fondamental et non négociable à la non violence.

    Le véganisme éthique représente notre engagement envers l’idée que nous n’avons aucune justification morale d’utiliser des animaux - peu importe que ce soit de manière « humaine » ou non - pour nos propres fins.

    Cela fait suite à nos efforts quotidiens pour éduquer les autres, de manière créative, positive et non violente à propos du véganisme - quelque chose que chacun de nous peut faire s’il le veut.

    Chaque jour, nous avons l’opportunité d’éduquer notre famille, nos amis, nos collègues de travail et les gens que nous rencontrons dans les magasins ou les autobus.

    Est-il plus facile de remettre un chèque à quelqu’un d’autre que de faire le travail soi-même ?

    Bien sûr que ce l’est.

    Mais ça ne fonctionnera pas.

    Pour arriver à la justice, nous n’avons pas besoin de corporation.

    En fait, plus nous nous appuyons sur elles, plus loin nous resterons de notre objectif.

    Nous avons besoin d’un mouvement sur le terrain qui exige la paix, de manière pacifique.

    Malheureusement, les organisations de défense des animaux sont devenues des vendeurs modernes d’indulgences, semblables à l’Église catholique médiévale.

    Plusieurs personnes - peut-être la plupart - se préoccupent de la question de l’exploitation animale.

    Plusieurs ressentent une culpabilité tenace à l’égard de la consommation de produits d’origine animale.

    Plusieurs aiment leurs animaux de compagnie et les traitent comme des membres de la famille, mais ils plantent leur fourchette dans le corps d’autres animaux et, à un niveau ou un autre, perçoivent le paradoxe moral.

    Mais il n’y a pas de souci à se faire.

    Faites un don et ces groupes s’occuperont d’améliorer les choses.

    Ils « minimiseront » la souffrance animale; ils « aboliront » les pires abus.

    Je soutiens que, tout comme acheter une indulgence de l’Église ne nous garde pas loin de l’enfer (si l’enfer existe), acheter quelques parts de la compassion à l’origine des « œufs de poules élevées sans cage » que vendent certains organismes ne gardera pas les animaux à l’extérieur de l’enfer qui existe très certainement pour eux et dans lequel ils souffrent et meurent chaque jour.

    Nous devons changer la manière dont les humains envisagent les nonhumains ; nous devons changer la manière dont les humains envisagent la violence.

    Que ce soit la guerre pour atteindre la paix, ou le sexisme pour obtenir l’égalité des genres ou la torture plus « humaine » pour sensibiliser à propos des animaux, nous devons nous débarrasser de l’idée que la violence peut être utilisée comme un moyen d’atteindre de nobles fins.

    S’il vous plait, notez que je ne suis pas en train de dire que ceux qui sont impliqués dans les groupes welfaristes et néo-welfaristes ne sont pas sincères.

    Pendant si longtemps, on nous a dit que c’était la seule voie, que c’était les réformes welfaristes ou rien.

    Je ne porte aucun jugement moral sur eux en tant qu’individus et j’espère qu’ils ne portent aucune jugement sur moi, même s’ils rejettent l’approche abolitionniste des droits des animaux que j’ai développée et défendue.

    Je suis simplement en désaccord avec eux et je soutiens que l’état actuel des choses est une preuve accablante que leur interprétation du problème ne fonctionne tout simplement pas.

    Si qui que ce soit considèrent ces remarques comme de la « diffamation » ou de la « diabolisation », sachez, je vous pris, que ce n’est pas mon intention.

    Gary L. Francione

    P.-S. : ceci est paru dans le Huffington Post aujourd’hui : « Quiconque pense aider les animaux est, je le soumets humblement, dans l’illusion. Nous n’arrêterons pas l’exploitation animale en faisant la promotion de l’exploitation des femmes. »

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    Article pertinent :

    1. Une autre « révolution » welfariste qui n’en était pas une

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/07/14/une-revolution-du-coeur/

  • La religion de la non-violence (Francione)

    http://pagesperso-orange.fr/monique.vincent/radjasthan_temple_jain.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    La fin de semaine dernière, JAINA, la Fédération des associations jaïnes de l’Amérique du Nord, a tenu sa 15e convention biennale. La Convention a eu lieu à Los Angeles, au Centre jaïn du sud de la Californie, qui est une des plus belles bâtisses que j’ai vues partout en Amérique.

    Le thème de la Convention était « Écologie : à la manière jaïne ».

    Le choix de ce thème reflète un des points centraux de la tradition jaïne : que toutes les formes de vie sont liées par la coopération et l’interdépendance.

    Le Jaïnisme est une tradition spirituelle peu connue par la plupart des Nord-américains et elle est très mal comprise en général.

    Essayer de présenter le Jaïnisme dans un blog aura nécessairement pour conséquence d’en donner une description naïve qui ne rendra guère justice à cette incroyablement riche tradition spirituelle qui a précédé le bouddhisme et l’hindouisme, et qui compte certainement parmi les plus vieilles traditions spirituelles.

