Sommet de Copenhague : le véganisme EST la (seule) solution (le végétarisme ne suffit pas)
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Evénement organisé à l’occasion du Téléthon 2009.
Diffusion de vidéos, signature de pétitions.
Sur l'Aïd : à partir de la 13e minute
Extrait :
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Présentation de France Culture ("Les Matins" du 27/11/2009) :
La société arabo-musulmane est malade en bien des points.
D'une part en terre d'islam : retard économique et social, déficit démocratique, panne culturelle, conflits armés en certains endroits.
D'autre part en occident : la population immigrée et sa descendance, même si elle réussit à emprunter l'ascenseur social, souffre de manque de reconnaissance et de discriminations.
Par ailleurs, des extrémistes se réclamant de l'islam mobilisent certains versets coraniques pour justifier des actions meurtrières.
L'islam serait-il devenu à la fois la religion des oppresseurs et des opprimés ?
Violence et exclusion sont-ils intrinsèques à la religion musulmane ?
L'islam est-il incompatible avec la modernité ?
Non, répond l'écrivain et universitaire Abdelwahab Meddeb à ces questions recurrentes mais non résolues, dans son dernier livre Pari de civilisation au Seuil.
Abdelwahab Meddeb est directeur de la revue internationale Dédale. Il enseigne la littérature comparée à l'Université Paris X. Ecrivain et poète, il anime l'émission hebdomadaire «Cultures d'islam» sur France Culture.
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/matins
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L'association Antidote Europe a reçu hier le Prix Pietro Croce* pour sa contribution à la prévention des maladies et à la santé humaine.
La cérémonie se déroulait à Rome, au Palazzo dei Conservatori, sous les auspices du maire de Rome et du ministère de la Santé italien, avec la participation de plusieurs chercheurs et professeurs d'universités italiennes.
Il s'agissait de la troisième édition de ce prix, décerné par le comité scientifique Equivita et le Movimento Ecologico Nazionale UNA.
Antidote Europe oeuvre depuis sa création pour l'évaluation scientifique des risques des substances chimiques, notamment en développant une approche de la toxicogénomique et en obtenant dès 2005 l'introduction de cette méthode dans le règlement REACH (Enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des substances chimiques).
Cette méthode vient de faire l'objet d'une session spéciale lors de la réunion la semaine dernière à Bruxelles des responsables des comités scientifiques de l'UE en charge de l'évaluation des risques.
Antidote Europe mène depuis plus d'un an une campagne d'information internationale sur le bisphénol A.
Cette substance, produite à raison de 3 milliards de kilos par an, est relâchée dans nos aliments par la plupart des emballages plastiques en contact.
Nos études de toxicogénomique sur des cellules humaines ont mis en évidence sa dangerosité, notamment par sa capacité à mimer les effets d'hormones (voir www.danger-bisphenol.com).
C'est sans doute l'un des principaux responsables de l'explosion du nombre des cancers du sein et de la prostate depuis deux décennies.
Dans cette même perspective, Antidote Europe mène actuellement sur des cellules humaines des études sur les effets de pesticides et de leurs combinaisons telles que présentes dans notre organisme, afin d'en apprécier enfin les effets cumulatifs ou synergiques.
Antidote Europe est une association à but non lucratif créée par des chercheurs issus du Centre national de la recherche scientifique (CNRS, France) oeuvrant pour une science moderne et responsable.
Contact médias :
André Ménache 44 7906 446 889 (portable, Royaume Uni)
Claude Reiss 33 (0)4 76 36 35 87 (fixe, France)
Retrouvez ce communiqué en anglais sur : www.antidote-europe.org/cp26nov09_gb.htm
* Le Professeur Pietro Croce, aujourd'hui décédé, était membre du Collège américain de pathologistes et l'un des plus célèbres critiques italiens de l'expérimentation animale.
Ecrivain prolifique et conférencier, il a été le fer de lance du mouvement international pour abolir l'expérimentation animale et pour instaurer, à la place, des méthodes modernes de recherche scientifique.
Enfin un homme qui PARLE... Michel Onfray : merci. M.P.