    Je vais tout de même reproduire le texte d’une déclaration préparée et distribuée par le Jaïn Yogendra qui, en plus d’être le vice-président de JAINA, est responsable du site appelé JainLink :

    Le jaïnisme est une religion et un mode de vie.

    Depuis plusieurs milliers d’années, les Jaïns ont pratiqué le végétarisme, le yoga, la méditation et l’environnementalisme.

    Les Jaïns respectent trois grands principes :

    La non-violence, qui est la compassion et le pardon en pensés, en mots et en actions envers tous les êtres vivants. Pour cette raison, les Jaïns sont végétariens.

    Le non-absolutisme, qui consiste à respecter les vus d’autrui. Les Jaïns encouragent le dialogue et l’harmonie avec les autres types de foi.

    Le détachement, qui est l’équilibre des besoins et des désirs, détachés de nos possessions.

    Les Jaïns croient en l’existence d’une Âme - en chaque être vivant - qui est éternelle et divine.

    LE MODE DE VIE JAÏN (JWOL, pour « jain way of life ») respecte et honore tous les êtres vivants à travers la mise en application des principes de non-violence, non-absolutisme et de détachement.

    Nous sommes tous interdépendants et, en respectant un MODE DE VIE JAÏN (JWOL), nous pouvons amener de la paix et de la spiritualité dans notre propre vie et dans celles qui nous entourent.

    Cette déclaration, que Yogendra distribue sur des cartes de la taille des cartes d’affaires, ne se veut certainement pas complète ou exhaustive, mais simplement une brève description des trois principes centraux qui caractérisent le jaïnisme.

    Les Jaïns sont non absolutistes, mais ils ne sont pas relativistes ; c’est-à-dire qu’ils reconnaissent qu’il y a une vérité, mais que la vérité est souvent complexe.

    Une chose que les Jaïns considèrent comme évidente et comme une vérité absolue est le principe d’Ahimsa, ou de non-violence, qui est véritablement la plus importante des idées du jaïnisme.

    Plusieurs Jaïns réfèrent à leur religion comme à la « religion de la non-violence ».

    En raison de leur adhésion au principe d’Ahimsa, les Jaïns ne mangent pas de viande, de poisson, d’oeufs ou de miel.

    Il y a un mouvement incroyablement fort au sein du jaïnisme vers un végétarisme strict et vers le rejet de l’utilisation de tous les produits animaux pour l’habillement ou pour d’autres fins.

    Un des dirigeants les plus influents du jaïnisme est Gurudev Chitrabhanu, qui est un végan très strict.

    Il n’y a pas de tradition spirituelle qui focalise sur les animaux nonhumains autant que le fait le jaïnisme.

    Non seulement les Jaïns sont-ils des défenseurs du végétarisme (et, de plus en plus, du véganisme), mais ils constituent la force derrière l’activisme en faveur de la protection des animaux en Inde.

    J’ai eu l’immense honneur de donner le discours d’ouverture de la Convention cette année.

    Comme vous pouvez vous y attendre, j’ai parlé du véganisme et de la nécessité de reconnaître que le principe d’Ahimsa exige que nous évitions l’utilisation de tout produit d’origine animale.

    Il y avait plus de 2000 participants à la Convention et ils ont tous accueilli ma présentation et mes opinions à propos du véganisme avec un enthousiasme considérable.

    Au courant des quatre jours pendant lesquels j’étais là, j’ai parlé avec des centaines de personnes qui m’ont confié penser que le véganisme représentait la bonne façon d’interpréter le principe d’Ahimsa.

    Au moins une douzaine de gens m’ont dit qu’ils adhéraient au véganisme dès maintenant !

    Bien que la nourriture servie lors de l’évènement n’était pas complètement végane, elle était principalement végane et tous les végans étaient complètement et respectueusement accommodés.

    J’ai beaucoup aimé participer à cette Convention et j’accepte la version végane du mode de vie jaïn, bien sûr !

    Je vous encourage tous à explorer cette tradition spirituelle.

    Il existe un formidable site qui offre (gratuitement) les textes complets de plusieurs livres en anglais (et en d’autres langues).

    Pour ceux dont les vues à propos des droits des animaux et de l’abolition sont, comme moi, fondées sur la non-violence, vous êtes probablement déjà des Jaïns sans l’avoir encore réalisé.

    Gary L. Francione

    P.S. : Je continue à recevoir des courriels de la part de personnes qui ont assisté à la conférence et qui deviennent véganes.

    Un commentaire :

    "J’étais sceptique lorsque vous avez dit que le chaï peut être aussi bon avec du lait de soya qu’avec du lait de vache.

    J’ai 63 ans et je n’ai jamais bu de thé sans lait.

    J’ai essayé les produits que vous avez recommandé (le lait de soya Silk, dans la boîte rouge).

    C’était délicieux.

    Je peux maintenant être végan sans aucunement en souffrir (bien que je l’aurais fait de toute manière après vous avoir entendu)."

    P.P.S. : Des réactions positives des participants à la Convention continuent d’affluer.

    Les gens étaient manifestement ouverts au message végan.