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Je vomis sur les amis de Polanski
Les télévisions ayant levé le siège, les intellectuels de Saint-Germain-des-Prés sont repartis ailleurs distribuer leurs bons points, professer en chaire cathodique et donner des leçons au monde.
Personne ne sait désormais ce qu’il advient du réalisateur de films présumé coupable d’avoir violé une jeune fille de 13 ans après l’avoir alcoolisée, puis grassement indemnisée pour acheter son renoncement aux poursuites.
Chacun sait en revanche qu’un ministre ayant payé des jeunes garçons thaïlandais pour jouir enfin, continue à officier dans les palais lambrissés en prenant soin de ne plus intervenir sur rien.
Ce panier de crabes s’est calmé.
On va donc pouvoir enfin pouvoir penser un peu sur la question pédophile.
Peut-on alors renvoyer les éternels beuglants de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui pérorent depuis si longtemps sur la Bosnie, la Palestine, le Rwanda, la Tchétchénie, Israël, et défendent Roman Polanski, lire la Déclaration des droits de l’enfant du 20 novembre 1959 ?
Ces compagnons de route de leurs amis pédophiles (j’ai souvenir d’avoir lu et entendu BHL, Finkielkraut, Bruckner, pour les plus visibles, défendre la prescription du crime pédophilique) y apprendraient que les Nations unies, il y a cinquante ans, tout juste, ont signé ce texte concernant les enfants, il est vrai des faibles par nature, le contraire des puissants utiles pour une carrière.
Cette déclaration méconnue proclame la nécessité d’une protection particulière et celle de soins spéciaux pour les enfants à cause de leur manque de maturité physique et intellectuelle ; elle proclame l’intérêt supérieur de l’enfant ; elle demande qu’il puisse se développer d’une façon saine avec de l’attention, de l’éducation et des soins ; elle invite à tout mettre en œuvre pour qu’il développe ses facultés et trouve sa place dans la société de façon digne ; elle affirme qu’il doit être le premier à recevoir protection et secours ; elle décide que « l’enfant doit être protégé contre toute forme de négligence, de cruauté et d’exploitation, il ne doit pas être soumis à la traite, sous quelque forme que ce soit » (art. 8) ; elle réprouve toute activité qui nuirait à son développement moral, mental, psychique…
Voilà, me semble-t-il, un programme intéressant : comme les enfants sont [, à l'instar des animaux,] des victimes désignées dans ce monde de prédateurs impunis, des proies silencieuses, incapables de s’organiser en groupe de pression, nullement à même de faire entendre leur voix dans les médias ou de façon publique, encore moins aux prochaines consultations électorales, quelle aubaine pour les marquis de Sade à la petite semaine, les pédophiles du Net, les parents déglingués et autres délinquants relationnels, sinon les violeurs mondains – académiciens, écrivains, cinéastes, membres de jurys littéraires prestigieux, ministres et autres abonnés au Who’s Who !
Une société ne vaut que par le statut qu’elle accorde à ses marges, à ses minorités.
Avant-hier, le Prolétariat, les Juifs, les Tziganes ; hier, les Handicapés, les Homosexuels ; aujourd’hui, les Sans-papiers, les Sans logement, les Sans travail, les Sans domicile fixe, les Précaires, les Chômeurs, les Fins de droit ; demain, les Prisonniers ?
Peut-être, c’est d’ailleurs souhaitable.
Mais quand les Enfants ?
Je vomis sur les amis de Polanski…
Michel Onfray
Siné Hebdo, 25 novembre 2009
Mieux vaut finir à l'abattoir ?
(regardez jusqu'au bout)
Conférence (et débat) sur la vivisection : Stop aux Animaux dans les Laboratoires d'Expérimentation !
Avec Hélène Sarraseca d'Antidote Europe et un animateur d'International Campaigns
Salle de Canal Sud - 40 , rue Alfred Duméril - Toulouse - De 16 h à 19h
Conférence organisée par l'association pour les droits des animaux A.V.I.S.
http://www.international-campaigns.org/ic/action/programme-actions.htm#TOULOUSE
(Merci à Claude Levi-Strauss d'avoir désigné et dénoncé le danger majeur qui pèse sur la planète et l'ensemble du vivant : la surpopulation humaine.
Plus d'humains, cela veut dire de moins en moins d'espaces sauvages, de nature, de poésie.
Cela veut dire plus de villes, plus de routes, plus d'industries, plus de pollution.
Cela veut dire des animaux sauvages expropriés, assassinés, des animaux domestiques exploités et massacrés dans les abattoirs en plus grand nombre...
La surpopulation humaine, cela veut dire la Mort.
Voici pourquoi, depuis longtemps, je me suis engagée à ne pas faire d'enfant. MP)
***
Une source d’inspiration de ce blog, Arne Naess, est mort au début de cette année 2009.
Un autre de mes maîtres à penser, Claude Lévi-Strauss, vient de mourir.
Plutôt que de vaines éloges, je lui laisse la parole, une parole qui à mon avis donnera une colonne vertébrale à notre XXIe siècle :
« J’ai connu une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats.
On sait quels désastres en résultèrent. (…)
Puisqu'au cours du dernier siècle j’ai assisté à une catastrophe sans pareille dans l’histoire de l’humanité, on me permettra de l’évoquer sur un ton personnel.
La population mondiale comptait à ma naissance un milliard et demi d’habitants.
Quand j’entrai dans la vie active vers 1930, ce nombre s’élevait à deux milliards.
Il est de six milliards aujourd’hui, et il atteindra neuf milliards dans quelques décennies à croire les prévisions des démographes.
Ils nous disent certes que ce dernier chiffre représentera un pic et que la population déclinera ensuite, si rapidement, ajoutent certains, qu’à l’échelle de quelques siècles une menace pèsera sur la survie de notre espèce.
De toute façon, elle aura exercé ses ravages sur la diversité, non pas seulement culturelle, mais aussi biologique en faisant disparaître quantité d’espèces animales et végétales.
De ces disparitions, l’homme est sans doute l’auteur, mais leurs effets se retournent contre lui.
Il n’est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l’explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s’empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme, bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même, parce qu’une prescience secrète l’avertit qu’elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces bien essentiels que sont l’espace libre, l’eau pure, l’air non pollué.
Aussi la seule chance offerte à l’humanité serait de reconnaître que devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d’égalité avec toutes les autres formes de vie qu’elle s’est employée et continue de s’employer à détruire.
Mais si l’homme possède d’abord des droits au titre d’être vivant, il en résulte que ces droits, reconnus à l’humanité en tant qu’espèce, rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces.
Les droits de l’humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l’existence d’autres espèces.
Le droit à la vie et au libre développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la disparition d’une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre échelle, dans le système de la création.
Seule cette façon de considérer l’homme pourrait recueillir l’assentiment de toutes les civilisations.
La nôtre d’abord, car la conception que je viens d’esquisser fut celle des jurisconsultes romains, pénétrés d’influences stoïciennes, qui définissaient la loi naturelle comme l’ensemble des rapports généraux établis par la nature entre tous les êtres animés pour leur commune conservation ; celle aussi des grandes civilisations de l’Orient et de l’Extrême-Orient, inspirées par l’hindouisme et le bouddhisme; celle, enfin, des peuples dits sous-développés, et même des plus humbles d’entre eux, les sociétés sans écriture qu’étudient les ethnologues.
Par de sages coutumes que nous aurions tort de reléguer au rang de superstitions, elles limitent la consommation par l’homme des autres espèces vivantes et lui en imposent le respect moral, associé à des règles très strictes pour assurer leur conservation.
Si différentes que ces dernières sociétés soient les unes des autres, elles concordent pour faire de l’homme une partie prenante, et non un maître de la création.
Telle est la leçon que l’ethnologie a apprise auprès d’elles, en souhaitant qu’au moment de rejoindre le concert des nations ces sociétés la conservent intacte et que, par leur exemple, nous sachions nous en inspirer. »
Source : L’ETHNOLOGUE DEVANT LES IDENTITES NATIONALES
Discours de Claude Lévi-Strauss à l’occasion de la remise du XVIIe Premi Internacional Catalunya, 2005.