    Si vous voulez voir une vidéo de la présentation, il y en a une qui vient d’être ajoutée et que vous pouvez visionner en cliquant « talk » dans le texte.

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    Articles portant sur des sujets connexes :

    1. On Vivisection and Violence
    2. Quelques commentaires à propos de l’éditorial de Kristof portant sur la « viande heureuse »
    3. Un commentaire à propos de la violence
    4. Plus sur la violence et les droits des animaux

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/07/07/la-religion-de-la-non-violence/

  • Une autre "révolution" welfariste qui n’en était pas une (Francione)

    go vegan.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Tel que vous le savez, je ne crois pas que les réformes welfaristes procurent des bénéfices significatifs aux animaux nonhumains même lorsque ces réformes sont appliquées.

    Mais il arrive souvent qu’elles ne soient pas appliquées.

    En effet, il y a des campagnes, des collectes de fonds et des déclarations de « victoire » (suivies de fêtes où des célébrités sont présentes), mais ces prétendues réformes n’aboutissent souvent à rien du tout.

    Un bon exemple de ce phénomène peut être trouvé dans une annonce du 24 juin 2009 voulant que Smithfield Foods, pour des raisons financières, se dit forcé de reporter son plan en dix ans visant à se débarrasser des enclos de gestation pour les truies.

    Bien qu’il ait été démontré par des économistes agricoles que les alternatives aux enclos de gestation augmentent la productivité à long terme, les couts en capital à court terme associés à la conversion du système des enclos semblent inciter Smithfield à renoncer à son plan en dix ans.

    En 2007, lorsque Smithfield a annoncé son plan en dix ans, j’ai écrit un article dans lequel j’écrivais ce qui suit :

    Le 25 janvier, Smithfield Foods, un gros producteur de chair nonhumaine, annonçait que, au cours des 10 prochaines années, il ferait disparaitre les cageots de gestation destinés aux truies enceintes pour les remplacer par des formes d’hébergement en groupe qui leur offriront plus d’espace.

    Cette annonce suivait la campagne menée par la HSUS, par le HSUS, Farm Sanctuary et par d’autres groupes wefaristes contre les cageots de gestation.

    Cette campagne a coûté plus de $1.6 million.

    Comme j’en parlais dans mon essai, Un « triomphe » du mouvement pour le bien-être animal ?, les défenseurs des animaux soutiennent que les études démontrent que les producteurs de porcs obtiendront des profits plus élevés en adoptant la méthode alternative du système d’hébergement.

    En réponse à l’annonce de Smithfield, le président de la HSUS et son directeur général Wayne Pacelle proclamaient qu’« une révolution est en voie de se réaliser dans l’industrie porcine ».

    Pacelle affirmait :

    « Je ne peux retracer quoique ce soit de plus important en terme de traitement humain des animaux qui soit arrivé dans le secteur de l’agriculture. Par exemple, Eric Marcus a remarquablement qualifié la décision de Smithfield de « spectaculaire ».

    Et maintenant, quelle est la réponse de ces défenseurs du bien-être à l’annonce de Smithfield ?

    Bruce Friedrich de PETA, qui avait qualifié la décision de Smithfield de « pas fantastique pour le bien-être des animaux de ferme », a dit que :

    « Il n’est pas surprenant, lorsque les temps sont durs, qu’ils abandonnent un plan qui n’était qu’un plan au départ ».

    Friedrich a remarqué que PETA, à l’époque, avait demandé à Smithfield d’étendre son abandon des enclos de gestation à ses fournisseurs et de fournir plus de détails à propos de la transition.

    La compagnie, a-t-il dit, n’a répondu à aucune de ses demandes.

    Alors, le prétendu « pas fantastique » n’était pas un « pas fantastique » du tout ; Smithfield n’a pas même fourni les détails de son plan.

    Et une fois incités à passer à l’action et une fois que des considérations économiques à court terme entrent en jeu, le projet d’abandon est abandonné.

    Et voilà une autre « victoire » welfariste.

    Je réitère : je suis certain que mes amis de la HSUS, de PETA, etc. pensent qu’il font la bonne chose en menant ces campagnes welfaristes.

    La question que je leur pose est de quelle preuve empirique auront-ils besoin pour réaliser qu’il s’agit d’une erreur ?

    Même si l’on met de côté les principes moraux, il reste que la stratégie welfariste ne fonctionne tout simplement pas.

    Les animaux sont notre bétail, notre propriété.

    Ils n’ont pas de valeur inhérente.

    Avant que quoi que ce soit ne change, le paradigme doit être remplacé.

    Et cela ne se fera pas, tant et aussi longtemps que les défenseurs des animaux croient que la manière de faire progresser les choses vient d’une association troublante entre les défenseurs des animaux et les membres de l’industrie.

    Les premiers peuvent déclarer des « victoires » qui n’arrivent pas (et ne peuvent pas arriver) ; les derniers peuvent prétendre se situer du côté des animaux.

    Mais les animaux sont perdants.

    Les ressources de ceux qui veulent vraiment voir l’abolition de l’exploitation animale sont mieux investies dans une éducation claire, non équivoque, créative et non violente au véganisme.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/26/une-autre-revolution-welfariste-qui-nen-etait-pas-une/

  • Une association troublante

    http://4.bp.blogspot.com/_GU2rm6ZWEiM/SCh7O-ouMpI/AAAAAAAABck/FZ7R18r1eNo/s400/art_car_vegan_closeup.JPG

    Chères collègues et chers collègues,

    Dans plusieurs de mes écrits, j’ai soutenu que la promotion de l’approche de la « viande heureuse » a non seulement rendu le public plus à l’aise de consommer des produits animaux, mais a entrainé la création d’une association troublante entre les défenseurs des animaux et les exploiteurs institutionnalisés.

    Ce sujet compte parmi les nombreuses questions à propos desquelles le professeur Robert Garner - qui défend le néo-welfariste ou la position « protectionniste » (comme il préfère la nommer) - et moi-même débattons dans notre livre The Animal Rights Debate: Abolition or Regulation ?, à paraitre chez Columbia University Press cet automne.

    De toute façon, le professeur Roger Yates a dirigé mon attention vers un communiqué de presse de la HSUS concernant l’engagement de Red Robin Gourmet Burgers à utiliser des œufs provenant de poules « élevées en liberté » dans ses magasins des É.U. d’ici 2010.

    Voici un extrait du communiqué de presse :

    « La Humane Society des États-Unis a félicité Red Robin pour avoir joint le mouvement national consistant à renoncer aux cruelles cages en batterie », annonce Paul Shapiro, directeur principal de la campagne contre l’élevage industriel de la HSUS.

    « Nous avons hâte de travailler avec cette compagnie pour hausser la barre en matière de bien-être animal. »

    Susan Lintonsmith, vice-présidente principale et chef du markéting de Red Robin, a déclaré :

    « Les hauts standards de qualité de Red Robin et son service inégalé reste notre principale priorité.

    Nous reconnaissons que l’élimination des cages en batterie dans la production d’œufs est devenue une question d’une importance grandissante dans les communautés que nous déservons, nous sommes donc excités à l’idée de progresser vers une chaine de production n’incluant que des œufs provenant de poules élevées en liberté. »

    « Nous apprécions sincèrement les conseils et les idées que la Humane Society of the United States a partagé avec Red Robin », affirme Lintonsmith.

    « Nous sommes heureux qu’ils appuient nos engagements et nous avons hâte de poursuivre notre dialogue avec la Humane Society à propos des questions de bien-être. »

    Voilà un parfait exemple du problème qui me préoccupe.

    Premièrement, il est ici sous-entendu que les œufs de poules « élevées en liberté » représentent une augmentation significative du bien-être des oiseaux.

    Jetez un œil à ce qui est offert sur le site du Peaceful Prairie Sanctuary et demandez-vous si cela est vrai.

    Deuxièmement, il est impossible que cette « entente » entre la HSUS et Red Robin ne puisse aider à envoyer un message clair au public : la HSUS approuve le fait de manger chez Red Robin.

    Essentiellement, la HSUS dit au public :

    Manger les vaches mortes et les autres produits d’origine animale offerts chez Red Robin.

    Red Robin se soucie du traitement « humanitaire » puisqu’il s’apprête à se convertir aux œufs de « poules en liberté » dans les deux prochaines années, afin que vous soyez à l’aise de consommer ses produits.

    Je soutiens qu’il n’y a, en pratique, aucune autre façon d’interpréter ce type d’entente.

    Je suis certain que mes amis à la HSUS croient sincèrement qu’il s’agit d’une bonne chose;  je suis sincèrement en désaccord.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/25/une-association-troublante/

  • "Viande heureuse" : rendre les humains plus à l’aise de manger les animaux (Francione)

    http://static-resources.goodguide.com/images/entities/all/255474.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Deux articles récents du Gourmet Magazine nous montrent la direction claire dans laquelle nous mène le mouvement pour la « viande heureuse » (voyez, p. ex., 1; 2; 3; 4; 5; 6; 7; 8) dont à peu près toutes les grandes organisations de défense du bien-être animal font la promotion.

    Dans le premier article, Politics of the Plate: Humane Beings (18 mai 2009), on nous dit :

    Local, saisonnier, élevé humainement.

    C’est peut-être difficile à prononcer, mais cela pourrait bien être le nouveau mantra des mangeurs consciencieux.

    L’élevage humain d’animaux, qui n’est aujourd’hui pratiqué que par un petit nombre de producteurs, est appelé à exploser dans les prochaines années, devenant une tendance à la mode (et bienvenue), selon les panellistes s’étant adressés au Monterey Bay Aquarium’s Cooking pour la conférence Solutions, tenue la semaine dernière.

    « Je travaille sur de gros projets auxquels je n’avais même jamais rêvé », affirme Tim Amlaw, directeur du programme des animaux de ferme de la American Humane, située à Englewood, CO.

    « Nous allons faire la transition ».

    Amlaw a estimé à environ 3 pour cent des fermes pratiquant l’élevage « des principales espèces d’animaux-protéines » aux États-Unis, celles qui se qualifieraient aujourd’hui pour la certification « humanitaire » offerte par son groupe.