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2009/11/03/levi-strauss-in-memoriam/
L’arrestation de Roman Polanski à Zurich, le 26 septembre, et l’exhumation de l’affaire pour laquelle il reste poursuivi par la justice américaine, auront été l’occasion pour un nombre assez effarant de commentateurs – et de commentatrices – de démontrer une fois de plus à quel point leur vision de l’érotisme se passe aisément de cette broutille que représente, à leurs yeux, la réciprocité du désir féminin (on se contente en général de parler de « consentement », mais plaçons la barre un peu plus haut, pour une fois).
En témoigne l’expression « vieille affaire de mœurs », utilisée dans les premières dépêches ayant suivi l’arrestation, ainsi que dans la pétition du gratin du cinéma mondial lancée en faveur du réalisateur franco-polonais : de nombreuses voix se sont élevées pour faire remarquer à juste titre que, s’agissant de la pénétration et de la sodomie d’une adolescente de 13 ans préalablement soûlée au champagne et shootée au Quaalude, c’était un peu léger.
Partout, les défenseurs du cinéaste soulignent, comme s’il s’agissait de l’argument définitif en sa faveur, que la justice « s’acharne » alors que la victime elle-même, Samantha Geimer, demande le classement de l’affaire : or, elle le demande parce qu’elle ne supporte plus l’exposition médiatique, et peut-être aussi parce qu’elle a été indemnisée ; pas parce que, avec le recul, elle admet que ce n’était pas si grave, ou qu’elle a bien aimé l’expérience, comme on semble le fantasmer…
De ses archives, Paris-Match a ressorti un article publié à l’époque, intitulé « Roman Polanski : une lolita de 13 ans a fait de lui un maudit » (la salope !).
« La jeune “victime” pervertie n’était pas si innocente », révèle un intertitre.
Et la journaliste de préciser :
« Samantha G. est une Lolita en T-shirt, à qui des formes bronzées donnent nettement plus que son âge, d’ailleurs plus près de 14 ans que de 13. Elle a reconnu avoir eu, avant sa rencontre avec le metteur en scène, et au moins à deux reprises, des rapports sexuels avec un boy-friend de 17 ans. »
Le fait que les relations sexuelles avec un(e) mineur(e) soient prohibées par la loi dans tous les cas devient ici un prétexte pour occulter la différence qui peut exister entre un rapport consenti et un rapport forcé.
En résumé : sa non-virginité, à laquelle s’ajoutent ses « formes bronzées » de « Lolita » – elle n’avait qu’à ne pas être aussi bonne ! -, fait d’elle un objet appropriable par qui le souhaite ; dire oui à un homme, c’est dire oui à tous les hommes.
On pourrait penser que, trente-deux ans plus tard, on en a fini avec un mode de pensée aussi archaïque.
Mais Le Nouvel Observateur (1er octobre 2009) publie un article d’anthologie, dont le titre – « Une affaire vieille de trente ans – Qui en veut à Roman Polanski ? »- est un poème à lui seul.
« La mère, une actrice en mal de rôles, a laissé volontairement sa fille seule avec Polanski, pour une série de photos, y lit-on. Le cinéaste, qui a la réputation d’aimer les jeunes filles, ne résiste pas. »
Comme dans le titre de Match, les responsabilités sont inversées : ce n’est pas Samantha Gailey (son nom de jeune fille) qui a été piégée, mais Polanski, dont la « Lolita perverse » et/ou sa mère machiavélique auraient exploité sans pitié les faiblesses bien humaines – décidément, le pauvre homme va de « traquenard » en « traquenard ».
Au mieux, si la jeune fille s’estime lésée, elle n’a qu’à s’en prendre à sa mère.
Même Bernard Langlois, dans Politis (8 octobre), valide cet argument :
« On peut aussi se poser quelques questions, écrit-il, au sujet de cette Lolita dont les charmes firent déraper le cinéaste, et que personne n’obligeait à se rendre en sa seule compagnie en un appartement désert pour y poser seins nus (c’est elle qui raconte) devant son objectif : l’ingénuité aussi a des limites. »
Sans doute ; mais où se situent-elles précisément, ces « limites » de l’« ingénuité » ?
Est-ce faire preuve d’« ingénuité » de porter une minijupe ?
De se balader seule dans les rues après minuit ?…
Au nom de quoi une jeune fille ou une femme qui poserait pour un photographe, même seins nus, est-elle censée avoir signé aussi pour passer à la casserole si elle n’en a pas envie ?