    Il s’attend à ce que ce pourcentage augmente à 35% dans les prochains cinq ans.

    Une des raisons pour lesquelles le moment viendra est l’ensemble des nouvelles lois et des nouveaux règlements.

    En novembre dernier, les Californiens ont adopté la Proposition 2, qui interdit aux fermiers de confiner leurs veaux, leurs truies enceintes et les poules pondeuses dans des enclos ou des cages trop petites pour permettre leurs mouvements normaux.

    « Prop. 2 n’est que la pointe de l’iceberg », dit Marcus Benedetti, président de Clover Stornetta Farms, une ferme laitière certifiée humanitaire.

    « Si les électeurs de cet État savaient ce qui se passait dans le reste du monde de l’élevage, il y aurait référendum après référendum ».

    En plus des projets de règlementation, la tendance vers de meilleures conditions d’élevage est motivée par la demande des consommateurs.

    « Notre organisation a 131 ans », nous apprend Amlaw.

    « Aujourd’hui, pour la première fois, nous passons d’un modèle où le gouvernement pousse les fermiers vers de meilleures pratiques à un modèle où la demande des consommateurs les tire dans la bonne direction.

    La meilleure façon d’amener les corporations à faire des changements est de leur montrer qu’il y a de l’argent à faire.

    Les consommateurs nous disent maintenant :

    « Nous voulons des aliments provenant de source meilleure ». »

    Temple Grandin, auteure et professeure associée en sciences animales à la Colorado State University, se spécialise dans le développement de techniques d’élevage et d’abattage plus humaines.

    Elle a souligné qu’il y avait des avantages financiers aux bonnes pratiques.

    « Et ceux-ci sont liés à la productivité », dit-elle.

    « Les vaches bien traitées donnent plus de lait ; les truies plus de porcelets ».

    Elle ajoute que les porcs et les vaches tués humainement produisent de la viande de meilleure qualité que ceux qui ont souffert d’un stress indu.

    Grandin, qui a mis sur pied un ensemble de règles claires, objectives et numériques pour les procédures d’abattage, travaille actuellement sur son propre programme de certification humanitaire pour les producteurs.

    « Je ne veux pas que ce soit une affaire de marketing », dit-elle.

    « Je vais m’assurer qu’ils font bien ce qu’ils disent faire. »

    Les lois incitatives financièrement et qui resserrent la surveillance sont toutes bonnes, mais Grandin a rappelé aux participants le plus important argument au soutien de l’élevage humanitaire.

    « C’est la bonne chose à faire », dit-elle.

    « Les animaux ressentent la douleur. »

    Remarquez que Grandin confirme que les réformes welfaristes se traduisent par des bénéfices financiers pour les producteurs :

    « C’est une question d’inventaire », dit-elle.

    « Les vaches bien traitées donnent plus de lait; les truies plus de porcelets. »

    Elle ajoute que les porcs et les vaches tués humainement produisent de la viande de meilleure qualité que ceux qui souffrent un stress indu.

    Notez que l’article réfère également aux certifications « humanitaires » dont les grandes organisations welfaristes font la promotion.

    Selon le second article, Humane Slaughterhouses (9 juin 2009) :

    « À mes tous débuts, le traitement des animaux était atroce.

    On donnait continuellement des chocs électriques », dit Temple Grandin, en songeant aux quatre décennies pendant lesquelles elle a conçu des abattoirs humanitaires pour l’industrie de la viande.

    Lorsque Grandin a commencé son travail au début des années ‘70, elle le faisait en adoptant la perspective de la vache, grimpant dans les chutes de transformation pour repérer les ombres, les réflexions, les lumières aveuglantes qui blessaient les animaux et les rendaient inconfortables.

    Grandin, qui a récemment publié son sixième livre, Animals Make Us Human, a travaillé dans la transformation des petites et des grosses usines et a été témoin de conditions cauchemardesques.

    Aujourd’hui, ce dont elle est la plus fière et le système d’audition vidéo qu’elle a créé et qui permet à des tierces parties indépendantes de surveiller les abattoirs en tout temps sur l’internet : Cargill a récemment annoncé qu’il installera le système dans toutes ses usines.

    « J’ai travaillé là-dessus pendant une année entière », admet Grandin.

    « Il devrait être en fonction dans sept ou huit usines de bœuf d’ici la fin de l’année. »

    Alors que plusieurs personnes portent attention à la question de ce qu’implique l’élevage humanitaire d’un animal, bien moins nombreuses sont celles qui questionnent l’idée - et l’évident paradoxe - de l’abattage humanitaire.

    Des mots tels que « ayant pâturé », « nourris de gazon » et « élevés en liberté » sont maintenant synonymes de viande de qualité; ils véhiculent une puissante signification symbolique qui a facilité la bonne conscience de nombreux consommateurs et a conduit plusieurs campagnes de marketing.

    Mais la manière selon laquelle un animal rencontre son destin ultime est normalement ignorée - jusqu’à ce que, bien sûr, nous voyons des vidéos sur YouTube montrant des vaches malades charriées vers leur mort par un bulldozer.