Le problème, avec le refus de la loi du plus fort, c’est qu’il exige des positions un peu tranchées : soit il est affirmé, et il interdit les demi-mesures, soit on lui tolère des exceptions, et on voit alors immanquablement des décennies d’acquis féministes, voire simplement progressistes, se barrer en sucette.
Escamoter la question de la réciprocité du désir, c’est aussi ce qui permet de brandir la vieille accusation de « puritanisme » à l’égard de ces coincés du cul d’Américains (« l’Amérique qui fait peur », dit Frédéric Mitterrand).
« Au bout de quarante-deux jours, Polanski est relâché en liberté conditionnelle, relatent Philippe Boulet-Gercourt et François Forestier dans Le Nouvel Obs. Il repart travailler. Une photo remet tout en question. Polanski, cigare aux lèvres, s’amuse à la Fête de la Bière en Allemagne. Le juge, irrité, casse le deal. »
Ils omettent de préciser que, sur cette photo à la Fête de la Bière, Polanski s’amuse entouré de jeunes filles : on a ainsi l’impression que ce juge est un rabat-joie qui manque terriblement de sens de la fête et n’aime pas que les gens « s’amusent ».
Que l’Amérique puritaine veuille la peau de Polanski, c’est bien possible ; mais, dans le cas précis de l’affaire Samantha Gailey, l’argument est hors-sujet.
Ce raisonnement nous rappelle celui de la penseuse antiféministe Marcela Iacub et de son collègue Patrice Maniglier lorsqu’ils affirment que, si on pénalise le harcèlement sexuel, c’est parce qu’on n’est « pas à l’aise avec la chose sexuelle » (voir sur ce site « La femme est une personne », 18 octobre 2005).
On s’est focalisé, depuis le début de cette affaire, sur ceux de ses aspects qui tombent sous le coup de la loi : est-ce un viol ?
Est-ce de la pédophilie ?…
(Réfuter l’accusation de pédophilie semble d’ailleurs suffire, dans l’esprit de ceux qui le font, comme Alain Finkielkraut, à disculper Polanski, comme si le viol n’était pas une chose bien grave tant qu’il ne concerne pas un enfant.)
Or, il se pourrait bien qu’il vaille la peine d’élargir le cadre, en s’intéressant à la mentalité qui peut, incidemment, conduire à « forcer la main » à une gamine de 13 ans ; une mentalité qui est loin d’être l’apanage d’un Polanski, et qui révèle la persistance des rapports de domination dans toute leur crudité.
Bien que la compétition soit serrée, c’est indiscutablement Costa-Gavras qui peut revendiquer la palme de la beaufitude dans les réactions indignées à l’arrestation de son collègue cinéaste.
« Cessez de parler de viol, il n’y a pas de viol dans cette histoire, assénait-il le 28 septembre sur Europe 1. Vous savez, à Hollywood, les metteurs en scène, les producteurs sont entourés de très beaux jeunes hommes, de très belles jeunes femmes, qui sont grands, blonds, bien bronzés, et prêts à tout. »
(A Marc-Olivier Fogiel qui lui objecte qu’on parle ici d’une adolescente de 13 ans, il réplique :
« Oui, mais enfin, vous avez vu les photos : elle en fait 25 ! »
Commentaire perfide de Maître Eolas : Quelques-mots-sur-l-affaire-Polanski « Il est vrai que 13 minutes d’un de ses films en paraissent 25, mais je doute de la pertinence juridique de l’argument. »)
« Prêts à tout. »
Il est étrange que la société ne s’interroge pas davantage sur les mécanismes culturels qui font que bien des adolescents, et surtout des adolescentes, sont, en effet, « prêts à tout » pour une carrière dans le show-biz – comme si les filles sortaient du ventre de leur mère en rêvant de devenir mannequins.
Dans sa déposition, Samantha Gailey racontait :
« Il m’a montré la couverture de Vogue Magazine et demandé : “Voudrais-tu que je te fasse une telle photo ?” J’ai dit : “Oui.” »
On pense alors au bruit fait récemment par Picture Me, le documentaire réalisé par l’ancien top model américain Sara Ziff et son ex-petit ami, Ole Schell, sur son expérience dans le milieu de la mode ; un milieu que la jeune femme décrit comme « un environnement prédateur », « plein d’hommes d’âge mûr tournant comme des requins autour de filles jeunes et vulnérables » (voir « Top model exposes sordid side of fashion », The Observer, 7 juin 2009).