    « Ma perspective sur ce qui est humain couvre plus que la manière dont sont traitées les vaches.

    Elle touche comment nous traitons les humains aussi » affirme Bev Eggleston, fondateur de EcoFriendly Foods.

    Eggleston produit des animaux de différentes espèces dans de petites usines qu’il a construites dans les campagnes de la Virginie, il y a près de 10 ans, inspiré par les méthodes de Grandin.

    Bien que sa production « durable » de viande et de poulets ait atteint un statut de l’ordre du culte parmi les chefs et autres cuisiniers, la réalité associée à la production est loin d’être glamour.

    En raison de la petitesse de son usine (qui emploie 15 travailleurs), de sa certitude inébranlable à l’effet que « l’animal a besoin d’être respecté » et de sa préoccupation pour le bien-être des travailleurs, l’entreprise de Eggleston est dispendieuse et relativement inefficace.

    Alors qu’une usine de viande conventionnelle (qu’il considère comme « sa compétition ») peut traiter 130 poulets par minute, Eggleston et ses travailleurs n’en traitent qu’environ 400 par jour, « le moins que l’on puisse faire tout en conservant la capacité financière d’utiliser notre équipement et de payer tous nos employés ».

    L’an dernier, dit-il, ils en traitaient environ 800 par jour, mais les travailleurs étaient épuisés dès le début de l’après-midi.

    « Un traitement au travail qui soit humain est une préoccupation économique », ajoute-t-il.

    Pour traiter les animaux équitablement, il faut traiter ses employés équitablement.

    « Vous devez considérer les aspects humains nécessaires pour faire ce travail, « mais ils savent que je leur demande d’avoir de la compassion et de la sensibilité ».

    Dan Barber est un des chefs qui bénéficient des petites productions telles que celle d’Eggleston : Barber a servi les viandes d’EcoFriendly à chacun de ses restaurants Blue Hill.

    Pour lui, l’importance d’abattre de manière humaine se manifeste dans la qualité de la viande - mais trouver des abattoirs qui adhèrent à ses standards est relativement difficile.

    Alors qu’il y a une usine de petits animaux comme des poulets et des dindes à Stone Barns, ses grands animaux doivent aller ailleurs, généralement dans des abattoirs du New Jersey ou de la Upper Hudson Valley.

    Il est difficile de créer une demande aux petits éleveurs qui fournissent les autres viandes à ses restaurants, dit Barber, parce que localement, les abattoirs de haute qualité ont presque tous disparu de la Hudson Valley.

    « Les usines de transformation de la viande sont très intéressées par une-seule-grandeur-convient-à-tous », dit-il.

    Il entrevoit un avenir pour les abattoirs itinérants, qui visitent les fermes et abattent des animaux sur le site.

    « C’est vraiment efficace et peu cher » soutient Barber.

    « Et les animaux sont moins stressés parce qu’ils sont traités sur la ferme. »

    Les petits abattoirs ne garantissent pas nécessairement que l’abattage sera humain, par contre.

    « La vitesse de la ligne n’est pas problématique en soi », dit Grandin.

    « Ce qui est mauvais est le manque d’employés et la surpopulation animale de l’usine.

    J’ai vu une petite usine qui était parfaite avec 26 bovins à l’heure et horrible avec 35. »

    Les mauvaises conditions, dit-elle, sont souvent le résultat d’une mauvaise gestion.

    Une large part de son travail a consisté à créer de meilleurs équipements, mais sans un bon usage de ceux-ci, les machines comme les « bolt-stunners » utilisés pour tuer le bétail n’assurent pas une mort douce et sans douleur.

    Une fois de plus, c’est là où le facteur « humain » est si crucial dans l’équation « humanitaire » : alors que la majorité des préposés à l’étourdissement des animaux utilisent l’équipement convenablement, Grandin dit qu’il y a également des sadiques qui doivent être empêchés d’avoir quelque contact que ce soit avec les animaux ou avec la machinerie qui les tue.

    En fin de compte, pour Grandin, le traitement « humain » ou « humanitaire » des animaux est une expression très chargée.

    « Je préfère parler d’abattage à faible stress et sans douleur », dit-elle - idéalement pas plus stressant qu’une piqure de vaccin.

    Le plus gros obstacle, croit-elle, est la quantité.

    « La qualité et la quantité sont deux objectifs opposés », dit Grandin.

    « Mais il existe un équilibre délicat ».

    Temple Grandin, à qui l’on fait référence dans les deux articles, est louangée par la communauté welfariste et a même reçu le Prix du « visionnaire » PETA 2004.

    Le mouvement pour la « viande heureuse » est destiné à rendre le public plus à l’aise à propos de l’exploitation des animaux et à s’assurer que le débat social sur l’éthique animale se désintéresse de la question pertinente - pourquoi mangeons-nous des animaux, considérant que ce n’est pas nécessaire pour la santé des êtres humains, que c’est un désastre écologique et, surtout, que cela implique l’imposition de souffrance et de la mort à des nonhumains sensibles ?