Devant la caméra, un jeune modèle du nom de Sena Cech raconte un casting avec l’un des plus grands photographes de mode.
« Chérie, peux-tu faire quelque chose de plus sexy ? » lui demande-t-il ; puis son assistant lui dit : « Sena, peux-tu attraper sa queue et la tordre très fort ? Il aime quand on la lui serre vraiment très fort. »
« C’était horrible, mais je l’ai fait, commente-t-elle. Et j’ai eu le job. Mais le lendemain, je me sentais mal. » (Voir l’entretien avec Sara Ziff dans The Observer.)
Une autre, qui a finalement refusé que son témoignage figure dans le film, raconte comment, à ses débuts, alors qu’elle avait 16 ans et n’avait « encore jamais embrassé personne », un autre grand photographe (« probablement l’un des plus célèbres ») l’a coincée dans un couloir et lui a introduit ses doigts dans le vagin.
« A peu près toutes les filles à qui j’ai parlé ont une histoire comme ça », affirme Sara Ziff.
Cette violence s’ajoute à celle qui consiste, plus généralement, à traiter des jeunes filles comme de simples carcasses – « des poupées vivantes », dit Sara Ziff -, réduites à leur plastique, soumises à des exigences esthétiques tyranniques.
Sur son blog, à la sortie de Picture Me, « Tatiana The Anonymous Model » faisait le lien, sous le titre « Modelling and the tragedy of Karen Mulder », entre le film et ce qui arrivait au même moment à l’ancien top model néerlandais.
Celle-ci venait d’être placée en garde à vue à Paris pour avoir menacé de mort sa chirurgienne esthétique, à qui elle réclamait en vain une nouvelle intervention afin de corriger la précédente, dont elle n’aimait pas le résultat.
L’épisode s’ajoutait à une histoire déjà chargée, marquée notamment par une tentative de suicide et un pétage de plombs sur le plateau de Thierry Ardisson.
La blogueuse rapporte ces propos plutôt troublants tenus par Mulder dans un entretien, peu après sa tentative de suicide :
« J’ai toujours détesté être photographiée. Pour moi, c’était juste un rôle, et à la fin, je ne savais plus qui j’étais vraiment en tant que personne. Tout le monde me disait “Hey, tu es formidable” ; mais à l’intérieur, c’était de pire en pire chaque jour. »
La réalité de la condition de mannequin, le prix exorbitant auquel ces filles paient le culte que l’on orchestre autour d’elles et les millions de dollars dont on les couvre (et encore : pour les plus en vue d’entre elles, soit une infime minorité), fait l’objet d’un déni général.
Les frasques d’une Kate Moss, malgré ses cures de désintoxication à répétition (elle expliquait sa dépendance à l’alcool par le fait que sur les défilés, à 10 heures du matin, il n’y avait rien d’autre à boire que du champagne), restent présentées comme un style de vie rock’n’roll et « rebelle » – rien d’autre.
Comme le rappelle « Tatiana The Anonymous Model », l’un des dirigeants de l’agence Elite, Gérald Marie, ancien mari du top model Linda Evangelista, filmé en caméra cachée par un reporter de la BBC, en 1999, « en train d’offrir 300 livres pour du sexe à un mannequin de 15 ans et de spéculer sur le nombre de participantes au concours organisé par son agence avec qui il allait coucher cette année », est toujours en fonction.
(Le Nouvel Observateur avait publié, sous le titre « “On est comme ça, nous les mecs !” » un vrai cri du cœur -, un article étonnamment sévère envers le reportage de la BBC et clément envers son objet.)
Devant les remous suscités par le film de Sara Ziff et Ole Schell, les magazines féminins s’en sont fait l’écho – mais sans établir un lien avec la publicité constante qu’ils assurent à la condition de mannequin, en la présentant comme la plus enviable du monde, à grands renforts de success stories et de photos flatteuses.