    Le mouvement pour la « viande heureuse » atteint ces objectifs et cela ne représente aucune forme de progrès.

    Tout au contraire.

    Le mouvement pour la « viande heureuse » constitue un grand pas vers l’arrière.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/25/viande-heureuse-rendre-les-humains-plus-a-laise-de-manger-des-animaux/

  • "Et un autre..." (exemple de schizophrénie morale) (Gary Francione)

    http://images01.olx.fr/ui/1/67/56/4456156_1.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    L’Associated Press rapporte l’histoire suivante :

    (AP) Une femme de 23 ans qui avait retenu les services d’un ami pour tuer son terrier Jack Russel a été accusée d’avoir dépecé un chiot pour se faire une ceinture à partir de sa peau.

    Krystal Lynn Lewis et Austin Michael Mullins, 26 ans, ont été détenus vendredi à la prison de Muskogee County et une caution de $25 000 a été imposée à chacun contre leur libération.

    Ils sont accusés d’un crime de cruauté envers les animaux.

    « Nous parlons d’un chiot sans défense, âgé d’environ 6 ou 7 semaines », explique le député du shérif George Roberson.

    « C’est passablement haineux et sadique ».

    Un juge de Muskogee County a ordonné une audience pour déterminer l’aptitude mentale de Lewis à subir son procès.

    Lewis voulait le chiot, nommé Poplin, tué parce qu’il était un cadeau offert par une ex-maitresse avec qui il ne s’entendait pas bien, précise le député du shérif du Muskogee County, George Roberson.

    Roberson a dit que Mullins a tiré 10 coups de pistolet de calibre 22 sur le terrier.

    Lewis a dépecé l’animal à son appartement et a cloué sa peau sur une planche.

    Il était évidemment mal de tuer le chien pour s’en faire une ceinture (ou dans quelque autre but).

    Mais qu’en est-il des vaches et des autres nonhumains qui fournissent les ceintures et les chaussures que presque tout le monde porte ?

    Dans le cas du chien, nous poursuivons pour crime et imposons une caution de $25 000.

    Dans le cas des vaches, nous ne nous attardons pas sur la question.

    Pourquoi ne concevons-nous pas les deux comme « haineux et sadiques » ?

    C’est un autre exemple illustrant à quel point notre manière de réfléchir notre rapport aux animaux est confuse et erronée.

    Nous devons éduquer les autres afin de les amener à se rendre compte qu’ils devraient avoir la même réaction dans le cas de la vache et dans le cas du chien.

    Il n’y a aucune explication rationnelle ou justification morale au soutien d’une réaction différente.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/24/et-un-autre/

  • "Un autre exemple de schizophrénie morale" (Gary Francione)

    http://uwpresse.com/SERVER/reportages/MARINE_LIFE/REQUIN_BLANC_ATTAQUE_OTARIES/images/prevs/prev3.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Depuis maintenant plusieurs années, j’utilise l’expression « schizophrénie morale » pour décrire la manière confuse et illusoire dont nous, humains, pensons le statut moral des animaux nonhumains.

    Ce matin, je suis tombé sur un exemple de schizophrénie morale qui m’a paru remarquable.

    L’Associated Press rapporte l’histoire suivante : Les grands requins blancs chassent exactement comme Hannibal Lecter.

    Selon ce qui est raconté, des personnes apparemment considérées comme des scientifiques soutiennent ce qui suit :

    "Les grands requins blancs ont quelque chose en commun avec les tueurs en série, nous apprend une nouvelle étude : ils n’attaquent pas au hasard, mais traquent des victimes spécifiques, qui tentent de leur échapper.

    Selon une étude publiée en ligne lundi dans le Journal of Zoology, les requins restent à l’écart et observent d’un point de vue ni trop rapproché, ni trop éloigné, chassent stratégiquement et apprennent de leurs précédentes attaques.

    Les chercheurs ont utilisé une méthode servant à comprendre le profil des tueurs en série pour saisir comment chasse ce prédateur sans peur des océans, ce qui est difficile à observer de la surface."

    Réfléchissons à tout ça quelques secondes.

    Les animaux nonhumains seraient comparables à des tueurs en série sous prétexte qu’ils chasseraient de façon stratégique et prendraient des décision délibérées à propos de ce qu’ils vont manger.

    S’agit-il d’une blague ?

    Les chasseurs humains ne font-ils pas la même chose ? Bien sûr que oui.

    L’article continue :

    "Il y a une grosse différence entre les grands requins blancs et les tueurs en série et elle peut être identifiée par les bonnes vieilles méthodes d’enquête : la recherche du motif.

    Les grands requins blancs attaquent pour manger et survivre, pas pour le plaisir.

    Et les grands requins blancs sont des créatures majestueuses qui doivent être sauvées, nous dit Hammerschlag."

    Mais la plupart des chasseurs humains ne chassent pas pour survivre ; ils chassent parce qu’ils aiment traquer et tuer.

    Est-ce que cela ne les rend pas davantage comparables aux tueurs en série, compte tenu de la définition que donne l’auteur de l’article de ces derniers ?