Pas une seule de leurs livraisons, en effet, qui ne relate le « conte de fées » vécu par tel ou tel modèle : comment j’ai été découverte dans la rue, comment un photographe m’a remarquée, comment j’ai enchaîné les couvertures et les défilés, comment je suis devenue riche et célèbre, comment j’ai rencontré l’amour, comment – apothéose – je suis devenue maman…
Mais en passant plutôt rapidement, en général, sur l’étape « Comment j’ai dû empoigner la queue du Grand Photographe ».
Sara Ziff, qui a commencé sa carrière à 14 ans, relève combien il est problématique de demander à des filles de prendre des poses sexy, de jouer de leur sexualité, alors que celle-ci est encore balbutiante.
On notera d’ailleurs l’ironie qu’il peut y avoir à hypersexualiser des filles à peine pubères, pour ensuite les accuser d’avoir provoqué les abus dont elles sont victimes, en les qualifiant de « Lolitas perverses » !
Ce qui frappe, c’est la prédominance d’un érotisme de ventriloques, qui balaie la subjectivité des dominés.
Par rapport à Samantha Gailey, Polanski était à tous points de vue en position de dominant : un réalisateur célèbre de 43 ans, face à une gamine anonyme de 13 ans, qu’il recevait dans la villa de Jack Nicholson…
Interrogé sur son goût pour les jeunes filles, dans une séquence rediffusée le 2 octobre dans l’émission d’« Arrêt sur images » (sur abonnement) consacrée à l’affaire, il réfléchissait un instant, avant de répondre un brin tautologiquement :
« J’aime les jeunes filles, disons-le comme ça… »
Il ajoutait qu’il y avait différentes manières de réagir à la souffrance :
« Certains s’enferment dans un monastère, et d’autres se mettent à fréquenter les bordels. »
(A ceux qui font valoir que cet homme a beaucoup souffert, il faudra rappeler leurs prises de positions, la prochaine fois qu’ils fustigeront la « culture de l’excuse » si caractéristique de la gauche angéliste.)
Il en va de même pour le ministre de la culture Frédéric Mitterrand, qui souligne que la fréquentation des prostitués thaïlandais lui a servi à apaiser ses tourments d’homosexuel mal assumé (lire à ce sujet les réflexions de Didier Lestrade sur son blog).
S’abriter derrière son statut d’artiste pour justifier cet usage consolatoire de plus faible que soi ne va pas sans poser quelques problèmes.
« La littérature, ironise André Gunthert sur Recherche en histoire visuelle, c’est comme la baguette magique de la fée Clochette : ça transforme tout ce qui est vil et laid en quelque chose de beau et de nimbé, avec un peu de poudre d’or, de musique et de grappes de raisin tout autour.
Pour les poètes, la prostitution n’est plus la misère, le sordide et la honte.
Elle devient l’archet de la sensibilité, l’écho des voix célestes, la transfiguration des âmes souffrantes.
La littérature, ça existe aussi au cinéma.
Talisman de classe, elle protège celui qui la porte de l’adversité.
Que vaut une fillette de 13 ans face à une Palme d’or ? »
Erotisme de ventriloques, et production artistique de ventriloques, aussi, en effet.
Frédéric Mitterrand se trouve en position de dominant non seulement parce qu’il paie un jeune Thaïlandais pour que celui-ci se mette au service de son désir (« I want you happy » : comme c’est touchant), mais aussi parce qu’il en fait ensuite un livre, dont la puissance littéraire n’a pas échappé à nos chevronnés esthètes bravepatriotes, et dans lequel il projette sur le jeune homme les sentiments qui lui conviennent, avec cette étonnante capacité à se raconter des histoires que manifestent les clients de la prostitution (« Le fait que nous ne puissions pas nous comprendre augmente encore l’intensité de ce que je ressens et je jurerais qu’il en est de même pour lui » – voir les extraits sur le site du Monde).
La tendance actuelle à la délégitimation et à l’effacement de la subjectivité des dominés peut d’ailleurs s’observer dans des domaines très différents.
Porte-manteau à fantasmes, marionnette de ventriloque, c’est aussi la position la plus fréquente des femmes au cinéma.