    Il me semble qu’il s’agit là de la conclusion logique à laquelle nous mène inéluctablement l’article.

    Le fait que les animaux nonhumains agissent de manière stratégique pour se procurer de la nourriture ne les distingue pas des chasseurs humains - ou, en l’occurrence, des consommateurs humains qui font des choix alimentaires lorsqu’ils parcourent les allées du supermarché.

    De plus, le comportement des requins (et d’autres nonhumains) consistant à traquer est une preuve assez probante du fait que les nonhumains sont cognitivement sophistiqués et capables de penser rationnellement.

    Comme vous le savez, ma théorie des droits des animaux requiert seulement que les nonhumains soient sensibles pour être des membres à part entière de la communauté morale.

    Aucune autre capacité cognitive n’est nécessaire.

    Cela signifie que, du moment que les animaux sont conscients de leurs perceptions et peuvent ressentir la douleur, nous avons l’obligation morale de ne pas traiter ces animaux comme des ressources à la disposition des êtres humains.

    Mais ce comportement de traqueur indique tout de même que la philosophie occidentale, qui a traditionnellement nié toute pensée rationnelle aux animaux, s’est tout simplement trompée.

    En fait, l’analyse du comportement de chasse des requins que les chercheurs ont offerte constitue une preuve convaincante que certains humains sont incapables de penser rationnellement.

    Afin de nous sentir « supérieurs » et de maintenir le fantasme voulant que le nonhumain soit l’« autre », nous assimilons une activité qui caractérise notre propre comportement (dans le cas des chasseurs humains, l’analogie est beaucoup plus appropriée que dans celui des requins) avec celle d’un « tueur en série ».

    Voilà un exemple illustrant parfaitement à quel point notre raisonnement est confus et erroné ; c’est ce que je veux dire lorsque je parle de schizophrénie morale.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/22/un-autre-exemple-de-schizophrenie-morale/

  • "Pauvre Che Guevara" (Gary Francione)

    http://membres.lycos.fr/guevara/photos/che302sa.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Bien que je sois opposé à toute violence et que, par conséquent, je n’approuve pas la violence à laquelle a eu recours Ernesto « Che » Guevara pour libérer Cuba de l’emprise du dictateur cubain appuyé par les É.U. Fulgencio Batista, je trouve qu’il est profondément triste de voir la dernière campagne de PETA où la petite-fille du Che, Lydia Guevara, pose à demi nue dans une annonce de la campagne de PETA qui fait la promotion de la « révolution végétarienne ».

    Cette annonce banalise la lutte pour la justice sociale en laquelle le Che croyait et pour laquelle il a donné sa vie.

    Pouvez-vous imaginer Che Guevara « se mettre nu pour la libération plutôt que d’être une marionnette pour les É.U. ? ».

    Non, bien sûr que non.

    En 2007, PETA sortait son State of the Union Undress, un vidéo montrant une femme faisant un strip-tease complet « pour les animaux » qui se terminait sur une citation du Dr. Martin Luther King.

    Dans mes commentaires à propos du vidéo de PETA, je disais :

    Le fait que PETA considère qu’il est approprié de terminer l’enregistrement vidéo d’un strip-tease par une citation de Martin Luther King à propos des injustices est une indication supplémentaire nous permettant de conclure que PETA est prêt à banaliser n’importe quoi et n’importe qui dans le cadre de ses efforts acharnés pour se promouvoir lui-même.

    PETA devrait peut-être se souvenir que Dr. King a fait avancé de manière significative la cause de la justice en se servant de l’intelligence, de la ténacité, de la dignité et du courage, sans jamais se dévêtir pour gagner des droits civils ou utiliser les moyens sensationnalistes et vulgaires qui sont devenus la marque de commerce de PETA.

    Voilà le problème avec les tentatives pathétiques de PETA visant à lier ses campagnes aux luttes pour les droits civils ou pour d’autres luttes pour la justice sociale.

    Les gens impliqués dans ces luttes étaient des gens sérieux qui ont fait de sérieux sacrifices et ont tenté d’amener des changements fondamentaux dans la manière dont les gens pensent.

    PETA ne fait rien de plus que visiter de la publicité et des dons pour lui-même.

    Et c’est dommage.

    De plus, il est tragiquement ironique que PETA utilise des images sexistes alors que Che Guevara, un marxiste engagé, rejette le sexisme.

    Mais j’imagine qu’en fin de compte, ce n'est pas bien important puisque je suppose que la plupart des membres de PETA ne savent pas du tout qui était Che Guevara.

    Dans la mesure où des gens d’ailleurs dans le monde se souviennent du Che, ils seront, comme moi, profondément attristés par cette campagne.

    Et malheureusement, plusieurs utiliseront ce coup de publicité idiot comme excuse pour discréditer les droits des animaux en tant que position éthique sérieuse.

    Che Guevara n’était pas végétarien.

    Peut-être, s’il avait survécu, en serait-il venu à considérer les droits des animaux comme une question sociale sérieuse.

    Je doute, par contre, qu’il y serait arrivé grâce aux campagnes de PETA.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/20/pauvre-che-guevara/