« J’avais envie de bastonner les gens qui me disaient : “Oh, tu étais formidable dans ce film !” J’aurais voulu leur dire : ne me dis pas que tu m’as aimée là-dedans, je n’y étais même pas ! C’était quelqu’un d’autre ! »
Ainsi parlait, en 1976, l’une des actrices – françaises et américaines – interviewées par leur consœur Delphine Seyrig pour son documentaire Sois belle et tais-toi.
Edité en DVD par le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir - que Seyrig a fondé -, le film, malgré sa mauvaise qualité technique, mérite le détour.
Toutes y racontent la pénurie de rôles féminins, et, plus encore, leur pauvreté, les quelques sempiternels clichés auxquels ils se réduisent (« Ils sont très rares, dit l’une d’elles, les films où la femme est perçue comme un être humain »).
Seule exception, Jane Fonda – dont l’abattage et le charisme crèvent l’écran – déborde d’enthousiasme en évoquant le film qu’elle vient alors de tourner avec Vanessa Redgrave : Julia, de Fred Zinnemann, sorti en 1977, qui raconte l’amitié entre deux femmes pendant la seconde guerre mondiale.
A propos de son personnage, elle a cette formule éloquente :
« C’était la première fois que je jouais le rôle d’une femme qui ne joue pas un rôle. »
Ces actrices parlent en des termes qui rappellent presque mot pour mot ceux de Karen Mulder :
« Je ne savais plus qui j’étais », se souvient encore Jane Fonda en racontant son passage, le jour de son arrivée à la Warner, sur l’espèce de fauteuil de dentiste où atterrissaient toutes les actrices, tandis que les experts mâles se bousculaient au-dessus d’elles pour les examiner sous toutes les coutures et les maquiller.
« Ils m’ont conseillé de me teindre en blonde, de me faire briser les mâchoires par le dentiste pour creuser les joues – j’avais encore mes bonnes joues d’adolescente -, de porter des faux seins et de me faire refaire le nez, parce que, avec un nez pareil, je ne pourrais “jamais jouer la tragédie” ! »
La volonté de modeler l’autre en fonction de son fantasme se traduit aussi, en effet, de la manière la plus concrète, en taillant dans la chair.
Analysant les émissions de télé-réalité qui mettent en scène des opérations de chirurgie esthétique, un critique de Télérama faisait remarquer :
« Magie de la technologie au service d’une extrême violence.
Violence contre le corps des femmes, “violence faite aux femmes”, comme on dit.
Violence presque symétrique à celle exercée par le port de la burqa [le « presque » est superflu, à notre avis].
L’acharnement mis à “dégager le visage”, à “donner le goût d’être visible” dans un cas rappelle celui mis à masquer, à effacer dans l’autre.
Les femmes qui se découvrent dans le miroir de Miss Swan “ne se reconnaissent pas”.
Pas plus que les femmes portant la burqa.
Rien à voir ?
Non, rien à voir.
D’ailleurs, a-t-on vu une mission parlementaire enquêter sur la chirurgie esthétique ? »
(« “Dégager le visage, c’est créer de la beauté” », Télérama.fr, 30 juillet 2009 ; voir aussi le film réalisé par des féministes italiennes, Il corpo delle donne.)
« L’homme est un créateur, la femme est une créature » : autant dire que cette division des rôles a des racines très profondes (voir aussi à ce sujet « Les arts du spectacle, une affaire d’hommes », Les blogs du Diplo, 29 juillet 2009).
Dans Sois belle et tais-toi, toujours, Maria Schneider, covedette avec Marlon Brando du Dernier tango à Paris de Bernardo Bertolucci, sorti en 1972 et dans lequel, comme dit Wikipédia, « une tablette de beurre devint célèbre », raconte, elle, que, durant le tournage, Bertolucci lui a à peine adressé la parole :
« Il a fait le film avec Marlon. »
Une autre lui fait écho :
« Tout le cinéma n’est qu’un énorme fantasme masculin. »
Trente-cinq ans plus tard, le constat, à peu de choses près, reste valable.
La seule différence notable, c’est peut-être que plus personne, ou presque, n’y trouve sérieusement à redire.
http://mauvaiseherbe.wordpress.com/2009/10/11/polanski-mitterrand-le-soliloque-du-dominant/